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Full text of "Bulletin de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique"

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BULLETINS 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET 


BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 


BHEBETINS 


(Re me. 


L’ACADÉMIÉ ROYALE DES SCIENCES 


CR if 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 


ANNÉE 1839. 


TOME VI. — 1 PARTIE, 


BRUXELLES, 


M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 


ed 


1839. 


LE 


PLAYER SLRTMEA DA A AU, 


‘ 0 ns UN 


BULLETIN 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES, 


1839. — No 1. 


Séance du 5 janvier. 


M. le baron De Stassart, vice-directeur, occupe le fau- 
teuil. 
M. Quetelet, secrétaire perpétuel. 


CORRESPONDANCE. 


Le secrétaire perpétuel présente, de la part des auteurs, 
les ouvrages manuscrits suivans : 

Système unitaire et complet d'harmonie, par M. l'abhé 
comle De Robiano. (Commissaires : MM. Dandelin , Pagani 
et Quetelet.) 

Description des caloriferes à maximum d'effet utile 
applicables à tous les usages, par M. Louis Hoffmann, 


Tow. vi. 1 


(2) 
ingénieur civil. (Commissaires : MM. Cauchy, Dandelin et 
De Hemptinne. ) 

Mémoire sur la langue Belgique, etc., par M. Ed. 
Smits. (Commissaires : MM. Willems, Cornelissen et le 
chanoine De Smet.) 

— L'académie, reçoit de M. J. Van De Cotte, curé à 
Zonneghem, près d’Alost, deux projections ortographi- 
ques de l’éclipse de soleil du 15 mars prochain, l’une 
sur le méridien de Bruxelles, et l’autre sur le méridien 
de Rome, ainsi qu'une carte ortographique dessinée par 
le même auteur et représentant les principales circonstan- 
ces du phénomène. 

— M. Quetelet communique à l'académie une note qui 
lui a été adressée par M. Verhulst, professeur à l'école 
militaire, sur la réduction des fonctions elliptiques de la 
troisième espèce à paramètre circulaire, à des fonctions de 
deux argumens. L'auteur, qui prépare ün travail sur les 
fonctions elliptiques, annonce qu'il a trouvé plusieurs 
propositions nouvelles, et entre autres la démonstration du 
théorème suivant: lorsque deux rayons vecteurs menés 
du centre à la circonférence de l’ellipse sont tels que 
leur produit est égal au rectangle des demi-axes , l’are 
qu’ils interceptent est précisément équivalent au quart 
de l’ellipse. I est également parvenu, dit-il, à repré- 
senter toutes les fonctions elliptiques par des courbes ou 
des solides très-simples mesurés directement par l’am- 
plitude ; el il a déduit de la considération de ces courbes 
et de ces solides, des propriétés plus ou moins curieuses 
des fonctions elliptiques que l'analyse a confirmées de- 
puis. 


RL Mes. de. 


tés bed 0 


(8) 
COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


MÉTÉOROLOGIE. 


M. Quetelet présente les tableaux météorologiques pour 
l'année 1838, d’après les observations faites quatre fois 
par jour à l’observaioire de Bruxelles. Il résulie de ces 
documens que l’année 1838 a présenté une température 
moyenne remarquablement basse, puisqu'elle est de deux 
degrés centésimaux inférieure à la moyenne des années 
ordinaires. 

On déduit de ces tableaux, qui seront insérés dans le 
t. XII des Mémoires de l'académie, les résultats suivans, 
en les comparant aux tableaux des années antérieures. 


. Pression atmosphérique. 
LP tmosphérig 


Les observations sont rapportées au baromètre de l’ob- 
servaloire de Paris. La pression moyenne a été déduite des 
observations faites quatre fois par jour, à 9 heures du ma- 
tin, à midi, à 4 heures et à 9 heures du soir. 


| Lee DIFFERENCE A 


ANNÉE. Te RE 
| DOYENQEL ER QU Sun Midi. 4h. soir. - 


man | tom 


0,08 32 + 0,09 
0,03 + 0,06 
-- 0,03 + 0,12 
0,04 + 0,10 
0,05 + 0,04 


0,02 : + 0,09 


(F4 


II. Température. 


La température moyenne est déduite des maæima et 
des minima moyens. L'on a fait les corrections nécessaires 
pour l'échelle des thermomètres qui ont servi aux obser- 


# 


valions.- 


PAR DIFFÉRENCE A EXTRË. DE L'ANNÉE. 


ANNÉE. - ER ten 
moy. 


9h mat. | Midi. 9h soir. À Max. Min. 


III. Humidite. 


On s’est servi de l'hygromètre de Saussure. L’humidité 
moyenne est déduite des observalions faites quatre fois par 
jour. Les nombres donnés ne peuvent être considérés que 
comme approximatifs (1). 


(1) L’hygromètre était trop bas de plusieurs degrés; les valeurs abso- 
lues sont donc fautives , et il ne faut avoir égard qu'aux valeurs rela- 
tives. , 


HUMIDITÉ DIFFERENCE A 


| 
NUPRTe 9 h. mat. | Midi. 4 D. soir. 


IV. Jours et quantité de pluie. 


Dans le tableau suivant, la quantité d’eau recueillie 
comprend celle qui résulte de la fonte de la neige. L'on 
a aussi compris dans le nombre des jours de pluie, ceux 
où il est tombé de la neige. 


HAUTEUR NOMBRE 


de l’eau en mil- ; d . RAPPORT. 
lle de jours de pluie 


mm 


761,61 


511,03 


617,99 
827,94 
738,33 


597,59 


(6) 


V. Grèle, neige, gelée, tonnerre, brouillard. 


1833. | 1834. | 1835. | 1836. | 1537. | 1838. 


Nombre de'jours de gréle . 
— de neige . 
de gelée . 


de tonnerre . 


de brouillard. 


L’accroissement que l’on remarque dans quelques-uns 
des nombres de ce dernier tableau, peut provenir de ce 
que, depuis le 1% janvier 1837, l’on tient un journal 
météorologique où sont annotées avec soin les variations 
de l’état du ciel, pendant le cours de la journée, tandis 
que, pendant les quatre années précédentes, on s'était 
borné en général aux quatre observations ordinaires. 


Observations météorologiques horaires. — L'académie 
reçoit aussi communication des observations météorologi- 
ques horaires, faites à l’époque du dernier solstice d'hiver, 
et sur la demande de sir John Herschel, à l'observatoire 
de Bruxelles; à l’université de Gand, par M. Duprez; à 
l'université de Louvain, par M. Crahay; et au collége 
d'Alost, par M. Willaert. Les pressions atmosphériques 
qui ont varié à peu près identiquement de la même ma- 
nière dans les quatre localités, sont représentées dans la 
carte figurative ci-jointe. 


LE 


Re 


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À à 
5 :1.$ 
à 


22 Xre 


27 Xbre 


Cr) 


Observations météorologiques horaires faites au solstice 
d'hiver (1838). 


BAROMÈTRE RÉDUIT A O2. 


BRUXELLES |‘ 
LOUVAIN. 


21DÉCEM, 
mm 

6 h. m. 770,266 771,765 
770,565 771,906 
770,865 772,153 
770,865 
771,165 
771,153 
770,651 
770,639 
770,438 
770,826 
770,628 


770,553 


768,87 | 770,654 

768,67 | 770,354 

768,29 | 770,131 771,635 
768,31 | 770,193 771,499 


768,08 | 770,056 771,225 


767,95 770,968 


(1) Le vent a été très-faible pendant toute la durée des observations. 


BRUXELLE 
LOUVAIN. 


22 DÉCEM. 


1h. m. | 7 770,436 


770,199 
769,710 
769,775 
769,086 
768,718 
766,771 768,323 
766,684 | 7 767,667 
766,408 
766,033 


765,933 à PES k 


766,471 


766,019 


764,269 : L | 
763,807 


763,621 


(9) 


Observations météorologiques horaires faites au solstice 
d'hiver FN DA 


BRUXELLES. E LOUVAIN ALOST. GAND. 


DATE. 


H\G. THERM.| HYG. 


THERM.) HYG. THERM. ATHERM. 


() O0 (4) 


21 DÉCEMBRE. 


6 heures matin, —2°,1 | 830,0 À — 20,5 }— 10,9 | 800,6 —1°,5 | 870,0 
7 Æ — 2,9 | 84,0 À — 3,1 Η 2,2 | 80,5 | — 2,0 | 87,0 
8 ps rule 07 224lla0,5 25 86.5 
9 2 — 2,5 | 80,0 À — 3,0 }— 3,2 | 80,4 À— 2,5 | 86,0 
10 le — 1,6 | 77,5 1 — 2,8 |— 2,8 | 80,4 | 2,6 | 85,5 
12 2. — 1,2 | 76,5 À — 2,7 = 1,51 80,7 L— 2,3 | 81,5 
1 heure soir. . Η 1,1 | 73,0 À — 2,7 Η 2,0 | 81,7 D. 2,4 | 81,5 
2 es os CAL OU eo 2 = 23) ets 
8 + = 1,0 | 6901 — 21 | 22 81,0 8 2,3 | 81,5 
4 2. —1,1/700Ù —2,7/— 2,4) 81,6 2,4 | 82,5 
5 22 8 [70,01 — 3,6 1 2,8 | s1,8 À 2,5 83,0 
6 — 2900780 AU 51 em Re 2 7 |'82,0 


(") L'hygromètre ne doit étre considéré que comme donnant des valeurs 


relatives ; on l'estime trop bas de 10 à 12 degrés. 


TEMPÉRATURE. 
Maximum. Mioimum. 
(1) Du 21 au 22 décembre, à midi . . + . .  — 0,1 — 50,2 
Du 22 au 23 _ — d RDA 1 VND — 1,8 
(2) Du 21 au 22 — — AE Te » 16,3 
PRET EU AE FLE. M CRE) d6E-10,6 — 3,9 
De 22 EL. «1% Die. RE D: — 2,2 — 5,9 
(4) Pendant la journée au PRE A LT En EL » 
Dans la nuit du, 21 au 22 %. . . . ,:. » — 6,1 


Es A — 1,5 | 76,0 À — 2,8 D 2,3 | 80,4 À — 2,1 | 82,5 
| 
| 
| 
I 
| 
| 


Pendant la journée du 22 , - . . . . . — 1,6 » 


7 


DATE. 


heures soir 


22 DÉCEMBRE, 


(10) 


1 beure matin . 


3 


2 


3 
4 
5 
6 


1 
2 


3 


heure soir. 


BRUXELLES,. 


LOUVAIN 


 —, 


THERM. 


— 40,0 


3,9 


HYG. 


THERM. 


THERM. 


HYG, 


(11) 


Observations météorologiques horaires faites au solstice 


d'hiver (1838). 


ÉTAT DU CIEL. 


_—_—_—— "7" 


DATE. | 
BRUXELLES. | LOUVAIN. ALOST. 
21 DÉCEM. 
6 h.mat.} Couvert vap. |Couvert, léger Couvert. 
brouil, verglas. 
7 — Brouill. hum. Id. Id. 
8 — Id. Brouillard. 
Re id. Couv. brouillard Id. 
plus épais. 
10 — Id. très-fort Léger brouill. 
AT — Id. Couwv. ciel brum.|  Prouillard. 
givre. 
AZ + Id. moins fort. Éclaircies. Id. 
1 h. soir RÉclaircies , stra- Nuages. Id. 
tus ; lebrouill. 
s'est dissipé. 
2 — Id Id. 
3 — Id. Couvert. 
4 — Serein, vaporeux Id. 
quelq. nuages 
au nord. 
5 — Id. Nuages. 
Serein. 
6 — Id. Serein, 
7. — Id, Qq. nuages. 
8 — Id Serein. 
9: — Serein. Id, 


GAND, 


Brouillard épais 
très-humide. 


Id. 
id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Id, 
Id. 


Id, 
Id. 
Id. 


Le brouill. com- 
mence à dispa- 
raitre, 


Couvert, brouill. 
léger. 


Couw., le brouil.| 
à disparu. 


Couvert. 


Éclaircies. 


10 


h. soir. 


2 DÉCEM. 


1 


Lo 


h mat. 


BRUXELLES. 


Serein. 
Id. 
Id. 


Id, 
qq: cum. 
stratus, 
Id. 
Éclaircies. 
Id. 


Cirr. cum. 


Id. gelée 
blanche 14 nuit 


Cumulus. 


Id 
Id. 


Id. 


LOUVAIN. 


Serein. 


Pendant toute la 
journée, le ciel 
n'a présenté 
que quelques 
nuages ; 
les 9 heures 
du soir, il était 
entièremt cou- 
vert, 


vers, 


ALOST. 


Serein. 
Id. 
Id. 


Partie NEvoilée, 
le reste serein. 


Id. 
Id. 


Id. 


Id. 
Id. 
Cirrhus. 
Id. 
Id. 


Id. 
Couvert. 
Id. 
Nuages. 
Id. 


Cirr.-stratus, 


Id. 
Cirrhus. 


Id. 


Serein. 


Serein, à l'O. lég. 


couvert. 


Serein, couvert à 
l'horizon, 


Id. 
Id, 
Couvert. 
Id. 
Id. 


Nuag.,éclaircies. 
Nuageux. 
Id. 
Nuag.,éclaircies, 
Éclaircies. 


Écl., lég. brouil. 


à l'horizon. 
Id. 
Éclaircies. 


Couvert, 


(15 ) 

Étoiles filantes. — M. Quetelet donne communication 
d’une lettre qui lui a été adressée par M. R. Carr Woods, 
de la société météorologique de Londres, au sujet de la pé- 
riodicité des étoiles filantes du 12 novembre. 

M. R. Carr Woods, à l’époque où devait avoir lieu la 
dernière apparition, avait quitlé Londres et avait été se 
placer à Richemond pour jouir d’un horizon plus libre. Jus- 
que vers 3 heures 35 m. du malin du 13 novembre, le ciel, 
qui était pur, n’offrit rien de particulier , et le nombre des 
étoiles filantes était moindre même que d'habitude; mais 
tout à coup un spectacle brillant s’offrit à ses yeux « de 
VENE. au N., dit le savant anglais, les météores tombaient 
comme une pluie de bombes pendant un siége, et se succé- 
daient avec tant de rapidité qu'il était impossible de déter- 
miner la direction de chacun d’eux, de suivre leur mar- 
che à travers les constellations , ou même de fixer leur 
nombre. Toute la partie visible du ciel était éclairée par 
la lumière de ce nombre prodigieux de météores qui, dans 
leur chute, se dirigeaient vers la terre, etc. » En rappro- 
chant cette letire de celle qu'il a reçuede sir John Herschel, 
et qu'il a communiquée à l'académie , dans la séance du 1°* 
décembre dernier, M. Quetelet se demande s'il n’y a pas eu 
méprise , et si le phénomène décrit par M. E. Carr Woods 
n'était pas l'aurore boréale que sir John Herschel dit avoir 
observée exaclement à la même heure: il serait en effet 
difficile de supposer que, dans des localités aussi rappro- 
chées ( Slough et Richemond ), le même phénomène prit 
des aspects aussi dissemblables. Il ne sera du reste pas inu- 
tile, dans l'intérêt de la science , de prendre acte de ces 
deux descriptions. 

M. Carr Woods dit avoir remarqué que, pendant les 
nuits ordinaires, les météores tombaient dans une direction 


I4 ) 
opposée à celle du vent, et que, lorsqu'il y avait de l’humi- 
dité dans l'atmosphère, ils n'avaient pas de traînées. Il en 
était autrement avec une atmosphère sèche : la lumière 
élait d’une couleur jaune plus brillante et la descente gé- 
néralement perpendiculaire à l’horizon. 


17) 


Coup d'œil sur la Laguna de Chapala au Mexique, 
avec notes géognostiques , par M. Henri G. Galeotti. 
Une immense nappe d’eau muraillée au N. et au S. par 
des montagnes escarpées, située à 14 lieues au S. de 
Guadalajava, chef-lieu du département de Jalisco (ancienne 
province de Nueva-Galicia) et à 130 lieues à l'O. de 
Mexico, porte le nom de Laguna de Chapala, dérivé de 
celui du village, ancien bourg de Chapala, situé sur la 
rive septentrionale du lac, et près duquel on trouve, en 
creusant, d'anciennes FRS sépulcrales indiennes, où 
gisent encore des squelettes accompagnés d'idoles, de 
jaltes en terre cuite nommées cântaros, de jetons moné- 
taires en obsidienne ou en terre cuile rouge, elc: 
Le lac a environ 150 lieues carrées. Sa longueur de l'E. 
a l'O. est, dit-on, de 27 lieues; sa largeur varie entre 8 et 7. 
Deux à trois îles rompent l’uniformité de sa surface : l’île 
de Mescala, où l'on déporte les malfaiteurs, et portant aussi 
par celte raison le nom de Isla del Presidio; une autre 
pelile , continuation séparée par un peu d'eau de la pre- 
miére, et enfin l'île de Chapala située presque en face du 
bourg de Chapala et au milieu du lac, lequel à ici environ 
3 lienes et demie de largeur; elle est à 5 lieues à l'O. de 
l'île de Mescala. 


+: 


Pulletins de Licadémie . Tom. NI, Pxge. 15. 


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té 


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D C7 


(15) 

Le Rio-Grande de San-lago qui prend sa source à Lerma, 
à 12 lieues de Mexico, vient , après avoir arrosé la ville de 
la Baria, près du village de Poncitlan, se jeter dans la 
Laguna, vers sou extrémité orientale, et ressort de cette 
mer (on nomme aussi le lac, Mar Chapalico) à peu de dis- 
tance de son entrée pour couler dans de profondes ravines 
avec une direction d'abord NO. puis ©. , et entrer, après 
un cours d'environ 410 lieues, dans la grande Mer du 
Sud , à quelques lieues au N. de San-Bias. Une foule de 
petiles rivières qui descendent des montagnes, servent à 
alimenter le lac. Parmi les plus importantes, on doit remar- 
quer le Rio de Tizapan , qui ouvre son chemin à travers les 
monts escarpés qui bordent la rive méridionale et débouche 
dans le lac, presque en face de l’île de Chapala; ce rio 
prend sa source dans les montagnes qui conslituent une 
Sierra nommée d'El Regladero (voir la carte). 

L’extrémité occidentale du lac se rélrécit considérable- 
ment; la profondeur des eaux y est moindre que dans les 
autres parlies : on croirait voir un marais. Un défilé-vallée 
dans lequel est bati Cojotepec, gros village, chef-lieu de 
canton à un quart de lieu ONO. du lac, conduit par une 
direction ESE.-ONO., et à travers des terres noires des 
plus fertiles (elles rendent de 4 à 500 grains de maïs pour 
un) à la Hacienda de Huejotitan, à quelque distance de 
laquelle est un étang (presa) alimenté par les pluies qui se 
réunissent dans un petit vallon allongé et étroit par lequel 
on descend dans les plaines de Zacoalco ; ce vallon est 
élevé de 60 à 70 mètres au-dessus du niveau des eaux de 
la Laguna. 

Nous avons reconnu l'existence du phénomène des 
seiches à la Laguna : ce sont des débordemens assez subits, 
qui durent quelquefois long-tempñ, des portions tranquilles 


(16 ) 

a côté de parties troublées étendues; ce phénomène s’ob- 
serve surtout vers les cinq heures du soir. Nous remar- 
quâmes les 27 et 28 février et en mars 1837 quelques- 
uns de ces effets singuliers ; le temps était serein, calme, la 
température de 18 à 22° cent.; ce phénomène est sensible 
sur le bord septentrional, à Tlachichilco et à Chapala. Les 
débordemens s'élèvent de 1 à 4 pieds (33 centimètres 
a 1.33). 

Nous y avons aussi observé le phénomène du mirage des 
eaux, c’est-à-dire, des parties calmes et miroïitantes à côté 
de parties agilées et comme frisées, surtout près de l’île de 
Chapala, à l'heure de midi, par un temps calme et un so- 
leil ardent; ces deux phénomènes, des seiches et du mirage, 
ont sans doute des points de corrélation. 

La Laguna est parfois soumise à de terribles tourbil- 
lons, trombes d’eau qui enlèvent les poissons de leurs 
gites aqueux et les portent sur les montagnes des environs ; 
on en a irouvé sur une montagne assez élevée prés 
d'Ixtlahuacan (2 lieues du lac). Ce phénomene, dont les 
effets sont souvent des plus désastreux pour les riverains, 
ont surtout lieu en mars, avril et mai, avant la saison des 
pluies. C'est vers celle même époque que les eaux re- 
jettent des idoles, des vases des anciens Indiens: les habi- 
tans pensent qu'une ville antique à été engloutie par un 
accroissement subit des eaux ; des troncs de Jaxodium 
distichum (Sabino) se trouvent encore cachés en partie 
par les eaux à une cerlaine distance de Chapala. 

Une foule d'oiseaux aquatiques habitent les bords et les 
eaux du lac ou les taillis des îles, et détruisent une grande 
quantité de poissons ; ainsi on trouve deux espèces de 
mouettes (gaviota), un cormoran (cuervojan) à la lourde 
demarche, à l'odeur forte, solitairement perché sur une 


(A7 ) 

pierre ou nageant par bandes de 6 ou 7, plongeant conti- 
nuellement pour dévorer les poissons; des foulques (gal- 
lina de aqua) qui vont par troupes très-nombreuses et 
xivent principalement d'herbages lacustres ; des Ærdea(1) 
(garzas) dont l’une, l’aigrette, se promène solitairement 
au bord du lac, étalant sa parure de neïge et lançant de 
temps à autre son bec jaune pointu sur les poissons: d'autres 
garzas grises, des pélicans (horrejo de aqua, alcatras, 
pelican), qui habitent l’île de Chapala et en émigrent par 
longues files de 50 à 60 vers les cinq ou six heures du 
soir, pour chercher leur nourriture près des bords où abon- 
dent des petits poissons nommés javai; leur taille est 
énorme, leurs* plumes blanches et le bout des ailes vert- 
bronzé ; ils sont fort sauvages ; des grèbes (pato sambuti- 
dor ), oiseau sauvage qui disparaît sous l’eau à la vue du 
moindre danger; des plongeons (a/caldes) bruns, petits, 
peu nombreux près de l’île de Chapala; des pluviers; de 
beaux courlis blancs au bec rouge recourbé; des spatules 
à belle robe rose de l’île de Chapala; elles y sont fort rares 
et paraissent émigrer en juin et juillet de la terre chaude; 
des Ardea (A. necticorax) dont la tête est ornée de 3 ou 4 
fines plumes longues et pendantes; ils abondent à l’île de 
Chapala; des martlin-pécheurs (pescadores) verts, et une 
quantité innombrable de canards et de sarcelles (patos) 
variant à l'infini en couleurs, taille et espèces (2). 

Les êtres qui peuplent les eaux sont assez variés; le 
pescado blanco et le bagoc sont d’excellens poissons, qui 


(1) Entre autres Ardea herodias, grande espèce grise et noire. 

(2) Nous avons envoyé à Bruxelles , à l'établissement géographique de 
M. Vandermaelen , la collection presque complète de ces oiseaux , qui, 
quoique nombreux, ne sont point faciles à se procurer. 

Tom. vr. 2 


(18 ) 

donnent lieu à de grandes pêches, surtout au temps de la 
semaine sainte. Les riverains vivent presque entièrement 
du produit de cette chasse aquatique ; ils établissent des 
hutles en bambous au bord de la Laguna et font, vers les 
6 ou 7 heures du soir, des feux pour attirer le poisson. On 
voit souvent de petits émydes se chauffer au soleil sur les 
pierres, mais elles disparaissent an moindre bruit. Près 
de l'île Chapala , on trouve des crabes de petite taille (2 à 3 
centimètres), à pinces inégales très-fortes ; enfin des Unio 
qui paraissent êlre rares (1), des Planorbis et des Lymnæa: 
mais comme ces coquilles sont rejelées par les eaux, elles 
sont toujours plus ou moins brisées. 

La profondeur du milieu dans lequel Sivent ces ani- 
maux varie entre 60 centimètres et 20 mètres; au bord de 
l’île Chapala elle est de 1 mètre 33 centimètres; plus loin 
de 3 mètres, et à quelque distance, elle atteint, dit-on, 
celle de 18 mètres. 

Les environs de la Laguna recélent beaucoup d'animaux : 
les lapins et les lièvres abondent; on y rencontre des 
loups, des renards (coyote), des lions (felis puma-leones), 
des écureuils gris et rouges (ardilla), des putois (zorillo), 
qui émettent un liquide des plus infects. Les bois peu épais 
et solitaires qui couvrent les montagnes, cachent de beaux 
trogons (coa), oiseaux misanthropes el tristes, des pies 
bleues (uracas), criardes et agiles, se perchant sur les 
arbres élevés el balançant leur longue queue bleue, et de 
jolis Cuculus(2) à longue queue (wraea color de café). Les 
plaines ondulées situées au pied des monts sont habitées 


(1) Nous n'avons pu en trouver de bons exemplaires. 
(2) Cuculus cayamus. 


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l 


; 


ne de 7 mie = ln 


U 


(19) 
par de petites chouettes (/echuzals et lechuzèta) qui se 
creusent une demeure dans la terre ; par d'innombrables 
nuées de Turdus et de troupiales (sanates) noirs et violà- 
tres , de gros-becs bleus (bovion), de faisans, etc. ; les ser- 
pens et les insectes y sont rares; on observe quelquefois 
des libellules. 

La végétalion est peu remarquable; on voit quelques 
Cerius, Organos el Carambouille, des Echeverrias et des 
Sedum sur les monts porphyriques de Tlachichilco et de 
Mescala; des Taxodium distichum d'une grande taille dans 
Ja Siera de Jizapan; des £rythrina à fleurs roses qui bor- 
dent lesroutes; des Seshania, Mimosa(huisachi), Verbena, 
Stachys, Salvia, Plantago, Plumbago, Phaseolus, Doli- 
chos, Cineraria, Steevia, Tagetes, Erigeron, etc.; quelques 
Tillandsia sur les grands MHimosa et les chênes; la Bletia 
grandiflora près d’Ajijic; à Chapala, il y a des allées de 
Plumiera blancs et roses; la posilion de ce bourg, abrité, 
comme il est, des vents du N. par une montagne conique, 
élève sa Lempéralure moyenne et le fait jouir d’un climat 
qui rappelle celui de la terre chaude; ainsi la canne à 
sucre y vient bien, le Carica papaya( papaya), melon- 
sapote , l’'Æchras sapota et le bananier, y prospèrent. 

Du sommet des montagnes au N. de la Hacienda de la 
Lavor , la vue de la Laguna est sublime : voir une immense 
nappe d'eau avec ses îles, sa ceinture rocailleuse , ses vil- 
lages blanchis, ses hultes de pêcheurs, le bâtiment du 
presidio, ses haciendas, ses fertiles bords couverts de 
champ de maïs et de pois chiches (garbanzos) , les nom- 
breux troupeaux de bœufs qui paissent dans les prairies, 
les ruisseaux ombragés de saules et de Cineraria,le sommet 
neigeux du volcan de Colima qui s'échappe de derrière la 
chaîne SSO., les bateaux légers formés d'un tronc d'arbre 


(2) 
qui voltigent sur sa surface unie où légérement ridée et 
où se réfléchit un ciel azuré, les sombres montagnes de 
Tizapan et les aspérités bleuâtres du SSE. et SE. qui appar- 
tiennent au département de Méchoacan, les extrémités 
vaporeuses du lac, et derrière soi les riches plaines d’In- 
tlahuacan et d’Atequiza, est un de ces spectacles qui peu- 
vent à juste titre enivrer le naturaliste et le paysagiste qui 
s’échappent des arides plaines de Guadalajara pour s’élan: 
cer sur ces crêles, d’où leurs regards plongent sur un 
horizon aussi enchanteur et ne peuvent en assouvir l’en- 
thousiasme; la nature est là si douce malgré sa beauté et 
son grandiose, si pensive malgré son éclat, que l’âme semble 
se reposer el s'associer à elle. 

Lorsqu'on quitte les riches plaines d'Intlahuacan et 
d'Atequiza, dont le niveau est plus bas que celles de 
Guadalajara et sont enrichies du détritus des montagnes 
et fertilisées par de petits ruisseaux, on gravit, pour se 
rendre à Chapala, des monticules de téphrines rouges à 
surface vacuolée, à intérieur plus ou moins compacte, 
parsemées de mica et de pyroxène vert, alternant avec des 
téphrines noires porphyroïdes avec albite pyroxène et 
mica ; elles sont dures, massives , tantôt compactes, tantôt 
vacuolées; la première variété se transforme en basalte; 
les téphrines sont parfois brecciolaires, avec fragmens 
téphriniques enveloppés dans leur pâte; la teinte vermit- 
lonnée de certaines téphrines rouges de la Hacienda de 
la Lavor, a fait croire qu’elles contenaient du mercure; 
plusieurs habitans nous en présentérent des morceaux 
sous le titre de cinabre. 

Sur ces laves reposent des pépérines grises, grenues, 
tendres, fragiles, formées de morceaux de téphrine sco- 
riacée, de basalte et de porphyre, disséminés dans une pâte 


(21) 


abondante en argile avec cristaux tronqués d’albite, de 
mica , d'ampbibole et de pyroxène. Les fragmens empâtés 
sont quelquefois très-grands, d’autres fois si atténués qu’on 
croirait voir une argile grossière. 

Les laves gisent sur un porphyre violâtre vert ou 
rouge , dur, compacte, avec albite, et qui recèle, dit-on, 
près du Rio de San-Antonio, entre Chapala et Jocotepec, 
des veines argentifères que l’on a un peu exploitées. A 
Ajijic, le porphyre est rosàtre, quarzifére avec chaux 
carbonatée en veines; on en a retiré du plomb sulfuré 
argentifère avec cuivre pyriteux: ces petites mines sont 
abandonnées. Les parties supérieures du porphyre sont de 
couleurs plus foncées, avec peu de quarz ; elles semblent 
se lier aux roches basaltiques qui ont comblé, conjointe- 
ment avec les téphrines et les pépérines postérieures, des 
fentes et des petits vallons qui existaient dans le porphyre. 
Près de la Hacienda de la Lavor, d'Ixtlahuacan, de Jocotepec 
et de Huejotitan, les massifs laviques sont trés-puissans ; 
les vallées et crevasses, qui intersectent les monts dans 
ces divers endroits, les mettent partout à nu sur une 
grande échelle. 

Cette formation basaltico -téphrinique se poursuit au 
loin,en couvrant partout dans une direction EN. 5°,à 0.5°S. 
(direction parallèle à celle de la Laguna), les sommités 
porphyriques ; ainsi les laves abondent prés de la Lavor ; 
elles forment le mont pointu de Chapala d'où s’échappent 
des eaux thermales claires, inodores et sans saveur, d’une 
température de 40° centigrades (1). À Huejotitan le ba- 


(1) 1 y a 8 ou 4 bains dans le village même construits en pierres basal- 
tiques ; les naturels s’en servent , les femmes y lavent le linge, 


(22) 
salte est gris, porphyrique; on y trouve, dit-on, des nids de 
soufre, et des fissures d’où se dégagent des vapeurs d’acide 
sulfureux ; il renferme des trouées et des cavernes dans 
lesquelles on remarque de gros fragmens agglomérés à 
surface scoriacée et rongée, ainsi que des parties dures 
très-compactes un peu schistoïdes (cero de Chapala). Cette 
nappe basallique se poursuit à l'O. et compose entièrement 
les montagnes au SO. de Guadalajara, forme les monts 
d’'Amatitan, le haut volcan de Tequila, pour expirer dans 
la grande Mer du Sud, en donnant naissance au rocher sur 
lequel est batie la ville de San-Blas, auquel elle se rattache 
par le volcan encore fumant d'Achnacatlan (/e cebo rujo) 
situé à 60 lienes à l'O. de Guadalajara; elle couronne 
également les montagnes de la rive méridionale, suit la rive 
NE., accompagne le cours du Rio Grande de San-lago, 
s'élale en ondulations et en masses immenses près de 
Lapotlanejo, couvre de ses téphrines rouges et noires les 
environs du célèbre Puenta del Calderon (1) et du joli 
bourg de Tepatitlan, près duquel s'élève le massif basal- 
iique du Cerro Gordo (24 lieues au NNE. de Guadalajara), 
en présentant partout les mêmes caractères et les mêmes 
roches, c’est-à-dire des basalles , soit compactes, soit cel- 
luleux, noirs ou gris, albitiques ou non, durs et pesans; 
des téphrines noires, compactes ou non, avec albite et par- 
fois du mica-ct du pyroxène, des téphrines rouges plus ou 
moins scoriacées, surmontant les basaltes, avec albite, py- 
roxène et lamelles dorées de mica, et enfin des phono- 


(1) Où se donna entre les insurgés commandés par le curé Hidalge et 
les Espagnols , à la tète desquels était le général Calleja , une bataille où 
ces derniers, quoique en petit nombre, sortirent vainqueurs et mirent fin 
à la révolution de 1810. 


I 


(23 ) 
lithes grises, albitiques , en plaques plus ou moins minces. 
L'hydrate de fer colore souvent ces roches, les ruisseaux 
près de Tepatitlan en déposent beaucoup; il forme des 
eroûles et des boules pulvérulentes. 

Le basalle se distingue facilement au loin du perphyre 
par ses masses divisées perpendiculairement, formant une 
muraille décharnée, sinueuse, brisée sur les flancs , mais à 
sommet plus ou moins uni, arrondi ou allongé; les mon- 
tagnes de Jizapan présentent des plateaux horizontaux à 
leurs parties supérieures. La hauteur de ces aspérités varie 
entre 100 mètres et 350. Les collines où dominent les té- 
phrines sont pen élevées, irrégulières par l'amoncelement 
de malières, découpées par des ravins assez profonds à 
pentes souvent perpendiculaires ; les parties inférieures 
sont de Javes compactes, les plus supérieures scoriacées 
et comme formées de gros fragmens réunis. Le porphyre 
donne lieu à des montagnes à pentes assez douces , arron- 
dies, el dont les masses sont fissurées en tout sens; il est 
souvent très-décomposé, et son détrilus a servi à élaler 
la conche de terre végétale des plaines. 

Près de Jlachichilco et de Mescala, le porphyre est gris; 
il passe à la phonolithe (klingstein), se divisant en grandes 
plaques compactes , sonores, avec parlies quarzeuses et 
albile, 

L'île de Chapala a 2 à 300 mètres de long; son extré- 
milé occidentale est élevée de 15 à 18 mètres au-dessus 
du niveau des eaux; son plan serait celui d'un fuseau en 
pointe aux extrémités E. et O., large au centre; elle est cou- 
verte de bambous, Canna indica, Plumbago, Mimosa 
(iluisachi) odorant, etc. 

Elle est formée dans son extrémité orientale de basaltes 
amygdalaires gris, à noyaux d’agathe et avec veines de jaspe 


(24) 
vert-pré et vert-jaunâtre; ils sont souvent celluleux avec 
albite , les eaux les ont fortement rongés et découpés; le 
basalte de l’extrémité occidentale passe à la phonolithe et 
à du basalte porphyrique, dur, pesant; cetle île paraît 
être la sommité d’un dôme basaltique. 

Ces diverses roches lant basaltiques que porphyriques, 
se sont fait jour à travers le calcaïre qu'elles recouvrent 
presque partout. Ge calcaire, qui apparaît près de Cha- 
pala , est gris-jaunâtre ou blanchätre, rarement bleuätre, 
ilest dur, dense, à aspect terne , à grains serrés, exhalant 
par l'insufflation une odeur un peu argileuse; 1l est entre- 
coupé, parfois, de veinules de chaux carbonatée; enfin, 
il est stratifié en couches de 60 centr‘ à 1 mètre de puis- 
sance , inclinant de 10 à 30°, en plongeant au N. et se di- 
rigeant SSO., NNE. et O.-E. Cette dernière direction est 
probablement la plus générale, ce dont il est difficile de 
s'assurer, vu sa courte étendue. Tout près du bourg de 
Chapala il est terreux, blanchi, et ressemble un peu à la 
craie à peu de distance du mont pointu de Chapala, qui 
s’est élevé du sein du calcaire qui l’environne , de ce mont 
d’où sourdent les eaux thermales, des veines de chaux 
sulfatée (yeso), grise et jaunâtre, translucide, prisma- 
tique. 

Ce calcaire forme des collines basses, arrondies, au pied 
des monts porphyriques et basaltico-téphriniques, avec 
lesquels il est en contact : ces collines sont recouvertes de 
terre argileuse grisâtre, provenant de la décomposition cal- 
caire, et dans laquelle on retrouve des morceaux de cette 
roche compacte ou schistoïde (commencement d’altéra- 
tion); il paraît sur les hauteurs de Tlachichilco et près de 
Mascala (hauteurs de San-Juan ), où il est teint par un peu 
d'hydrate de fer. 


die in nt Ce or ls Re, OS ne à 


RE IS I I PE TS 


(2%) 
La Laguna semble être creusée dans ce calcaire; ses 
bords sont généralement argileux, de couleur grise ou 


blanchâtre, à surface recouverte d’efflorescences analo- 
gues au tequesquite (natron , carbonate de soude impur) 
de Guadalajara et de Mexico; un faible espace près de 
Chapala est composé de sable quarzeux fin avec fragmens 
de cristaux d’albite, de mica et de roches porphyriques; 
les eaux se seront rassemblées dans une large fente ou 
vallon, parallèle aux massifs ignés, fermé par ces mêmes 
massifs, et ces îles sont des sommités également ignées. 

Nous n'avons point découvert de débris de corps orga- 
nisés fossiles dans le calcaire ; cependant quelques mor- 
ceaux nous ont offert des traces incomplètes de polypiers 
el d’autres, encore plus mutilées, d'’ammonites. La nature, 
l'aspect et la couleur du calcaire ( caractères bien faibles 
dans les conclusions géognostiques), et surtout la régula- 
rilé de sa stratification, qui ne présente point de plisse- 
mens ou de couches contournées, nous ont engagé à le 
classer parmi les formations oolitiques (calcaire jurassi- 
que), et à regarder le sulfate de chaux comme produit par 
des vapeurs acides sulfureuses qui auraient agi sur le cal- 
caire dont la décomposition est assez grande dans le voisi- 
nage du basalte, lequel, comme nous l’avons déjà dit, 
émet à Huejotitan des vapeurs d’acide sulfureux , des eaux 
thermales au NNO. du bourg de Chapala el une quantité 
d'eaux chaudes qui sourdent à des distances plus où moins 
grandes (Istlan près Olotan, route de la Barca , Atotonil- 
quillo près Atequiza , Zalatitan à 3 lieues de Guadalajara , 
Ixcatan , arrondissement de Zapopon, etc. ) 

Les plaines situées entre Tlachichilco et Chapala sont 
assez larges, ondulées, couvertes d’humus mêlé de sable 
argileux jaunâtre et d’un peu de calcaire dans lequel 


(26 ) 

on trouve beaucoup de fragmens basaltiques et porphyri- 
ques ; sous cetle couche superficielle, gît une argile plus 
ou moins impure d'un gris noirâtre, se détitant à l'air; 
tantôt, et le plus souvent, mélangée de sable quarzeux, 
et tantôt assez pure et formant alors des couches dans la 
précédente. On observe dans ce dépôt alluvien des cail- 
loux roulés de porphyre , de quarz, de basalle et de lrapp, 
disséminés dans un détrilus de ces mêmes élémens de 
construction ; et de gros blocs souvent énormes, déposés 
dans les argiles et les sables, ou associés aux cailloux. 

C'est dans ce dépôt alluvien que gisent les os fossiles de 
mastodonte ; les fortes dimensions des débris les ont fait 
attribuer par les habitans à d’antiques races d'hommes 
géans (huesos de gigante). On trouve des fragmens de 
fémur et de tibia assez intacts ; les os que nous avons dé- 
terrés se réduisaient de suite ou en poudre blanche, à 
leur exposition à l'air, ou en esquilles, et la spécification 
devenait impossible. 

Les os se présentent sous trois états ; 1° comme calcinés 
et tombant en poussière d'un blanc de lait, semblable à 
de la farine ; 2° ils ont subi un commencement de silicifi- 
cation , laquelle a fendu et fracturé les os, de même que 
l'eau par sa congélation fend les vases où elle est renfer- 
mée; le canal médullaire est obstrué de sable siliceux» 
de fragmens de pierre; les os sont bruns, assez pesans et 
solides, mais ils sont rares; enfin &° dans cet état, le 
moins commun , ils sont intacis, ils n'ont fait que brunir, 
ils sont plus légers que les os silicifiés , luisans et solides; 
les molaires se sont bien conservées. Les os que l'on ren- 
contre ordinairement sont des fragmens de fémur , tibia, 
côtes , radius , péroné et des débris d'omoplate. 

Avec ces os se trouve une grande quantité de morceaux 


éns -e 


(27) 

de troncs d'arbres dicotylédons pourvus d’embranchemens 
et de portions de racines; quelques-uns semblent appar- 
tenir à des Mimosa ou à d’autres légumineuses; on les 
rencontre généralement silicifiés (silex passant à la calcé- 
doine), les fibres ont disparu ; d’autres fois ces fragmens 
sont blancs, compactes ou se réduisant en poudre, tandis 
qu'ailleurs ils sont assez durs par un commencement de 
silicificalion ; un enduit de calcaire pulvérulent, tachant 
les doigts en blanc, les entoure en général. 

Les débris végétaux sont disséminés en fragmens in- 
nombrables dans les sables silicéo-argileux, dans le gravier, 
ou en compagnie avec les ossemens. De petites ravines au 
N. du village de Santa-Cruz en offrent des troncs entiers 
avec leurs racines , plantés perpendiculairement dans les 
masses alluviennes, comme s'ils avaient cessé de végéter 
in situ ; il semble qu'il existe dans les sables un principe 
silicifiant qui attaque encore de nos jours les racines des 
arbres qui vivent en ces lieux : ainsi nous avons remarqué 
des filamens déliés de racines de graminées, de Prosopis 
dulcis et de Plumbago durcis et blanchis ; le chevelu des 
arbres fossilifiés conserve parfois son épiderme non sili- 
cifiée de couleur brune, qui tombe en poussière au moin- 
dre toucher. 

C'est surtout près de la Hacienda de la Lavor que l’on 
trouve les ossemens de mastodonte; nous n'avons point eu 
le bonheur d'en recueillir d’assez intacts et qui puissent 
jeter du jour sur l'espèce à laquelle ils ont appartenu ; le 
propriétaire de la Hacienda, don Manuel Olasagarry, homme 
instruit et de profondes connaissances , possède une pelite 
molaire trouvée dans ce terrain, et M. Ritchie a déposé 
dans une maison de commerce, avant son départ pour 
l'Angleterre, deux squelettes de mastodonte, l’un de grande 


(2%) 

espèce et l’autre ayant appartenu à un petit individu; 
nous n'avons pu les voir à cause de l'absence du proprié- 
taire; nous proposerions cependant de nommer l'espèce 
dont nous avons trouvé de nombreux restes près de la 
Lavor, Mastodon chapalensis , animal qui semblerait avoir 
vécu et être mort dans les lieux où nous retrouvons au- 
Jourd’hui ses dépouilles. 

Les pluies et les eaux torrentielles, en creusant les ter- 
rains , lavent journellement des débris de troncs d'arbres 
et les étalent à la surface des champs à d’assez grandes 
distances de leurs berceaux; les localités où gisent les 
fragmens végétaux et animaux, ne sont situées qu’à huit 
ou neuf mêtres au-dessus du niveau des eaux de la Laguna. 

La diversité d’endroits où l’on rencontre au Mexique des 
ossemens d'éléphans , de mastodontes et de tapirs (départe- 
mens de Palisco, Guanaxualo, Mexico, Puebla, etc.), leur 
position dans des terrains alluviens lacustres , souvent peu 
éloignés de quelque grand lac , donnent lieu à penser que 
quelque immense envahissement des eaux a fait périr ces 
animaux ; en effet, tout le pourtour de la vallée de Mexico, 
les montagnes de Pachuca, lesquelles jusqu’à plus de moi- 
tié de leur hauteur (515 mèlres au-dessus de Mexico) 
sont recouvertes de dépôts argileux analogues à ceux que 
forment les eaux des lacs de Tezcoco , Chalco et San-Cris- 
1obal ; les vallées d’Actopan , d'Izmiquelpan , les pentes du 
Puerto de Zimapan, tout le Baxio, les plaines de Léon, 
Lagos (1), celles de Guadalajara et même de Tepie ( à 200 
lieues O. de Mexico), présentent des traces non équivo- 
ques de l’ancienne occupation des eaux : telles que les 


(1) Les plaines de Lagos recèlent de l’étain de lavage { stream tir ). 


Laver (K°) 25g8 
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| En 


Tom VI, Page 29. 


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» (29) 

efflorescences salines des plaines et de la ville même de 
Guadalajara, du Baxio, du val San-lago, des plaines de 
Mexico ( Istapalapa, Tezcoco, villa de Guadalupe, etc. ); 
telles que la surface unie et les dépôts alluviens qui for- 
ment le sol des vallées ; les nombreux lacs quïr occupent 
encore quelques fractions de ces plaines immenses qui 
s’étalent d’une branche de la Cordillière à l'autre semblent 
rendre témoignage de l’ancienne puissance des eaux. Les 
éruptions, les émissions de laves, en barrant de larges 
vallées, formèrent des bassins où refluèrent les eaux que 
des causes analogues, des soulévemens et le brisement des 
barrières, ont pu détourner plus tard (1). 


Mexico, le 1er juin 1837. 


Nota. — La carte géologique qui accompagne ce mémoire a ‘été 
dressée en partie sur les cartes existantes et en partie sur nos propres 
observations. La position des montagnes est basée presque entièrement 
sur les remarques que nous avons faites dans nos voyages. 

La longitude est à l’occident de l’observatoire de Greenwich. La 
hauteur des lieux, exprimée en mètres au-dessus du niveau de la mer, 
a été calculée par nne suite d'expériences faites sur la température de 
la terre donnant une moyenne de 16 à 170 centigrades ; ces expériences 
s'accordent dans leurs conclusions, avecles résultats obtenus par M, Rit- 
chie au moyen de nivellemens. 


(1) Nous nous occupons, autant qu’il est possible de le faire, de 
Vexamen des diverses chaînes du Mexique, de leur connexion entre elles, 
des roches qu’elles renferment et surtout des bouleversemens, des 
tassemens intérieurs des masses et des phénomènes divers qui se ratta- 
chent à la géngnosie. L'étude de l’immense relief qui dessine cettevaste 
contrée est des plus difficiles. Il n'existe probablement pas de carte 
géographique du pays pour indiquer les accidens du sol soulevé à une 
immense hauteur par d'assez récens phénomènes, fracturé en tous sens 
et visité par d'énormes débâcles volcaniques. 


( 50 ) 


Notice sur l’histologie de V'AGARICUS EPIXYLON , par 
M. Ch, Morren , membre de l'académie , etc. 


L'Agaricus epixylon (Dec., FL. fr. 2, p. 134 et 359. 
Pleuropus , Persoon) est une des espèces de ce genre 
nombreux qui présente une couleur très-foncée à la sur- 
face supérieure de son chapeau. Il est, en eflet, d'un 
bleu d’ardoise très-intense , avec le reflet un peu métal- 
lique cuivré de l'indigo. Celle matière colorante a son 
siége dans une épaisseur d'énviron un demi-millimètre , 
qui se dénote fort bien quand on coupe le chapeau en 
deux (fig. 1, a). Le reste de la chair est blanc et ferme, 
ainsi que les lamelles. 

J'étais désireux de connaître la cause organique de cette 
couleur si intense, d'autant plus qu'on n’a rien écrit sur 
les constitutions des matières colorantes des champignons. 
On ne possède là-dessus que des travaux chimiques. Celle 
question m'intéressait d'autant plus que je venais d'étu- 
dier la formation de l'indigo dans les feuilles du Poly- 
gonum tinctorium, et que ce champignon semblait émi- 
nemment indigofère. Le bleu n'existait qu'au contact de 
l'air; il était sombre, ardoisé, à reflet cuivré. Il y avait là 
une analogie qu'il était prudent de poursuivre. 

Mais, la dissection est venue prouver que, dans les cham- 
pignons, les malières colorantes sont tout autrement for- 
mées que dans les autres plantes, et surloul dans Îles 
végélaux colorifères, comme la garance, le po/ygonum, 
la betterave , le raisin , les fruils en général , etc. 

En effet, il n’y a pas sur le chapeau de membrane pro- 
prement dite ; le tissu y est conslilué comme dans la chair. 
Ce tissu est formé par un lacis de vaisseaux allongés, cy- 


| 
| 


(31) 
lindriques, égaux sur toute leur longueur en diamètre, 
semblables entre eux, contortupliqués et disposés par 
couches , de manière à former un dédale de fibres creuses, 
un peu noueuses, flexibles, molles et qui plus est trans- 
parentes. (Voy. fig. 2). 

Cette transparence est remarquable. Une mince tranche 
de cette partie bleue si foncée, est bleuâtre; mais on ne 
croirait jamais que les élémens tissulaires de celle partie 
contiennent si peu de molécules colorantes pour produire 
une intensilé de couleur si grande. Ces vaisseaux ne ren- 
ferment, en effet, que de rares globules (fig. 3 é) bleus, 
corpuscules sphériques d’un 300tème de millimètre, les 
uns un peu plus, les autres moins, nagcant librement 
quand ils sont libres , mais cependant dépourvus de mou- 
vement spontané à l'état libre ou lorsqu'ils sont incius 
dans les vaisseaux; car dans leur situation normale, ils 
sont renfermés dans les tubes mêmes. (La figuré 4 les re- 
présente à l’état libre.) 

Ces globules bleus n'éprouvent aucune modification 
par l'iode (fig. 7, e). Hs deviennent moins nombreux dans 
les tubes des couches inférieures et disparaissent peu à peu. 
Dans les tubes de la chair blanche du champignon, il n’y 
en a plus. 

Voilà la seule chromule visible dans ce champignon de 
couleur si foncée. Sous ce rapport cet ordre de plantes dif- 
fère complétement des végétaux phanérogamiques. 

On place les champignons dans la série des plantes cel- 
lulaires, et l'on regarde leur tissn comme éminemment 
formé d'utricules qu'on dit être irrégulières et sans ordre. 
Hedwig a reconnu des vaisseaux fibreux dans les pezizes(1). 


1) Hedwi Cryptog., tom. V, fig. 3. — Treviranus, Physiologie 
8 yptog.; » 9 : y ge, 
tom, 1, p.178. 


(32) 

Treviranus voit aussi dans le pied des champignons des 
vaisseaux (1). Plus tard, il considère le tissu de ces plantes 
comme formé de cellules et de vaisseaux liés par un mu- 
cus ; les vaisseaux occupent le centre, les cellules, la péri- 
phérie (2). Meyen, dès 1830, reconnaît que les champignons 
ont beaucoup d’espéces de tissus’cellulaires (3) ,et dans les 
plus inférieurs en organisalion, il'découvre des tuyaux 
cylindriques qui constituent un véritable feutre (4). Ges 
tuyaux ont été vus par Turpin, qui les nomme des ligel- 
lules (5) et Schullz y a reconnu une circulation (6). 

D'après les progrès de la phytotomie, il est évident 
qu'il est fort douteux que tous les champignons et les hy- 
poxylons soient des végétaux cellulaires. Le fait est que 
dans l’Ægaricus epixylon , il n’y a pas une seule cellule. 
Le tissu est formé par des vaisseaux anastomosés, quel- 
quefois noueux (fig. 6, d), ordinairement dichotomes 
(fig. 3, bb, fig. 6, fig. 7), rarement trifurqués. Les nœuds 
saillans prouvent que les rameaux de ces tubes croissent 
en poussant, de sorle que les tubérosités sont des jeunes 
ramuscules. Souvent les tubes se joignent en H, par une 
anastomose transversale et perpendiculaire (fig. 5, a). 

M. Meyen a eu raison de regarder la membrane de ces 
vaisseaux comme une des plus fines, de l’organisation végé- 
tale. Elle l’est en effet , car les tubes ne paraissent solides 
que par la matière contenue dans leur intérieur. Cette 


(1) Treviranus, Zmwendigen Bau der Gewächse, p.115). 

(2) Treviranus , Physiologie der Gewächse, tom. 1, p.177, $ 125. 
(3) Meyen, Phytotomie , p. 138, HIT. 

(4) Id., Zéid., p. 139, IV. 

(5) Mémoire sur la Truffe et ailleurs. 

(6) Rapport sur son mémoire couronné par l’Institut de France. 


608) 

substance est surtout colorable par l’iode, et la membrane 
des organes contenans l’est beaucoup moins ou presque 
pas. C’est ce qui fait que lorsqu'on soumet sa préparation à 
l’action de cet agent soit solide ; soit en teinture, les tubes 
se colorent inégalement (fig. 7), surlout là où ils sont 
vides. Les parties vides restent blanches ou légèrement 
jaunètres. C'est principalement aux extrémités par où la 
matière s'est écoulée que les membranes des tubes se 
montrent dans toute leur simplicité d'organisation ; mais 
si le milieu d’un vaisseau est vide, la membrane ne s’y 
colore pas plus (fig. 7). | 

En outre, on reconnail sur quelques tubes de vraies 
cloisons (fig. 6, ec), qui sont évidemment la trace de la 
soudure bout à bout des tubes, mais qui ne naissent la 
sans doute pas autrement que dans les algues et plantes 
voisines, c’est-à-dire par une action postérieure à la for- 
mation même du tube. 

Des tubes allongés, cylindriques, anastomosés , formés 
d’une membrane anhiste, renfermant un liquide et des 
globules, et pourvus çà et la de cloisons ; des Lubes d’une 
immense longueur, disposés en tissu feutré , ces tubes-là 
ne peuvent rentrer dans le parenchyme proprement dit. 
Il est évident que la forme du tissu cellulaire est la plus 
_ éloignée de cette organisation. 

Il saute aux yeux que la forme des vaisseaux opophores 
ou lalicifères est ce qui se rapproche le plus de celle ici 
observée , et qui est générale à tous les champignons. C’est 
donc un véritable angienchyme ou tissu vasculaire, et je 
le place dans la seconde classe de ces tissus à vaisseaux, 
celle où les organes sont anastomosés. Les vaisseaux lati- 
cifères ou opophores sont de simples élémens organiques 
dont l'ensemble constitue l'appareil de la circulation chez 

Tom. vi. » 


CARD 

les végétaux; ils forment tissu, et ce tissu, je l'appelle 
cinenchyme (nsc , mouvement ). On pourrait sans doute 
assimiler le tissu des champignons aux vaisseaux opo- 
phores, mais cependant il en diffère notablement par la 
disposition feutrée, par l'absence de la circulation, du 
moins pendant la majeure partie de la vie de la plante, et 
par son fluide qui est moins globulifére. Ajoutons que 
l’ordre des végétaux où il existe, ordre naturel, très-bien 
limité, milite encore pour sa séparation. Je le distingue 
donc et le nomme dædalenchyme (Ads , fabriqué in- 
génieusement) pour rappeler le dédale de fibres , le feutre 
inextricable de ses vaisseaux. Il devient la caractéristique 
anatomique des champignons. 

Les sporules de l’Ægaricus epixylon sont fusiformes 
simples , courts (fig. 8). Ce qu'ils ont de plus remarquable 
est leur mouvement spontané dans l’eau; ce transport 
dans l’espace est lent ; il les fait tournoyer sur eux-mêmes 
et s’avancer peu à peu en rappelant la marche de quelques 
navicules. Je n’ai observé ce mouvement que lorsqu'ils sont 
frais et vivans. 

L'histologie des champignons, si élégamment représen- 
tée dans le nouvel ouvrage de M. Corda, prouve que les 
distinctions que nous venons de faire connaître pour cette 
seule espèce, peuvent s'appliquer à toute cette intéressante 
famille. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


Pig. 1. Coupe de grandeur naturelle du chapeau de l’Agaricus 
epixylon. 
a. Couche colorée en bleu foncé. 
b. Tissu blanc. 
c. Lamelles blanches ou brunâtres, 


sonnette fit 


I 


lag. 34, Tome VI. 


Bulletins de l'Acadere 


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Fig. 2, 


(35) 
Tissu feutré ou dædalenchyme de la couche bleue , vue à 309 
fois le diamètre. 


. Tubes, 
. Globules bleus. 


c. Tubes coupés dont on voit l’aire intérieure. 


MDI RO SR 


Fig. 7. 


Fig. 8. 


Tube ou vaisseau séparé, vu à 300 fois le diamètre. 


: Paroi. 
. Dichotomie. 
. Globules bleus. 


Globules bleus, isolés, vus à 300 diamètres. 
Tissu feutré ou dædalenchyme de la chair blanche, vu à 300 
diamètres. 


. Tubes anastomosés en H. 


Tubes séparés. 


. Parois, 

. Trifurcation. 
. Cloisons. 

. Nœuds. 

. Globules. 


Membrane isolée de la matière contenue. 
Mèmes tubes colorés par l’iode. 


. Parties colorées, 
. Parties non colorées. 
. Globules. 


Sporules. 


ANATOMIE VÉGÉTALE, 


Recherches sur le développement du pollen et de l’ovule 
du Gui. (Extrait d’une lettre de M. Decaisne au se- 
crélaire.) j 


Il résulte de mes Recherches sur le développement du 
pollen et de l’ovule du Gui(V'iscum album (1), que l’an- 


(1) J'ai connaissance des mémoires de MM, Griffith et Korthals. 


(36 ) 

thère de cette plante s'éloigne complétement du caractère 
général de cel organe , en ce qu'elle est soudée en totalité 
et dès son origine, avec le lobe calicinal devant lequel elle 
se trouve placée; que le tissu du calice, dépourvu de 
faisceaux vasculaires , n'offre à l'époque où se forme l’an- 
thère, pour toute différence avec cette dernière, qu’une 
coloration verte plus intense; que l’anthère, enliérement 
cellulaire et homogène, se creuse partiellement, ct pré- 
sente de petites cavilés indépendantes les unes des autres, 
et au milieu desquelles s'organisent les utricules pollini- 
ques; celles-ci sont libres, retenues cependant entre elles 
au moyen d'une sorte de mucilage de manière à former 
de peliles masses qui ne sont pas enveloppées par une 
membrane spéciale. Le diamètre des utricules polliniques 
dépasse de beaucoup celui des autres cellules ou utricules 
du même végétal; d’abord transparentes, elles offrent en 
premier un nucleus (cytoblaste), accompagné de nombreux 
granules ; plus tard, ceux-ci s’agglomèrent et laissent voir 
a leur place deux, et plus tard encore, quatre nucleus 
ovales, lenticulaires, jaunâtres , ayant chacun au centre 
un point lumineux; l’utricule générale présente alors 
d’autres phénomènes, elle s’épaissit par couches concen- 
triques très-distinctes , et laisse au centre une cavité plus 
ou moins arrondie au milieu de laquelle se trouvent les 
quatre nucleus séparés les uns des autres par du muci- 
lage. Ce mucilage venant à son lour à s’épaissir, forme 
pour chacun des nueleus une logette particulière, où ils 
s'organisent et prennent les principaux caractères du pol- 
len. La séparation de l'utricule pollinique, en quatre par- 
ties, se fait simultanément et non par l'épaississement du 
mucilage qui marcherait de la circonférence au centre de 
l'utricule. 


LÉ sd os 


(37) 
Des fleurs femelles. 


L'adhérence du calice à l'ovaire a lieu dès l’origine de 
ces premiers organes; la feuille ovarienne n'est donc ja- 
mais libre ni ouverte, comme elle paraît l'être dans la 
plupart des fleurs à ovaires libres; vers l'époque de la fé- 
condation, l'ovaire nous offre deux petites lacunes laté- 
rales, n'ayant aucun rapport avec le tissu conducteur du 
style; ces deux lacunes en s’avançant l’une vers l'autre, 
forment la cavité de l'ovaire, revêtu par l’endocarpe, dont 
les parois restent long-temps intimement appliquées les 
unes contre les autres même après la fécondation; ce n’est 
que plusieurs mois plus tard qu'on commence à aperce- 
voir à la base de l’endocarpe un petit mamelon pulpeux, 
sessile; ce petit corps est un ovule orthotrope, il est or- 
dinairement accompagné de deux corpuscules extrême- 
ment délicats, claviformes; ce sont des ovules avortés. 
Lorsque deux ou trois de ces ovules sont fécondés, et qu'ils 
viennent à se souder, il en résulte une graine unique à 
deux ou trois embryons; l'embryon est suspendu au som- 
met de l’ovule par un fil entièrement cellulaire; c’est la 
partie correspondant à la radicule qui s'accroît et verdit 
la première, les cotylédons restent long-temps encore à 
s'organiser après que la radicule est arrivée à son parfait 
développement , la coloration en vert du corps pulpeux, 
dans lequel se forme l'embryon, commence à se manifes- 
ter à la base, Comme j'ai suivi pendant quatre années le 
développement de l’ovule du gui, et que je Jui aï toujours 
trouvé le même caractère, j'en conclus que l'ovule est 
réduit au nucelle; la substance visqueuse et blanche du 
fruit appartient au sarcocarpe ; la pélicule verte, réticu- 
lée, qui revêt la graine, est formée par l'endocarpe. 


( 58 ) 

Dans le Thesium linophyllum , on sait que les ovules 
sont supporlés par une colonne placée au centre de l’en- 
docarpe. Au moment ou le tube pollinique vient à se 
mettre en rapport avec la partie libre et réfléchie de 
J'ovule, on en voit sortir une vésicule dans laquelle se 
forme l'embryon; la colonne se divise alors en deux par- 
ties, l’une inférieure parcourue au centre par un faisceau 
vasculaire, l’autre supérieure , dans laquelle on remarque 
un tube digité inférieurement et renflé au sommet, comme 
un matras; cette parlie renflée perce la colonne et se met 
en rapport avec un point déterminé de l’ovule. 

Je suis porté, d’après des observations faites sur des 
plantes sèches, à regarder les ovules des o/acinées, san- 
talacées, lovanthacées, comme étant dépourvus de tégu- 
mens et réduits au nucelle. 

Les faisceaux corticaux dans le gui, sont en nombres 
déterminés; ils ne correspondent pas d’un mérithalle à 
l’autre ; le nucleus se trouve dans le parenchyme cortical 
des plus grosses tiges. 


Paris, le 22 décembre 1838. 


MOLLUSQUES. 


Supplément à la note sur le genre Skrioue, par Messieurs 
P. Gervais et P. J. Vanbeneden. 


Dans la note que nous avons eu l'honneur de présenter 
à l'académie dans la séance du 7 juillet 1838, nous avons 
fait mention d'une nouvelle espèce du genre Sépiole, 
découverte par M. Delle Chiaie dans le golfe de Naples, et 
dont nous n'avons pu donner la description. 


: 
L 
: 


(39) 

Pendant le séjour que l’un de nous vient de faire à 
Naples, nous nous sommes procuré un individu de cette 
intéressante espèce, grâce à l'obligeance empressée de 
M. Delle Chiaie. Elle a été figurée par ce célébre anato- 
miste dans la cinquième livraison de planches de ses mé- 
moires sur les animaux sans vertébres , mais dont le texte 
n'a pas encore paru, Get anteur nous l’a généreusement 
cédée, et il nous a autorisés à la décrire comme supplément 
à notre note. [l l’a désignée sous le nom de 


8. SEPIOLA MACROSOMA. 


Delle Chiaie. Memorie sulla storia e anafomin degli animali 
senza vertebre. Atlas, pl. 71, fig. 1-2. 


Habite le golfe de Naples. 


Ce qui nous a frappés en examinant celle espèce avec 
attention, c’est l'existence d’une paupière inférieure qui 
rappelle, jusqu’à un certain point, le caractère principal 
sur lequel M. Richard Owen a établi le Rossia palpebrosa. 
La Sepiola macrosoma a encore de commun avec cette 
derniére espèce une taille extraordinaire comparativement 
aux autres espèces du genre. 

IL serait peut-être nécessaire de comparer ensemble les 
individus mêmes de ces deux espèces, avant de se pronon- 
cer sur leur distinction spécifique, si l'on ne pouvait se fier 
entièrement aux descriplions exactes du savant auteur 
anglais. Du reste leur distribution géographique autorise- 
rait presque seule leur séparation, puisque la Sepiola 
palpebrosa à été découverte par le capitaine Ross au pôle 
arctique , dans la baie d’Elwin, tandis que notre Sepiola 
macrosoma habite le golfe de Naples. 

Le corps est globuleux et parfaitement arrondi à sa par- 


( 40 ) 
tie postérieure. Les nageoires sont placées au milieu de sa 
hauteur; elles se rapprochent l’une de l’autre, de quel- 
ques lignes de plus en dessous qu’en dessus. 

Les bras ne s’éloignent point, pour leur longueur respec- 
tive, de ceux des autres espèces. Nous donnons plus loin 
leurs proportions. Les ventouses sont nombreuses et placées 
irrégulièrement sur la surface interne des bras. 

Le manteau n'offre point d'adhérence avec le corps dans 
sa partie inférieure ou anale, ce n’est que sur la nuque 
qu'on aperçoit une réunion d’une très-courie étendue. 

La lame dorsale est plus large en avant qu’en arrière, et 
se rétrécit insensiblement. C’est sans aucune comparaison 
la plus grande espèce de ce genre. Nous donnons à la fin 
les dimensions de l'individu que nous avons rapporté, 
mais M. Delle Chiaie en possède dans sa collection qui ont 
plus du double de celui-ci. 

Si nous comparons la Sepiola palpebrosa, avec l'espèce 
qui nous occupe, nous voyons d’abord que le globe ocu- 
laire est protégé par un repli palpébral dans l’une et l’autre 
espèce; mais dans l’espèce du nord, d’après la figure et la 
description de l’auteur anglais, les paupières peuvent 
recouvrir complétement les yeux, et il en existerait une en 
dessus et en dessous, quoique cette dernière soit plus 
forte: « They were (the eyes ) however almost completely 
hidden from view by the contraction of the lawer eyelid 
principally (1). » Nous ne trouvons dans notre espèce 
point de trace de paupière supérieure, aussi ne pourrail- 
elle point fermer complétement l'œil. 

M. Owen suppose que ces paupières pourraient bien 


(1) Voyage du capitaine Ross, Mist. nat., pl.B, fig. 1, et pl. C, pag. 95. 


(41) 
servir, à l'espèce qui habite des contrées si froides, pour 
garantir le globe oculaire contre les fragmens de glace au 
milieu desquels vit cette espèce. Mais l'existence de pau- 
pières dans une espèce napolitaine détruit nécessairement 
cette supposition. 

Le corps est beaucoup moins allongé dans notre espèce, 
et les nageoires ne sont pas insérées si près du bord anté- 
rieur du manteau. Les nageoires sont aussi parfaitement 
arrondies. 

Les bras ont les mêmes proportions dans les deux espè- 
ces; à commencer des supérieurs moyens, nous trouvons 
les proportions suivantes 1 , 2 ,4,3. Il y a seulement cette 
différence que dans l'espèce du nord la troisième paire 
dépasse davantage la quatrième. Les bras tentaculaires 
sont aussi plus longs dans l'espèce napolitaine, puisqu'ils 
dépassent le corps, tandis qu'ils descendent tout au plus 
jusqu'à l'extrémité du corps dans celle du nord. 


Pouces. Lignes. 


Longueur du corps et de la tête sans les bras, . . . . 3 » 
— detrpius 1008 bras: St SP IMMNET ESE TUE 1 9 
— des bras tentaculaires . . :.:. 2 . 0. 4 5 
— delalame dorsale 4: 420 0e Mo cet: fe » 8 
Largeur à la racine des nageoires . . . . . . . . 1 » 
— DOME Ne ee Met es Lie le Le ge » 9 


Nous possédons les quatre espèces européennes de ce 
genre, à Louvain. 


ANATOMIE. 


Note sur les muscles de l’avant-bras du cheval, par, 
M. Ch. Phillips, de Liége. 


Les muscles de la région antérieure de l'avant-bras sont 


(42) 

destinés à opérer l'extension du membre; les anatomistes 
ont décrit quatre muscles qui sont : l'épitroklo-préméta- 
carpien , qui étend le canon; le cubito-métacarpien obli- 
que, qui est comme le précédent extenseur du canon; 
l'épitroklo-préphalangien, agent extenseur du pied; et 
le cubito-préphalangien qui concourt avec le précédent à 
étendre le pied. 

Dans les ouyrages d'anatomie vétérinaire, ce muscle est 
ainsi démontré : cet extenseur provient de l'extrémité in- 
férieure de l’humérus et se propage jusqu’à l'os du pied. 
La partie charnue supérieure et pyramidale règne au côté 
externe de celle du muscle épitroklo-prémétacarpien, s’in- 
sinue et glisse dans une gaîne qui commence à l'extrémité 
inférieure du cubitus et s'étend jusqu’au bas du genou; 
parvenu sur l'os principal du canon, ce muscle donne 
une branche grèle qui va s'unir avec le tendon du cubito- 
préphalangien; son attache inférieure se fait au bord an- 
térieur de l'os du pied. 

Le cubito-préphalangien, qui reçoit une branche tendi- 
neuse du muscle précédent , ne s'étend pas aussi bas; son 
insertion inférieure a lieu à l'os du paturon: ces deux mus- 
cles agissent donc en opérant, le premier l'extension du 
pied, le second l'extension de l'os du paturon. 

Entre ces deux tendons, et attaché au bord externe du 
tendon de l’épitroklo-préphalangien, on remarque un 
petit ruban fibreux qui paraît appartenir à ce dernier, mais 
on est bientôt convaincu du contraire lorsqu'on fait mou- 
voir un membre disséqué ; si l’on exerce de grands efforts 
sur la partie charnue de ce muscle, on produit l’extension 
du membre; mais aussi on voit la bandelette dont je viens 
de parler; ne pas étendre son action aussi loin que le ten- 
don avec lequel elle est unie, sa puissance s'arrête à l’arti- 


(43) 

culation du boulet, là on voit ses fibres s'épanouir d’abord 
en éventail et se perdre ensuite dans l'épaisseur de la cap- 
sule articulaire avec laquelle elle se confond ; cette dispo- 
sition remarquable devait faire naître le désir de remonter 
à l’origine de cette bandelette. En approchant de la gaîne 
fibreuse qui retient les tendons, nous avons pu constater 
que la branche grèle qui va s'attacher au cubito-prépha- 
langien n'appartient pas à l’épitroklo préphalangien comme 
on l’a cru , mais qu’elle dépend de la bandelette dont nous 
parlons; ce qui explique bien la fonction de cet organe. 
Lorsqu'on divise la partie charnue de l’épitroklo-prépha- 
langien, on est arrêté près du cubitus par une lamelle apo- 
névrotique de ce muscle sur un faisceau de fibres muscu- 
laires; en prolongeant avec soin cette dissection, on par- 
vient à l'isoler complétement et l’on a pour résultat un 
faisceau charnu bien distinct du corps du muscle auquelil 
adhère fortement. 

Ses attaches sont en haut, à la face externe du cu- 
bitus, et en bas, à la capsule supérieure du paturon; il 
est situé sous l’épitroklo-préphalangien et est en rap- 
port par son bord externe avec le cubito-préphalangien. 
Voici les conditions nécessaires pour faire reconnaître un 
muscle : 

1° Les attaches bien distinctes ; 

2° Enveloppé par une aponévrose qui lui est propre ; 

8° Et chargé d’une fonction spéciale, 

À cause de sa position et de ses rapports, nous croyons 
pouvoir le nommer le petit cubito-préphalangien ; il est 
chargé de produire l'extension de la capsule articulaire, 
afin qu’elle ne soit pas serrée entre les os lorsque le muscle 
cubilo-préphalangien étend le paturon, et lorsque l'épi- 
troklo-préphalangien étend l'os du pied. 


C4) 


EXPLICATION DES FIGURES. 
# 


Fig. I. 


Face antérieure de l’avant-bras, représentant le: muscles décrits 
par les anatomistes, 


1. Humérus 


& 


. Olécrâne. 

. L’huméro-cubital. 

+ L'épitroklo-prémétacarpien. 
L’épitroklo-préphalangien. 
Le cubito-préphalangien. 


. L’épitroklo-suscarpien. 

. Le cubito prémétacarpien. 

Le tendon de l’épitroklo-préphalangien. 

. Le tendon du petit cubito-préphalangien. 

+ Le tendon du cubito-préphalangien. 

12. Bandelette qui unit ces deux tendons. 

. Attache du tendon de lépitroklo-préphalangien, 
+ Huméro-olécränien externe. 


© © 1 © Cr à 


mi bi 
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bi 
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CS 
oh 


Fig IT; 


Face externe de l’avant-bras. 

1. Humérus, 

2. Olécrâne 

3. L’huméro-cubital, 

4. L’huméro-olécrânien externe. 

5 L’hépitroklo-prémétacarpien. 

6. L’épitroklo-préphalangien. \ 

7. Le cubito-préphalangien. 

8. Le petit cubito-préphalangien. 

9. L’épitroklo-suscarpien. 

10. Le cubito-prémétacarpien. 

11. Le tendon divisé de l’épitroklo-préphalangien. à 

12. Partie inférieure du tendon précédent. 

13. Bandelette qui unit les deux tendons des muscles grand et petit 
cubito-préphalangien. 

14 Attache du petit cubito-préphalangien à la capsule du boulet. 

15. Attache inférieure dn grand cubito-préphalangien. 


Bulletins de l'Acaenue | lag. 44. Tome VI 


7/24 ilhps 


(45) 
CHIMIE. 


Notice sur l'existence de l'acide lactique dans les bières 
aigres , par M. Vanden Ghyen, préparateur à l’univer- 
sité de Gand. : 


« Scheele, à qui la chimie est redevable de tant de dé- 
couvertes, fut le premier qui constata l'existence de l'acide 
lactique et le distingua de l’acide acétique ou vinaigre, 
avec lequel il avait été confondu jusqu'a lui. Depuis cette 
époque, qui date de l’année 1780, plusieurs chimistes s’en 
sont occupés successivement. Allernativement admis ou 
rejeté, suivant que l’on avait opéré sur des produits plus 
ou moins purs , il ne fut plus permis de douter de son exis- 
tence depuis le beau travail dont il fut l’objet de la part 
de MM. J. Gay-Lussac et Pelouze. 

Scheele l’a découvert dans le lait fermenté et aigri, 
M. Corriol l'observa dans l’infusion fermentée de noix vo- 
miques, MM. J. Gay-Lussac et Pelouze l’extrayèrent du suc 
fermenté de betteraves, et dernièrement M. Liebig démon- 
tra son existence dans la choucroûte. M. Berzélius, qui de 
son côlé en a découvert une petite quantité dans tous les 
fluides animaux et dans la chair musculaire, croit que 
l'acide lactique se forme dans toute matière fermentée. 
Cette opinion vient de se corroborer par la présence de cet 
acide dans la bière aigre. 

La bière que j'ai soumise à l'expérience était de la 
bière de Diest, qui s'était aigrie sur bouteille, et qui 
m'avait été fournie par M. le professeur Van Mons, à la 
prière duquel je l'ai examinée. 

Pour en extraire l'acide lactique, il suffit de la traiter 
par le carbonate de zinc hydraté, de chauffer au bain-ma- 
rie et de filtrer ; d'évaporer ensuite la liqueur au même 


« 


( 46 ) 
bain, jusqu’à consistance convenable, et de laisser cristal- 
liser. Pour purifier le lactate de zinc et isoler l'acide, j'ai 
suivi la méthode indiquée dans le mémoire de MM. J. Gay- 
Lussac et Pelouze. 

La quantité d'acide lactique existant dans la bière est 
suffisante pour que ce soit un procédé très-économique 
pour le préparer, puisqu’un litre de cette liqueur m'a 
fourni 2,20 gr. d'acide lactique syrupeux. 

Dans uné lettre que vient de m'écrire M. le professeur 
De Koninck, il m'annonce qu'il a trouvé le même acide 
et également en assez grande abondance dans la bière 
brune aigrie de Malines. D'après cela, il est très-probable 
que toutes les espèces de bière doivent, au moins leur 
première aigreur, au développement de l'acide lactique, 
ce dont je me propose de m'assurer par des expériences 
ultérieures. » 


Le secrétaire en présentant cetle notice, annonce qu’il 
a reçu une lettre par laquelle M. Van Mons fait connaître 
que M. Vanden Ghyen a retiré de l'écorce de la racine du 
peuplier tremble, le principe nommé populine, qui jus- 
qu'ici n'avait élé trouvé que dans l'écorce de la tige et dans 
les feuilles du même arbre ; que cette extraction a été 
faite par le procédé le plus simple, et qu’à la place de la 
salicine qui, dans les autres parties de l'arbre, accom- 
pagne la populine , M. Vander Ghyen a trouvé un principe 
nouveau et qui, par aucune de ses qualités , toutes bien 
déterminées et singulièrement prononcées, n’a aucune 
relation avec la salicine. 


M. le vice-directeur, en levant la séance, a fixé l’époque 
de la prochaine réunion au samedi 2 février. 


(47) 


/ 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Documents statistiques , recueillis et publiés par le 
ministre de l’intérieur. Quatrième publication officielle. 
Bruxelles , chez De Mat, 1833. 1 vol. in-4°. 

Annuaire de l’observatoire de Bruxelles, pour l'an 
1839, par le directeur A. Quetelet. Bruxelles, 1839. 1 vol. 
in-18. 

Dictionnaire géographique du Luxembourg, par Ph. 
Vandermaelen. Bruxelles, 1838. 1 vol. grand in-&. 

Nuova quida per la citta’ di Arezzo, del tenente 
N. Oreste Brizi. Arezzo, 1838. 1 vol. in-18. 

Additions à la note de M. Vincent, sur la résolution 
des équations. 1 feuille in-8°. 

Analectes historiques, recueillis et annotés par le doc- 
teur Le Glay. Paris, 1838. 1 vol. in-8°. 

Cataloqus conchyliorum regni neapolitani, quæ 
usque adhuc reperit A. Scacchi. Neapoli, 1836. Broch. 
in-8°. 

Les deux cousins, ou les suites de l’éducation, co- 
médie en 3 actes et en vers, par P. Bergeron. Bruxelles, 
1839, 1 vol. in-8°. 


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BULLETIN 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 


1839. — No 2. 


Seance du 2 février. 


M. De Gerlache, directeur. 
M. Quetelet , secrétaire-perpétuel. 


CORRESPONDANCE. 


Le secrétaire communique une lettre de M. Whewell, qui 
fait connaître que le gouvernement anglais paraît disposé 
à envoyer une expédition vers le pôle austral, pour déter- 
miner la position actuelle du pôle magnétique ; de même 
que pour y établir plusieurs observatoires magnétiques 
permanens, dans la vue d’observer les variations simulta- 
nées de l'aiguille aimantée, découvertes par l'association 
pour les observations du magnétisme terrestre, établie 
par M. Gauss. Les principales stations, indépendamment 
de celle de l'observatoire royal, seraient au cap de Bonne- 
Espérance , à la terre de Van Diemen, à Ceylan et dans 

Tom. vi. 4 


(50) 
quelques places du Canada. Il paraîtrait que le capitaine 
Ross serait chargé de l'expédition australe , tandis que le 
major Sabine irait dans le Canada. Une commission, prési- 
dée par sir John Herschel, a présenté un rapport à ce sujet. 

M. l'abbé Carton écrit de Bruges qu’il vient de se former 
dans celle ville une société d'émulalion pour l'histoire et 
les antiquités de la Flandre occidentale. Cette société parli- 
ciperaun peu de la nature d’une société de bibliophiles ; ses 
publications ne se tireront qu’à un nombre borné d’exem- 
plaires : ainsi, la chronique de l’abbaye des Dunes (en la- 
tin) par Adrien Debut, ne sera Lirée qu’à 125 exemplaires. 


CONCOURS DE 1839. 


L'académie avait proposé, pour le concours de 1839, 
cinq questions dans la classe des lettres et huit dans la 
classe des sciences. Le secrétaire annonce qu'il a reçu les 
mémoires SUIVANS : 

1° Sur la 1°° question de la classe des lettres : 


Quels furent les changemens apportés par le prince 
Maximilien-Henri de Bavière (en 1684) à l'ancienne 
constitution liégeoise ; et quels furent les résultats de ces 
changemens sur l'état social du pays de Liége jusqu’à 
l’époque de sa réunion à la France. 


Un mémoire portant la devise : 
Un prince de Liége ne donne seutence que par ses justices, et 
ne fait ordonnances contre les lois du pays que du consentement 


des états. (Le prince GÉRA&D.) 


Commissaires : MM. de Gerlache, le baron de Reiffen- 
berg, Grangagnage. 


(51) 
2° Sur la 1° question de la classe des sciences: 


Un mémoire sur l'analyse algébrique, dont le sujet est 
daissé au choix des concurrens. 


Deux mémoires, l’un contenant un essai sur les for- 
mules d'évaluation des produits continus, et portant la de- 
vise : On le peut , je l’essaie ; l'autre, contenant un essai 
analytique sur la force de percussion, par M. l'ingénieur 
Manilius. L'auteur de ce travail s'étant fait connaîlre, ne 
pourra être admis à concourir. 

Commissaires : MM. Timmermans, Garnier et Dandelin. 

3° Sur la 5% question de la classe des sciences : 


Exposer la théorie de la formation des odeurs dans 
les fleurs. * 


Un mémoire écrit en latin et portant la devise : 


Homénis sapientia est, ut neque omnia te scire putes, quod Dei 
est, neque omniu nescire quod est pecudis , est enim aliquod me- 
dium quod sit hominis ; id est scientia cum ignoratione juncta et 
temperata. (Lacrans. Div. instit., lib. IIT.) 


Commissaires : MM. Dumortier, Morren et Martens. 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


— 


PHYSIQUE DU GLOBE. 


Températures de la terre. — M. Quetelet présente les 
résultats des observations sur les températures de la terre, 
faites à l’observaloire de Bruxelles, pendant l'année 1838; 
ces tableaux font suite à ceux qui ont été présentés pour 
les années précédentes, et qui ont été imprimés dans les 
tomes X et XI des Nouveaux Mémoires. 


(52) 

Il est à remarquer que les grands froids qui se sont fait 
ressentir au commencement de 1838, n’ont pas eu d’in- 
fluence marquée pour altérer les époques du minimum 
de température à différentes profondeurs; ainsi, le plus 
grand froid de janvier n’a fait sentir son influence à 24 
piedsde profondeur (7",80) que vers le 20 juin, époque trés- 
voisine du 18, 5 juin que donnent toutes les observations 
antérieurement faites à Bruxelles. Le tableau suivant in- 
diquera mieux la marche progressive du minimum et du 
maximum de température pour les différentes profon- 
deurs où les variations annuelles du thermomètre sont 
suffisamment appréciables. 


ÉPOQUES DU 


—— Ra — 


PROFONDEURS. MINIMUM DE TEMP. MAXIMUM DE TEMP. 


oo 
1838. | MOY. GÉNÉR. 1838. MOY. GÉNÉR. 


Surface. 27,4 janv. | 22,9 janv. | 14,5 juill. | 22,0 juill. 
Om, 19 7,1 févr. 2,9 févr. | 19,7 26,8 » 


45 13,3 » |114 18,8 31,1 » 
75 16,4 » | 21,8 25,8 5,4 août. 
00 (1) 24,8 27,2 83 » 
90 19,1 avril. | 21,7 avril. | 23,6 oct. 12,6 oct. 


80 20,0 juin. | 18,5 juin. | 15,6 déc. | 12,0 déc. 


(1) Le thermomètre n’a pu être observé. 


Quant aux valeurs des minima , elles ont dû naturelle- 
ment être plus prononcées que celles données par les 
années ordinaires, à cause de la température remarqua- 
blement basse de 1838 ; d’une autre part, les maæima ont 
été moindres. 


(55 ) 


TEMP. MAXIMUM. 
Re 


1838. 


TEMP, MINIMUM. 


. PROFONDEURS, 
1838. MOY,GÉNÉR. 


Om, 19 + 0532 | + 2°76 
0, 45 1,81 3,66 


SE 


MOY.GÉNÉR. 


+15,56 | + 16265 
+-16,05 16,48 


0, 75 1,90 4,28 15,33 16,34 
1, 00 ? 5,94 15,64 16,38 
3, 90 9,48 9,69 14,31 14,30 
7, 80 10,71 11,14 12,31 12,62 


Il résulte de ces observations que les oscillations du 
liquide dans le tube thermométrique décroissent trés-sen- 
siblement à mesure que les profondeurs augmentent; à 
7,80 mètres de profondeur, la différence entre l’état le 
plus élevé du thermomètre, qui n’arrive que le 12 décem- 
bre, et son état le plus bas, qui a lieu du 18 au 19 juin, 
n'est que d’un degré et demi environ. 

Ces variations ont donné les valeurs suivantes : 


VARIATION ANNUELLE. 
PROFONDEURS. EE —— 


1838. MOY. GÉNÉR, 


(54) 

Les observations dont il vient d’être parlé, ont été faites 
au moyen de thermomètres placés en terre et au nord de 
l'observatoire ; mais, depuis trois ans, des observations sem- 
blables ont été faites au moyen de thermomètres placés 
au sud, et dans une exposition accessible au rayons so- 
laires. M. Quetelet se borne, pour le moment, à présenter 
les tableaux de ces dernières observations, en se réservant 
d'en présenter plus tard la diseussion. 

— L'auteur communique à ce sujet les résumés de 
recherches analogues qui viennent d’être faites à Édim- 
bourg, sur la demande et avec les fonds de l'association 
britannique pour l'avancement des sciences. M. Forbes, 
qui a été chargé de la surveillance de ces observalions, 
écrit que les résultats généraux sont parfaitement d'accord 
avec ceux obtenus à Bruxelles. Afin de rendre plus com- 
parables les résultats de l'Écosse, on avait eu soin de faire 
Jes thermomètres destinés aux observations, de même lon- 
gueur que ceux de Bruxelles et de Paris. Voici, d’après 
M. Forbes, comment le maximum de la chaleur de l'été 
a pénétré aux différentes profondeurs, dans trois terrains 
différens, qu’on avait choisis à dessein pour reconnaître 
la différence de eonductibilité. 


OBSERVATOIRE JARDIN 
PROFONDEURS. CRAIGLEITH. 
d'Edimbourg. | expérimental. 


3 pieds. 6 août. 31 juillet, 5 août. 


2 septemb, | 24 août. 19 » 
17 octobre. | 7 octobre. | 11 septemb. 


8 janvier. | 30 décemb. | 11 novemb, 


( 59 ) 
Les plus grandes variations annuelles des thermomètres 
dans les trois stations ont été les suivantes, pendant l’année 
qui vient de s’écouler. 


OBSERVATIONS JARDIN 
PROFONDEURS,. CRAIGLEITH, 
d'Edimbourg. | expérimental. 


On déduit de ces résultats, comme de ceux de Bruxelles, 
que les variations thermométriques annuelles décroissent 
selon une progression géométrique, quand on descend 
au-dessous de la surface du sol selon une progression 
arithmétique. 


Aurore boréale. — M. Quetelet annonce que, dans Ja 
soirée du 19 janvier dernier , il a vu une aurore boréale, 
dont les journaux n’ont pas fait mention. Le phénomène 
élait déjà assez avancé lorsqu'il l’aperçut vers 10 heures. La 
lumière de l'aurore boréale avait sa plus grande intensité 
vers le NNO.; elle s’étendait de chaque côté de ce point, 
le long de l'horizon, jusqu’à la distance de 60 à 70 degrés 
environ, et elle ne s'élevait guère, dans sa plus grande 
hauteur, à plus de 20 à 25 degrés au-dessus de l'horizon. 
Cette lumière était blanchâtre , continue et sans jets. Vers 
10 : heures, des nuages épais bordaient l'horizon septen- 
trional, et s'élevaient de plus en plus en formant comme une 


(56 ) 
voûle obscure, surmontée de la lumière de l'aurore bo- 
réale ; sa plus grande hauteur était aussi vers le NNO. Les 
nuages se dispersèrent ensuite dans le ciel, en se dirigeant 
vers le SSO.; à travers les éclaircies qu'ils laissaient, on 
distinguait encore l'aurore boreale vers 11 : heures. 

Le ciel avait été couvert pendant le jour; il avait même 
plu un peu vers quatre heures; le vent, qui avait soufflé 
avec force, en partant de l’ouest, avait changé de direc- 
tion au moment du phénomène. L’hygromètre de Saussure 
marquait une humidité très-grande. Quant aux autres 
instrumens météorologiques, voici leur marche. 


æ 
THERMOMÈTRE | THERMOMÈTRE 


BAROM. 
mt. ext. 


19 janvier 9 h. matin, . 75491 411,7 cent. | + 191 cent. 
midi, . . . | 751,55 14,3 2,2. 
4 heures . . | 746,10 16,2 2,6 
Jh.soir . . |! 752,08 14,7 3,1 
9h. matin. . | 760,18 12,5 2,0 


L’accroissement de température, vers l'heure du phéno- 
mène, est assez remarquable, et les variations du baro- 
mètre ont été très-brusques. M. Duprez écrivait de Gand, 
sans qu'il sût qu’il y eût eu une aurore boréale : « Dans la 
nuit du 18 et dans la journée du 19, époque à laquelle, 
d’après le dire des journaux, un vent trés-violent n’a cessé 
de régner à Bruxelles , les variations du baromètre ont été 
assez brusques pour que je croie utile de vous les faire 
connaître... Ainsi, dans l’espace de 24 heures, le sommet 


(57) 


de la colone de mercure a parcouru un espace total de 
23mm, 87. On n’a ressenti ici que quelques coups de vent 
violent dans la journée du 19, entre midi et 4 heures du 
soir ; le vent n’a cessé de souffler du SO. Il est tombé à dif- 
férentes reprises de la neige et de la pluie. » 

M. Quetelet annonce en même temps qu’il a reçu une 
lettre de M. le docteur Julius, qui lui fait connaître qu'il 
a aussi observé une aurore boréale à Hambourg, le 10 jan- 
xier dernier, entre 5 et 6 heures du soir, et dans la direc- 
tion du NNO. M. Julius ajoute qu'a Copenhague, on a ob- 
servé plusieurs aurores boréales vers la même époque. 


MÉTÉOROLOGIE. 


M. Crahay, membre de l'académie, présente le résumé 

des observations météorologiques qu'il à faites à Louvain, 
-au collége des Prémontrés, pendant l’année 1838. Ce ré- 

sumé sera publié dans le iome XII des nouveaux Mé- 
moires de l’Académie. 

M. Quetelet communique en même temps les résumés 
des observations météorologiques qui ont été faites dans 
le cours de la même année, par M. C. Willaert, professeur 
de physique au collége d’Alost, et par M. Duprez, pro- 
fesseur à l’athénée de Gand (1). 

Les tableaux de ces observations, rapprochés de ceux 
de l'observatoire de Bruxelles, qui ont été communiqués 
à l'académie dans la séance précédente, présentent les ré- 
sultats qui suivent : 


(1) Ces résumés seront publiés dans les Annales de l'Observatoire. 


(58 ) 


Quantité d’eau tombée et nombre de jours de pluie. 


BRUXELLES 


LOUVAIN, 


Janvier 240% 1,63 5,83 415 
Février . . . | 22,72| 22,77| 23,76 
Mars . . . . | 46,18! 48,72] 37,33 
Avril. . . . | 53,74] 65,76] 44,85 
Mai . . . . | 51,76) 48,35) 65,85 
Juin . . . . [119,54 106,56 116,15 
Juillet . . . | 43,39) 56,36) 87,90 
Août . . . . | 75,811106,95 si 
Septembre . . | 54,60! 53,58, . 
Octobre . . .!} 45,97| 46,77) 68,77 


Novembre , 


Décembre . . | 18,25 


Année. . |597,59 


61,10! 85,19 L) 


| 
21,53, 24,77 


QUANT. D'EAU EN MILL. 
OO ———— | 


23,85 


44,37 
57,42 
63,81 
83,79 
112,41 
132,75 
48,69 
68,94 
80,01 


32,67 


NOMB. DE JOURS DE PL. 


BRUXELLES 
LOUVAIN, 


658,37 669,571748,71)181 |195 |172 |168 


(1) Pour les 15 premiers jours du mois. 


(59 ) 


HAUTEUR MOYENNE TEMP, MOYENNE CENT. 
du baromètre réduit à midi. 


BRUX. | LOUV. 


BRUXELLES 
(1) 
LOUVAIN. 
ALOST. 
GAND. 


mm | mm mm 


Janvier . 1756,62 758,041759,87 
Février 748,88 751,09 |752,59 


Mars . . 753,79 755,90 |757,12 


| Avril . . . [751,76 753,24\755,04 


Juin . . 755,05 756,80 758,53 


Juillet. . 757,16 758,93|761,34 


| Mai. . . . 1754 . 21|758,08 


Août . . 755,82|757,79 760, 48 


l Septembre 757,19 759,00 |760,43 
! Octobre . 757,31,758,98 760,89) 


Novembre . |747,90,749,83,751,06 


| Décembre . |760,91 


Année. . |754,76,756,52 rar 


(1) Le thermomètre donnait des indications trop hautes de 094. 


(2) Pour les 15 premiers jours du mois. 


( 60 ) 

Les observations de Bruxelles, de Louvain, d’Alost et 
de Gand, s'accordent à donner une température moyenne 
de l’année bien inférieure à la moyenne générale, qui est 
de 10°,5 environ. Le nombre des jours de pluie a été de 
180, terme moyen; c’est à Gand qu’il est tombé le plus 
d'eau, 748,71 millimètres, et à Bruxelles qu’on en a re- 
cueilli le moins, 600 millimètres environ. La période 
diurne du baromètre s'est manifestée dans les quatre lo- 
calités d’une manière à peu près semblable. En compa- 
rant la pression moyenne, déduite des observations faites 
quatre fois par jour, à 9 heures du matin, à midi, à 4 h. 
et à 9 heures du soir (1), on trouve en effet : 


BRUXELLES 


Lu LIL mm 


Pression moyenne. . . . 756,50 | 758,26 
9 heures du matin, . . . +0,19 | +0,20 


Midi RER COR RS +0,02 | +0,02 


4 heures du soir . . . . —0,33 | —0,33 


» +-0,09 


— Le secrétaire présente ensuite quelques tableaux mé- 


(1) Les observations de Louvain ne comprennent pas l'observation 
de 9 heures du soir. On a pris pour pression moyenne celle de midi, 
diminuée de Omm,02, d'après les observations d’Alost et de Bruxelles. 


ES 


(61) 
téorologiques qui lui ont été communiqués par M. le pro- 
fesseur Martens , de Louvain. 

Ces tableaux renferment les résumés des observations 
faites à Maestricht, pendant les années 1808, 1809, 1810 
et 1811, par M. le professeur Minkelers, ancien membre de 
l'académie , qui les a rédigés sur la demande du préfet du 
département de la Meuse inférieure. Ces documens météoro- 
logiques seront imprimés dans le XTI° volume des mémoires. 


ANATOMIE VÉGÉTALE. 


Observations sur l’anatomie des uebyYcuivum, par 
M. Ch. Morren, membre de l’académie. 


Les nouveaux travaux de M. Unger et Meyen (1), sur 
les cristaux qui se trouvent dans les cellules des plantes, 
ayant prouvé que les systèmes prismaliques sont, en gé- 
néral, rares parmi les végétaux, j'ai cru qu'il était con- 
venable de publier quelques observations que j'ai faites 
sur un système semblable dans les Zedychium et notam- 
ment sur l’Æedychium flavum. Ces dissections précisent 
d’ailleurs des faits sur lesquels on avait encore des doutes 
dans cette partie des sciences phytotomiques. 


(1) Unger, Uber Krystallbildungen in den Pflansensellen. Annalen 
des Wiener Museum’s , I Bander 1 Abttheilung. Vienne 1837. 

Meyen, Von den Krystallen und den anorganischen Substansen 
überhaupt, welche in den zellengewebe der Pflansen vorkommen. Phy- 
siologie , tom. I, p. 212, Berlin, 1837. 


(62) 

Dans la plus jeune feuille encore enroulée du sommet 
de la tige, on voit déjà quelques rares cristaux, plus sou- 
vent dans les cellules privées de chlorophylle que dans 
celles qui en sont pourvues, plus souvent dans les cellules 
profondes que dans les superficielles. Comme la feuille 
est alors fort jeune, qu'elle vient de naître, on ne peut 
reconnaître dans la formalion de ces cristaux un effet de 
l’âge et un indice de vieillesse, comme on l’a fait. Ce 
n’est pas une tendance à la mort, un relour au monde 
inorganique que ce phénomène de la cristallisation s’exer- 
çant librement dans les cellules. 

Dans l’ovenchyme de ces jeunes feuilles, la chloro- 
phylle globulinaire verte est formée par des vésicules pa- 
riélales, occupant presque toujours une seule zone de la 
cellule, et ces vésicules ont un granule de fécule au cen- 
tre, bleuissant par l’iode (fig. 7, a , b). Ce granule de fécule 
n'existe pas d'abord; il se développe par la suite. Plus 
tard, quand la feuille est vieille, et l’on voit le même fait 
dans les vieilles cellules de la tige, la vésicule viridifère a 
disparu et la fécule aussi, mais l'enveloppe de celle-ci, 
sa vésicule, non-bleuissant par l'iode, est restée; c'est 
sous cet état qu'on la voit former de petits granules inco- 
lores dans le prismenchyme âgé (fig. 1, k). 

Dans le jeune ovenchyme, les cristaux forment des 
prismes rhomboïdaux (fig. 5). Ceux qui se manifestent 
dans des cellules plus âgées, sont des prismes hexaëdres, 
dérivant du rhomboïde (fig. 6). Dans les vieilles cellules, 
le prisme devient oclaëdre (fig. 3), et quatre de ses faces 
s'émoussent ou s’'arrondissent (fig. 4). Ces deux dernières 
formes, très-rares dans le règne végétal , sont ici les plus 
communes ; les prismes se déforment quelquefois. 

Le plus souvent il y a ainsi un seul cristal qui occupe 


( 63 ) 

un des angles de la cellule. Ce cristal est indépendant; il 
re se produit pas sur une vésicule chlorophyllaire ou sur 
un globule de fécule, comme on l’a dit pour d'autres 
plantes, mais il est libre {#g. 7). Seulement , quand il y 
a beaucoup de substance cristalline dans une cellule, le 
cristal déja formé sollicite la formation d’un plus grand 
nombre de cristaux, qui alors se réunissent en amas plus 
ou moins composés (fig. 1, g, h, à); il y a aussi fusion de 
différens cristaux dans ce cas (fig. 1, g). 

Ces cristaux, dont les plus gros vont à + de millimètre 
ne se déposent pas dans les grandes cellules bexagonales 
du derme, comme dans les espèces du genre Tradescan- 
tia (Meyen. Physiologie, 238, tom. I). Le second plan 
cellulaire du derme a des cellules plus petites, chacune 
pourvue d’un nucléus (fig. 8, c), mais toutes privées de 
cristaux. 

Les prolongemens scarieux de la gaîne des feuilles sont 
formés d'un prismenchyme dont quelques cellules sup- 
portent des poils. Quand ceux-ci se déiachent, ils en- 
traînent la cellule qui leur sert de support, et il y a ainsi 
des trous dans les deux membranes sèches qui constituent 
ces organes scarieux, C’est un phénomène analogue à celui 
publié récemment pour le Nuphar luteum , par M. Schlei- 
den (1). Cependant, dans ces lamelles scarieuses , il n’y a 
pas le moindre cristal, quoique ce soient des parties 
mortes sur le végétal développé, et n'ayant vécu que dans 
la première évolution des feuilles. 

Les canaux aérifères ou les cavités aériennes de la 


(1) Schleiden, Zotanische Notizen. Archive für Naturgeschichte von 
Wicgmann, Erster Heft , 1838, p. 49. 


( 64) 

plante ne contiennent aucun cristal (fig. 10,b). Mais ces 
conduits laissés entre des cellules prismatiques , conduits 
sans membrane propre, il y a des cellules particulières 
qui naissent sur ou entre celles qui constituent les parois 
de ces canaux aériféres. Ces cellules sont ordinairement 
pourvues de grains chlorophyllaires et ont toutes sortes 
de formes, mais surtout celles de cornes ou de crochets, 
parfois symétriques (fig. 10 , e), parfois sans symétrie 
(fig. 10, c). Jamais elles ne contiennent sous leur paroi 
épaisse et entre leurs granules verts pariétales, des cris- 
taux. Ces cellules se lient évidemment aux stellicules ou 
poils intercellulaires des Vymphea et autres plantes aqua- 
tiques. Ce sont des organes du même genre, situés dans 
les mêmes parties. 

Il y a des cellules féculiféres dans les nervures princi- 
pales des feuilles, et exclusivement féculifères ; elles sont 
clair-semées. 

La fécule y est ovoïde, petite, sans point central, et les 
granules peu nombreux, librement suspendus dans des 
cellules mérenchymateuses (fig. 9, a). On n’y trouve pas 
de cristaux. 

Il n’y a pas de cristaux dans aucune des cellules essen- 
tiellement chlorophyllifères qui longent les fibres. Entre 
les cellules qui se posent le long des vaisseaux séveux de 
ces fibres et celles qui constituent la seconde rangée, à 
partir de ces fibres , on trouve d’espace en espace une cel- 
lule ovoïde, toule remplie de chlorophylle (£g. 2, r), et 
dans celle-là il n’y a jamais de cristaux, quoique toutes les 
cellules des alentours en aient. 

Au milieu de huit ou de dix cellules qui en entourent 
une autre, prise un moment pour centre de ce groupe, on 
remarque des cristaux, moins dans la centrale (fig .1), et 


(65 ) 
celle particularité se rencontre souvent dans la lige de 
l'Æedychium. 

L'Aedychium flavum est sujet à une maladie particu- 
lière, à une nécrose de cellules. Au milieu de feuilles 
bien saines qui terminent la plante, la feuille la plus 
jeune, encore enroulée sur elle-même en cornet et pro- 
tégée de toutes parts par les gaînes ou les limbes de cinq à 
huit feuilles environnantes, devient rousse, brune, hu- 
mide ; elle ne croît plus, meurt et pourrit. Celte désor- 
ganisalion est bien due à une cause interne : car, sur une 
feuille semblable, je me suis assuré que jamais le derme 
n’est attaqué le premier; il est encore entiérement sain 
quand les cellules infrajacentes sont toutes malades. 

Cette nécrose s'empare individuellement des cellules; 
il yen a de mortes au milieu d’autres bien vivantes. 
Les premières, au lieu d’avoir un liquide intracellulaire 
transparent comme de l’eau, sont remplies d'un liquide 
brun , rougeûtre ou jaunâtre, opaque, qui se concrète et se 
coagule tellement dans la cellule que, par le compresso- 
rium, on détache celles-ci tout entières, on les roule 
sans les briser, et dans quelques-unes on voit des globules 
épars, très-pelits, qui sont les grains jadis féculacés, au- 
jourd’hui muqueux (fig. 11 et 12). Chose singulière! d'a- 
prés les idées admises sur la présence des cristaux dans les 
organes morts ou malades, de préférence aux organes 
vivans, on devrait s’altendre à voir dans ces cellules né- 
crosées et se désarticulant si facilement de leurs voisines, 
de ces cristaux prismatiques et rhomboïdaux; mais on 
n’en découvre là aucun. 

En général, d'aprés ces faits, on voit que la présence 
d’un organe dans la cellule est défavorable à la formation 
des cristaux, qui n’ont pas besoin d’un centre solide pour 

Tom. vr. 5 


( 66 ) 
se former plus facilement. La présence de la chlorophylle 
n'exclut pas celle de ces cristaux, mais il paraît cepen- 
dant qu'il ne faut pas qu’elle soit trop abondante. 
Ces cristaux sont plutôt développés dans les parties 


vivantes que dans les organes malades ou desséchés, et le 


liquide me paraît avoir dans toutes les cellules une quan- 
tité inégale de matière saline. Sous tous les rapports , on 
dirait donc que les phénomènes qui permettent la cristal- 
lisation ou qui l’empêchent, sont particuliers à la cellule 
et échappent à la vie générale de l'être. L'évaporation ne 
favorise pas du tout cette cristallisation, car les parties 
périphériques où elle s'exerce facilement, et les parties 
desséchées où elle a eu lieu , ne renferment pas de cris- 
taux, tandis que les organes profonds et humides sont 
ceux où ces corps inorganiques sont les plus abondans. 

Dans l’Æedychium coronarium Rox, le haut du rhi- 
zome et le bas de la tige ont leurs cellules remplies d'une 
grande quantité de fécule discoïde, aplatie (fig. 14) et 
ordinairement pourvue d’une pointe à laquelle commence 
la série des stries concentriques, semblables à celles de la 
fécule de pomme de terre (fig. 13). Quelques cellules sans 
fécule ont un cristal analogue à ceux de l’'Æedychium 
flavum. 

Plus haut, dans la partie jeune de la tige , il y a plus de 
cristaux dans les cellules, mais ils sont moins abondans 
que dans l'Æedycaium flavum. Leur système cristallin est 
du reste le même. 

Dans l’Hedychium Gardnerianum Wall, la fécule est 
la même que dans l'espèce précédente, mais au-dessus 
de l'endroit qu’elle occupe, le tissu cellulaire ne renferme 
qu'un liquide limpide et des granules verts; au pourtour 
de latige, il est sans fécule et sans cristaux ; tandis que très- 


=" 


(67) 
haut dans la tige, dans la partie nouvelle, les cristaux 
sont très-nombreux et appartiennent au système rhomboï- 
dal décrit plus haut. 

Ces deux espèces confirment donc les vues que nous ve- 
nons d'émettre relativement aux condilions où la cristal- 
lisalion peut s’opérer au sein des cellules végétales. 

Les fibres de l’Æedychium flavum sont formées, au 
dehors, de vaisseaux séveux (fig. 2,a,b,c,d,e,f, q), 
remarquables par leur grand développement. Leur paroi 
fort épaisse se déchire par éclats et ne paraît avoir aucur 
tissu ultérieur appréciable. Celte membrane , comme vi- 
trée, un peu jaune, limite une cavité cylindrique où il 
n’y a pas le moindre corps solide appréciable , mais seule- 
ment le liquide séveux. Ces vaisseaux se terminent en cône 
plus ou moins pointu et sont de toutes parts clos et fer- 
més (voyez leur sommet fig. 2,ene,d,f). 

Les pléiotrachées (trachées composées de plus d’une 
fibre) reposent immédiatement contre ces vaisseaux sé- 
veux (fig. 2, g), de sorte que par leur compression 
mutuelle, il se forme sur les fibres de ces trachées des 
lignes verticales qu’on a prises pour des corps particuliers, 
et qui ne sont que les traces de la compression de deux 
vaisseaux séveux contigus sur la fibre trachéenne (fig. 2, 
h). I est facile de s'en assurer en suivant ces lignes sur des 
piéiotrachées à moitié déroulées. 

La fibre de ces pléiotrachées présente chez ces plantes 
la bifurcation et les anastomoses déjà signalées par M. 
Meyen ( Phytotomie) dans quelques Musacées et autres 
végélaux (fig. 2,k, ). Aussi le nombre de fibres qui se 
réunissent pour former le ruban de l'organe principal, 
varie-t-il précisément à cause de ces bifurcations ; cepen- 
dant ce nombre est aux environs de sept communément. 


( 68 ) 


Des trachées simples peu nombreuses, des pléiotrachées 
à spires croisées et des vaisseaux annulaires, rares ici, 
sont les autres élémens organiques de ces fibres comme 
on le voit en la figure 2. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE, 


NB. Toutes les figures sont représentées à 250 fois le diamètre ; les 


Fi77001° 


Fig. 2. 


figures 3, 4, 5 et 7, le sont à 5600 fois. 
Tissu cellulaire du bas de la tige de l’Æcdychium flavum. 
a. Cellule sans cristaux. 
8. Impression des cellules voisines sur la paroi de la précé- 
dente. 
cc. Cellules cristallifères. 
d. Cristal en prisme octaèdre. 
e. Deux cristaux dont un déformé. 
f. Deux cristaux réguliers. 
g. Amas de trois cristaux soudés les uns aux autres. 
h. Grand amas de cristaux. 
i. Prisme à quatre faces arrondies. 
k. Petits noyaux de fécule modifiée en globules muqueux. 
Fibre de la même plante. 
a. Vaisseau séveux. 
b. Sa.paroi. 
c. Sa cavité interne ; ce vaisseau est coupé. 
d. Sommet fermé en cône. 
e. Autre sommet du vaisseau qui s’implante où le premier finit. 
f. Cône très-pointu ou sommet d’un vaisseau. 
g. Vaisseau séveux comprimant une pléiotrachée. 
h. Lignes ou impressions produites par ces vaisseaux sur les 
pléiotrachées. 
i. Fibres se déroulant, “+>- 
k. Fibres anastomosées, deux soudures ou division et réunion, 
{. Division. 
m. Trachée conique. 
n. Pléiotrachée croisée. 
o. Vaisseau annulaire. 
p. Fibres des trachées, 
4. Cellules cristallifères longeant la fibre. 


Bulletins de l'Acaderne 


Ch.Morren d'apr nat. 


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(69) 


r. Cellule chlorophyllifère. 


Fig. 3.  Prisme octaëdre allongé de la tige. 

Fig. 4.  Prisme octaëdre à quatre faces arrondies de la tige. 
Fig. 5.  Prisme rhomboïdal (forme des cristaux des feuilles). 
Fig. 6.  Prisme hexaëèdre rhomboïdal de la feuille, 

Fig. 7. Deux cellules de l’ovenchyme des feuilles. 


a. Paroi de la cellule, 
b, Grain de chlorophylle renfermant un granule de fécule. 
c. Cristaux. 
Fig. 8.  Derme avec ses deux couches (derme supérieur de la feuille). 
a. Prismenchyme supérieur. 
8. Prismenchyme inférieur ; les cellules n’ont qu’un tiers des 
précédentes. 
c. Nucléus ou cytoblaste de ces cellules, 
Fig. 9. Cellule féculifère de la même plante. 
a. Granule de fécule, 
b. Paroi de la cellule. 
Fig. 10. Cavité aérienne de la même plante. 
a. Cellules qui limitent la cavité. 
b. Cavité. 
c. Singulières cellules cornues s’avançant dans la cavité. 
de, Autres de ces cellules chlorophyllifères. 
Fig. 11. Tissu cellulaire malade, à cellules nécrosées. 
a. Cellules malades. 
c. Cellules saines. 
Fig. 12. Cellules nécrosées, désarticulées, 
Fig. 13.  Fécule de l’Æedychium coronarium. 
abc. Granules discoïdes , vus d’en haut. 
Fig. 14.  Fécule de la mème plante, vue de côté. 


— M. Morren présente ensuite un mémoire dont il 
énonce le sujet de la manière suivante. 

«Le mémoire intitulé : Recherches sur le mouvement 
et l'anatomie du style du GorvrussiA ANISOPHYLLA , Que Je 
présente aujourd'hui à l'académie, a pour but de faire con- 
naître le mécanisme employé par la nature pour mouvoir 


(70) 
le pistil de cette plante intéressante. M. Treviranus re- 
grettait dans sa nouvelle Physiologie (1838) que je n’eusse 
point expliqué mes idées relativement au mouvement de 
la colonne des Stylidiées, mouvement dont j’ai vu la cause 
dans l’excitabilité de la fécule, considérée comme partie 
organisée, comme organe vivant de la plante et non 
comme produit chimique, comme substance inerte. Je ré- 
ponds aujourd’hui au vœu de M. Treviranus par ce mémoire 
nouveau. Le mouvement du style du Go/dfussia avait 
échappé à l’investigation des naturalistes; il est cependant 
bien remarquable. La plupart des fleurs où l’on a vu un 
pistil mobile , possèdent un stygmate bilabié ; ici la partie 
mobile est subulée et un peu en fuseau. Le vrai stygmate 
occupe seulement la partie dorsale du style, et quand il se 
recourbe il s'éloigne le plus possible des étamines: en se re- 
dressant il va trouver des poils collecteurs qui, par la posi- 
tion de la fleur ou au moyen du secours des insectes, re- 
çoivent le pollen. La cause finale du phénomène est bien 
certainement l'accomplissement de la fécondation ; mais 
la cause mécanique siége dans la turgescence du cylin- 
drenchyme du stygmate ; son tissu est formé par de longs 
cylindres dilatables à l'une ou l’autre des extrémités, et 
chacun est rempli d’un liquide globulifére. Ces globules 
sont excitables ; naturellement ils se vortent aux extrémités 
extérieures du cylindrenchyme ,et alors ces extrémités se 
dilatant , elles font courber le styÿgmale; mais lorsqu'on 
vient à le toucher, les globules et le liquide se refoulent au 
bas des cylindres, et dans ce cas, ce côté devenant le plus 
long, le style se redresse ou se courbe en sens inverse de 
celui qu'il avait précédemment. La cause physiologique 
siége done dans l’excitabilité d'un fluide vita. J'ai fait plu- 
sieurs séries d'expériences pour prouver ces assertions , et 


( 49 

j'ai donné l'anatomie des parties. Je ne sache pas qu'on ait 
jamais trouvé une structure semblable dans une partie 
mobile des plantes. | 

La morphologie et les métamorphoses des poils présen- 
taient également sur ce végétal des observations curieuses. 
Je me suis attaché à donner leur histoire. » 

Commissaires : MM. Dumortier, Kickx et Martens. 


ENTOMOLOGIE. 


Notice sur la synonymie de quelques Gonvres ( genre 
d'hyménoptères fouisseurs, Lat.), par M. Wesmael, 
membre de l'académie. 


Le premier volume des Ænnales de la société entomo- 
logique de France , publié en 1832, contient un mémoire 
de M. Lepelletier de Saint-Fargeau , sur le genre Goryte 
de Latreille. L'examen de ce travail ayant fait naître en moi 
quelques doutes sur la valeur de certaines opinions émises 
par l’auteur, et ayant eu la facilité de vérifier dans la col- 
lection de feu notre confrère Vanderlinden , l'identité des 
espèces de Gorytes mentionnées par lui, j'ai cru devoir, 
dans l'intérêt de l’entomologie, publier le résultat de mes 
recherches. J'ose d’ailleurs espérer que personne ne sera 
tenté de regarder cette notice comme une attaque person- 
nelle contre M. De Saint-Fargeau, pour qui, j'aime à le 
déclarer, je professe la plus sincère estime. 

Quelques mots d’abord sur la forme de l'ouvrage. 

M. De Saint-Fargeau a supprimé les phrases spécifiques, 
comme il l'avait déja fait dans sa Monographie des 


(72) 

Tenthrédines. C'est là une innovalion dont je suis loin de 
le louer, et qui, malheureusement, paraît depuis quelque 
temps trouver beaucoup d’imitateurs en France. Ce qu'il y 
a d'assez bizarre, c'est que le mémoire de M. de Saint- 
Fargcau suit immédiatement un discours de M. Godet, 
dans lequel celui-ci plaide de toutes ses forces la cause 
des phrases spécifiques , comme on peut s’en convaincre 
en jetant les yeux sur la page 40 (Ann. de la soc. ent. 
de France, t. I, 1832). ‘ 


Division des Gorytes en plusieurs genres. 


M. de Saint-Fargeau divise les Gorytes de Latreiile en 
six genres, qui ne me semblent pas tous également admis- 
sibles, ou à qui, tout au moins, il assigne des caractères 
de valeur bien inégale. Le plus important de ces carac- 
ières réside incontestablement dans la présence ou l’ab- 
sence de longs cils aux tarses de devant des femelles. Ce 
caractère, qui coïncide avec celui de la grandeur des pe- 
lotes des tarses (1) et d’autres encore, partage ces insectes 
en deux groupes très-naturels. Le premier, auquel l’auteur 
conserve le nom de Goryte, comprend les espèces dont les 
femelles ont les tarses de devant dénués de cils, les pelotes 
des tarses petites et les quatre jambes postérieures sans 
épines (2); l’autre groupe se compose des espèces qui n’of- 


(1) C'est Rossi qui, le premier, a attiré l'attention sur les pelotes des 
tarses, dans la description de son Crabo calceatus, Mantis. 122, 108. 
(Gor. quinquecinctus  , Lat.). 

(2) Ces petites épines, quand elles existent, sont toutes placées le 
long du côté extérieur des jambes, ce qui rend fort douteux l’usage que 
leur assigne M, De Saint-Fargeau , d’être propres à retenir une proie. 


(75) 
frent pas ces trois caractères, et qui sont subdivisées en 
cinq genres, Hoplisus, Euspongus, Lestiphorus, Psam- 
mæcius et Arpaetus (1). 

Je ne pense pas que les caractères indiqués par M. De 
Saint-Fargeau soient suflisans pour justifier la création de 
ces cinq genres: car 1° les caractères lirés des antennes 
des femelles, un peu plus courtes ou un peu plus longues, 
un peu plus ou un peu moins renflées vers le bout, sout 
presque insaisissables; ou, au moins, ne peuvent être em- 

-ployés que pour signaler les espèces; il en est de même 
des antennes des mâles, et quant à l'échancrure que peut 
présenter chez ceux-ci l’un ou l’autre article, et surtout 
le treizième, on sait que dans des genres très-voisins des 
Gorytes , tels que les Nyssons et les Alysons, l'existence et 
la forme de cette échancrure varient à peu près d'espèce 
à espèce ; 2° les dimensions des pelotes des larses, grandes 
ou médiocres, n’offrent pas non plus de limites suflisam- 
ment tranchées , et ne sont pas d’ailleurs en rapport avec 
les légères différences que présentent les antennes: ainsi, 
de trois genres à qui l’auteur assigne des antennes en 


(1) Je dois déclarer ici, que, tout en admettant l'importance des ca- 
ractères fournis par les cils des tarses et les épines des jambes, je laisse 
à M. De Saint-Fargeau la responsabilité des conséquences qu’il tire de 
l'absence de ces cils et de ces épines. « Il faut, dit-il, conclure que les 
» femelles privées de cils aux tarses antérieurs et d’épines aux jambes 
» postérieures... sont parasites. » Ce qui prouve combien de pareilles 
conclusions sont hasardées, c’est l’histoire du Trypoæylon fiqulus, à 
qui, vu l’absence de cils aux pattes, M. De Saint-Fargeau avait aussi 
attribué des mœurs parasites (Encycl. méthod., t. X, pag. 750), tandis 
que des observations positives, faites par MM. Shuckard et Westwood ont 
prouvé que ce trypoxylon prépare lui-même le berceau de sa postérité 
et l’approvisionne d’araignées. Voyez Transactions of the Entomological 
society of London , vol. 1, pag. 204—206. 


(783 

massue allongée pointue (Eusponqus, Psammæcius et 
Arpactus) , le premier a les pelotes très-grandes, tandis 
que les deux autres ont des pelotes médiocres ; un autre 
genre, les Lestiphorus, a les antennes filiformes chez les 
femelles , et des pelotes de grandeur médiocre, caractère 
qui, pour le dire en passant, est inexact, car les pelotes 
des deux tarses de devant sont très-grandes chez les indi- 
vidus de ce sexe ; 3° enfin , je ne puis admettre l’oblitéra- 
tion plus ou moins complète de l'extrémité du cubitus, 
comme propre à distinguer deux genres semblables sous 
tous les autres rapports ; el c'est cependant le seul carac- 
tère qui, suivant l’auteur, sépare ses Psammeæcius de ses 
Arpactus. 

Peut-être pourrait-on cependant conserver le genre 
Lestiphorus , qui offre, dans la forme du premier anneau 
de l'abdomen , un signalement de même valeur que celui 
qui distingue les Eumènes parmi les Guépiaires solitaires. 
Quant aux quatre autres genres, je crois qu'ils doivent être 
réunis en un seul, auquel on pourrait conserver le nom 
d’Ærpactus. Enfin , si on voulait , à toute force, pousser la 
division plus loin , il faudrait tout au moins réunir en un 
seul genre les Æoplisus et les Eusponqus , et en faire 
autant pour les Psammeæcius et les ÆArpactus; et on 
aurait ainsi deux genres, dont le premier aurait les pe- 
lotes des tarses grandes, et les articles des antennes sans 
échancrure chez les mâles; le second, les pelotes des tarses 
médiocres, et les 10% et 13% articles des antennes 
échancrés chez les mâles. 

En admettant deux sections principales dans le genre 
Goryte de Latreiïlle, je n'ai mentionné comme leurs carac- 
ières distinctifs que ceux indiqués par M. De Saint-Fargeau; 
mais il en est d’autres qui paraissent avoir échappé à 


(75 ) 

l'attention de ce savant, et qui sont d’autant plus précieux 
que leur vérification est trés-facile, et qu'ils appartiennent 
également aux deux sexes. Ainsi, 1° chez les espèces dont 
les femelles ont les tarses antérieurs garnis de longs cils 
(Hoplisus, Euspongus, Lestiphorus, Psammeæcius, Ar- 
pactus, Lepel.), le deuxième segment ventral est unifor- 
mément convexe, et le mésosternum offre de chaque 
côté une fine carène sinueuse, qui, partant de l’extré- 
mité latérale du pronotum, se prolonge jusqu'au côté 
extérieur des hanches du milieu ; 2° chez les espèces dont 
les femelles ont les tarses de devant dépourvus de crins 
(Gorytes, Lepel.), le deuxième segment ventral est brus- 
quement élevé et comme tronqué à la base (1), et le mésos- 
ternum n’a pas de carène en dessous de chaque côte. 


Synonymie des espèces. 
I. Gers GORYTES. Zepel. 


1° G. mystaceus. Lepel., 57, 1.—J'admets la synonymie 
de la femelle et du mâle, telle que la propose l’auteur ; 
j'ajouterai seulement que c’est probablement à la variété 
mâle à 4 bandes jaunes sur l'abdomen , qu'il faut rapporter 
le Sphex longicornis de Rossi, à cause de la couleur des 
jambes où le noir domine plus que chez l'espèce suivante. 

2 G. campestris. Lepel., 58, 2. — L'auteur doute de 
l'identité de la femelle de cette espèce avec la Vespa cam- 


Or 


(1) Ce caractère existe aussi chez les Nyssons, et concourt à prouver 
que Latreille les avait, avec raison, placés à côté des Gorvytes, dans son 
Gen. crust.et insec. 


(76) 

pestris de Linné: je ne partage pas ce doute, parce que j'ai 
des individus qui ont la bande jaune du premier segment 
abdominal interrompue au milieu. Quant au mâle, il pa- 
raît avoir beaucoup de ressemblance avec la figure du 
Mellinus quadrifasciatus de Panzer, qui, à cause de la 
longueur des antennes et de la couleur jaune des jambes, 
me semble être une autre espèce que celle décrite sous le 
même nom par Fabricius; cette dernière ayant les jambes 
ferrugineuses. 

D'après la collection de Vanderlinden, le mâle du 
G. campestris est le mâle de son G. quudrifasciatus, 
96, 10. 

Observation. — D'après M. De Saint-Fargeau, le carac- 
tère distinctif des G. mystaceus et campestris réside dans 
les antennes: ces organes sont effectivement un peu plus 
longs chez le G. mystaceus, surtout chez les mâles; mais 
comme cette différence de longueur est en réalilé très- 
petite, et d’une appréciation trés-difficile pour celui qui 
n'aurait que l’une des deux espèces, j'ai cherché s’il n’exis- 
terait pas entre elles quelques autres différences caracté- 
ristiques. Voici le résultat de cet examen: I. Chezle G. mys- 
taceus , 1° les palpes sont obscurs ; 2° l’écusson est un peu 
convexe, et il est marqué, chez la femelle , d’un gros point 
enfoncé, près du bord postérieur; 3° le premier segment 
de l'abdomen est couvert à la base de rides longitudinales 
très-distinctes dans l'intervalle des deux carènes; 4° le se- 
cond segment ventral est fortement et vaguement ponctué 
à la base. IL. Chez le G. campestris, 1° les palpes du mâle 
sont jaunes, ceux de la femelle testacés; 2° l'écusson est 
déprimé, et n’a que des traces à peine distincles d'un 
point enfoncé près du bord postérieur ; 3° le premier seg- 
ment de l'abdomen n'offre à la base que de faibles appa- 


Ga) 
rences de rugosités; 4° le second segment ventral est 
très-finement pointillé dans toute son étendue. 


II. Gevus HOPLISUS. Zepel. 


3° A. quinquecinctus. Lepel., 61, 1. — Je n’ai rien à 
objecter à la synonymie de la femelle de cette espèce. 
M. De Saint-Fargeau n’a pas indiqué celle du mâle, qui 
cependant avait élé depuis long-temps très-clairement dé- 
signé par Latreille , dans son Gen. crust. et ins., pag. 89, 
in nota. 

Il est très-possible que le Mellinus quinquefasciatus 
de Panzer, ne soit qu’une variété femelle de cette espèce. 

Observation. — Chez l'A. quinquecinctus, le milieu 
de l'extrémité du chaperon offre une petite échancrure. 
La face est étroite, et les antennes sont insérées très- 
près du bord interne des yeux. Le dos du dernier seg- 
ment de l’abdomen est finement rugueux, d'un noir 
terne. 

4 H, Lacorderei &. Lepel., 64, 2. — Je ne connais 
pas celte espèce, qui semble ne différer de la précédente 
que par une bande jaune de moins sur l'abdomen. 

5° A. albidulus %: Lepel., 65, 3. — Je ne connais pas 
cette espèce. 


IT. Genus EUSPONGUS. ZLepel. 


6° Æ. laticinctus. Lepel., 66, 1. — Les deux sexes de 
cette espèce ont été décrits d’une manière fort claire par 
Vanderlinden. LE. laticinctus & est la variété & de son 
G. arenarius , p. 97, lig. 22 et suiv.; l'£. laticinctus Ÿ, 
est son G. arenarius %, p. 98, lig. 7 et suiv. Du reste, 


( 76 ) 
cette espèce ne pouvait pas conserver ce dernier nom. 

Le dos du dernier segment de l’abdomen est ponctué, 
luisant. 

7° E. vicinus. Lepel., 68, 2. — L'auteur, ne donnant 
aucune synonymie de celle espèce, la regarde sans doute 
comme nouvelle : je ne saurais êlre de son avis. 

Il me paraît incontestable que c’est le mâle de cette 
espèce qui a été décrit par Fabricius sous le nom de Mel- 
linus quadrifasciutus. Syst, Piez., 298, 5.— Et c'est aux 
deux sexes de cette même espèce que Latreille avait aussi 
appliqué la dénomination de Fabricius, dans son Gen. 
crust. et ins., IV, 89. 

Si le Mellinus arenarius de Panzer avait quatre bandes 
jaunes sur l'abdomen , au lieu de trois, je le regarderais, 
sans aucun doule, comme la même espèce que le M. qua- 
drifasciatus de Fabricius. J'ai, dans ma collection, un 
individu chez qui la quatrième bande jaune est presque 
complétement effacée. 

D'après la collection de Vanderlinden, son Gorytes Are- 
narius S (non compris la variété) est l'E. vicinus &'; et 
son Gorytes quadrifasciatus 9 est VE. vicinus 9. 

M. Westwood m'a envoyé de Londres les deux sexes 
de l'Eusp. vicinus, sous le nom de Gorytes libithinus , 
Curtis. 

Observation. — J'ai cherché s’il n’y avait pas entre les 
ÆE. laticinctus et vicinus quelque différence autre que 
celle des couleurs, et il m'a semblé que chez l'E. vicrnus, 
la plupart des rides du triangle métathoracique sont 
droites, tandis que chez VE. zarraxcrus, elles sont on- 
dulées et leur intervalle est divisé par des rides trans-- 
versales. 

Le dos du dernier segment de l’abdomen est comme 
chez l’espèce précédente. 


< 
&" 


de me > — 


(79) 
8 Æ. alhilubris. Lepel., 70, 3. — Je ne connais pas 
cette espece. 


IV. cenus LESTIPHORUS. Lepel. 


9% L. bicinctus. Lepel., 70, 1. 
Chez cette espèce, la première intersection de l’abdomen 
est finement crénelée. 


V. cents PSAMMAÆCIUS. ZLepel. 


10° P. punctulatus. Lepel., 72, 1. — J'ai vu le mâle 
dans la collection de Vanderlinden; quant à la femelle, 
je ne la connais pas; mais si celle-ci est le Gorytes lati- 
frons de Spinola, comme l’affirme M. De Saint-Fargeau, 
le nom de latifrons élant plus ancien, devrait être donné 
à l'espèce. 


VI. Genus ARPACTUS. Lepel. 


11° À. lævis. Lepel., 74,1. — Je pense que la var. 4 de 
celte espèce , décrite par Vanderlinden , est une espèce dis- 
tincie que je nommerai Arpactus Pelgicus. 

12° À. formosus, Lepel., 75, 2. 

13° À. tumidus, Lepel., 77, 3. 

14 À. Carceli, Lepel., 78, 4. 

15° A. elegans, Lepel., 79, 5. 

Ces deux dernières espèces me sont inconnues; elles 
semblent avoir, l’une et l’autre, beaucoup d'analogie avec 
le Gorytes affinis de Spinola. j 

Observation. — Chez toutes les femelles qui ont les 
tarses de devant garnis de longs cils, il y en a deux à l'ex- 
trémité externe de chacun des quatre premiers articles; 


Na 


( 80 ) 
en outre, le premier article en porte peux le long du côté 
externe, chez le quinquecinctus, le laticinctus et le vici- 
nus ; le même article en porte rrots chez le bicinctus, le 
tumidus, le lævis et le belgicus, et probablement chez 
tous les Arpactes de M. De Saint-Fargeau. 


Résumé de la synonymie des Goryres (Lat.) de 
Pelgique. 


1. GoRYTES MYSTACEUS. 


Gorytes mystaceus Q.Lat., Gen., IV, 89 (exclusa nota). 
— — 9.8, var. a, Vanderl., I, 94 (ad: 
Jjuncta synonymia ). 
Gorytes mystaceus 9.8, Lepel., 57. 
Sphex longicornis , Rossi. Fn. Etr., 1, 67, 827. 


9, GOoRYTES CAMPESTRIS. 


Gorytes campestris 9.7, Lepel., 58. 
—  mystaceus &, var. B, Vanderl., 1, 94 (ad- 
Jjuncta synonymia). 
Gorytes 4-fasciatus d', Vanderl., I, 96. 


© 8. Gonyres 5-cINCTUS. 


Gorytes 5-cinctus ç.d', Lat., Vanderl. 
Hoplisus 5-cinctus ç.æ', Lepel., 61. 


4. GonyYTEs 4-FASCIATUS. 


Gorytes 4-fasciatus ç.d,Lat., IV, 89 (adjuncta syno- 
nymia , tabula Panzeri excepta ). 
Gorytes 4-fasciatus g, Vanderl., [, 96. 


(81 ) 
Gorytes arenarius g, Vanderl., I, 97 (exclusa maris 
varietate ). 
Eusponqus vicinus 9.æ. Lepel., 68. 


5. GORYTES LATICINCTUS. 


Eusponqus laticinctus 9 .d'. Lepel., 66. 
Gorytes arenarius ç.&, var. Vanderl., I, 97 (Jin. 22 
et seq.) et 98 (exclusa synonymia). 


6. GoRYTES BIGINCTUS. 


Gorytes bicinctus. Vanderl., I, 93. 
Lestiphorus bicinctus 9.8. Lepel., 70. 


7. GoRYTEs Tumiovs. 


Gorytes tumidus. Lat., Vanderl., @. (adjuncta sy- 
nonymia). À 
Arpactus tumidus 9.%. Lepel., 77. 


8. GORYTES RELGICUS. 


Gorytes lϾvis, var. 8. Vanderl., 91. 


ANATOMIE COMPARÉE. 


Note sur le rapprochement qui existe entre la disposi- 
tion du système cérébral des animuux vertébrés , et 
celle du ganglion susæsophagien des animaux arti- 
culés , par Henri Lambotte. 


L'étude de l’organisation du cerveau des animaux verté- 
brés, a fait connaître comment les divers ganglions qui 
Tow. vi. 6 


(827) 
composent cet organe sont disposés les uns par rapport 
aux autres, et a déterminé la vraie signification des di- 
verses masses médullaires qui, dans les vertébrés infé- 
rieurs, semblaient, au premier abord, si diflérentes de 
celles de l’homme. 

Si, sous le même point de vue, on compare le sys- 
tème cérébral des articulés à celui des vertébrés, on re- 
connaît que ce système est construit sur le même plan, 
et que les différens ganglions qui composent le cerveau 
des articulés, sont liés entre eux dans le même ordre que 
ceux qui, par leur réunion, constituent le cerveau des 
vertébrés. 

Dans les articulés, où le système cérébral est le plus 
compliqué, il se compose de sept ganglions : quatre sont 
rangés transversalement en arc de cercle dont la concavité 
est tournée en avant; deux autres ganglions sont placés 
immédiatement derrière ceux qui occupent le milieu de 
cette ligne transversale ; le septième enfin est situé en 
avant, dans la courbure décrite par les quatre premiers 
ganglions. 

Ces divers ganglions sont réunis entre eux par des fais- 
ceaux ou commissures dont la longueur varie : les quatre 
premiers sont réunis latéralement par des commissures 
trèés-courles, ce qui donne à leur ensemble l'aspect d'un 
ganglion quadrilobé; les deux moyens sont immédiate- 
ment placés sur l’œsophage. 

Les deux ganglions postérieurs (nommés ganglions vi- 
taux, par M. Straus Durkeim) sont réunis aux deux gan- 
glions moyens par deux filets qui viennent s'attacher à leur 
partie posléro-inférieure. 

Le ganglion antérieur ou impair (nommé frontal, 
par Lvonnet\ «+ réunit aux deux ganglions extrêmes ”: 


(85 ) 
la ligne citée plus haut, par deux filets qui sont exces- 
sivement minces dans beaucoup d'insectes, mais qui se 
voient très-bien chez d’autres. 
La figure ci-dessous donne une idée juste de la dispo- 
sition que je viens de rappeler. 


De chacun des deux ganglions centraux a se détache, 
à la partie inférieure , un filet nerveux qui se porte en bas 
et en arrière pour suivre la face inférieure du corps, et se 
renfler d'espace en espace en s’anastomosant avec celui du 
côté opposé. 

Outre ces deux nerfs, il y en a encore deux autres aussi 
considérables ; ils se portent en avant et sur le côté pour 
gagner les antennes; c’est la paire des nerfs antennaires. 

Quelques filets naissent encore de ces ganglions et se 
jeltent dans les organes regardés comme servant au goût, 
les palpes. 

À la face postérieure de ces deux mêmes ganglions se 
montrent un grand nombre de filamens nerveux qui se 
dirigent en arrière et se perdent dans les parties voisines. 

À l'extrémité libre de chacun des deux ganglions ex- 
trêmes b», prend naissance un gros nerf qui se porte aux 
yeux. 

Des deux ganglions postérieurs ce, naissent seulement 
quelques minces filets qui, comme ceux de la face posté- 
rieure des ganglions a, se perdent dans les parties voi- 
sines. 


(84) 

Du ganglion frontal ou antérieur d sort un nerf ré- 
current qui se porte sous la commissure des ganglions 
centraux &, et donne ses rameaux à l'appareil digestif et 
au canal dorsal ; il donne aussi quelques filets en avant. 

Souvent le ganglion frontal est remplacé par deux ou 
trois petits ganglions rangés longitudinalement les uns à 
la suite des autres, et réunis par de doubles commissures ; 
mais ce fait s’observe surtout chez les larves et disparaît 
chez les insectes parfaits, par la réunion en un seul de ces 
petits ganglions. 

Les ganglions postérieurs e sont quelquefois aussi for- 
més chacun de deux petites masses placées l’une der- 
rière l’autre, et unies par une commissure simple. 

Les ganglions b manquent souvent, et dès lors le nerf 
pour les yeux naît à l'extrémité libre du ganglion a, de 
même aussi la commissure du ganglion frontal a lieu avec 
l'extrémité libre du ganglion a, quand le ganglion b 
manque, 

Dans plusieurs ordres d'insectes, à l'origine des nerfs de 
l'antenne se montre un renflement. 

Si maintenant on cherche à apprécier la signification 
des divers organes dont je viens de décrire succinctement 
la disposition , on peut reconnaître que les deux ganglions 
centraux a correspondent aux corps quadrijumeaux; que 
les faisceaux qui s’en séparent pour se renfler dans les 
ganglions postérieurs €, peuvent être regardés comme 
correspondant aux faisceaux des corps quadrijumeaux au 
cervelet; les ganglions postérieurs € représentent le cer- 
velet , qui ne diffère de celui des vertébrés que parce que 
les deux moitiés qui le forment ne se sont pas réunies par 
une commissure, et ne présentent pas la forme d’une ar- 
cade complète, comme chez les vertébrés. 


( 85 ) 

. Les deux ganglions latéraux b ne peuvent rappeler que 
les couches de nerfs optiques, et ne diffèrent de celles des 
animaux vertébrés qu’en ce qu’elles sont plus écartées de la 
ligne médiane, et que les nerfs optiques qui s’en séparent 
ne viennent pas s’entrecroiser en avant. 

Dans les vertébrés, de chacune des couches de nerfs 
optiques, se détache un petit filet nerveux, qui se rend à 
un ganglion impair, la glande pinéale, qui ne se trouve en 
rapport qu'avec un lacis vasculaire. 

Dans les articulés, des ganglions que je rapporte aux 
couches de nerfs optiques, naît, de chaque côté, un petit 
filet qui se réunit à un ganglion impair, qui est en con- 
nexion avec les systèmes vasculaire et digestif. Ne pour- 
rait-on pas considérer ce ganglion comme glande pinéale? 

Les nombreux filets qui naissent de la face postérieure 
des corps quadrijumeaux et de la commissure qui les unit, 
peuvent être regardés comme prototype de la moelle épi- 
nière, ou plutôt de la queue de cheval qui termine la 
moelle épinière des vertébrés, et qui, dans les insectes, 
naîtrait ( ou aboutirait) immédiatement aux corps qua- 
drijumeaux. 

Quant aux nerfs qui entourent l’œsophage, d’après cette 
manière de voir, ils doivent être considérés comme re- 
présentant les nerfs pneumogastriques. Mais on pourra ob- 
jecter ici : que ces nerfs sont destinés autant aux organes 
de la locomotion, qu'aux organes de la nutrition ; que ce 
sont eux qui pourvoient les pattes, les ailes, l'appareil 
digestif; qu'ensuite les pneumogastriques des vertébrés 
ne naissent pas des corps quadrijumeaux, mais bien de la 
moelle allongée. 

La première de ces objections perd beaucoup de sa force, 
et, peut-être même est-elle favorable à la proposition que 


: ( 86 ) 
j'émets, si l’on fait attention que, dans un grand nombre 
d’articulés inférieurs, les pattes et les ailes ne sont repré- 
sentées que par des branchies ou autres appendices res- 
piratoires ; que dans les articulés les plus élevés même, 
ces organes respiratoires ont à peine dépouillé la forme 
qui les caractérisait , pour se présenter sous celle de mem- 
bre locomoteur, et il est même probable que, dans beau- 
coup d’articulés supérieurs, les appendices locomoteurs 
servent encore à la respiration. Dés lors il est bien moins 
surprenant que ces organes tirent leurs nerfs des pneumo- 
gastriques. 

La même raison servira de réponse à l'objection que 
l'on pourrait faire que les mandibules reçoivent aussi 
leurs nerfs de ce système; puisque ces organes répètent, 
avec tant de vérité, les membres du corps qui ne sont eux- 
mêmes que des organes branchiaux à une puissance plus 
élevée. 

Pour répondre à la seconde objection, je n’ai qu’à faire 
remarquer que si la moelle épinière manque ici, le nerf 
pneumogastrique doit tirer son origine plus près du cer- 
veau : et c’est précisément à l’endroit où les faisceaux 
pour les ganglions postérieurs prennent naissance, que 
l'on voit se détacher les nerfs du collier. 

Enfin, la paire de nerfs antennaires correspond au trifa- 
eial des vertébrés ( 5° paire ). 

Si les nerfs optiques se portaient vers la ligne médiane, 
et s’entrecroisaient , les deux nerfs antennaires se trouve- 
raient en dessous et derrière les nerfs optiques, et offri- 
raient évidemment les mêmes rapports que le trijumeau 
chez les vertébrés. 

La différence d’origine du nerf antennaire et du trifa- 
cial ( on sait que ce dernier tire son origine des faisceaux 


béton roc beat . à 


(87 ) 
postérieurs de la moelle allongée ) s'explique par l'absence 
de la moelle allongée ; car dès lors le point de départ est 
ramené plus en avant. 

Il est à remarquer que les fonctions des antennes sem- 
blent confirmer cette opinion, et, une circonstance qui 
lui donne plus de valeur, e’est que dans les articulés doués 
du sens de l'audition , le filet qui vient pourvoir l'organe 
auditif, naît du tronc nerveux dont il s’agit; ce qui rap- 
pelle la connexion étroite qui existe entre les nerfs de la 
cinquième paire et l'appareil de l’ouïe dans les poissons. 

J'ai dit, plus haut, qu’à l’origine du nerf antennaire se 
trouvait, dans certains insectes, un renflement ganglion- 
naire. Ce renflement rappelle, peut-être, le ganglion sé- 
milunaire des vertébrés. Quoi qu'il en soit, lorsque ce gan- 
glion existe, c’est de lui que tirent leur origine les nerfs 
quise rendent aux palpes et qui sont analogues à la branche 
infraorbitaire du trifacial des vertébrés. Lorsque ce renfle- 
ment n'existe pas, ces peliles branches nerveuses se séparent 
des ganglions a et de la partie inférieure du nerf antennaire. 

Il nous reste encore à chercher la valeur des filets ner- 
veux qui naissent des ganglions postérieurs c, que j'ai dit 
correspondre au cervelet; puisque , dans les vertébrés, on 
ne voit aucun nerf se séparer de cet organe. 

Dans les vertébrés, le cervelet reçoit des faisceaux pos- 
térieurs de la moelle allongée, deux prolongemens qui 
vienuent s'épanouir dans sa masse; mais ici, les fibres 
médullaires, qui devraient constituer une moelle épinière 
par leur assemblage, ne se sont pas réunies el se rendent 
séparément au cerveau ; il est donc trés-naturel de consi- 
dérer ces filets nerveux qui naissent des ganglions posté- 
rieurs comme coïncidant aux faisceaux de la moelle allon- 
gée au cervelet. 


(88) 


BOTANIQUE. 
L 


Descriptio diagnostica nonnullarum Cactearum que a 
domino Galeotti in finibus Potosi, Guanaxato et 
aliis, regni Mexicani inveniuntur a M. J. Scheid- 
weiler. 


1. Cereus callicoche. Galeotti. 


C. inermis.—Mihi. 

C. globosus, depressus, glaucus, lepidoto-punctatus ; 
costis 5—7, carnosis, crassis, subverticalibus; sinubus 
latis; areolis approximatis, infra apicem tuberculorum im- 
mersis, lanalis ; lana parca absumpta, grisea ad basin 
aurantiaca. 

Mexico prope Moran. 


2. Cereus Dumortieri. 


C. truncus simplex 6 angularis, laete viridis, subluci- 
dus; costarum cristae compressae, undulatae; sinubus 
latis; areolis ovalibus approximatis vix prominentibus, 
tomento griseo instructis , adultis nudis ; aculeis 10 rectis, 
patentissimis, stramineis, aut corneis, concoloribus, in- 
aequalibus , supremo interdum reflexo, centrali recto aut 
reflexo. Planta pedalis, diam. 3 poll. areolae 2 lin. dis- 
tantes ; aculei 3—4,6, 9, 13 lin. longi.; centralis inter- 
dum deest. 

Buenos-Ayres. 


3. Echinocactus equitans. 


E. globosus glaucus ; costis 8 obtusis, basi latissimis 


ins 


(89) 


superne arctioribus, profunde transversim insculptis, si- 
nubus subundulatis, acutis, profundis; areolis tubercu- 
latis, immersiusculis , tomento griseo instructis, tandem 
nudis; aculeis septem aequalibus validissimis , rectis, pa- 
tentibus, compressiusculis, annulatis, ad basim carneo- 
roseis, medio corneis, apice purpureis, infimo inter duos 
sequentes interjecto. 

Sepala spinosa , pungentia ; petala? semina gyroso-exas- 
perata , umbilico excavato ; embryo crassus, radicula pro- 
minens, acula. 


4. Echinocactus insculptus. 


E. oblongato-ovatus glaucus, minutissime albo punc- 
tatus (1); costis octo sinuatis circa areolas tuberculatis, 
transversim insculptis; areolis junioribus lanuginosis, se- 
rius nudis; aculeis septem divergentibus, recurvatis , rigi- 
dis , nascentibus purpureis tandem corneis. 

Flores citrini. 

Buenos-Ayres. 


5. Echinocactus hexaëdrus. 


E. globosus aut oblongo-ovatus, glaucus sub lente den- 
sissime punctatus, vertice umbilicato nudo; costis octode- 
cim verticalibus , tuberculatis ; tuberculis oblongo-rotun- 
datis ad basim hexaedris, infra areolas gibbosis, apice 
depressis ; areolis oblongis, lanatis; aculeis 13 albidis, 


(1) An hic caracter momenti maximi? In dubium voco. 


( 90 ) 
basi purpureis, 10 regulariter bifarie ordinatis radianti- 
bus, undecimo infimo longissimo, duobus centralibus 
rectis , vel recurvulis. 
In provincia de Potosi. 


6. Echinocactus irroratus. 


E. globosus, amoene viridis, laevissimus, vertice de- 
presso coslis 18—21—22 arcualis compressis, obtusis, 
ad latera et super cristas costarum purpureo-striato ma- 
culatis ; sinubus acutis, areolis magnis ellipticis , immer- 
sis, adolescentibus tomentosis, adullis nudis; aculeis 
extimis gracilioribus rectis, rigidis ; patentibus , compres- 
siusculis transversim striatis, albido-sericeis aut fusco- 
purpureis , bifarie dispositis, infimo minimo; centralibus 
quatuor validissimis, lateralibus et infimo subulatis trans- 
versim striatis; supremo longissimo, subletragono annu- 
lato. 

Mexico. 


7. Echinocactus arachnoideus. 


E. ovatus, viridis; laevis, basi parum attenuatus ; 9— 
10 angulatus; costis rotundatis inter areolas gibbosis; 
sinubus acutis subundulatis, basi dilatatis cum costis con- 
fluentibus; areolis rotundis , subimmersis, lanuginosis, 
superioribus pilis lanae nexis; spinis radiantibus 10—12 
patentibus, aequalibus, superioribus quandoque parvulis; 
centralibus 4 decussatis, validioribus, corneis basi pur- 
pureis. 

Sunt nobis in nostris caldariis specimina duo 3—4 poll. 
alt., 3 poll. diam. ; aculei 5 lin. longi. 

Buenos-Ayres. 


(91) 


8. Mammillaria obconella. 


M. cylindracea , basi lateribusque prolifera ; axillis la- 
nalis ; mammillis conicis, tetragonis, glaucescentibus , sub 
lente punctatis; areolis juvenilibus lanatis, tandem nudis, 
infra apicem mammillarum sitis ; aculeis semper quatuor 
rectis cruciato-palentibus, supremo incurvulo, initio fla- 
vescentibus, apice bruneis, dein carneis, duobus laterali- 
bus parum minoribus; flores circa verticem; sepala 5—6 
lanceolata acuminata margine membranacea; petala 13— 
14 lanceolata mucronulata, erecta, rosea; stamina rosea 
introrsum curvata; stylus teres, cylindricus albus, stigma 
4—5—6 radiatum; radii sulcati purpurei ; bacca purpu- 
rea , pollicaris , clavata. 

Buenos-Ayres. 

d, M. obconella var. Galeottii. 

M. trunco ovato-cylindraceo e lateribus prolifero ; acu- 
leis longioribus divergentibus sursum et deorsum versis, 
corneis vel rufescentibus. 


9. Mammillaria rutila Zucc. var. octospina. 


M. cylindracea, simplex, axillis sublanatis; mammillis 
conicis basi tetragonis; aculeis radiantibus 16—20 albis, 
seliformibus, supremis minimis, inferioribus 7 rectis in- 
terdum recurvulis , infimo longissimo, centrali recto, om- 
nibus fuscis. 

Adnotatio. In nostris caldariis arcolae saepissime aculeos 
sex ceulrales solummodo emittunt. 


(92) 


10. Mammillaria aula cothele. Lemaire, var. mul- 
tispina. 


M. clavata e lateribus prolifera ; mammillis glaucis , tri- 
gonis, bisulcatis; sulcis inaequalibus; axillis lana glandu- 
lisque flavis cinctis; areolis infra apicem mammillarum 
immersis, nudis, adolescentibus lanatis; aculeis radian- 
tibus 11—12, centralibus 4 validioribus, omnibus fusco- 
flavescentibus. 

Planta pedalis, 4 poll. diam. ; mammillae 1 poll. longae 
basi 3 lin. latae. 

Patria ? specimen ex horto Hamb. sub nomine M. Leh- 
manni missum. 


11. Mammillaria conopsea. Nob., var. longispina. 


M. lactescens; glauca, cylindracea, vertice convexius- 
culo mammillis crassis, obtusissime tetragonis, angulis 
3 superioribus confluentibus, infimo producto; maramillis 
juvenilibus compressis, polyaedris ; areolis valde lanatis; 
aculeis 5 , inaequalibus : infimo et lateralibus compressius- 
culis, 3 pollicaribus, corneis ; juvenilibus diaphanis , apice 
purpureis. 


12. Mammillaria incurva. 


M. globosa, axillis nudis, initio parum lanatis; mam- 
millis pyramidatis, trigonis incurvatis, basi latis con- 
fluentibus, intra faciem superiorem sulco profundo sicut 
ac glandula rubra notatis ; areolis infra apicem mammil- 
Jlarum sitis, oblongis nudis, adolescentibus rotundis, to- 
mento brevissimo instructis ; aculeis radiantibus 20 —22 


( 93 ) 
subulatis rigidis, griseis, centralibus 3, duobus superio- 
ribus recurvatis divergentibus ,tertio in medio silo , recto, 
rigido , omnibus nascentibus stramineis. 
Bacca ovata, aurantiaca , à lin. longa , odorem ingratum 
redolens ; embryo incurvus. 
Crescit in rupibus prope Guanaxato regni Mexicani. 


13. Mammillaria Pfeifferi. Booth. 


Sunt mihi notae varietates sequentes : 

æ M. P. var. fulvispina. 

Trunco bicipite, globoso-cylindraceo ; mammillis lon- 
gioribus glaucescentibus ; areolis sub nudis; aculeis radian- 
tibus 24 albis, centralibus 6—8—9 fulvis, dein purpureis. 

8. M. Pf. var. dichotoma. 

Trunco dichotomo, aculeis rufescentibus, junioribus 
pallidioribus. 

y. M. P£. var. altissima. 

Trunco alto, sesquipedali bicipite; aculeis omnibus 
flavissimis. 

2 M. Pf. var. flaviceps. 

Trunco bicipite globoso ; aculeis radiantibus albis, cen- 
tralibus 8 flavis. 

e. M. P£. var. variabilis. 

Differt a M. Pf. vertice magis depresso, aculeis multo 
brevioribus , junioribus omnibus albicantibus. 

‘ 
14. Mammillaria gladiata Mart., var. aculeis rectis. 


a. M. cylindracea , lactescens , mammillis polyaedris co- 
nicis, glaucescentibus punctatis ; axillis densissime lana- 
lis; areolis junioribus lanatis, tandem nudis; aculeis 


( 94 ) 
exterioribus septem , duobus superioribus minimis, cen- 
tralibus 2 maximis recurvulis vel rectis, carneis apice 
purpureis , dein corneis. 

8. M. gladiata var. aculeis minimis. 

M. lactescens, cylindracea ; mammillis conicis, obtuse 
telragonis, punctalis glaucescentibus ; axillis lanatis ; areo- 
lis lanatis, lana decidua ; aculeis exterioribus 5—7 parvu- 
lis in lana latentibus vix prominentibus, centralibus 2 
parum validioribus ; omnibus carneis apice purpureis. 

-. % M. gladiata var. spinis longissimis. 

M. lactescens, cylindracea ; mammillis conicis obtuse 
tetragonis, glaucescentibus punctatis ; axillis lanatis ; areo- 
lis lana decidua instructis ; aculeis exterioribus 4—5 in- 
terdum in lana latentibus ; centralibus 2, longissimis, 
subinaequalibus, semiteretibus , angulatis , divergentibus, 
corneis apice bruneis, junioribus lutescentibus apice ni- 
gris. 


15. Ad mammillariam acanthoplegmam. Lhem. 


Vidi in caldariis domini Vandermaelen specimina adul- 
ta, habentes truncum exacte cylindraceum ad basim pro- 
liferum, cum vertice umbilicato, aculeis diaphanis apice 
purpureis et surculis monacanthis. 

Variat haec species : 

.Trunco gracili clavato, vertice convexo ; areolis villosis, 
aculeis radiantibus 28—30 albis, centrali 1 incurvulo, 
diaphano, apice rubello. 


(95) 
CHIMIE. 


Sur les produits de la combustion lente de l'alcool et de 
l’éther autour du fil de platine, par M. Martens, mem- 
bre de l’académie. 


Au mois de février 1837, j'ai présenté à l'académie 
royale quelques observations sur les produits de la com- 
bustion lente des vapeurs de l'alcool et de l’éther autour : 
d’un fl de platine plus ou moins incandescent. Le résultat 
de mes expériences m'avait porté à conclure que le platine, 
à chaud et sous l'influence de l'oxygène atmosphérique , 
faisait subir à l'alcool et à l’éther une combustion partielle 
” ou incomplète, bornée généralement à l'hydrogène du 
combustible, et qu’il donnait naissance, avec l'alcool et 
avec l'esprit de bois, à des composés analogues à ceux que 
l’on obtient en distillant ces liquides avec du peroxyde de 
manganèse et de l'acide sulfurique ( voy. les Bulletins de 
l'académie , séance du 4 février 1837). J'étais tenté de 
croire que le platine, par sa propriété aéroscopique , qui 
lui permet de condenser à sa surface divers fluides élasti- 
ques à la manière du charbon de bois , devait favoriser la 
combinaison de ces fluides, à peu près au même degré 
que l’état naissant d'un gaz en favorise la combinaison 
avec d’autres corps. Je me représentais donc le phénomène 
de la combustion lente de la vapeur alcoolique autour du 
fil de platine, comme identique avec celui de sa déshy- 
drogénation partielle par l'oxygène naissant dans l'acte 
de la distillation de l'alcool avec le peroxyde de manganèse 
et l'acide sulfurique. L'une et l’autre réaction peuvent , en 
effet, comme je l'avais remarqué , transformer l'alcool en 


( 96 ) 
aldéhyde. Cependant quoiqu'il soit reconnu que dans la 
distillation de l’alcool avec du bioxyde de manganèse et de 
l'acide sulfurique il se produit non-seulement de l’aldé- 
hyde, mais encore de l'acide acétique, de l'acide formi- 
que, etc., je crus à tort pendant quelque temps que l’aldé- 
hyde était le seul produit constant de la combustion lente 
de l’alcool autour du fil de platine incandescent , et que les 
autres substances que j'y avais rencontrées parfois, telles 
que l’acide carbonique , l'acide acétique , n’étaient que des 
produits accidentels résultant d’une combustion moins in- 
complète ou plus avancée, ou de ce que l’aldéhyde lui- 
même avait été oxygéné ou comburé sous l'influence du 
fil de platine. Ainsi j'avais remarqué que l’acide carboni- 
que était d'autant plus abondant que le fil de platine 
comburant était plus chaud , et que, lorsque ce dernier 
devient rouge blanc, la combustion lente et incomplète 
de la vapeur alcoolique se transforme souvent en combus- 
tion complète avec explosion et production exclusive d’a- 
cide carbonique et d’eau. Il était facile de prévoir, d’après 
cela, qu'il pourrait y avoir des degrés différens de combus- 
tion lente ou incomplète de l'alcool , et que, puisque dans 
la distillation de ce liquide avec le bioxyde de manganèse 
et l’acide sulfurique , il se forme, outre l’aldéhyde, de l’a- 
cide acétique, de l'acide formique, de l'acide carboni- 
que, etc., ces différens produits devront aussi générale- 
ment se former dans la combustion lente de la vapeur 
alcoolique autour du fil de platine chaud, s’il est vrai que ce 
dernier agit sur celte vapeur, par l'intermédiaire de l’oxy- 
gène , de la même manière que le fait l'oxygène naissant 
séparé du bioxyde de manganèse par l'acide sulfurique. 
Cette indication de la théorie a été complétement con- 
firmée par l'expérience. J'avais déjà reconnu, il y a plus 


(1947) 

d'un an, qu'en opérant la combustion lente de l'alcool an- 
hydre à l’aide d’une lampe dont la mèche en amiante est 
surmontée d'une hélice en fil de platine très-fin et à spires 
très-rapprochées, et en condensant la'vapeur qui s’en éléve 
à l'aide d’un chapiteau en verre, on obtenait un produit 
acide au tournesol et contenant beaucoup d'acide acétique. 
Depuis j'ai reconnu que le liquide acide, ainsi obtenu, 
contient aussi de l'acide formique, mais en moindre quan- 
tilé; car, lorsqu’après l'avoir neutralisé par de l'ammo- 
niaque, on y verse de l’acétate de plomb, on obtient un 
précipité de formiate de plomb augmentant par l'addition 
de l'alcool, et qui , après avoir été dissous par l’eau bouil- 
lante, s’en sépare par refroidissement avec la forme cris- 
talline qui lui est propre. 

L'aldéhyde , l'acide acétique et l’acide formique ne se 
forment pas toujours simultanément dans la combustion 
lente de la vapeur alcoolique: car plus d’une fois j'ai obtenu, 
pour produit, de l’aldéhyde trés-faible sans mélange d’au- 
cun acide ; c’est ce qui a surtout lieu lorsqu'on brâle len- 
tement la vapeur alcoolique autour d’un fil de platine 
très-fin, à peine incandescent, et dans un flacon où l’air n’a 
que peu d'accès. D'un autre côté, M. Slas, qui m'avait 
secondé à Louvain dans mes expériences, ayant continué 
à Paris, dans le laboratoire de M. Dumas, la même étude, 
a obtenu souvent pour produit un liquide acide sans la 
moindre trace d’aldéhyde. Il a remarqué que cette der- 
nière substance se produisait surtout en opérant dans 
des circonstances où le platine n’atteint jamais le rouge 
visible, et notamment en employant une boule d’éponge 
de platine faiblement chauffée , qu’on plonge dans un fla- 
con contenant un mélange d'air et de vapeur alcoolique. 
Il paraît donc que plus la combustion lente de l'alcool est 

Tom. vr. 7 


( 9% ) 

vive, plus il s’oxygène et plus il passe à l’état acide. Ainsi 
un premier degré de combustion lente ne fera que le 
déshydrogéner en partie au point de le transformer en al- 
déhyde (CSH$O?). Si une plus grande quantité d'oxygène 
réagit sur la vapeur alcoolique, elle la transformera en 
acide acétique ( CSHSO® ), puis en acide formique (CSH05), 
et enfin, dans le cas de combustion complète, en acide 
carbonique (GSOS) , abstraction faite de l’eau qui se pro- 
duit dans toutes ces combustions. On comprend aisément 
que dans le cas de production des acides acétique et for- 
mique, il pourra bien aussi.se produire un peu d’éther 
acétique et d’éther formique par suite de l’action des acides 
précédens , au moment de leur formation, sur de la va- 
peur alcoolique; ce qui doit rendre le produit de la com- 
bustion lente de la vapeur alcoolique beaucoup plus 
variable que je ne l’avais d’abord présumé. 

D'après ces considérations, il est facile de prévoir que 
le produit de la combustion lente de l'éther autour du fil 
de platine chaud, ne saurait non plus offrir une compo- 
silion constante et invariable. Toutefois la combustion 
lente étant généralement plus vive ici qu'avec l'alcool, 
sans doute à raison de l’état d'hydratation dé ce dernier, 
un premier degré de combustion lente ne fait jamais pas- 
ser la vapeur éthérée à l'état d’aldéhyde seulement ; tou- 
jours il se produit simultanément de l'acide acétique et 
même de l'acide formique, et leur quantité est propor- 
tionnellement beaucoup plus forte que celle qui se produit 
dans la combustion lente de l'alcool ; ce qui est probable- 
ment une suile de ce que l'alcool n’est qu'un hydrate 
d'éther. J'avais déja mis hors de doute par mes travaux 
antérieurs la présence de l’aldéhyde et de l'acide acétique 
dans l'acide lampique ; mais n'ayant pas assez examin g 


(99: ) 
l'action de cet acide sur les bases salifiables, je n’y avais 
pas aperçu la présence de l'acide formique. Depuis, l’exis- 
tence de ce dernier acide dans l’acide lampique a été mise 
hors de doute par les expériences de M. À. Connell (Zond. 
and Edimb. philosoph. Maqgaz., décemb. 1837), qui, en 
saturant l'acide lampique par la magnésie ct par l’oxyde 
de plomb, en a obtenu des cristaux de formiate de magné- 
sie et de formiate de plomb parfaitement bien déterminés, 
et dont il a aussi reconnu la nature par l’analvse. M. A. Con- 
nell a encore constaté la présence de l'acide acétique dans 
l'acide lampique, en séparant à l’aide de l'alcool bouillant 
l’acétate de plomb du formiate obtenu en neutralisant l'a- 
cide lampique par l’oxyde de plomb. M. Stas, sans avoir 
eu connaissance des travaux de M. Connell, est parvenu 
également de son côté à démontrer la présence de l'acide 
formique dans le produit de la combustion lente de l’éther 
autour du fil de platine, et il a fait voir en outre { ce que 
Von ignorait jusqu'ici ) que l'acide formique et l’aidéhyde 
y existent à l'élat de mélange. Voici comment M. Stas s’est 
assuré que l'acide lampique de l'éther contient à la fois 
de l’aldéhyde, de l'acide formique et de l'acide acétique à 
l'état de mélange. « Deux onces du liquide acide obtenu 
» par le fil de platine furent mêlées, m'écrit M. Stas, à de 
» l'éther sulfurique pur. L'éther s’y dissolvait en partie; 
» une aulre partie surnagea. La parlie surnageante fut 
n secouée avec un peu de magnésie el distillée avec beau- 
» coup de ménagement. Le liquide distillé avait une odeur 
» très-suffocante ; il fut refroidi à 19° sous zéro; on y fit 
» passer de l'ammoniaque et l'on obtint une grande quan- 
» tité d'ammonialdéhyde. Par ce procédé, je mis hors de 
» tout doute que l'aldéhyde y existe tout simplement mé- 
» langé, puisque l’éther seul le sépare. J'ai eu recours à 


(100 ) 


d’antres procédés encore, mais il serait trop long de 
les décrire. 

» Il s'agissait de voir quelle était la nature du liquide 
acide non dissous par l’éther. A cet effet , huit onces de 
ce liquide furent délayées dans leur volume d’eau dis- 
tillée et exactement neutralisées par de l’oxyde de plomb 
pur. Pendant la saturation avec l’oxyde de plomb il se 
précipila abondamment une poudre blanche. Le liquide 
fut mélangé avec son volume d’alcool qui y détermina 
encore un petit précipité. Les deux précipités réunis, 
lavés par l’eau alcoolisée, furent dissous dans l’eau 
bouillante. Leur solution laissa déposer par le refroi- 
dissement des aiguilles trés-brillantes qui, dans leur 
analyse , m'ont donné les résultats du formiate de plomb. 
J'en ai conclu que c'était de l'acide formique qui se 
trouvait dans l'acide lampique. — Le liquide restant 


fut mis à évaporer dans le vide pneumatique. Au bout 
de peu de temps il s’y fit une abondante cristallisation 


d’un sel de plomb en aiguilles fines, que l’analyse me 
démontra être de l’acétate de plomb neutre. L'eau mère 
d’où venaient les cristaux, fut mise de nouveau dans le 
vide sec; mais par aucun procédé il n’était possible d’en 
retirer une matière d’une forme cristalline déterminée. 
La masse amorphe , qui était le résultat de cette évapora- 
tion, contenait beaucoup d’acétate de plomb; elle avait 
une odeur particulière ; je ne puis mieux la comparer 
qu’à l'odeur qu’exhale l’éther lorsqu'il a été long-temps 
renfermé dans un grand flacon, et qu’il s’est acidifié. 
Chauffée à peine jusqu'a 65°, elle laisse échapper une 
matière acide suflocante qui prend à la gorge, tandis: 
que la malière résidu se colore fortement en brun. Ces 
caractères me démontrérent que je n'avais pas à faire à 
de l’acétale de plomb pur. 


YF 


( 101 ) 
» J'essayai plusieurs méthodes pour séparer l'acide acé- 
tique qui pourrait se trouver dans le mélange, à l’état 
d'acétate peu soluble. J'eus recours au nitrate d'argent, 
mais à l'instant l'argent parut à l’état métallique sans 
effervescence de gaz, et il resta de l’acélate d'argent en 
dissolution, Je dus renoncer à ce moyen, et je crus pou- 
yoir séparer l'acide acétique du sel de plomb à l’état 
d’acétate tribasique iusoluble dans l'alcool anhydre. A 
cet effet je dissolvais la masse saline dans une petite 
quantité d’eau. La solution fut mise en contact avec un 
grand excès d’oxyde de plomb, et après quatre jours d’ac- 
tion, je précipilais l’acétate tribasique an moyen de 
l'alcool. Je vis bientôt que ce procédé était encore in- 
suflisant. Ne pouvant parvenir à séparer l’acétate de 
plomb de l’autre sel de plomb, je convertis le sel de 
plomb en sel de cuivre, au moyen du sulfate de cuivre. 
Le mélange de l’acétate de cuivre et du nouveau sel de 
cuivre fut mis dans le vide à cristalliser, et il se déposa 
encore une grande quantité d’acétate de cuivre en rhom- 
boëdres bien définis. Le liquide restant fut soumis à 
une évaporation ultérieure, et donna un mélange de 
cristaux verts, foncés, et d’un autre sel de cuivre bien 
moins coloré que l’acétate. Ce sel, comme celui de 
plomb, a une odeur désagréable. Si l’on fait une disso- 
lution de ce sel de cuivre, et que l’on porte la dissolu- 
tion à 100°, il se précipite du protoxyde de cuivre, et le 
tout se convertit en acétate qui cristallise alors comme 
l'acétate ordinaire. Par aucun moyen je n’ai pu parvenir 
à isoler à l'état de pureté l'acide qui participe à un si 
haut degré des propriétés de l'acide aldéhydique de 
M. Licbig. Son mélange avec l'acide acétique a les pro- 
priélés suivantes : il est incolore, d'une saveur acide qui 


(102 ) 


» prend à la gorge. Chauffé jusqu’à 100 et quelques de- 
» grés, il commence à bouillir en répandant une vapeur 
» àcre. Après quelques instans d’ébullition il se colore 
» fortement en brun (l'acide lampique brut jouit aussi 
» de cette propriété), en répandant alors l'odeur du ca- 
» ramel ou du papier qui brûle; il réduit à froid le ni- 
» trate d'argent ammoniacal sans aucun dégagement de 
» gaz. Chauflé avec un alcali, il produit un corps brun 
» résineux. » 

D'après ce que nous venons de voir, il est évident que 
l'acide lampique contient outre l’aldéhyde, lacide acé- 
tique et l'acide formique mélangés et libres, un autre 
acide peu stable, qui lui donne ses principales propriétés. 
C'est cet acide qui peut être considéré comme la base de 
Pacide lampique. Il réduit les sels d'argent , de mercure et 
même de cuivre sans effervescence de gaz , etilse trans- 
forme dans cette réduction en acide acétique, ce qui le 
distingue de l'acide formique. D'après ces propriétés, Da- 
niell avait supposé que l'acide lampique n’était autre 
chose que de l'acide acétique uni intimement à un peu de 
matière désoxydante. M. Liebig le regarde, au contraire, 
comme un acide particulier qu'il appelle acide aldéhy- 
dique, et auquel il donne pour formule CHO® ; formule 
qui expliquerait sa facile transformation en acide acé- 
tique CSH°O. Quoi qu'il en soit, la question est toujours 
irrésolue, et il faudra des recherches ultérieures pour dé- 
terminer la véritable nature de cet acide. L'étude des alté- 
rations que la chaleur fait éprouver aux composés de cet 
acide avec la magnésie , la barite el d’autres bases, pourra 
peut-être jeter quelque jour sur cette question ; car si 
l'acide dont il s'agit, n’était au fond que de l'acide acé- 
tique uni à quelque principe désoxydant , la chaleur pour- 


( 103 ) 

rait peut-être bien séparer ce dernier principe du sel de 
magnésie ou de barite, à moins de lui faire éprouver une 
décomposition plus complète. J'avais conjecturé dans le 
temps que l’acide en question pourrait bien être de l'acide 
acétique, uni intimement à plus ou moins d’aldéhyde qui 
s’y trouverait dans le même état de combinaison que l’al- 
cool ou l'éther dans les acides viniques; mais jusqu'ici 
je n'ai point d'expériences assez concluantes à citer à 
l'appui de cette hypothèse. 


Recherches chimiques sur la Phlorizine, par 


M. J.-S. Stas. 


Dans une lettre que M. L. De Koninck et moi nous 
eûmes l'honneur d'écrire à l'académie de Bruxelles, nous 
fimes connaître l'existence de la phlorizine, substance 
nouvelle dont nous venions de faire la découverte dans l’é- 
corce de la racine du pommier. 

Le travail que j'ai l'honneur de soumettre aujourd’hui 
à l'examen de l’académie ,a pour but l'étude de cette sub- 
stance; mais avant d’entrer dans l'exposé de ce travail, je 
dois déclarer qu'il a été fait dans la laboratoire de M. Du- 
mas, sous ses yeux, d’après ses conseils et avec son bien- 
veillant appui. Je ne fais que remplir un juste devoir en 
lui en témoignant ici toute ma reconnaissance. 

La phlorizine est une matière solide, d’un blanc satiné , 
cristallisée en aiguilles soyeuses, d’une saveur amère, s0- 
luble dans l’eau et dans l'alcool, précipitant le sousacétate 
de plomb, sans action sur les papiers du tournesol et 
ressemblant, par l’ensemble de ses propriétés, à la fois à la 
salicine et à l’orcine. 


( 104 ) 


La composition de ce corps a été déduite des résultats 
des analyses de la phlorizine cristallisée et de ceux de la 
combinaison qu'elle forme avec l’oxyde de plomb. L'étude 
de l'action de la chaleur sur ce corps, la comparaison des 
résultats obtenus dans cette action à ceux fournis par les 
analyses de la phlorizine libre et combinée, m'ont permis de 
déterminer avec vraisemblance son équivalent. Je ne don- 
nerai cependant pas les formules par lesquelles elle se re- 
présente dans ces différens états, vu qu’il serait impossible 
de suivre à une simple lecture les liaisons qui existent 
entre elles. 

J'abuserais des momens de l'académie, si j'entrais dans 
plus de détails sur un corps qui, par lui-même, offre peu 
d'intérêt; mais je demanderai la permission d’exposer ra- 
pidement l'action singulière qu'exercent plusieurs corps 
sur cette substance. Je placerai en premier lieu la trans- 
formation remarquable qu’elle subit sous l'influence si- 
multanée de l’eau, de l’air et de l’ammoniaque. En effet, 
sous l'influence de ces agens, la phlorizine absorbe rapi- 
dement et en grande quantité l'oxygène de l'air; d’inco- 
lore qu’elle est, elle se change entièrement en un corps 
d’une couleur bleue magnifique. Ge corps n’est autre chose 
qu’un sel ammoniacal produit par une matière colorante 
rouge, incristallisable, amère, peu soluble dans l’eau et 
dans l'alcool, et qui, comme l'indigo, se décolore sous l’in- 
fluence des causes désoxydantes, en reprenant comme 
lui sa couleur, par le contact de l'oxygène. 

La transformation de la phlorizine incolore en phlori- 
zéine colorée s'opère avec beaucoup de facilité. Il suffit 
d'exposer la phlorizine mouillée d’un peu d’eau dans de 
l'air chargé de gaz ammoniaque. Au bout de peu de temps 
de réaction, on observe que la phlorizine se fonce en cou- 


( 105 ) 

leur, de jaune serin elle devient orangée, puis rouge, 
puis pourpre, et enfin au bout de 3 ou 4 jours de réac- 
tion, suivant la température et suivant que l’on a plus ou 
moins souvent remué la matière, le tout se présente en une 
masse épaisse ayant une riche couleur bleue. Cette masse, 
dissoute dans une petite quantité d’eau, est versée dans de 
l'alcool, dans lequel la matière bleue est insoluble; par ce 
traitement on en sépare la phlorizine qu'il est trés-prudent 
d’y laisser toujours à très-petit excès, pour que la phlori- 
zéine elle-même nese trouve pas altérée à son tour par les 
mêmes élémens qui lui ont donné naissance. Le précipité 
obtenu, qui est un sel ammoniacal de la phlorizéine, dissous 
de nouveau dans une petite quantité d’eau, est décomposé 
par l'acide acétique, qui en précipite une maliëre d’un 
rouge de sang, qui est la phlorizéine pure. 

Si l’on songe à la facilité avec laquelle ce corps se pro- 
duit, et d’un autre côté à la difficulté toujours croissante 
qu'on éprouve pour se procurer les lichens nécessaires à 
la fabrication de l’orceille, on peut se demander si la 
phlorizéine, qui, comme on le verra, a tant d’analogie avec 
lorcéine , ne pourrait au besoin remplacer cetie matière 
dans les arts. 

Si l’on compare les résultats fournis par l'analyse de la 
phlorizéine et des combinaisons qu’elle contracte avec 
d’autres corps, à ceux de la phlorizine elle-même, on ne 
tarde pas à s’apercevoir que celle matière s’est formée 
par une simple absorption d'oxygène , d'hydrogène et d’a- 
zote, dans les proportions que ces deux corps constituent 
lJ’'ammoniaque. 

Cette transformation de la phlorizine en phlorizéine 
doit rappeler les belles et importantes observations de 
M. Robiquet sur le changement de l’orcine en orcéine, En 


(106 ) 


effet, M. Robiquet a prouvé le premier que, sous l'influence 
de l’eau, de l'air et de l’ammoniaque, l’orcine, substance 
incolore, se change en une matière colorante l’orcéine. Ce 
savant a également cru observer que la production de ce 
corps n'élait accompagnée d'aucun autre et, tout récem- 
ment, M. Liebig vient de vérifier ce fait. 

Quelques résultats analytiques de lorcine et de l'or- 
céine tendraient à prouver que cette métamorphose au- 
rail également lieu par une simple absorption d'oxygène, 
d'hydrogène et d’azote dans les proportions où ces deux 
corps constituent l’ammoniaque. 

La transformation de l’érythrine et de la fausse érythrine, 
sous l'influence de ces mêmes agens en des matières colo- 
rantes nouvelles, la production du tournesol au moyen 
de l’'ammoniaque, sont certainement des faits qui rentrent 
dans le même cercle d'actions, et rien ne prouve que l’in- 
digo , tel que nous le connaissons, ne provienne pas d’une 
même source. 

Ainsi donc l'expérience tend tous les jours à confirmer 
l'hypothèse émise par M. Robiquet sur la production et la 
nature d’une série de matières colorantes. Ge savant, en 
effet , avait cru déduire du seul fait de la transformation 
de l’orcine en orcéine que beaucoup de matières colo- 
rantes pourraient bien naître de matières incolores par 
la simple fixation de l'oxygène et des élémens de l’'ammo- 
niaque. 

Si l’action de l’'ammoniaque et de l'air sur la phlorizine 
est digne d'intérêt en ce sens qu’elle vient confirmer l’exis- 
tence de cette série naturelle et importante des corps dont 
l’orcéine est le type ; l’action des acides puissans n’est pas 
moins remarquable par le genre de décomposition que ces 
corps font éprouver à celte substance. En effet, sous l’in- 


(107) 

fluence des acides, la phlorizine se dédouble et donne 
naissance à deux corps bien distincts, dont l’un, le sucre de 
raisin, et l’autre, un corps nouveau, la phlorétine, qui est 
une matière blanche cristallisée à petites lames, d’une 
saveur sucrée, peu soluble dans l’eau, soluble dans l'alcool, 
l'acide acétique et les alcalis. 

Que l’on chaufle une dissolution aqueuse de phlorizine 
acidulée par de l’acide oxalique ou par un acide minéral 
quelconque, qui ne cède pas facilement de l'oxygène, on 
verra la solution limpide perdre; vers 80° à 90°, toute sa 
transparence, et laisser déposer une matière cristalline, la 
phloritine. La liqueur acide restante, neutralisée par une 
base susceptible de faire un sel insoluble avec l'acide em- 
ployé, laisse, après évaporation, une matière blanche, diffi- 
cilement cristallisable, sucrée, fermentescible, et qui n’est 
en effet rien autre chose que du sucre de raisin comme l’a- 
nalyse élémentaire me l’a prouvé. 

La comparaison de la formule qui représente la compo- 
sition de la phloritine à celle de la phlorizine, fait voir 
que sous cette influence la phlorizine perd du carbone, 
de l'hydrogène et de l'oxygène dans les rapports où ils 
constituent l’eau, et l'expérience directe vient de prouver 
que les élémens perdus ne sont autre chose que du sucre 
de raisins. Je dois ajouter que dans cette décomposition les 
élémens de la phlorizine ne perdent rien nine gagnent 
rien, vu qu'on les retrouve dans les élémens réunis du 
sucre de raisin et de la phloritine. Ce fait serait donc à 
joindre à ceux que l’on attribue à la force inconnue que 
l'on a nommée force catalytyque. 

La décomposition de la phlorizine en sucre de raisin et 
en phloritine paraît remarquable en ce que ce résultat 
modifiera certainement l'idée qu’on s'était faite de la pro- 


( 106 ) 
duction du sucre des fruits. En effet, je crois qu'il est per- 
mis de se demander si le sucre qui se trouve dans Îles 
fruits ne provient pas de l’action décomposante des acides, 
qui se trouvent toujours dans ces fruits, sur des matières 
que jusqu'ici on n’a pas encore isolées ou examinées dans 
celle direction. 

L'étude de l'action des acides et des bases sur quelques 
substances organiques neutres, fortifie cette manière de 
voir et tend même à prouver que cette manière d’agir est 
assez générale. M. Perie n’a-t-1l pas obtenu du sucre de rai- 
sin et un corps résinoïde par l’action des acides sur la sa- 
licine ? L’acide gallique obtenu par M. Liebig, en trai- 
tant le tannin par les acides et les bases, ne serait-il pas 
le résultat d’une décomposition pareille, et la perte de 
charbon et d’eau qu'il éprouve ne serait-elle pas du sucre ? 
L’acide esculique que M. Fremy a fait connaître , ne ren- 
trerait-il pas dans cette même action ? Cela est probable, 
mais des expériences peuvent seules le prouver. 


Observations sur la lanque et la littérature romanes, 
a l'occasion d’un manuscrit de la bibliothèque royale, 
contenant d’anciennes poésies, par M. le baron De 
Reiffenberg, membre de l’académie, 


L'académie a bien voulu accueillir avec indulgence plu- 


sieurs de mes notices qui, ayant la liltérature romane pour 
objet (1), pouvaient servir d'appendice aux recherches plus 


(1) Sur le roman du Renard, Wulletins, X, 33, 41, 156; sur Jean 


( 109 ) 


élendues que j'ai destinées à la commission royale d’his- 
toire (1). La langue romane dont les monumens primitifs 
semblent appartenir à des provinces jadis réputées belges, 
est un sujet que j'appellerais éminemment nalioral, si 
l'abus étrange qu'on a fait de cette expression n’avait jeté 
un peu de ridicule sur des idées que le ridicule ne devrait 
jamais atteindre. | 

Récemment encore, en parlant du restaurateur de la 
philologie romane, j'ai risqué quelques rapides aperçus 
concernant la querelle des partisans des trouvères et de 
ceux des troubadours, et je viens d'acquérir la preuve sa- 
tisfaisante que je m'étais rencontré avec plusieurs hommes 
de mérite, juges irès-compétens en cette matière, entre 
autres avec M. De Martonne, dont les dissertations insé- 
rées au premier volume de la nouvelle série des Mémoires 
de la société royale des antiquaires de France, ne m'étaient 
point parvenues jusqu’à ce jour (2). 


Molinet, 1, 117-121, IT, 41; sur Alard Janvier, IL, 69; sur un album 
ancien, 11,155; Rapport sur le concours de 1837, 76, 176, 606; sur 
les chansons de geste et les romans de Jourdain de Blaye et de Gode- 
froid de Bouillon, IV, 242-362, fragment en langue romane, IV, 414; 
sur un MS, de la bibliothèque de Tournai, IV, 509, Version de la légende 
de Jourdain de Blaye attribuée à un belge, V, 300; des légendes poéti- 
ques relatives aux invasions des Huns dans les Gaules et du poème de 
Waltharius, V, 597. 

(1) Bulletins de cette commission passim, et les introductions des 
deux vol. de l’éd. de Ph. Mouskes. La première offre une histoire de 
la langue romane en Belgique jusqu’au XIIIme siècle; la seconde un 
examen des légendes épiques en général et de celles qui se rattachent 
à Charlemagne en particulier. Je prépare en ce moment pour les Mo- 
numenta IHannoniæ, le Gilles de Chin en vers. Ce sera un pendant, 
modeste à la vérité, du Gilion de Trasignies de M. O. L. B. Wolf, 
que j'attends avec impatience. 

(2) De la priorité de la langue d’oil sur la langue d’oc ou de leur 


(110) 


Il est évident que, quant aux vocables, le fonds de la 
langue romane, au midi ou au nord, est du latin cor- 
rompu, et que les élémens empruntés aux langues barbares 
n'ont qu'une importance secondaire (1). Or la tendance à 
dénaturer le latin a dû se manifester dans les contrées où 
il était plus anciennement en usage, donc, sous ce rap- 
port, le germe de la langue romane a existé plus tôt dans 
le midi que dans:le nord, on peut même dire qu'il exis- 
tait au sein de l'Italie antique et jusque dans Rome, aux 
plus beaux jours de sa domination (2); mais il y a loin 
d’une altération partielle à une transformation totale. 


contemporanéité, pag. 293-300. — Rapport sur Purtonopeus de Blois, 
pag. 400-422. — M. Schayes, dans son estimable ouvrage intitulé : 
Les Pays-Bas avant et durant la domination romaine, émet l’opinion 
que l’influence romaine, tout-à-fait impuissante , n’imposa pas plus la 
langue des vainqueurs à la Belgique, qu’elle ne parvint à lui donner 
leurs mœurs, leurs lois, leur religion. Il va même jusqu’à soutenir 
que la langue des Germains n’était pas seulement répandue dans toute 
la Belgique actuelle, mais qu’au Xe siècle elle s’étendait encore dans 
toute la Picardie, M. E. Gachet, en faisant, dans l’Emancipation du 30 
janvier 1839, l'analyse du livre de M. Schayes, s’est rangé au sentiment 
de M. Raoux et au nôtre. 

(1) Ph. Mouskes, 1836, 1, xcui; cf. Buhez Santez Nonn…. Mystère 
composé en laugue bretonne antérieurement au XIIme siècle, publié 
d’après un MS. unique, avec une introduction par l’abbé Sionnet, et 
accompagné d’une traduction littérale de M. Legonidec, Paris, 1837, 
an-8°, p. xvui et suivantes; Fréd. Diez, Grammatik der romanischen 
Sprueken, Bonn, 1836-1838 , 2 vol. in-8o. 

(2) N. De Wailly, Élémens de Paléographie, Paris, 1838, gr. in-40, 
1, 162. Dans le cinquième volume des Palimpsestes du Vatican, publié 
en 1833 par le docte Angelo Mai, on lit des fragmens d’un grammairien 
de Toulouse du 1Vme siècle, qui n’a pu échapper à l’obscurité, malgré 
le nom de Vargilius Maro, qu'il avait le courage de porter. Il y est 
fait mention de douze espèces de latinités, désignées par des mots 
inconnus la plupart jusqu'ici. M. Mai a noté, en outre, dans cet écri- 
vain, trois cents mots qu’on ne rencontre dans aucun des auteurs latins 


conservés. 


( 111) 

C’est celle-ci qui a produit la langue romane, à l’aide 
de l'influence qu'ont exercée les idiomes des peuples 
celtes (1) et germains sur les formes grammaticales. Le 
roman est fils du latin par la majeure partie de son voca- 
bulaire, il l'est des langues appelées barbares, par sa gram- 
maire et sa syntaxe. 

La corruption du langage ne saurait avoir lieu dans 
plusieurs régions à la fois, d’une manière systématique et 
uniforme ; elle est le résultat de l'irréflexion et de l’igno- 
rance , et les principes généraux supposent ordinairement 
la science et la méditation. Si donc, au nord et au midi 
cette corruption s’est opérée, en bien des points, d’une 
manière analogue, c’est qu'elle s’exécutait d’après des 
habitudes acquises, d’après une manière d’être antérieure 
qu’on ne peut chercher que dans le génie des langues na- 
tionales des populations qui avaient adopté le latin où qui 
essayaient de s’en servir. 

Cette altération s’accomplissait avec des caractères par- 
ticuliers , quoique simultanément, au nord et au midi, car 
je ne saurais admettre avec M. Raynouard une langue 
romane universelle, servant d'intermédiaire à toutes les 


(1) Un décret de l’an 230 atteste l’existence du celte au IIIe siècle : 
Fidei commissa quocumque sermone relinqui possunt ; non solum latina 
vel græca, sed etiam punica vel gallicana vel alterius cujuscumque 
gentis. Digest. XXXII, I, 17. Le témoignage de Sulpice Sévère constate 
sa permanence au cinquième : Tu vero , inquit, vel celtice aut si mavis 
gallice Zoquere dum modo jam Martinum loquaris. Ce passage a l’avan- 
tage de présenter l'interprétation du mot gallicana, qui se trouve dans 
l'autre, C’est à tort , suivant moi, que M. Champollion Figeac a cru que 
gallicana lingua désignait la langue romane. Voir sa note dans l’Introd. 
à l'Atlas ethnographique du globe, par A. Balbi, Paris, 1826, in-8o, 
pag. 168. 


( 112) 

langues néolatines; mais quant aux règles qui ne parais- 
sent pas avoir été fournies par les idiomes celtiques ou 
germains, il est plus que probable qu’elles ont pris naïs- 
sance dans les pays où le roman, séparé du latin d’une 
manière plus tranchée, s’est constitué avec assez de force 
pour se perpéluer, nonobstant les mutations nécessaire- 
ment amenées par la marche des siècles. 

Voilà où en est, si je ne m'abuse, cette question de 
chronologie et de linguistique qu’un homme comme le 
danois Christian Rask aurait sans doute complétement 
résolue, s’il en avait pris la peine et si la mort n'était 
venue si promptement le frapper (1). 

Après cela, le débat sur le mérite respectif des trouba- 
dours et des trouvères n’est plus qu’une affaire de goût; 
décide qui voudra si la force, l'étendue, la variété des 
conceptions l'emporte ou non sur l'harmonie du langage. 
Pour moi qui suis du nord, les troubadours me charment, 
mais je me plais mieux et plus long-temps avec les trou- 
vères. 

Occupé de l’examen des manuscrits de la bibliothèque 
royale qui, contiennent de leurs ouvrages, je me suis ar- 
rêté à un volume qui a fixé d'autant plus mon attention, 
qu'il offre plusieurs pièces de Rutebeuf, écrivain fécond 
et original dont M. Achille Jubinal vient de donner une 
bonne édition (2). 


(1) Voyez la notice de M. Depping sur ce profond linguiste, dans la 
Revue Française, septembre 1838, 

(2) M. Jubinal, qui me fait l'honneur de citer le premier vol. de 
Ph, Mouskes, semble n’avoir pas eu connaissance du second. — $on 
Rapport au ministre de l'instruction publique est enrichi d’une chan- 
son de notre duc de Brabant, Henri III, à son trouvère Guilbert de 


(113) 


Dans sa préface, ce litlérateur établit un parallèle entre 
Rutebeuf et Adenez. Le style du premier, d’après son ju- 
gement , est plus nerveux, son vers plus net, sa manière 
plus incisive. « Moins régulier et moins uniforme que l’au- 
» teur de Cléomades , il prend avec facilité, dit-il, tous 
» les tons et tous les rhythmes: tantôt il est inspiré , plein 
» de chaleur ou d’amertume ; tantôt il est léger, folâtre, 
» badin; c’est Adam de la Halle réuni au roi de Navarre. 
» Chez Adenez, au contraire, qui n’est pas à beaucoup 
» près aussi inégal que Rutebeuf, on sent déjà l'approche 
» du XIVe siècle : l'alexandrin règne seul et sans par- 
» age... » 

Comme, indépendamment du joli roman de Berthe-aus- 
Grans-Pié dont on a obligation à M. P. Paris, et de celui 
d'Eustache-le- Moine , attribué à notre poète par M. Fran- 
cisque Michel, j'ai mis au jour des fragmens de divers 
poëmes composés par Adenez, Guillaume-au-Court-Nez, 
Ogier-le-Danois, Aymeri de Noirbone, Cléomadès (1), 
et que M. Van Hasselt a aussi donné un épisode de ce der- 
nier poème (2), on peut s'assurer qu’Adenez ne s'était pas 
voué sans partage à l'alexandrin, puisque de ces quatre 
. chansons de geste , trois sont en vers de dix syllabes, l’autre 
en vers de huit. 

M. Jubinal a rencontré plus heureusement lorsqu'il a 
reconnu qu'à la fin du Cléomadeés, dont (chose éton- 


Berneville, plus complète que la leçon qu’il avait imprimée avec la 
complainte de P. De la Brosse, et différente des deux insérées par 
M. Vau Hasselt, à la fin de son Mémoire sur la poésie française en 
Belgique, pp. 178, 179. 
(1) Ph. Moushes, 1, eux, CLXV, cLXxXIIT, CLXXX VIII 
(2) Mémoire sur La poésie francaise en Belgique , pag. 85—91. 
Tom. vi. 8 


( 114) 
nante!) il transcrit de son côté un long passage en versdehuit 
syllabes, se trouvait un acrostiche qui révélait les noms des 
deux grandes dames dont lesavis avaient aidé l’auteur, savoir 
La Royne de France Marie et Madame Blanche. M. Ju- 
binal balance, à l'égard de celle-ci, entre Blanche d’Artois 
et Blanche, fille de saint Louis, mariée à l'infant d’Espagne : 


Les Dame: qui ce me contèrent, 
A faire cest livre monstrèrent, 
Etc. (1) 


Pour en revenir au manuscrit menlionné tout à l’heure, 
c'est un bel in-fol. sur parchemin en deux colonnes, écrit 
à la fin du XIVe siècle ou au commencement du XV, 
et orné de miniatures et de lettrines. Il porte dans l’Zn- 
ventaire les n°° 9411-9426. Une main du XVIe siécle a 
tracé à l'intérieur de la couverture ces mots: Discours 
moraux en vers. À la fin on a écrit Jarford, Holand, 
Cliffort, Stury, ce qui me ferait soupconner que ce vo- 
lume a appartenu à Marguerite d'York, épouse de Charles- 
le-Téméraire. Les dix premiers feuillets en ont été arrachés 
à une époque sans doute antérieure à celle où il fut em- 
porté à Paris. On verra tout à l'heure que le Grand d’Aussy 
et Méon l'avaient eu entre les mains. Il est à regretter que 
M. Jubinal n’ait pas joui du même avantage. Son édition, 
quoique très-estimable, aurait pu y gagner, pour s'enrichir 
de leçons ou de pièces nouvelles. 

Voici le contenu de ce manuscrit, où sont transcrits 
34 morceaux diflérens. 


(1) Éd. de Rutebeuf, 1, 253 et suivantes. — Sur Adenez consulter 
F Volf, Ueber die neuesten Leistungen der Franzoesen fuer die Ieraus- 
gabe ihrer National-Heldenued. Wien, 1833, in-8o, p. 29 et suiv. — 
F. Michel, Examen critique du roman de Berte. 


Fol. X,. 


Fol. X, verso. 


Fol. XI, verso. 
Fol. XIIJ (1). 


Fol. XIIJ © verso. 


Fol, XV. 


Fol. XV 5 verso. 


(115) 


Biaus sire Dieus que vaut que vaut 
La joie qui tost fine et faut ? 

Dire vous voel d’un home dur 

Ki tant avait corage sur 

Qu’il n’avoit dou poyre pitié. 

Cil qui plus voit plus doit savoir. 
Ore escoutés, singneur, un songe 
Qui croist no matère et alonge. 


Dou cors et de l’ame. 


Cors, en toy n’a point de savoir, 
Car tu goulouses trop avoir. 


Del unicorne et dou sierpent. 


Moult par est fols chius ki s’entent, 
Ki le bien voit et le mal prent. 


Li dis del mort. 


Mors ki m’as mis muer en mue 
En telle estuve où li cors sue... 


Comparez cette pièce avec celle attribuée à Helynand, 
par M. Auguis, les Poètes français , depuis le XIIe siècle 
jusqu'à Malherbe, I, 58—81, voyez en outre les Pers 
sur la Mort, par Thibaut de Marly, dont M. Crapelet à 
fait deux éditions. 


Fol. XVIJ, Li dis dou croisier et dou descroisier. 


L’autrier entour le St, Remi, 
Chevauçoie pour mon afaire. 


Extrait en prose, Le Grand d'Aussy, éd. de Renouard, 


(1) Neuf feuillets sont cotés XILJ; la pagination restant la même 


pour chaque pièce, 


è ( 116 

II, 211—221 ; Essais historiques sur l’origine et les pro- 
grès de l’art dramatique en France, Paris, 1784, I, 
146—154; texte A. Jubinal, Bull. de la société de l’hist. 
de France, 1834; Docum. orig., pp. 53—66; le même, 
OEuvres de Rutebeuf, 1, 124—135, 419—425 ; Paul 
Tiby, trad. de l’Æist. des croisades de Mils, Paris, 1835, 
tom. IIT, notes. 


Fol. XVIJ? ». Li songes ke Rutebues fist de le voie de Paradis. 


En march, droit en icel termine 
Que dezous tière est la viermine..……. 


A. Jubinal, IL, 24—55, 227260. 


Fol, XVILJ 5 verso. Li dis des mesdisans. 


De parler ne me puis plus faindre, 
Car fortune me fet complaindre. 


Fol XX. Li complainte d’Acre. 


Pour l’envie et pour le domage 
Ki je voi en l’umain lignage..… 


Pièce intitulée : La nouvelle complainte d'outre-mer, 
dans l’édit. de M. A. Jubinal, [, 110—123. 


Fol. XXI. Laissier m’estuet le rimoier, 
Car je me doi bien esmayer 
Quant tenu l’ai si longement. 


Fol. XXI verso. Miserere mei Deus, 
Trop longhement me sui téus.. 


CHA) | 
Fol. XXI 2! verso. Ch’est de carite. 


Dire m’estuet 

Et bien doit plaire 

Chou dont on prent 

Boin exemplaire... : 


Fol. XXILJ 8 ver. Ch’est dou triacle et dou venén. 


Mout a entre triacle (1) 
Et venin grant descorde. 


Fol. XXIV 5 verso, Ch’est de le cantepleure. 


De celui hant segnour 
Qui en la crois fu mis... 


Quoique ce poème soit composé d’alexandrins , il est 
écrit comme s’il était en vers de six syllabes. oy. le texte 
de M. Jubinal, 1, 398 — 405. Notre manuscrit contient 
quelques vers de plus. Voir en outre l'édit. de M. Monin, 
Lyon, 1834, in-&8°. 


Fol. XXVI, Ch’est Li dis des VII vices et des VIT viertus. 


Mondus caro demonia 

Diversa monent prelia 

Turbantque cordis sabatum, 

Ch’est troi nous cacheront amort..…. 


(1) Le mot triacleur (terriaqueur), pour charlatan, marchand d’or- 
viétan, est encore employé dans la Satyre Ménippée : « Le sommaire 
de toute cette pancharte estoit que ce triacleur, petit-fils d’un espa- 
gnol de Grenade... » Édit. de Ratisbonne ( Bruxelles, P. Foppens), 
1726, 1.3, Rabelais l’emploie également. 


( 118 ) 


Foi. XXVI2». C’est li dis dou cors et de l’ame le grant. 


Une nuit par délit 
Me gisoye en mon lit... 


Fol. XXIX. C’est là congiés Jehan Bordiel. 


Pitiés à ma matère puise 
M'ensigne qu’on ce me deduise...…. 


Voy. Recueil de Barbazan et de Méon, I, 135 —152 ; 
on trouve dans notre manuscrit les deux stances ajoutées 
par Méon, d’après le manuscrit de Belgique, n° 218, 
mais avec quelques variantes, quoique ce manuscrit 218 
soit le nôtre, ce qui prouve que M. Méon, malgré sa répu- 
tation d’exactitude, altérait quelquefois ses originaux. 


Fol. XXIX 4 ». Ci comence doctrinaus li salvages. 


Certes bone cose est 
De bon entendement..….… 


Analysé par Le Grand d’Aussy, dans les Votices des 
manuscrits, N, 515—517. Ce philologue cite, comme 
Méon, le manuscrit de Belgique n° 218, et indique le 
fol. 29 verso, ce qui sufhrait pour que ce manuscrit fût 
celui dont je me sers actuellement, quand même l’ancien 
numérotage ne l’affirmerait pas. Sanderus marque le Doc- 
trinal saulvage sous le n° 455 des manuscrits de Bourg. 
Bibl. manuscripta, KI, 10. 


Fol. XXXI. Chi comence là prière Theophilus. 


Mère Dieu qui vous siert 
Mout a bon gueredon. 


{ TES 
Différent des prières publiées par M. Jubinal, IL, 94— 


100, 327—334, et du poème de Gautier de Coinsy, publié 
par M. D. Maillet. 


Fol. XXXI 5 ». C’est uns dis de Nostre Dame. 


Sainte Marie, douce Mère, 
Qui es de mes estoile clère..….…. 


Fol. XXXIJ, C’est uns dis de l’âme. 


Amors ne craint mort ne torment 
Ains si esjoist liément. 


Fol. XXXILJ, Ci coumence Catons. 


Seignour, ains que je vous commant 
Despondre Caton en romans... 


Fol. XXXIV. C’est li contes dou pel. 


Jà ne mesise contredit 
De raconter aucun biel dit. 


Fol, XXXIX 15 ». C’est li contes dou mantiel. 


Ki de boins est s’i mete entente... 


Fol. XLI. Ci commence li contes d'envie. 


Cil n’ont soing que je monte en pris 
Qui a reprendre m’ont empris. 


Fol XLILJ, Chi commence li contes de La rose 


Amours ki maint amant là prent 
À ce que doucement l’aprent. 


Fol. XLIV 5, Ci commence uns examples de le mort. 


Chil ki le mieus 
La char encarne..…. 


Fol. XLV verso. Ci coumenche li contes des hiraus 


L'autre an ensi que après mai... 


0 


Fol. XLVE£ % er. Chi commenche là contes de gentilleche. 


Tout adies doit li hons gentius 
À centillèce estre ententius. 


Fol. XLV!J ver. Chi commence li Ave Maria. 


En une pume fu l’amors..…. 


Fa es Ci commence li contes del aver. 


Sour toute riens d’une mervelle 
Et plus i pens plus m’esmervelle..…. 


L'intérêt qu'a éveillé depuis quelque temps la légende 
de Théophile, m'engage à terminer cette notice par un ex- 
trait de sa prière, qui esl dans le dialecte wallon, et offre 
quelques tournures assez heureuses : 


Mère Dieu, qui vous siert mout a bon gueredon, 
Car nul ne vous siert, Dame, longement em pardon. 
Qui vraiement vous aime, vous li querez pardon 
À celui de qui vienent tout li sayereus àon. 
Dame, car m’aprendés que vous face siervir 
Et que je par vous puisse l’amour Dieu désiervir; 
Mais (je) l’ai tant coureciet, n’os mais vers lui guencir; 
Si me convient à vous à warant revenir. 
Pour warant va-on, Dame, à le grande (grant) forterèche, 
Dame, je viens à vous en me très grant destrèce ; 


(121) 
Si vous ne m’aidiés, Dame, mis ière en tel estrèche 
Dont jamais n’isterai, se vos sens ne m’adrèche : 

Mais vous estes li voie ki savés adrechier 
Ciaus ki à droit se veulent de leur maus estrachier, 
Dame, je suis kéus, aidiesme à redrechier, 

Je me veul acorder, aidiesme à rapayer, 
Dame, vous estes cele ki les plourans apaie, 
Je me veul acorder , pour Dieu tailliés ma paie. 
Mais peu ai repentance, c’est chou ki plus m’esmaie, 
Et se jou en ai point , ne sai-je s’ele est vraie. 

Dame, trop ai estet de grant desmesurance ; 

De mon très dolant cors où ainc n’eut atemprance 
Sos de cuer, sos de bouche, outragens delle pance; 
Dame, proyés vo fil k’il me doinst repentance. 

Repentance we doinst, por coi plour mes péchiés, 
Dont mes cors et mes cuers est tres tous dépéchiés, 
Très douche Mère Diu, ki les cuers adouchies, 
Arousème le mien, car il est tous séchies. 

Vous estes li solaus ki le mont enlumine, 

Vous estes le chemins, où on se rachemine. 
Si vous ne m’aidiés, Dame, ançois que je tiermine, 
Bien puet dire : As las! kéus est en le mine! 

En le mine est li ame, por ma char si minée, 
C’aussi gist empéchié con sus (suie) en cheminée, 
Mais se por vous n’est, Dame, à droit chemin menéc, 
Bien puet dire : As las! en infer ert minée. 

Dame , tant ai couru que ne sai retourner, 

Li doleurs de cest monde m’a fait si bestourner 
Que je ne sai mon cuer à nul bien retourner. 
Très douce Mère Dieu veulliesme à chou clamer, 
Que jou sache vo fil et vous de cuer amer. 

Dame, se je vous aim, dont ai-je bien amé, 
Car dont amerai-jou le douch vrégié ramé 
Que Dius a de tous biens et de tous sens clamé; 
Dame, escaufés mon cuer, car trop lai enrimé. 

Voirement i-a-il rimée de froidure, 

De péchiés engielés, de venin et d’ordure, 
Car tout a fait mes cors de honte et de laidure 
Que c’est fine mervelle que Jhucris l’endure. 

Et puis que Dius l’a tant soufliert et enduré 

Que j'ai en mes péchiés si longement duré, 


& 

(12) 
Dame, bien doi connoistre ceste larghe bonté ; 
Soyés à men conseil, tant que j'aie conté. 

Conté, en quel manière ose (os) conte demander, 
Quar tant ài de mal fait n’ainc n’en volc amender? 
Et coument os-je dire que jou veul acorder, 

Que men cors ne puis faire à nul bien atourner. 

Très douche Mère Dieu, par vo miséricorde 
Proyés vostre douch fil qui à tous biens s’acorde 
Qu'il ançois que je muire m’estraïgne de tel corde 
Que de lui et demaine soit faite li acorde. 

Dame, au darrain jour de men destroit départ, 
Proyés votre chier fil qui tous les biens départ, 
Qu’en paradis me doinst un anglet d’une part 
Car se por vous n’est, Dame, j’ou n’i os clamer part. 

Dame, vous estes cele ki portes les messages, 
Vous proyés por les fols, vous proyés por les sages ; 
Vous estes tours et marche ki wardés les passages ; 
Ki à Dieu crut aler por vous est li voiages. 

Aussi com li chastiaus, ki en marche est assis, 
Est warans et rechès au besoing ses amis, 

Et desfant d’autre part contre ses anemis, 
Aussi estes-vous , Dame, li rechès à chaïtis. 


(Quatre-vingt-dix stances sont omises et la prière 
finit ainsi:) 


En est bien drois que Dius son paradis ésaine 
A celui qui est plains d’envie et de rancune. 
Boines gens jà n'est-il de toutes joie que une, 
Et si iert à tous ciaus qui le vauront commune. 

Commune est à tres tous ki avoir le vaurront 
Mais c’iert por un couvent que jà n’i enterront , 
Dès que por Dieu siervir premiers le comperront, 
Car jà en si grant joie péchéour ne m’auront. 

Jà en si grande joie n’enterront péchéour 
Se de leur maus ne sont premiers dépécheour ; 
Dont seront bien houni cil glouton lichéour, 
Traiteur, userier, larron et tréchéour. 

Pour quant je ne di mie que nus soit si péchière, 


(123) 


Mais que de repentance soit de mal dépéchiére, 
Et par confession en welle estre adrechière, 
Que Dieu ne le recuelle et fache biele chière. 

Jà n’ara tant fourfait que Dius ne le recuelle, 
Mais k’il à son serviche sera traie et racuelle, 
Et confiession vraie raverdist comme fuelle 
L’ame del péchéour, mais que croire le veulle. 

Par confession vraie est l’ame raverdie, 

Jà tant n’ara esté de mal faire escandie, 
Dont est boin que cascuns des maus en tel point die 
Que s’ame ne déparche fors de sen cors mendie. 


On s’est aperçu qu’une des formes de prédilection de 
l’auteur consiste à commencer une strophe par le dernier 
mot de la précédente. Cette élévation d’un pécheur vers 
la Mère de miséricorde, est fervente et naïve; ne vaut-elle 
pas mieux cent fois que les déclamations élégantes, mais 
païennes, qui remplacent l’oraison du chrétien, comme 
les colifichets si énergiquement flétris par M. le comte de 
Montalembert (1), remplacent l’art catholique? La prière 
de Théophile, traitée ici avec quelque habitude de la ver- 
sification , était un sujet à la mode parmi les trouvéres, et 
M. Jubinal nous en fait connaître à lui seul plusieurs ver- 
sions. Il est étonnant que s'étant livré à des investigations 
étendues et trés-curieuses à cet effet , il n’ait pu profiter de 
celles de M. Mone, dans les Anzeiger, IX, 188, IIL, 159 suiv., 
V, 434 suiv. (Cf. Uebersicht der Niederl. Volks-Litera- 
tur, 101), et de M. Ph. Bloemaert, dans l'introduction 
du Theophilus flamand ; mais qui se vanterait d’avoir 
assez d'yeux pour tout voir, assez de mains pour lout re- 
cueillir, assez de temps pour tout interroger ? Telle est la 


(1) Du vandalisme et du catholicisme dans l’art, Paris, 1839, in-8e, 


( 124 ) 
science moderne, qu'elle est devenue un ensemble écra- 
sant de faits plutôt que d'idées, et qu'avant d’oser faire 
quelque chose par soi-même , il faut user les trois quarts 
de sa vie à s’enquérir de ce qu'ont fait les autres. 


LITTÉRATURE FLAMANDE. 


Proverbes. — Malgré des travaux multipliés, une bonne 
histoire des proverbes manque encore ; et cependant quoi 
de plus propre à faire connaître le génie des langues et le 
caractère des peuples, que ces maximes vulgaires, renfer- 
mées presque toujours dans un tour vif et précis, el qui 
constituent la sagesse des nations ? Les proverbes les plus 
usuels ont passé à travers les caprices de la mode et les 
répugnances de la civilisation progressive sans s’altérer ; 
ils remontent à des époques trés-reculées. Ce sont des mo- 
- numens irrécusables des idées, du langage et souvent des 
coutumes et des mœurs du passé. M. Mone, qui cite les 
anciens recueils de proverbes flamands, en a rassemblé 
plusieurs (1); on en trouve également dans le Belgisch 
Museum, ainsi que dans des ouvrages ex professo de 
MM. Willems et G.-J. Meyer (2). J'ai fait remarquer ail- 
leurs que Molinet était peut-être l’auteur qui nous avait 


(1) E.-3. None, Uebersicht, etc., Tuebingen , 1838, 316 — 319, 385, 
398. Anseiger, 1834, 101, 202; 1835, 73; 1836, 452; 1837, 322. 

(2) G.-3. Meyer, Oude Nederlandsche spreulien en spreckwoorden , 
Groeningen, 1836, in-8°; J.-F. Willems , Xeur van Nederd. spreck- 
woorden, enz. Antw. 1824, in-8; Belgisch Museum, 1, 99—136; Cf. 
Ad. Ziemana, AZédeutsche Lezenbuch, Spraeche aus dem XIIT Jahr. 
Quedlinb. und Leipz., 1838, 213—334; W. Wackernagel, Altdeutsches 
Lesebuch , Basel, 1839, in-8; ÆReëmsprueche, pp. 213—216 ; Lieder und 


( 125 ) 

conserté le plus grand nombre de proverbes français (1). 
Quant aux proverbes flamands, voici une indication que 
je n'oserais marquer du nom de découverte , bien que je 
la croie neuve, et que ce mot, appliqué tous les jours à 
des puérilités , soit absolument sans conséquence. 

Je viens d'acquérir à une vente publique qui s'est faite 
à Ham, dans le comté de la Marck, en Prusse, un petit 
in-4°, non rogné (n° 144 du catalogue), imprimé dans le 
XV: siécle, à longues lignes, avec des caractères qui res- 
semblent assez à ceux des prémières lettres d'indulgence (2), 
ou à ceux d'Arnold Therhoernen, de Cologne. Il est sans 
nom d'imprimeur et sans date, dépourvu de chiffres et de 
réclames , mais avec des signatures; la dernière est CV, le 
nombre des feuillets est de 26. Les grandes initiales ont 
élé tracées en rouge, à la main. 

Ce volume, que je considère comme rarissime , puisqu'il 
a échappé au diligent M. Mone, porte pour intitulé : In- 
cipiunt proverbia seriosa à (in) theutonice (sic) pma 
(prima). Deinde in latino sibi invice (invicem) csonantia 
(consonantia) judicio colligentis pulcherrima ac in ho- 
minum colloquiis comunia. Chaque proverbe flamand est 
suivi de sa traduction en latin, mais traduction qui en 


© 


Sprueche, KHernn Walthers Vonder Vogelweide, Ib.,375—394; Sprueche 
des Meisners , Xb., 687—690 ; Ein Spruch Meister Stollens , Xb., 689— 
690 ; Sprueche des Unverzagten, Ib., 694—692 ; Sprueche des Marnes , 
Ib., 694—690 ; Zin Spruch Meister Raumelands , Xb., 695—696; Sprich- 
woerter und Sprueche, Xb., 835—836, etc. 

(1) Voyez mon édition de la Chron. métrique de Chastellain et de 
Molinet, Brux., 1836, in-80, pag. 72; et celle de l'Histoire des ducs 
de Bourg., Brux., 1836, X, 5, 6. 

(2) Cf. mes recherches à ce sujet dans les Mémoires de l’académie, 
Bulletin de Techener, 2 série, mars, 1836, no 4, pp. 145 —144. 


(126 ) 


exprime rarement la naïve énergie et la rondeur, À la fin 
on lit: Finiunt pverbia comunia. Voici quelques-uns de 
ces proverbes : 


L 


Also lanck gaet die kruick to water dan si brickt. 
Tot reysas (1) ad aquas facit hydria quod luit ipsas, 
Ad vada tot vadit urna quod ipsa cadit (2). 


. Also menich hooft so menighen sin. 


Quolibet in capite viget ingenium speciale (3). 


Alle riviren lopen in die ze. 
Ad mare dectivus omnis currit cito rivus (4). 


. Een man can ghenen dans maken. 


Solus homo validum nunquum facit ille choream. 


Na grote droocht comt dick groot reghen. 
Inundans pluvia sequitur post tempora sicca (5). 


Ces proverbes n’ont pas été inconnus au savant Louis 
Hain, qui, dans son Repertorium bibliographicum , 
tom. IL, 2, pp. 162-63, en indique une autre édition 
anonyme, in-4° gothique de 22 feuillets à 40 lignes, au 
lieu que ceux de la nôtre, n’en ont que 85 , et une édition 
de 1487, de Nimègue, chez Gérard de Leempt, in-4°. 


Sur un diplôme de Louis-le-Débonnaire, par M. le cha- 


noine De Smet, membre de l'académie. 


Dans les ouvrages d’érudition, alors même qu'ils ne 


(1) Flandricisme ; voyages. 


{2) Tant va lu cruche..…. proverbe mis en variation par Figaro. 
(3) Tot capita tot sensus. 
(4) L'eau va toujours à la rivière. 


(5) Après lu pluie vient le beuu temps. 


(CA ) 
sont pas de longue haleine, rien n’est plus facile à con- 
cevoir et plus excusable qu’un malentendu ou une inexac- 
titude dans la citation d'un texte. Quand ces méprises 
n’ont aucune influence sur les raisonnemens ou les con- 
clusions de l’auteur, on aurait tort, ce me semble, de 
les lui reprocher; ce sont de ces fautes dont on peut dire : 


Non ego paucis 
Offendar maculis , quas autincuria fudit, 
Aut humanu parum cavit nature. 


Mais il ne saurait en être de même, si un écrivain s’ap- 
puie sur ces distractions pour fonder un système ou éta- 
blir des faits, d'ailleurs dénués de preuves; l'erreur ne fi- 
nit pas là d'ordinaire, et plus l’auteur mérite de confiance, 
plus on répétera sans examen ses hypothèses mal fondées. 
C’est là le motif qui m'a porté à croire qu’il était utile de 
monter les méprises qu'a faites M. Raepsaet dans l’usage 
d’un diplôme de Louis-le-Débonnaire. 

« Je sais bien, ditil, qu'il y eut alors (au IX® siécle) 
des évêchés , mais c’étaient des évêchés relativement à ces 
pays plongés dans les ténèbres du paganisme, qu’on pou- 
vait réputer in partibus, qui ne connaissaient pas leurs 
limites et bien moins leurs ouailles, puisque celui de 
Hambourg s’étendait jusqu'en Flandre. Lorsqu'en 834, 
Louis-le-Débonnaire bâtit la première chapelle à Renaix 
et à Tourhout ( anciennes villes de Flandre), il détacha la 
première du diocèse de Hambourg, et la soumit à celui de 
Reims, comme plus à portée de surveiller un lieu envi- 
ronné de gentils et de peuples barbares (1). » 


(1) Défense de Charles Martel, 1re édit. pag. 24. L'auteur reproduit 
la même assertion dans l'Histoire des états-généraux , pag. 219. 


( 1439 

Que les diocèses de la Belgique n'aient pas connu leurs 
limites au IX° siècle, serait chose bien difficile à prouver. 
L'hagiographe Henschenius nous trace les bornes du dio- 
cèse de Maestricht (1), dans le IV* siècle; le P. Boucher, 
juge compétent dans celte partie , nous donne avec beau- 
coup de développement les anciennes limites des diocèses 
de Cambrai et de Tournai (2), et M. Warnkoenig remarque 
avec raison qu'il ne se fit aucun changement dans la déli- 
milation des diocèses dont relevait la Flandre, pendant 
tout le moyen àge (3). Plus d’une fois, M. Raepsaet lui- 
même s’est appuyé dans ses différens ouvrages de la règle 
de critique, adoptée par les antiquaires, que l’ancienne 
démarcation des diocèses indique la démarcation des an- 
ciens peuples ; un grand nombre des conjectures heureuses 
et des rectifications qu’il a failes dans son précis topogra- 
phique de l’ancienne Belgique(4), n’ont pas d’autres bases 
que ce principe; mais comment un écrivain judicieux 
ne s'est-il pas aperçu qu'il devenait impossible de l’appli- 
quer à nos provinces, aussitôt qu’on supposait que les dio- 
cèses n’y avaient point de limites, et qu'il s’y trouvait 
des endroits soumis à la juridiction d’un évêché aussi 
éloigné que celui de Hambourg? Il serait facile de mul- 
tiplier ces preuves, si notre tâche ne se bornail ici à l’exa- 
men du document sur lequel s'appuient des assertions que 
nous regardons comme peu fondées. 

Le seul diplôme allégué par le défenseur de Charles- 


(1) Deepise. Traject., page 2. 

(2) Belgium romanum, ete., 1. VIT, c. 10 et seq. 
(3) Histoire de lu Flandre, tome IT, page 328. 
(4) Voir entre autres l'Analyse, tome I, p. 68. 


(129 ) 

Martel a été inséré par M. Baluze, parmi les capitulaires (1), 
et avant lui par le Pêre Henschenius dans les Æcta sanc- 
torum (2); dans le premier de ces recueils, il est intitulé : 
De paganis ad Christianitatem invitandis et de insti- 
tutione episcopatüs Hammaburgensis, ce qui déjà pou- 
vait suffire pour donner à cette pièce un sens lout autre 
que celui qu'on a cru y voir, puisqu'il y est question de 
l'établissement même de cet évêché de Hambourg, dont on 
pense que Louis-le-Débonnaire a détaché une ou deux égli- 
ses. Mais ce qui peut étonner davantage, c'est qu’une lec- 
ture attentive de lout le rescrit impérial ne saurait parvenir 
à trouver ce que M, Raepsaet y a découvert. 

Et d’abord, il y a vu que Louis-le-Débonnaire a bâti la 
première chapelle à Renaix et à Tourhout , mais dans tout 
le diplôme y a-t-il rien qui indique une chapelle? On y 
parle de cellam Hrodnace vocatam et de cellam Turholt 
vocatam, mais le mot cella a-t-il le sens de chapelle, au 
moyen âge ? et en particulier dans la question qui est dis- 
cutée ici, ce mot n'indique-t-il pas un couvent ou monas- 
tère ? Cela ne saurait même être contesté, de manière qu'il 
nous semble inutile d'ajouter d’autres autorités à celle du 
bollandiste Henschenius, qui, dans la vie de saint Rembert 
et desaint Anschaire, explique ce mot par monasterium ou 
monasteriolur (3). Quand même on n’attache aucun prix 
à une distraction , assez légère en effet, Louis-le-Débon- 
naire avance-t-il réellement que c’est lui qui a bâti ces 
chapelles on monastères ? aucunement. Il parle du cou- 


\ 


(1) Tome 1, col. 683 et 684. 
(2) Acta SS., tome L, februarii, pages 404 et 405. 
(3) Ibidem. 8. Grégoire-le-Grand emploie fréquemment le mot de cellu 
dans ce même sens. Voir Dial., lib. 11, præf,, cap. 9, 12, 13, 21, 33. 
Tow. vr. 9 


(130 ) 


vent de Tourhout comme d’un établissement déjà fondé, 
et il assure en termes exprès que Charlemagne avait donné 
celui de Renaix au missionnaire Héridac, qui prêchait 
l'évangile aux peuples de la presqu’ile scandinave. Nous 
savons d’ailleurs que Louis ne pouvait parler autrement, 
car le monastère de Renaix, et bien évidemment celui 
dont il est question dans le diplôme, avait été bâti sous le 
règne du roi Dagobert, par saint Amand ; Balderie le dit for- 
mellement en deux endroits différens de sa chronique (1) : 
nous ne donnerons ici que le second. 

Dans le village de Renaix, dit-il, on trouve un couvent 
de chanoines, fondé par saint Amand, en l'honneur des 
saints apôtres , où reposent les précieuses reliques du mar- 
Lyr saint Hermés. Ce qui nous étonne, c’est que Louis-le- 
Débonnaire ait donné à l’abbaye d'Ende un monastère si 
ancien et si opulent. Quant au monastère de Tourhout, 
les hagiographes Henschenius et Perierus pensent tous 
deux qu’on peut également en attribuer la fondation à 
saint Amand; ce n’est là, il est vrai, qu’une conjecture (2), 
mais ce qui est incontestable, c’est qu'il existait déjà du 
temps même de ce saint apôtre, puisqu'on lit dans la vie de 
saint Bavon qu’il était ami intime de Domlin, religieux de 
Tourbout, et qu’il en reçut les secours spirituels à l’article 
de la mort (3). Il est donc impossible que Louis-le-Débon- 
naireait jamais supposé qu’il avait bâlila première chäpelle 
de Renaix et de Tourhout. Il est plus difficile de s’expli- 


(1) Chronicon cumeracense et atrebatense, lib. I, c. 75, et lib. II, c. 30. 
Édit. Le Glay. 

(2) Dans son Ancienneté de la ville de Gand, p. 17, le chanoine De: 
Bast l’afirme formellement, mais il se dispense de citer ses preuves. 

(3) Acta SS, Belgii, tome I}, page 508. 


( 131 ) 

quer comment on a pu trouver dans le diplôme, que l’em- 
pereur avait soumis le couvent de Renaix à l’église de 
Reims, car on n’y rencontre aucun mot qui puisse donner 
lieu à cette supposition. Le nom de Reims se lit une seule 
fois dans le document , pour indiquer que l'archevêque 
Ebbon était un des prélals qui assistèrent au sacre de saint 
Anschaire (1). Le chroniqueur de Cambrai , qui connais- 
sait apparemment la pièce que nous examinons, est très- 
exact, quand il avance que Louis donna le couvent de Re- 
naix à l'abbaye d'Inde ou d'Ende; c’est là ce que porte en 
termes exprès l'ordonnance impériale : suadentibus qui- 
busdam jam diciam cellam ad Indam monasterium con- 
tuli. Or, on sait que l’abbaye d'Inde, bâtie près d’Aix-la- 
Chapelle, par Louis-le-Débonnaire pour saint Benoît d’A- 
niane , et appelée plus tard abbaye de Saint-Corneille (2), 
n’avait rien de commun avec la métropole de Reims et ap- 
partenait au diocèse de Cologne. 

Si l'excellent défenseur de Charles-Martel avait consulté, 
dans les ÆZeta sanctorum , les vies de saint Anschaire et de 
saint Amand, ou l'ouvrage flamand du bollandiste Corn. 
Smet, sur les saints et les hommes illustres des Pays-Bas (3), 


(1) Adstantibus archiepiscopis Elbone Remensi, Hetti Treverensi, etc. 

(2) Elle fut nommée ainsi à cause de la tête et du bras droit de saint Cor- 
meïlle qui lui furent donnés. Les domaines que lui valut Ja donation de 
Louis-le-Débonnaire s’étendaient sur Renaix, Lesele, Wendeke, Akerne, 
Hoorebeke -St - Corneille, Russegnies, Amougis, Middelbeke, Baim, 
Bscornuix et Tichove , selon Miræus, Donat. Belq., lib. I, c. 120. Sande- 
rus et Mayer ajoutent Brakel, Wondelbeke et Ellezelles. Le comte Gui 
Dampierre acheta tous ces domaines de l’abbé Raynard en 1280, eten 


assigna une partie au chapitre de St-Hermès, qui avait remplacé le cou- 
vent. 


(3) Page 210. 


( 132 ) 

il se serait bientôt aperçu qu'il ne s'agissait aucunement de 
juridiction épiscopale dans la constitution du fils de Char- 
lemagne, mais uniquement de revenus qu’on accordait 
au nouvel archevèque de Hambourg. Le texte de la pièce 
est d’ailleurs assez clair : Charlemagne avait donné le mo- 
nastère de Renaix à Héridac, simple prêtre. « Delegavit 
etiam eidem presbytero ; » pourquoi ? pour le soumettre 
a sa juridiction ? En aucune manière; mais afin qu'il y eût 
un revenu supplémentaire à celui qu'on avait assigné au 
siége à établir au dela de l'Elbe, et qu'on regardait comme 
incerlain à cause des nombreux dangers que présentait le 
pays « quatenus eidem loco undique periculis circum- 
dato fierit supplementum. » Louis-le-Débonnaire donne 
ainsi les revenus du couvent de Tourhout, pour l’établisse- 
ment du nouvel archevèché, « huic novæ constructioni, » 
et pour les besoins de saint Anschaire et de ses successeurs, 
comme une offraude qu'il fait à la divine majesté ; il motive 
sa donation comme son père sur les dangers qui doivent 
rendre précaire la position du nouveau prélat, « ejusdem 
sedis supplemenio multimodis periculis circumdatæ. » 
Dans la vie de saint Rembert, successeur immédiat de saint 
Anschaire, on explique la fondation de manière à ne per- 
meltre aucun doute. 

« Les limites du diocèse de Hambourg étant fort ré- 
trécies, disent les biographes du saint (1), et les revenus 
qu'on pouvait recueillir des lieux qui en dépendaient 
étant insuffisans pour l’œuvre entreprise par le nouveau 
prélat , et de plus souvent enlevés par les barbares , Louis- 


(1) Acta SS, februur., tom. 1, pag. 560. 


Eu  - 


Ce 


… dames di 


f 
L 


( 133 ) 

le-Débonnaire assigna à l’homme de Dieu certain monas- 
stère situé à Tourhout, pour être attaché à perpétuité à 
cette mission. » La vie de saint Rembert fut écrite peu de 
temps après sa mort, et cependant les auteurs nous disent 
que les limites du nouveau diocèse de Hambourg étaient 
fort resserrées : Cum jam prædictæ noviter institutæ 
Hammaburgensis ecclesiæ termini essent anqusti: com- 
ment un écrivain du XIXe siècle a-t-il pu dire qu'il s’é- 
tendait jusqu’en Flandre ? 

Il est étonnant, d’ailleurs, que ce savant ne se soit pas 
aperçu de l’empiélement que l’empereur aurait commis 
sur l'autorité pontificale , s’il avait osé détacher une église 
d’une métropole et la soumettre à une autre; attentat sin- 
gulier, dont Louis-le-Débonnaire était certes incapable, 
et qui eût provoqué d’énergiques réclamations. Le pape 
Grégoire IV, dans la bulle qui érige un archevèché à Ham- 
bourg, loin de réclamer contre les formes employées par 
l'empereur, assure qu’il confirme par son autorité lout ce 
que le vénérable monarque avait fait à cetle occassion : 
aurait-il pu s'exprimer ainsi s’il y avait eu réellement une 
manifeste usurpalion de la part du pouvoir civil ? 

Pour soutenir la mission au delà de l’Elbe, et assurer au 
nouvel archevêque une existence honorable, Louis assigne 
à la mense épiscopale les revenus du couvent de Tourhout, 
comme son père avait résolu d’y attacher ceux du couvent 
de Renaix; voilà tout ce qu’on peut inférer du diplôme : 
j'en ai peut-être donné trop de preuves. 

Dans la plupart de ces nombreux ouvrages , il est évident 
que M. Raepsaet a fait d'abord une étude approfondie des 
sources avant d’embrasser une opinion; mais dans celte . 
partie de la défense de Charles-Martel , il paraît s'être 
écarté de cette excellente méthode. Ce qui l'a trompé an- 


( 134 ) 
paremment , c’est la vue des cantons encore païens dans le 
pays el des courses apostoliques de prélats étrangers aux 
diocèses dans lesquels ils exerçaient le saint ministère : 
rien n’était cependant plus facile à expliquer. 

Les limites d’un diocèse ne changent point, parce qu’on y 
trouve des restes de paganisme, el les missionnaires portent 
la parole de Dieu partout où les ordinaires les y autorisent. 
Du reste, on sait que le pape saint Denis, décédé l'an 269, 
établit déjà la circonscription des diocèses et des paroisses, 
comme nous l’affirme le pontifical de saint Damase (1). 

Il est inutile sans doute d’ajouter, en finissant , que nos 
observations n’affaiblissent point les preuves de M. Raep- 
saet en faveur du père de Pépin-le-Bref. 


Note sur Antoine Sanderus, par M. le baron Jules de 
St-Genois, correspondant de l'académie. 


Il n’y eut pas, au XVII: siècle, chez nous, d'écrivain 
plus fécond que Sanderus, le célèbre historiographe. On a 
lieu de s'étonner du grand nombre d'ouvrages qu'il nous a 
laissés depuis l'an 1608 qu'il entra dans la carrière, jus- 
qu’à 1664, époque de sa mort. On sait que cette quantité 
prodigieuse décrits, tout en favorisant sa réputation de 
savant, nuisit considérablement à sa fortune. La plupart 
des biographes de cet auteur vont même jusqu’à dire que 
ses publications géographiques le ruinèrent si compléte- 
ment, qu'il dut être accueilli par commisération , dans sa 


L 
(1) Hic presbyteris ecclesias divisit et cæmeteria, parochiasque et 
diœceses constituit. 


( 135 ) 

vieillesse, par les moines d'Affligem. Bien qu'il eût hérité 
de ses parens un honnête patrimoine et qu’il eût été investi 
de fonctions lucralives, on conçoit que le grand nombre 
de planches dont il enrichit sa Flandria illustrata, etc., 
lui ait occasionné des dépenses hors de proportion avec 
ses ressources. Et cependant les gratifications et les encou- 
ragemens pécuniaires ne manquérenl point à ce laborieux 
historien. M. J. Ketele a publié, dans le Messager des 
sciences et des arts (1), quelques documens curieux, qui 
prouvent que Sanderus avait grand tort d'accuser ses com- 
patriotes d’indifférence à son égard. Nous y voyons que le 
magistrat d’Audenarde , ayant reçu le premier volume de 
sa Flandria illustrata avec la demande d’une gratifica- 
tion , répondit à cette gracieuseté intéressée, en lui en- 
voyant une somme de 72 liv. tourn. (36 f.), ce qui était 
beaucoup pour cette époque; et nous ferons remarquer ici 
qu'aujourd'hui la lésinerie de nos budgets municipaux 
pourrait recevoir des leçons de la libéralité dont ces éche- 
vins d’une petite ville de province donnaient un si écla- 
tant témoignage, en 1642. 

Paquot (1) est surpris que les États de Flandre ne soient 
point venus au secours de Sanderus, qui s’épuisait en frais 
de gravure et d'impression, pour élever un beau monu- 
ment à sa patrie. M. Ketele attribue aux embarras de la 
guerre d'alors celle prétendue insousiance. Les notes que 
nous allons publier défendent suffisamment les États du . 
reproche que leur fait le bibliographe susmentionné. Dans 


(1) Année 1838, t, VI, pp. 144 seqq. 


(2) Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des XVII provinces, 
XV1,366, in-8o. 


( 136 ) 
les registres des résolutions des Etats de Flandre (1), nous 
lisons : 


ACTUM DEN XXVIII NOVEMBER 1641. 


Eodem gedepescheert ordonnance op Cobbaert voor den heere 
Sanderus, canonik , tot Fpre, van de somme van hondert pon- 
den groten, ende dat in recompense van de diensten ende moeyte 
by den selven ghedaen int maeken van eenen bouck ghenaempt 
Flandria illustrata. 

(Le même jour dépêché une ordonnance sur Cobbaert, 
pour le sieur Sanderus, chanoine, à Ypre, d’une somme 
de 100 liv. de gros, el cela en récompense de ses services 
et des peines qu'il s’est données dans la confection d’un 
livre inlilulé Flandria illustrata.) 


Malgré les grandes sommes dont on avait besoin en ce 
moment pour soutenir une guerre longue et difficile, on 
voit que les États de Flandre savaient encore trouver le 
moyen de récompenser dignement les talens et la science; 
100 livres de gros (600 À.) étaient à cette époque une grati- 
fication considérable, et Sanderus n'avait certes aueun 
droit de se plaindre de la générosité de ses concitoyens. 

Au reste, cet écrivain n’est pas le seul qui ait obtenu 
des encouragemens pécuniaires des États; dans un autre 
registre des résolulions, du même corps (2), nous trou- 
yons qu'ils accordérent , le 4 janvier 1648, une somme de 
50 florins, à Antoine Vinckaert pour la transcription de 


(1) Voyez le registre commençant au 18 février 1641 et finissant au 
18 juillet 1642, fol. 107, déposé aux arch. de la Flandre orientale, 

(2) Commençant au 18 décembre 1645 et finissant au 31 juillet 1648, 
fol. 221. 


( 137 ) 
ce qui s'était passé dans la dernière campagne (1641-1648), 
et une somme de 20 florins à N. Roelants, à Ypre, pour 
ayoir envoyé à l’assemblée quelques cartes figuratives des 
villes assiégées. 
Le même jour notre Sanderus reçut aussi une deuxième 
gratification. Voici ce que nous lisons (1): 


Ende an heer ende Mr. Antoine Sanderus over een bouxken 
an de vergaderynghe ghepresenteert, gheïntituleert OsiAnver 
Sruanus Bezca , 50 guldens op de voorseyde gratuytyten. 

(A sieur et maître Antoine Sanderus, pour un livre pré- 
senté à l'assemblée et intitulé Osiander Stuanus (2) 
Belga, 50 florins sur les gratuités). 


Cette fois il s’agit d’un livre fort insignifiant, mais l’on 
s’aperçoil que la gratification est donnée moins à cause du 
mérite de l'ouvrage qu’à cause de la grande réputation de 
l’auteur. 

Si l’on devait parcourir les résolutions des États de Bra- 
bant, nous sommes persuadé que l’auteur de la Choro- 
graphia sacra Brabantie n'y fut point oublié parmi 
ceux qui avaient droit à des subsides pécuniaires. 

En publiant ces détails, notre intention a été d’empé- 
cher qu’on reprochât plus long-temps au pouvoir d’alors 
d’être insoucieux des gloires littéraires et scientifiques du 
pays. 

Ces particularités de peu d'intérêt en apparence, servent 
cependant à faire ressortir l'esprit dirigeant de l’époque à 


(1) Zbid. 
(2) Ce nom bizarre n’est autre que l’anagramme d’Antoine Sanderus. 
Voyez Paqnot, t XVI, p. 380. 


( 138 ) 

laquelle elles se rapportent. Des encouragemens de cette 
espèce , accordés si libéralement au XVII: siècle, par les 
États d’une province et les magistrats d’une ville, méritent 
d’être signalés aujourd’hui que cet exemple est si peu 
suivi. Aussi dirons-nous que si Sanderus était un savant 
historien, les États de Flandre surent à leur tour remplir 
dignement leur rôle de Mécène. 


Ambassade extraordinaire envoyée par Jacques K*, roi 
de la Grande-Bretagne, à l'archiduc Albert, pour 
demander justice contre Erycius Puteanus, par M. Ga- 
chard , correspondant de l'académie. 


Bayle , dans l’article qu’il a consacré à Erycius Putea- 
nus, l’un des hommes les plus savans de la Belgique au 
X VIT: siècle, et le successeur de Juste-Lipse dans la chaire 
que cet illustre professeur avait occupée avec tant de gloire 
à l’université de Louvain, parle d’une satire contre Jac- 
ques I, roi d'Angleterre, qui lui fut attribuée. Cette 
satire, qui portait pour titre : /saaci Casauboni Co- 
rona reqia , id est, Panegyrici cujusdam verè aurei , 
quem Jacobo 1, Magnæ Britanniæ regi, fidei defensori, 
delinearat , fragmenta ab Euphormione inter schedas 
inventa , elc., fit beaucoup de bruit à l'époque où elle 
parut ; on n’en sera point étonné : le règne de Henri VIII, 
l'origine et le célibat de la reine Élisabeth, et surtout la 
naissance et les actions de Jacques, y étaient attaqués dans 
des discours empreints d'autant de ficl que de malice- 


(139 ) 


Bayle rapporte , d'aprés un autre critique (1), que le roi 
de la Grande-Bretagne, sy voyant dépeint avec des cou- 
leurs si noires, obtint de ses alliés que l’on fit une re- 
cherche exacte de l’auteur pour le punir , el que, quelque 
soupçon étant tombé sur Erycius Puteanus, l'archiduc 
Albert fit informer contre lui. 

Mais ce que ne disent ni Bayle, ni les autres biogra- 
phes de Puteanus, c’est que Jacques I® le désigna nomina- 
tivement à l’archiduc comme l’auteur du libelle où il était 
déchiré d’une manière aussi sanglante, et qu'il envoya 
un ambassadeur extraordinaire à ce prince, pour deman- 
der justice contre le professeur de Louvain. La preuve de 
ces deux faits existe dans la lettre suivante, du roi à l’ar- 
chiduc, que j'ai trouvée en original (non sans surprise) 
dans un volume de correspondances diplomatiques (2), au 
dépôt des affaires étrangères, à Paris : 

« Monsieur mon frère et cousin, nous envoyons vers 
» vous le chevalier Benet , docteur en droit et juge de la 
» cour de nostre prérogative, et chancelier de la royne 
» nostre trés chère compagne, en qualité de nostre am- 
» bassadeur, pour vous demander justice contre la per- 
» sonne d'Iriceus Puteanus, professeur.en vostre université 
» de Louvain, pour le libelle diffamatoire qu'il a osé es- 
» crire et publier contre nous, intitulé : Zsaaci Casauboni 
» Corona regia, par lequel il s’est eflorcé maliciceuse- 
» ment et calomnieusement de flestrir l'honneur de nostre 
» réputalion, Qui estant une licence indigne et intolérable 


(1) Bullart, Académie des sciences et des arts , contenant les vies des 
hommes illustres. Amsterdam , 1682, ou Bruxelles, 1695, 2 vol. in-fol, 
(2) Ce volume est intitulé Pays-Bas, 1601 à 1615. 


( 140 ) 

» à l’endroict d'un prince, nous nous promettons qu’en 
» cela, vous nous ferez avoir telle raison qu'il appartient, 
» non seulement pour le respect de nostre qualité et de 
» la bonne amitié qui est entre noz couronnes et voz pro- 
» vinces, mais aussy mesmes pour l'amour de la justice 
» qui est due à tous : en quoy, comme vous nous donne- 
» rez tesmoignage particulier de vosire bienveillance, 
» aussi vous obligerez réciproquement la nostre envers 
» vous, et nous serons presis à vous en faire paroistre les 
» effects, quand l’occasion se présentera, ainsy que nous 
» avons chargé nostre ambassadeur de vous fayre plus 
» particulièrement entendre de bouche ,auquel nous vous 
» prions de donner audience gracieuse, et toute créance 
» en ce qu'il vous dira et proposera de nostre part. Ainsy 
» nous prions Dieu, monsieur mon frère et cousin, de 
» vous tenir en sa saincte et digne garde. De nostre palais 
» de Westminster, le 20° de mars l’an 1616. 


« Vostre très affectionné cousin et frère, 


« JAGQuES , R. » 


La superscription : 4 Monsieur mon frère et cousin l'ar- 
chiduc Albert d'Autriche. 


Il fallait certainement que Jacques I attachât une 
grande importance à la découverte et à la punition du li- 
belliste qui l'avait offensé , pour envoyer dans ce seul but 
un ambassadeur extraordinaire à Bruxelles. Au reste, l’in- 
nocence d'Erycius Puteanus fut reconnue , heureusement 
pour lui, car le roi Jacques n’était pas homme à lui par- 
donner, et ce monarque vindicatif l'aurait poursuivi avec 


(141) 
le même acharnement qu'il montra contre Vorstius , pro- 
fesseur à l’université de Leyde, que les états-généraux se 
virent obligés d'éloigner de sa chaire , uniquement parce 
qu'il était arminien , et que celle secte élait en horreur à 
Sa Majesté Britannique. 


Condamnation et exécution d’un pourceau , note com- 
muniquée par M. Gachard , correspondant de l'académie. 


Une des singularités qu'offre l'histoire de la justice cri- 
minelle au moyen âge, ce sont les procédures dirigées 
contre les animaux coupables de quelque méfait. J'ai cité, 
dans les Ænalectes Belgiques(1), d'après dom Martène, 
une sentence du 16 mai 1499, par laquelle un taureau 
était condamné , dans le diocèse de Beauvais , à être pendu 
aux fourches patibulaires , pour avoir « par furiosité, 
» estant aux champs, occis et mis à mort un joine filz 
» de l’âge de quatorze à quinze ans.» ; j'y ai fait aussi men- 
tion d’un acte du 22 septembre 1486, dont j'avais vu l’o- 
riginal aux archives de Lille, et qui certifiait l'exécution 
faite, à Bailleul, par la main du bourreau d'Ypres, d'un 
pourceau qui avait « meurtri et mangé un enfant. » 

Dans mes recherches récentes aux archives de Dijon , un 
document du même genre m'est tombé sous les yeux : ce 
sont des lettres de Nicolas le Jaul, lieutenant-général du 
bailliage de Mâcon , en date du 18 septembre 1474, con- 
tenant mandement au receveur du Mâàconnais de payer 
au prévôt de Mâcon soixante sols lournois « pour ses 


EL LE 2 De ASE ES 


(1) Page 62. 


( 142 ) 

» peines et salaires d’avoir fait mettre à exécution cer- 
» taine sentence criminelle donnée à l'encontre d’un 
» pourceaul, lequel avoit tué ung enffant en la ville dudit 
» Mascon, en l'ostel de Jehan Fargnet , lequel pourceaul 
» pour ledit cas a esté pendu audit Mascon à nne potence 
» qui, pour ce faire, a esté faicte toute neufve.» Le lieu- 
tenant-général du bailliage ordonne aussi le paiement des 
frais qu’a coûté la construction de la potence, et, en outre, 
« de dix solz tournois pour une eschielle pour ledit gibet, 
» de trois toises et demie, et pour une polye pour tirer 
» au gibet ledit pourceaul. » 


GÉOGRAPHIE ANCIENNE. 


Recherches sur la position des nivirenses, peuple dont 
il est fait mention dans des inscriptions latines et 
dans d’autres monumens historiques du temps de 
l’empire ; par M. Roulez, membre de l'académie, 


On trouva, il y a quelques années , dans les environs de 
Mayence, une inscription sépulcrale consacrée à la mé- 
moire de Togius Statutus, soldat du corps des éclaireurs 
Divitenses (1); elle a élé récemment l’objet d’un savant 


(1) Elle est publiée dans le Quartalschrift des Mainzer Kunstvereins. 
Année 1831, cah. 2, p. 49, ainsi que dans le Codex inscriptionum 
Eomanar. Rhenti, de Steiner, n° 434, Je la reproduis ici avec les restitu- 
tions de M. Osann. D. M. || TOGIO. STAT || VTO. MILITI. || NVMERI. 
EXPL |] ORATORVIM || DIVITIESIVM || ANTONINIA || NORVM. STIP || EN- 
DIORVM || XVIII. TOGIA || FAVENTINA || SOROR ET || HERES || FrATRI 
[| camissrMO || F. sur ascra. 


( 143) 
commentaire (1) de la part d’un philologue distingué de 
l'Allemagne, le célèbre éditeur de la Sylloge inscriptio- 
num Græcarum et Latinarum. Un seul des points impor- 
tans de cette inscription doit nous occuper ici, c'est le mot 
Divitiesium {au lieu de Divitiensium). M. Osann cite 
deux passages d'Ammien Marcellin (2) dans lesquels ces 
mêmes Divitenses (3) sont mentionnés conjointement avec 
les Tungritani, de façon à paraître ne former qu’un seul 
corps de troupes. La circonstance d’une pareille réunion 
et, en outre, la teneur du second de ces textes, ont amené 
le savant professeur de Giessen à penser que ces deux peu- 
ples étaient voisins l’un de l’autre. Or, comme le mot 
Tungritani (d'autres écrivent Tungricani) ne semble 
être qu’une autre forme de Tungri, il en tire la conclu- 
sion que les Divitenses habitaient près des Tongrois dans 
la province de Liége, ajoutant qu'il est obligé de laisser aux 
géographes du pays la recherche et l'indication plus pré- 
cise de la localité. J’eusse désiré pouvoir justifier et com- 
pléter l'opinion de M. Osann, mais c'est en vain que j'ai 
cherché dans la province de Liége et dans les provinces 
limitrophes, un endroit qui rappelât le nom des Divitenses, 
et je doute qu’un autre soit plus heureux que moi, parce 
qu'à mon avis ce n’est pas chez nous qu'a habité ce peu- 
ple. Le nom de Divitenses se rencontre encore dans deux 
autres inscriptions trouvées à Cologne, et qui remontent 


(1) Dans le Zeitschrift für die Alterthumswissenschaft de Zimmer- 
mann, 1838 , n° 64, pag. 523 et suiv. 

(2) XXVL, 6. et XXVIE, 1. 

(3) Je regarde Divitienses, Divitenses , Ditenses, comme des variantes 
d’un même nom. 


( 144 ) 

à l'époque de Constantin-le-Grand. Dans la première (1), 
on lit: Milites castri Divitensium ; V'autre (2) porte : 
Constantinus Pius Romanorum imperator Augqustus, 
devictis Francis castris Ditensium in terris eorum fieri 
jussit , etc. Or, vis-à-vis de Cologne , sur la rive droite du 
Rhin (et c'est précisément là que paraît avoir été déterrée 
celte dernière inscription ) est située la petite ville de 
Deutz, Dorticum, appelée aussi Munimentum Divitense; 
il devient donc probable que là était l'emplacement des 
Divitenses (3). 

La notice des dignités de l'empire fait aussi mention 


\ / 


des Divitenses en deux endroits différens. Premièrement 
elle (4) cite une légion de Divitenses Gallicani, sous 
les ordres du magister militum per Thracias; ensuite (5) 
elle nomme parmi les douze légions palatines, sous le 
commandement du mnagister peditum præsentalis, en 
occident , une légion de Divitenses seniores, et une autre 
de Tungricani seniores. Les commentateurs de la No- 


(1) Voy. Gelenius, De magnitudine Coloniæ, p.84. Huepsch, Epigram- 
matoyraphie, pag. 11. 31; Orelli, Znscript. Lat. sel. ampl. collectio, 
vol. 1, p. 239, n° 1085 ; Steiner : Cod. inscr. Rom. Rhent, P.I, p. 110, 
no 858. 

(2) Voy. Donati Suplem. ad Muratorii inscr. IL, p.220 , 5; Saxii Mis- 
cellan. 4, p. 33; Orelli, /oc. cüt., p. 240, n° 1086 ; Steiner, Loc. cüt., 
p. 1, no 859. 

(3) Voy. Steiner, loc. cit., P.I, p. 266. 

(4) Notitia dignitatum imperit, p. 1479 de l'édition contenue dans 
le tom. VIL du Thesaur. antig. Rom. de Grævius. — Les Divitenses re- 
çoivent ici le surnom de Gallicani, à cause de leur séjour antérieur 
dans les Gaules. Il est à observer que les Dévitenses dont parle le pre- 
mier des passages précités d’Ammien Marcellin, se trouvent égale- 
ment dans la Thrace. 

(5) P. 1822. 


( 145 ) 
tice (1) font dériver le nom de Divitenses de  Divetum , 
ville de Sicile. Si cela était vrai, il faut avouer que nous 
aurions lieu de nous étonner de cette réunion presque 
constante des Divitenses avec les Tongricani. Un autre 
passage de la Notice servira peut-être à jeter quelque jour 
sur cette question. Nous y (2) trouvons dans la liste des 
troupes à la disposition du dux Daciæ ripensis,un Cuneus 
equitum Dalmatarum Divitensium Dortico. Je remar- 
querai d’abord que je ne saurais parlager l'avis des com- 
mentateurs, qui pensent que les Divitenses reçurent le 
surnom de Dalmatæ, pour avoir eu auparavant leurs can- 
tonnemens dans la Dalmatie. Je crois qu'il s’agit au con- 
traire de Dalmates qui furent surnommés Divitenses, à 
cause qu'ils avaient stalionné dans.le pays de ces derniers. 
Mais ce passage renferme une difficulté réelle, qu'on n’a 
pas essayé d’aplanir, quoiqu’elle ne paraisse pas être de- 
meurée inaperçue. À en juger par ce qui précède et par ce 
qui suit, lesens de la phrase doit’ être qu’un corps de ca- 
valiers Dalmatæ-Divitenses se trouvait placé à Dortiewm. 
Or comment s'expliquer que des troupes en station à Deutz 
fussent sous les ordres d’un commandant militaire dé. la 
 Dacie, Je soupçonne que Dortico.est une glose du mot 
Divitenses , laquelle aura: fait disparaître le nom de la 
station de ce corps de cavalerie et:en aura-usurpé la place. 
Ce rapprochement des mots Divitenses et Dorticum, vient 
donc confirmer pleinement l'opinion, déjà vraisemblable, 
d’ailleurs , que le peuple de ce.nom avait:sa demeure sur 
la rive droite du Rhin, et dans cette hypothèse son éloi- 


(1) P.:1483.et 1826. 
(2) P. 1757. 


Tom. vi. 10 


( 146 ) 
gnement du pays des Tongrois, n’est pas si grand qu'on 
ne puisse les regarder comme voisins. 

Nous revenons maintenant au second des deux passages 
précités d'Ammien Marcellin, parce qu'il a suggéré à 
M. Osann une autre conjecture qui a droit d'intéresser 
notre pays. L'historien y parle d’une invasion des Æla- 
manni dans les Gaules , sous les empereurs Constance et 
Valens, invasion que tenta d'arrêter Charietton, per utram- 
que Germaniam comes... adscito in societatem laboris 
Severiano , itidem comite invalido et longævo, qui apud 
Calidona Divitensibus præsidebat et Tungricanis. Le 
verbe præsidebat offre un sens équivoque. En effet, on 
peut dire que Severianus commandait un corps de troupes 
composé de soldats de Deutz et de Tongres. Au contraire 
l'on peut prélendre aussi qu'il se trouvait à la tête de 
troupes deslinées à maintenir dans l’obéissance les Divi- 
tenses el les Tongrois. M. Osann (1) adoptant celle seconde 
interprélalion, et rapprochant Calidon de l'adjectif ca- 
lidus , soupçonne que cet endroit inconnu était situé sur 
l'emplacement du village de Chaufontaine , province de 
Liége. Sans approuver ni rejeter l'hypothèse du savant pro- 
fesseur allemand, je me bornerai à faire observer qu'Ha- 
drien de Valois et Wagner (2) n’entendent pas seulement 
præsidebat dans le sens d’un commandement militaire , 
mais remplacent encore Calidona par la variante Cabi- 
lona , nom de Chàlons-sur-Saône. Leur opinion ne paraîtra 
nullement dénuée de vraisemblance si l’on fait attention 
que les Æ{lamanni avaient déjà franchi les frontières de 


(1) Loc. cit., p. 525. 
(2) Ad Ammnian. Marcellini. lib. XXVIT, C.1, t. LIL, p. 170, ed. 
Wagner et Erfurdt. 


( 147 ) 
la Gaule, et que rien n’oblige à croire que Severianus fût, 


comme Charietton, comes per utramque Germaniam , 
plutôt que comes per Gallias. 


M. le directeur, en levant la séance, a fixé l’époque de 
la prochaine réunion au samedi 2 mars. 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Nouveaux Mémoires de l’Académie royale de Bru- 
æelles, tom. XI, in-4°, 1839. 

Bulletins de l’Académie, tom. V (1838), in-8°. 

Annuaire de l’Académie pour 1839, 1 vol. in-18, 1839. 

Faits et vues détachés sur certains points de théorie 
chimique, etc. Feuilles 15 et 16. Par M. Van Mons. 

Huit jours à Newcastle en 1838. Par Ch. Morren, 
broch. in-12. 

Compte-rendu des séances de la commission royale 
d'histoire. Tome LIL, I bulletin. Bruxelles, 1838. Broch. 
in-8°. 

Traité complet sur les causes d’explosion de machines 
et chaudières à vapeur. Par Désiré Tack. Bruxelles, 1839. 
1 vol. in-8&°. 

Essai sur la vie et les ouvrages du baron de V'illen- 
fagne. Par Ferd. Henaux. Gand , 1838. Broch. in-8e. 

Cours élémentaire de prononciation, de lecture à haute 
voix et de récitation, par un professeur. 2° édilion. Tour- 
nai, 1839. 1 vol. in-8v. De la part de M. Fréd. Hennebert. 

Annales et bulletin de lu société de médecine de Gand. 
Année 1838 , 4° vol., 12° liv. (Décembre). — Année 1839, 
5° vol.; 1° Liv, (Janvier). Gand, 2 broch. in-8°. 


( 148 ) 

Comptes-rendus des séances de l'académie des seien- 
ces de Paris. 2°.sem. 1838, n° 22-27. 19 sem. 1839, n° 1: 
à 5. — Tables alphabétiques du. 1° sem. 1838: Paris, 
9 broch. in-&. 

Bulletin de la société géologique de France. Tome IX:, 
feuilles 23-27. 1837 à 1838. Paris, broch. in-&. 

Journal de la sociète de la morale chrétienne. Tome 
XIV , n° 6. Paris, 1838. Broch, in-8°. 

Compte rendu des travaux de la société philotechni- 
que, par le Bet de Ladoucette, secr. perp. Séance du 23 
décembre 1838. Paris, 1839. Broch. in-8°. 

Institution of civil engineers : Transactions, vol. IL. 
— Minutes of proceedings, 1838. — Annual report, ses- 
sion 1838. London, 1: vol. in-4° (1838) et 2 broch. in-8e. 

Report of a. Joint Committee of. Physics and .Meteo- 
rology, elc., broch. in-8. De la part de, la société royale 
de Londres. 

Ricerche sul termo - elettricismo dinamico e luci- 
magnetico ed elettrico di Francesco Zantedeschi. Milano, 
1838, 1 vol. in-8. 

Recherches historiques et bibliographiques sur la bi- 
bliothèque de l’université et de la ville de, Gand, par 
Aug. Voisin, Gand, 1839. Broch. in-8°. 

Belgisch museum, uitgegeven door J. F. Wüllems. 2° 
deel. — 4° aflevering. Gent. Broch,. in-82. 

*S graven  raedkamer van Vlaenderen, onder een 
geschiedkundig oogpunt beschouwd, by haer, eerste.tyd- 
perk, 1385-1409, door D.J. Van der Meersch. Gent; 1838. 
1 vol. in-8e.. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 


1839. — No 3. 


Séance du 2? mars. 


M. De Gerlache, directeur. 
M. Quetelet , secrétaire-perpétuel. 


CORRESPONDANCE. 


M. Hensmans fils, docteur en médecine et en pharma- 
cie, adresse à l'académie une note sur un principe cris- 
tallisable, trouvé dans l'écorce de la racine du peuplier 
de Canada. M. Van Mons est invité à faire un rapport sur 
celle communicalion. 

— M. De Koninck fait parvenir à l'académie un paquet 
cacheté pour être déposé dans les archives, jusqu’à ce qu’il 
ait terminé an mémoire qu’il compose sur des recher- 
ches chimiques pour lesquelles il désire prendre date. 

— M. Phillips envoie le manuscrit d'un ouvrage inti- 
tulé : Anatomie du cheval, dont il demande le renvoi à 
une commission de l'académie. Commissaires : MM. Mor- 
ren, Cantraine et Wesmael. 

Tom. vr. 11 


(150 ) 


— M. Van de Cotte fait hommage d’une note manuscrite 
sur les moyens de transformer toutes sortes de figures en 
pentagones équilatéraux. 

— M. J. Wilkens-Remy demande qu'on examine un 
ouvrage de sa composition sur la quadrature du cercle. 
Cet ouvrage étant imprimé , l'académie ne peut accéder 
aux désirs de l’auteur. 

— M. Kickx, membre de l'académie, écrit que le jour- 
nal anglais : « Ænnals of natural history or magazine 
of zoology, botany and geology » contient dans son nu- 
méro de mai 1838, pag. 208-210, un mémoire intitulé : 
On a new species of epilobium nearly allied to E. An- 
gustissimum and Rosmarinifolium, by W. H. White. 
Ce mémoire dont M. White a donné lecture dans la 
séance de la société botanique de Londres, le 2 mars 
1838, est une traduction littérale, sans aucune addition 
ni-changement quelconque, d’une notice que l’acadé- 
mie a publiée dans son bulletin du mois de novembre 
1886, et dont l’auteur est M. G. D. Westendorp, médecin 
de l'armée belge. 


RAPPORTS. 


— L'académie, après avoir entendu l'avis de ses com- 
missaires, chargés de l'examen du mémoire présenté par 
M. Morren à la dernière séance, sur le mouvement et 
l'anatomie du style du Goldfussia anisophylla , a or- 
donné l'impression de ce travail dans le recueil de ses 


mémoires. 


(Fo) 

— MM. Willems, Cornelissen et le chanoine De Smet, 
font ensuite leur rapport sur le travail manuscrit présenté 
par M. Ed. Smits, à la séance du 2 janvier, sous le titre, 
Mémoire sur la langue Belgique ; et, sur les conclusions 
de ses commissaires , l'académie décide que des remerci- 
mens seront adressés à l’auteur pour sa communication. 


LECTURES ET COMMUNICATIONS. 


Sur la transformation de quelques fonctions imagi- 
naires , par J.-G. Garnier, professeur émérite et membre 
de l'académie. 


Si l’on désigne par À un nombre entier quelconque 
et par 7 une demi-circonférence d’un rayon égal à l'unité, 
on sait que 

: 2hry/ 35 
— cos. 247 + sin. 247. V/—1 —e + 
d'où résulte 
Dkry/ — 
n sh ar Le Ge 
VI=lr—=cos. — Esin.—y/—1—=e ? . (a) 
L1/ n 

Soient, en premier lieu, n—2, puis k=o,k=1, et 

on aura 
+1, 17 ——1. 


Faisons encore n—3 , puis 4—0, k—1,et on aura 


L 1 27 27 
Lt L= cos, — Æsin.— | | 
) »» 


(: 152:) 
d’où résultent les trois racines cubiques de l'unité, dont 
deux sont imaginaires. Occupons-nous de la digression 


des valeurs'de À : on observera qu'on doit toujours prendre 
2k 
k de manière que —— n'excède pas l'unité, ou que k soit au 


plus égal à =, où a —, suivant que à sera pair ou im- 
pair. Par exemple, pour n—6, on posera 4=0o, =1, 
—2, —3, valeurs auxquelles répondent six racines dont 
les extrêmes sont + 1 et — 1, et les quatre autres inter- 
médiaires sont imaginaires. Pour »—7, on ira jusqu'à 

n—1 
k = 


six autres racines imaginaires. Pour »—8, on aura 


—_=3, et il en résultera la racine réelle + 1 et 


re) 


k—; — 4, et on observera qu'aux valeurs extrêmes £—0 
et k— }, répondent les racines + 1 et — 1; qu'à 4—2 
répondent deux racines imaginaires sans terme réel et 
qu’à chacune des deux autres valeurs de À correspondent 
des imaginaires complètes. 

On aurait aussi, d’après (a), 


2 kz 2kz me 
17 — (cos. LE sin. = ei) 
n n 


S]3 


9 kr 2% 
— COS. F2 + sin. ins y —1 
n ñn 
2e dr 
be) ain. — LL. 4 00e) 
n n 


en posant 24m — f. 

Supposons qu'il s'agisse d'élever la quantité positive a 
à la puissance fraclionnaire *, on écrira : 

m my kr kr. y/— I 


— ñn n 
a"=Va"+y/1=a" nos Er SENTE S 
n ñ 


M ;. 9kLol 


n 


ZT CES. +. UNIS 


( 153 ) 
On a, en second lieu, 
—1—= cos. (24+1)7 + sin. (24+1)r4y/—1, 
d’où résulte : 


2 Q@A+I)z | (Cé+Dr V1 


1) —0c05. NE + sin (b) 


n 
m LA m 
En partant de (— 1} —y/(—1), et observant que le 
cas de m pair rentre dans le précédent, on n'aura à con- 
sidérer que celui de » impair ou de la forme 2m +1, qui 
donne 


(2%+1)(2m'+1 x, ar (2441)(2m#1)r V1 
n n 

dk +1 9% +1)7r.y/—1 

FE Cr+1) + "sin. @F+l)rl 


n n 


(—1)" = cos. 


- @) 
qui rentre dans (b). 

Pour n — 5, on ferait dans (b) k—0, k—1,k—2, et 
on aurait ‘ 


V/—1—= cos. 5 sin. et ,VW=1 — cos. + sin. I 


5 57 
—1— cos. — —— I. 
V cos 5 


Pour n—6 , on pourrait encore poser k—0, —1, 7, 
et on aurait les résultats 


PES NE: _ 6 87 . 87 
Mein e —Æ sin. V/—1; hp 008: +sin. —V—1 


GE" 5r 


5 
V—1 FOND E sin, —. V—1. 


( 154 } 
On a donc : 
CR AVES 
m. 2%+1 2 1 
— a" a Ga Es PEER . _ 4 a 
n (b’”) 
ou 


m n mn m 2%+1 )n 2k+1)m 
am V/(—1) =a" A 
ñn ñn 
Passons à quelques autres fonctions imaginaires. Des 
formules connues 


NA 78/2 PAR RU ee 
Hits —€ A4 + € z 


7 


SIDE CDs. 7 —= 


2 —1 2 


on déduit, en changeant x en xy/ — 1, 


—T  +% —T +7 
sin. cos. a/—1—" = (c} 
en sorte que la propriété 

sin, 25 — 92 sin. cos. t, 
qui suppose la suivante sin. (a + b) — sin. a cos. b + 


sin. b cos. a, a lieu pour un arc imaginaire æ}/—1 ; car, 
d’après les formules (c), on aurait 


—2r +97 
e = 
; 
2-1 Fete 
2 sin. (ay/—1) X cos. (ap/—1) = ch 


sin. (22}/—1) = 


LV 


( 155 ) 
On aurait aussi 
sin. [(2+y)y/—1]= sin. (2}/—1) cos. (yy/—1) | 
+ sin. (yy/—1l)cos.(xp/—1)  ; 
ART CPAS EME ne 


Si, dans la formule 


. (ce) 


zT 


ra 1 ’ é +y/—1. tang. à 
2 —1 DEEE ar 


. - - LA - Ls La 
où / indique un logarithme népérien, on fait x — et 
qu’on observe que tang. ?—  , on aura 


Si, dans la formule 


7V/—1 _ ( 


aV/—1 = (cos. x + sin.zy/—1), 
on fait r—7, ou aura 
zV/—1 = l(—1), 
ce qui vérifie la propriété (d). On en conclut encore 
(2 + 1) 7 —1 = (—1). 
Donc , à cause de —a—ax—1,ona 
l(—a) = la + (2k + 1)7y/—1, 
formule qui rentre dans (b”’), en faisant dans celle-ci 


m=n=1 et remplaçant cos. (2441) r+ sin. (24+1)7y/—1 


par e24+1) 7/1. 


(156) 


Soil actuellement Z (a+ by/—1), { indiquant tou- 


jours un logarithme népérien. En faisant 


Va + —k, cos. =, sin. ==" 
on à 
D bios. x vin. 1/0 ONE 
donc 
L(a + by — 1) —I& + l (cos. 3 + sin. z/ — 1) 
Pt UE | 0 00 
On pourra prendre au lieu de l'arc z, les arcs 
Dr HS, Ar + 3..... Qnr +3, 
ñn étant un nombre entier, en sorte que 
Ia + by/—1) = + (Our + 5) V—1 . fr) 
Soit , en second lieu (a + b/—1)* + V— 1: on sait 
que 
La HT TS MG te 7) (LR EE 


EE) GE) 


d’où en repassant des logarithmes aux nombres , 


PR OUR arr 


Si l’on substitue dans le second membre pour 
L(a Eby/—1) sa valeur ci-dessus (f°), savoir /k + 2/—1, 


( 157 ) 


il en résultera 


dr" + EV/—1 ant (a+ —L (Uk + zy/—1} 


(alk — €z) + (as + 6lk) V/—1 
— € 

(alk— 6)  HE(as+ CIk)/—1 
—=e€ x e 


lc 
“4 9) [cos. (as + 61h) + sin. (2:+@k)/—1], (g) 


qui revient à 


4 zy/—1 à pu Il (alk—6z) Æ(az+6lk)y/—1 (g') 
ke —e xe 
en vertu de (f). Posant maintenant 


( D RES) a LE /—1 
_ke — 11e 


, 


on aura , en comparant, 
Wr= alk — Cr, o—=as + Elk. . . . . (g”) 


équations qui renferment l’une des solutions de la pro- 
posée A°—C, À, Bet C étant des fonctions imaginaires. 
On en trouvera le complément dans une note de M. Pa- 
gani, lue à l'académie, le 7 octobre 1837, et insérée 
dans le tome XI des Nouveaux Mémoires. 

Faisons une dernière application. En posant £—0 et 
changeant « en m , la formule (g) devient 


me 2 
(a+by/—1) 267 1 (cos. mx + sin. mz}/—1) 


m 


= (a +b°)? (cos. mz + sin. ms V/—1). 


( 158 ) 
Extrayant de part et d'autre la racine »?, on obtiendra 
(a+by/—1}x RE 0! ==) Ji (cos. 2e sin. y —1) . (k) 


Qu'on ait à extraire 


3 
V/—10 + 9y/3/—1 ; 
on à 
a — 100, b°—243, a° + b—343, 


3 6 
Va +b=17, Va +b: 1/73 
donc 


3 ; 
V—10+9) 87 —1 — 7 cos. 5 + sin. à el ) 
élevant au cube de part et d’autre, il vient 


—10+9V/81/—1 —77 [cos S— 3cos. 5 sin.” = 
(s Hansen nn 1 | k"'} 
cos.” DRE _ Maé vi 


donc, en égalant les termes réels de (#'), 


, % 8 3 . , 2 #10 
cos. Yet cos. : sin. Tage 
d'où 
ñ É a z 10 
cos. — — B COS. = = ——: 
AT 
Posant 


cos. 


DJS 


( 159 ) 
la précédente se iransformera dans celle-ci 
MONS Pr + 10 INK 7 — 0, 


dont les diviseurs commensurables sont 


22N4X71—0, SxXT—=0,2+2X 5 X 7—=0; 
on a donc 
Z 2 z l z 5 
cos. 3 hr? 8 — 2/7" cos 3 7 
Égalant encore dans (4) les coefficiens de }/—1, on aura 
9/3 
8 COS. * = X sin, PAGE A a 146) 
3 3 7 77 


qui donne les trois valeurs de sin. z, correspondantes à 
celles de cosinus, savoir : 


on aura donc ces trois valeurs de la racine cubique (4), 
savoir : 


V 10-+91/37 —1 | IS 


l 31/3 LA 
V” 10+9y/37/—1 | 7 nt 3 ns ELA 


om 1] — RATE 1e 7 


(160 ) 


C'est par des procédés analogues que Pelambre est 
parvenu à cette série 


EX D; RUE 
B— - sin.C + —— sin. 2C + —-: sin. 8C + etc. 
a 2a° 3a° 


a et b étant deux côtés d’un triangle rectiligne , G l'angle 
compris et B l'angle opposé à b : série d'autant plus con- 
vergente que b est plus petit par rapport à a. 


n n 
On observera 1° que les valeurs de y/1 et ÿ/—1 sont les 
racines des équations binomes z°— 1—o et x" + 1=—=0; 
2° que les formules 


V2 DJ | 2k+1 
—]  —cos, ss) 7 + Sin. bare rV/—1, 
1 V2 


—1  —=cos.(24+1)ry/2+sin.(2+1)ry2y/—1, 


ne fourniront que des racines imaginaires ; 3° que le pro- 
duit Va x vb étant V'ab, et chacune des racines Va et 
b admettant m valeurs, on pourrait croire que V'ab 
doit admettre » X» ou »° valeurs. Pour lever cette dif- 


m m 
ficulté, désignons par « et € les racines Va, Vb, en 


sorte que É 
" 2k7 2k7 
LE a (cos. UE sin et V—1) ÿ 
mn m 
ma 2k'7 . 2x 
D = € ( cos. + sin. Ty—1), 
m 1/12 


le produit donnera 


ge 2(k+k 2(k+k à 
V/ab = ax6| cos. — he Æ sin. ol) r.V— 1) , 
c m 


m 


= «af chères 


( 161 ) 
or, m étant pair, les plus grandes valeurs de Æ et # sont 
— en sorte que la plus grande valeur de 4+#' est m5 
mais aux valeurs de 4 +’ de jusqu'à m , répondent 


celles qui ont lieu dé o à =: ainsi le produit ne peut ad- 


mettre que 2=— m racines : Ce io ot aurait lieu 
pour m impair ; 4 que, pour multiplier V1 par V—1, 

il faut réduire le second radical à l'indice 4, ce qui don- 
nera VAT = V1; ; et dés lors les quatre valeurs de VI ; 
multipliées chacune QE les deux valeurs de p/—1, se 
réduisent à celle de V1. Il y aurait lieu à d’autres remar- 


ques que nous omettrons pour ne pes allonger cette note. 


ÉLECTRICITÉ. 


M. le professeur Martens, membre de l’Académie, pré- 
sente un mémoire manuscrit de sa composition sur la 
pile galvanique et sur la maniere dont elle opère les 
décompositions des corps. Les principales conclusions 
auxquelles l’auteur est parvenu sont les suivantes : 

1° Le développement de l'électricité dans les piles doit 
être attribué à ia fois et au contact métallique et au con- 
tact du liquide conducteur avec les métaux de la pile, 
surtout avec celui qui est le plus oxidable. 

2 L'action chimique du liquide conducteur acide sur 
les métaux de la pile n’influe pas directement sur la pro- 
duction du courant électrique, et si elle correspond ordi- 
nairement par son intensité à celle de l'électricité pro- 
duite par la pile, c’est qu'une forte action chimique entre 
deux corps suppose cn général une grande différence entre 


( 162 ) 
leurs états électriques ou une forte action électro-motrice 
exercée lors de leur contact. 

3° Si l’action chimique intérieure d’une pile en activité 
est proportionnelle et même équivalente à son action chi- 
mique extérieure, c’est-à-dire, à celle produite par le cou- 
rant externe, ce n’est pas que l’une soit la cause de 
l’autre, mais bien parce qu’elles sont toutes deux l'effet 
d’un même courant électrique, circulant à l’intérieur 
comme à l'extérieur de la pile. 

4° Il n'existe aucune difficulté à concevoir qu’un sim- 
ple contact de corps hétérogènes, quoique tout-à-fait 
passif, puisse donner lieu à une décomposition de fluide 
électrique naturel. 

5° Les courans électriques produits pendant la com- 
binaison de divers corps, ne sont probablement que le 
résultat de l’état électrique dans lequel ces corps se con- 
stituent par leur contact avant de se combiner. 

6° Le mode de distribution de l'électricité dans les piles 
isolées, provient de ce que l’action électro-motrice tend à 
imprimer aux plaques extrêmes de la pile une tension 
électrique qui est en raison inverse de la conductibilité 
de la pile, et qui se communique plus ou moins aux cou- 
ples intermédiaires. 

7 L'élat électrique des divers couples d'une pile 
fermée par un bon conducteur, de même que le courant 
dont elleest le siége, sont partout les mêmes, et l’électricité 
qui s'écoule des pôles n’est pas, comme l'avait pensé 
Volta, le résultat de celle des plaques intermédiaires ; elle 
provient exclusivement des dernières plaques mêmes de la 
pile, qui constituent les pôles. 

8 Le grand nombre de couples dans une pile ne sert, 
conformément aux observations de MM. De la Rive et 


rm ne So LAS nt ane = 


Rs. 0 


( 163 ) 

Peltier, qu'à augmenter la tension de ces pôles, lorsqu'elle 
est isolée , et dans le cas où elle est close, à forcer le cou- 
rant externe à passer par de mauvais conducteurs. 

9° La décomposition chimique opérée par la pile dans 
les composés liquides , est le résultat d’une espèce de po- 
larité électrique imprimée aux molécules du composé pla- 
cées dans la direction du courant, en sorte qu'il n’y a de 
décomposition définitive qu'aux pôles de la pile. 

10° Le transport des élémens d'un corps composé vers 
les pôles opposés de la pile, n’est qu'un phénomène ap- 
parent de translation. Les élémens ne sont isolés qu’à 
l'endroit même où ils apparaissent, et ce. mode de décom- 
position n'a jamais lieu que pour autant que le composé 
liquide forme où puisse former un conducteur continu 
d'un pôle à l’autre. 

11° Lorsque le composé liquide qui sert de passage au 
courant d'une pile est interrompu de distance en distance, 
par des fils métalliques, les élémens du composé devien- 
nent libres à chacune des extrémités de ces fils, parce que 
l'échange des élémens qui a lieu entre toutes les molé- 
cules intermédiaires du composé liquide, ne saurait avoir 
lieu pour celles qui sont contiguës aux extrémités de ces 
fils, de même que pour celles qui aboutissent aux pôles de 
la pile. 

12° L'action chimique des pôles de la pile peut influer 
sur les décompositions produites par le courant électrique; 
en sorte que si les pôles sont oxidables, la décomposition 
de l'eau peut être produite par un seul élément galva- 
nique ; ce qui n'a pas lieu dans le cas contraire. L'aflinité 
chimique concour! ici avec les forces électriques pour pro- 
duire la décomposition. 


(164 ) 


Sur l'Électricité du Sucre, par M. Van Mons, membre 
de l'académie. 


Tout le monde connaît le phénomène d’illumination 
que fait voir le sucre en pain lorsque, dans un lieu obscur, 
on le divise ou on le pulvérise par un corps contondant 
ou par une râpe. Le frottement, et le rapprochement des 
parties du sucre donnent lieu à cet effet, car ce n’est qu'aux 
endroits où s'exerce la friction et la compression que la 
lumière se montre. En même temps que la lumière est 
émise , une odeur d'électricité désappliquée se fait sentir. 
On a dit que le sucre luit par phosphorescence ; ce terme 
rend l’effet, mais n’exprime rien à l'égard de l’origine de la 
lueur. Ce qui suil va prouver que celte origine est élec- 
trique. 

Un soir que je faisais râper du sucre par la personne qui 
en est habituellement chargée, elle me dit: «Tiens, voilà du 
sucre qui ne sent pas (riekt niet). » Je fis aussitôt éloigner 
les lumières pour m'assurer si aussi il ne phosphoresçait 
pas. Il ne faisait ni l'un ni l’autre; je fis donc doubler la 
rapidité du frottement, et presser fortement le sucre 
contre la ràpe, mais pas plus une lueur que de l'odeur ne 
devinrent perceplibles. Le sucre était de l'espèce la plus 
dure. Après que le tout eut été râpé, on rentra les lu- 
mières. On fut surpris de voir que le volume de la poudre 
était le double de ce qu'il aurait dû être. Un des assistans 
dit à la râpeuse que la légèreté de sa main avait passé dans 
la poudre. Un autre fit la remarque qu’il y aurait du béné- 
fice à vendre à la mesure plulôt qu’au poids la poudre de 
sucre qui n'élincelle pas. Un troisième dit: ce n’est pas de 
la poudre, mais de la poussière des rues, car je l'ai vue 


EU TT a A 


” i er 
CE PT TE 


- 


cb ad me 


tin 


etes 


( 165) 
se mouvoir sans qu’on y touchât. En effet, des parties s’en 
déplacèrent encore spontanément pendant qu’on la ver- 
sait dans le sucrier. Le sucrier aux deux tiers plein, fut 
porté à ma chambre et le surplus fut enfermé dans un cor- 
net de papier. Le lendemain, de grand malin, me trouvant 
près de la table où le sucrier était placé, je vis, au moment 
où la domestique emportait la lumière pour aller chercher 
le café, que le sucre était luisant à sa surface. Voulant 
m'assurer s'il l'était aussi dans son intérieur, je tentai de 
le déplacer en inclinant le vase, mais la poudre, la veille 
si mobile, ne se bougea pas. Je m'abaissai pour explorer 
son odeur, mais elle n’en avait pas du tout. Au retour 
de la lumière , on s’aperçut que le volume de la poudre 
était diminué de moilié. Je fis mettre le couvercle sur le 
sucrier et j'usai du sucre enfermé dans le cornet de pa- 
pier. Celui-ci ne luisait pas , maïs il s’élait aussi considé- 
rablement contracté, car il ne remplissait plus à beau- 
coup prés le papier, et il s'était congloméré en une masse 
cohérente. La poudre dans le vase luisait encore , mais plus 
faiblement, une heure plus tard. Son affaissement avait 
fait de nouveaux progrés. Je la revis encore deux fois, et 
chaque fois je trouvai la lueur plus pâle et l'affaissément 
plus grand. Comme le jour on ne peut exclure toute lu- 
mière, je remis jusqu'au relour de l'obscurité à l'examiner 
de nouveau: toute lueur avait disparu , mais une partie 
notable de la poudre du sucre s'était portée contre la voûte 
du couvercle , et insinué entre les jointures, qui n'étaient 
pas bien serrantes, et y avait formé des incrustations si 
dures et si fortement adhérentes au vase, que par aucun 
effort du pouce on ne pouvait les briser ou les détacher, 
Ce qui était resté au fond du vase y formait un gâleau si 
compacte qu'il a fallu l'emploi d’eau chaude pour l’en- 
Tom. vi. 12 


(166 ) 

lever. Une partie de l’incrustalion subsiste encore malgré 
l'usage continuel qu'on fait du sucrier. Le sucre, l’appar- 
tement, l'air, toul était au plus sec possible. J'avais déja 
plus d’une fois remarqué que la poudre de sucre qu’on 
rape au-dessus d’un plat d'étain y formait une croûte adhé- 
rente et qui s'en détachait difhcilement. Quand j’ai envoyé 
chercher du mème sucre pour répéter l'expérience, il n’y 
en avait plus; j'aurais aussi voulu voir si le sucre qui ne 
donne pas de lumière avec la ràpe, n’en donne pas par 
d’autres moyens d'écrasement et entre autres par la friction 
entre deux de ses morceaux. Les gros cristaux de sucre 
candi, qui émettent de la lumière sous la râpe, n’en émet- 
lent pas étant frottés l’un contre l’autre : mais la friction 
rapide entre leurs bords tranchans, ainsi que le choc vif 
entre ces mêmes bords, en fait jaillir des étincelles lumi- 
neuses. J'ai depuis essayé plusieurs sucres de dureté et 
provenance (canne et betterave) différentes, mais je n’ai 
pas vu le phénomène cité se reproduire. 

Je rapporte un fait auquel je m'abstiens de vouloir as- 
signer une cause : que l'électricité se soit immiscée dans sa 
production, à cela il n’y a pas de doute. L’électricité d’une 
sorlese sera échappée en état d'application, et dès lors in- 
visible, par le métal de la râpe. Celle de l’autre sorte sera 
restée interposée à la poudre et se sera appliquée sur ses 
particules; et, comme des éleclricités de même nom se 
repoussent, la poudre aura été entraînée dans le mouve- 
ment d’exparsion que l'électricité a exécuté. La lumière 
aura été l'effet de sa séparation d'avec la poudre, el la su- 
blimation, celui de son évolution brusque provoquée par 
une explosion. 


( 167 ) 


\ 


ENTOMOLOGIE. 


Notice sur les Chrysides de Pelgique, par M. Wesmacl, 
membre de l'académie. 


Les principaux caractères des Chrysides sont, comme 
on sait, d'avoir wn oviducte en tube articulé et rétrac- 
tile; des antennes coudées, de treize articles chez les 
deux sexes ; les ailes postérieures sans nervures, et des 
couleurs métalliques. 

Les Chrysides, placés par Latreille, dans ses derniers 
ouvrages, à l'extrémité de la famille des Pupivores, se 
rattachent de diverses manières aux autres tribus de cette 
famille. Ainsi : 1° c'est surtout dans la nervation des ailes 
antérieures que réside leur analogie avec les Ichneumo- 
nides , et plus encore avec les Braconides; il y a même tels 
genres de ce dernier groupe, comme les Sigalphes, les 
Chélones et les Ascogasires, avec lesquels les Chrysides à 
ventre voûté se lient en outre par la forme de l’abdo- 
men, le nombre d’anneaux de la portion dorsale , la forme 
et les dents du métathorax; 2° les Chrysides ont de nom- 
breux rapports avec les Chalcidites : chez les uns comme 
chez les autres, les antennes sont coudées, les ailes pos- 
térieures sont sans nervures et les couleurs sont généra- 

lement métalliques ; 3° quand aux Proctotrupiens, leur 
analogie avec les Chrysides résulte surtout de la forme 
tubulée de l’oviducte, et aussi de l'absence de nervure aux 
ailes postérieures. On remarque aussi que les Cleptes ont 
les cuisses de derrière fortement élargies vers la base, 
comme elles le sont chez les Dryines ; ces mêmes Cleples 
ne manquent pas non plus d'analogie de formes avec les 
Spalangies. 


(168) 

Les genres de Chrysides jusqu'à présent observés en 

Belgique, ne sont qu'au nombre de quatre, les Gleptes, 

les Hédycres, les Elampes et les Chrysis, qu'on peut 
signaler de la manière suivante : 


al. enter convexus!s,= .. 13. 2 teurs se eo ps fee CLEPTES. 
= 
= 

SET ENRE * 
S Unguiculi den- Unguiculi unidentati . . HEDYCRUM. 
5 é 
8 À Venter formicatus. pos AE pe Unguiculi serrati. . . . ELAMPUS. 
FE 
n 
N Unguiculi simplices . . . . . . AMEL: Carysis. 


1. Gewus CLEPTES Lat. 


Prothoraz mullo angustior quam mesothorax.— Abdomen feini- 
narum quadriannulatum, marium quinqueannulatum. — 
V'enter convexus. —— Unguiculi unidentati. 


+ 


Pronoti margo posterior depressus , plus minus dis- 
tincte scrobiculatus. 


1. CLrPrEs sEmIAURATA Lan. 


Viridis g, vel aurata Q, abdomine rulo , apice nigro. 23 li. 


 SYNONYMIA MARIS. 


Sphez semiaurata Lin. Fn. suec. 1661. — Syst. nat. II, ns 35... 
Tchneumon semiauratus Panz. Fn. Germ. 51, 2. 

Cleptes splendens Fab. Syst. Piez. 155, 38. 

Chrysis semiaurata Oliv. Ency. méth. Ins. V, 676, 21. 


SYNONYMIA FEMINÆ. 


Ichneumon auratus Panz. Fn. Germ. 52, 1. 
Cleptes semiaurata Fab. Syst. Piez. 154, 1. 
Cleptes Pallipes Lepel. Ann, du Mus. VIL, 119, 8. 
? Cleptes semiaurata ibid, ibid. 1. 


RE. 1 € 


( 169 ) 
Cleptes semiaurata Lai. Hist: Gen. XUX, 236, 1. — Gen. Crust. et 
Ins. IV, 44. 


Cleptes semiaurata Jur. Hym. 298. 


Adnot. — Maris antennæ nigræ, tibiæ rufæ; feminæ pedes toti et 


antennæ basi late, pallida. 


Assez commun. 


Remarque. — I] résulte évidemment de la description 
donnée par Linné, de son Sphex semiaurata, que c'est 
le même que le Cleptes splendens de Fabricius. 

+ 


Pronoti margo posterior non impressus. 


2. CLepres nirinuza Q Fab. 


Cyaneonigra ; prothorace, abdominis dimidio anteriore , trochan- 
teribus tibiis et arsis, annuloque antennarum, rufis. 2—9% li. 


Cleptes nitidula Fab. Syst. Piez. 154, 2. (1). 
Rare. 
Il. Genus HEDYCRUM Lat. 


Prothoraz latitudine mesothoracis, transversus. — Abdomen 
triannulatum , ano integerrimo. — Venter fornicatus. — 
Unquiculi unidentati. 


x2 


Dens unguiculorum in medio situs. 
1. Henycrun roseux Ross. 


Viride, abdomine rufo. 25—92% li. 


Chrysis rosea Ross. Mant. ins. 132, 290.— Fn. Etr. IL, t. 8, fig. 7. 
Chrysis rufa Panz, Fn, Germ. 19, 16. — Krit. rev. 104. 


(1) Je ne donne la synonymie que lorsqu'elle peut fournir matière à 
quelque contestation, 


Chrysis rufa Jur. Hym. 297. 
Hedycrum roseum Lepel. Ann. du Mus. VII , 123, 13, 


Rare. 
4dnot. — In hac specie cellula radialis perfecta. 
2. Henyerun arvexs Lat. 
Purpureoauratum , thorace postice eyaneo. 13—2 li, 


Chrysis ardens Coqueb. Ill. icon. dec. 2, 59, t. XIV, fig. 7. 


Rare. 


+ + 
Dens unguiculorum juxta apicem situs. 
3. Henycrux Luciouzux Fab. 


Viridicyaneum ; pronoto, mesonoto ante scutellum , abdomineque 
ÿ ; ; : 
rubroauratis. 215 li. 


Chrysis lucidula Fab. Syst. Piez. 174, 21. 
Commun. 


4. Henycrou rervioun Fab. 


Viridicyaneum; fronte, vertice. pronoto, mesonolo , abdomine- 
que supra , rubroauratis. 5 li. 


Chrysis fervida Fab. Syst, Piez 175, 23. 


Très-rare en Belgique; trouvé une seule fois à Rouge- 
Cloître, près de Bruxelles, par l'élève Hannon, de l’A- 
thénée. 


(171) 


5. Heovenou recu Fab. 
Cyaneoviride , abdomine rubroaurato. 2—5 1li. 
Chrysis regia Fab. Syst. Piez. 175, 6. 
Commun. 


III. Genus ELAMPUS Spin. 


Prothorax latitudine mesothoracis, transversus.—Metanotum 
gibbum.— Abdomen triannulatum , ano exciso.— V’enter for- 
nicatus.— Unguiculi serrati. 


Remarque. — Personne, que je sache, n'avait encore 
observé la conformation des crochets des tarses chez les 
Hédycres et les Elampes. 


se 


Tertium abdominis segraentum marginibus latera- 
libus integris. 


1. Ecaweus aurartus Lan. 


Cyaneoviridis, abdomine rubroaurato; metanoto subconico ; ano 
profunde exciso. 2—3 li. 


Chrysis aurata Lin. Fn. Suec. 1666. 
Commun. 
2, Eraweus vioLacEuS 15c0p. 


Subviolaceus; metanoto subconico ; ano leviter exciso. 5 li. 


Sphex violacea Scop, Ent. Curn. 793. 
Chrysis violacea Ross. Fn. Etr. W,77, 848. 


(172) 
Omualus nitidus Panz. Fn. Germ. 97, 17. 
Hedycrum uitidum @ Panz. Krit. Rev. 105. 


Adnot. — Antennarum articuli tres vel quatuor priores metallicovi- 
rides. 


Rare. 


3. Ecampus arrints mir. 


Subviolaceus ; metanoto subhæmispherico ; ano leviter exciso. 
ce 
2 2 hi. 


? Omalus Æneus Panz. Fn. Germ. 85, 13. 


Adnot, — Tertium sbdominis segmentum interdum æneum. 


Rare. 


Remarque. — Celle espèce et la précédente, qui se 
ressemblent presque entièrement sous le rapport des cou- 
leurs, présentent cependant d’autres différences que j'ai 
peine à regarder comme purement sexuelles. Ainsi, chez 
l'E. violaceus, l'excavalion faciale se prolonge jusque 
fort près de l’ocelle antérieur; les 3 ou 4 premiers ar- 
ticles des antennes sont métalliques; les yeux sont plus 
saillans, plus arrondis, presque hémisphériques; enfin le 
mélanotum , vu de côté, présente à peu près la forme d’un 
cône. Chez l'EL. affinis, au contraire, l’excavation fa- 
ciale se termine à une assez grande distance de l’ocelle an- 
térieur ; les deux premiers articles des antennes sont 
seuls d’un vert métallique; les yeux sont moins saillans, 
plus allongés ; et le métanotum, moins prolongé en arrière, 
est bombé à peu près en demi-sphère. 


(173) 
++ 


Tertium abdomwinis segmentum marginibus late- 
ralibus sinuatis { apice medio sat profunde exciso ). 


4. Eraweus rusiurus Fab. 


Viridicyaneus, abdomine viridiæneo : tertio segmento utrinque 
bisinuato ; melanoto subeonico. 1:—2 li. 


Chrysis pusilla Fab. Syst. Pies. 176, 33. 


Adnot. — Variat abdomine magis viridi vel magis cupreo. 


Commun. 


5. ELaupus minurus 1h1. 


Viridicyaneus, abdomine viridiæneo : tertio segmento utrinque 
unisinualo ; metanoto subconico. 1+—2 li. 


Adnot. — Variat uti præcedens. 


Commun. 


Remarque. — Les deux dernières espèces se ressem- 
blent beaucoup, et pourraient bien n'être que les deux 
sexes d’une même espèce, auquel cas je leur laisserais de 
préférence la dénomination de ET. pusillus , quoiqu'il ne 
soit pas bien certain que ce soit le Chrysis pusilla de 
Fabricius , cet auteur n’ayant pas fait mention de l’échan- 
crure anale. 

Quant au Chrysis æncea de Fabricius, je ne sais ce que 
c’est : c’est probablement un Hédycre ou un Elampe ; mais 
auquel de ces deux genres appartient-1? at-il ou n’at-il 
pas l'anus échancré ? A cette question, Fabricius ne four- 
nil aucune réponse , il ne parle pas de la conformation de 


( 174 ) 

l'extrémité de l'abdomen , tandis qu'il a eu soin de dire que 
les Chrysis lucidula et regia, ont l'anus entier, et que le 
Chrysis aurata a l'anus échancré. Panzer, dans sa Faune 
Germanique (1), a représenté, sous le nom de Chrysis 
ænea , un insecte dont l'anus est distinctement échancré; 
dans sa Âritische Revision (2), changeant d'avis sans ex- 
pliquer ses motifs, il place ce même Chrysis ænea dans a 
division des Hédycres qui ont l'anus entier. Enfin , Coque- 
bert (3) a représenté ce même Chrysis, et, dans la figure 
grossie qu'il en donne, il n’y a pas la moindre trace d’une 
échancrure anale, ni d’une gibbosité métathoracique : en 
présence de toutes ces contradictions, devines si tu 
peux et choisis si tu l'oses ! 


IV. Genus CHRYSIS Zain. 


Prothorax latitudine mesothoracis, transversus. — Abdomen 
triannulatum, segmento tertio scrobicularum serie transversa 
ante apicem diviso. — Venter fornicatus. — Unguiculi sim- 
places. 


1. Carysis 1GnITA Lin. 
Cyaneoviridis , abdomine rubroaurato; ano 4 dentato. 23—6 li. 
Chrysis ignita Lin. Fn. Suec. 1665. 
Var. a. Ventre rubroaurato. 


b. Ventre viridiaurato. 
c. Ventre cyancoviridi 


(1) Fasc. 51, t. 7. 
(2) rit. rev. 104. 
(3) ZUL. icon. dec. 2,t. XIV, fig 9. ” 


dont cn D “HR ir nat 


PAT CLOSE POST PU 


per 1 
( 175 ) 
Adnot, — In var. b, ec, occurrunt ctiam individua tertio segmento 
ventrali nigro. — Pedes semper metallicovirides. 


Très-commun. 


Remarque. — Les plus grands individus de celte espèce 
sont ceux de la var. a ; aussi , je pense que c’est particu- 
liérement à cette variélé qu'il faut rapporter le Chrysis 
ignita de Linné, dont il dit : Æpe domestica major. 


d,. Cnnysis AURIPES #1h4. 


Viridis, pronoto et scutello parce auratis; abdominis dorso et ventre, 
pedibusque anice, rubroauratis; ano 4 dentato. 2—43 li. 


Rare. Cinq individus des environs de Bruxelles. 


3. Canysis STOUDERA Jur. 


Subtus viridis, supra subviolacea, abdominis segmento secundo 
apice tertioque rubroauratis; ano 4 dentato. 4 ;—5 li. 


Chrysis stoudera Jur. Hym. 296, t. XIT, fig. 9. 
— —  Panz. Fn. Germ. 107, 12. 


Très-rare. Deux individus des environs de Bruxelles et 
de la Campine. 


4. Curysis gipENTATA Lin. 


Viridicyanea; thorace abdominisque segmentis duobus prioribus, 
dorso rubroauratis; ano Jate sed parum profunde triemargi- 
nato. 32—4 li. 


Chrysis bidentata Lin. Syst. Nat. 11, 947, 2. 
Chrysis bidentata Panz, Fa, Germ. 77, 15. 


( 176) 
Chrysis bidentata Jur. Hym. 295. 
Chrysis Lbidentata Oliv. Ency. Meth. ns. V, 674, 12. 
Chrysis dimidiata Coqueb. Z/1. Icon. dec. 2, 58, t. XIV, fig. 234. 
Chrysis dimidiata Fab. Syst. Piez. 174, 22. 
Chrysis dimidiata Lepel. Ann. du Mus. VI, 127, 20. 
? Chrysis bidentata Fab. Syst. Piez. 173, 16, 


Trés-commun. 


Remarque. — I] n'est pas certain que le Chrysis bi- 
dentata de Fabricius soit le même que celui de Linné et 
des autres auteurs , parce qu’il lui attribue trois courtes 
dents à l'anus, au lieu de quatre. Voy. Ent. syst. IT, 
241, 11. 


5. Cnrysis succrncTa Lan. 


Viridicyanea ; pronolo antice , mesonoto cum scutello , abdomine- 
que rubroauratis; ano utrinque oblique subemarginato, in 
: LR 
medio obtuso. 22—5 li. 


Chrysis succincta Lin. Syst. Nat, IL, 947, 3. 

Chrysis succincta Fab. Syst. Piez. 174, 19. 

Chrysis succincta Jur. Hym. 295. 

Chrysis succincta Lepel. Ann. du Mus. VII, 128, 24. 


Rare. 
6. Curysis ILLIGERI Mihi 


Viridicyanea; pronoto antice, mesonoto ante scutellum, abdomi- 
neque rubroauratis ; ano utrinque oblique emarginato , in me- 
dio bidentato. 21—5 li. 


Chrysis succincta Wig. Fn. Etr. IL, édit. 123, 846. 
Chrysis succincta Panz. Fn. Germ. 77, 16. 


Rare. 


Remurque. — M. Spinola cite le C. succineta (fase. 1, 


RSS D ET 


Pe 


( 177 ) 
p. 10), en le plaçant dans une division où , selon lui, les 
mâles seuls auraient l’anus denté; d’un autre côté, Jurine, 
qui ne mentionne que le mâle du même C. succincta, 
dit qu'il n'a pu reconnaître à l'anus ni dents ni échan- 
crures. 

Je ne sais si le C. nitidula de Germar ( Ahr. Æn., IV, 
12) est réellement une espèce distincte du C. succineta ; 
dans tous les cas, le nom spécifique doit être changé, 
puisque déjà Fabricius l'avait assigné à une autre espèce 
(Ent. Syst. , 243, 21). On pourrait nommer l'espèce 
de Germar, Chrysis Germari. 


‘ 
7. Curysis aurichaLceA Lepel. 


Viridicyanea ; pronolo antice, mesonoto cum scutello, abdomi- 
neque læle auratis; metanoto basi gibbulo; ana vix emargi- 
mato. 2 li. 


Chrysis aurichalcea Lepel., Ann. du Mus. VII, 128, 55. 


Trés-rare. Un seul individu des environs de Bruxelles. 
L'anus n’a au milieu qu’une faible échancrure, sans traces 
de dents ni d'échancrures latérales. La base du métano- 
tum est un peu élevée en bosse, de manière à dépasser 
le niveau de l’écusson. 


8. Curysis cyaANEA Lin. 


Cyanea ; ano tridentato. 2—53 li. 
Chrysis cyanea Lin. Fn. Suec. 1667. 


Trés-commun. 


( 178 ) 
ANATOMIE VÉGÉTALE. 


Observations sur l'anatomie des Musa; par M. Charles 
Morren, membre de l'académie. 


Parmi les tissus les plus remarquables de l’organisation 
végétale, on compte à juste titre celui qui est formé par 
des utricules étoilés qui se joignent les uns aux autres 
au moyen des extrémités de leurs rayons. Ge tissu, qui 
existe dans un assez grand nombre de monocotylédones , 
est développé dans toute sa richesse et avec toute son 
élégance dans les Musa ; et comme plusieurs faits qui se 
rattachent à son histoire, sont encore complétement in- 
connus aux phytolomistes, j'ai pris ces plantes pour sujet 
de mes recherches ; elles auront principalement pour but 
d’éclaircir l’histoire de l’aclinenchyme, de la fécule, des 
cristaux et des cellules cristallifères. 

Le tissu slellé des Musa échappa aux investigations 
des anciens botanistes. Van Leeuwenhoek, dans sa 74me 
lettre, 1692 (Op. omn., tom. IL, p. 297), avait , il est vrai, 
disséqué le scirpus lacustris, mais la manière dont il 
représente le tissu stellé fait voir qu'il le connaissait 
fort mal et qu'il en avait les plus fausses idées. En 1806, 
M. L. Treviranus, un des membres de ce triumvirat cé- 
lèbre que l'anatomie végétale vit se former au commen- 
cement de ce siècle, comme à sa naissance, elle avait 
compté celui des Grew, des Malpighi et des Van Leeu- 
wenhoek, M. Treviranus, dis-je, signala le premier, 
l'existence de cette forme histographique dans le Musa 
sapientum (1). Il expliqua plus exactement sa génèse que 


(1) Treviranus, Vom inwendigen Eau der Gewächse, Gottingen, 1806, 
52; Vom Bau der Palmen, p. 129-131, pl. I, fig, 1. 


(479 ) 
ne le firent quelques-uns des analomisles qui le suivirent. 
En 1812, Kurt Sprengel s'occupa de ce même tissu, en 
l'étudiant surtout dans le Sparganium ramosum (1) ; 
mais il ne s’occupa guëre de son mode de développement. 
La même année M. Kieser remportait le prix d'anatomie 
végétale à la société Teylerienne de Harlem, par son cé- 
lèbre ouvrage sur celte partie des sciences naturelles. Il 
dessina, mais fort mal, l’actinenchyme des Musa. Le texte 
parle du Musa sapientum et l'explication des planches 
du Musa paradisiaca. M. Treviranus avail clairement 
vu la jonction double des cellules au milieu des rayons 
des étoiles. M. Kieser n'ayant pu la voir, dit-il, il avoue 
qu’il ne conçoit ni la construction, ni l'origine de ces 
cellules (2). De plus M. Treviranus avait dessiné les cris- 
taux dans ces corps, mais tout cela échappa à l'œil de 
M. Kieser, qui dessina l’actinenchyme comme une ma- 
tière continue et à laquelle on dirait qu'un emporte- 
pièce a enlevé des plaques triangulaires, de maniére que 
le restant est étoilé. En 1815, M. Mirbel paraissait con- 
cevoir la formation de l’actinenchyme comme un résul- 
tat des fentes des cellules; fentes qui se multiplieraient 
tant que les cellules se transformeraient en tissu rélicu- 
laire (3). Ce fut en 1827, que Hayne accomplit finalement 
la distinction de ce tissu stellé en le nommant Æctinen- 
chyme, et en le séparant de tous ses congénères (4). La 


(1) Sprengel, Von den Bau und der Natur der Gewächse ; Halle, 
1812, 6 89, pl. VILL, fig. 41. 

(2) Kieser, Mémoire sur l’organisation des plantes, p. 90, pl. IV, 
fig. 18. 

(3) Mirbel, Élémens de Physiologie végétale, p. 29. 

(4) Hayne, Ueber die Bildung des Zellyewebes in den Gewächsen. 
(Flora, 1827. Isis, 1828, Heft, 5). 


( 180 ) 


\ 
forme de ses élémens, la croissance singulière de ces bras 
ou rayons, l’activité dont semblent jouir ici les méats 
intercellulaires, les diaphragmes que ce tissu constitue à 
lui seul dans les canaux aérifères des Musa , Strelitzia , 
Pandanus, Canna , Scirpus, Juncus, Sparganium , 
Poa, Iris, etc., sont autant de motifs pour différen- 
cier celle forme organique de ses analogues. En 1830, 
M. Meyen , dans sa phytolomie, le rangea dans son paren- 
chyme, mais sous le nom de parenchyma stellatum (1). 
En 1836, il conserva cette dénomination (2), et étudia 
spécialement les interstices intercellulaires si développés 
dans ce tissu. En 1835, M. Treviranus, dans sa nouvelle 
Physiologie (3), confirma que la forme étoilée des cel- 
lules se lie à la nature des monocotylédones, et qu’elle est 
propre surtout aux espèces aquatiques. M. Mobl avai an- 
térieurement signalé l'actinenchyme dans plusieurs pal- 
miers, et figuré celui du Mauritia armata (4). 

M. Meyen, dans son mémoire couronné à Harlem (5), 
donna la génèse de l’actinenchyme dans le Pontederia 
cordata , qu'il mit en rapport avec celui du Potamoge- 
ton natans et celui du Pandanus odoratissimus , mais 
il fixa moins son attention sur le contenu de ces cellules 
et ses variations, que sur la manière dont se forment les 
méals intercellulaires. En corroborant ses vues sur la gé- 


(1) Meyen, Phytotomie; Berlin, 1830, p. 85 

(2) Meyen , Veber die neuesten fortschrifte der Anatomie und Physio- 
logie der Gewâchse ; Harlem, 1836, p. 34. 

(3) Treviranus, Physiologie der Gewächse, 1835, p. 30. 

(4) Mobl, De Palmarum structura, tabl. IV, fig. 2. 

(5) Op. laud., p 53. 


PP CE EE 


( 181 ) 
mèse de ce tissu examiné dans les Musa , j'ai tâché de 
combler la lacune que j'indique ici. 

Lorsqu'on examine un très-jeune pétiole de Musa para- 
disiaca ; celui de la feuille la plus intérieure qu’on voit 
enroulée dans la coupe figurée de grandeur naturelle 
(fig. 1), feuille qui ne s'était montrée que depuis trois jours 
au-dessus d’une coupe horizontale faite à la base de cette 
plante, on trouve les diaphragmes des canaux aériféres 
très-pressés et à peine distincts. Mis sous le microscope, 
il n’y a pas de trace d’actinenchyme, mais ces diaphrag- 
mes sont alors formés d’un mérenchyme très-régulier qui 
devient bientôt, par l'allongement transversal des cellules, 
un ovenchyme trés-caractérisé ( fig. 8). Le nombre de 
couches de cellules superposées varie, mais il est ordinai- 
rement de trois à cinq (fig. 8,a,b,c). 

Il paraît que les canaux aérifères croissent plus vite 
en diamètre que les cellules. Celles-ci augmentent cepen- 
dant en largeur et en se comprimant, elles deviennent 
des prismes hexaëdres (fig. 2, k), et constituent un pris- 
menchyme ordinaire. Alors, les méats intercellulaires 
qui existaient dans l’ovenchyme disparaissent , et le tissu 
des diaphragmes est continu. Il suit de là, qu'à cette 
époque , il n’y a aucune communicalion d’une lacune à 
une autre, et à cetle époque aussi, la feuille encore 
blanche , n’a pas respiré et chassé son oxigène dans ses 
cavités aériennes. É 

Dans cet état de prismenchyme, les cellules ont con- 
tracté une adhérence entre leurs parois mutuelles sur six 
plans , rarement sur sept ou huit (cela est plus commun 
dans les Musa rosacea, discolor, etc.). Ces adhérences 
vont provoquer la formation des rayons des cellules stel- 
liformes. 

Tom. vr. 13 


{ 182 ) 

Ea effet, quand l’actinenchyme se forme, on voit d’a- 
bord trois méats ou interstices se creuser entre les points 
de jonction de quatre cellules autour d’une cinquième 
qui reste anguleuse d’un côté (fig. 2, L). Ou bien une 
cellule se sépare des six qui l’environnent par six points 
de contact , de sorte que ces dislocalions deviennent au- 
lant de méats parfaitement triangulaires, où l'air s’accu- 
mule et se condense. Les cellules se séparant ainsi, le 
diaphragme ou la cloison du canal aérifère peut s’allon- 
ger. En même temps , le diamètre des cellules augmente, 
mais moins que la traction ne s'exerce entre elles au 
profit des interstices. Ceux-ci perdent leur forme angu- 
leuse par l'arrondissement des contours de la cellule 
(fig. 2, p). 

C'est l'adhésion des cellules. entre elles, sur six points 
alors nettement circonscrits, qui devient la cause organi- 
que de la formation de l’actinenchyme. Toutes les cellules 
se liennent et toutes sont tiraillées également en tout sens; 
la force de l'adhésion résistant en six points, la cellule 
s’allonge en ces six directions, et les rayons (fig. 2,0,q) 
sont formés. Dans le Musa coccinea, où le tissu prismen- 
chymateux est moins régulier, il y a des cellules stellées 
à quatre, cinq, six, sept, huit et même à neuf branches. 
Cela vient de ce que la formalion des rayons a commencé 
sur des prismes à quatre, cinq, six, sept, huit et neuf 
faces latérales. M. Meyen cite des cellules à 14 rayons dans 
l'Alisma plantago. 

L'actinenchyme ainsi formé, montre toujours au mi- 
lieu de deux rayons contigus la séparation perpendiculaire 
à l’axe des rayons (fig. 2,0 ), séparation qui indique l'in- 
dividualisalion des cellules. Cette ligne, vue par M. Trevi- 


ranus, échappée à M. Kieser, est manifeste sur tous les « 


rt 


Cd 


( 183 ) 
actinenchymes que j'ai étudiés. Plus tard, sur quelques 
plantes et même sur le Musa paradisiaca ; on voit , dans 
la force des fonctions des cellules, un petit renflement 
aux extrémités des rayons (fg. 10, ), mais d'ordinaire 
dans les Musacées il est peu développé. 

Il suit évidemment de ces observations sur le mode gé- 
nétique qui préside à la formation de ce beau lissu , que 
l'actinenchyme doit son origine au prismenchyme, lequel 
est d’abord de l'ovenchyme qui, à son tour, n'était primi- 
tivement que du mérenchyme. L’éloile vient du prisme, 
le prisme de l’ovoïde, l’ovoïde de la sphère. Ces métamor- 
phoses prouvent donc encore une fois l'origine des formes 
diverses hors d’une forme primitive et simple, hors de la 
sphère, principe de tout l'organisme. 

Il y a au jardin botanique de Bruxelles un Musa para- 
disiaca qu'on a coupé immédiatement au-dessus de la 
partie ensevelie de sa tige. On croyait par là faire périr la 
racine qui gêne les autres plantes. Aucune partie ne croit, 
en eflet, sur ce tronçon hormis le centre. Celui-là , tous les 
deux à trois jours, monte de deux décimétres sous forme 
d'un bâton arrondi et légèrement aplati, blanc et succu- 
lent. La coupe montre que c'est un pétiole enveloppant un 
autre péliole plus jeune, et une ou deux feuilles (limbes) 
enroulées (fig. 1 ). Les rayons du pétiole extérieur , formés 
par les vaisseaux, possèdent ces renflemens moniliformes 
qui disparaissent dans les vieilles parties semblables. Le 
suë qui découle de ce Musa est d’une amertume sliptique 
des plus fortes. La végétation est telle que le centre, bien 
qu'on le coupe tous les trois à quatre jours, recroil sans 
cesse avec une nouvelle vigueur. J'avais mis un tronçon 
semblable dans ma poche; il devint brun, puis noir , mais 
en séchant, il exhala une excellente odeur d’'hvacinthe, 


( 184) 


trés-douce , et qui devenait plus forte en coupant des tran- 
ches du pétiole. 

Gette croissance si rapide est d’un décimètre par jour 
ou de millimètres 4, 16 par heure. J'étais fort curieux 
de disséquer cette partie blanchie pour savoir si quelques 
faits auraient pu rendre compte d'une végétation aussi 
énergique. La dissection répondit à mon attente. Toutes les 
cellules mérenchymateuses, ovenchymateuses, prismen- 
chymateuses, el l’actinenchyme tout entier, me montrèrent 
dans les cavités des cellules un grand nombre de grains de 
fécule bleuissant par l’iode et nettement distincts de petits 
granules muqueux également contenus dans les cellules. 
Jamais dans le tissu vert, tout formé, et dans l’actinen- 
chyme adulte des Musa, je n'avais vu une organisation 
semblable. 

La fécule du bananier est ovoïde , pyriforme (fig. 5 et 6), 
quelquefois un peu cornue ( fig. 4 ), et par-ci par-là on 
voit des grains formés de trois parties distinctes ( fig. 8 ), 
parfois réunies régulièrement ( fig. 7 ). Des stries concen- 
triques se rencontrent sur celte fécule comme sur celle de 
la pomme de terre; ses dimensions varient beaucoup, les 
plus gros grains vont à 70 millièmes de millimètre, La fi- 
gure 2 représente cette fécule renfermée dans les cellules. 
Dans l’actinenchyme bien formé, elle occupe seulement le 
centre de la cellule et non les bras. 

Il y a deux genres de canaux dans le Musa, outre les cavi- 
tés aériennes ; ce sont des canaux aérifères (fig. 2, 4, q, h), 
et, des canaux sécréteurs d’une substance brunätre (f). Ces 
derniers n’offrent pas de fécule; les cellules des paroïs des 
canaux aériféres (fig. 2, g,h), n’en présentent pas non plus. 

Dans les utricules étiolées du bananier j'ai pu trouver 
ces granules toujours en mouvement et qui sont muqueux, 


( 185) 

ces premiers élémens organiques de la chlorophylle, alors 
mobiles, signalés déjà à l'attention des naturalistes par 
MM. Mirbel (1) et Decaisne (2) ( fig. 2, b). Ces petils cor- 
puscules arrondis grouillent entre les grains de fécule et 
semblent être des monades en agitalion. Dans une tige 
verdie , il n’y a plus de trace de ce phénomène. Cette ob- 
servation tend à prouver que les changemens organiques 
qui se passent dans les cellules à l'époque de la germina- 
tion, sont de même nature que ceux qui se manifestent 
dans ces cavités lors de la croissance ultérieure des par- 
ties. Ces jeunes granules de chlorophylle encore blanches, 
se meuvent comme les propagules des conferves et des 
algues en général. 

L'âge adulte de l’actinenchyme se dénote par l’absence de 
la fécule; elle a été absorbée, et c’est elle évidemment qui 
est la cause de la croissance si rapide de la tige, croissance 
dont nous avons parlé plus haut. Bien souvent les cloisons 
du bananier , formées par l’actinenchyme, sout verdâtres ; 
cela tient à la viridité qui s’est emparée des granules mu- 
queux , mobiles dans leur jeune âge et maintenant verts et 
immobiles. À cet âge, il n’y a point au milieu de ces cel- 
lules de nucléus ou de cytoblaste, mais simplement des gra- 
nules verts extrêmement petits (fig. 9 ). 

"Arrive la seconde période de l’âge adulte ; je prends une 
feuille bien développée du bananier , el qui ait fonctionné 
pendant quelques mois. Alors, tous les granules verts ont 
à leur tour disparu; quelques-uns sont restés, mais ils 


(1) Mirbel, Mémoire sur le pollen des Cucurbitacées. — Observations 
sur le Marchantia, etc. 


(2) Decaisne, Recherches sur La garance, p. 10, 


( 186 ) | 

sont de nouveau décolorés, grisâtres, en général très- 
rares. Alors encore, la cavité de la cellule est occupée par 
uu grand nombre de cristaux appartenant au système pris- 
matique. La forme la plus ordinaire est le prisme hexaëdre 
tabuliforme. M. Unger a signalé dans la même plante, 
le rhomboïde, l’octaèdre et le parallélipipède; je n'ai pas 
trouvé les deux premières formes (1), mais j'y ai constaté 
l'existence d'un plus grand nombre de déformations du 
prisme hexaëdre, provenant de la jonction de plusieurs 
cristaux entre eux (fig. 10,4, Æ). J'y ai vu le parallélipi- 
pède (fig. 10, g), mais cette forme est rare, Les cristaux de 
l'actinenchyme ne se forment pas autour des grains de 
chlorophylle, et même ils ne se groupent pas entre eux en 
calculs muriformes. En cela ces cristallisalions confir- 
ment les objectious faites par M. Meyen dans son mémoire 
couronné à Harlem, contre quelques travaux antérieurs. 
En effet, les cristaux sont isolés, quoique fort nombreux 
dans une cellule. Dans le prismenchyme qui devient acti- 
nenchyme par l'allongement des bras, ces corps inerts 
abondent encore (fig. 10e); mais dans le prismenchyme 
non modifié, il n’y a plus qu’un ou deux cristaux dans les 
angles et enfin dans l’ovenchyme il n’y a plus de cristaux du 
tout (fig. 10, a, b). 

Il suit de là que dans l’actinenchyme la succession des 
matières contenues dans les cavités des cellules est la 
suivante : granules muqueux mobiles et fécule; chloro- 
phylle immobile ; globules inerts et cristaux. Ges matières 
se forment peu à peu, se remplacent les unes les autres, 


(1) Unger, Ueber Kristullhildungen in den l’flansenzsellen. Annales des 
Wiener Museums. 2 vol. 1!e partie, 


(187) 


de manière que le contenu des cellules varie suivant l’âge. 
La vie individuelle de la cellule , ses fonctions d’assimi- 
lation , les travaux chimiques qui se passent dans son sein 
saulent ici aux yeux. 

M. Turpin a signalé, comme on le sait, de singuliers or- 
ganes dans les Caladium, en ce qu'ils sont formés par 
une cellule fort grande, perforée à ses deux extrémités, 
et que son intérieur est rempli par des cristaux acicu- 
laires. Il a nommé ces organes des biforines (1), pour 
exprimer cette double solution de continuité. Dans le 
Caladium rugosum, cel observateur a trouvé des organes 
analogues, mais uniperforés , de sorte que pour rester 
fidèle à sa nomenclature, il aurait dû nommer cet organe 
uniforine. I a trouvé dans la même espèce , de ces cellules, 
closes de toute part, ovoïdes et renfermant une botte 
d’aiguilles cristallines. Des cellules semblables étaient 
connues depuis fort long-temps, et tous les traités de PhAy- 
totomie donnent leur histoire avec plus ou moins de 
détails. Ge sont des organes évidemment analogues aux 
biforines, et la seule distinction qui même existe entre 
celles-ci et ceux-là, c’est que les premiers sont imperforés. 

Van Leeuwenhoek , Rafn, Jurine, Link , Buchner, 
Rudolphi, Kieser, Decandolle fils, Raspail, Meyen, Tre- 
wiranus, etc., etc., ont tous observé et décrit ces cristaux 
aciculaires renfermés dans ces cellules ovoïdes, et qu’on 
avait nommés un instant raphides, les confondant avec 
des poils intérieurs. M. Meyen dans sa Phytotomie (1), 


(1) Turpin , sur les biforines. — Annales des sciences naturelles, 
nouv, série , tom. VE, p. 1. 
(2; Meyen, Phytlotomie, 1830, p. 172. 


( 188 ) 

établit la différence entre les cristaux courts et les ai- 
guilles en question , et reconnaît que ces dernières sont 
renfermées dans une longue cellule toujours distincte de 
ses voisines. Puisque les biforines sont des organes qui 
méritent bien certainement un nom particulier, à cause 
de leurs bouches éjaculatoires, ouvertures si rares dans 
l'organisation végétale, il me semble que les organes 
spéciaux, qui renferment ces cristaux aciculaires , mais 
dépourvus de bouches, doivent aussi jouir d’une déno- 
minalion particulière ; car on ne peut les confondre 
avec les cellules cristallifères ordinaires; leur forme; 
leur grandeur, leur position, leurs usages, leur génèse, 
comme je le démontrerai , sont toujours différens des ntri- 
cules qui servent de réservoirs aux cristaux non acicu- 
laires. Je propose donc de les nommer cLesTinEs, pour 
indiquer que la nature les tient fermés durant toule la 
vie du végétal, de manière que les aiguilles cristallines 
réunies en botte ne se rendent jamais dans les espaces 
intercellulaires (1). 

Je n’étudierai ici que les clestines du Musa paradi- 
siaca, qui sont extrêmement remarquables. 

Sur les très-jeunes cloisons des lacunes, quand leur 
tissu cellulaire est ovenchymateux, la formation des cris- 
taux aciculaires a lieu déja (fig. 8, e). Ge n’est donc nul- 
lement un signe de vieillesse que ces corps inorganiques. 
La clestine conserve la forme ovoïde pendant long-temps, 
et comme elle occupe la superficie de la cloison (fig. 8), 
elle reste simplement superposée au prismenchyme qui 
devient peu à peu de l’actinenchyme. Son adhérence avec 


(1) De zAcoc, qu'on tient fermé. 


( 189 ) 


les cellules dont elle reçoit le suc vital a donc lieu tan- 
tôt en un point , et alors elle reste ovoïde (fig. 13), tantôt 
en plusieurs points, et alors tout en grandissant beaucoup, 
de manière à devenir un long corps , trois, quatre et 
même cinq fois plus grand que les cellules actinenchy- 
mateuses, elle s'attache aux rayons de celles-ci par des 
jambes ou prolongemens particuliers (fig. 10, v, u—0,p; 
fig. 11,a,b,c,d,e, f,g,h) qui peuvent aller jusqu’au 
nombre de 8 ou 10. Quand une clesline a été formée 
aux limites du prismenchyme et à ses dépens, elle a la 
forme d'un cylindre à deux trompes ( fig. 10, n, 0,p, 
g, r). Les jambes sont rarement à ses extrémités. 
Quand une clestine s'ouvre, les cristaux aciculaires 
en sortent et leur botte se sépare par une divarication 
lente, mais progressive ; on voit alors que ces cristaux sont 
placés souvent en couronne ou en cylindre. J'observai 
derniérement avec une grande attention les biforines du 
Caladium lacerum ; je vis très-distinctement quelques 
minutes avant la projection des aiguilles, un liquide 
épais, comme muqueux, sorlir des bouches éjaculatoires 
de ces organes, et quand les aiguilles se jetaient au 
dehors, le liquide les suivait, comme s'il y avail eu une 
adhérence entre lui et elles. Ces observations me firent 
porter mon attention sur le contenu des clestines du ba- 
nanier. Aux deux bouts de la botte des cristaux, j'aper- 
çus des granulations (fig. 10, r, «) une matière nuageuse, 
comme un liquide plus dense que celui du reste de l'or- 
gane et plus dense que le fluide aqueux des cellules de 
+ l'aetinenchyme. Je colorai des clestines par la teinture 
diode; les bouts restèrent blancs ou faiblement colorés 
en jaune (fig. 12), mais les grauulalions se montrérent 
alors beaucoup mieux. J'ouvris des clestines au compres- 


( 190 ) 


sorium , le liquide en question en sortit, car, c’est évi- 
demment un liquide qui me semble muqueux. et tout au 
moins plus dense que le fluide ordinaire des cellules. 

On conçoit maintenant que l’endosmose s'établit faci- 
lement au profit des biforines et des clestines ; mais chez 
ces dernières, l'absence des trous empêche le vomisse- 
ment, comme la résistance des parois ne permet pas leur 
déchirement. 

Dans les Musa discolor, rosacea et coccinea , les cles- 
tines sont beaucoup plus petites que dans le Musa paradi- 


siaca, et y offrent bien plus rarement les pieds dont nous 
avons parlé. 


EXPLICATION LES FIGURES. 


Fig. 1. Coupe, grandeur naturelle, de la pousse centrale d’un Musa 
paradisiaca. LA 


Fig. à 2. Portion d’une jeune cloison encore féculifère. 
a. Mérenchyme, 
b. Globules muqueux mobiles. | 
c. Fécule, 
d. Cellule sans fécule. 
e, Zone de cellules tabuliformes (pinenchyme). 
f. Aires des canaux sécréteurs. 
g. Zone de cellules sans fécule autour des canaux aérifères, 
h. Parois cellulaires de ces canaux. 
z. Ce canal. 
k. Prismenchyme sans méats. Fr 
1. Prismenchyme avec méats latéraux. 
m. Prismenchyme avec méats tout à l’entour des cellules. 
n. Méats triangulaires. Fa 
0, 0. Premier rayons de l’actinenchyme naissant. L) 
+. p. Méats orbiculaires. 
9,g- Rayons de l’actinenchyme bien formé. 
r. Méat bien formé. 
#. Globules mobiles de Pactinenchyme 


Bulletins de l'Academre Tage 190, Tome VI. 


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MUSA PARADISIACA. Linn. 


(191) 
t. Fécule de lPactinenchyme. 
Fig. 3,4,5, 6 et 7. Grains de fécule 
Fig. 8. Jeune cloison encore ovenchymateuse. 
a, b, c. Les trois plans de cellules ovoïdes. 
”  d. Cellule déjetée. 
e. Clestine très-jeune. 
Fig. 9. Cellule étoilée adulte. 
a. Rayons. 
b. Place de jonction d’un rayon avec son analogue d’une au- 
tre cellule, 
c. Grains verts de chlorophylle. 
Fig. 10. Cloison vieille prise hors de la lacune aérifère d’un pétiole 
de Musa puradisiaca. 
a. Ovenchyme sans cristaux. 
b. Prismenchyme très-peu cristallifére, 
c. Cristaux occupant un des coins des cellules. 
d. Globules muqueux immobiles. 
e, Prismenchyme devenant de l’actinenchyme. 
f. Cristaux prismatiques, 
g. Cristal en parallélipipède rectangle. 
h. Bras ou rayons de l’actinenchyme, 
i. Cristaux déformés par leur jonction. 
k, k. Deux cristaux réunis. 
Z. Centre des cellules; cristaux vus à plat. 
m. Cristal rhomboïdal, vu de côté. 
0. Pied d’une clestine. 
p. Sommet arrondi de la clestine. 
g. Botte de cristaux aciculaires. 
r, 8 Fluide granulifère intérieur. 

Fig. 11. Clestine à un grand nombre de jambesa,b,c,d,e,f,gq,h, 
liés aux rayons des cellules stellées. 2, À, sommets arron- 
dis et libres de la clestine. 

Fig. 12,  Clestine colorée par l’iode. 

u. Sommets peu colorés (parois). 
b. Granulations du fluide intérieur. 
ce. Botte de cristaux. 

Fig. 18. Jeune clestine. 

a. Botte de cristaux. 
b. Paroi de l'organe. 


(192) 


HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA BELGIQUE. 


Notice sur Jean-François Foppens, par le baron De 
Reiffenberg, membre de l'académie. 


Les deux François Foppens, pére et aïeul de celui dont 
il est ici question , étaient des imprimeurs de Bruxelles, 
qui relevaient encore leur honorable profession par leurs 
connaissances. Versés dans le latin, l'espagnol et le fran- 
çais, ils publièrent un grand nombre d'ouvrages en ces 
trois langues, enrichissant quelquefois leurs éditions de 
leurs propres remarques. Pierre-Ignace Foppens, frère 
de l’auteur , et mort le 18 mars 1761 (1), marcha sur leurs 
traces. Il avait, comme son père, le S'-Esprit pour enseigne. 
Bruxelles alors s’efforcait, quoique de loin, de partager 
avec la Hollande le commerce de la librairie, essayant déjà 
quelque peu de celte contrefaçon qui excite tant de co- 
ère aux bords de la Seine, mais d’une contrefaçon in- 
telligente, qui ajoute un nouveau prix à l'œuvre qu’elle 
reproduit. Ces typographes , en réimprimant plusieurs ou- 
vrages curieux, où il y avait des choses hardies pour le 
temps, se mettaient à couvert sous le voile de l’anonyme. 
C'est ainsi que le supplément de Strada , donné en 1729, 
par Pierre Foppens, et Liré d'un vieux manuscrit apparte- 
nant au conseiller De W ynants, est annoncé commeimprimé 
à Amsterdam par Pierre Michiels, et que la Satire Méni- 
pée, de 1709 et de 1726, porte l'adresse de Mathias Kerner 
de Ratisbonne, quoique l’inspeclion des caractères rap- 
pelle le Commines de 1723, mis au jour par François 
Foppens, père de notre auteur, et que les planches de 
Harrewyn trahissent une origine bruxelloise. 


(1) Annonce mortuaire imprimée, 


(193) 


Le Duchat, cet érudit passionné pour la scolie, et qui, 
sans rien inventer, avait de l'originalité à force de connaî- 
tre des choses singulières, était comme les Godefroy(1), en 
correspondance avec les imprimeurs Foppens, et leur en- 
voyait ses notes sur le Catholicon, l'Histoire du baron de 
Féneste, le Journal de Henri III et d’autres livres sur les- 
quels il faisait des commentaires et de ces espèces d’appen- 
dices appelés par les doctes de la renaissance animadver- 
siones , adversaria, conjectanea , symmictæ, variæ lec- 
tiones , ou baptisés d’autres noms qui semblent burlesques 
à nos littérateurs musqués, bien qu’ils soient de beaucoup 
moins ridicules que les titres péniblement recherchés 
de nos tristes brochures. C’est Le Duchat qui, lorsque 
P. Foppens alla à Paris, le recommanda au P. Helyot et à 
l’incomparable M. De la Monnoye (2). 

Jean-François Foppens, naquit à Bruxelles le 17 no- 
vembre 1689. Sa mère élait Jeanne de Surmont, fille de 
Pierre de Surmont, et de Catherine Bosch, et nièce de 
Pierre de Surmont et dé Françoise Le Mire, parente de 
Jean Le Mire. évêque d'Anvers, veuve de Dominique deKer- 
pen, licencié en droit, avocat au conseil de Brabant, admis 
dans la famille patricienne ou lignage de T'Serhuygbs. 


(1) 11 y a des documens sur les Godefroy, gardes des archives de 
Flandre, dans la Votice de M. Le Glay, sur les archives du Département 
du Nord. Lille, Danel, 1835, in-&, pp. 10 —16 ; autre plus étendue, 
1839 , grand in-8, pp. 18-22. 

(2) Voy. des lettres de Le Duchat aux Foppens dans les 'iBlobide 
historiques de M. Le Glay, Lille, 1838, in-8, pp. 29, 31, 35, 37. Le 
Duchat , dans une lettre du 15 février 1716, à P. Yoÿpent: lui dit, à 
propos des mémoires de Commines : « Il n'appartient qu’à vous, Mon- 
» sieur, de déterrer et de publier de si bonnes pièces , et en si grand 
» nombre que nous en voyons sortir de dessous vos presses, » 


( 194 ) 
Son parrain fut le célèbre chancelier de Brabant, Jean- 
Baptiste Christyn, dont descendent les Ribaucourt d’à- 
présent. 

Outre Pierre-Ignace déja nommé, il eut encore un frère 
et deux sœurs, savoir Dominique-Xavier Foppens (1), li- 
cencié en droit, chanoine et doyen d’Anderlecht, décédé 
dans la nuit du 17 au 18 mars 1767, Jeanne-Thérèse, 
morte dans le célibat et Marie-Françoise, mariée à Jean 
de Hulstere, marchand de vin, d’une famille dont descen- 
dait un homme d'esprit et de talent, M. Pierre de Hulstere 
de Bruxelles, qui vient de terminer sa carrière (2). 

Il filses premières études chez les jésuites de Bruxelles, 
el fut envoyé en 1704 à l’université de Louvain, où il 
étudia deux ans la philosophie, au collège du Lys, appelé 
de Lille par M. Boissonade (3). Avant sa dix-septième année, 
c’est-à-dire en 1706, il fut promu le second parmi les 
maîtres-és-arts. Vers la fin de l’année 1713, il fut choisi 


(1) La Biog. Univ. XV, 234, nomme mal les frères de Foppens Fran- 
çois et Pierre. 

(2) I avait cultivé les lettres avec succès, particulièrement la poésie. 
Ses vers, la plupart vers de salon et de circonstance , étaient tournés 
avec facilité : les recueils de la société de littérature et le volume in- 
titulé Poésies de Pierre Brabancon sont là pour en faire foi. Depuis 
15 ans, M. De Hulstere était condamné à une immobilité complète, at- 
tendu que par un phénomène inexplicable en médecine, toutes ses arti- 
culations s’étaient ossifiées. Cependant, malgré cet affreux supplice, il 
avait conservé toute l’aménité de son caractère, toute la fraîcheur de 
son imagination, Il a succombé enfin le 10 janvier 1839, à sa longue 
agonie , malgré les soins de ses trois sœurs, exemple touchant d’un dé- 
çouement sans bornes. Il était âgé de 59 ans. Les armes de De Hulstere 
sont d’or, au chevron renversé de sable accompagné de trois feuilles 
de chéne de sinople, une et deux. 

(3\ Biog. Univ: 


D 


(195 ) 


pour enseigner la philosophie dans ce même collége, et 
atlira beaucoup d’auditeurs à ses leçons. 

Il s’appliqua alors à la théologie, y fut reçu licencié en 
1715 et se prépara sérieusement à embrasser l’état ecclé- 
siastique. Il avait fréquenté d’abord le colléce de Van 
Malderen , ensuite le séminaire de Liége. L'une et l’autre de 
ces maisons lui avaient procuré d’excellens directeurs : 
Augustin Hendrickx, archiprêtre du district de Louvain, 
el Jean-François Sloupi, nommé plus tard doyen de la 
collégiale de S'-Pierre. 

La guerre excitée par le jansénisme était alors des plus 
acharnées. Foppens, qui se piquait de la plus scrupuleuse 
orthodoxie , oblint un canonicat de l’église collégiale de 
S'-Martin, à Alost. Nommé le 22octobre 1721, chanoine 
de la seconde prébende de la cathédrale de Bruges, en 
remplacement d'Alexandre Van Volden, il fut depuis cette 
année même professeur de théologie au séminaire de cette 
ville jusqu'au 19 décembre 1729, qu’il devint chanoine 
gradué de l'église métropolitaine et primatiale de St-Rom- 
baut , à Malines, comme successeur de François Ricquaert 
de Bruxelles. En 1732 on le créa archiprêtre de la partie 
occidentale du district de Malines, et en 1737 péniten- 
cier ; enfin, le 4 août 1740, il reçut la dignité d’archi- 
diacre occupée en dernier lieu par J. Melchior, et la 
charge de censeur de livres. 

La douceur du caractère de Foppens, la pureté de sa doc- 
trine , l'étendue de son savoir, la vivacité de son esprit, 
lui gagnèrent les bonnes grâces du cardinal d'Alsace , ar- 
chevêque de Malines, qui aimait et cultivait les lettres, 
et se plaisait à augmenter chaque jour sa bibliothèque, 
léguée après sa mort, à l'archevêché. Malines, siége prin- 
cipal de l'église belgique et du premier corps judi- 


( 196 ) 

ciaire du pays , comptait à cette époque plusieurs hommes 
instruits. Foppens était particulièrement lié avec Jérôme 
Stevart de Bruxelles, mort doyen du chapitre de Malines, 
le 2 novembre 1750, et avec Corneille-Paul Hoynck Van 
Papendrecht, archiprêtre comme lui, au moment où il 
décéda, le 13 décembre 1753. Il ne pouvait éviter d’en- 
tretenir, dans la même ville, des relations avec De Bors 
d'Overen, qui méditait un ouvrage gigantesque sur la Toi- 
son-d'Or, ni avec les frères Azevedo, H.-M.-F.-J. de Vivario, 
les chanoines R.-N. Van den Eynde et Ch. Major, G.-J. De 
Servais, G.-G.-F. Verhoeven, surnommé le docte épicier , 
les comtes P.-A.-L. de Coloma et G. de Guypers, tous 
deux généalogistes, l’un descendant d’une ancienne fa- 
mille, sans conteste, l’autre possédé de la manie de se 
faire des aïeux , coûte que coûte, et tranchant du gentil- 
homme à toute outrance. Le F. Norbert de St.-Julienne, 
historiographe de l’ordre des Carmelites, était un de ses 
correspondans (1). 

La Belgique, sous le rapport littéraire, se trouvait dans 
un état de décadence. C’est là un fait dont on peut con- 
venir, sans mériter d’être accusé de calomnier son pays. 
Triste patriotisme en effet, que celui qui, pour louer ce 
qu'il aime , est réduit à altérer la vérité! 

Le savoir n’était pas rare en Belgique, mais la philoso- 
phie et le goût s’y découvraient avec peine, et l’imagina- 
tion n’y avait que faire. De longues guerres, une mau- 
vaise administration n'avaient pu remédier au mal. Il ne 
faut pas néanmoins s’en rapporter à ce que disent sur la 
condition intellectuelle des Belges, des écrivains enclins 


{1) Bibl, Hutih. VI, n, 476. 


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à la satire (1). Dans sa longue carrière, Foppens fut le 
contemporain d'un grand nombre de Belges qui tien- 
draient partout une place honorable, mais qui malheu- 
reusement agissaient sans ensemble, remuaient peu d'idées 


(1) L’auteur cynique d’un livre que nous n’osons nommer ici et qui 
parut en 1766, s’y exprime de la sorte : « Les Brabançons en général, ainsi 
que les Flamands, ieurs voisins , sont le peuple le plussot, le plus vain, 
le plus superstitieux de toute l’Europe. Pendant que l’on voit s’élever de 
temps en temps chez les autres nations, même en Espagne, quelque 
génie sublime, soit dans la littérature, les arts ou la philosophie, ces 
animaux belgiques croupissent encore dans une léthargie, dans une in- 
dolence qui fait honte à l’humanité. Les prétendus beaux esprits qui se 
trouvent parmi eux , ne sont que de pitoyables bavards que le plus petit 
philosophe crotté qui court les rues de Paris, mettrait & quia. Si le ha- 
sard vient à y produire quelque plante qui promette quelque bon 
fruit , la superstition l’étouffe aussitôt... » Et en parlant de l’université 
de Louvain : « Au lieu de donner à ses élèves des principes qui puissent 
élever leur esprit, au moins jusqu’au sens commun, elle n’est qu’un 
cloaque d’inepties et d’absurdités, un réceptacle de mille subtilités sco- 
lastiques et ridicules , où un jeune homme qui aurait les moindres dis- 
positions en y arrivant, se pervertit le jugement sansressource, » Il traite 
aussi mal Anvers. « Tout ce qui y respire ne mérite pas d’être vu ( faute 
fréquente aujourd’hui pour rien de ce qui y respire ne mérite... ); ce qui 
peut seul y intéresser un galant homme, ce sont les peintures exquises 
que l’on y voit des Rubens, des Van Dyck, des Jordaens, de ces pein- 
tres admirables qui, aprés avoir illustré leur siècle et leur patrie, ont 
fait place à un tas de misérables barbouilleurs , à des rapetasseurs de 
xieilles croûtes , à d’indignes charlatans qui trompent impunément le 
trop crédule étranger, en lui vendant de mauvaises copies ou quelque 
enseigne à bière, pour des tableaux originaux. » 

Le caustique Chévrier, disait en 1762 : « Bruxelles est une ville à qui 
tous les aventuriers donnent la préférence ; elle en fourmille dans tons 
les temps... Les lettres et les arts y sont en vénération, il n’y manque 
que des connaisseurs , des savans et des artistes. » Les amusemens des 
dames de B**, Rouen, 1762, in-12, p. 12. Le baron de Poellnitz, en 
1735, appelle les habitans de Louvain Zes moins civilisés des Pays-Bas. 


Tom. vi. é 14 


( 198 ) 
el vivaient en dehors de la société sur laquelle ils n'avaient 
pas d'influence. Outre ceux que j'ai déjà nommés, je ci- 
terai encore Corn. Van Gestel {mort le 19 janvier 1748), les 
bollandistes Du Solier, Cuper, Janning et Baert, le baron 
J. Le Roy ( m.1719),le P. Charles Delewarde (mm. 1724 ), 
le jurisconsulte Z.-B. Van Espen ( m. 1728 }), le poète la- 
tin Livin de Meyere (m. 1730), le comte G. De Wynants 
(m. 1732), le théologien P.-L. Danes (m. 1738 ) (1), 
J. Knippenberg ( m. 1742 ), Marc de Neny, pére du chef- 
président du conseil privé (m. 1745 ), le P. B. De Jonghe 
(m. 1749), P. Dolmans et le baron De Crassier ( m. 1751), 
Ch.-Fr. Gustis (mort 1752), J.-B.-L. de Castillion ( mort 
1753), le médecin Rega {mort 1754), etc. Lorsque 
Foppens termina sa carrière, Nelis, Paquot, Des Roches 
Le Plat et plusieurs autres commençaient déjà à se faire 
connaître, et le gouvernement de Marie-Thérèse, par de 
sages améliorations ou par des innovations prudemment 
calculées, s’apprétait à donner aux études une direction 
plus conforme à l'esprit du siècle. Dévoué comme il l'était 
a son pays, Foppens eût salué avec transport celte aurore 
d’un beau jour. Quant à la présence de J.-B. Rousseau et 
de Voltaire à Bruxelles, c’étaient des événemens qui 
n'avaient guère le pouvoir de le toucher : le théâtre, la 
poésie autre que celle enseignée par Smetius, ne le re- 
gardaient en aucune manière; il devait préférer de beau- 
coup le P. Nicéron à l’auteur de Zaire, le P. Becanus 
à celui de l'Ode au comte du Luc, et s'il accordait quel- 


(1) Paquot a inséré une excellente notice sur la vie et les écrits de 
Danes, en tête de la nouvelle édition de Generalis temporum ratio, 
Louv., 1773, in-80. 


( 199 ) 


que attention au mouvement littéraire de la France, pro- 
prement dit, ce n’était sans doute que lorsqu'il semblait 
mettre en péril les convictions religieuses. 

Il s'éteignit au milieu de ses livres, le 16 juillet 1761, 
à l’âge de soixante-douze ans (1). 

On l'inhuma dans la cathédrale, près de l’auteljde 13 
Vierge , devant l'entrée du chœur ; on lit encore au-dessous 
de la statue de saint Jérôme, placée du côté de la porte , à 
gauche, l'inscription suivante. 


S. Hreronymo 
EXxTREMI JUDICII PRÆCONI 
Pos. s0Es Franc, Forpens 

Brux. pgr. S. T.L. 
Eccz. METROP. CAN. GRAD. 
E POENITENTIARIO ARNCHIDIAC. - 
Ori Eccz. Carta. BruG. Can. 
Ur EJUS EXEMPLO TUBAM 
NovissiMAM MEMORANDO, 

IN DIE ILLA TREMENDA 
NisERICORDIAM CONSEQUATUX. 
Our 16 sur MDCCLXI, 
R. L P. 


Gilles-Joseph Smeyers, peintre de Malines, qui avait 
de l'instruction et du talent (2), fit le portrait de Foppens, 


(1) Paquot, Fasti acad. Louv. MSS., pp. 441 et 443. Bibl. Hulthem., 
VI, n° 805. 

(2) 11 mourut à Malines, le 11 avril 1771. Le prévôt Azevedo, dont il 
avait fait un beau portrait, était son protecteur et son ami; mais il 
ne put cependant l’empêcher d’entrer à l'hôpital en 1769. Là du moins 
il adoucit , autant qu’il était en son pouvoir , la position du malheureux 
artiste. Après son décès, il voulut célébrer lui-même son service 
funèbre. L'article de Marc Geeraerts inséré dans la Bibl. Lelgica, t. XI, 
p. 838 , avait été fourni à Foppens par Smeyers, suivant une note de 
G. D, De Azevedo, MS, Van Hulthem, 819. 


( 200 ) 
M. Van Hulthem, persuadé qu'il méritait d'être gravé, es- 
saya d’inutiles démarches pour le retrouver. 

Par son testament, notre auteur fonda un anniversaire 
dans la cathédrale, mais en interdisant toute sonnerie; 
il légua une partie de ses manuscrits à Guillaume Van 
Meldert de Malines, chanoine gradué dans l’un et l’autre 
droits, et à qui il était uni par une amitié intime. 

Le catalogue de sa bibliothèque parut à Malines en 
1761, en un vol. in-8°. Celui de son frère, Pierre Foppens, 
fut imprimé à Bruxelles en 1752, in-8. La bibliothèque 
royale en possède un exemplaire tiré in-4° (n° 22529). 
Jean-François Foppens avait choisi pour vignette de ses 
livres un ange soutenant un écu parti d’or au double aigle 
de sable coupé en pal, et de sable à trois faces ondées d’ar- 
gent accompagnées en chef d’une gerbe d’or et en pointe 
d’une hache de même posée en bande, avec la devise : Quod 
vis videri esto. 

La plupart des manuscrits de Foppens sont à la biblio- 
thèque royale et beaucoup proviennent du fonds Van Hul- 
them (1), ainsi que nous l’indiquerons tout à l'heure. 

Après avoir tracé rapidement la vie de Foppens, vie 
simple et unie comme ses mœurs, et avoir employé les 
renseignemens que j'ai trouvés dans le MS. de Van Hul- 
them n° 777, ainsi que ceux que M. De Ram m'a pro- 
curés avec cette générosité littéraire qui va si bien à l’opu- 
lence (2), il me reste à donner la liste des ouvrages de 
Foppens, laquelle ne se rencontre nulle part complète, pas 


(1) Voisin, liminaires du 6e vol. de la Bibl. Hulthemiana, p. vx, 1x. 
(2) Vita et elogium Joannis Baptistae-Francisci Foppens, in-fol., 
6 pp. Notes diverses. 


( 201 ) 


mème dans la Biographie universelle, où j'ai inséré un 
supplément à l’article de M. A. Beuchot (1). Gelte liste an- 
nonce du moins des travaux immenses. 


OUVRAGES IMPRIMÉS. 


1. Aistoria episcopatus antverpiensis, continens episcoporum se- 
riem et capitulorum, abbatiarum et monasteriorum fundationes, etc. 
Bruxellis, Franciscus Foppens, 1717, in-4°. 


Un exemplaire avec des corrections manuscrites de l’auteur est indi- 
qué dans le catalogue de Verdussen, p.229, n° 95. Il fut acheté 5 florins 
de change par le chanoine Bruyninckx. 


2. Historia episcopatus Sylvæducensis, continens episcoporum 
el vicariorum generalium seriem et capitulorum, abbatiarum et 
monasteriorum fundationes, etc. Ib., apud eundem, 1721, in-4°. 

Biblioth. hist. de la France, 1, 9064. 


On a une traduction flamande de ce livre. 


5. Auberti Miræi opera diplomatica et historica , ediho secunda 
auctior et correctior. Tom. I et II, Lovanii, Ægid. Denique, et 
Bruxellis, Franciscus Foppens, 1725 ; tom. III, Petrus Foppens, 
1754; tom. IV apud eundem, 1748. 


- Bibl. hist. de la France, 1, 5088, III, 39319. 


Les exemplaires où les pages 279-280 et 459-460 se trouvent avec les 
cartons qui les ont remplacés , sont très-recherchés. Ermens , catalogue , 
no: 3811, 3812. 

Le premier volume est dédié à François-Philippe, prince de Rubempré 
et d'Everbergh, par une longue pièce latine, en hexamètres, signée 
de François Foppens, imprimeur à Bruxelles et de Gilles Denique, impri- 
meur de l’université de Louvain, qui s’étaient associés pour l’impression. 

Quand Foppens commença cette publication, il était professeur à 
Louvain, au collége du Lys. 11 la termina à Bruges, encouragé par 
l’évêque Joseph Van Susteren, qui lui ouvrit ses archives avec empres- 


———————_—_——  ——— ————————— .———— ——————  — ————— <<< 


(1) XV, 232-34. LXIV, 255-256. 


( 202 ) 

sement, Il déclare encore avoir reçu des secours considérables du car- 
dinal de Malines et de Joseph Godefroy, archiviste de la chambre des 
comptes à Lille, ainsi que de Théodore Godefroy, son fils et son suc- 
cesseur (1). Deux lettres de J.-F. Foppens à J. Godefroy, écrites en 1740 
et 1741 et publiées par M. Le Glay, dans ses Analectes (2), contiennent 
des détails sur ce point. Foppens ajoute (3) qu’un article des Actu eru- 
ditorum de Leipzig, de l’an 1742, ne l’avait pas médiocrement soutenw 
dans son entreprise. 

En réunissant les quatre recueils diplomatiques de Miræus , il s'était 
sérvi des corrections nombreuses que ce savant éditeur avait faites sur 
les exemplaires à son usage. Malheureusement il ne put conférer le texte 
imprimé avec les originaux, ni faire disparaître ainsi les altérations pré- 
méditées, les passages mal lus et les lacunes qu’on doit moins imputer 
à Miræus qu'aux copies qu’on lui avait communiquées , et qu’il n’avait 
obtenues souvent qu'avec une peine extrême; les notes ne sont pas. 
non plus toujours exemptes de fautes. 

Le second volume contient environ 500 diplômes inconnus à Miræus. 

Le troisième et le quatrième volume sont dédiés au cardinal d'Alsace 
de Boussu et portent l’approbation d’Hoynck Van Papendrecht, le sa- 
vant éditeur des Analecta Belgica, digne en tous points d’être le censeur 
de Foppens. Ces volumes forment un supplément dont il est étonnant 
que ne parle point M. Drouet, qui, en 1772, a mis au jour une nouvelle 
édition de la méthode de Lenglet Du Fresnoy pour étudier l’histoire. 

À la fin du troisième volume est une table pour ce tome et les deux 
précédens; le quatrième en a une particulière. 

Dans sa Bull. Belq., à l’article de Miræus, Foppens dit qu’il lui reste 
encore un quatrième volume à donner. Il avait extrait plusieurs pièces 
d’un recueil MS., gardé encore actuellement à l’archevéché de Malines 
et intitulé : Amati Coriache, archid. et vic. gen. Mechl. miscellanea, 
seu collectio monumentorum. 15 vol. in-fol. (4). 


4. Oratio panegyrica in honorem S. Caroli Borromæi, exhibens 
operarèum veangelicum, habita in die octava ejus in ecclesia cathe- 
drali S. Donatiani Brugis , die 11 novemb. 1726, in-fol. 


(1) Préface du 3e vol. 

(2) Pp. 77, 79. 

(3) Préface du 4e vol. 

(4) Compte rendu des scances de la comm. roy. d'hist., 1, 177, 


( 203 ) 


5. Oratio panegyrica exhibens S. Lucam evangelistam , medicum 
corporum et animarum , dicta Bruxellis in ecclesia parochiali S. Ni- 
colai , 18 octobris 1750, in-fol. 

6. Oratio panegyrica exhibens S. Carolum Borromœum velut 
alterum Judam Machabœum, habita Bruxellis, die 4 novembris 
1729 , in SS. Michaelis et Gudilæ, ac rursum in octava sive 11 
sequente in cathedrali ecclesia S. Donatiani Brugis, in-fol. 

7. Compendium chronologicum episcoporum Brugensium, nec 
non praepositorum , decanorum el canonicorum , etc., ecclesiae cathe- 
dralis S. Donatiant Brugensis. Brugis, Jac. Beernaert, 1751, 
in-8° ou in-12, 272 pp. 


Foppens et Arents, chanoines de la cathédrale de Bruges firent ce 
livre en société. Arents fut depuis archidiacre de Bruges. Ermens, 
Bibliogr. histor. des Pays-Bas, MS. de la bibl, roy., Fonds Van Hulthem, 
no 898, t. II, p. 412. 


8. Bibliotheca Belgica, sive virorum in Belgio vitu scriptisque 
illustrium catalogus librorumque nomenclatura, continens scrip- 
tores a clariss. viris Valerio Andrea, Aub. Miraeo, Franc. Sweertio 
aliisque recensitos usque ad annum 1680. Bruxellis, Petr. Fop- 
pens , 1759, 2 vol. in-4°, figg. 

Bibl. hist. de la France, IV, 45694. 

Cet ouvrage est celui qui fait le plus d'honneur à Foppens et qui l’a 
rendu cher aux gens de lettres. Il est aussi dédié au cardinal d’Alsace. 
Dans la dédicace, l’auteur déclare qu’il doit à ce prince dé l'Église 
plusieurs renseignemens écrits de sa main, et qu’il a puisé avec fruit 
dans la bibliothèque archiépiscopale, commencée par l’archevèque 
Jacques Boonen et augmentée de plus du double par Philippe d’Alsace. 
Il transcrit même une partie de l’acte en vertu duquel ce dernier avait 
attaché cette bibliothèque au siége de ses successeurs et au chapitre 
métropolitain. 

Dans la préface, il remarque que Valère André n’avait traité que d’en- 
viron 2350 auteurs et que lui en a ajouté près de 560. 

Cependant il s’en faut que lui-même soit complet. 

Ermens a calculé que Foppens a parlé de 1954 écrivains qu’on ne 
trouve pas dans les mémoires de Paquot, et que ce dernier donne les 
articles de 1438 omis par Foppens (1). 


(1) Catal, n° 3683, 3684. 


( 204 ) 


Le Dictionnaire historique de Prosper Marchand (1) contient urr ar- 
ticle critique sur l’ouvrage de Foppens. Malgré le mérite incontestable 
de ce bibliographe on peut faire sur lui les observations suivantes : 

1° 1l est loin d’avoir comblé les lacunes.laissées par ses devanciers, 
et depuis qu’il a écrit on a accumulé d’ailleurs une quantité considé- 
rable de matériaux qui pourraient servir aujourd’hui à le compléter 
en le rectifiant. 

2° Il a fait au travail de Valère André des corrections dont quelques- 
unes métaient rien moins que motivées, des suppressions, telle que 
celle de la Topographia belgica , et des mutilitations qui obligent d’avoir 
et de consulter les éditions de 1623 et 1643. 

30 Il y a entre celles-ci et celle de 1739 des variantes qui valent l& 
peine d’être vérifiées, par exemple la date de la mort d'Abraham 
Gorlaeus, est marquée de ces trois manières différentes :. 

Valère André, 1623 ; 1610. 

Le même, 1643; 15 avril 1609. 

Foppens , 1739 ; 15 avril 1569. 

Il serait facile de multiplier de semblables citations. 

4° Foppens montre en général moins d’impartialité que Valère André: 

5° Ses éloges, comme ceux de ce dernier, sont trop vagues ct distri- 
bués souvent sans mesure, 

6° Les détails biographiques ne sont pas assez nourris. 

7° La partie bibliographique laisse beaucoup à désirer. 

En effet, les notices devraient contenir la liste exacte des ouvrages de: 
chaque écrivain, de leurs différentes éditions et traductions. Il faudrait 
en outre que les titres, formats, nombres de volumes fussent marqués 
avec exactitude et qu’on ne se contentät pas, comme le fait Foppens, 
de traduire ou d’abréger en latin les titres en langues modernes. 

8 Pour joindre à la Zrbliothèque belgique V'utilité de l'Onomasticon 
de Sax, il serait bon d'ajouter, à la fn de chaque notice, l’indi- 
cation des sources auxquelles on peut recourir pour connaître plus 
amplement celui dont on crayonne la vie, 

90 Enfin l’iconographie se compléterait également autant que possible. 

M. Beuchot assure que Foppens n'avait pas promis, comme le dit 
3.-F. Jugler sur Struvius (Z201. hist. literaria, p. 1236), de donner ur 
troisième volume comprenant les auteurs belges depuis 1680, qu'ik 
avait dit seulement qu'il remettait la suite de sa Pibliotheca belqicæ 


(4) P. 101-109, note C. Cf, D. Clément, Bibl. curieuse , IL, 491 (85). 


( 205 ) 

à d’autres temps, on même dans d’autres mains (posteriores aut con- 
temporaneos aliis curis, seu meis , sive potius virorum eruditorum 
relinquens ). Foppens s’est effectivement exprimé ainsi dans son aver- 
tissement au lecteur bénévole ; mais dans la dédicace, il parle expres- 
sément d’un troisième volume : xecdum attentis dis, qui ultimis nostris 
temporibus vixerunt aut scripsorunt : quorum proinde ain tomo III 
habenda est oratio. Sequetur is, Deo vitam, vires et temporis otium 
donante. Cela suffit pour légitimer l’assertion de Jugler. D'ailleurs dans 
le catalogue de la bibliothèque de Pierre Foppens, frère de notre 
auteur, on lit, pag. 389 : Omnes qui opus hoc norunt, tomum tertium 
ÿmpatienter expectant. 

. Foppens ne fut pas exaucé dans son vœu. Cependant il conserva 
un exemplaire de la Zibliotheca belgica , intercalé de papier blanc, 
sur lequel il fit des corrections et des additions jusqu’à sa mort. Il 
avait ébauché aussi, sur des feuilles séparées, un supplément dont 
nous parlerons tout à l’heure, et qu’il laissa à Jacques Goyers, lec- 
teur en théologie au séminaire de Malines, depuis curé de Haeren et 
d'Hulmelshem, enfin chanoine d’Anderlecht. Outre l’exemplaire de 
la Bibliotheca belgica dont je viens de parler, et où Goyers a inscrit 
quelques notes, il y en a un second, pareillement en 4 volumes, avec 
des notes de Foppens, de M. Van Hulthem et beaucoup de Goyers. 
Ces dernières, dit M. Van Hulthem (Zibliogr. hist. d'Ermens, MS., II, 
474), sont un véritable fatras, qu’il est cependant bon de conserver 
ét de consulter dans le besoin. Ces trois ouvrages sont à la bibliothèque 
royale, fonds Van Hulthem, nos 820, 821, 823 des MSS. La même bi- 
bliothèque contient, sous le n° 819 de la section des MSS., un exem- 
plaire de la Libliotheca belgica , partagé en 4 volumes, interfoliés de 
papier bianc , enrichis de notes manuscrites et de portraits et d’épi- 
taphes gravés, qui manquent dans les autres exemplaires. 

L'auteur de ces notes, peu intéressantes au fond, auxquelles M. Van 
Hulthem en a ajouté beaucoup d’autres plus substantielles, est Gérard- 
Dominique de Azevedo Coutinho y Bernall, né à Malines le 4 août 1712, 
prêtre , prévôt et chanoine de l’église collégiale de N, D. au delà de la 
Byle, à Malines, mort dans la même ville, le 22 février 1782 , et frère 
de J.-F.-A.-F. de Azevedo, le généalogiste, confondu avec lui dans le 


supplément à la Biographie universelle (1). 


(1) Foy. notre Bibl. historique el les notes sur l'introduction au 1er volume de 


Philippe Mouskes, pag. cecLxx1v, 


( 206 ) 

L’exemplaire de la bibliothèque de Louvain offre pareillement quelques 
annotations manuscrites. La bibliothèque du Roi, à Paris, en possède 
un exemplaire en 11 volumes, avec des notes de Henri Vanden Block, 
chapelain de Ste-Gudule, à Bruxelles, dont les livres furent vendus 
en 1807. M. Beuchot aflirme qu’elles sont de peu d’importance , mais 
rien n’est indifférent en bibliographie, et M. Beuchot le sait mieux 
que personne, 

Un exemplaire, relié en 12 volumes, avec des notes et additions 
manuscrites de J.-B. Verdussen , est marqué sur son catalogue, pag. 350, 
n° 110; son cousin, Jérôme Verdussen, en fit l’acquisition au prix de 
31 florins de change de Brabant, pour feu M. Van Wyn, alors conseil- 
ler-pensionnaire de la Briele, en dernier lieu archiviste des Pays-Bas, 
lequel y ajouta quantité de notes de sa main. 


9. Oratio funebris in exequiis augustiss. imp. Caroli VI, habita 
Mechliniæ , die 24 januarii 1741. In-4%, 16 pp. 

10. Basilica Bruxellensis, sive monumentu antiqua, inscriptio- 
nes et cœnotaphia insiguis ecclesiæ collegiatæ SS. Michaelis et Gu- 
dilæ, editio auctior et emendativr. Mechliniæ , Laur. Vander Elst, 
1745 , in-8°, 2 parties. 


La première édition fut publiée en 1677 à Bruxelles, sous le nom 
d'Amsterdam, par le chancelier Christyn, dont Foppens donne la no- 
tice en tète de la seconde partie qu’il a ajoutée au recueil de cet 
illustre magistrat, et qu’il a enrichie d’un traité fort rare de Théodore 
Locrius à Stratis, sur les miracles du saint Sacrement. 


11. Luctus ecclesiae Mechliniensis a die 5 jan. 1759, quo obiit 
emin. ac rev. DD. Th. Philippus S. R. E. cardinalis de Alsatia. 
Bruxellis, Petr. Foppens, 1759, in-fol., 15 pp. 

12. Jubilaeum quinti saeculi canonicorum Zellariensium (car- 
mine heroïco , Brux. apud eundem), 1760 , in-4°. 

15. Chronologia sacra episcoporum Belqii, seu series eorumdem 
præsulum nuper ab illustriss. D. J.-B.-L. de Castillon, Brugensi 
episcopo, usque ad annum 1719 edita ; nunc ud tempus praesens 
continuata. Bruxellis, Ant. D'Ours, 1761 (opus posthumum), 
in-8° ou in-12. 

En vers hexamètres. 

Le P. Holvoet, docteur en théologie, suppléa à ce qui manquait à 
«e travail, par suite de la maladie et de la mort de l’auteur. 


( 207 ) 
14. Carmina varia , variis annis edita. 


Foppens n’était pas grand poète, toutefois il a fait beaucoup de 
vers. M. Beuchot cite : Applausus ecclesiae Mechliniensis D. archi- 
episcopo suo D. Thomae Philippo de Alsatia. In-fol. 


15. Butavia sacra. 


Sax attribue à Foppens cet ouvrage, qui est de H.-F. Van Heussen, 
et la note qu’il insère dans ses Analectes ne rectifie point cette faute, 
car elle ferait croire que Van Heussen publia, la même année que 
Foppens, un livre sous le même titre (1). 


MA NUSCRITS. 


1. De diminutione dierum festorum et bullue quaedam desuper. 


In-fol. 

2. Belgica christiana, in qua omnium Belqü episcoporum vitae 
ad haec usque tempora, accurate describuntur , eorumque effigies et 
insignia gentilitia exhibentur ; junctae sunt delineationes praecipua- 
rum Belqii ecclesiarum et urbium , tabulae quoque geographicae 
singularum Belqii dioecesium. 


Ce curieux ouvrage, orné d’un grand nombre de portraits, gravés par 
Pontius, De Jode, Hollaer, Neeffs, Pilsen, etc., est marqué dans le 
catalogue de Van Meldert, légataire d’une partie des manuscrits de 
Foppens , Malines, 1780, p. 116, n° 1371. Il est conservé maintenant à 
la bibliothèque de l’archevêché (2). La Pelgica christiana MS. que 
possède M. le baron De Stassart , gouverneur du Brabant, et qui pro- 
vient de M, J.-J.-A. De Stassart de Noirmont, n’est pas de ce dernier : 
e’est tout simplement une transcription de l’ouvrage de Foppens (3). 


35. Mechlinia christo nascens et crescens. 


Marqué in-fol. cat. de Major, 1767, p. 489, no 6816. Il fut vendu 10: 
florins de change. Voy. Bibl. Hulthemiana, V1, n° 736, Ce dernier 
exemplaire va de l’an 670 à 1561; on lit au bas du folio 284 : finis 


(1) Onomasticon, VI, 247, 673. 

- 
(2) Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, À, 178: 
(3) Biograph. univ, , XLVWE, 479. 


( 208 ) 


tomi primi. Item en 3 vol. in-4o, catal. de Van Meldert, Malines, 1780, 
p. 126, n° 1494. Ce manuscrit autographe a été vendu chez M. Ant. 
Nuewens, à Bruxelles, en avril 1811. Le 8 février 1817, l'abbé Brasseur 
l’acheta 80 francs pour la bibliothèque de Bourgogne, où il est en- 
core (1). Il y en a une copie à la bibliothèque de l’archevèché de 
Malines (2) , faite et augmentée par De Servais, en 8 vol. in-fol. On sait 
que J.-C. Dierexsens a publié sur Anvers un ouvrage avec le même titre. 


4. Doctores theologiae ac professores qui supremum hunc titulum 
adepti sunt Lovanii. In-fol. 


Catat. de M. De Swerte, Brux. 1787, p. 5, no 54 ; vendu 7 florins à 
G.-J. De Servais, chez qui M. Van Hulthem l’acheta, en 1808. Cut. VI, 
n° 806. Le dernier propriétaire y a fait des additions jusqu’en 1812. 
Ce précieux volume, écrit entièrement de la main de Foppens, est orné 
d’armoiries enluminées. Première partie 67 feuillets, seconde 40. 


5. Promotiones in artibus ab erectione universitatis Lovan. usque 
ad annum 1766, ex libris originalibus facultatis artium collectæ. 


Catal. de M. De Swerte, p. 5, n° 55; vendu 7 flor. à G.-J, De Servais 
qui le continua. M. Van Hulthem, en devint possesseur et y fit, de son 
côté, des additions (3). 

Ce volume, qui a été un peu endommagé par un biscaïen, lors de la 
canonnade du parc, en 1830, est accompagné de beaucoup de pièces 
intéressantes pour l’histoire de l’université de Louvain. 


G. Institutio archiepiscopatus el archiepiscopi Mechliniensis et 
alia. In-fol. Voir n° 46. 


Catat. de M. De Swerte, p. 6, no 66. C’est probablement l’ouvrage in- 
titulé dans le MS. de M. De Ram: Zrectio archiepiscopatus Mechlinien- 
sis ac vitae archiepiscoporum Mechliniensium , in-folio. 


7. Bibliothèque historique des Pays-Bas, contenant le catalogue 
de presque tous les ouvrages, tant imprimés que manuscrits, qui trai- 
tent de l’hisloire, principalement des XVIT provinces, avec des 
notes. In-fol. 


_ 


(1) Introduction à Vander Vynckt, pag. xvI. 
(2) Compte rendu des séances de La Commission royale d'histoire; X, 178, 
(3) Bibl, Hulihemiana, VI. n° 807 


( 209 ) 

Catat. de Cobenzl, Brux, 1771, p. 265. Il fut acheté chez ce ministre 
au prix de 31 fl. de ch. pour la bibliothèque de Bourgogne, où il est avec 
une copie. Ermens, qui rédigea le catalogue du comte de Cobenzl, et qui 
avait eu, par conséquent, le loisir d'examiner ce manuscrit, en porte un 
jugement assez peu favorable, et en effet, ce travail surtout aujourd’hui 
est d’une insuffisance absolue. dl. Van Hulthem s’en était fait faire par 
le sieur Temmermans une copie à son usage, Catal., VI, n° 893. Une 
autre, provenant de M. Van Heurck, est chez M. Théodore De Jonghe, 
à Bruxelles. 


8. Supplementum bibliothecae Belgicae J.-F. Foppens , 5 vol., 
in-4° en feuilles (Foy. imprimés , n° 8). 


NS. autographe avec de nombreuses additions du chanoine Goyers et 
de M. Van Hulthem. Bibl. Hulth., VI, no 822. 

J'ai déjà dit que Foppens avait , avant de mourir, confié tous ses maté- 
riaux pour un supplément à la bibliothèque Belgique, à J. Goyers (1), 
qui se proposait de les publier après les avoir revus et complétés ; 
mais il n’exécuta point son dessein , et laissa en mourant ses notes au 
P. Jacob, ex-capucin, natif de Lummen, et nommé dans son ordre 
Pater Gisbertus Lummius (2), auquel M. Van Hulthem les acheta pres- 
que toutes en 1811. Plusieurs parvinrent entre les mains de M. De Ram 
qui les prêta à l’auteur des Lectures, ouvrage qui serait plus utile et 
plus vrai, si l’auteur, en citant ses sources et en soignant son style, 
n’avait souvent forcé le passé à devenir complice de ressentimens et de 
petites colères auxquels rien souvent ne peut servir d’excuse. 


9. Correspondentie-brief van den zeer geleerden heer Herman 
Schomaker, secretaris der stad Zutphen (1764). In-4°, 12 pp. 


(1) Biogr. Univ., LXV, 570—71. Dans cet article on a imprimé Krippenberg 
pour Knippenberg et Gæthols pour Goethals. Ajouter aux écrits de Goyers que j'ai 
indiqués dans la Biogr. Univ. : Quæstiunculæ duæ. Prima, an dum passio Domi- 
nica in Dominica, in palmis et in duobus aliis diebus solemniter, in missa can- 
tatur, luminaria omnia in altari extingui possint ? Secunda, an canonicorum 
capitulum statuere possit, quod illi, qui certis diebus officio matutino et laudi- 
bus ad finem usque interfuerint, et tum missam celebrabunt, plumbetis gaudere- 
possint, licet aliquantisper serius (wat te lact) ad primam venerint. Brux. 1791, 
in-12, 16 pp. 

2) La donation fut faite par testament passé le 8 août 1807. Par ces dispositions 
dernières, Goyers avait légué sa vaste bibliothèque au séminaire de Bois-le-Duc, 
situé à Halder, 


( 210 ) 
Bibl. Hulthem. , VI, no 823. 
Relatif au suppl, que devait publier Goyers. 


10. Annotata et literae RR. dominorum J.-F. Foppens et Jac. 
Goyers. In-4°. 


Bibl, Hulthem, VI, n° 824, 
Concernant la Did]. Belgica. 


11. Paquet de lettres adressées au chanoine Goyers par divers 
savans et autres personnes , pour lui donner des renseignemens rela- 
tifs à la Bisurorueca Beccica. 


Bibl. Hulihem., VX, n° 825. 
19. Paquet de lettres et d’autres documens sur le même sujet, 


Bibl. Hulthem., NI, nc 826. 
On y trouve, entre autres, la préface manuscrite du supplément à la 
Billiotheca Belgica de Foppens. 


15. Farde de notes du chanoine Goyers dont la plupart ont rap- 


port au même travail. 
Bibl. Hulthem., VX , no 827. . 
14. Chronycke van Mechelen door den heere Foppens. In-4°. 
Catal. de Van Meldert, p. 129, no 1525. 


15. Analecta historica de vita et gestis Anton Perrenot de 
Granvelle, primi Mechl. archiepiscopi, per eundem. In-4°. 


Catal. de Van Meldert, p. 132, n° 1557. Bibl. Hulth., VL , nv 363, à la 
suite de lettres du cardinal à Max. de Morillon et à d’autres. 


16. Mémoires pour servir à l'histoire du conseil prive. 
P 


Catal. de Van Meldert, p. 132, n° 1559, Je possède une histoire du 
conseil privé en deux gros volumes in-fol. MSS. ornés d’armoiries, par 
M, Charlier, qui a profité des recherches de Foppens. 


17. Analecta de Thomu Van Thielt, pseudo-abbate S. Bernardi 
ad Scaldim. In-4. 


Catat. de Van Meldert, p. 132, n° 1561. Voy. le Synopsis de Van- 
develde. 


( 211 ) 

18. Vecrologium Belgicum virorum Romano-Catholicorum ; Prae- 
sertim ex academia Lovaniensi, qui infulis (Ermens a écrit insulis), 
* doctrina , pietate, dignitate, libris editis, ac Praecipue sinqulari 
erga sanctam sedem observantia claruerunt ab anno 1640 (1630), 
usque ad annum 1759. Oppositum necrologio nuperis annis apud 
Batavos edito, una cum triplici indice alphabetico, chronologico et 
onomastico ad supplementum Bibliothecae scriptorum Belgicorum 
prodromus. 


Catal. de Van Meldert, p. 132, n° 1562. M. Van Hulthem l’acheta à la 
vente de M. De Servais, à Malines, comme il le dit lui-même ( Bibl. hist. 
d’Ermens, Il, 475) et non à celle de Nuewens, Bibl. Hulth., VI, no 472, 
Ce MS. contient 293 pp. non compris les additions de Goyers. 

Autre copie : cum additamentis, H. D. V. N.,in-80. Bibl. Hulth., VI, 
473. Cet exemplaire, auquel M. Van Hulthem a fait quelques additiohs, 
va jusqu’en 1763. 


L'ouvrage avait déjà été mis sous presse et les huit premières pages 
en sont imprimées. 


19. Decani ecclesiae collegiatae sanctae Monequndis Chimucensis 
in Hannonia. In-fol. 


Premier catal. de M. de Santander, Brux. 1767, p. 23, no 247. 
20. Instructio decanorum christianitatis divecesis Brugensis. In-4. 
Tbid., p. 56, n° 650. 

21. Ecclesia collegiata S. Petri in Anderlecht. In-4°. 

Ibid. p. 56, n° 650. 


22. Canonicorum Leodiensium series ab anno 1502, ad an. 1747. 


In-8°. 
Ibid., p.140, n° 1738. 


25. Libellus vere famosus de admirandis Belgii turribus, earum- 
que incendiis. In-4°. 
De la main de Foppens, avec des pièces imprimées et des estampes 


devenues très-rares. Bibl. Hulth., VE, no 211. 


24. Jo.-Fr. Foppens, Br. opera poetica tam manuscripla quam 
impressa. In-fol. 


(212) 
Collection unique, provenant de la bibl. de Nuewens. La plupart des 
pièces sont écrites de la propre main de Foppens. Zéblioth. Hulth., 
VI, 214. Voy. n° 14 des imprimés. 


25. Pièces manuscrites et imprimées , touchant le séjour des Fran- 
çais en Belgique de 1745 à 1748, recueillies par J.-F. Foppens. In-4° 
(voy - n° 50). 

À la vente de feu M. Dotrenge, en mars 1838, j'ai acheté pour la bibl. 
royale, un recueil analogue, in-fol. 


À 
. 
. 
26. Histoire ecclésiastique des Pays-Bas, par J.-F. Foppens, 
servant de second volume à la même histoire par G. Gazet. 2 tom. 


en 1 vol., in-fol., pp. 525 et 520. 


M. Van Hulthem, dans une note MS., dit que le style de cet ouvrage, 
qui jette un grand jour sur l’histoire ecclésiastique, est clair, concis et 
se fait lire avec plaisir, bien qu’incorrect. Cette compilation commence 
en 768 et finit en 1759, Il y a une lacune entre les années 1536 et 1569. 
C’est le n° 28 du Cutal. des MSS. de Nuewens. Brbl. Hulth., VX, no 467. 
L’original est pareillement à la bibl. royale. 


27. Notice des archevéques et évêques des Pays-Bas, après leurs 
créations l’an 1559, avec leurs armoiries et inscriptions sépulcrales ; 
recueillies par J.-F. Foppens, avec quelques annotations de Jean 
Bapt. Verdussen et des portraits. In-fol. de 256 pp., 22 portraits 
gravés et environ 185 arm. dont 171 enluminées. 

Le MS, autographe fut acheté par M. Van Hulthem chez Ant. Nuewens, 
en 1811. Bibl. Hulth., VI, no 485. 

28. Paquet de documens et notes historiques et autres , de la main 
de J.-F. Foppens et du chanoine Goyers. In-4°. 

Relatifs surtout à l’hist. ecclés. des Pays-Bas, Bibl. Hulth., NI, 
n° 558. Û 

29. Chronique abrégée de la ville de Brusselles, de 647 à 1760. 
In-fol. 

Le MS. autogr. est à la bibl. royale ainsi qu’une copie provenant de 
M. Van Hulthem, Catal. VI, n° 699. L'abbé Mann, dans le premier vol. 


de son histoire de Bruxelles , n’a guère fait que transcrire ce MS, (/’oy. 
l’introd, de mon édition de Vander Vynckt , p. xvi). 


(213) 
50. Annales des choses mémorables advenuwes en la ville de 


Bruxelles et dans ses environs, depuis 657 jusque 1756, par 


J.-F. Foppens. Gr. in-4°. 


MS. qui paraît autographe , avec des additions d’une main plus ré- 
cente : le vol. s’arrète à l’année 1588. Bibl. Hulth., VE , no 700. 


51. Chronique de Bruxelles , de 974 à 1775. In-fol. 


Ce MS. de 254 feuillets paraît avoir appartenu à Foppens; on y voit 
plusieurs pièces écrites de sa main, mais on a dü y faire des additions 
depuis lui: il fut acheté par M, Van Hulthem, à la vente de Nuewens. 

Ce ne sont que des extraits, pièces et matériaux pour servir à l’his- 
toire de la capitale du Brabant, et qui seraient fort utiles à ceux qui vou- 
draient concourir pour le prix fondé par le prince de Ligne. 


52. Clari Mechlinienses. In-fol. 


Notices biographiques de diverses mains, de Foppens, Van Gestel et 
autres. Brbl. Hulth., VI, no 838. 


35. Dissertatio de Bibliomania Belgica hodierna, quae specialiter 
de libris agitur quos, anno 1755, placuit phϾnices librorum appel- 
lare. In-8°. 


Dirigé contre Ch. Major. Bibl. Hulth., VI, n° 884, 


34. Historia et series doctorum Academiae Duacensis ab anno 1562 
ad ann.1750 ; auct. J.-F. Foppens. In-4°. 


NS. autogr. provenant du chanoine Goyers. Bibl. Hulth., VI, no 818. 
Entre autres choses intéressantes, on y lit une histoire du CoZlége An- 
gluis, à Douai. 


55. Histoire du conseil de Flandre, depuis son érection en 1585, 
- jusqu’à l'an 1758. 


Le MS. autogr. de 274 pp. in-fol., sans la table, est à la bibl. royale. 
Voy. V'introd. à mon édit. de Vander Vynckt, p. xvi. 


36. Epitaphia Brugensia quae extant in diversis ecclesiis; nec 
non Ostendana, Dixmudana , et in ecclesiu purochiali de Poucques. 
Collegit J.-F. Foppens. 


Ce MS, in-fol. de 238 pp. sans la table, est à la bibl. royale. Voy, l’in- 
troduction à mon édition de Vander Vynckt, p. xviij. 


, Tou. vr. 15 


(214) 

571. Collectanea sacra Brugensia et Ostendana. Yn-fol. 
Mème dépôt. 

58. Collectanea sacra Namurcensia. In-fol. J 
Même dépôt. 

59. Fasti seu natales sanctorum Belqi a Jo. Molano, Aub. 


Miræo, Arn. Raissio, Aut. Sandero, Barth. Fisenio, aliis hagio- 
graphis collecti, auctore J.-F. Foppens, 5 vol. in-4°, portraits. 


Avec des tables alph., topogr. et chron., à la bibl. royale. Voy. 
V'introd. à mon édition de Vander Vynckt, p. xvi. 


40. Acta et facta ucademicorum Lovaniensium edita et manus- 
cripta. 


NS. de M. De Ram. ; 


41. Doctores artium Lovan. In-fol. 
Idem. = 
42. Doctores facultatis medicinae Lor. In-fol. 


Idem. 
43. Doctores utrinsque juris Lov. In-lol. 
Idem. 


44. Status dioecesis Buscoducensis ex originalibus et aliis missis 
Romam. In-fol. 


Idem. 


45. Additiones el correctiones ad historiam sacram et prophanam 
archiepiscopatus Mechl. R. D. Van Gestel. In-fol. 


Idem. 


46. Status ecclesiae et capituli D. Rumoldi Mechl. cèrca ann. ! 
1250, nec non ordo ac series praepositorum , decanorum Celerorum- 
que canonicorum ejusdem ecclesiae jam pridem collegiatae, munc 
autem ab anno 1559 metropolilunae. Ab anno 1100 usque ad 
ann. 1760. In-fol. (7oy. n° 6). | 


MS. de M, De Ram, 


| 


(215 ) 

47. Ordo praebendarum et canonicorum ecclesiae S. Rumoldi ab 
anno 1400, usque ad nostra tempora 1754. In-fol. 

Idem. 

48. Reflectiones circa mutationem faciendam in officiis propris 
ecclesiae metropolitanae. In-8°. 

Idem. 

49. Disserlationes historico-canonicae de canonicis et pruebendis 
graduatis. In-8°. 

Idem. 

50. Journal de ce qui s’est passé à Malines , tandis que le roy de 
France Louis XV en élait le maître, depuis le 12 may 1746 jus- 
qu’au 25 janvier 1749, avec les actes vérificatifs. In-fol. 

Idem, voy, n° 25. 

51. Coloniensia, Moguntinensia, etc, quaedam. In-fol. 

Idem. 

52. Carmina concernentia canalem Lovaniensem. In-fol. 

Idem. 


55. Histoire du conseil de Brabant (1326—1760 ), in-fol., 418 


feuilles avec la table. A partir de la page 597, le MS. n’est plus de 


la main de Foppens. 
À la bibl. royale. Introd, à mon éd. de Vander Vynckt. 


54. Histoire du grand conseil de S. HI. In-fol. 551 feuil. avec les 


. tables. 


À la bibl. royale. Introd, à Vander Vynckt , p. xvi. 


55—58. Dans les sommaires ajoutés par Foppens aux Lettres 


secrètes de Marquerite de Parme, MS. de la bibl. royale dont je 


vais donner une édition pour la société des bibliophiles de Bel- 
gique , cet auteur renvoie à ses manuscrits relalifs, Î au concile de 


… Trénte; W à l'inquisition et IT au procès du comte d'Egmont. 


Je wai pu les découvrir jusqu'ici. Introd. à Vander Vynckt, p.xxix. 
59. Bombardement de Bruxelles, par un témoin oculaire, avec les 
estampes d’ A. Coppens et de R. Van Orley. In-4°. 


De la main de J.-F Foppens. Voy. mes Archiv. philol., 1, 89 , où j'en ai 
donné un extrait. 


(26) 

60. Miscellanées historiques concernant les diverses provinces des 
Pays-Bas Autrichiens. In-fol. 

Bibl. Hulth., VA, 239, no 796. 

61. Oratio funebris arch. Marie Elisabethæ (1741). 

Note MS. de Goyers. 


62. Différens recueils pour l’histoire ecclésiastique, civile et 
litéraire des Pays-Bas. 


J'en ai vu plusieurs chez les demoiselles De Hulstere, à Bruxelles, 
notamment un retueil de facéties sur la bière, le tabac, les formes 
académiques, etc. Il se trouve encore ailleurs des papiers de Foppens. 
M. Gyseleers-Thys , à Malines, en possède quelques-uns. 


IISTOIRE ANCIENNE. 


Recherches sur les associations politiques chez les Ro- 
mains ; par M. Roulez , membre de l’académie. 


Les associations et les partis politiques, qui se forment 
soit en faveur de certains hommes, soit pour le triomphe 
ou la défense de certains principes, ne sont pas le fruit 
du régime constilutionnel des temps modernes. Rome, 
pour ne pas parler d’autres États anciens, les a aussi con- 
aus : les Coriolan, les Appius, les Cæson, les Gracches 
y ont eu leurs coteries, comme aujourd’hui, tel chef de 
parti ou tel représentant d’un système polilique s'appuie 
sur la sienne. Dans l’ancienne Rome, où le recours à la 
force matérielle fut souvent l'argument décisif que la lo- 
gique des partis employa , pour entrainer les convictions, 
un citoyen pouvait bien compter en général sur le sou- . 
tien des membres de son ordre ; ainsi, lorsqu'il s'agissait 
de maintenir ou d'étendre le monopole des priviléges aris- 
tocratiques, le patricien prêtait main-forte au patricien. | 


( 217 ) 

Mais 1l devait arriver aussi que les partis se fractionnas- 
sent , faute de s'entendre sur les moyens d'atteindre un 
but commun, ou bien parce que tout le monde ne vou- 
lait pas se mettre au service d’ambitions individuelles. 

L'institution de la clientèle, et, dans certains cas , aussi 
celle des gentes , offraient encore un appui assuré. Mais 
on n'aura pas tardé à comprendre qu’en politique il n’est 
pas de prosélytisme plus ardent , de dévouement plus ac- 
tif que celui qui prend sa source dans la communauté de 
principes. Rome vit donc de bonne heure s'élever dans 
son sein des associations libres ayant leurs modes de con- 
stitution et de dissolution, et dont les membres étaient 
tenus à des devoirs réciproques. Les savans qui se sont oc- 
cupés de l’histoire du gouvernement romain , ont entière- 
ment négligé ces associations. Le célèbre jurisconsulte al- 
lemand Walter est le seul, que nous sachions, qui en ait 
dit quelques mots dans son Histoire du droit romain (1). 
Quoiqu’elles n'aient pas eu une existence légale, elles 
mérilent cependant de fixer l'attention de l'historien, à 
cause de l'influence qu’elles ont exercée sur les destinées 
de l’État. Nous allons en rechercher les vestiges qui se sont 
conservés dans les monumens historiques. 

Les membres des associations dont nous voulons par- 
Jer, sont appelés du nomde sodales (2), ou d'amici [éraipe, 


(1) Walter, Geschichte der roemischen Rechts bis auf Justinian. 
B, I, cap. [, s. 60. 

(2) Voir sur l’étymologie de sodalis les diverses opinions rapportées 
par Doederlein, Lateinische Synonymik, AV Th., s. 205 fg. Cf. Lindemann, 
Commentarii in Pauli diaconi excerpta de signific. verbor., p. 667. 
Festus (sub voce ) explique les deux principales acceptions du mot, 
… Voici celle qui appartient à cet endroit : Ai (sodales dictos putant) 
“qjuod inter se invicem suaderent quod utile esset. 


( 218 ) 
gi (1)], et les associations elles-mêmes sont désignées 
par les mots sodulitates, sodalicia, amicitiæ (éraipuou). 
Observons toutefois que ee nom de sodales s’appliqua chez 
les Romains aux membres de réunions de diverses espèces : 
non-seulement on l'employa pour désigner les membres 
de certains colléges de prêtres (2) ou des corporations d’ar- 
tisans (3), mais, à partir du milieu du VI siècle de Rome, 
on le donna encore à des personnes qui , en certaines cir- 
constances et à l’occasion de certaines fêles, se réunis- 
saient en un banquet (4). Cicéron fait dire à Caton l’an- 
cien que ces réunions (sodalitates) prirent naissance sous 
sa questure, lors de la célébration des fêtes en l'honneur 
de la grande déesse (5). 

Revenons aux associations politiques. Les traces les 
plus anciennes que nous en rencontrions dans l’histoire 
remontent à l’époque du dernier roi de Rome. Au rapport 
de Denys d'Halicarnasse (6), Sextus, fils aîné de Tarquin, 
feignant une inimitié ouverte avec son père, passa chez 
les Gabiens , et amena avec lui un grand nombre de ses 


(1) Denys d’Halic. emploie ordinairement le mot Étapes pour amis 
politiques ; cependant 2/1 a quelquefois chez lui la même acception : 
une preuve de cela, c’est que dans un passage (IX, 15), où il s’agit 
des partisans des Fabii, il se sert successivement de l’un et de l’autre, 
mot. J 

(2) Voy. Orelli, Znscriptt. lat, selectar.amplissima collectio. 2364 sqq. 

3) Voy. Orelli, #bid., 4056, 4207. 

(4) Festus, loc. cit. : Sodales quidam dictos putant quod una sede- 
rent, essentque, alit quod ex suo dapibus vesci soliti sint. Auctor ad 
Herenn., IV, 51. Venit in œdes quasdam in quibus sodalitium erat 
eodem die futurum. Perspicit argentum, vidit triclinium stratum , etc. 
Cf. Stuckius, Antiquitat. convivalium, lib. I, c. 31. 

(5) Cic., de Senvctut., ©. 13. 

(6) Archæolog. roman. , AV, 54, p. 775, éd. de Reiske. 


( 219 ) 
amis politiques et de ses cliens. Ce sont les amis politiques 
des Tarquins que nous voyons à la tête de la conspiration, 
qui avait pour but d'introduire secrétement dans la ville la 
famille déchue (t). Denys fait plusieurs fois encore allu- 
sion à ces associations durant les premiers siècles de la 
république : il en est question lors de la troisième tenta- 
tive faite par les Tarquins pour remonter sur le trône (2) et 
à l’occasion de la retraite du peuple sur le mont Sacré (3). 
C'est sur de semblables associations que s'appuyérent et 
Coriolaän bravant la colère et les menaces du peuple, dout 
il voulait anéantir les libertés (4), et les jeunes patriciens 
Cæson Fabius et L. Valerius Publicola, lorsqu'ils inten- 
térent une accusation contre Sp. Cassius , auteur de la loi 
agraire (5) , et enfin le fils d’Appius Claudius, lorsqu'il se 
porta candidat au consulat, lan 273 de Rome, au mi- 
lieu de violentes dissensions entre les patriciens et les plé- 
béiens (6). Quand les Fabiens se chargèrent de soutenir 
seuls et à leurs dépens particuliers, la guerre contre les 
Véiens, ils eurent pour auxiliaires non-seulement leurs 
cliens, mais encore les membres des associalions dont ils 
faisaient partie (7). C'est avec l’aide de leurs cliens et de 
leurs amis politiques que les chefs du parti aristocratique 
essayérent de provoquer le rejet des lois de Voléron (8), 
et plus tard la loi agraire reproduite par les tribuns de 


(1) Tit.-Liv., Il, 3: Æquules sodulesque adolescentium Tarquiniorium. 
(2j V1, 74, p. 1210 et sq. 

(3) VI, 46, p. 1143. 

(4) VAE, 21, p. 1361, Zbid.. 54, p. 1436. Ibid. , 64, p. 1463. 

(5) VUE, 76, p. 1695. 

(6) VIH, 90, p 1732. ; 
(7) 1X, 15, p. 1780. 

(8) IX, 41, p. 1856. 


(:3209) ; 

Fan 301. Enfin ce furent encore ces mêmes amis qui 
prêtèrent l'appui de leurs bras aux actes iniques qui signa- 
lérent les derniers momens de la puissance des décemvirs 
et en précipitérent la chute (1). Denys d'Halicarnasse est 
de tous les historiens de Rome celui qui paraît avoir ob- 
servé le plus attentivement le rôle important que les as- 
sociations politiques ont joué dans les affaires de l'État. 
Nous ne devons pas douter qu’il ne teur ait donné la même 
attention pour les temps postérieurs , et que si la suite de 
son ouvrage fût arrivée jusqu'a nous, elle ne nous eût 
fourni des renseignemens ultérieurs sur l’histoire de ces 
clubs. Ce n’est pas toutefois que Tite-Live les ail entiére- 
ment perdus de vue. À la vérité les clubistes, suivant 
Denys, qui s’opposérent à la loi de Voléron ou se firent les 
supports de la tyrannie décemvirale, l'historien latin les 
désigne sous la dénomination générale de jeunes nobles, 
jeunes patriciens (2) ; cependant, dans un autre endroit, 
il tranche le mot et nomme les amis politiques de Cæ- 
son (3). 

Mais nous devons nous hâter de dissiper les doutes qui 
pourraient s'élever dans l'esprit du lecteur. En effet, il se 
demandera peut-être si ces sodales (érapor) ne sont pas des 
amis de cœur, et si ce n’est pas notre imaginalion qui les 
transforme en membres de clubs. Un texte de Denys (4) 


(1) X, 60, p. 2152. XI, 22, p. 2209. Jbid., 30, p. 2241. Jbid., 86, p. 2248. 

(2) IL, 56 : Adolescontes nubiles. III, 37: Patriciis juvenibus sep- 
serant lateru. 

(3) IT, 14 : Juniores , id maxime quod Cwsonis sodalium fuit. 

(4) XI, 22, p. 2210. La distinction entre lJ’ami ordinaire et l'ami 
politique ressort nettement du passage suivant de Plaute (Casin. IH ;. 
3, 18): Hic sodalis tuus amicus optimus. 


(22) 

prouve à l'évidence que nous ne prenons point le change 
sur la nature de ces relations : il v est dit que les séna- 
teurs, qui désapprouvaient le gouvernement des décem- 
irs et qui voulaient y mettre fin , se recrutèrent des amis 
(étapouc) pour contrebalancer l'appui que les décemvirs 
recevaient des leurs. Or , dans le train ordinaire de la vie, 
des amitiés nombreuses ne se forment pas subitement, 
mais sont l’œuvre d’une longue suite d'années ; il est done 
clair qu'il ne saurait être question ici que d’amis politi- 
ques. | 

Une seconde question se présente ici : ces amis politi- 
ques étaient-ils liés entre eux par des engagemens réci- 
proques, en d'autres termes, y avait-il association ? La 
chose ne paraît pas souffrir le moindre doute. Dans la 
plupart des textes invoqués jusqu'ici, les sodales sont 
nommés à côté des cliens et semblent avoir à remplir des 
devoirs (1) aussi sacrés et aussi étendus que ceux de la 
clientéle. Tantôt ils passent à l'ennemi ou s’expatrient 
avec leurs fzmilles (2); tantôt ils prennent les armes et 
exposent leurs jours (3), et cela pour rester fidéles à la 
nn EU, 


(1) Cie. Verr., 1, 37, p. 173, éd. Zumpt : Aës te officia tutelæ, 
sodalitatis, familiaritatisque flugitet. 

(2) L'exemple précité des amis de Sextus Tarquin. Suivant le té- 
moignage de Denys (V, 40, p. 936), T. Claudius, citoyen de la ville 
sabine de Regillum , ayant quitté sa patrie à la suite de dissensions 
politiques, vint s'établir à Rome avec ses parens, ses amis et ses 
cliens, qui y amenèrent toutes leurs familles. Quoique ce dernier 
exemple soit étranger à Rome, je n’ai pas hésité cependant à en faire 
usage, parce qu’il est probable que ces institutions étaient les mêmes 
chez les Sabins et chez les Romains ; en effet Denys parle encore des 
amis politiques du roi Tatius (Il, 51, p. 344) et de ceux d’un autre 
Sabin nommé Herdonius (X, 14, p. 2020). Ww 

(3) Les amis des Fabiens (voy. ci-dessus pag. 219, note 7) et ceux de 
Scipion, Voy. Appian. Hispanic., 84. . 


fortune de l'un des leurs. Ailleurs nous les voyons se cotiser 
pour payer l'amende infligée à l’un d’eux (1). Il est donc 
évident que non-seulement les membres de ces associalions 
avaient les mêmes amis et les mêmes ennemis, mais qu’ils 
mettaient encore au service les uns des autres leurs person- 
nes et leurs biens. Des auteurs anciens (2) nous ont conservé 
la mémoire de la fidélité et du courageux dévouement de 
Blosius, de Pomponius et de Lælorius aux Gracques, et 
la manière dont s'expriment plusieurs écrivains, prouve 
que les devoirs et les liens de la sodalité étaient même 
presque aussi sacrés que ceux de la parenté (3). Les pa- 
triciens invoquant , dans un moment de détresse, l’assis- 
tance des plébéiens, les adjurent, avant tout, au nom de 


(1) Voy. Dion. Cass., ÆExc., Mai., 25. Appian., De rebus italicis. 
Exc., VIII, 2. Tit.-Liv., XXXVIII, 51, 60; textes qui se trouvent 
déjà cités par M. Walter, /oc. cit., note 54. 

(2) Voy. Cic., Lœlius, c. XI; Valer.-Maxim., IV, 7, 1,2. Ces hommes 
peuvent avoir été non-seulement des amis politiques, mais encore des 
amis de cœur des Gracches. Il paraît indubitable toutefois que Île fa- 
natisme politique fut, plus que l’amour, le mobile de leur conduite. 

(3) Terent., Adelph., IV, 5, 74 : Si frater aut sodalis esset qui magis 
morem gereret. Cic., De orat., 11, 49 : Pro meo sodali, qui müihi in 
liberorum loco more majorum esse deberet. Mais ce dévouement de 
l'amitié politique ne peut recevoir la sanction de la morale, que pour 
autant qu’il a un but honnête. La tirade suivante de Cicéron paraît 
dirigée surtout contre les clubistes (Læ/., c. 12): Hœc igitur lex in 
amicitia sanciatur ut neque rogemus res turpes , nec faciamus rogati. 
Turpis enim excusatio est et minime accipienda quum in ceteris pec- 
catis, tum sè quis contra rem publicam se amici causa fecisse fateatur…. 
Quorsum hæc? quia sine sociès nemo quidquam tale conatur. Præci- 
piendum est igitur bonis , ut, si in ejusmodi amicitias ignari casu aliquo 
inciderint , ne existiment ita se alligatos, ut ab amicis in republica pec- 
cantibus non discedant.…… Quare talis improborum consensio non modo 
excusatione amiciliæ tegenda non est... etc. 


( 233 ) 

leurs anciennes sodalités (1). Du reste, ces devoirs étaient 
réciproques : le service que l'on rendait à un confrère, on 
avait droit, le cas échéant , de l’attendre de lui (2). 

Maintenant reste à chercher si les membres des clubs 
n'étaient liés entre eux que par une simple promesse, ou 
si un nœud plus fort resserrait leur union, et, dans les mo- 
mens critiques, entraînait les timides et empêchait les 
défections. On ne peut guère douter de l'existence d’un 
pareil lien, et, selon toute probabilité, c'était le serment. 
Nous partageons donc entiérement l'opinion de M. Wal- 
ter (3), qui n’hésite pas à reconnaître dans la formule du 
serment que Philippe prête à Drusus un reste de celle qui 
était adoptée dans les clubs (4). D'un autre côté pour- 


(1) Voy. Denys, VI, 74, p. 1210. La mention d’amitiés politiques 
entre des patriciens et des plébéiens aurait droit d’étonner, si lon 
ne faisait attention qu’il s’agit de l’époque de la domination du der- 
nier roi de Rome, d’une de ces époques qui produisent les coalitions. 
Au reste, il paraît que les plébéiens eurent leurs associations comme 
les patriciens. Voy. Dénys, XI, 28, p. 2230; sbid., 29, p. 2236. 

(2) Denys, X, 60, p. 2153, Ka) dixastors Ex T@y étaipwy drodei- 
xybueya , oi dippeiBoyto 4ARGROIS LaTayuolbouevor Tüs dixas. 

(3) Loc. cit., note 52. 

(4) Cette formule nous a été conservée dans un fragment de Diodore 
de Sicile, venu au jour depuis un petit nombre d’années ( £Zxcerpta 
Vaticana, 1. XXXVII-XL, vol. IL, p. 116 de la Script. Vat. nov. col- 
lectio, éd Mai; vol. HI, p. 128 du Diodore de Deindorf) ; elle est trop 
remarquable pour que nous ne la reproduisions pas ici : Ogyuui Tèy 
Aix rèv Karer@)uoy na) ryv Écriuy vis ‘Péuys al rèy rarpwoy atÿc 
“Apyy na Tày vevépoye yhucy mad Ty Évepyétir Cour TE nai quray vhv, 
Êri dè rods arioras yeveryuéyouc tac Péuys YiSéous 2a rod cuvauËp- 
guyras rhv Yyemorlur ads Ypouc, rèy adrèy plAoy ua rohËIOY Yy/ÂTET- 
Seau Apoôcw , #4) pre Blou pre téxyov ka yoréwy ydemiäis oelouoèai 
Vuwñe, £a my cumopy Apobre ve mai rois rèy aûréy Cpkoy Okéauoi. 


dy dè yéraua rolirys To Apobgou voue, rurpidn yyooueu Thy Pouyv 


( 224) 
tant, il n’est pas de la nature d'une liaison reposant sur un 
terrain si mouvant que l'arène des intérêts et des passions 
politiques , d'être indissoluble ; aussi paraît-il qu’on pou- 
vait s’en détacher par un renom (1), dont toutefois nous 
ne connaissons ni la forme ni les conditions de validité. 


Chaque association avait son chef particulier (ye- 
pv) (2). C'était un sujet d'orgueil en même temps qu’un 
calcul d’ambition pour les jeunes patriciens, que de se 
trouver à la têle d’une association nombreuse, et c’est à 
celte source qu'ils puisaient la principale force de leur 
influence politique (3). Ces associations tenaient des réu- 
nions dans lesquelles on délibérait sur les affaires du 
moment (4). Ces réunions paraissent avoir été d’abord to- 
lérées par l’État, sans aucune entrave, à moins cependant 
qu'elles ne dégénérassent en complot et ne constituas- 


aa méviotoy edepyétyy Apodooy. xai Ty Cproy TOydE rapadéow Cis &y 
mähiora æAsiotos duyoga T@y ToliToy. xui EdopxoDYTI Hé (OI ÉTIK- 
TYGIS Eiy TOY yaTy , ÉriopkoDyTi dÈ Téyaytis. 

(1) Tacit., Annal,, VI, 29: Morem fuisse majoribus quoties diri- 
merent amicitius interdicere domo. Sueton, Caliqul., 3 : Ut amicitiam 
ei more majorum renuntiaret. Voy. Ernesti sur ce passage, et prin- 
cipalement Lipsius, ad Taciti Annal., 11, 70; Excurs., XI. Cf. Walter, 
loc. cit., not. 53. 


(2) Denys, XI, 22, p. 2210. Toüray dè roy Étaiplüy Yyemuéves you. 
Ibid., p. 2211. veu dÈ roûroy. XI, 28, p. 2216. Oùs Eoyv Yyemévac 
Eivau TOY GpioTonpatixGy ÉTIpEIG. 

(3) Denys, VIL, 55, p. 1440 ‘Or rAoûrTo vai Éraipius ÉrapSéiou 
(éuvapuls). NI, 77, p. 1695. Karè räs Écaupioc te xai m'hoÜTouc méya 
duyéueyor. NII, 90, p. 1732. ‘Evtatpois te xu) reAdrais GrdyToy mAEO- 
Toy TOY LAS YAIXIAY dUYÉÂMLEYOS. 

(4) Denys, XI, 3, p. 2163. (oi déxa) rerapayuéror cuvexédouy Ts 


+ ; y » “J x % rubæn) 
ETAIDEIRE ; RAI HETA TOUT OY CTI SE TOATTEI/ EGKHOTOUY. 


sent alors un cas du crime de perduellion (1). Leur 
liberté fut resserrée dans de certaines limites par la dispo- 
sition de la loi des XII Tables, qui défendit les assem- 
blées nocturnes (2), et ensuite, par la loi Gabinia , qui 
prohiba les réunions clandestines (3). Il fut donc tou- 
jours permis aux associations de se réunir , à la condition 


(1) L. 5, pr. C. h.t. (9, 8) : Zn crimine majestatis eadem severitate 
voluntatem sceleris, qua effectum puniri jura voluerunt. Cf. Dieck, 
Historische Versuche ueber das Criminatrecht der Rœmer. Halle, 1823, 
p. 6 sv. Sur les caractères du complot, voir Weiske, Hochverrath und 
Majestætsverbrechen, das Crimen majestatis der Ræmer. Leipz., 1836, 
p. 89 svv. 

(2) Tab. VIII, fr. 26, d’après Porcius Latro, Declamat. in Catilinam, 
c. 19 : Primum XII tabulis cautum esse cognoscimus , ne quis in urbe 
cϾtus nocturnos ayitaret. Cf. Dirksen, Uebersicht der bisherigen Ver- 
suche sur Kritik und Herstellung des Textes der Zwülf-Tafel-Frag- 
mente, pag. 622 svv. Ce texte prouve clairement que la défense des 
réunions nocturnes ne remonte pas plus haut que l’époque de la lé- 
gislation décemvirale. Cf. S.-H. Van Idsinga, Variorum juris liber 
singular., cap. I, p. 8. Harling., 1738; et Dirksen, Versuche sur 
Kritik und Auslegung der Quellen des Rômischen Rechts. Leipzig, 
1823, Abh. VI, cap. III, p. 263. Cette loi des Douze-Tables n’appar- 
tient donc pas non plus, comme l’a cru M. Lelièvre (Comment. de leg. 
XII Tubul. patria. Lovan., 1827, p. 159), aux Zeges Majestatis anté- 
rieures ; et nous ajouterons qu’elle n’appartenait pas même à ces lois, 
puisque à cette époque l’idée attachée au mot majestas n'existait pas 
encore. 

(3) Porcius Latro, loc. cit. : Lege Gabinia promulgatum, qui coi- 
tiones ullas clandestinas in urbe conflavisset more majorum capitali 
supplicio multaretur. Voir sur l’époque de la promulgation de cette 
loi Heineccius, Antiquit. Roman. , XV, 16, 47, p. 776, éd. Haubold, 
et Dieck, ouv. cit., 6 32, p° 73 sv. Du reste, nous ne pouvons pas 
nous dissimuler que les mots more majorum indiquent que la prohi- 
bition des assemblées clandestines avait existé dans des temps plus 
anciens. 


( 226 ) A 
que leurs assemblées ne se tinssent ni de nuit, ni clan- 
destinement. Nous croyons pouvoir conclure d’un pas- 
sage de Plaute (1), que, vers le milieu du VI: siècle , les 
clubs furent frappés d’une interdiction absolue. Désor- 
mais la simple participation à une pareille association fut 
considérée comme un acte criminel, punissable de l'exil, 
c’est-à-dire de l'interdiction de l’eau et du feu. Nous ne 
devons pas négliger une remarque qui se présente ici : 
il y avait identité entre la peine du crime de perduellion 
et celle de la loi des XII tables précitée et de la loi Ga- 
binia : l'exil, dont punissait la loi incertaine à laquelle 
Plaute fait allusion, est aussi la peine que prescrivit d’abord 
la loi Julia majestatis (2), et qu'on appliqua dans la 
suite aux membres des colléges non autorisés (3). Ne pour- 
rait-on pas tirer la conséquence que les deux premières 
de ces lois doivent être rangées parmi les /eges perduel- 
lionis , et celle que Plaute a eu en vue parmi les /éges ma- 
jestatis ? 

Quant à la loi Zicinia de sodaliciis, de l’année 698, 
elle a rapport à une espèce d'association politique toute 
particulière, et appartient aux leges de ambitu. Les hom- 
mes que l’on décorait du nom de sodales , n'étaient que 
des agens de corruption, des courtiers de suffrages, gagnés 
par le candidat, et à chacun desquels il assignait la por- 


(1) Pers., IV, 4, 12, Tu in illis es decem sodalibus : Te in exi- 
lium ire hinc oportet. 

(2) Pauli, Sentent., V,29, 1, is antea in perpetuum aqua et igni 
interdicabatur. Cf. Weiske, Hochverrath und Majestætsverbrechen , 
6 39, p. 138 sv. s 

(3) Fr. 2, D. de collegüis et corpor. (47, 22). CT. Heineccius, De col- 
legiis et corporibus opiicum, cap. 1, $ xxn (Oper., tom. If, p. 396 
sq. Genève, 1766, in-4o.) 


( 227 ) 
tion de tribu dont il avait à marchander ou à violenter 
les votes. La punition était la même que pour les associa- 
tions ordinaires (1). 

Il est dificile que, sous un régime comme celui de la 
république romaine , les associations même les plus étran- 
gères à la politique ne finissent par s’en occuper plus ou 
moins. C'est ce qui arriva aux colléges ou corporations 
d'artisans qui se firent les instrumens aveugles des me- 
nées démagogiques. L'an 585 de Rome, sous le consulat 
de L. Cæcilius et de C. Marcius, on les supprima, à l’ex- 
ception de quelques-uns, par un sénatus-consulte (2). 
Dans la suite, P. Clodius les rétablit et en créa même 
de nouveaux (3). Mais César les abolit à son tour, et 
ne laissa plus subsister que ceux qui avaient une origine 
ancienne et se trouvaient dûment autorisés (4). Sous Au- 
guste, les factions, pour mieux déguiser leurs machina- 
tions, s’entourérent des formes de collége , de sorte que, 
pour les atteindre, ce prince dut renouveler la mesure 
prise par Jules César (5). Du temps de Trajan encore, il 


(1) Voir sur cette loi la dissertation spéciale de M. E. Wunder (Pro- 
legomen. ad Plancianam , lib. IL, c. 3), reproduite en entier par 
Orelli, dans son Onomasticon Tullianum , P. III, index Legum, pag. 
200-210. 

(2) Asconius, ad Cicer. in Pisonian., p. 2063 (p. 7 ed. Orellii). Cf. 
idem 2x Cornelian., p.1312 (p. 75 ed. Orellii) : Frequenter tum etiam 
cœtus factiosorum hominum , sine publica auctoritate, malo publico 
fiebant ; propter quod postea colleyia se. et pluribus legibus sunt sublata. 

(3) Dion. Cassius, XXXVIIE, 13, avec la note de Fabricius, t. V, 
p. 179, éd. Sturz; Cic. , in Pison., 4; Pro Sextio, 25; Asconius, 
in Pisonian., p. 8 et 9 ed. Orellii. 

(4) Sueton. Cæsar., c. 42. 

(5) Sueton. August., c. 32, Et plurimæ factiones titulo collegii 
novi, ad nullius non facinoris societatem coïibant, etc 


(228 ) 


ne se formait pas une association, quel que fût son nom 
et le but pour lequel on l’autorisât , qui ne se changeât 
bientôt en véritable club; aussi fixérent-elles toute l'at- 
tention de l’empereur , qui les prohiba jusque dans les 
provinces (1); enfin un fragment du jurisconsulte Mar- 
cien (2) montre combien de soin les empereurs suivans 
apportèrent à étouffer ces associations dans toute l’éten- 
due de l'empire. 


OUVRAGES PRÊÉSENTÉS. 


Compte de l’administration de la justice criminelle 
en Belgique pendant l’année 1835, présenté au Roi par 
le Ministre de la justice. Bruxelles, 1839. 1 vol. in-4°. 

Comptes rendus des séances de l'académie des sciences 
de Paris. 1% sem. 1839. N° 6 à 8. Paris, 3 broch. in-4°. 

Annales et bulletin de la société de médecine de 
Gand. Année 1839. — 5° vol. — 2me Jivr. — Février. 
Gand, broch. in-8°. 


(1) Plin., Epist., X, 96, t. IL, p. 516, éd. Gierig. Trajan écrivait 
à Pline (25:d., ep. XXXVI, p. 441) : Quodcumque nomen ex quacumque 
causa dederimus is , qui in idem contracti fuerint, hetwriæ , quamvis 
breves, fient. 

(2) Fr. 1, D. de coll. et corp (47, 22). On peut lire sur ces suppres- 
sions de colléges Heineccius, De coll. et corporib. opificum, $ XIH- 
XIX, p. 385 sqq.; Heubach, De politia Romanorum , p. 63 sq. ; E. Plat- 
ner, De colleg. opific., disput. IT, p. 6. 


( 229 ) 

Discours prononcé à la société industrielle d’ Angers, 
par son président M. Guillory aîné. Séance du 14 janvier 
1839. Angers, 1839, Broch. in-8e. 

Annales de la société des sciences médicales et na- 
turelles de Bruxelles. Année 1838. Bruxelles, 1839, 
1 vol. grand in-8. 

Notice topographique et statistique sur le grand hos- 
pice de l’infirmerie de Bruxelles; par J.-R. Marinus. 
Bruxelles , 1839. Broch. grand in-8°. 

Considérations critiques sur la phrénologie et la cra- 
nioscopie; par F.-J. Matthyssens. Bruxelles, 1839. Broch. 
in-12. 

Petite dissertation sur lu liste des chanoines de la 
cathédrale de Saint-Lambert à Liége, en 1131; par 
M. E. L. A. A. L. V. D. L. Liége, 1839. Broch. in-80. 

Société d'agriculture et de botanique de Louvain. 
Salon d'hiver 1839. 38%° exposition publique. Louvain, 
broch. in-&. : 

Ouvrages divers en prose suivis de mes soixante ans, 
par Me la princ. Const. De Salm. Paris, 1835. 2 vol. 
in-12. 

Poésies de M° la prince. Const. De Salm, Paris, 1835. 
3° édition, 2 vol. in-12. 

Pensées. Par M: la prince. Const. De Salm. Paris, 1835. 
2e édition, 1 vol. in-12. 

Journal de la société de la morale chrétienne. Tom. XV. 
— N°1 et2. Paris, janvier et février 1839. 2 Broch. in-8&. 

Proceedings of the geological society of London. Vol. 3, 
1838. N° 59, — Titlepage aud index of vol. IT. London, 
1838. 3 feuilles in-8°. 

Proceedings of the royal irish academy. 1838-1839. 
N° 14. 2 feuilles in-8&. 


Tom. vr. 16 


( 230 ) 

Programme des cours de l’université de Liége. Se- 
mestre d'été, 1838-1839. 1 feuille. 

Faits et vues détachés sur certains points de théorie 
chimique, etc. Feuilles 17 et 18. Par M. Van Mons. 

Précis des antiquités romaines, par P. Bergeron. 
Bruxelles, 1835. 1 vol. in-&. 

OEuvres complètes de Térence, traduites, pour la 
première fois, en vers français, avec le texle en regard, 
par M. P. Bergeron, 2° édition. Bruxelles, 1834, 3 vol. 
in-8°. 

Le député d’une nation libre, ct autres poësies , par 
P. Bergeron. Bruxelles, 1832. 1 vol. in-8°. 

Some account cf the art of photogenic drawing, etc. 
By H. F. Talbot. London, 1839. Broch. in-#°. 

Huit jours à Newcastle, en 1838. (Seconde partie.) 
Par Ch. Morren. Broch. in-12. 


ERRATA. 


Page 99, ligne 22, au lieu de Deux, lisez : Dix. 


— "1405, — 19, —_ orceille , lisez : orseille. 

— 107, — 12, — phloritine , lisez : phlorétine. 
— il, — 19,27 et 31, même faute. 

— 108, — 10, au lieu de Perie, lisez : Piria. 


— 148, — 4, — 9, lisez : 12. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELYES. 


1839. — Ne 4. 


Seance du 6 avril. 


M. le baron De Stassart occupe le fauteuil. 
M. Quetelet , secrétaire-perpétuel. 


CORRESPONDANCE. 


M. Romain Mahieu de Tournai, adresse à l’académie un 
paquet cacheté dont il lui demande d'accepter le dépôt. Ce 
paquet, dit-il, contient les plans d'une presse à imprimer 
dont il est l'inventeur, et dont la simplicité du méca- 
nisme est telle que la force d’un homme suffit pour tirer 
cent à cent cinquante exemplaires à la minule. Le dépôt 
est accepté. 

M. Ed. De Selys Longchamps communique la première 
partie d'un mémoire manuscrit intilulé : Revue des mam- 
mifères européens des genres Mus, Arvicora et Sorex. 
… La partie de l'ouvrage présentée concerne le genre Mus. 
Tow. vi. 17 


M. X. Heuschling présente une note manuscrite inti- 
tulée: Statistique nationale, contenant nne classification 
des documens statistiques du royaume. ( Commissaires : 
MM. le baron De Reïflenberg et le baron De Stassart.) 

M. Robert Carr Woods, membre de la société météo- 
rolegique de Londres, écril au sujet des étoiles filantes 
qu'il a observées en Angleterre à l'époque du 12 novembre 
dernier, et fait remarquer qu’il n’y a point identité entre 
le phénomène observé par Jui dans la nuit du 12 au 13, 
et le phénomène de l'aurore boréale observé par sir John 
Herschel, dans la nuit du 12, qui doit être considérée, dit- 
il, comme la nuit du 11 au 12. (Po. dans les Pulletins de 
l’académie , tom. VE, p. 13, et tome V, page 732, la lettre 
de sir John Herschel à M. Quete!et.) M. Carr Woods donne 
en même temps les extraits de différentes lettres d'autres 
observateurs qui out remarqué, comme lui, la fréquence 
des éloiles filantes à l'époque qu'il indique. 

Ontre la lettre de M. Carr Woods, M. Quetelet dit 
avoir reçu, sur les étoiles filantes, plusieurs nolices de 
M. Edward C. Herrick de Newhaven , aux États-Unis. Il 
résulte de ces communications qne les méléores du 9 et 
du 10 août 1838 , ont été vus en Amérique comme en 
Europe , et que l’on a pu constater aussi , sur le premier 
continent, une grande fréquence d'étoiles filantes dans la 
nuit du 7 décembre de la même année. 

M. le major Ed. Sabine , correspondant de l'académie, 
écrit que l'aurore boréale du 19 janvier dernier, dont il 
est parlé dans les Pulletins de l’académie , a été vue en 
Angleterre et en Irlande, et que ce phénomène a mani- 
festé son influence sur la direction et l'intensité de force 
de l'aiguille magnétique. M. H. Lloyd, qui a présenté à 
l'académie royale de Dublin une notice sur ce phéno- 


( 233 ) 
mène , donne également des renseignemens sur les appa- 
rences remarquables qu'il a présentées. 

Le secrétaire donne communication de plusieurs autres 
lettres de savans anglais, el en particulier d’une lettre de 
M. Phillips, directeur du musée d’Yorck, au sujet de l’u- 
domètre et des quantités de pluie qui tombent annuelle- 
ment. Ce savant écrit qu’il fait construire actuellement à 
Yorck un bâtiment dans lequel il se propose de renou- 
veler ses observations sur la pluie. 


RAPPORTS. 


Chimie. — Rapport de M. Van Mons sur une note pré- 
sentée par M. Urbain Hensmans, fils, docteur en médecine 
et en pharmacie, concernant un principe cristalli- 


sable trouvé dans l’écorce de la racine du peuplier 
de Canada. 


La communication qui vous a été faite par M. Urbain 
Hensmans, et sur laquelle vous m'avez chargé de vous pré- 
senter un rapport, roule sur un principe cristallisable, 
amer, qu'il a extrait de l’écorce des racines du peuplier 
de Canada, et auquel il a donné le nom de canadine, nom 
tiré de celui de l’espèce d’arbre qui le lui a fourni. 

« Ce fut » dit M. Hensmans « pendant l'hiver de 1836 
que, dégustant l'écorce fraîche d’une racine de peuplier 
de Canada , je remarquai que cette écorce avait une saveur 
intensement amère et en même temps astringente, et j'en 
conclus qu’elle pourrait bien contenir une de ces sub- 
stances cristallisables dont les analogues ont déjà été trou- 


( 234 ) 

“és dans u autres plantes et parties de plantes. Je fus engagé 
par là à la soumettre de suile à un examen analytique, 
examen qui m'a conduit à y découvrir une substance du 
genre de celles que j'avais soupçonné y exister, el que, 
par un grand nombre d'expériences, j'ai reconnue pour 
être un principe particulier, essentiellement différent de 
la phlorizine et de la salicine par une amertume beaucoup 
plus prononcée, et de plus, de cette dernière, par l'ab- 
sence du goût de saule, qui est si désagréable et qui reste 
si long-temps dans Ja bouche après avoir dégusté la sali- 
cine. Mon principe diffère encore plus de la populine 
trouvée dans les écorces de l'arbre et dans les feuilles du 
peuplier-tremble , dont le goût , comparable à celui de la 
racine de réglisse quelque temps mâchée, est douceätre au 
lieu d'être amer, et qui est infiniment moins soluble dans 
l'eau, tant chaude que froide, que la substance contenue 
dans le peuplier de Canada. L’amer dont le goûl de la nou- 
 velle substance se rapproche le plus, est celui du sulfate 
de quinine, ce dont l'académie pourra se convaincre par 
l'échantillon de la matière que j'ai l'honneur de Jui sou- 
mettre. 

» Le procédé à l’aide duquel je suis parvenu à isoler le 
principe eristallisable du Canada a été le suivant : l'écorce 
fraiche, découpée, a été, à deux reprises, bouillie avec suf- 
fisamment d’eau pour la submerger, la première fois pen- 
dant deux heures , et la seconde fois pendant une heure. 
On réunit les deux décoctions et on y délaie de la chaux 
éteinte, La chaux enlève le tanin, auquel elle se sur- 
combine ;'et entraîne en même temps le colorant. On filtre 
et'on évepore en consistance de sirop. On ajoute de l'al- 
coco), qui sépare la gomme. On filtre encore, et, au moyen 
dela distillation ; on retire la moitié de l'alcool; on rap- 


( 235 ) 

proche de nouveau pour faire cristalliser; on décante le 
liquide de dessus les cristaux, et par des concentrations 
successives on parvient à en séparer une quanlilé supplé- 
mentaire et notable de cristaux. Les cristallisations réunies 
sont alors dissoutes à chaud dans de l’eau ou dans de l'al- 
cool, et la solulion est mise à bouillir avec un peu de 
charbon animal. On la filtre bouillante. Par le refroidis- 
sement elle dépose des cristaux qui, de prime-abord , sont 
blancs. » 

L'auteur a suivi la méthode qu’on nomme par la 
chaux, laquelle, à moins de procéder constamment trés à 
chaud, exclut la populine du produit. Pour la préparation 
de la canadine à l’usage des expériences que nous nous 
proposions de faire, nous avons fait emploi du procédé dit 
par l’acétate de plomb , qui laisse la populine dans l’eau- 
mère. Les décoclions ont été débarrassées de tanin et d’in- 
ficient colorant à l’aide d’acétate tribasique de plomb. Ce 
sel, devenu neutre, a été décomposé par de l’acide sulfu- 
rique prudemment ajouté, ménageant une faible portion 
du sel, de crainte d'introduire un excés d'acide. Cette 
portion de sel est ensuite décomposée par du gaz acide 
hydrosulfurique. L’acide acélique, exempt de métal , reste 
dans la liqueur, Si, dans la racine du canada, de la popaline 
s'était trouvée, elle aurait été prise en solution par l'acide 
acétique, qui, pour cela, n’a pas besoin d’être bien fort, 
et empêchée de se concréter dès le commencement de 
l'opéralion , ainsi que cela arrive lorsqu'on procède avec 
la chaux. Elle serait restée dans l’eau-mère des cristalli- 
salions. On peut assurer qu’elle ne s’y est pas trouvée, 
quoiqu'on n'ait rien fait pour l'en extraire en nature, mais 
celle eau-mére a jusqu'à sa dernière portion fourni diffé- 
rens composés qui ne pouvaient être formés que de cana- 


(236 ) 


dine supposée salicine. La liqueur délivrée de tout plomb 
a été dépurée comme d'habitude, blanchie par du charbon 
animal et mise à cristalliser. : 

«€ Pour éviter que l’on ne confondiît le principe propre 
au peuplier de Canada avec celui qui est fourni par le 
peuplier-tremble, et qui a été nommé populine , J'ai cru 
convenable de lui donner le nom de canadine, nom qui 
rappelle l’espéce de peuplier d’où il dérive. J'ai été d'autant 
plus porté à lui donner ce nom, qu’examinant l'écorce de 
la racine du peuplier-tremble, en même temps que j'opé- 
rais sur celle du peuplier de Canada, je me suis assuré que 
le principe contenu dans la première de ces racines, loin 
d’être amer ,a une saveur sucrée, qui sera due à l’associa- 
tion de la populiné, que l’on sait avoir cette saveur , à un 
autre principe cristallisable dénué de saveur , plus soluble 
que la populine et auquel on pourrait donner le nom de 
trémuline. 

» Ce qui précède rend probable que les diverses espèces 
du genre peuplier seront trouvées contenir un principe 
cristallisable propre , et plus ou moins différent dans cha- 
cune d'elles. Si cependant , dans un examen que plus tard 
je me propose d'entreprendre sur les racines de quelques 
autres espèces de peuplier, il était, contre mon attente, 
reconnu que, dans quelques-unes, ce principe est identi- 
que, il serait temps encore de changer les deux noms 
de canadine et de trémuline en des noms plus appro- 
priés. 

» Quand on échaufle la canadine, elle commence par se 
fondre et abandonne de l’eau de cristallisation. En exhaus- 
sant un peu la température, la fonte devient complète. » 

Dans des expériences entreprises à l’occasion du pré- 
sent rapport, et qu'avait nécessitées l’intime relation de 


RL) pli. - 7 =iût Dr RSS Se RSS DS 2 ns 


en 


( 237 ) 

plusieurs des caractères physiques de la substance obtenue 
par l’auteur avec les mêmes caractères de la salicine , on 
a trouvé que la température à laquelle la canadine se fond 
dépasse les 195° centig. On a, en même lemps, et comme 
objet de comparaison , vérifié la fusibilité de la salicine , la- 
quelle avait été fixée à un peu au-dessus de 100°; elle a 
été reconnue être la même que celle de la canadine. 

« Desséchée à l’air libre et soumise ainsi à l’action de 
la chaleur, la canadine se fond à environ 195° c. sans 
perdre de l’eau. La matière fondue est légèrement co- 
lorée en jaune. Par le refroidissement , elle se prend en 
une masse cristalline incolore. Cette masse, redissoute 
dans l’eau, reproduit la canadine intacte avec toutes ses 
propriétés. 

» À la température ordinaire , la canadine est trés-peu 
soluble dans l’eau, l’alcool et l’éther, mais, à l’aide de 
l'échauffement, elle se dissout en toute proportion dans les 
trois liquides. La solution fait des progrès dans le même 
rapport que la chaleur augmente. » 

La solubilité de la canadine dans l’éther aurait été ca- 
ractéristique pour la distinguer de la salicine, qui n’est 
aucunement soluble dans ce menstrue, si elle avait pu 
soutenir l'épreuve de l'expérience ; mais dans l'essai qui en 
a été fait, son insolubililé n'a pas été moins absolue que 
celle de la salicine. La canadine est donc encore, sous ce 
rapport, identique avec celle-ci. 

La note s'exprime ainsi sur les résullats des expériences 
faites pour constater les trois solubilités de la canadine: 
« Elle est assez soluble dans l’eau froide; elle est très-so- 
luble dans l'eau bouillante, ainsi que dans l'alcool froid et 
chaud; elle est parfaitement insoluble dans l’éther anhydre. 

» Quand au fond d'un vase contenant de l’eau froide, 


( 238 ) 
on place de la canadine, que nous avons dit être très-peu 
soluble dans ce liquide froid, et que goutte à goutte on y 
fait tomber de l'acide sulfurique, une dissolution presque 
enlière s'opère. Échaufle-t-on cette solution jusqu’à la 
faire bouillir, de claire qu'elle était, elle devient trouble, 
et, par le refroidissement , une poudre blanche s’y dépose.» 

Cette poudre est de la même nature que le corps par- 
ticulier que M. Pirria a obtenu en acidulant, par le même 
acide, une solution bouillante de salicine dans l’eau , et 
auquel il a donné le nom de salirésine (résine de salicine). 
Sous l'influence d’un acide faible et bouillant, ou bien sous 
celle d’un acide fort qui la dissout à froid et sans l'altérer, 
la salicine se partage en ce corps et en sucre de raisin. Le 
précipilé cristallin que, par le refroidissement, la salicine 
dissoute dans de l'eau chaude aiguisée par de l'acide sul- 
furique, a fourni à M. Braconnot, était de la salicine inal- 
térée. La forme cristalline paraît distinguer celle-ci de la 
sahrésine, mais non de la phlorirésine de M. Stas, qui aussi 
a, suivant son expression, dédoublé la phlorizine en celle-ci 
et en sucre de raisin, laquelle est seulement difhcilement 
cristallisable, et n'exige pas d’ébullition avec un acide 
affaibli pour se former. | 

Au sujet de la réaction de l'acide sulfurique affaibli sur 
la canadine, on lit dans la note: « L'acide sulfurique étendu 
de 20 fois son poids d’eau la décompose à chaud, et pro- 
duit un corps résinoïde insoluble dans l’eau et dans l’am- 
mouiaque; soluble dans l'alcool, dans l'éther et dans les 
alcalis fixes. » 

— La salicine est connue pour se comporter d’une ma- 
nière analogue. Si la canadine avait été un principe parti- 
culier, la substance résiniforme qu’elle fournit aurait dû 
porter le nom de canadirésine. 


É - 


| à 


_ 


( 239 ) 

« L’acide hydrochlorique concentré et libre de mélange 
dissout la canadine sans l’altérer. Au bout de 24 heures, 
un dépôt consistant en une poudre grisâtre y est remar- 
qué: » 

La salicine n'avait pas été reconnue se conduire ainsi 
avec l'acide hydrochlorique concentré. La poudre recueil- 
lie aura été de la canadirésine, à en juger d’après sa forme 
et sa couleur. Il en résulterait que, pour la production des 
résine-composés, certains acides forts et agissant à froid 
sont les équivalens de la plupart des acides faibles chauf- 
fés au degré de l’ébullition. Quand la précipitation doit 
être déterminée par l’eau ou un alcali, il n'y a pas de résine- 
formation. La note porte : L’acide hydrochlorique con- 
centré dissout la canadine, d’abord sans altération ; mais, 
par un contact prolongé de 24 heures, la dissolution laisse 
précipiter un corps pulvérulent légèrement grisätre. La 
note apprend de plus, que l'acide hydrochlorique, étendu 
de 20 fois son poids d’eau , la décompose à chaud en pro- 
duisant, ainsi que nous avons dit que le fait l'acide sulfu- 
rique dilué au même degré et chaud, un corps résinoïde 
insoluble dans l’eau et dans l’'ammoniaque, soluble dans 
Valcoo!, l’éther et les alcalis fixes. 

« L’acide sulfurique concentré ne dissout pas de suite 
la canadine. Au fur et à mesure que la solution s'opère, 
Vacide se colore en rouge-pourpre. La réaction est accé- 
Jérée par l'administration de tant soit peu de chaleur. 
Après 24 heures, un précipité rouge-brunätre s’y trouve 
formé. » 

La propriété de former avec l'acide sulfurique concentré 


. une coloralion rouge-pourpre appartient à la salicine 


comme à la canadine, mais celle de laisser précipiter le 
colorant rouge sans que la précipilation ait été l'effet d’eau 


( 240 ) 
attirée de l’air,et par la seule circonstance d'avoir éprouvé 
un échauffement très-léger, serait particulière à la cana- 
dine et dislinctise pour elle. 

L'expérience faite ici a constaté la coloration rouge 
entre l’acide sulfurique et la canadine : « mise en con- 
tact avec l'acide sulfurique concentré, la canadine s’y 
dissout en colorant l'acide en rouge-cramoisi. Cette dis- 
solution, abandonnée à l'air libre ( et humide ), laisse 
précipiter un corps floconneux d’un rouge foncé. — En 
imbibant très-légérement d'acide sulfurique concentré 
la face interne froissée d’une écorce fraîche de racine 
de peuplier de Canada, nous avons vu se faire une co- 
loralion en rouge de sang très-foncé. Gelte coloration 
pourra servir de réactif pour interroger des parties de 
plantes dont la saveur est amère, sur leur contenu en 
principe rougissable par l'acide sulfurique. 

« L'acide nitrique blanc, versé sur la canadine, la colore 
immédiatement en jaune et la dissout presque entière- 
ment. Aidée par la chaleur, la dissolution s’opére de suite. 
Après 24 heures, un précipité jaunâtre s'y fait remar- 
quer. » 

La salicine éprouve un effet semblable de la part de 
l'acide nitrique; il est apparent que la solution faite de 
l’un ou l’autre des deux principes dans de l’acide nitrique 
blanchi par la chaleur et à l’air libre, dont la composition 
est si ferme, étant diluée d’eau aussitôt aprés la solution, 
laissera précipiter une matière qui, en raison de la con- 
centration de l'acide, pourra être un résine-composé. Dans 
un acide blanc, l'acide carbazotique ne se forme qu’à la 
faveur de l’'échauffement. ” 

« L'acide nitrique concentré détruit la canadine en 
produisant de l'acide carbazotique. 


( 241 ) 

» L'ammoniaque , le sous-acétlate de plomb et l’eau de 
chaux dissolvent la canadine sans l’altérer. » 

La salicine se dissout également dans les liquides alca- 
lins sans en être allérée. Seulement, elle ne peut plus cris- 
talliser, et demande pour s'en séparer qu’un acide sature 
l'alcali : «Les dissolutions de potasse , de soude, de chaux, 
de baryte, d’ammoniaque, quel que soit leur état de con- 
centration , dissolvent abondamment la canadine. » 

— Quant à la solubilité de la canadine dans le sous-acé- 
tate de plomb, elle peut dépendre de ce que le composé 
qui se forme est soluble dans le liquide restant , ou que, ne 
décomposant pas le sel, elle est soluble dans la solution 
de celui-ci. L'auteur n’a pu emprunter l’idée de faire 
cette expérience à M. Pirria, qui la rapporte dans son appli- 
cation à la salicine, le mémoire de ce chimiste venant 
seulement de paraître. M. Pirria dit que le précipité formé 
par l’acélate tribasique de plomb dans une solution sa- 
turée et chaude de salicine dans l’eau, alcalisée par quel- 
ques gouttes d'ammoniaque , lequel précipité est du sali- 
cinate de plomb, est soluble dans l'acide acélique, et il 
ajoute : «aussi dans une solution de potasse. 

« La solution de canadine ne précipite aucune disso- 
lution métallique; elle produit un précipité dans la dis- 
solution de l’acétate tribasique de plomb ammoniacal, 
lequel précipité se dissout facilement dans l'acétate neutre 
de plomb. » 

— La salicine exerce sur les dissolntions métalliques et 
sur celle ammoniacale d'acétate tribasique de plomb des 
réactions absolument semblables. 

La canadine se présente sous la forme de petites aï- 
guilles parfaitement blanches. Elle a une saveur amère 
franche; elle est inodore , sa solution est sans action sur 


( 242 ) 
les dissolutions du tanin et de la gélatine. L'acide acé- 
tique concentré la dissout à froid et sans l'altérer. 

Soumise à l’action oxydante d’un mélange de bichro- 
male de potasse , d'acide sulfurique et d’eau, elle produit, 
par la distillation , un corps huileux d’une odeur rappelant 
l'huile de salicine, rougissant vivement la solution du per- 
chlorure de fer, produisant un précipité cristallin dans 
l'eau de chlore, lequel composé chloré jaunit sous l'in- 
fluence des alcalis. 

L'analyse élémentaire de la canadine, faite au moyen 
de l’oxyde de cuivre avec addition d’une quantilé conve- 
nable de chlorate de potasse fondu, a donné les résultats 
suivans : 

EL 0r:,370 canadine desséchée à l'air libre ont donné 
05,216 eau et 05,734 acide carbonique. 

IL 08':,400 même ont donné 06":,221 eau et 0#",793 acide 
carbonique. 

D'où l’on tire en centiémes : 


I. IL. 
Carbone. . . . .. 54,88 54,83 
Hydrogène . . .. 6,4 6,1 
DXVSEN EU Se 38,7 39,1 


100,0 100,0 


En résumé : 

De l’ensemble des propriétés de la canadine et de l’ana- 
lyse élémentaire de cette substance, comparées aux pro- 
priétés et à la même analyse de la salicine, on peut con- 
clure que la canadine n’est que de la salicine parfaitement 
pure. En effet, la nouvelle matière se fond à 195° sans 
perdre de l’eau, et la salicine jouit de ces propriélés-la, 
Comme elle , elle rougit par l'acide sulfurique concentré; 


AE ol 


( 243 ) 
comme elle, elle est parfaitement insoluble dans l’éther 
anhydre. De même que la salhicine , elle produit sous l'in- 
fluence des acides dilués bouillans le corps résinoïde 
insoluble dans l’'ammoniaque ; comme la salicine, elle se 
convertit en acide carbazotique par l'acide nitrique. De 
même que la salicine, elle ne précipite point l’acétate tri- 
basique simple de plomb, mais bien l’acétate tribasique 
ammoniacal du même , lequel précipité est soluble dans 


Vacétate neutre de plomb comme le salicinate de plomb 


lui-même. 

Comme la salicine, elle produit sous l’action oxydante du 
bichromale de potasse, le corps remarquable de M. Pirria, 
lhydrure de salicine, se combinant au chlore, au potas- 
sium, elc., el se colorant en rouge par la solution d’un 
persel de fer. 

Et, en dernier lieu, les résultats de l'analyse élémen- 
taire s'accordent exactement avec ceux de la même analyse 
faite derniérement sur la salicine parfaitement pure. 

La seule différence que l’on trouve entre la canadine et 
la salicine est que la première ne possède pas le goût de 
saule que présente toujours la dernière , mais cela semble 
tout bonnement nous prouver que le goût de la salicine 
nest pas propre à la salicine elle - même, mais bien 
à un corps étranger qui souille la salicine extraite des 
saules. 

Peut-être doit-on attribuer à ce corps étranger le léger 
excès de carbone que MM. Pelouze, J. Gay-Lussac et Pirria 
ont obtenu dans leur analyse de la salicine du com- 
merce. 

L'auteur termine son mémoire en portant à la connais- 
sance de l'académie que, pour l'extraction de la populine 
et de la trémuline contenues dans l'écorce des racines du 


( 244 ) 

peuplier-tremble , il a suivi la même méthode que celle 
dont il a fait usage pour l'extraction de la canadine. Par le 
refroidissement de la liqueur alcoolique, la populine cris- 
tallise la première et se dépose sur les parois latérales du 
vase, et, quelque temps après, la populine se concrète 
cristallinement au fond du même vase, en laissant un 
intervalle notable entre elle et la populine. 

— Je n'ai pas dit que les résultats des expériences de 
vérification et de comparaison qui ont été entreprises à la 
fois avec l'échantillon de canadine présenté à l'académie 
par l’auteur, et avec la canadine que nous avons nous- 
mêmes préparée, ont été contrôlés en grande partie par 
les mêmes expériences exécutées avec de la salicine de 
saule. 

Lors même, ce qui ne paraît pas douteux, que la cana- 
dine et la salicine seraient une seule et même substance, 
il n’en resterait pas moins à l’auteur le mérite d’avoir dé- 
couvert une nouvelle source , et une source qui le fournit 
dégagé de tout mélange avec une matière analogue, d’un 
principe qui a déja donné les produits les plus extraor- 
dinaires, qui en promet encore d’autres non moins re- 
marquables, et qui , avec la phlorizine, peut être proclamé 
le corps le plus important que jusqu'ici la chimie orga- 
nique ait possédé. Son travail ne pourra donc qu'être très- 
favorablement accueilli par ceux qui s’occupent de cette 
branche particulière de la science chimique. " 


(26) 
ANATOMIE. 


Rapport sur l'ouvrage intitulé : ANATOMIE DU CHEVAL, 
par M. Charles Phillips de Liége. (Commissaires : 
MM. Cantraine, Wesmael et Morren, rapporteur ). 


«Monsieur Charies Phillips a présenté à l'académie, dans 
sa dernière séance, le manuscrit de son nouvel ouvrage 
sur l'Ænatomie du cheval, désirant avoir l'avis de la com- 
pagnie sur sa valeur scientifique, avant de le livrer à 
l'impression. El n'a communiqué que la première partie, 
qui formera un volume d’environ 200 pages, accompagné 
d'un atlas de 40 planches in-4°, enluminées, avec leur 
explication. Ces planches ont Loutes été dessinées et colo- 
riées par l’auteur, d’après des préparations qui ont servi 
a ses leçons sur la matière ; son talent sous ce rapport nous 
était déja connu par son Traité sur les umputations dans 
la contiquité des membres , qu'il a offert également à l’a- 
cadémie lors de sa publication. 

Depuis que la Belgique voit les sciences vétérinaires 
s'enseigner dans quelques-unes de ses grandes villes, des 
ouvrages nationaux, dus à des plumes belges, ne pou- 
vaient manquer d’être bien accueillis par nos écoles, nos 
artistes vélérinaires et les personnes qui s’occupent d’hip- 
piatrique. Le succès de plusieurs ouvrages publiés chez 
nous sur ces sciences a prouvé cel empressement , qui 
doit encourager les jeunes auteurs. À notre avis, le nou- 
veau traité de M. Phillips est digne sous tous les rap- 
ports de fixer l'attention des anatomistes, et d'être recom- 
mandé comme un vade mecum nécessaire aux jeunes gens 
qui suivent les travaux de l’amphithéâtre, En cffet, c’est 


( 246 ) 

un ouvrage conçu d’après un plan neuf, mais tout ra- 
tionnel. C'est une anatomie des régions, la seule qui 
puisse servir de base aux opérations chirurgicales. Dela- 
fosse, Bourgelat, Girard et Gurlt, les premiers, en fran- 
cais, le dernier, en allemand, n’ont donné que la partie 
descriptive des organes isolés, sans faire ressortir les 
rapports qui existent entre eux, ce qui pourtant était de 
la plus haute utilité. Girard était plus complet que ses 
prédécesseurs ; mais si, par exemple, on jette les veux sur 
sa myologie, on n’y trouve que les attaches, la grandeur 
et le volume des muscles. De leurs rapports avec les au- 
tres oïganes voisins, il n'en est pas dit un mot, etilest 
évident que, pour les opérations, c’est là une immense la- 
cune. M. Phillips l’a comblée, et il faut le dire, avec un 
talent remarquable; son habileté à manier à la fois le 
scalpel, le bistouri et le crayon, lui a été fort utile pour 
rendre avec bonheur la structure des régions, de maniêre 
à conduire avec sécurité l'élève qui n’a pas loujours dans 
ses disseclions le professeur à ses côtés pour le guider. 

Cetie première partie de l'ouvrage de M. Phillips con- 
tient la description du squelette, des os, des muscles et 
des ligamens. Pour l'ostéologie, ses descriptions sont 
plus complètes que celles des auteurs qui l'ont précédé 
dans la carrière, Nous prendrons un exemple dans celle 
du sphénoïde, où l’on ne signalait que deux faces, l’anté- 
rieure et la postérieure ; plus les ailes. M. Phillips partage 
le corps de los en six faces, indépendamment des ailes, 
faces qu'il décrit chacune à part, etc. L'élude des fosses 
du crâne n’avait été faite par personne : il s’y attache avec 
soin et entre dans tous les détails sur les orbites, les 
fosses zygomatiques, palatine, nasale et sphéno-maxillai- 
res. La description du pied du cheval a été faite d'aprés 


( 247 ) 
les récens travaux de Bracy-Clarke, innovation qui ne se 
trouvait pas encore dans un ouvrage élémentaire. 

Pour la myologie , les rapports entre les muscles étaient 
ce qu'il y avait de plus intéressant à faire ressortir, et 
l'auteur s'y attache particuliérement; il donne moins 
d'attention aux descriptions des parties charnues, pour 
s'appliquer davantage aux attaches, aux connexions et 
aux dimensions. Toute celte partie est entièrement neuve; 
les descriptions ne sont point écrites d’après des livres, 
déplorable système trop suivi encore dans les Manuels, 
mais d’après la nature. Aussi l’auteur a-t-il, par ce moyen, 
découvert le nouveau muscle, le petit cubito-prépha- 
langien, sur lequel il a récemment attiré l'attention de 
l'académie (janvier 1839) dans son intéressante commu- 
nicalion. 

L'idée qui a présidé à la rédaction de cet ouvrage a 
droit sans doute de mériter l'approbation de l'académie; 
son exéculion est non moins digne d'éloges. Nous enga- 
geons la compagnie à faire connaître son suffrage à l’au- 
teur, et à l'encourager dans les travaux d'anatomie com- 
parée qu'il a commencés avec tant de succès. » 

Ces conclusions sont adoptées. 


— L'académie, après avoir entendu l'avis de ses com- 
missaires MM. Crahay et Quetelet, ordonne ensuite l’im- 
pression du mémoire de M. Martens, Sur la pile 
galvanique et sur la manière dont elle opère les décom- 
positions des corps , présenté à la séance précédente. 


Tom. vr. 18 


( 248 ) 


LECTURES ET COMMUNICATIONS. 


GÉOMÉTRIE. 


Propriétés des surfaces du second degré analoques 
aux théorèmes de Pascal et de M. Brianchon , par 
M. Chasles , correspondant de l'académie. 


La recherche de ces propriétés avait été provoquée par 
l'académie de Bruxelles, qui en avait fait le sujet d’une 
de ses questions proposées pour le concours de 1826. J'ai 
énoncé dans mon Æperçu historique des méthodes géomé- 
triques ( pp. 400-402 ), deux théorèmes qui paraissent 
salisfaire à la question ; ce sont ces deux théorèmes que 
je me propose ici de démontrer. 

Mais il faut rappeler d’abord le point de vue nouveau 
sous lequel j'envisage les théorèmes de Pascal et de 
M. Brianchon, c’est-a-dire les énoncés sous lesquels je 
les exprime , pour en faire ensuite l'application , par ana- 
logie, aux surfaces du second degré. 

Le théorème de Pascal consiste, comme on sait, en 
cette propriété de tout hexagone inscrit dans une coni- 
que, savoir que: les trois points de concours des côtés 
opposés de l'hexagone sont en ligne droite. 

On peut considérer la figure d’une autre manière, et 
comme composée d'un triangle formé par les trois côtés 
de rang impair de l'hexagone, et des trois cordes de la co- 
nique, comprises respectivement dans les trois angles de 
ce triangle. Le théorème de Pascal exprime alors que ces 

‘trois cordes rencontrent respectivement les trois côtés 


( 249 ) 
opposés du triangle, en trois points qui sont en ligne 
droite. 

Aïnsi l’on peut considérer le théorème de Pascal comme 
exprimant une propriété générale du système d’une co- 
nique et d’un triangle tracés dans un même plan. 

Sous ce point de vue, la généralisation du théorème 
au cas de l’espace, se présente naturellement; ce sera 
une propriété du système d’une surface du second degré 
et d’un tétraëdre quelconque, dont les arêtes rencontrent 
la surface. 

Voici quelle est cette propriété : 

Quand les six arêtes d'un tétraëèdre placé d’une ma- 
niere quelconque dans l’espace, rencontrent une sur- 
face du second degré en 12 points, ces douze points 
sont, trois à trois, sur quatre plans, dont chacun con- 
tient trois points appartenans aux trois arêtes issues 
d'un même sommet du tétraëèdre ; 

Ces quatre plans rencontrent respectivement les faces 
du tétraëdre, opposées à ces sommets, suivant quatre 
droites qui sont les génératrices d'un même mode de gé- 

“ nération d’un hyperboloïde à une nappe. 

…._ On peut former plusieurs systèmes de quatre plans qui 

— contiennent, trois par trois, les douze points de ren- 
contre des arêtes du tétraèdre et de la surface; le théo- 
rème aura lieu pour chacun de ces systèmes. Par exemple, 
si les quatre sommets du tétraëdre sont dans l'intérieur 
- de la surface, on pourra prendre les quatre plans en 
4 de manière que chacun d'eux contienne les 
trois points où les arêtes issues de chaque sommet, respec- 
tivement (et non les prolongemens de ces arêtes), ren- 

— contrent la surface. 

Cette propriété du tétraèdre considéré par rapport à 


_ de dé LL 
a 1 
d 
G 
À 


( 250 ) 
une surface du second degré, correspond, comme on 
voit, à la propriété du triangle tracé dans le plan d’une 
conique qui exprime le théorème de Pascal. C'est sous ce 
point de vue que nous présentons ce théorème comme 
l'analogue, dans l’espace, de celui de Pascal. 

Pour démontrer ce théorème, nous nous appuierons 
sur-le lemme suivant, qui se rapporte à la théorie de l’in- 
volution de six points, mais qui ne s’y est point encore 
présenté. 

Lemme. S3 l’on a sur une droite deux systèmes de 
deux points, À, A'et B, B'; et qu'on prenne les deux 
points E, F qui sont conjugués harmoniques par rap- 
port à chacun de ces deux systèmes, on aura entre les six 
points À, A", B,B',Eet F, la relation : 


AE.AF AA’. AB 
BE. BF BB’, BA’ 


Démonstration. La condition pour que les deux points 
E, F soient conjugués harmoniques par rapport aux deux 
A, A’ s'exprime par l'équation 


EA Fe 


ELITE" 
d’où l’on tire, comme on sait , celle-ci : 


2 1 1 AE + AF. 
AA’ AE AR AITENRE AE" 


ou , en appelant O le point milieu du segment E,F, 


1 AO 
AA’ AE. AF 


( 251 ) 
Les deux points E, F étant conjugués par rapport aux 
deux points B, B’, on a semblablement 


1 BO 
BB’ BE. BF 
On a donc 
AA’ AE. AF BO 
BB’ BE. BF AO 
Or on sait qu’on a 


BO A'B 
CET (4perçu historique, pag. 312.) 


Il vient donc 


AE. AF AA’. AB’ 
BE. BF BB’. BA’ 


COS AD: 


Passons à la démonstration du théorème énoncé ci- 
dessus. 

Concevons une surface du second degré et un tétraëdre 
dont les sommets soient A ,B, C, D. Que les trois arêtes DA, 
DB et AB rencontrent la surface en des points a, a’ pour 
la première, b, b’ pour la seconde, et e, e’ pour la troisième. 
Considérons sur l’arête AD les deux segmens Aa’ et Da; 
et prenons les deux points =, p: qui divisent harmoni- 
quement chacun de ces deux segmens; c’est-à-dire, de ma- 
nière qu'on ait les deux relations 


( 252 } 


on aura, d’après le lemme, l'équation 


- Am. Au Aa'. Aa 
Dm. Du Da. Da’ 


D 

Prenons semblablement sur l’arête DB les deux points 

n, v qui divisent harmoniquement chacun des deux seg- 
mens Bb’ et Db; on aura 


Dr. D: Db. Db’ 

Br, B> Bb. Bb 4 
Enfin considérons sur l’arête AB les deux segmens Be, 
Âe’ , et prenons les deux points p et 7 qui divisent cha- 
eun d'eux harmoniquement ; on aura l'équation 


Bp.Br' Be. Be’ 
Ap. Ar de. Ae’ 


Or les six points a, a’, b, b',e, e’ sont les intersections 
des trois côtés du triangle DAB et de la conique provenant 
de la section de la surface par le plan de ce triangle; il 
s’ensuit, d’après le théorème de la Géométrie de position 
de Carnot (p. 293 ), que le produit des seconds membres 
des trois équations ci-dessus est égal à l'unité: le produit 
des premiers membres est done aussi égal à l'unité. Ainsi 
l'on a ( 


Am. Au. Dn. D. Bp. Br 
Dm. Du. Bn. B>. Ap. Ar 


Cette équation prouve, d’après le même théorème cité, 
que Les six points m, bn, 7, pet tr, pris sur les trois 


( 253 ) 
côtés du triangle DAB/ sont sur la circonférence d'une 
conique. 

Gela posé, déterminons sur l’arête DC deux points r et p 
par les mêmes considérations que les deux points m, x 
sur l’arête DA; et prenons semblablement sur l’arête AC 
deux points s et 5. Les six points m,,r,p, s et o seront 
sur une conique. 

Enfin, prenons semblablement deux points £ et + sur 
l’arête BC ; les six points x, v, r, p, t et 7 seront sur une 
troisième conique. 

Ges trois coniques passent, deux à deux, par deux 
mêmes points. Car les deux premières passent par les deux 
points m, x; la première et la troisième passent par les 
deux points #, »; et enfin la seconde et la troisième pas- 
sent par les deux points r, e. Il s'ensuit que ces trois 
courbes sont sur une même surface du second degré. 
Car par deux de ces courbes, puisqu'elles se rencon- 
trent en deux points, on pourra faire passer une infi- 
nité de surfaces du second degré : si l’on détermine une 
de ces surfaces par la condition qu’elle passe par un point 
pris sur la troisième courbe, elle aura cinq points com- 
uns avec celte courbe, puisque cette courbe rencontre 
chacune des deux premières en deux points; celte courbe 
sera donc tout entière sur la surface. Ainsi nos trois Co- 
niques sont situées sur une même surface du second de- 
gré. Donc /es douze points M LM PT M P8,0,Letr 
sont sur une même surface du second degré. 

L'équation ci-dessus, 


am Dm 
FN Dx ? 


prouve que le point a est sur le plan polaire du point D, 


( 254 ) 

pris par rapport à la nouvelle surface. Pareillement le 
point b est sur ce plan polaire. Il en est de même de l’un 
des deux points où l’arête DG rencontre la surface pro- 
posée. On voit ainsi. que les douze points où les arêles du 
tétraëdre rencontrent Ja surface sont, trois à trois, sur 
quatre plans qui sont les plans polaires des sommets du 
tétraèdre, pris par rapport à Ha nouvelle surface. 

Or, j'ai démontré que les plans polaires des sommets 
d’un tétraèdre, pris par rapport à une surface du second 


degré, rencontrent respeclivement les faces opposées du 
tétraëdre, suivant quatre droites qui sont des génératrices 
d'un même mode de génération d’une surface du second 
degré (Annales de mathématiques, 1. XIX, p. 76, et 
Aperçu historique , elc., p. 692); donc, les quatre plans 
qui contiennent , trois par trois, les douze points d’in- 
tersection de la surface proposée par les arêtes du té- 


traëdre ABCD, rencontrent respectivement les quatre 
faces de ce tétraèdre, suivant quatre droites qui sont 
des génératrices d’un même mode de génération d'un 
hyperboloïde a une nappe. 

C’est le théorème que nous nous proposions de dé- 
montrer, comme correspondant à l’hexagramme de Pas- 
ca}. 

Passons au théorème de M. Brianchon. 

Ce théorème consiste en ce que : dans tout hexagone 
circonscrit à une conique , les trois diagonales qui joti- 
gnent un a un les sommets opposés, passent par un 4 
même point. Ghangeons l'énoncé de ce théorème, en sub- 
stituant à la considéralion d’un hexagone celle d’un « 
triangle ayant pour sommets les trois sommets de rang M 
impair de l'hexagone. Les sommets de rang pair seront 
considérés comme les points d’intersection des tangentes 


( 255 }) 
à la conique menées par les trois sommets de rang im- 
pair; et le théorème prendra cet énoncé : 

Un triangle étant décrit dans le plan d'une coni- 
que, si l'on circonscrit a la courbe trois angles qui 
s'appuient respectivement sur les trois côtés du trian- 
gle, les droites qui joindront les sommets de ces angles 
aux sommets du triangle opposé à ses côtés respective- 
ment , passeront toutes trois par un même point. 

Voici quel est le théorème correspondant dans l’espace. 

Étant donnés une surface du second degré et un té- 
traèdre quelconque ; si l’on circonscrit à la surface 
quatre angles trièdres soutendant respectivement les 
quatre faces du tétraëdre ; 

Les quatre droites qui joindront respectivement les 
sommets de ces quatre angles aux sommets du tétraëdre 
opposés aux faces qu'ils soutendent, seront quatre gé- 
nératrices d’un même mode de génération d’un hyper- 
boloïde a une nappe. 

Nous pourrions démontrer ce théorème par des considé- 
rations semblables à celles par lesquelles nous avons 
passé pour démontrer le premier; mais ce serait, en 
quelque sorte, une répétition, qu'on évite en faisant usage 
du principe de dualité : car les deux théorèmes sont cor- 
rélatifs l'un de l’autresuivant ce principe. La démonstration 
directe du premier sufhit donc et est aussi, par elle-même, 
une démonstration du second. 

Les deux théorèmes sont susceptibles de plusieurs co- 
rollaires qu'on obtient en supposant que le tétraèdre 
prenne diverses positions parliculières pâr rapport à la 
surface du second degré. J'ai énoncé déjà ces corollaires, 
que je ne reproduirai pas ici. ( Voir Aperçu historique, 
pp. 401, 402.) 


| ( 256 ) 
ANALYSE ALGÉBRIQUE. 


Note sur la théorie algébrique des logarithmes, par 


M. Pagani, membre de l'académie. 
+ 


L'origine la plus naturelle et la plus élémentaire en 
même temps que l’on puisse assigner aux logarithmes, 
consiste à considérer ces quantlilés comme les termes 
d’une progression arithmétique dont le premier terme est 
zéro, correspondant aux termes d’une progression géo- 
métrique, dont le premier terme est l’unité. 

Soit 1 + « la raison de la progression géométrique, d'la 
raison de la progression arithmétique. Le terme général 
de la première progression aura pour expression 


(1+a)", 
en désignant par n un nombre entier positif. Le terme 
correspondant de la progression arithmétique aura pour 


valeur 
nd, 


D’aprés la définition, la quantité nd est le logarithme 
du nombre (1 +2)". 

Maintenant si l’on suppose que « converge de plus en 
plus vers zéro, les termes de la progression géométrique 
que nous considérons , donneront les valeurs de plus en 
plus approchées de toute grandeur comprise entre 1 et = 

On peut donc admettre l'équation 


(LME. - : limite (l+a) =Yy, 


où le premier membre indique la limite vers laquelle 
converge la quantité (1+4x)", « convergeant vers o et n 
convergeant vers =; la lettre y dénote une grandeur po- 
silive quelconque. Or, on ne changera point la généralité 


( 257 ) 
de l'équation (1) en faisant :— uz, et en admettant que 
la lettre y désigne un nombre déterminé auquel on donne 
le nom de module. Par conséquent nous pouvons établir 
la proposition suivante : 


LA 


Étant donnée l'équation (1), on en conclut 
Ti -himriel nca log.:y: 
0° Y 


Cela posé, on peut employer les équations (1) et (2) de 
deux manières : en considérant d’abord &« comme une 
fraction excessivement petite mais constante, et en lais- 
sant indéterminés les nombres n et y. On conçoit, en effet, 
que, quel que soit le nombre y, il existe toujours un nom- 
bre # suflisamment grand pour que l’équatiof 

(ay =y 
soit satisfaite avec une approximation d’autant plus grande 
que la fraction constante x sera plus petite; ce qui dé- 
montre comment, le nombre y étant donné, on peut en 
obtenir son logarithme nu«, et réciproquement. On voit 
en outre que si l’on a 

(l+a) =7y 

(Are)'=y, 
il doit en résulter 


A ta 


sn LÉ 

et que par conséquent le logarithme du produit de deux 
nombres est égal à la somme des logarithmes de ses 
facteurs ; théorème fondamental dans cette théorie. 

En considérant les équations (1) et (2) sous ce point de 
vue arithmétique, on est conduit à la théorie arithmé- 
tique des logarithmes , telle à peu près qu’elle a dû se 
présenter à l'esprit des géomètres qui se sont occupés les 
premiers du calcul de ces quantités. Mais il y a une au- 


( 258 ) 
tre manière d'employer les équations (1) et (2), en con- 
sidérant l’exposant # comme un nombre excessivement 
grand et donné, et en laissant indéterminées les quan- 
tités « et y. Posons à cet eflet «— =, la lettre x dénotant 
une grandeur finie variable. Les équations (1) et (2) de- 
viendront 


fa {ET CO AM limite (a + ©) ddr 


CE ee street = log: ge 

Les équations (3) et (4) expriment les relations entre 
les nombres et les logarithmes. Mais la dernière étant 
l'inverse de la précédente, on peut dire que la théorie 
algébrique des logarithmes est complétement définie par 
l'équation (3). Il est aisé de démontrer, en effet, qu’au 
moyen de cette relation on doit avoir 

log. yy = log. y + log. y. 


Pour y parvenir, multiplions membre à membre, l'é- 
quation (3) et celle-ci qui lui est analogue 


. . z' ‘é 1 
limite ( PERTE 
nous aurons 
x+2 at" d 
limite É Œ ——— (1 “res —)| — y. 
n n(x+x') 
Mais cette équation est évidemment la même que 
A z+x 
limite (1 + ne, = Yy ;, 
n 
xx! 


’ é I 
attendu qu'en faisant Fe le facteur 1 Ce) 
réduit à l'unité. Ce qui démontre la proposition énoncée. 
En résumé, la théorie algébrique des logarithmes re- 


EUR 


(239 ) 


pose sur l'équation binome (3), considérée à la limite 
qui correspond à = — 0. 

Le problème dont la solution fait l'objet principal de 
cette note . consiste à résoudre l'équation (3), l'inconnue 
étant x. En d’autres termes, le nombre étant donné, et 
le module, trouver le logarithme correspondant. 

Soit l'équation binome 


z" = r(cos. 8 + 2 sin. 8), 


dans laquelle r désigne une grandeur réelle et positive, Ÿ 
un arc de cercle dont le rayon est l’unité, et à le sym- 
bole V”—1. On aura, comme on sait, 
2 
me — 9 + 2kr ME CRT 
sr. ( cos. ———— +isin. ): 


m m 


Dans le second membre de cette formule VT exprime 
la grandeur arithmétique réelle et positive qui , élevée à 
la puissance m, doit produire r; la lettre k désigne un 
nombre entier quelconque, positif ou négatif, zéro compris. 
Si nous faisons maintenant 


à 
m—=n,z—=1l+—, y—r(cos. 4+2sin.4), 
n 


nous trouverons, en vertu de la formule précédente 


log. [r(cos.4 + à sin. 8)] — 
es 8+ 2% 8 + 2% 
limite un [V7 (cos. Lu AS AT ra =) = 1 : 
n 


Reste maintenant à trouver la vraie valeur du second 
membre de cette formule. 
Tant que l'arc 9 et le nombre k conservent une valeur 
finie, on a 
0+2kr 414 2kr 0+2kr 


COS, —— = 1, CI re 
n n n 


? 


( 260 ) 
en négligeant les termes infiniment petits du second ordre. 


Partant 
log: [r(cos. 8 + isin. 8)] — 


HF UTE We ô - 
limite un Le (1 far i) u£ | } 
ñn 
ou bien 
log. [r(cos. 8 + à sin. 8)] — 


limite un (V/r — 1) + limite mY/r (8+ 2kx) à. 
Posons, pour abréger, 


limite n (V/r —1)=tr, 


en dénotant par / le logarithme arithmétique naturel du 
nombre positif r; l'équation précédente donnera, en 


observant que limite VT is 
log. [r(cos. 8 + 2 sin. #)]=wl tr + (8+2kr)i]. 


Le second membre de cette formule nous donnera les 
logarithmes des quantités réelles, en y faisant 0 égal à 
un multiple pair ou impair de 7, suivant que ces quan- 
tités sont positives ou négatives. Nous voyons par cette 
formule, qui coïncide avec les résultats découverts par 
Euler, que les solulions qu'elle renferme ne sont pas 
toutes celles que comporte la question, et que ces solu- 
tions correspondent aux valeurs finies de 9 et de k. Pour 
avoir donc la solution complète de l'équation (3), il faut 
recourir à d'autres méthodes, et particulièrement à celle 
que j'ai employée dans une question plus générale, et que 
j'ai eu l'honneur de soumeltre à l'académie, dans une 
note sur la résolulion de l'équation binome 


Fa ie 


( 264) 

P.5. Apres avoir rédigé cette note, j'eus l’occasion de 
voir, dans un rapport publié à Londres en 1835, et que 
notre savant confrère M. Quetelet a eu l’obligeance de 
me prêter, que M. Graves avait donné en 1828 la solution 
complète de l'équation binome. Mais j'ai pu me convain- 
cre que la marche suivie par ce savant est différente 
de celle que j'ai suivie dans la note publiée dans le 
tome XI des nouveaux Mémoires de l’académie, et je 
dois ajouter que j'ignorais complétement que d’autres 
géomètres eussent trailé le même sujet, avant d’en avoir 
trouvé la solution. 


— M. Pagani présente ensuite un mémoire #ur quel- 
ques transformations générales de l’équation fondamen- 
tale de la mécanique. (Commissaires : MM. Timmermans 
et Garnier.) 

— M. Garnier communique un écrit contenant des 
développemens et propriétés de quelques fonctions trigo- 
nométriques. 


MÉTÉOROLOGIE. 


L'académie reçoit communication des observations mé- 
téorologiques horaires faites à Bruxelles, Louvain, Alost 
et Gand, à l’époque de l'équinoxe du printemps (1839). 
Ces observations, continuées d'heure en heure depuis le 
21 mars dernier à six heures du matin jusqu'au 22 à six 
heures du soir, s'accordent à présenter une grande con- 
formité de résultats. Ainsi la pression atmosphérique, 
indiquée par l’état du baromètre et représentée par la 
carte figurative ci-jointe, a subi à peu près exactement les 

… mêmes oscillations dans les quatre localités mentionnées, 


( 262 ) 


Observations météorologiques horaires faites à l'équinore 
du printemps (1839). 


BAROMÈTRE RÉDUIT A O°. VENTS. 
ne A Ne LT RERO RES Re ee 

a n È 
DATE, = à k 8 É à 

20 Le 0 AO Ne EME OUR 

| Le] < [2] a pe < [2] 
21mars. 

mm mm mm mm 

6 h. m. À 750,67 | 752,383 | 753,50 | 753,389 À O. | O. |ONO.| SS0. 
T7 — 50,51 | 52,109 | 53,39 | 53,289 À SO. | O. |ONO.| So. 
8 — 50,32 | 51,946 | 53,25 | 52,975 ee O. |SS0. | SSO. 
9 — 50,06 | 51,608 | 52,91 | 52,760 | 50. | O. |SSo.| so. 
10 — 49,97 | 51,532 52,82 52,733 JOSO.| O. |Sso.| so. 
11 — 49,75 | 51,417 | 52,75 | 52,605 4 O. |SSo. | SSso 
12 — 49,62 | 51,182 | 52,33 | 52,565 À SO. | O. | SSO. | SO. 
1h.s. 49,45 | 51,182 | 52,32 | 52,294 | SO. | O. | So. | 080. 
2 — 49,34 | 50,996 | 52,10 | 52,069 À SO. | O. | So. |oso 
FU 49,04 50,733 52,02 51,929 l0/SO.| O. | So. |oSoO 
4 — 48,84 | 50,327 | 51,62 | 51,778 | O. |0S0O.| So. | o. 
5 — 48,80 | 50,447 | 51,55 | 51,778 À O. | O. | So. | o 
6 — 48,91 | 50,433 | 51,91 | 51,878 Joso.| Oo. |o050.|0s0 
7 — 48,90 | 50,471 | 51,54 | 51,929 EOSO.| O » |OSO. 
B — 48,94 | 50,434 | 52,21 | 52,029 IONO.| O » | » 
9 — 48,94 | 50,447 | 51,90 | 52,029 L » » » » 
10 — 48,87 50,409 | 51,85 | 52,016 À » » » » 
11 = 48,67 | 50,309 | 51,63 | 51,916 À » » » » 
121 48,70 » 51,58 | 51,881 » » » » 


(1) Quoique les nuages soient venus constamment du NNO, la direction du 
vent a été três-var. dans les régions infér., fréquemt la girouette a marqué E. 

(2) Le vent change. 

(3) Par intervalle vent assez fort. 


22mMARrs. 

mm mm 
1h. m. | 748,50 ». 
pe = 48,39 » 

3 — 47,90 » 

4 — 47,46 » 
nm — 47,18 | 748,586 
6 — 47,01 48,561 
T — 47,17 48,536 
8 — 47,44 48,761 
9 — 48,01 49,211 
10 — 48,82 50,047 
Il — 48,93 50,268 
12 — 49,23 50,368 
1h. 49,19 50,508 
2 — 49,16 50,358 
3 — 49,37 50,682 
4 — 49,64 50,850 
| 5 — 49,90 51,219 


(1) Jusqu'à 5 h. du matin, il y a eu par intervalle d'assez forts coups de vent. 


(2) Le baromètre oscille. 


rm 


751,56 


51,18 
50,86 
50,43 
50,11 


50,18 


(3) Vent fort entre 10 et 11 heures. 


(4) Entre 10 heures du matin et 5 heures du soir le v ent a soufllé avec force, 
(5) Entre midi et 1 heure le vent redevient fort par intervalle. 


Tom. vr. 


mm 


751,657 
51,336 
50,958 
50,580 
50,430 
50,430 
50,567 
50,891 
51,794 
52,368 


52,488 


RBUXELLES, 


VENTS, 


LOUVAIN. 


» » » ( 1 ) » [ 
» » » » 
» » » » 
» » » » 
» oo » » 


ONO.|ONO.|ONO.|ONO. 


ONO.|ONO.|ONO.| o. 


ONO.|ONOQ.|0S0. | Oo. 


NO |ON0. oN0. 


NO_|0s0.| o. 


O. | 0S0./0N0O. 


O. | NO. O. 


( 264 ) 


Observations météorologiques horaires faites à l'équinoxe 
du printemps (1839). 


BRUXELLES, R LOUVAIN ALOST. GAND. 


DATE. 


en, 


THERM.' HYG. THERM. ÎTHERM.| H\YG, THERM.| HYG. 


a) | (2) (a) 


21 mars. 
6 heures matin, 43,6 89/424-13937 | 70,0 
7 — 4,0 72,0 
8 _ 4,2 73,0 
9 = 5,1 72,0 
10 — 5,0 71,3 
11 2 5,3 68,5 
12 "1 5,9 64,3 
1 heure soir. . 6,3 61,5 
2 = 6,7 62,5 
3 Æ 8,0 62,3 
4 — 7,5 65,3 
5 — 8,0 66,0 
6 — 7,8 70,3 
TEMPÉRATURE. 
Maximum. Minimum, 
(1) Du 20 au 21 mars, à midi . . . + + : . + 855 11 378 
Du2lau22 — _— 2 Ps PAPE ER LE 8,0 6,1 
Tin PETI CE nest QUE AU ARR AN es og LL 10,1 4,8 
(2) Nuit du 21 au 22 mars . SAS LAS: EL AANERS » 5,8 
ee 2imers L. 4 de {Se ea Ton 9,1 3,1 
ME nl N'ramgeret et lb ot SELS Et 9,4 6,1 
(4) Du 21 au 22 mars, did, 0 RU PUS 10,75 6,25 
Du 22au23 — RP MST LEON PRE. 4,87 


QUANTITÉ D'EAU TOMBÉE. 


Du 20 au 21, à midi. | { 1,40 Pendant les observati. ( Alost.) 3,32 
Du2lau22, — Ÿ Bruxelles. } 1,91 Du 20 au 21, à midi, A 4,05 
Du22au23, — 0,76 Du2lau22, — and. } 4,23 


Pendant les observat. (Louvain.) 2,90 


in 


DATE. 


heures soir 


22 MARS. 


1 heure matin . 


2 


3 


11 


12 


heure soir. 


( 265 ) 


BRUXELLES. 
a —— 
THERM.| HYG. 
72 | 920 
7,0 | 94,5 
7,0 | 95,0 
7,0 | 96,0 
7,0 | 96,0 
6,7 | 97,0 
6,7 | 97,0 
6,3 | 95,0 
6,0 | 95,0 
6,1 | 94,0 
6,0 | 97,0 
6,0 | 97,5 
6,2 | 97,0 
6,7 | 96,0 
6,7 | 85,0 
6,8 | 79,0 
6,8 | 70,0 
7,5 | 69,5 
7,5 | 68,0 
8,7 66,0 
8,4 | 69,0 
8,5 | 69,5 
AT |174,0 
7,0 79,0 


LOUVAIN 


THERM. 


ALOST. 

THERM.| HYG. 

180 |93°83 
7,7 |92,32 
7,5 |94,74 
7,4 |98,48 
7,4 |98,45 
7,2 |99,16 
6,9 |98,13 
6,9 |93,93 
6,7 |95,39 
6,7 |96,68 
6,5 |98,49 
6,4 |99,45 
6,9 |99,60 
7,5 |94,25 
7,2 |80,23 
6,8 |82,67 
7,0 |63,78 
8,1 |65,06 
9,2 |63,62 
9,0 |60,30 
8,7 |63,78 
8,6 |66,35 
8,0 |72,16 
8,4 |74,42 


GAND. 
ee 
THERM.| HYG 
-4-7000 | 74°0 

7,12 | 75,0 
6,87 | 76,0 
6,87 | 77,5 
6,87 | 77,0 
6,50 | 78,0 

"a 

6,75 | 78,0 
6,87 | 75,5 
| 6,62 75,0 
6,75 | 75,5 
6,75 | 77,3 
6,87 | 78,0 
6,87 | 77,0 
7,62 | 66,0 
7,75 | 55,7 
7,12 | 44,5 
7,87 | 41,5 
8,62 | 37,0 
9,37 | 35,0 
9,12 | 35,5 
10,00 | 38,5 
9,25 | 42,5 
8,12 | 47,5 
7,50 | 56,0 


( 266 ) 


Observations météorologiques horaires faites à l’équinoxe 


du printemps (1839). 


ÉTAT DU CIEL. 


BRUXELLES. LOUVAIN. 


21 Mars. 


, 4 PA 

6 h. mat.fÉclaircies rares.| Légères éclaire. Couvert. Cou. pl. fine. 
et 
à l'Est. 


À peu prés unif, Couvert. Id. Id. 
couvert, 


Couvert. Couvert, pluieet| Pluie fine. Id, 
un peu deneige. 


ds pluie. Éclaircies. Couvert Couvert. 


Id. pluie tranq.| Écl., pluie fine, Pluie fine. Id. 


Couvert, Éclaircies. Couvert. Nuages.Entre 10 
et 11 h. pluie. 


Couvert. Id. Nuages. 
Id, 6 Qq- écl. au N, 
Id, Éclaircies rares. 


Éclaircies rares. Écl., un peu de : Gros nuag.auN; 
pluie fine. écl. à l'O. 


Éclaircies. _ Éclaircies. Cirr.-cum. Écl. au Setàl’O; 
pl.; arc-en-ciel. 


5 — Cum.-strat. Nuages. Cum., bel arc-en-| Grosnuag.au N; 
ciel. écl. auS; pluie. 
6 — Éclaircies. Id. Cirr.-cum. Nuages, 
T7 — Couvert. Couvert , pluie. Cumulus. Écl. Entre 6 et 7 
heures pluie. 
8 — Écl., cum,-str. Couvert. Couvert, Nuages. 
9 — Couvert, Éclaircies rares. | Id. Id. 
10 — Id. Id. | Id. Nuages, pluie. 
l 


Observations horaires de la pression atmosphérique 


a l'équinoxe du printemps, 1889. 


SE non Avril Fage 267, Tome VI. 


&s 


15 


058 10 12028 CNE: Gon2, D 14 6 BIO TONER 
M . Miraut Hd 


u Mars 22 Mars 


DATE. 


11 h. soir. 


U12 


12 
t 


t 


1 


h. soir. 


ÉTAT DU CIEL. 


PP 


BRUXELLES, LOUVAIN. 
Couvert. Couvert. 
Id, Id. 
Id. Id, 
Id. Id. 
Id. ld. 
Id. Id. 
Couv., pl. entre Id. 
4et 5 heures. 
Couvert , nuages Id. 
très-bas. 
Couvert. Couvert, pluie. 
Éclaircies rares Couvert. 
id. Éclaircies. 
Éclaircies. Couv.,grosnuag. 
Stratus. Couvert, 


. LA . 
Stratus et nimb., | Éclair. et couv. 
beaucoupdenu-|alternativement. 
ages. 


Strätusautour de Éclaircies. 


l'horizon, 
Cum.-str. Nuages. 
Stratus. Id, 


Qq. rares écl. |Éclaircies, pluie. 


Couv.,nimb., pl.| Couvert, pluie. 
etgréleà4h.;. 


Couv., nimb, Id, 


ALOST, 


Pluie fine. 


Id. 


Id. 
Couvert. 
Id, 
Id. 


Pluie, 


Pluie fine. 


Couvert. 


Æ 
Eclaircies, 


Couvert. 


Cirr.-cum, 


Id. 


Cumulus, 


Cirr.-cum. 


Id. 
Id. 
Giboulée. 


Cumulus. 


Couvert. 


GAND, 


Nuages. 


Qq. éclaircies. 


Couvert, pluie. 


Id. 


Nuages. 

Id. 
Éclaircies rares. 
Éclairciesau NO. 

Éclaircies 

Id. 

Id, 


Id. 


Nuages, 
Id. 
Id. 


Couvert. 


‘ Gros nuages, 


( 268 ) 


MAGNÉTISME TERRESTRE. 


M. Quetelet présente un mémoire dans lequel il exa- 
mine les résultats des observations qu’il a faites depuis 
douze années, sur l’état du magnétisme terrestre à | 
Bruxelles. Il résulte de l’ensemble de ces observations que 
l'aiguille aimantée s’est constamment rapprochée de la 
ligne méridienne , c’est-à-dire que la déclinaison et lin- 
clinaison ont diminué d’année en année, contrairement à 
ce que l’on avait observé précédemment, du moins pour 
la déclinaison magnétique. Les résultats observés ont été 
les suivans : 


LA 
EPOQUES. DÉCLINAISON. | INCLINAISON. 


1827 octobre . . . RC AUE 220 28'8 
1830: finldemarsitsfei à jen 22 25, 3 
| 1832 — PRET MOT. Te 22 19,0 
1833 — SE CA TT 22 13,4 
1834 commencement d'avril, . . 22 15,2 
1835 fin MANS 0 171 Ce PRET 22 6,7 
1836 M td NT 22 7,6 
1837 PR! PEU OU 22 4,3 
| 1838 NE AN 3,7 
1839 AU IPN RUE 53, 6 


Les observations de celte année ont été faites, pour la 
déclinaison, le 29 mars. La valeur indiquée est la moyenne 
de deux séries d'observations qui ont donné successive- 


(208: ) 

ment 21°53’,1 et 21°54,2. Des observations semblables 
avaient été faites la veille, dans des circonstances moins 
favorables à cause de l’agitation de l'air. Celles-ci avaient 
donné pour la déclinaison 21°51”,3 et 21°51’,1 : on a cru 
devoir donner la préférence aux premières, Dans ces diffé- 
rentes séries d'observations, le méridien élait déterminé 
en plaçant préalablement l'appareil magnétique de ma- 
niére que la lunette pouvait à volonté être dirigée vers 
le fil du milieu de la lunette méridienne de la salle d'ob- 
servation, qui servait de mire. 

La valeur de l'inclinaison est la moyenne des Lrois va- 
leurs suivantes 68°22°,25,68°22’,67,et 68°22,25, obtenues 
successivement le 31 mars. Ces observations ont été faites 
dans des circonstances très- favorables. De même que les 
années précédentes, on a cru devoir faire les différentes 
observations pour la déclinaison et l'inclinaison à la 
même époque de l’année et vers les mêmes heures du jour. 

Commissaires, MM. Plateau et Crahay. | 


ÉLECTRICITÉ. 


Notice sur des expériences d'électricité par influence , 
par J.-G. Crahay, membre de l'académie. 


Dans les expériences avec le condensateur à lame de 
verre, on observe quelquefois des phénomènes dont la 
Cause est instruclive à rechercher. La présente notice a 
pour but d'en signaler quelques-uns dont les auteurs de 
physique ne font pas mention. 

Nommons 4, B, les deux plateaux métalliques d'un 


(270 ) 


condensateur, lesquels doivent , pour l'objet en question, 
pouvoir être tous les deux isolés et placés à diverses dis- 
tances soit entre eux, soit à la lame de verre intermé- 
diaire ; il convient aussi que cette dernière soil vernie, 
afin de mieux isoler. 

Employons d’abord l'appareil sans la lame de verre, 
Mettons les plateaux à la distance de un à deux centimètres 
l'un de l’autre, et pendant que l’un d'eux, par exemple, 
est en communication avec la terre, donnons à l’autre une 
charge que nous supposerons vitrée, après quoi isolons le 
plateau 2. Au premier moment après l'isolement, ce der- 
nier plateau ne possède point de fluide libre, toute son 
électricité, qui est résineuse, est neutralisée à distance 
par la vitrée de 4, laquelle a conservé en partie sa liberté, 
et fait diverger l’électroscope dont ce plateau est muni; 
mais bientôt l’action absorbante de l’air et le défaut d’iso- 
lément complet de la part du support, enlèvent une partie 
de cèlte électricité libre de A, ce qui fait qu'une partie 
correspondante du fluide résineux de 2 acquiert aussi la 
liberté, et fait diverger son électroscope; après quelque 
temps, l'appareil arrive à avoir à l’état de liberté une 
égale quantité d'électricité sur chacun de ses plateaux, 
mais de nature différente de l’un à l’autre. Depuis ce 
moment les déperditions de fluide libre sont égales de 
part et d’autre; elles amènent la décharge complète de 
l'appareil après nn temps plus ou moins long, suivant 
l'état hygrométrique de l'atmosphère. 

Éloigne-t-on l'an de l’autre les deux plateaux chargés, 
leurs électroscopes divergent davantage , parce que l’at- 
traction mutuelle des fluides de nature opposée étant di- 
minuée, une portion plus grande de leurs électricités 
dissimulées devient libre. Et pour une raison semblable 


(274) 
les électroscopes divergent moins quand on Hi Le les 
disques. 

Il est encore connu que , les disques restant à une même 
distance, si l’on touche l’un d’eux, aussitôt l’électroscope 
de l’autre acquiert un beaucoup plus grand degré de di- 
vergence, parce qu'en diminuant la charge du premier, 
le fluide du second en est moins fortement atliré, et 
conséquemment une partie de celui qui était dissimulé 
doit se mettre en liberté et faire augmenter la divergence 
de l’électroscope, en se joignant à la portion qui jouis- 
sait déja de l'état de tension. 

Enfin, si l’on établit une communication ne les deux 
air, leurs fluides de nature opposée se combinent ; 
et si ces fluides étaient égaux en quantité, ou si, élant 
inégaux , l'excès pouvait se perdre en terre pendant que la 
communication est établie, les deux plateaux rentrent dans 
l'état naturel. Quand ensuite la communication des pla- 
eaux entre eux et avec la terre est interrompue, et qu’on 
abandonne l'appareil à lui-même, les électroscopes ne 
manifestent plus le moindre signe d'électricité après un 
temps quelconque. 

Tous ces faits sont bien connus et faciles à expliquer. 
On sait également que lorsque , comme nous venons de le 
supposer, les deux plateaux ne sont séparés que par une 
lame d’air, leurs fluides ne tardent pas, si l’on continue 
à charger Z, à franchir l’espace en se combinant sous 
forme d’une étincelle brillante. Pour empêcher cette trop 
facile combinaison, on interpose entre les deux disques 
une lame moins aisément percée par l'électricité que celle 
d'air; le verre remplit fort bien ce but. Fixons-en une 
lame entre les deux plateaux que nous amênerons en con- 
tact de part et d'autre avec elle, et rechargeons le conden- 


(272) 


sateur comme tantôt, en fournissant du fluide vitré à À, 
pendant que Z est lié avec la terre, puis isolons l’un et 
l'autre plateaux. Les phénomènes cités plus haut se repré- 
senteront encore celte fois-ci, sauf que maintenant, si 
l'on abandonne l'appareil à lui-même après que les deux 
plateaux ont été mis en communication, puisaussitôt isolés 
l’un d’avec l’autre et d'avec la terre , leurs électroscopes, 
réduits d’abord à l’état neutre, manifesteront peu à peu 
des signes d'électricité que l’on trouvera être de même 
nature que celle des charges que les plateaux avaient pos- 
sédée respectivement ; savoir vitrée pour À, résineuse pour 
B. Ce phénomène se conçoit quand on considère que pen- 
dant l'accumulation, les électricités se séparent en majeure 
partie des deux plateaux, par leur tendance à se rappro- 
cher, et vont se placer sur les faces opposées de la lame de 
verre, laquelle, par sa résistance, les empêche de se rap- 
procher davantage. Cette séparation des électricités d'avec 
les plateaux s'opère toujours, que la lame de verre soit 
nue ou enduite de vernis, pourvu que les plateaux aient 
leurs surfaces à l’état métallique, ou simplement recou- 
vertes d’une couche mince de ce vernis, qu’on applique 
ordinairement sur les instrumens en cuivre; la charge 
électrique étant d’ailleurs supposée assez forte pour sur- 
monter les légères résistances que les fluides éprouvent à 
passer d’une surface à une autre, fussent-elles même toutes 
deux métalliques, ensuite pour franchir dans quelques 
endroits la mème couche d'air interposée entre le verre 
et les disques métalliques, et pour se propager de point en 
point sur la surface du verre même, en s'étendant autour 
des endroits où le passage a eu lieu du métal au verre. 

Cela posé, établit-on momentanément la communica- 
on entre les deux plateaux? les fluides qui étaient restés: 


( 273 ) 

répandus sur eux et Ja plus grande partie de ceux qui 
s'étaient portés sur la lame de verre, se précipitent l’un 
vers l’autre et rentrent à l’état naturel; mais il en reste 
une portion sur les deux faces de la lame isolante, surtout 
aux endroits un peu éloignés des points où les plateaux 
touchent immédiatement la surface du verre; c’est la por- 
tion qui, par la diminution de tension qui a lieu à mesure 
que l'écoulement s'opère , n’a pu surmonter assez vite les 
obstacles qui s’opposaient à son mouvement, et se joindre 
à la précédente ; cependant, par leur tendance à se distri- 
‘buer également, les fluides restés sur la lame se portent 
peu à peu vers les points où l'accumulation est moindre, 
passent aux plateaux métalliques et de là se€ommuni- 
quent aux électroscopes qu'ils font diverger. Enlève-t-on ces 
fluides aux plateaux? les électroscopes de ceux-ci divergent 
de nouveau aprés quelque temps, par les électricités qui 
élaient restées sur le verre et qui, par le départ de celles 
des plateaux, se propagent encore aux points de contact 
métallique. Ce phénomène se répète un grand nombre de 
fois, quoique avec une intensité décroissante, car les 
fluides répandus sur les deux faces de la lame y sont con- 
densés en partie par leur attraction mutuelle, de sorte 
qu'à chaque instant il n’y en a qu’une portion seulement 
qui puisse passer aux disques ; aussi lorsque l’on se borne 
à en dépouiller un seul des disques, l’état électrique de 
l’autre devient immédiatement plus fort. 

Cette recharge spontanée du condensateur par les 
fluides qui avaient quitté les armatures, s’observe aussi 
dans des bouteilles de Leyde. Celles-ci, quand elles 
sont un peu grandes ou réunies plusieurs ensemble, re- 
preunent par cet effet assez de force pour donner une 
commolion à la personne qui s'établit entre les deux arma- 


( 274 ) 

tures. Quoique dans les bouteilles de Leyde les armatures 
soient appliquées immédiatement contre le verre, cepen- 
dant il n’y a contact métallique que dans quelques points 
et souvent nulle part, la matière collante se trouve inter- 
posée partout ailleurs; puis, dans tous les cas, il y a 
changement de surface, par conséquent résistance au 
mouvement de l'électricité. 

La recharge spontanée dont il est question ici, doit être 
distinguée du résidu que conservent les bouteilles lors- 
qu’on a placé dans le circuit un corps qui retarde l’écoule- 
ment des fluides. Ce résidu maintient l’électroscope à un 
degré plus ou moins grand de divergence, tandis que 
l'électricité dont nous nous occupons actuellement se 
montre, après que la communication des deux armatures a 
été établie par un bon conducteur, de telle sorte qu’aussitôt 
après la rupture de la communication, l’électroscope n’é- 
prouve pas la moindre divergence; ce n’est que quelques 
instans après qu'elle a lieu et augmente progressivement. 

Quelques physiciens supposent que l'électricité non- 
seulement quitte les armatures métalliques pour s’accu- 
muler sur les faces du verre, mais qu’elle pénètre même 
plus ou moins profondément dans l’intérieur de la lame, 
pour ne s’en dégager que peu à peu après que la décharge 
des armatures sera opérée. Cette pénétration de l’élec- 
tricité dans la masse du verre ne peut être admise, au 
moins dans le cas présent, car lorsqu'après avoir Ôté la 
lame de verre d’entre les deux plateaux du condensateur, 
on la touche soigneusement sur tous les points à l’aide 
d’un corps conducteur flexible qui s'applique exactement 
contre sa surface, comme les mains légèrement humides 
par la transpiration, ou des morceaux de toile de lin, 
qu’en outre on ait l'attention de toucher simultanément 


Là 


( 245 ) 
les points opposés des deux faces, on enlévera par ce 
moyen toute l'électricité de la lame, de sorte qu'après l’a- 
voir replacée entre les deux plateaux, ceux-ci ne donne- 
ront plus de signes d'électricité. Or, si les fluides avaient 
pénétré dans la substance du verre, un contact superficiel 
et momentané n'enléverait que la portion résidant sur la 
surface ou à une légère profondeur, le reste apparaîtrait 
ensuite. Si les faces n’ont pas été touchées avec le soin 
nécessaire, il y aura des points avec lesquels le conduc- 
teur n’aura pas élé en contact, qui auront conservé leur 
charge en partie ou en totalité, et qui suffira pour faire 
naître ensuite des signes d'électricité dans les plateaux. 

Voici maintenant quelques phénomènes que je ne me 
souviens pas d’avoir vus décrits dans aucun ouvrage de 
physique. 

Après avoir chargé suffisamment le condensateur, puis 
l'avoir déchargé; si, avant que les électroscopes donnent 
des signes d'électricité, on écarte les deux plateaux de la 
lame de verre, on verra les électroscopes diverger gra- 
duellement de plus en plus à mesure que les plateaux 
seront plus éloignés de la lame, et l’on trouvera que cette 
fois ils sont chargés de fluides de nature opposée à ceux 
qu’ils possédaient avant la décharge, c'est-à-dire qu'il sera 
résineux pour le disque À, vitré pour 2. 

Ces fluides proviennent d’une action qu’exerce sur cha- 
que disque métallique l'électricité qui garnit la face vi- 
treuse avec laquelle il était en contact, action analogue à 
celle d’un électrophore. Ainsi l'électricité vitrée de la 
face en contact avec le disque 4, et qui n’a pu encore se 
dégager de cette surface vitreuse, agit par influence sur 
le disque en attirant du fluide résineux et en repoussant 

» du vitré; ce résineux, qui aura été fourni, du moins en 


(276 ) 


partie, par le disque B, pendant que la communication 
était établie entre les deux plateaux, se fixe sur 4, tandis 
que le vitré de À s'écoule vers B, où il est aussi en partie 
neutralisé à distance par le résinenx aitaché de ce côté à 
la lame de verre. Sépare-t-on ensuite les disques d'avec 
la lame de verre? les électricités, résineuse sur À, vitrée 
sur 2, sont mises en liberté et font diverger les électros- 
copes. 

Supposons qu'on enlève ces électricités pendant que les 
disques sont écartés de la lame de verre, el qu'ensuile on 
les en rapproche, on verra de nouveau les électroscopes 
diverger , et cette fois, il y aura une seconde inversion 
dans la nature des fluides : 4 montrera du vitré, B du 
résineux. En effet , les électricités des faces de la lame de 
verre agiront sur le fluide naturel des disques, repous- 
seront ceux de même nature qu'eux et attireront ceux de 
nature opposée : de là provient que chaque disque doit ma- 
nifester une électricité de la même espèce que celle de la 
face de verre avec laquelle il est en regard. 

D'après ces considérations , il est aisé de rendre raison 
des phénomènes électriques que montrent les disques 
dans les cas suivans : 1° Les plateaux étant remis en con- 
tact avec la lame de verre, et leurs électroscopes diver- 
geant par les mêmes espèces d’électricités que celles qui 
garnissent les faces de la lame avec lesquelles ils sont res- 
pectivement en contact, si on les écarte ensuite graduel- 
lement , la divergence des électroscopes diminue, devient 
nulle , et ensuite recommence par une électricité opposée, 
lorsque les disques sont arrivés au delà de la distance où 
ils étaient lorsqu'on les a dépouillés de leurs fluides libres ; 
dans la supposition que cette distance ne soit pas plus 
grande que celle à laquelle l'électricité de la lame de verre 


(:272 ) 

peut étendre son influence. Ceci s'explique en remarquant 
qu'à mesure que l'on écarte les disques, leurs électricités 
dissimulées sont mises en liberté; elles neutralisent d’a- 
bord les fluides de nature opposée qu’elles rencontrent en 
liberté; de là la convergence des électroscopes. Aprés que 
les fluides préexistans sont réduits à l’état naturel, ceux 
qu'un plus grand écart des disques fait dégager restent 
et manifestent leur présence, de là l’inversion. 

2° Les deux disques étant en contact avec la lame de 
verre, et n'ayant point de fluide libre, si l’on éloigne 
l'un d’eux, par exemple À, l’autre, B, restant en contact 
. avec la lame, non-seulement le premier, mais encore le 
second, manifeste de l'électricité de nature opposée à celles 
des faces de la lame de verre qui leur correspondent. Il 
semblerait qu'il n’y ait pas de raison pour que maintenant 
B acquiére aussi de l'électricité libre, puisqu'il ne s’est 
pas séparé du fluide qui attirait le sien, et qui était la 
cause de la fixation; mais il faut remarquer qu'il y a des 
réactions électriques non-seulement entre les fluides ré- 
pandus sur les faces en regard, maïs aussi entre ceux des 
faces plus éloignées. 


Ainsi le vitré de l’une des faces de la lame de verre M, 
attire à la fois, mais avec des intensités inégales dépen- 


( 278 ) 

dantes de la différence des distances, le résineux de l'autre 
face de M, et celui du disque À, et il repousse le vitré 
du disque Z ; de même, le résineux de la seconde face 
de M attire le vitré de la première face, ainsi que celui 
du disque Z , et il repousse le résineux de 4. Pareille- 
ment, le résineux de 4 agit par attraction sur le vitré de 
la surface de M qu'il touche et sur celui de l’autre disque, 
et par répulsion sur le résineux de la deuxième face de W. 
Enfin, le vitré de Z agit sur les fluides de la lame de verre 
et sur celui de la plaque Z. D'après cela, si l'on éloigne 
le disque À de la lame de verre, il en résultera d’abord 
que son fluide résineux, en attirant avec une moindre in- 
tensité le vitré de la face de F7 qu'il touchait, laissera plus 
de liberté à celui-ci pour agir par attraction sur le rési- 
neux de la deuxième face de M, conséquemment une 
plus grande portion de celui-ci sera condensée, et perdra 
la faculté d'agir sur le vitré de PB; de là qu'une partie 
de ce dernier sera mise en liberté. En second lieu, le 
vitré de M, abandonné à lui-même par l'éloignement de 
À , agira encore par répulsion sur le vitré de 2 ; enfin ce 
vitré de Æ sera moins fortement attiré par le résineux de 
A. Ges trois causes se réunissent pour mettre en liberté 
sur le disque B une certaine portion de fluide vitré. 

3° Par la même conséquence, si , aprés avoir éloigné les 
deux disques de la lame de verre, el que l’électroscope de 
PB diverge par du fluide vitré, Z par du résineux, à l'ins- 
tant où l’on touche l’un des disques, la divergence de 
l'électroscope de l’autre augmente. 

4 De là encore le phénomène suivant : le plateau B 
ayant été séparé de la lame de verre, déchargé du fluide 
vitré qui y aura paru par suite de celle séparation , puis 
ramené vers la lame , son électroscope divergera alors par 


C0 279.) 
de l'électricité résineuse, ainsi que cela a été expliqué 
plus haut. Si actuellement on éloigne progressivement le 
plateau Æ seul, la divergence de l’électroscope de Z di- 
minuera , et après qu'il sera revenu à l’état naturel, il 
divergera de nouveau, mais par du fluide vitré. 

Les explications restent les mêmes, si les diverses opé- 
rations décrites ci-dessus , au lieu d’être faites sur l’un des 
disques, l’élaient sur l’autre, il n’y aurait que les dénomi- 
nations des fluides à changer. 


ETINOGRAPHIE. F 


Note sur la classification des races humaines , par 


J. J. d'Omalius d'Halloy, membre de l'académie. 


Un petit ouvrage dont je m'occupe m’a mis dans le cas 
de composer un tableau des races humaines, que je crois 
devoir présenter à l’académie , non pas que j'aie la préten- 
tion d'y voir quelque chose de neuf, les travaux de ce 
genre pouvant être considérés comme des compilations qui 
se succèdent avec de légères variantes; mais il m'a paru 
que cette communicalion pourrait donner lieu à des re- 
marques qui me mettraient à même d'introduire quelques 
améliorations dans ce premier essai. 

On sait que l'étude zoologique du genre humain a fait 
connaître que l’on peut y distinguer trois modificalions 

bien caractérisées, que l’on désigne souvent par les noms 

de race blanche, de race jaune et de race noire ; mais, 

soit que les causes auxquelles on doit l'existence des Lypes 

de ces trois divisions, aient aussi produit d’autres modi- 

_fications moins prononcées ; soit que la faculté qu'ont 
Tom. vr. 20 


La 4 
L 
4 
F 


( 260 ) 
tous les hommes de se reproduire entre eux , ait donné 
naissance à des nuances intermédiaires , ces trois races se 
fondent l’une dans l’autre de manière que les lignes de 
démarcations sont extrêmement difficiles à tracer, et que, 
si quelques auteurs font rentrer tous les peuples de la 
terre dans les trois divisions indiquées ci-dessus , d’autres, 
au contraire , en ajoutent un nombre plus ou moins con- 
sidérable. Sans prétendre que la marche adoptée par les | 
premiers soit moins rationnelle que celle des seconds, 


j'ai cru devoir suivre l'usage le plus ordinaire , qui admet 
deux autres divisions de même rang sous les noms de 
race rouge et de race brune. 

On sent que les traits qui peuvent servir à distinguer 
les hommes d’une même race étant moins importans , et 
que les mélanges entre ces hommes devant être plus fa- 
ciles et plus fréquens que ceux entre des hommes de 
races différentes, l'établissement des subdivisions , d’après 
les caractères zoologiques , devient très-difiicile; aussi la 
plupart des ethnographes ont-ils eu recours, pour cette 
fin, aux notions tirées du langage et de l’histoire ; mais il 
est à remarquer que, d’un côté, il existe beaucoup de peu- 
ples dont le langage ne nous est pas suffisamment connu, 
ou sur l’origine desquels on n’a aucun renseignement 
historique, et que, d’un autre côté, ces notions sont 
quelquefois dans le cas d’induire en erreur, l'expérience 
prouvant qu'un peuple peut prendre la langue ou le 
nom d’un autre peuple, qui, dans la réalité, se fond au 
milieu de celui qui perd ainsi ses caractères sociaux, 
lequel étant plus nombreux que l’autre, imprime bientôt 
à la nouvelle association ses caractères zoologiques. C'est 


ainsi, par exemple, que si l'on n'avait égard qu’à la 
langue, on devrait considérer les nègres d'Haïti pour des 


( 261 ) 
Français, et que, si l’on n'avait égard qu’à l’origine du 
peuple qui a donné le nom, les Français, les Bourgui- 
gnons et les Lombards actuels , devraient être rangés parmi 
les peuples germaniques; cependant, lorsque l’on com- 
pare les traits et les langues de ces peuples, on est con- 
yainçu que les anciens Francs, Bourguignons et Lombards, 
n’ont formé que la moindre partie de la population des 
pays qu’ils ont conquis, et qu'ils se sont bientôt fondus 
dans cette population. En effet, si l’on fait attention à la 
persistance dont les caractères zoologiques sont doués, 
dans l’état actuel du globe, on sent que quand un peuple 
présente les formes d’une race différente de celle annon- 
cée par sa langue ou par l’histoire, cette circonstance 
prouve que les croisemens successifs des individus de 
cette race avec ceux d’une autre race ont été tels, qu'il y 
a maintenant dans les veines de ce peuple plus de sang 
de cette dernière race que de celui de l’autre. C’est ainsi, 
par exemple, que les descendans des premiers Portugais 
établis au Congo , qui, en s’unissant successivement avec 
des négresses, ont pris tout-à-fait les caractères des Né- 
gres , doivent être rangés par le naturaliste et par l’eth- 
nographe avec les Nègres, quoiqu’ils aient soin de se 
faire considérer politiquement comme Portugais, à cause 
des avantages attachés à ce titre, Ce n’est pas toutefois que 
… je veuille dire que l’ethnographie doit négliger les rensei- 
gnemens tirés du langage et de l’histoire; je conviens, au 
contraire, qu'il est un grand nombre de circonstances 
où ils doivent être suivis; je dis seulement que quand on 
peut faire usage des caractères zoologiques, ceux-ci doi- 
rent toujours dominer sur ceux-là. Il est plus difficile 
d’asseoir son opinion lorsque, les caractères zoologiques 
ne pouyant être d'aucun secours, les renseignemens tirés 


( 282 ) 

de l'histoire ou du langage , se trouvent en opposition ; 
c'est ainsi, par exemple, qu'il est bien difficile de juger s’il 
y a plus de sang celte que de sang latin parmi les peuples 
qui parlent maintenant le français, l'espagnol et le portu- 
gais. Or, il m'a paru que dans ces cas il était préférable 
de faire le classement d’après le langage, plutôt que de 
se lancer dans des recherches plus ou moins hypothé- 
tiques. 

J'ajouterai enfin qu'il est un troisième ordre de con- 
sidérations auquel il doit être pris égard dans le classement 
des peuples , c’est la position géographique des contrées 
où ces peuples se sont originairement développés, et l'on 
verra que j'ai souvent fait usage de celte considération 
dans l'établissement de mon tableau. 

Lorsque l'on examine la race blanche sous le rapport 
purement zoologique, on peut y reconnaître quatre types 
principaux : les hommes à cheveux blonds, yeux bleus 
et teint trés-blanc; les hommes à cheveux roussâtres ; les 
hommes à cheveux et yeux noirs et à teint blanc; les 
bommes à cheveux et yeux noirs et à teint plus ou moins 
basané ; mais, lorsque l'on veut classer les peuples d’après 
cetie distinclion , on trouve qu'il y a lant de mélange, 
et que l’on rompt tant d’autres rapports, que l’on a assez 
généralement recouru aux considérations linguistiques ; 
et, sous ce dernier point de vue, la science moderne a 
fait une découverte bien importante lorsqu'elle a reconnu 
que presque toutes les langues européennes, ainsi que 
celles des Persans et des Hindous, avaient des rapports 
avec le sanskrit, langue des anciens livres sacrés des 
Hindous. Mais en déduisant de cette circonstance la réu- 
nion de tous ces peuples dans un même rameau, on 
groupe ensemble les hommes les plus blancs et les plus 


__— 


( 283 ) 

bruns de la race blanche ; on comprend les peuples qui se 
trouvent à la tête de la civilisation moderne dans la même 
division que d’autres qui en sont bien éloignés, et on 
fait disparaître de la science le groupe européen qui est 
si généralement admis par les personnes qui ne font pas 
des classifications systémaliques. Or, il m’a semblé que 
l'on pouvait éviler ces inconvéniens en envisageant comme 
des rameaux particuliers la partie européenne et la par- 
tie asiatique de l'immense division des peuples parlant 
des langues sanscriliques; de cette manière, sans s’écar- 
ter sensiblement des classifications les plus généralement 
reçues, on obtient une division en quatre rfmeaux que 
l'on peut considérer comme géographiques , puisqu'ils 
se composent respectivement de peuples qui se sont ori- 
ginairement développés au nord-ouest, au nord-est, au 
sud-est et au sud-ouest du Caucase , et qui cependant sont 
en rapport avec les considérations linguistiques et histo- 
riques. Je ne dissimule pas cependant que l'on contestera 
peut-être cetle dernière asserlion , par suile de l'opinion 
si généralement reçue qu’une grande parlie de la popu- 
lation de l'Europe est due à des asiatiques qui s’y seraient 
introduits depuis les temps historiques ; mais, sans exa- 
miner ici dans quelle proportion les descendans de ces 
Asiatiques concourent à la population actuelle de l’Eu- 
rope , je crois qu'il est démontré que tous les peuples que 
je range dans le rameau européen, existaient en Europe 
dès les temps historiques les plus reculés. 

La circonstance que la civilisation s’est développée au 
sud du Caucase plus tôt qu'au nord, est cause que l’on 
place souvent le rameau araméen en têle de la série , ce 
qui rompt toutes les affinités zoologiques et sociales, puis- 
qu'alors on place des peuples aussi bruns et aussi bar- 


( 284 ) 

bares que les nomades du grand désert d'Afrique, avant 
les peuples les plus blancs et les plus civilisés de la terre. 
Mais il me paraît que l’on doit avoir bien plus d’égard à 
l’ensemble du développement de la civilisation qu’à son 
époque, car cette époque peut tenir à des circonstances 
accidentelles , tandis que l’ensemble doit tenir à des cou- 
sidérations d'aptitude. Or, lorsque l’on fait attention à 
l'état où sont maintenant retombés les Araméens et au 
point où se sont élevés les Européens, on doit admettre 
que ceux-ci ont plus d'aptitude que ceux-là pour la civi- 
lisation. De sorte qu'en plaçant le rameau le plus blanc à 
la tête de la race blanche , de même que l'on place celle-ci 
avant les races colorées, on obtient, pour les qualités 
intellectuelles aussi bien que pour celles dites physiques, 
une série décroissante aussi régulière que possible. 

Je me sers de cette dernière expression parce que les 
naturalistes savent que la disposition réticulaire des 
rapports qui existent entre les êtres, forcent à chaque in- 
stant de rompre certains rapprochemens accidentels, et, 
lorsque je mets dans mon tableau trois rameaux entiers 
entre les Noghaïs et les Kalmouks ou Eleuths, je ne romps 
pas plus la série naturelle que quand les zoologistes pla- 
cent les deux grandes classes des oiseaux et des reptiles 
entre les marsouins et les requins, où le vulgaire ne voit 
que deux espèces de poissons ; car, de même que certaines 
ressemblances de formes entre quelques mammifères et 
les poissons ne changent rien à l’ensemble des rapports 
qui caractérisent les quatre grandes classes d'animaux 
vertébrés, la ressemblance de quelques peuples du rameau 
scythique avec la race jaune, ne doit pas nous obliger de 
mettre ce rameau à la fin de la race blanche. D'ailleurs, 
ce n’est point dans l’ancien empire de Gengiskhan que 


» 


FARetesez 


mm 


( 285 ) 

nous devons aller chercher les véritables rapports du 
raméau scythique, c’est plutôt chez les Quaines, qui ont 
porté la culture des céréales jusque près des glaces du 
cap nord, et chez qui nous retrouvons ces cheveux rous- 
sâtres que les historiens chinois nous apprennent avoir 
caractérisé les peuples turcs avant qu'ils n’eussent été 
soumis par les Mongols. Il est à remarquer au surplus que 
si le rameau scythique se lie avec la race jaune, les ra- 
meaux araméen et hindou se lient avec la race noire. 

Je n’ai rien à dire touchant la subdivision de la race 
jaune en trois rameaux qui ont respeclivement pour 
types les Chinois, les Mongols et les peuples de petite 
taille des régions voisines du pôle boréal, cette marche 
étant la plus généralement adoptée; mais je ferai remar- 
quer que je me suis écarté de l’opinion de ceux des ethno- 
graphes qui, à cause de quelques rapports dans le langage, 
rangent les Lapons dans la famille finnoise, parce que les 
caractères zoologiques de ces deux races sont si différens, 
qu’il me semble absolument indispensable de les séparer, 
d'autant plus que l'identité de langue est loin d’être 
démontrée , et qu’il est probable que les ressemblances in- 
diquées ne consistent que dans l'introduction dans le lan- 
gage des Lapons, d’un certain nombre de mots finnois, 
effet qui a ordinairement lieu quand un peuple sauvage 
se trouve en relation avec un peuple plus avancé. D'un 
autre côlé, les Lapons ne devant jamais s’être trouvés sur 
le chemin des conquérans mongols, il ne me paraît pas 
possible que l’on puisse voir en eux des finnois qui au- 
raient été modifiés par leur mélange avec des peuples 
mongols, tandis que les Finnois qui les avoisinent , et qui 
sont géographiquement plus rapprochés des peuples de la 
race jaune, ont conservé leurs caractères distinctifs. Je 


( 286 } 
sais donc porté à croire que les Lapons descendent d’une 
tribu de Samoièdes qui, séparée du groupe principal par 
les progrès des Finnois, aura tellement modifié son lan- 
gage, par ses relations avec ceux-ci, que maintenant om 
n’y reconnaît plus son origine. 

J'ai laissé, d’après l'usage le plus ordinaire, les Aïnos 
dans la race jaune et les Abyssiniens dans la race blanche; 
mais je suis porté à croire que ces derniers seraient mieux 
placés dans la race noire, et quant aux premiers, ils sont 
si peu connus que l’on n’a, pour ainsidire , que des notions 
négalives à leur sujet. 

La division de la race rouge en deux rameaux est pu- 
rement géographique, et la subdivision que je donne du 
rameau méridional est la copie de celle que M. A. d'Or- 
bigny a présentée dernièrement à l'académie des sciences 
de l'institut de France. 

Les trois rameaux que j'indique dans la race brune 
correspondent aux trois divisions proposées, il y a quelques 
années, par M. Dumont d’Urville, auxquelles je n’ai fait 
d’autres changemens que de remplacer l’épithète de po- 
lynésienne , qui ne concorde pas avec l'étendue que l’on 
donne ordinairement à la Polynésie, par celle de ta- 
bouenne, tirée de l’usage du fabou, que M. d’'Urville 
signale comme l’un des caractères les plus tranchés de son 
groupe polynésien. 

Enfin, j'ai divisé la race noire en deux rameaux géogra- 
phiques qui paraissent avoir des types assez distincts, mais 
dout l’un et l’autre offrent des modifications qui se 
rapprochent plus ou moins des autres races, el j'ai réuni, 
sous le nom d'Endamènes, proposé dans ces derniers 
temps , loutes ces peuplades refoulées dans quelques mon- 
tagnes du sud-est de l'Asie, ou errantes dans des solitudes 


( 287 ) 
de l'Australie, dont la plupart sont presque inconnues , ei 
qui présentent le dernier degré de dégradation du genre 
humain. 
Les chiffres portés au tableau pour indiquer les popu- 
lations approximatives , sont en grande partie établis d’a- 
près les évaluations de M. Balbi. 


Tableaux de la division du genre humain en races, rameaux, 
familles et peuples, avec lindication approximative des po- 
pulations. 


I. Division en races et en rameaux. 


f Rameau européen. . . . . 233,000,000 ) 
—  scythique . . . . . 21,000,000 
M Manche, 0100 Aro 442,000,000 
—  hindopersique. . . 155,000,000 \ 
—  araméen. . . .. . 33,000,000 
—  sinique . . . .. . 218,000,000 
Race jaune, . . .. —  mongol. .....  2,000,000 220,000,000 
—  hyperboréen . . . 200,000 
—  septentrional . . . 3,000,000 
Race rouge. . . . . : 5,000,000 
—  méridional. . .. .  2,000,000 
—  tabouen. ..... 1,000,000 | 
Bace brune. . . . . —  micronésien. . , . 100,000 17,000,000 
—  malais, . . . . . . 16,000,000 ( 
, — occidental. . . . . 43,000,000 
Race noire. , . .. 43,000,000 
— oriental. . .. .. 100,000 
Hybrides tels que métis, mulâtres , zambos, ele . . . . . . . . .. 10,000,000 


TOTAL, . . .. : « 737,000,000 


( 288 ) 


IT. Subdivision du rameau kUROPÉEN en familles et en peuples. 


Suédôis . . . 


Scandinaves. .{ Norwégiens. 


Danois . . .. 


Allemands. . 
F.Teutonne , . Cher : 


Neerlandais. 


{ Anglais p. d. 


— 


Anglais. . ., 
5 l Écossais. . 


( Irlandais , . 


F, Celtique . . . . Celtes. . . . 


(l Gallois . 
Bas-Bretons. 


F. Basque . . . . Basques . ::. . 4 se 


Highlanders. . 


. 8,000,000 
. 1,000,000 
1,500,000 


° À 41,000,000 
.) 


l 28,000,000 


. 8,000,000 
500,000 


s. 500,000 


. 1,000,000 


Français p. d.) 


Français. . . ./ Wallons. . . 


Romans. ,. 


{ Espagnols. . 


F. Latine. . .. - 3 
Hispaniens . . 


Portugais. . . 


ATADENS MER A ete ST TE 0e PE e 


Valaques . ... 


F. Grecque. .. 
+ Alhanais 40 2 


Serbes... #.. 


LES CNP EL CAR EC ES 


.-) 33,000,000 


° 22,000,000 


17,000,000 


.. 3,500,000 


5,000,000 
e 500,000 


2,120,000 


Bosniens . .. 


Bulgares. . . 
Serviens, ... 


Dalmates . . . 


Croates 


Russes . , . . 


Rousniaques. . 


2,250,090 
.  2,370,000 
1,473,000 
2,900,000 
8,600,090 


45,000,000 


Cosaques . . . 


Lithuaniens . 


{ Lithuaniessp.d. 


! Bohêmes. . . 
Tchèqués . . ./ Moraves. . . . 
Sl NU 
EF: Slave 1. LEA 
Polonais. ..,. 
| Russes p. d. 
j | Lettons . . .. 


1,650,000 
620,000 


74,500,000 


10,000,000 


400,000 


75,500,000 


5,500,000 


67,000,000 


. 233,000,000 


PP 


( 289 ) 


IL. Subdivision du rameau scYTHIQUE en familles et en peuples. 


F. Finnoise, . 


F. Turque. .. 


F. Ciresssienne. 


| 
| 


Quaines ., . 


Finlandais. . 
Finnois p. d. Lt ES 1.865.000 
Ischores . . . dix 
Esthes . . .. 
Eve a 
Permiakes . . 34,000 
Permiens, . . | Sirianes . 30,000 
7,000,000 
Votiakes. .. 141,000 
Tchouvaches. 370,000 
Tchouvaches. Tchéremisses, 190,000 
Morduans , . 92,000 
Magiars .. . LE 4,000,000 
Szecklers, . . 
EE PM D Vogouls . . . 12,000 
Ostiakesd’Obi 107,000 
XaKoutes. 47." L ie en. 88,000 
TONTANIENS EEE MEN ES PEN Se 30,000 
Bachskirs 140,000 
Bachskirs . . Metschériaques 37,000 
Teptiaires . . 114,000 
Noghaisultsh 1640 de) lie) 4 Le gébienge ip Ë 
Koumyckes "VU NM ni dre 14,000,000 
Kire li. 00.0 "Tr 900,000 
Usbecks . .. 
6 if Karakalpacks 000,00 
Murconansi 1. mie 1,500,000 
Onnanlis at «ALU REX 7,000,000 
Tobeckesses, : lama. ; 
TelscOnab re CRM TMQIDIS LI. “2 tree uues 
APR 5 NÉ . ; 200,002 
1 DEMO TORRENT RTS 
SA RE 21,000,000 


(290 ) 


IV. Subdivision du rameau HINDOPERSIQUE €7 familles et en peuples. 


2 


Géorgiens p.d.....-:: 
F. Géorgienne . { Mingréliens. . - :. +++: °°" 500,00 
A PÉTER CO CSC ACT CT ! 
Arméniens « + «+ + £ 2,000,000 
Curdesp. d. . 600,000 
Curdes. . + . 
Loures. . : . 140,000 
Tadiiks ..-0 eee ton 10,000,000 
F. Persanne . . / Ossètes « « « o «+ + + + À 4 22,000 24,500,000 
| Afghans p.d. 4,000,009 
Bél MS Tel 2,000,000 
Afghans . . . FOUR A Pis 
Robillas . . . 
eh en OR à 6,000,000 
Un grand nom- 
Ébdous bre de peupls 
Fe y compris les 
Zi à 
F. Hindoue . | in à ....  130,000,000 
Malabarsp.d. 
Malabars. . . Tamoules . . 
Telingas . . . 
TOTAL 0 ol 5 155,000,000, 


V. Subdivision du rameau ARAMÉEN en familles et en peuples. 


RAADES 7. GS Si fererets een 

EF. Sémitique.{- {Juifs . |. 1.0 + » UE 24,000,000 
Druses, etc... 
| Cabyles . . . 


Amazirghs . . 


Betbers . .. 
F. Atlantique, : Touaricks . + 7,000,000 
Tibbous . . . 
Barabras 4. eve ue à ERA 9,000,000 
? Abyssiniens. . . . - . AAGES 2,000,000 


———— 


TOTAL helene 33,000,000 


(291 ) 


VE. Subdivision de la RACE JAUNE en rameaux , familles et peuples. 


Rameau Sinique. 


Rameau Mongol | 
R.Hyperboréen. 


1 


F. Thibétaine. . Thibétains. . . 
| Birmans. . .. 
F. Indochinoise te MO 
Siamois . . . . 
Annamites. . . 
F. Japonaise, , . Japonais . 
F. Chinoise . . . Chinois . . . . 
F.Coréenne , . Coréens . . . . 
Mongols p. d . 
F. Mongole. . { Eleuths . . . . 
Bouriats. . . . 
Mandchoux . . 


F. Toungouse. 
Toungouses. . 


F. Laponne. . . Lapons . . . . 
F.Samoiède, . EU EIRE à 
Soïotes . 
F. Jenisséenne . Jenisséens. , . 
F. Kamtchadale. Kamtchadales . 
F. Koriaque . . Koriaques . . 
F. Jukagire. . . Jukagires . . . 
Tchutskis. . . 
Tchougatches . 
F. Eskimale. . { Aléoutes, etc. . 
Eskimaux, . . 


Groënlandais . 


F. Kourilienne . Aïnos . . . . . 


2,000,000 | 

4,000,000 | 
3,000,000 
4,000,000 
12,000,000 
25,000,000 
160,000,000 

8,000,000 ! 
500,000 
1,000,000 
120,000 
600,000 
60,000 
16,000 
20,000 
10,000 
38,000 
9,000 
8,000 
30,000 
12,000 


218,000,000 


2,000,000 


240,000 


220,000,000 


VIL. Subdivision de la RACE ROUGE en rameaux , familles et peuples. 


Rameau septen- 
trional, . . . 


Ce rameau se compose d’un | 


F. Lennappe. grand nombre de petites 


F. Iroquoise . 


peuplades qui ne sont pas 
{outes connues. La famille 


F.Floridienne astèque, quicomprend près 
; des deux tiers de cette po- 

F. Astèque. . pulation, est la seule qui 
| TEUNENNSR forme un peuple considé- 
LICE PORTER IPN 


À REPORTER , . 


3,000,000 


3,000,000 


( 292 ) 
REPORT 


NOESIS 
À 


3,000,000 


Aymaras. . 


F, Quichuenne. 
Changos . . + . . -. , « - : 


Atacamas: london rain « 74 


| Vuracarës Mes us = ee 0 04 
Mocetenès , . . « « e + + « + 
F. Antisienne .{ Tacanas . . .. . . . + - . 
Maropas . . . . . .. . . .. 
Apolistas. . . ....... È 
FAR RES AUCRSS 00600 a 0 NIMES ds 

Fuégiens.L ........: 

Patagons. : . . .- . . . . .. 

Puélches M cs-hstir ee 

GCDATEURS ES de ete 
F.Pampéenne.{ Mocobis . . . ........ 
Mataguayos . . .: . . . . : s 
Abipones. . ... ... .. Ë 
Lenguas . . . . . .. . - .. 


Samucuns . . . . . “per CP 
Rameau méri- 
dional . .. 


Chiquitos. . « « “+ 2,000,000 


Saravecas . . + . «ee $ 
CHARS ble ee lice 
Curuminacas. . + «+ «+ + « 
F. Chiquitéenne / Covarecas . . . . . . . . . . 
Curaves ue Nas Re 
Tapus .. . .. «+. « » » 
Curucanecas . . . . + + DR 


PAICOnECES . 3 he me cette 


| CRE Lis era NE RE 


MOxOS A UAEECEe shot 
Chapucaras , . . + « « . . : 
Itonamas, £'. ue, se el ve à 


Ganichanas Sale Lee à 
F. Moxéenne. .! 


Movimas..{. + ee à «0. + 
Cayuvavas . . . . . . .. A 
Pacaguaras. . . . . . .. Er 
Mens rss 2 cu 
Guaranis, « . . , . » + se { 


F.Guaranienne. 
Dot La As etes sue ue 


MOTAL, 500) TUE 5,000,000 


( 293 ) 


VIII. Subdivision de la RACE BRUNE en rameaux et en peuples. 


Néozélandais. . . . . . . . . 
OCT EE OR EE 
Bougainvillois , . . . . . ., 
Rameau Tabouen. . . . . . . .. Sous : 1,000,000 
ETC: COMENT 
Pomotouens. . . , . . . . , 
Marque NS ts Eee 


Sandwichois . ... . . ... 


Anbonienste ILE 01, CN : 
Magellaniens. , .. . . . .. 
Rameau Micronésien . . . . . . . Mananaisihe 1-1 Rte 1,000,000 
GCaroliniens 2-1. 1. : 
Mulgraviens 220,0. 1.2 .12% 
Pagales ct TN: CF MT 


Biss4YOS eine tendent à 
DAYARS ET Ua 
PIE ON NE MN 


a 


Rameau Malais. ... ...... SRE ET 16,000,000 
ï Madasiatet 02: QUE CE BR 
JAVA AL ren © ddr 
BAUER . Ca IC ES 
MEME EN Ets iate = let stat US 
HOVAS TL RM UNIT AN 

TOTAL Aer ste et AS : 17,000,000 


IX. Subdivision de la RAGE NOIRE en rameaux , familles et peuples. 


F. Fellanne . . - ne 
F, Cafre. . . . À Une immense quantité de peu- 


plades dont plusieurs sont 43,000.000 
encore inconnues , , , . . 


aid 
Rameau occidti, | FA Hotentote 


F. Nègre. . ,. 
FINS 6 2e Loic 
Néocalédoniens , , ... .. 


! 
F. Papouenne . { Néohébridiens . . . 


Salomoniens , . 


E. des Andaman. . .. ... 100,000 


Papous 
Rameau orient}. 


(OR Endamenc, . JE de Luzon. . . ,. . . 
5 E. de la Nouvelle-Guinée . . 
E. de la Nouvelle-Hollande . 
E. de Van Diemen . .,.. 


—————__— 


FOTAL Es see) 7 à NI Q 43,000,000 


( 294 ) 
MOLLUSQUES. 


Exercices zootomiques, par P.-J. Van Beneden, 
correspondant de l'académie. 


Comme suite aux mémoires précédemment communi- 
qués, j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui trois nou- 
veaux mémoires : l’un sur la Cymbulie, l'autre sur un 
genre inédit, voisin du précédent, et qui provient du 
golfe de Naples, un troisième sur l’Æyale, le Cléodore et 
le Cuviérie. 

Péron a découvert la Cymbulie il y a une trentaine 
d'années, et l’on ne connaît cependant rien encore sur 
l'organisation de ces curieux animaux. Je crois remplir 
une véritable lacune, en faisant l'histoire de chacun de 
leurs appareils. Tous les zoologistes ont senti l'importance 
de ces animaux sous le rapport de leur organisation, et 
dans la seconde édition du Regne animal, publiée en 1829, 
Cuvier s’énonce encore avec doute sur la classe à laquelle 
ils doivent appartenir. 

Le second mémoire contient l’anatomie d’un genre 
nouveau , dédié au célèbre professeur d'anatomie d'Hei- 
delberg, M. Tiedemann. Comme on peut le voir par tous 
les détails de l’organisation , il a beaucoup d’affinité avec 
les Cymbulies ; mais il paraît aussi en avoir d’un autre 
côté avec le genre Gastropteron de Meckel, qui est placé 
parmi les gastéropodes. 

Dans le troisième mémoire, je donne une nouvelle 
anatomie de l’Æyale. On connaissait déjà en grande partie 
l'organisation de ces animaux, mais cependant il restait 
encore différens doutes à lever. L'appareil branchial , par 
exemple , sur lequel personne n’est d'accord, ne sera plus 


ÉD S  S S es  ÉE 


momie EE Pt 


= a 


( 295) 

le sujet de nouvelles contestations. M. De Blainville re- 
prochait à M. Cuvier d’avoir pris des fibres musculaires 
pour des branchies, et il a décrit une branchie située dans 
une tout autre région. Ces- deux célèbres anatomistes 
avaient bien vu cependant tons les deux, mais ils n'avaienr 
point vu l'appareil branchial au complet. C’est la la cause 
de leur divergence d'opinion. M. De Blainville en avait 
vu une partie en dessus de l'animal, et M. Cuvier en avait 
vu une autre en dessous. 

On ne connaît encore rien de l’animal du C/éodore. 
Comme nous en avions un individu, ainsi que du genre 
Cuviérie, nous avons fait suivre l'anatomie de l’Ayale 
des détails d'organisation que nous avons observés dans ces 
deux genres. 

Ajoutons aussi que nous avons signalé , le premier, les 
nerfs sympathiques dans les Ptéropodes, et dans les dif- 
férens genres dont nous nous sommes occupé ici, nous 
avons trouvé les mêmes nerfs dans ces différens genres. 

Commissaires : MM. Dumortier, Cantraine et Wesmael. 


ORNITHOLOGIE. 


ilédon de la 
de Ghisignies, 


a NS, 


Description d’une nouvelle espece de P 
Nouvelle-Zélande , par M. B. Dubus 
membre de la Chambre des Représen 


PHILÉDON A ÉCHARPE. 
MELIPHAGA CINCTA. 


Meliphaga capite toto, collo, pectoreque nigris ; fasciculo 
postoculari niveo; fascia pectoralhi et humeris flavis ; pa- 


To. vi. 21 


( 296 ) 
rapteris, tectricibus mediis alarum prioribus e& dorso ni- 
gris, plumis sinqulis flavo marginatis ;  posterioribus 
alarum tectricibus mediis albis, speculum formantibus ; 
remigibus et rectricibus fusco-nigris, pogontis externis 
flavo marginatis ; abdomine pallide brunnescenti-cano. 


Ce philédon est remarquable par la longueur des poils 
qui garnissent la commissure du bec et le front, à la nais- 
sance des fosses nasales. Ces poils sont assez raides et s’é- 
tendent jusqu'aux trois quarts de la longueur du bec, qui 
est grèle, légèrement arqué et déprimé à sa base. Les 
ailes sont arrondies; la première rémige est très-courte ; 
la seconde est beaucoup plus courte que la troisième , qui 
est à peu prés égale à la quatrième; la cinquième est la 
plus longue de toutes. La queue est carrée, à rectrices ter- 
minées en pointe. 

La distribution des couleurs du philédon à écharpe 
en fait une des plus jolies espèces de ce genre. La tête , le 
cou , la poitrine et la partie supérieure du dos sont d’un 
beau noir velouté. Deux petits bouquets de plumes trés- 
blanches et longues d’un demi-pouce naissent dernière 
les yeux. Le pli de l'aile et les petites couvertures sont 
jaunes. Une large ceinture de la même couleur sépare la 
poitrine du ventre et se dirige de part et d'autre jus- 
qu'aux scapulaires; cette ceinture n’est que faiblement 
marquée sur le milieu de la poitrine. Les plames du dos 
et des scapulaires sont noires, bordées de jaune olivâtre. Le 
ventre et les parties inférieures sont d’un gris brunâtre 
pâle avec une tache plus foncée au centre de chaque 
plume. Les rémiges et les tectrices sont d’un noir brunä- 


ire foncé en dessus, d’un noir cendré en dessous; les pre- 


mières tectrices moyennes sont noires ; les dernières sont 


Balletins de l'Acaderrue Tom. VE. Pag.297 


MELUIPHAGA CINCTA. # 


estate dont ONE ÉD te 


; 


( 297 ) 


blanches; toutes ces plumes es ailes ont leurs barbes ex- 
térieures bordées de jaune olivâtre. Les grandes tectrices 
sont noires et blanches à la base; les dernières rémiges 
secondaires sont également blanches à la base, ce qui 
forme avec les dernières lectrices une espèce de miroir 
blanc sur la partie supérieure de l'aile. 

Le bec est noir et les pieds sont bruns. 

Les dimensions de cet oiseau sont les suivantes : 


Longueur totale . . !. + ... Joie AE: pouces, 
— du bec, de la commissure à la pointe . . » 10 lignes. 
— Are PES D pouce. 
— du doigt du milieu. . . . . . . . » 8 lignes. 


Le Philédon à écharpe habite la Nouvelle-Zélande. 


Diagnoses spécifiques de trois nouvelles espèces d’oi- 
seaux, par le même. 


#ARUS SENILIS. 
MÉSANGE VIEILLARD. 


Parus capite, collo, pectore et abdomine in medio albidis ; 
dorso, tectricibusque alarum cinereo-brunneis ; iliis cine- 
reo-brunnescente tinctis ; remigibus fuscis ; caudà flavi- 
canti-brunned ; rostro subnigro; pedibus cœrulescentinigris. 


Long. tola 5 : poll. 
Habitat in Novà-Zeelandia. 


LAMPROTORNIS OBSCURUS. 
L2 STOURNE OBSCUR. 


Lamprotornis supra fusco-griseus; capite, collo antico et 


( 298 ) 
pectore subnigris saturate viridi nitentibus ; alis et caudà 
nigricanti-fuscis; abdomine brunnescenti-cinereo ; rostro 
nigro ; pedibus fuscis. 


Long. tota 6 : poll. 
Habitat in Novà-Zeelandià. 


TURDUS MELANOTUS. 
MERLE MÉLANOTE. 


" 
Turdus pileo . nuchä, qulé et humeris lœte cœruleis ; tænià 
per oculos latä, auchenio , interscapulio tergoque summo 
nigris; tectricibus alarum , remigibus , rectricibusque 
subnigris, pogontis externis cœrulescente marginatis ; spe- 
culo alarum albo ; pectore , abdomine , tergoque imo fer- 
rugineis; rostro pedibusque fuscis. | 


Long. tota 7 poll. 
Habitat in Chili. 


ZOOLOGIE, 


De l’existence des infusoires dans les plantes , par 
M. Ch. Morren, membre de l’académie, etc. 


La lecture des recherches de M. Jean Roeper sur les 
cellules des Sphagnum et leurs pores (1), m'a rappelé 
quelques faits dont j'ai été témoin en étudiant l’histoire 
naturelle de nos algues indigènes, et que je crois utile de 


(1) Annales des sciences naturelles ,tom. X, novembre 1836, p. 314. 
— Floru , 1838 , p. 17. 


( 299 ) 
faire counaître aujourd'hui, puisqu'ils éclaircissent des 
doutes que la science avait encore. 

Le travail de M. Roeper, que je viens de citer, établit 
que les cellules des Sphagnum sont munies quelquefois 
d'ouvertures qui mettent leur cavité intérieure en rela- 
tion avec l'air ou l’eau où elles se plongent. Get habile 
observateur s’est assuré que lorsque les circonstances sont 
favorables, le Rotifer vulgaris, cet infusoire dont l’orga- 
nisation a élé dévoilée par les recherches de M. Ehrenberg, 
se trouve dans les cellules du Sphagnum obtusifolium. 
Celui-ci avait crû dans l'air du milieu d’une tourbiére, 
mais M. Roeper observa ses feuilles dans l’eau; il ne dit 
pas si l'infusoire venait de celle-ci ou s’il était contenu 
préalablement dans les cavités des cellules. L'ensemble 
de la rédaction ferait croire que ces rotifères existent 
dans les cellules venues à l'air, et dans ce cas, la pré- 
sence d'un animal si compliqué, vivant en parasite dans 
les cellules du tissu utriculaire aérien, est un phénomène 
des plus curieux, dans la physiologie des plantes, d'autant 
plus que cet être est un animal aquatique. 

Je me suis rappelé que la dernière année que j'habitais 
les Flandres, je trouvai à Everghem, près de Gand, le 
V’aucheria elavata , où j'observai quelque chose de sem- 
blable. M. Fr. Unger, en 1828, avait déja publié les 
détails suivans sur cette plante : « Au-dessous des tuber- 
cules vidés et de plusieurs points de la tige principale, 
naissent , sous différens angles, des rameaux un peu plus 
étroils; ces rameaux sont en général très-longs et surpas- 
sent beaucoup en longueur la tige principale. Au bout 
de dix à douze jours après leur développement, on voit, 
vers l'une ou l'autre de leurs extrémités, çà et la à diverses 
distances du sommet, se former des protubérances plus ou 


( 300 ) 

moins régulières en forme de massue, droites ou un peu 
recourbées , et d’autres, sur les côtés de la tige, qui sont 
en forme de capsule ou de vésicule. Ces vésicules sont 
d'abord d’une couleur vert-clair uniforme , et sans que 
leur grosseur, qui surpasse plusieurs fois celle des ra- 
meaux, augmente , ils deviennent toujours d’une couleur 
vert-noirâtre plus foncée vers la base, et on y distingue 
alors clairement un ou deux globules d’un ronge-brun, 
souvent entourés de granules plus petits, évidemment pri- 
vés de mouvement , tandis que les gros se meuvent spon- 
tanément et lentement çà et la dans l’intérieur de la 
capsule, par des contractions et des dilatations inégales, 
d'où naissent des changemens de forme remarquables. Je 
vis ces globules, au bout de huit ou dix jours après leur 
apparition, encore enfermés dans la capsule, se mouvant 
toujours plus lentement, ne prenant pas d’accroissement 
bien marqué, tandis que la base de la capsule devenait 
plus transparente ; enfin, j'observai qu’au lieu de leur ex- 
pulsion , à laquelle je m'attendais, l'extrémité de la cap- 
sule, au bout de quelques jours, prit une forme anguleuse 
et donna plus lard naissance à deux expansions en forme 
de cornes; elle resta dans cel état et prit toujours une 
couleur plus pâle, tandis que l’animalcule devint plus 
foncé et mourut, et plus tard, il finit par se détruire en 
même temps que les autres parties de la conferve (1). » 

Les travaux postérieurs ne sont pas venus nous appren- 
dre quel pouvait être cet animal dont parlait M. Unger. 
Comme ce même auteur attira si vivement l'attention sur 
les mouvemens spontanés des propagules des vaucheries , 


(1) Annales des sciences naturelles, anciennesérie, t. XIII, 1828, p. 438. 


( 301 ) 
et qu'il admettait le passage de la vie végétale, caractéri- 
sée, selon ui, par l'immobilité, à la vie animale dont le 
principal critère élail le mouvement, on confondit son 
animalcule avec les propagules, et personne, à ce que je 
sache, n’est revenu sur ce sujet si intéressant. 

Quand je trouvai donc le ’aucheria clavata à Ever- 
ghem , je fus aussi surpris que content de mieux voir 
que M. Unger le corps mobile dont il avait parlé. Gros- 
sissant l’image beaucoup plus que lui, il ne me fut pas 
difficile de connaître la vraie nature de l'animal, car ce 
n'était pas un propagule, mais un véritable animal, c'é- 
tait le Rotifer vulqaris avec ses cils imitant la roue, sa 
queue , etc. 

Les premières massues que je vis contenant cet animal, 
n’en renfermaient qu’un ; plus tard, ils pondirent des 
œufs et ils se multipliérent, mais il paraît qu’alors ils 
descendent dans les tubes de la vaucherie, et vont se loger 
dans des massues nouvelles dont peut-être ils provoquent 
le développement , comme les bédéguards et les galles de 
chêne, sont des transformations organiques dues à l’in- 
fluence des êtres parasites. 

Le Rotifer vulgaris voyage lout à son aise dans ces 
massues; il longe les parois, déplace la chromule et la 
refoule aux deux extrémités de la massue, de sorte que 
celle-ci paraît plus foncée à ces parties. Un jour j'ouvris 
doucement une massue; je m'attendais à voir le rotifer 
s’élancer au dehors et jouir de cette liberté si chère à 
tous les êtres, même aux animalcules d'infusion; mais 
non : il aima mieux s’enfoncer dans sa prison, descendre 
dans les tubes de sa plante et se nicher au milieu d’une 
masse de matière verte, plutôt que de nagtr à son aise 
dans les environs de sa demeure. 


( 302 ) 

Quelques-unes de ces massues avaient des fils verdâtres 
appendus à leur extrémité libre, d’autres n’en avaient 
pas : je crus d’abord que ces fils étaient du mucus du dé- 
dans, sorti par quelque ouverture qui aurait pu avoir 
servi d'entrée au rotifer; mais une observation attentive 
et long-temps prolongée m'apprit qu'il n’y avait là aucune 
solulion de continuité , et qu’on ne pouvait nullement 
s'expliquer par cette voie l’arrivée des rotifères dans Îles 
vaucheries. Comment naissent au dedans d'elles ces ani- 
malcules parasites? Voilà ce que l'observation ultérieure 
apprendra quelque jour. En attendant, j'ai cru qu’il fallait 
préciser que l’animalcule de M. Unger, trouvé dans les 
vaucheries, était le Æotifer vulgaris des zoologues. 


Note sur une nouvelle méthode de démontrer l'existence 
de l’urée dans le sang, après l'extirpation des reins, 
par M. Gluge, professeur à l’université libre de Bruxelles. 


La présence de l’urée dans le sang, après que les reins 
ont été enlevés , est maintenant un fait acquis à la science; 
mais en répétant la belle expérience de MM. Prévost et 
Dumas dans mon cours de physiologie, l’idée m'est venue 
de rechercher l’urée dans le sang, non par l'analyse chi- 
mique, mais par la simple inspection microscopique. Ce 
procédé me paraissait utile, d'abord parce que de temps à 
autre on a prétendu que l’urée trouvée dans le sang était le 
produit de l'analyse chimique, et ensuite parce qu'on 
pourrait peut-être constater la présence de cette substance 
dans le sang dans des cas plus contestés , tels que le dia- 
bète , etc. L'urée , dans son état pur et de cristallisation , 


( 303 })- 

forme des aiguilles fines, luisantes, ou des prismes quadri- 
latéraux trés-afhilés. Après avoir fait l’extirpatlion des reins 
sur des lapins, j'examinai le sang, après l’avoir laissé en 
repos pendant quelques heures, à l’aide d’un grossisse- 
ment de 255 fois. EL déjà, vingt heures après l’extirpation, 
le sang présentait les deux formes de cristallisation de 
l'urée dont nous venons de parler. Pour éviter toute 
erreur, le sang extrait d’autres lapins bien portans et les 
cristaux de l’urée de l’urine produits par le procédé chi- 
mique ordinaire ont été comparés. L'expérience répélée 
deux fois m'a toujours donné le même résultat. 

J'ajouterai à cette observation que, de toutes les lésions 
décrites par les auteurs comme suite de l’extirpalion des 
reins, deux seulement me paraissent la suite constante du 
manque de la sécrétion de l'urine ; les autres sont proba- 
blement produites par l’opération. 

La première, c’est l’'épanchement d’un sérum limpide 
dans les cavités de l'abdomen, du thorax et du cerveau; 
la seconde , qui me paraît la plus importante, c’est l'état li- 
quide du sang, qui n'offre point ou que très-peu de caillot. 
Les sels sécrétés par les reins s'accumulent dans le sang et 
paraissent être la cause de ce phénomène. Et en effet, on voit 
le champ du microscope couvert par une masse énorme de 
cristaux, ce qui est bien différent de ce qu’on observe à 
l'état normal. Un sang tellement vicié dans ses élémens ne 
peut plus remplir ses fonctions: de là le dépérissement 
plus ou moins rapide des animaux sur lesquels on fait 
celte opération. 


( 304) 


HISTOIRE ANCIENNE. 


Considérations sur la condition politique des cliens 
dans l’ancienne Rome; par M. Roulez, membre de 
l'académie. 


La clientèle romaine nous est présentée par les au- 
teurs anciens (1) comme une institution de Romulus ; 
récit qui, traduit en d’autres termes, signifie qu’elle était 
aussi ancienne que Rome elle-même. Selon ces auteurs, 
les cliens étaient les plébéiens, les patrons les patriciens, 
et la clientéle le lien qui servait à rapprocher les deux 
ordres. Leur manière de voir, prise absolument, repose 
sur une grave erreur : non-seulement elle méconnaît l'in- 
dépendance de la classe plébéienne, mais elle admet une 
impossibilité historique, à savoir une lutte acharnée en- 
tre les cliens et leurs patrons. Quelle que soit l'évidence 
de cette erreur, elle a été long-temps partagée par les 
modernes, et c’est à Niebubr (2) qu'’appartient le mérite 
de l’avoir signalée le premier. Mais l'illustre historien de 
Rome et d’autres savans après lui, n’ont-ils pas été trop 
loin à leur tour en excluant tous les cliens de la com- 
mune plébéienne ? C'est ce que nous nous proposons d’exa- 
miner ici. 

En Grèce, presque partout où des États se sont formés 
à la suite de la conquête, on trouve une classe d'hommes 

UE 
Là 


(1) Denys d’'Halicarnasse , Archæolog rom. , IX, 9. p.254, éd. Reiske; 
Plut., Romul., c. 13, p.25, A; Cic., De Republic., XL, 9 ; Festus voc. 
patrocinia, p.204, ed. Lindemann. 

(2) Rômische Geschichte, X, p.617 svv, de la 4me édit, Cf. p. 330. 339, 


es 


( 305 ) 
placés dans une espèce de vasselage à l'égard de la race 
dominante. Ce sont les anciens habitans du pays qui, pré- 
férant la perte de leur indépendance à l’émigration, ont 
accepté les conditions imposées par les vainqueurs. Cette 
diversité d'élémens se rencontre particulièrement dans 
les états Doriens(1). On a voulu chercher également dans 
la conquête l’origine de la clientèle romaine, et on a 
comparé les cliens de Rome aux clarotes de la Crète (2). 
Toutes ces relations étaient fort bien connues de Denys: 
elles ont dû s'offrir à son esprit, et nous ne doutons pas 
que, si ses renseignemens n’eussent repoussé loute idée 
d’analogie, avec sa manie souvent exagérée de trouver 
dans la Grèce le berceau des institutions romaines, il 
n’eût pas laissé aux modernes le soin de faire le rappro- 
chement. L’historien grec établit, à la vérité, une com- 
paraison entre les cliens romains et les pénestes de la 
Thessalie ainsi que les thetes d'Athènes; mais c’est seu- 
lement pour expliquer la nature de leurs relations, et non 
pas pour en démontrer l’origine. Nous pensons même qu'il 
n’a réuni ces deux exemples que parce qu’un seul n’eût 
pu sufhire à caractériser, comme il le voulait, la clientèle 
à Rome. En effet, il s'agissait de montrer non pas une 
partie d’une nalion soumise à une autre partie dominante, 
mais une classe d'hommes se trouvant sous la dépendance 
de familles particulières en vertu d'un pacte d’où résul- 
taient des obligations réciproques. Denys voyait cette con- 


(1) Voy. K. Od. Müller, Die. Dorier, 1, p. 34 svv. et 64; Wachsmuth, 
Hellenische Alterthumskunde , X, p. 168 sv. 

(2) Hüllmann, Hômische Grundverfassung, p.32 sv. Bonn. 1832. Cf. 
Niebuhr, ouv. cité, p. 339. 


( 306 ) 

dition chez les Pénestes de la Thessalie appelés Oeosaoixe- 
Ta (1); car c’est bien de ceux-là qu’il veut parler. D’au- 
tre part, lorsqu'il isolait les cliens romains de leurs 
patrons, il ne leur reconnaissait pas seulement la qualité 
d'hommes libres, mais encore celle de membres de la cité; 
ils les compara donc sous ce rapport aux thètes d'Athènes, 
qui, libres et citoyens aussi, se trouvaient plus ou moins 
sous la dépendance des eupatrides, par la nature de 
leurs occupations (éri fs atosias). 

La clientèle romaine avait sans doute beaucoup plus 
de conformité avec les institutions analogues chez d’au- 
tres peuples de l'Italie. Mais malheureusement celles-ci 
ne nous sont point connues en détail, et leur existence 
n’est même constatée que pour quelques-uns de ces peu- 
ples, tels que les Sabins (2), les Latins (3) et les Étrus- 
ques (4). Quant aux cliens de ces derniers, ils paraissent 
avoir été .de véritables serfs; du moins Denys ne les dé- 
signe pas comme les autres par le mot relitæ (5), mais 
leur applique le nom de révesteu. 


(1) Voy. Müller, ouv. cit. II, p. 67. 

(2) Tit.-Liv., IL, 16; Denys, V, 40, p. 936; X, 14, p. 2020. 

(3) Denys, I, 81, p.210; sbid. , 83, p. 216. 

(4) Denys, IX, 5, p. 1750. — Il est aussi fait mention de cliens à Ca- 
poue (Tite-Live, XXIIL, 3,7), et, selon M. Walter (Æômische Rechts- 
geschichte, 1,2, p. 13, not. 11), chez les Samnites ; mais, dans le pas- 
sage de Nonius Marcellus (De Propr. Serm., voc. apud pp. 33 et 255. 
Paris. 1593), sur lequel il appuie son assertion, il n’est pas question 
de la clientèle samnite , mais de la clientèle romaine à l’égard des Sam- 
nites. 

(5) Le mot reAfTaui, qui est aussi celui dont se sert Plutarque (L. cit.) 
pour indiquer les cliens romains, désigne des hommes libres travaillant 
pour un salaire (Pollux, LL, 82), et ensuite. par extension, ceux qui 


SRE D 


Se maté dl ons ut 


( 307 ) 

Lorsque les populations latine et sabine vinrent occu- 
per les endroits où s’éleva Rome, les anciens habitans ne 
furent ni chassés ni réduits à l’état de serfs, mais on 
leur permit de conserver des établissemens à côté des 
vainqueurs; ous furent pris sous la protection de l'État, 
en furent reconnus comme membres, mais membres d’un 
ordre inférieur, n'ayant aucune part à l'administration 
des affaires publiques; ce sont là les commencemens des 
rapports des patriciens et des plébéiens. L'hypothèse que 
nous avançons n'esl point imaginaire ; elle repose sur l’a- 
nalogie de faits postérieurs, qui entrent dans le domaine 
de l'histoire. La politique que nous supposons dés le prin- 
cipe aux Romains, est celle que dans la suite ils appliquè- 
rent après la conquête aux habitans des villes de Cænina, 
d’Antemnæ , de Crustuminium et d’Albe, lesquels furent 
incorporés dans la cilé romaine (1) et apporlèrent des 
accroissemens considérables à la commune plébéienne (2). 
On voit que les mêmes circonstances qui, en Grèce, don- 
nérent naissance à une classe intermédiaire entre les hom- 
mes libres et les esclaves, produisirent, sinon dans toute 
l'Italie, du moins à Rome, des relations bien différentes. 

La clientèle romaine avait si peu sa source dans la con- 
quête, que l’un de ses traits caractéristiques, c’est la 
spontanéité du client à se placer dans la dépendance du 


se mettent sous la protection d’autres personnes. Cf. Waschsmuth, 
Hellen. Alterthumsk., 1. Beilage, XII. p. 322 sv.; Stallbaum, ad Pla- 
ton. Eutyphr., p. 26. 

(1) Plut., Romul,, pp. 56 et 63; Tite-Live, 1, 11; sbid., 28, 30. 

(2) Niebuhbr fait commencer la véritable plebs à la destruction d’Albe, 
et en regarde Ancus Marcius comme le fondateur (2. G., p. 428.) CF. 
Huschke, Die Verfussung des Kænigs Servius Tullius , p. 38. Meidel- 
berg. 1838, Walter, Rôm. Rechtsg., kap. IX, p. 67 , not. 4. 


( 308 ) 
patron; ce caractère dont la langue porte encore l'em- 
preinte (1), a été conservé fidèlement par la tradition 
qui rapporte que Romulus permit à lout plébéien de se 
choisir, selon sa volonté, un client parmi les patriciens (2). 
Quels étaient donc les cliens ? Indépendamment que les 
vainqueurs peuvent déjà en avoir amenés avec eux (3), 
ceux d’eutre les anciens habitans du pays qui ne possé- 
daient pas de terres, ou qui en avaient élé dépouillés 
entièrement, ceux encore qui trouvaient insuffisante la 
protection qu'ils recevaient de l'État comme plébéiens , au- 
ront cherché dans le patronat des patriciens des moyens de 
subsistance ou une plus grande somme de sécurité (4). Il est 
même à supposer que ce fut le grand nombre, puisque la 
tradition semble considérer l’universalité des plébéiens 
comme engagés dans ces relations (5). Ensuite, le nombre 


(1) Témoin les expressions : Se in clientelam dicare (Cæsar, B. G., 
VI, 12); se (clientes) 2n fidem dare (A. Gellius, A. 4., V, 13), et au- 
tres semblables. 

(2) Denys, IL, 9 : Exirpédus Éndote Tüv Ex vod mAfSouc, Cv aÙrès 
£BoüeTo véuEI TpocTÉTY. 

(3) C’est ainsi que plus tard la gens Claudia vint à Rome avec ses 
cliens. Tit. Liv., IL, 16; Denys, V, 40, p. 936; Suéton., Tiber.,c. I. 
La clientèle n’aura cessé pas plus pour ceux-ci que pour les cliens des 
Romains primitifs; l’exemple allégué par Wachsmuth du nègre esclave 
qui devient libre à son entrée en Europe, nous paraît peu concluant, 
(Die œltere Geschichte des Rôm. Staates, p. 87.) Ils n'auront pas non 
plus été élevés au rang de patriciens , mais auront fait partie de la classe 
plébéienne. 

(4) Walter, ouv. cité, p. 13, not. 13, admet le passage de plébéiens 
à l’état de cliens, mais avec perte de leur qualité primitive. 

(5) Niebuhr, comme il est notoire, ne voit à Rome , dans le principe, 
que des patriciens et des cliens. Le savant jurisconsulte et vhilologue 
Huschke, adoptant une opinion moyenne entre celle de Niebubr et le 
récit des historiens , fait, sans nécessité, ce nous semble, de ces mêmes 


( 309 ) 


des cliens se grossil des étrangers admis dans Ja ville, en 
vertu du jus applicationis (1), ainsi que des enfans des 
affranchis qui se mettaient ordinairement sous le patro- 
nage de la famille de l'ancien maître de leurs pères (2); 
car, quant aux affranchis eux-mêmes, ils ont toujours été 
bien distincts des cliens, malgré la grande conformité de 
leurs relations (3), el nous croyons que c’est à tort qu’on 
les a confondus avec eux (4). Ensuite, à une époque in- 
cerlaine, mais déja peut-être fort ancienne, la clientèle 


cliens, des plébéiens d’une espèce particulière {ouvr. cité., p.191) : « Da 
nun die alte Verfassung auf dem Hauptyegensatse von Berechtigten (Pa- 
triciern) und Unberechtigten oder negativ zum Staat gehôrigen { Clien- 
ten oder llebeiern in diesem Sinne) beruhte. » 

(1) Cic., De Orat., 1, 39. Voy. Walter, ouv. cité, chap. XV, p.119. 
Cf. p. 13, not. 12. 

(2) Un texte de Denys (IV, 23, p. 695), corrigé par Reiske, d’aprèsun 
MS. du Vatican, est explicite à cet égard : Ka? rod: £x Tüy drekeuSé- 
pay (Vulg. roùs aredeuSécous) vivouévous rehdras Tois ÉxVoyos adTüy 
XATAMITOYTAS. 

(3) Un individu ne pouvait en aucun cas être forcé à se constituer le 
client d’un citoyen, tandis que l’affranchi demeurait soumis de droit, 
et même maloré lui , au patronat de celui dont il cessait d’être l’esclave, 
Mais il était naturel que les descendans d’un affranchi, délivrés de toute 
obligation envers l’ancien maître de leur père ou envers sa famille, s’ils 
avaient besoin de la protection d’un citoyen plus riche et plus puissant, 
s’adressassent de préférence à eux. Le passage suivant de Salluste dis- 
tingue clairement les affranchis des cliens (Catilin., c. 50, p. 55, Ger- 
lach.) : Liberti et pauci ex clientibus Lentuli. Le eliens libertinus chez 
Tite-Live (XLILL , 16), s’il ne peut pas être le fils d’un affranchi de P. Ru- 
tilius, est sans doute un affranchi sans patron, qui s’est placé sous la 
protection de ce tribun. 

(4) Niebubr, Th. 1, p. 623; Walter, 1. c. Quant à Schulze (Grundle- 
gung zu einer geschichtlichen Staatswissenschuft der fômer, 47, 
p- 340) , il va beaucoup plus loin, il se représente les cliens et les plé- 
béiens comme des affranchis d’origine, et les appelle (p. 344), pour 


( 310 ) 
s’'étendit à des individus (1) ainsi qu'a des villes étrangères 
à la cité romaine (2). 

On voit donc qu'il ÿ avait une grande diversité dans 
l'origine des cliens à Rome. Cette qualité ne changeait rien 
à leur condition primitive : le citoyen d’une ville soumise 
n’entrait pas plus dans la cilé romaine en devenant le 
client d’un romain, que le plébéien ne sortait de la com- 
mune par le même fait. Cela provient de ce que la clien- 
tèle n’était pas une condition politique, mais que, dés le 
principe , comme au VIIE siècle, elle fut une institution 
de la vie privée constituant simplement des rapports d’in- 
dividus à individus (3). L'État romain n’a donc pas connu 
trois ordres distincts de membres, les patriciens , les cliens 
et les plébéiens (4) ; ce n’est là qu’un rêve savant provoqué 
principalement par des réminiscences helléniques. 

Mais en admettant, conformément aux témoignages his- 
toriques, que les cliens ou au moins une grande partie 
d’entre eux faisaient partie de la classe plébéienne , nous 
sommes loin de vouloir nier l’indépendance de la com- 
mune, À la vérité, le plébéien en devenant client perdait 
de fait son indépendance politique, puisqu'il était obligé 


cette raison , cives libertini ordinis. Cette opinion se réfute déjà par son 
exagération. Voy. du reste la brochure de M. Walter intitulée : Viebuhr 
und Schulze, p. 17, Bonn. 1834. 

(1) Selon Denys ( VIT, 21, p. 1361 ), Coriolan avait déjà un grand nom- 
bre de cliens de cette espèce. 

(2) Denys, Il, 9; Cic., De Office. ,L, 11 : Ut it, qui civitates aut na- 
tiones devictas bello in fidem recepissent, earum patroni essent MORE MA- 
JORUM. » 

(3) Voy. Waschsmuth, Die œltere Geschichte des R. Staates, p. 190. 

(4) Cette hypothèse a été établie surtout par Hüllmann.Voy, Rômische 
Grundverf., p. 37, et Staatsrecht des Alterthums , p. 38. 


(311) 


de se conformer aveuglément à la volonté de son patron. 
Il s’en suit même qu’à l’époque où le nombre des plébéiens 
non soumis à la clientèle, se trouvait fort restreint, la 
liberté de la commune était réellement illusoire. Aussi, 
pour les premiers temps de Rome, l'histoire ne nous 
parle-t-elle pas de dissensions entre les patriciens et les 
plébéiens. D'ailleurs il n’y avait pas de lutte possible, 
avant que les deux partis ne descendissent ensemble dans 
l'arène électorale; ce qui n’eut lieu qu'après l’établisse- 
ment des comicès par centuries de Servius-Tullius, puis- 
qu'auparavant les plébéiens n’avaient pas joui du droit 
de suffrages. Alors ceux d’entre eux (et c'était le petit 
nombre ), que des obligations personnelles liaient à des 
membres du parti adverse, durent, en cas de dissentiment, 
trahir les intérêts de leur ordre pour soutenir de leurs votes 
et de tous leurs moyens les prélentions de leurs patrons, 
recevant des avantages matériels pour prix de la con- 
trainte morale qu'ils s’imposaient. Comme cetle scission 
momentanée des plébéiens-cliens d'avec le reste de la 
commune se répéta fréquemment , il arrive que les his- 
toriens nomment quelquefois les cliens à côté des plé- 
béiens et les opposent les uns aux autres. Mais il ne faut 
pas conclure de là que les annales dont leur narration 
reproduit Texpression, aient élabli une incompatibilité 
entre la qualité de client et celle de plébéien (1). Si quel- 
ques textes, pris isolément, sont assez vagues pour pou- 


_ 


(1) C’est ce que Niebuhr (I, p. 617, svv.) a voulu prouver par des 
passages tirés de Denys et de Tite-Live; mais les textes qu’il a pu citer 
ou ne sont nullement concluans, ou militent contre son opinion. Voy., 
outre nos observations, celles de E. Wichers, Dissert. de patronatu et 
clientela Romanorum, p.26 sqq. Groningæ. 1825. 


Tow. vr. 22 


( 312 ) 
voir être invoqués par les partisans d'opinions contraires, 
rapprochés d’autres textes plus précis, ils n’admettent plus 
d’équivoque dans leur interprétalion. Ainsi on ne saurait 
plus douter de la présence de cliens dans la commune 
et dans les tribus, après avoir lu dans Tite - Live (1) : 
(M. Furius Camillus) cum accitis domum tribulibus 
clientibusque | MAGNA PARS PLEBIS ERAT ) percunctatus 


animos eorum responsum tulisset se collaturos quanti 
damnatus esset ABSOLVERE ewn non posse, in eæilium 
abiit. Ailleurs (2), le même historien s'exprime d’une 
manière non moins explicite à cet égard : Rogationem 
tulit (Volero) ad populum ut plebei magistratus tribu- 
tis comitiis fierent, haud parva res... quæ patriciis 
omnem potestatem per clientium suffragia creandi quos 
vellent tribunos auferret. Le sens naturel et véritable de 
ce dernier passage, c'est que la loi de Voléron ôta aux 
patriciens loute possibilité de porter au tribunat, par les 
suffrages de leurs cliens, des hommes de leur choix. L'im- 
puissance du parti aristocratique provenait non, comme 
on le prétend, de ce que les cliens n'étaient pas admis dans 
les comices par tribus, mais de ce que la prépondérance 
qui, daus les comices par centluries lui était assurée par. 
le concours des suffrages de ses cliens, devait lui échap- 


(1) 11,28. Îl en est de même de ce passage de Denys (VI, 63, p. 1185): 
rodc rehras Graytas Érayoueda ka rod dymcotixob Tù reply, où il ne 
s’agit pas, comme l’entend Niebuhr, des cliens et des plébéiens, maisw 
des eliens et des autres plébéiens. Cf. Wichers , L. 1., p. 29. 

(2) LE, 56. Niebuhr invoque, mais en en torturant le sens, ce même 
passage en faveur de l'opinion contraire. I, p. 619, Cf, Schulze ; Von der 
Volksversammiungen der Rémor , p 35; Walter, Vicbuhr u. Schulse, 
P:r17: 


( 313 ) 
per alors que lui-même ne pouvant voter, il se trouvait 
réduit aux seuls votes de ces derniers. 

Les liens réciproques de la clientèle étaient sacrés et 
mis aussi bien sous la protection des dieux que sous l'égide 
des lois (1). Il n’y a donc rien d'étonnant que les cliens, 
quelle que fût leur condition politique, prissent part aux 
sacra gentilicia de leurs patrons (2). Mais nous ne croyons 
nullement que de leur présence dans les gentes on ait le 
droit (3) de conclure à leur admission dans les curies, et 
moins encore celui de leur y accorder une voix (4). Quant 
aux comices par centuries, personne (5) ne doute que ceux 
qui jouissaient du droit de cilé, n’aient été admis dans 
la classe que leur assignait leur fortune (6). 

Plusieurs fois des expéditions militaires furent entre- 
prises par les patriciens et leurs cliens (7). Gette circon- 
stance a donné naissance à l’opinion que les cliens étaient 
employés à la guerre extraordinairement et ne faisaient 


(1) Denys, Il, 10, p. 257 : dycporépolg oùbTE Coioy oùTE Séguis #y. 

(2) La seule preuve directe que nous connaissions est ce passage de 
Denys , IX , 19, p. 1793 : rièc mé) ouci , 01, Suolas ÉrioTéoys Turpiou, 
ÿy EdEr T6 baBloy Érirehédau yéyos , oi mèy dydpes ÉEËASOY OMyouc ÉTayd- 
evo rehäTas Êri té iepé. 

(3) Niebubr, I, p. 349; Walter, À. R., p. 25; Schulze, Volksver- 
zamml. der Rôm., p.31. 

(4) Hüllmann , Rôm. Grundverf., p.35. 

(5) Voy. Niebuhr, pp. 493 et 622; Walter, p. 35. 

(6) Je ne pense pas que M. Huschke (ouv. cité, p. 192) ait eu d’au- 
tres motifs plausibles que l'intérêt de son système pour les rejeter tous 
dans la sixième classe. 

(7) Denys, VII, 19, p.1356 ; IX, 15, p. 1780; X, 15, p. 2025; X 
43, p. 2104 


u 


( 314 ) 


pas partie de la légion (1). Il est à remarquer cependant 
que, dans les cas allégués, les palriciens ne prennent seuls 
les armes avec leurs cliens que parce que les plébéiens 
refusent de s’enrôler , refus auquel ne pouvaient s'associer 
ceux de cet ordre qui se trouvaient soumis à la clientèle. 
Mais nous devons croire qu’en d’autres temps, les cliens, 
qui étaient plébéiens et membres des tribus, faisaient le 
service ordinaire dans la légion. 


’ 


LINGUISTIQUE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE. 


Observations sur les patois romans usités en Belgique, 
par le baron De Reiffenberg. 


Parmi les travaux d’une grande étendue dont l'exécution 
me semble appartenir à l'académie, je compterais volon- 
tiers, avec une histoire littéraire de la Belgique (2), la ré- 
daction d’un double glossaire de nos patois, savoir , de 4 
ceux de la famille tudesque et de ceux de la famille romane. 

En effet, les patois conservent les traces les plus pro- 
fondes de la nationalité ; aussi Ménage, dont loutes les 
étymologies ne sont pas aventureuses, fait-il dériver le 


(1) Voy. Walter, p.21, not. 58; p.120, not. 45. Huschke, ouv. cité, 
p. 454, not. 44. 

(2) J'entends une vaste histoire littéraire comme celle commencée par M 
les bénédictins pour la France, et non pas un simple abrégé. En 1828, 
à la demande de M. Loeve-Veimars, j'avais composé un ouvrage de cette 
dernière espèce dont je lui adressai le manuscrit. Jai vu dans l’At/as des 
littératures que M. Du Jarry de Mancy avait bien voulu en faire usage. 
Depuis, ce manuscrit, dont il ne me reste pas de copie, se sera sans | 
doute écaré, car je n’en ai plus entendu parler. 


(315) 


mot patois de sermo patrius. C'est dans les patois qu'il 
faut souvent aller étudier les antiquités du langage; plu- 
sieurs reproduisent même fidèlement les idiomes origi- 
naires de certains peuples : le paysan de la Provence se 
sert encore de la langue des troubadours, et celui de la 
Bretagne sait plus de celtique que tous les linguistes et 
toutes les académies de l'Europe. 

Sénèque, dans son style antithélique que nous imitons 
le plus que nous pouvons tout en le blämant , a prononcé 
que les vices du passé étaient les vertus d'à présent. Ne 
pourrait-on pas, en renversant les termes de cette propo- 
silion, et en l’appliquant à autre chose, dire que maints 
barbarismes d’aujourd’hui sont des élégances d'autrefois ? 

Dans les sociélés peu avancées, et qui ne se trouvent 
point sous le régime des castes, il n’y a qu’une langue 
pour le pauvre et le riche également simples, également 
ignorans. Insensiblement les classes qui s’élévent et cul- 
tivent leur intelligence, changent, modifient , transfor- 
ment leur langage que les classes stationnaires gardent 
au contraire presque sans allération. 

La langue des aborigènes et des Faunes (1), la langue 


(1) M. Granier de Cassagnac , dans son Histoire des classes ouvrières 
et des classes bourgeoises , Paris , 1838, in-8o, pag. 248, cite un passage 
d’Aulu-Gelle, où, parmi les mots du latin primitif, s’en trouvent deux dont 
viennent, suivant lui, vessul et arrière-vassal, Confiant dans l’exac- 
titude de M, Granier de Cassagnac , ébloui par quelques idées ingé- 
nieuses, et, sil faut l'avouer, par ses protestations de recherche attentive 
et scrupuleuse, nous ayons accepté sa citation sans Ja vérifier, selon 
notre coutume (Ph, Mouskes , Il, 875, Bulletin de l’Acad. de Bruxelles, 
tom. V, n° 5, note pour le mot kavaye ; trad. du poème de Waltharius, 
dans la Revue de Bruxelles, du mois de mai 1839). Mais M. J.-J. Ros- 
signol est venu nous faire observer qu’Aulu-Gelle ne parlait que de cau- 


( 316) 


saturnienne , c'est-à-dire le latin des anciens temps, qui 
embarrassait les savans de Rome au siècle d’Aulu-Gelle, 
n'élait sans doute pas entièrement perdue pour les labou- 
reurs du Latium. 

Ne nous serait-il pas permis de faire aussi dans le rude 
parler de nos campagnes, dans le jargon incorrect des ar- 
tisans de nos cités, quelques découvertes philologiques 
intéressantes? Les propos énergiques et grivois des bau- 
tresses, les lazzis railleurs des borains, n’ont-ils rien à 
nous révéler ? En lisant les trouvères, les lais, fabliaux 
et chansons de geste, ne reconnaïssons-nous pas une foule 
de locutions et de tournures abandonnées maintenant aux 
seuls prolétaires ? 

Grâce pour les patois, Messieurs, pour ce langage naïf 
et doux qui nous vient de nos mères, de nos nourrices, 
de nos premiers amis du village natal, et que nous avons 
tant regretté de perdre, quand la première simplicité en 


tions et d’arrière-cautions, VADES et suvaDes. Ce docte critique, qui 
s'attache à convaincre à chaque ligne M. de Cassagnac d’ignorance et 

d’énormités, et qui malheureusement y réussit, pousse un peu trop | 
loin , peut-être , l’amour de la critique, en reprochant à M. de Cassagnac 
(Revue des deux mondes , 28 février 1839) de s’être imaginé que Fau- 
norum n’était pas le pluriel du nom propre de Faunus, fils de Picus et 
roi des Aborigènes , mais du nom commun de ces divinités champètres . 
qu'on appelait Fauni , car si c’est une faute , elle est déjà dans Varron, 
De linqua latina, liv. VI, sur ce passage d'Ennius : Versibus quos olim 
Fuuni vatesque canebant. « Fauni , dit le plus docte des Romains, Dei 
Latinorum , ita ut Faunus et Fauna sint, Versibus quos vocant Satur- 
nios ,in silvestribus locis traditum est solitos fari, a quo fando Faunos 
dictos. » Cf H. Düntzer et Laur. Lersch, De versu, quem vocant Sa- 
turnio , Bonnæ, Kœnig., 1838, in-8o, pag. 3, 4, 9, etc. — Au reste , si. 
M. de Cassagnac a été traité sévèrement ,.il ne doit pas oublier qu'il 
manque journellement de respect à Jean Racine, et cela porte malheur.M 


( 317 ) 
fut déflorée dans nos écoles, par le purisme ricaneur des 
pédans; grâce pour cet idiome joli el fin, qui supplée 
avec tant de charme aux lacunes du heau parler, et qui 
a toujours un mot spirituel à mettre à l'endroit où dé- 
faillent les ressources du dictionnaire (1). 

Grâce pour les patois : aussi bien les chemins de fer et 
la civilisation progressive qui effacent toutes les indivi- 
dualités et tendent à tout niveler , à tout confondre, ex- 
cepté l’indigence et la richesse, vont bientôt porter aux 
patois une redoutable atteinte. Ne erovez pas pourtant 
qu’on en parlera mieux dans le peuple ; non, on en par- 
lera seulement plus mal dans la finance , cette dédaigneuse 
aristocratie de l'époque. 

La société royale des antiquaires de France, jadis aca- 
démie celtique , a, l’une des premières, fait comprendre 
importance de l'étude des palois. Ses conseils n’ont pas 
peu contribué à faire naître un nombre considérable de 
publications dont le Bulletin du Bibliophile du mois d’oc- 
tobre 1838 offre un tableau , où les matériaux qui con- 
cernent la Belgique sont naturellement presque tous ou- 
bliés (2). 

MM. Willems, More, Serrure (3) s’occupent de nos pa- 
tois tudesques, c’est leur droit, et je doute que d’autres le 
fassent aussi bien qu'eux. Pour moi je me borne à la Bel- 


(1) Ch Nodier, Comment les patois furent détruits en France, Buzz. 
DU BIBLIOPUILE , 14 février 1835, 

(2) J'en indique les principaux, Ph. Mouskes, II, cx1v- cxv. 

(3) Voir les Anzeiger de M. Mone, où M, Serrure a inséré des récits 
en différens dialectes flamands; le même, Quellen und Forschun- 
gen, etc., 1, 459-481; Willems, Belgisch Museum, 1, 33, 37, 206, 
284, 408,11, 54, 172, 328, 424. 


( 318 }) 

gique romane qui tient tant de place dans notre natio- 
nalité, et dont quelques étrangers, instruits et éclairés 
d’ailleurs, n’apprécient pas toute l'importance, puisque 
le révérend J. Bosworth l’enclave dans la zone des dia- 
lecles germaniques , en traçant la carte des langues d’Eu- 
rope qui accompagne son dictionnaire anglo-saxon (1), ct 
que M. Hoffmann de Fallersleben, en rendant compile de 
son excursion en Belgique, pendant laquelle il a, quoi- 
que allemand, jugé ccrlaines choses avec une légèreté 
réputée exclusivement française, s’élonne , s’indigne même 
d’avoir entendu parler français (2). 

Feu M. À. Delmotte, qui possédait à merveille les finesses 
et les naïvetés du dialecte montois , nous apprend, dans la 
notice biographique, qu'il a consacrée à son respectable 
père, que ce dernier avait laissé, parmi ses manuscrils, 
un ouvrage inlitulé : Essai d’un glossaire wallon, qui 
peut servir à démontrer que cet idiome, tel qu'il se 
parle encore aujourd’hui dans la province du Hainaut, 
n'est que le roman ou français des XI°, XIIe, XIIE, 
XIVe et XV° siècles, peu corrompu et mélangé d'un 
petit nombre de mots étrangers (3). 

Aidé de ce recucil, du glossaire de M. Hécart (4), des 
facéties montoises de M. H. Delmotie et surtout d’observa- 
tions prises sur les lieux, sur le vif, on pourrait former 


(1) Dictionnary of the anglo-saxon language, London , 1838, in-8° 
maj., prix 56 fr. 

(2) Préface de la sixième partie des Zoræ Belgiceæ. 

(3) Les tournois de Chauvency, p. 2. 

(4) M. Hécart n’a pas dédaigné d'employer quelques remarques que 
j'ai eu l’honveur de crayonner pour lui. Voyez en outre Votes pour 
un glossaire wallon-hennuyer, Nouv, aRcuiv. uisr, pes Pays-Bas, VI, 
87-99. 


(319 ) 


un lexique où seraient réunis tous nos patois romans, en 
indiquant où chaque mot est actuellement usité. Ce livre, 
enrichi d'exemples convenablement choisis, de quelques 
développemens philologiques et littéraires, et qui, par 
ce moyen, pourrait être d’une lecture aussi agréable 
qu’instructive, nous aiderait à démêler dans les dialectes 
du Hainaut, du Brabant , des pays de Namur , de Liége et 
de Luxembourg , les divers élémens qui les composent ; en 
d’autres termes : 

Les anciens mots romans, 

Les mots empruntés à des langues étrangères , 

Les mots français corrompus. 

Ceux qui, appartenant à aucune de ces catégories, 
peuvent être considérés comme vestiges d’une des langues 
primitives des Gaules. 

Il est entendu qu’en ne renonçant point aux étymolo- 
gies, on se tiendrait en garde contre les conséquences 
précipitées où mènent de vaines ressemblances de sons, 
et contre cette facilité que l’on trouve à soutenir , à l’aide 
de rapprochemens lexicographiques ; les opinions les plus 
étrangères ; facilité à laquelle a cédé très-sériensement 
l’auteur de la République des champs élysées , el dont 
s'est moqué avec esprit celui du Factum ow mémoire qui 
élait destiné à être prononcé dans une affaire conten- 
tieuse où il s'agissait de deux têtes, l’une en plâtre et 
l’autre en marbre (Gand, 1802) (1). 

Si le travail que je conseille n’est pas sans difficulté, 
il n’esl pas non plus dénué de charme, et la peine en se- 
rait compensée par le plaisir; car j'appliquerais volon- 


{1) L'auteur de cette piquante plaisanterie est M, N. Cornelissen. 


+ ( 320 ) 
tiers à la glossologie ce que Quintilien dit de la grammaire: 
Minus sunt ferendi, qui hanc artem ut tenuem ac jou 
nam cavillantur….Necessaria pueris, jucunda senibus, 
dulcis secretorum comes , et quæ vel sola omni studio- 
rum genere, plus habet operis quam ostentationis (1), 

Voici quelques mots pris au hasard, pour donner une 
idée de la manière dont j'essaierais de rédiger le glos- 
saire de nos patois romans. 

ARsOULE , s. des deux genres; un polisson, un drôle, 
un lâche. M. Lorin le fait venir du flamand aers ( posté- 
rieur ), je le ferai plutôt dériver du tudesque arg soul 
(angl.), ou sawl (anglo-saxon), âme méchante, âme vile, 
ou de l'italien arso, un pauvre diable, et par extension 
un homme de rien. Quant au mot lombard, flamand » 
hollandais, anglo-saxon, suédois, danois, etc., arg, il 
mérite quelque détail. Paul Diacre raconte que deux chefs 
lombards s'étant pris de querelle, le plus distingué lâcha 
le mot arga, injure qui coûta la vie à l’un et à l’autre. 
Elle passait, en effet, pour si atroce, que si quelqu'un 
l'avait laissée échapper dans un mouvement de colère, la 
loi l’obligeait à se dédire , et le juge prenait connaissance 
dn fait. Le litre 120 des lois des Lombards , de eo qui alii 
Arga dixerit, porte: si quis alium Arga per furorem 
clamaverit, et negare non poterit, et dixerit quod per 
furorem dixisset, tunc juratus dicat quod eum Arga 
non cognoveri. La charte appelée den Land-Charter, 
donnée en 1292, par Jean [°, duc de Brabant, condamne 
à une amenile celui qui oserait se servir de ce terme ou- 
trageant qu’elle traduit par quaet, qui en est effective- 
ment le synonyme. Luyster van Braband, part. E, p. 52. 


(1) Znstitut Orat,, 1, 4. 


( 321 ) 

M. De Grave aurait fait venir arga de raca, par une de ces 
transpositions et altérations de lettres que les étymologistes 
aiment tant, et dont Voltaire s’est si gaiement moqué dans 
la préface de son histoire de Pierre-le-Grand. oy. Des 
Roches, Æist. ane. des Pays-Bas Autrichiens ; in-4°, 
p. 42; Nouv. arch. hist. des Pays-Las, VI, 89-90; 
A. Ziemann, Müittelhochd. Wôrterbuch , p. 12; J.-H. Kalt- 
schmidt, Sprachvergleichendes Wôrterb., p. 92; H. Mei- 
dinger, Déction. comparatif et étymolog. des langues 
Teuto-Gothiques, p. 51; K. Schwenk, Würterbuch der 
Deutschen Sprache , p. 25 ; J. Bosworth, 4 Diet. of the 
Anglo-Sax. language , pp. 27 et 308. 

Cmxs-Cnxs, personnages de la suite du saint Georges des 
Montois, dans son combat contre le dragon. M. Delmotte, en 
se livrant à des recherches sur Gilles de Chin, regarde ce 
terme comme un mot vide de sens, ou dont la signification 
n’est pas arrivée jusqu’à nous. Getle signification me paraît 
bien simple. Le mot Chin-Chin est formé du cri d'armes 
du seigneur de Chin, Chin! Chin! cri que ses gens répé- 
taient sans doute dans l’origine durant l'attaque du mon- 
stre que l’on appelle le dragon. À la vérité, on lit dans la 
Chronique en prose du bon chevalier messire Gilles 
de Chin, que le cri de ce paladin était Berlaimont: et 
M. R. Chalon a vu là un démenti donné à mon opinion. 
Mais on avait souvent plus d’un cri de guerre, et l'autorité 
de la chronique susdite est par conséquent celle fois sans 
valeur. Conf. Messager des sciences de 1834, 1. 509, 
Ph. Mouskes, 1, 280; Nouv. arch. hist. des Pays-Bas, 
VL, 93. Je renvoie, au surplus , au Lexte en vers et plus an- 
cien du roman de Gilles de Chin , dont j'ai préparé la pu- 
blication pour la commission royale d'histoire de Belgique. 

Tauque, le fin d’une chose, fourberie, ruse (montois 


( 322 ) 

et rouchi); all. truegen, tromper, trueg, tromperie; anc. 
all. éringan, triogant, trigant, triegen, d'où Mn 
trigant, tricher. Dans le Baron de Fœæneste on lit: « Beci 
aussilost à mes yamves de pelils vasochiens , et moi à 
trucs, » ce que l'éditeur explique par à frapper dessus. 
Édit. de Cologne (Bruxelles, Foppens), 1729, p. 34. Le 
mot & trucs est alors ici dans le sens de #riquer. En Pié- 
mont on appelle le jeu de billard truc. 

VerproN (montois ), épée, fleuret, tudesque swert ou 
plutôt corruption du mot verdun, sorte d'épée longue, 
étroite et carrée, fabriquée dans la ville de ce nom, et 
dont parle Marot : 


Car chascun jour au camp, sous leur enseigne, 
Font exercice, et l’ung à l’aultre enseigne 

A tenir ordre et manyer la pique 

Ou le verdun, sans prendre noise ou picque. 


Du champ d'Attigny , Épit. LI. 


Ce terme est aussi employé par Rabelais. 


Addition & la notice sur Foppens, par le même (1). 


La famille de Foppens était originaire de Frise. Arnould 
Foppess, trisaïeul de l’archidiacre (2), avocat de la cour 
de Frise, comme son père Gabinius, se retira à Bruxelles, 
pour cause de religion, et après avoir rempli plusieurs 
fonctions dans l'administration des monts-de-piété, mourut 
le 30 novembre 1644. Son fils, Pierre Foppens, grand- 
oncle de l’anteur, devint surintendant-général des monts- 


(1) Voy. séance de l’académie du 2 mars 1839. 
(2) Le dernier archidiacre de Malines, avant le concordat de 1801, a 
été Rombaud-Jacques Van Rymenam , mort Le 13 avril 1799. 


( 323 ) 

de-piété, et était frère de François, imprimeur et aïeul de 
l'auteur, lequel décéda le 24 oclobre 1684. Il avait épousé 
Anne de Kerpen, famille avec laquelle son fils François, 
également imprimeur et libraire, contracta une nouvelle 
alliance puisqu'il épousa Catherine de Surmont, petite-fille 
(non pas nièce) de Pierre de Surmont et de Catherine Le 
Mire, et fille de Pierre de Surmont et de Catherine Bosch, 
veuve de Dominique de Kerpen (1), parenté obscurément 
exprimée dans la notice manuscrite dont j'ai fait usage, et 
qui, d'aprés une indication de M. Gyseleers-Thys, est de 
M. Dominique Vanden Nieuwenhuyse, directeur de la fon- 
dation de la Putterie à Malines, mort le 29 novembre 
1780 ; en effet on y lit: Natus est honorata inter cives 
Bruxellenses familia, patre Francisco typographo, ma- 
tre Joanna de Surmont, filia Petri et Catherinæ Bosch, 
nepte Petri et Franciscæ Le Mire, vidua Dominici de 
Kerpen ; J.-U.-L. caussarum in concilio Brabantiæ pa- 
troni, admissi in patritia stirpe T Sernuxçeus. Vander 
Lcene fait de ce Dominique de Kerpen un marchand, 
car il y eut beaucoup de trafiquans dans cette famille, 
tandis que la nolice manuscrite en fait un avocat au grand- 
conseil, en confondant ce personnage avec un autre du 
même nom el du même lignage. C’est Vander Leene qui 
a raison. Quoi qu’il en soil, le fils de Dominique le mar- 
chand fut anobli par lettres patentes du 28 juillet 1699. 

Catherine Bosch porta les scigneuries de Quabeeck et de 
Vertryck dans la famille de Kerpen. Pierre Bosch , son père, 
avail acquis ces terres le 25 juin 1688 de la famille des 
Gasparini, successeurs des Van Houthem qui, eux-mêmes, 
tenaient des Vander Ee, ces biens actuellement possédés 
ne Lena, 0, ‘. ::,188 

(1) Le théâtre de La noblesse du Brabant, p. 53. 


( 324 ) 
par le sénateur chevalier Wouters; celui-ci les a achetés 
au vicomte de Quabeeck, descendant de Joseph Goupy, 
écuyer, d'origine franc-comtoise, lequel rendit des services 
aux Etats-Généraux des Provinces-unies, amassa une for- 
tune considérable, el devint propriétaire desdites seigneu- 
ries en 1710 (1). 

M. Gyseleers-Thys, qui, ainsi que je l’ai dit, possède 
des manuscrits de Foppens, a eu la complaisance de m'en 
adresser la liste. Elle contient le signalement de plusieurs 
pièces de vers lalins et même d’une en vers français, si cela 
peut s'appeler vers français, et se divise en 35 numéros, 
dont voici les principaux : 


1. Un exemplaire de Mechlinia Christo nascens , de 670 à 
1760, avec les additions de De Servais et beaucoup d’estampes. 
Voy. le n° 3 des MSS. dans ma notice. 

2. Analecta Belgica præsertim Mechliniensia, seu vetera 
aliquot scripta inedita latine, gallice et flandrice, ad histo- 
riam tum ecclesiasticam tum profanam spectantium collecta. 

3—4. Analysis canalis Lovaniensis, sive acta a prima con- 
structione ; anno 1750 , consulibus perill. D. Theodoro Guil. 
barone ab Eynatten et D. Guil. Joan. Vranx superintend. 
canalis, consultiss. D. Barth. Claes, J.-U.-L., ejusdem urbis 
syndico, directorum triade. Calamitatum secutarum narratio 
usque ad ann. 1759 et 1761 per quatuor appendices , heroïco 
carmine celebrato, authore N. Aletophylo. — Autre MS. sur le 
même sujet : Acta in constructione , etc. 

Voy. dans la notice, le no 52 des MSS. 

5. Espiscopi Antwerpienses a Ph. Nigro usque ad Henr. 
Gabr. Van Gamere, incluse. 


" 


(1) Déduction pour M. Joseph Goupy, écuyer, seigneur de Vertreyck et 
Quabeeck, impétrant , contre les régens de Vertreyck adjournés, in-fol. 
de 44 pp. 


( 325 ) 

6. Bellum poeticum sive auricularum ursi (oreilles d'ours) 
expugnatio per IT. S. ac defensio, per J.-F. F. anno 1736. 

7. Diræ in plebem Batavam tumulluosan cum apologia 
romano-catholicorum. 

8. Encomium musicæ ac musicorum genealogia. 

9. Colloquium inter S. Petrum et fratrem Tomson (obit 
23 aug. 1759). 

10. Encomium turris S. Rumoldi Mechliniæ, quæ anno 

1452 inchoata anno 1513 feliciter consummata hoc anno 1757 
jubilœum trisæ culare celebrat. Original. 

11. Oratio panegyrica in laudem S. Caroli Berromæi ha- 

bita Brugis in ecc. cath. die 4 nov. 1722. Original. 

Voy. les nos 4 et 6 des imprimés, dans la notice. 

12. Oratio habita Brugis in ecc. PP. Carmelitarum disc. 
sept. 1729 , in solemnitate canonizationis S‘-Joannis de Deo. 
Original. 

13. Oratio panegyrica de S. Antonio Paduano, dicta 
Mechl. 23 jun. 1732. 

14. Oratio panegyrica in honorem S. Lucæ , 18 oct. 1732. 
Original. 

15. Autre sur le même sujet, prononcée dans l'église St- 
Nicolas, devant la corporation des médecins le 18 octob. 1736. 
_ 14. Elegia de morbo famoso sed imaginario, nostratibus 
dicto CaRROEN. 

15. Appendix ad scholam salernitanam elegia de morbo 
CARROEN. 

16. Zgnis fatuus sive parallelum Mechliniam inter et Bru- 
gas de incendio solari ac lunari , seu de turre cremata 1746. 

17. Turris ardens incombusta ecclesiae collegiatæ S. Petri, 
Turnhauti in Campania ac diæc. Antwerp., mediantibus radis 
solaribus , die vi junii 1755. 


Le catalogue de la bibliothèque de M. J.-F. Vandevelde 
contient deux articles de Foppens, auxquels j'en adjoin- 
drai encore deux qui appartiennent à la bibliothèque royale : 


( 326 } 

18. Chronologie sacra episcoporum Belqii ( suppl. MS. et 
inédit à l'ouvrage publié sous ce titre). 

Catal., KW, 698, no 15272. 

19. Autre MS. sur l'évêché de Gand. 

Ib. 699, no 15275. 

20. Jndex vitarum sanctorum Belgii. 

Bibl. roy., catal. des MSS. nos 6129—30. 

21. Extraits relatifs principalement à l'église de Bruges, 
bibl. roy. n° 7153—7192. 


Le 


Foppens, étant au séminaire de Bruges, présida, en qua- 
lité de professeur, plusieurs thèses, une entre autres: 
De religione generatim , de cultu et invocatione sanc- 
torum eorumque imaginum et reliquiarum , de jura- 
mento, adjuratione et exorcismis, de magia, supersti- 
tione , aliis vitiis religioni per excessum oppositis. 

Je ne doute pas qu’il n’existe dans le cabinet de certains 
curieux d’autres papiers de Foppens. La plupart, je le 
répèle , sont peu dignes d'attention, etil en doit être ainsi 
des bucoliques des hommes même les plus éminens, mais 
tous prouveut une vie appliquée et sludieuse, où il n’y 
avait certes pas de place pour les mauvaises pensées, 
encore moins pour les actions coupables. 


HISTOIRE NATIONALE. 


Notice sur les infractions faites à la constitution fla- 
mande , sous le règne de Marie-Thérèse, par le cha- 
noine J.-J. De Smet, membre de l'académie. 


Ce fut assurément une souveraine habile et généreuse 
que Marie-Thérèse : douée d’une grandeur d'âme et d’une 


( 827 ) 

constance, qui sont rarement l'apanage de son sexe , elle 
sut triompher de l'Europe conjurée contre elle, et gou- 
verner d'une main également ferme et prudente dix vastes 
états de mœurs et de lois différentes. Dans la Belgique en 
particulier , reine de Hongrie ou impératrice, elle sut ob- 
tenir des subsides plus considérables qu'aucun de ses pré- 
décesseurs , sans alarmer des populations jalouses à l'excès 
de leurs libertés cimentées par le sang de leurs ancêtres, 
et sans rien perdre de leur amour, en apportant des 
changemens à leurs anciennes constitutions. L'histoire 
devrait sans doute le surnom de Grande à Marie-Thérèse, 
si on ne l'avait point souillé, en le jetant à une femme cou- 
verte de boue et de sang comme Catherine IL. 

On ne s’est pas cependant renfermé dans les bornes ri- 
goureuses de la vérité, ce semble, quand on a écrit que 
Marie-Thérèse parvint à modifier les attributions des 
États dans quelques-unes de nos provinces, sans porter at- 
teinte aux principes fondamentaux de leur constitution. 
Il n'est pas nécessaire de prouver qu’il n'existait pas de 
prérogative plus essentielle pour les États que le vote 
libre des subsides, seul moyen qu’ils eussent d'arrêter les 
- empiétemens du pouvoir. Il est plus évident encore qu’une 
chambre on un conseil électif est à la merci des gouver- 
nans, saus force et sans autorité, quand un ministre 
peut le mutiler à son gré en destituant les membres qui, 
à tort ou à raison, lui ont déplu. Hé bien! l’une et l’autre 
de ces infractions au pacte inaugural furent commises 
en Flandre sous le règne de Marie-Thérèse et sous le 
ministère du comte de Cobenzl, ami éclairé et zélé pro- 
tecteur des sciences et des arts, mais fort peu partisan, 
semble-t-il, des franchises constitutionnelles de la vieille 
Belgique. 

Tow. vr. 23 


("328 ) 

Le marquis Botta-Adorno (1) avait annonce, le 15 sep 
tembre 3753 , qu’il avait obtenu son rappel des fonctions 
de ministre-plénipotentiaire aux Pays-Bas, et dès le mois 
de mai de l’année suivante, on annonçait au clergé de 
Flandre (2) que le bruit se répandait à Bruxelles que le 
gouvernement allait demander un subside fixe (3) aux 
États de la province. On acquit bientôt la certitude que 
ce bruit était fondé. Politique adroit, et instruit du mé- 
contentement que les villes et châtellenies subalternes 
nourrissaient contre les trois membres et le clergé, qui 
seuls constituaient les États, le ministre proposa en même 
temps d'y donner entrée aux châtellenies, et d'accorder 
un subside fixe au souverain. Il réussit dans ce double 
but, mais non sans une assez vive opposition, surtout de 
la part du clergé : le fait est connu, mais personne n’en a 
encore donné les détails, qui ne manquent pas d'intérêt 
cependant , sans doute parce qu'on n’a pu compulser les 


(1) On a peu de renseignemens sur ce ministre, dont l’histoire a con- 
servé à peine le nom. La Biographie Universelle parle de deux hommes 
d'état de cette famille : le premier encourut la disgrâce de Marie- 
Thérèse, pour avoir intrigué à St-Pétersbourg contre la czarine Élisa- 
beth, et mourut à Neustadt, en 1745. Le second combattit les Français 
et fut souverneur de Gênes en 1746; il est sans doute identique âvec le 
prédécesseur du comte de Cobenzl. Nous sommes d'autant plus porté à 
le croire que, parmi les titres qu’il prend, il s’en trouve de militaires. 
En tête du décret singulier qui défend au clergé de réciter l'office de 
saint Grégoire VIL (du 9 juillet 1750), il se nomme : « Antoine Othon, « 
marquis Botta-Adorno , chevalier de l’ordre de Malthe, chambellan et » 
conseiller intime actuel d'état et de guerre, général d'artillerie, colonel 
d’un régiment d'infanterie et ministre plénipotentiaire de S. M. » La 
Biographie Universelle a ignoré les prénoms de ce seigneur. 

(2) Lettre des députés à l'assemblée des Etats, du 10 mai 1754. 

(3) Eene staende subsidie ordinaire van 18,000 rations daegs. Ibidem. 


( 329 ) 
archives des corporations qui eurent part à la discussion. 
Je m'occupe d’un travail particulier sur ce point de notre 
histoire constilutionnelle pour les mémoires de l’aca- 
démie. 

Le second fait étant passé tout-àa-fait inaperçu, on me 
permettra d'en parler ici plus longuement. 

Le 28 mars 1759, le clergé du diocèse de Gand avait élu, 
pour ses députés aux États de Flandre, er premier lieu (1), 
M. Govard Van Eersel, archidiacre de la cathédrale de 
Saint-Bavon, et en second lieu (2), M. Bernard Dieriex, 
chanoine de la même église (3). Ils n'avaient montré au- 
cune velléité d'opposition et s'étaient même empressés 
d'obtenir de leurs commettans le don d’une robe en den- 
telles de la valeur de 40,000 florins, comme présent de 
noces du clergé, à l’infante Isabelle de Parme qu’allait 
épouser l’archiduc Joseph, quand on reçut à Gand un 
décret, en date du 25 juin 1760, par lequel le comte de 
Cobenzl , au nom et de la part de Sa Majesté, autorisait 
le clergé à élire de nouveaux députés pour achever le 
terme de trois ans, commencé par MM. Diericx et Van 
Eersel. 

Surpris d’une mesure aussi imprévue, le clergé résolut 
de ne point donner suite pour le moment à l'ordre du mi- 
nistre , et de s'entendre avec les autres députés de la pro- 
vince pour faire au gouvernement des représentations con- 
venables. Peu après, l'évêque de Gand convoqua le clergé 
en assemblée générale; mais il n’en put obtenir aucune 


{1) Zn primarium. 

(2) Zn secundarium. 

(3) G.-G. Van Eersel mourut évèque de Gand, en 1778, Diericx l’avait 
précédé au tombeau en 1772. 


(330 ) 
démarche décisive. Les deux députés que le ministre plé- 
nipotentiaire voulait éliminer, furent obligés de présen- 
ter une requête au clergé pour en obtenir une interven- 
tion plus active près du gouvernement. Ils continuaient 
cependant leurs fonctions sans être inquiétés : le minis- 
tre reculait devant les suites qu'auraient entraînées des 
voies de fait ; il n’eut garde d'envoyer des soldats à l’assem- 
blée, et un officier pour leur dire : empoignez MM. Van 
Eersel el Diericx (1). 

Le 16 décembre, il y eut une réunion nouvelle du 
clergé de Gand : on y résolut de faire au ministre une re- 
présentation respectueuse pour le maintien des députés, 
d'écrire aux députés des villes et châtellenies de la pro- 
vince pour s'assurer d’un concours eflicace de leur partet 
de prier l'évêque de Gand, Maximilien Antoine Van der 
Noot , ainsi que les prélats de Baudeloo et de Saint-An- 
dré (2), de se rendre à Bruxelles pour présenter la requête 
au gouvernement. Voici le texte de l'adresse adoptée, sauf 
une ou deux corrections grammaticales (3) : 

« Remontrent en tout respect l'évêque, prélats et chapi- 
tres représentant le clergé du diocèse de Gand, que Govard 
Gérard Van Eersel, archidiacre, et Bernard Ignace Bavon 
Dieriex, chanoine de la cathédrale de S'-Bavon, et dépu- 
tés de notre clergé à l'assemblée des États de la province, 
nous ayant représenté que l'exercice de la susdite députa- 


(1) Cela n’est pas sûr toutefois, mais les registres ne font aucune men- 
tion de leur abstention. 


(2) Celui-ci était député du clergé de Bruges à l'assemblée des États 
de la province. 


(3) Voir le registre VILE des résolutions du clergé aux archives de. 
l’évèché. 


(331) 


tion leur était interdit par le décret de son Excellence du 
25 juin passé, sans qu'on puisse montrer par aucune rai- 
son à charge des susdits supplians, qu'ils se seraient 
rendus coupables de quelque erime fait contre le bien-être 
de la province, le service de Sa Majesté ou le gouverne- 
ment; mais, au contraire, qu'ils s'étaient toujours montrés 
très-zélés pour ledit service, et pensaient entièrement 
s'être acquiltés de leurs devoirs. 

Ils nous ont fait observer que son Excellence même a 
souvent déclaré aux députés de la province et à plusieurs 
autres messieurs de distinction, de ne rien avoir contre 
eux personnellement. 

En’outre 1ls ont allégué que la manière dont ils sont 
députés (1) est très-infamatoire à leur égard, principale- 
ment auprès de tous ceux à qui leur innocence est in- 
connue. 

À ces causes ils nous ont suppliés de vouloir concourir 
par notre intercession à ce qu'ils puissent rentrer dans 
leur première place et honneur. 

Nous n'avons pas su nous dispenser d’avoir tout égard à 
une demande qui nous paraît si équitable, et nous osons 
prendre leur cause en mains, comme nos députés, pour 
la présenter à votre Excellence, la priant d'observer : 

1° Que ces dits supplians ont été choisis pour trois ans, 
comme de coutume, dont le terme finira le 20 juil- 
let 1762 ; 

2° Qu'ils avaient alors une grande renommée qui n’est 
pas diminuée, mais, au contraire, augmentée par leur com- 
portement à l'assemblée des États ; 


(1) Sans doute déposés, 


(332 ) 
© 3° Que, dans ce temps, le chapitre de St-Bavon dont 
ils sont membres, était agréable à la cour par son zèle et 
attachement pour le service de Sa Majesté ; 

4 Que les susdits députés étant choisis, sont entrés 
dans l'assemblée des États, non comme faisant partie de leur 
chapitre, mais comme représentant le clergé du district de 
Gand : car c’est une loi fondamentale que personne n'entre 
dans l'assemblée des États comme représentant le corps 
dont il est membre, mais celui dont il est choisi ; 

5° Ainsi, lorsque le chapitre deSt-Bavon a eu le malheur 
d’être disgracié de votre Excellence, cela ne peut rejaillir 
sur les supplians, qui, en leur qualité de députés, ne sont 
plus considérés comme membres de ce corps ; 

6° Messieurs les députés leurs confrères, qui veulent 
bien les honorer de leur estime, rendent un très-bon té- 
moignage de leur zèle et attachement pour le royal ser- 
vice de Sa Majesté; ce dont votre Excellence doit être 
convaincue, puisque, presque au moment que le susdit 
décret fut arrivé, ils ont fait de leur chef une députation 
vers votre Excellence pour pouvoir les maintenir dans 
leur assemblée et pour montrer la peine que leur causait 
leur absence; lesdits messieurs ont réitéré plusieurs fois 
leurs instances par de nouvelles députations auprès de 
votre Excellence; 

2° Nous ne connaissons aucun crime qui rende lesdits 
supplians. coupables au point d’être déportés de leur place 
de députation. 

Il paraît donc que l'équité ne nous permet pas (eu 
égard aux raisons susdites ) de procéder à une autre élec- 
tion, et comme il peut être préjudiciable au bien-être de 
la province, du clergé en particulier, et même au service 
de Sa Majesté, que le nombre des députés ne soit pas com- 


(333) 


plet, nous prions votre Excellence qu'elle soit servie, par 
forme d'interprétation de son décret du 25 juin passé, de 
déclarer que ledit décret vient à cesser au regard des sus- 
dits députés pour achever leur terme de trois ans. 

C'est la faveur que nous attendons de votre Excellence 
après tant de généreux et distingués témoignages de notre 
zèle et attachement pour le royal service de Sa Majesté 
dans toutes les demandes qui se sont faites à la province 
depuis cette cruelle guerre, et nouvellement dans celle 
du dernier don gratuit, et de notre crédit pour l'emprunt 
de 800,000 fl. de change, que nous avons toutes accordées 
avec empressement et d’une voix unanime. » 

Le prince Charles de Lorraine avait fait des plaintes 
amères et des reproches assez vifs au clergé flamand, à 
cause des formes qu’il avait employées dans ses réclama- 
tions contre le système du subside permanent; il avait 
censuré l’inconsidération des termes et même leur indé- 
cence (1). Si le style de ces réclamations ressemblait à celui 
de l’adresse que nous venons de transcrire, il faut avouer 
que le prince était bien susceptible; si, au contraire, 
celles-là étaient rédigées avec plus de franchise et d’éner- 
gie, le ton avait bien baissé en quatre ans, Quoi qu'il en 
soit de la forme anodine de la représentation , elle prouve 
que ses auteurs connaissaient bien peu les droits que le 
ministre venait de violer d’une manière tout-à-fait alle- 
mande et sans même daigner en dire les motifs. Il n’y a 
réellement dans les raisons alléguées qu’une seule dont 
on puisse inférer que les rédacteurs avaient quelque in- 
telligence des libertés que leur avaient léguées leurs belli- 


re à 


(1) Missive du 23 avril 1756. 


(334) 


queux ancêtres : c’est celle qui est exposée dans le quatrième 
des considérans: On y voit que les requérans comprenaient 
que l'affaire n’était point personnelle, mais qu’elle frois- 
sail les droits, et partant les intérêts, de tout le clergé de 
la province. 

Pourquoi cependant le comie de Cobenzl, d’ailleurs 
homme d'esprit, avait-il pris une mesure aussi étrange ? 
Aucun reproche ne pouvait sans doute être fait aux dépu- 
tés ; la représentation donne à entendre , et non sans mo- 
tif, comme nous le verrons tantôt, que c'était le chapitre 
de Saint-Bavon qu'on voulait punir dans leurs personnes, 
apparemment à cause de sa résistance au système du subside 
fixe. Mais c'était, dans cette hypothèse , s'y prendre un peu 
tard, puisque la question du subside avait été terminée 
long-temps avant l'élection des députés éliminés. D’uneautre 
part, on affirme dans la représentation que le chapitre de 
Saint-Bavon était agréable au gouvernement à l’époque de 
cetle élection; ne pourrait-on pas inférer de là que le 
chapitre avait encouru la disgrâce du ministre pour une 
affaire postérieure et totalement étrangère à la gestion des 
États de la province, puisque nous ne trouvons rien qui 
puisse s’y rapporter dans les registres des résolutions du 
clergé que nous avons sous les yeux. 

Cependant le ministre apostilla la représentation, le 
1er janvier 1761, mais d’une manière qui laissa encore la 
question indécise. 

Aussi quand le gouvernement demanda, au mois de 
juin, par l'entremise du conseiller d'État baron de Cazier, 
que la province donnât un acte de garantie pour l'emprunt 
de trois millions de florins qu'on allait effectuer, le clergé 
ne consenlit que d’une manière conditionnelle, et ajouta 
qu'il espérait obtenir enfin par sa condescendance la réha- 


( 335 ) 

bilitation de ses députés : « Nous nous promettons bien, » 
disait-il, « qu’une demande aussi juste ne sera point re- 
poussée, puisque nous avons accordé de si bonne grâce et 
avec un zèle extraordinaire, que n'ont pas montré les 
autres provinces, notre consentement à cet acte de garan- 
tie et à beaucoup d’invitations semblables qui l'ont pré- 
cédé (1). » Il suppliait de nouveau, en même temps, les 
autres députés de la province de réunir tous leurs efforts à 
celte fin. 

Ils ne furent pas infructueux cette fois. Une lettre 
de S. A. le prince gouverneur-général, datée du 7 sep- 
tembre, informa le clergé de Gand que le gouvernement 
ayant reçu salisfaction de la part du chapitre de Saint- 
Bavon , le réhabilitait dans son droit d'intervenir par ses 
députés dans l'assemblée des États de la province. Peut- 
être le ministre commencçait-il à craindre de réveiller 
contre lui l'opinion publique, s’il persistait plus long-temps 
dans une prétention illégale et inconstitutionnelle. Les deux 
députés continuèrent leurs fonctions jusqu’en 1762; mais, 
dans l'élection de cette année (2), l'archidiacre Van Eersel 


(1) °Tis met dese occasie dat de generale clergé mede versoecht dat 
hacre Majesteit soude gedient wezen, dat haere gedeputeerde ter vergae- 
deringe deser provincie souden worden erstelt. 

De seer eerw. heeren der uenerale clergé laeten sich vastelyk voor- 
staen, dat dit hun rechtmactigh versoeck hun niet sal worden gewey- 
ghert, ten aenzien sy met 500 eenen extraordinairen iever buyten alle 
_ andere provincien dit hun consent s00 gratieuselyck komen toe te staen, 
500 als alle andere die zy te vooren hebben geduen. ( Registre déjà cité, ) 

(2) Les électeurs, qui se réunirent à cette occasion sous la présidence 
de l’évêque de Gand, étaient : les abbés de St-Pierre au Mont-Blandin, 
d'Eename, de Grammont, de Baudeloo, de Ninove, le prieur-prélat de 
Waerschoot, les députés de l’abbaye de Tronchiennes , des chapitres 


( 336 ) 
fut remplacé par l'abbé de Saint-Adrien à Grammont; le 
chanoïne Diericx conserva son poste. 


Sur l’Histoire des troubles des Pays-Bas , par Vander 
Vynckt. Note communiquée par M. Gachard , corres- 
pondant de l'académie. 


J'ai publié, dans les Ænalectes Belgiques (1), des 
particularités peu connues jusque-là, relativement au con- 
seiller Vander Vynckt et à l'Aistoire des troubles compo- 
sée par lui. À cette occasion, j'ai hasardé une conjecture 
que m’avaient suggérée le petil nombre d'exemplaires au- 
quel le comte de Cobenzl] fit tirer l'ouvrage, le mystère 
qu'il mit à son impression, la circonstance qu’elle se fit 
non sur le manuscrit envoyé à Vienne, c’est-à-dire celui 
corrigé par le colonel De Bon, mais sur le manuscrit 
même que Vander Vynckt avait entièrement écrit de sa 
main : j'ai dit qu'il se pouvait que l’Æistoire des troubles 
n’eût pas élé imprimée par les ordres du cabinet autri- 
chien ; que le comte de Cobenzl faisait assez souvent, de 
son chef, de ces sortes de dépenses, pour lesquelles il fut 
blâmé plus d’une fois par la chancellerie aulique. Deux 
pièces que J'ai trouvées depuis que j'ai écrit cet article 
semblent changer en certitude ce qui n’avait pu avoir à mes 
yeux qu’un caractère de probabilité. La première est un 


de St-Bavon, de St-Martin d’Alost, de Ste-Pharaïlde à Gand. Les chapi- 
tres de N.-D. à Courtrai, de St-Sauveur à Harlebeke, de St-Hermès à Re- 
naix et de N.-D, à Termonde, envoyèrent leurs votes par écrit. 

(1) P. 326-334. 


( 337 ) 
billet adressé , le 7 mai 1774, par le secrétaire d’état et 
de guerre , au comte de Nény, chef et président du con- 
seil privé; il est ainsi conçu : « C'est en exécution des 
» ordres de S. A. le ministre (1), que je me donne l’hon- 
» neur de remettre à V. E. la note ci-jointe sur le pro- 
» jet dont on s’occuperait, en Allemagne, de traduire et 
* » faire imprimer en allemand l’Æistoire des troubles des 
» Pays-Pays, faite par M. le conseiller Vander Vynckt, 
» et dont l’exemplaire que feu S. E. le comte de Cobenzl 
» avait donné à feu M. Schoëpflin, se trouve dans la 
» bibliothèque de Strasbourg. S. A. me charge de prier 
» V. E. de vouloir bien l’informer de ce qu’elle pense sur 
» cet objet. S. A. présume que V. E. a eu dans le temps 
» connaissance de l’ouvrage dont il s’agit. » — Voici la 
réponse de M. De Nény, en date du 8 mai; elle mérite at- 
tention : « Je n'ai aucune connaissance d’une Âistoire 
» des troubles des Pays-Bas, rédigée par M. Vander 
» Vyuckt, conseiller du conseil de Flandre , sur des actes 
» qui doivent lui avoir élé remis par feu S. E. M. le comte 
» de Cobenzi. Je sais néanmoins que ce ministre a com- 
» muniqué à quelques personnes le travail du comte de 
» Wynants (2)sur nos archives... M. Vander Vynckt n'é- 
» tait pas fort propre à mettre en œuvre les excellens 
» malériaux que nous avons, Car, outre qu'il n’a pas 
» des idées bien lumineuses de l’histoire des Pays-Bas à 
» il écrit mal. Du reste, je ne vois pas de possibilité 


(1) Le prince de Starhemberg , ministre plénipotentiaire de l’'impé- 
ratrice auprès du duc Charles de Lorraine, gouverneur-général des 
Pays-Bas. 

(2) M. De Wynants était directeur-général des archives de l'État : il 


avait formé plusieurs recueils de pièces curieuses pour Phistoire. 


( 338 ) 

» d'empêcher qu’on ne fasse usage en Allemagne d’un des 
» six exemplaires qu’on doit avoir imprimés ici au loto (1), 

et dont on dit que feu M. le comte de Cobenzl a fait 
» présent à feu M. Schoëpflin. Après une révolution de 
» deux siècles, il n’y a plus de secret, et il est de l'intérêt 
» de l’humanilé qu'il n'y en ait point: mais, avant que 
» de publier un ouvrage qui nous intéresse de si prés, 
» et qu'on annoncera comme imprimé à Bruxelles, par 
» les ordres du ministre plénipotentiaire de S. M., il serait 
» du moins à désirer qu'il ne parût pas dans une forme 
» capable de donner une idée désavantageuse soit de la 
» nation, ou du ministre. » — Si l'Æistoire des troubles 
n'eûl pas été imprimée en quelque sorte clandestinement, 
et seulement pour le comte de Cobenzl et ses amis les 
plus intimes, comment M. De Nény, l’un des premiers 
ministres du gouvernement des Pays-Bas, et qui jouissait 
à Bruxelles et à Vienne d’un crédit fondé sur d’imporlans 
services, n'en aurait-il pas eu connaissance ? 


Notice sur une Collection de manuscrits connue à la 
Bibliothèque du Roi, à Paris, sous le nom des 182 
Colbert, par le même. 


Les documens manuscrits relatifs à la Belgique , et spé- 
cialement à l’ancien comté de Flandre, sont fort nom- 


(1) M. De Nény veut parler de l'imprimerie que le gouvernement avait 
établie pour le service de la loterie génoise , que l’on appelait en ee 
temps le Zoto. L 


( 339 ) 

breux à la bibliothèque du Roi, à Paris ; il n’est presque 
aucun des fonds divers dont s’est formé successivement 
cet immense dépôt, dans lequel on ne trouve des chroni- 
ques, des chartes, des traités, des lettres, ou d’autres 
pièces qui concernent nos provinces. Tous ces documens, 
on le pense bien , n’ont pas une égale valeur. La plupart 
ne sont que des copies qui n’ont pas toujours été faites avec 
une exactitude scrupuleuse ; il y a de ces copies qui se 
reproduisent jusqu’à cinq et six fois et plus. Tels qu'ils 
sont cependant , ils sont de nature à offrir, dans leur en- 
semble, de précieuses ressources pour les travaux qui se 
rattachent à l'histoire de notre pays. 

Indépendamment de plusieurs centaines de volumes qui 
sont sans liaison les uns avec les autres, le département 
des manuscrits de la bibliothèque du Roi possède, sur la 
Belgique, deux collections de pièces fort considérables. 

L'une est celle qui a reçu le nom de Collection d'Énans, 
du conseiller Courchetet, seigneur d'Énans, qui en re- 
cueillit les matériaux. Elle consiste en des copies d’inven- 
taires des archives de la Belgique, et de pièces mêmes 
tirées de ces archives, par ordre du gouvernement fran- 
çais, après que la victoire de Fontenoy eut fail tomber les 
Pays-Bas autrichiens au pouvoir de Louis XV. Elle com- 
prend 180 volumes in-fol. C’est un recueil indigeste, fait 
avec peu de soin et d'intelligence, et où se montre trop 
fréquemment une ignorance profonde de notre histoire. 


Je l'ai décrite dans une Notice publiée il y a quelques 
années (1). 


(1) Wotice sur une Collection de 180 volumes manuscrits concernant 
l’histoire de la Belgique , etc. Bruxelles, M. Hayez. 1835, In-8, 


( 340 ) 


L'autre est connue à la bibliothèque du Roi sous le 
nom des 182 Colbert. C'est de celle-ci que je me pro- 
pose d'entretenir aujourd’hui l'académie. 

Colbert ne fut pas seulement le fondateur de la richesse 
industrielle et commerciale de la France, il fut aussi le 
protecteur éclairé des sciences et des lettres. La biblio- 
thèque du Roi dut à ce grand ministre des accroissemens 
notables : il ne se bornaïit pas à profiler de toutes les occa- 
sions qui s’offraient dans le royaume d'acquérir pour elle 
des livres et des manuscrits rares et curieux, mais il en- 
voyait des savans dans les divers pays de l’Europe, avec 
la mission d’en rapporter ceux qu'ils y déconvriraïent; il 
faisait concourir au même but les ambassadeurs du roi 
dans les cours étrangères .Ce fut lui encore qui, le premier, 
conçut l’idéede faire tirer des copies authentiques des titres 
historiques conservés dans les archives des provinces, pour 
en enrichir la bibliothèque. Le président Doat fut chargé 
de ce travail pour les provinces de Guyenne, de Langue- 
doc et le pays de Foix; Denis Godefroy eut à dépouiller le 
dépôt de la Chambre des Comptes de Lille, à la garde du- 
quel il venait d’être commis (1), ainsi que les chartriers 
principaux de la Flandre française ; le président Allant et 
Baluze eurent aussi chacun un département spécial. Les 
documens recueillis par ces savans parvinrent à la biblio- 
thèque du Roï dans ces années 1670 à 1675. Les titres 
relatifs à l'histoire du Languedoc furent distribués en 
500 volumes , qui recurent et ont conservé le nom des 


(1) Par lettres patentes du 11 décembre 1668. Voy. la notice de M. Le 
Glay sur les archives de la Chambre de Comptes de Lille, Juillet 1835. 
In-80, 


(341) 


500 Colbert : on donna à ceux qui concernaient l’histoire 
du Béarn , au nombre de 300 , le nom de fonds Doat ; 
enfin l'on appela les 182 Colbert les volumes et porte- 
feuilles formés des pièces extraites en copie et en original 
des archives de la Flandre (1). 

Ces derniers documens , les seuls dont j'aie eu à m’oc- 
cuper, sont classés par ordre de matières. Voici l'indica- 
tion des titres que portent les volumes, ou des matières 
dont traitent les actes qu’on y a rassemblés : 


Vol. 1-2. Affaires du comté de Bourgogne. 

Vol. 3. Inventaire des titres à extraire des registres de 
Lille. 

Vol. 4. Maison des princes; gouverneurs et grands offi- 
ciers ; affaires des finances. 

Vol. 5. Mariages des princes ; légitimations ; successions ; 
hommages. 

Vol. 6-8. Anoblissemens de Flandre. 

Vol. 9. Érections de terres en Flandre. 

Vol. 10-11. Domaines de Flandre. 

Vol. 12-13. Ordonnances, instructions, mandemens, etc., 
concernant les domaines de Flandre et les droits et autorités 
du roi. 

Vol. 14. Extraits des registres des mémoires, concernant 
les domaines royaux et particuliers. 

_ Vol. 15. Droit de nouvel acquèt, ban et arrière-ban en 
Flandre. 

Vol. 16-17. Commissions et instructions des officiers pré- 

posés à la recette des domaines royaux en Flandre. 


(1) Essai historique sur la bibliothèque du Jioi, Paris, 1782. — Les 
manuscrits français de La bibliothèque du Roi, etc., par M. Paulin Pâris. 
Préface du premier volume. Paris, 1836. In-8. 


( 342) 

Vol. 18-20. Droit da 10° denier sur les donations de fiefs. 

Vol. 21-23. Affaires des impôts, aides, subsides, prêts, 
emprunts. (Documens tirés des registres des mémoires.) 

Vol. 24. Aliénations et engagemens des domaines ; commis- 
sions des gouverneurs de Namur et d'Artois. 9 

Vol. 25-27. Aliénation des domaines de Flandre. 

Vol. 28. Bois et forêts de Flandre. 

Voi. 29. Officiers de justice et règlemens sur la justice et 
la police. 

Vol. 30-31. Souverains baillis, baïllis, châtelains et sous- 
baillis en Flandre. 

Vol. 32-33. Répertoire des commissions des officiers de 
justice et de finances transcrites dans les registres de la 
Chambre. 

Vol.-34. Prévôts, cépiers et concierges des prisons en 
Flandre. 

Vol. 35-36. Police en Flandre; confiscations. 

Vol. 37-38. Monnaie de Flandre en général; monnaie de 
Tournai. 

Vol. 39. Monnaie d'Arras ; ordonnances. 

Vol. 40. Commerce de terre et de mer dans les Pays-Bas ; 
amirauté, etc. 

Vol. 41. Manufactures en Flandre. 

Vol. 4% Guerre; fortifications; munitions. 

Vol. 43. Traités de paix , de 1336 à 1665. 

Vol. 44. Affaires ecclésiastiques; lois de Flandre. 

Vol. 45. Indults ; nouveaux évèchés des Pays-Bas. 

Vol. 46. Hôpitaux ; maladreries dans les Pays-Bas. 

Vol. 47. Priviléges et amortissemens des églises et hôpi- 
taux. 

Vol. 48-49. Amortissemens. 

Vol. 50. Subsides ecclésiastiques aux Pays-Bas. 

Vol. 51. Provisions, charges et affaires concernant la re- 
cette des domaines royaux de Lille. 

Vol. 52. Chambre des comptes de Lille. 


( 343 ) 

Vol. 53-56. Inventaire général des 78 registres aux chartes 
de la Chambre des Comptes de Lille, formé par registre et 
par ordre de matières. 

Vol. 57-61. Fiefs de la salle de Lille. 

Vol. 62. Francs-alleux de Lille. 

Vol. 63. Amortissemens des églises et béguinages de Lille. 

Vol. 64. Conseil souverain, régale et terrier de Tournai. 

Vol. 65-68. Recueil formé, par ordre chronologique, 
des titres originaux et en copie, concernant l'évêché de 
Tournai. 

Vol. 69-70. Fondation de bénéfices dans le diocèse de 
Tournai. 

Vol. 71. Amortissemens des églises de Tournai. 

Vol. 72. Juridiction de l’évêque de Tournai sur l’abbaye 

‘ de Saint-Amand. : 

Vol. 73. Titres de l’abbaye de Cisoing. 

Vol. 74. Inventaire des chartes du château de Namur , 
formé en 1590. 

Vol. 75. Inventaire des chartes du comté de Hainaut. 

Vol. 76. Domaines du comté de Hainaut. 

Vol. 77. Mortemains et domaines dansle comté de Hainaut. 

Vol. 78. Cartulaire du domaine de la ville du Quesnoy. 

Vol. 79. Cartulaire des rentes de la ville du Quesnoy. 

Vol. 80. Terrier de la forêt de Mourmal. 

Vol. 81-82. Inventaire des chartes du comté d’Artois, 
formé dans le X VI: siècle. 

Vol. 83. Domaines royaux dans le comté d’Artois, 

Vol. 84. Cartulaire des domaines d'Arras. 

Vol. 85. Amortissemens des églises d'Arras. 

Vol. 86. Priviléges et amortissemens des églises du diocèse 
d'Arras. 

Vol. 87. Actes et lettres concernant les aides et subsides 
d'Artois, de 1600 à 1657 ; terrier de Saint-Omer. 

Vol. 88. Fiefs du bailliage d’Aire. 

Vol. 89. Cartulaire d’Avesnes, 

Tom. vr. 24 


( 344 ) 

Vol. 90-91. Fiefs du château de Lens. 

Vol. 92. Table alphabétique des fiefs du comté de Saint- 
Pol. 

Vol. 93. Inventaire des chartes du château et de la Cham- 
bre des Comptes de Lille , formé, dans les années 1506-1512, 
par Jean Ruffaulé et Charles de Boulogne, conseillers-maîtres, 
ut Jean Le Blanc, auditeur de ladite Chambre; 


Les n°° 94-182 sont des portefeuilles renfermant des 
comptes originaux de domaines, d'impôts, de subsides, 
de droits d’entrée et de sortie, etc., dé différentes villes et 
quartiers de l’Artois, du Hainaut et de la Flandre; on ne 
s'explique pas bien comment Godefroy put les extraire 
du dépôt dont il avait la garde, pour les envoyer à la bi- 
bliothèque du Roi (1). Du reste, aucun de ces comptes n'a 
de l'intérêt pour l’histoire. 

Les documens qui forment la matière des volumes 1-93 
ne sont, ainsi que je l’ai dit, que des copies; mais ces 
copies ont été faites avec soin; et la plupart sont authen- 
tiquées par Godefroÿ lui-même. Il est à remarquer d’ail- 
leurs qu’elles comprennent beaucoup de pièces dont 
aujourd'hui l'on chercherait vainement les originaux à 
Lille. Par exemple, il y a quatre volumes (ceux qui sont 
cotés 6-9) qui contiennent des lettres-patentes d’anoblis- 
sement «et d'érection de terres en Flandre : or, l’on sait 
que, sous le régime de la terreur, des commissaires se 
transportérent aux archives de la Chambre des Comptes, 
et arrachèrent ; dans les 79 registres aux chartes, tous les 


(1) Dans plusieurs äutrés fonds , ét notamment dans celui de Baluze, 
il y a encore des recueils de piècés originales qui proviennent évidem- 
ment des archives de Lille. 


( 349 ) 
actes qui conféraient quelque titre de noblesse (1). Il peut 
importer à bien des familles belges de connaître qu'il 
existe encore un moyen de se procurer copie des actes de 
cetté espèce, émanés des souverains des Pays-Bas, depuis 
Philippe-le-Hardi jusqu’à Philippe EV (2). 

Alors même que tous ces documens se seraient conser- 
xés à Lille , la collection formée par Godefroy n’en aurait 
pas moins une utilité spéciale et trés-grande, à raison de 
l’ordre de matières qui y a été observé, et qui y facilite 
beaucoup les recherches. 

En résumé, je regarde les 182 Colbert comme le recueil 
de matériaux le plus important qu'il ÿ ait à la bibliothè- 
que du Roï pour l’histoire de la Belgique , et c’est ce qui 
m'a engagé à le signaler à l’attenlion de l'académie. 


Conseils de Charles V, roi de France , au Dauphin, 
par M. Marchal, membre dé l'académie. 


Parmi les manuscrits de Fancienne bibliothèque royale 
des ducs de Bourgogne , il ÿ a un recueil dont voici le titre: 


(1) Foy. la notice de M. Le Glay déjà citée, et mon Rapport à M. le Mi- 
nistre de l'Intérieur sur les archives de là Chambre des Comptes de 
Flandre , etc., Bruxelles, Hayez , 1836. In-S de 34 pages. 

(2) I ne s’agit ici que des titres de noblesse conférés aux habitans des 
provinces qui étaient du ressort de la Chambre des Comptes de Flandre, 
savoir : PArtois, la Flandre, lé Hainaut, le Namurois, la seigneurie de 
Malines, le Tournaisis Quant aux titres conférés à des Brabançons, 
à des Limbourgeois et à des Luxembourgeois, ils étaient transcrits dané 
les registres de la Chambre des Comptes de Brabant, qui se sont tou- 
jours conservés et sé conservent encore à Bruxelles. 


( 346 ) 
Traités divers ; 1l est inventorié n° 10394 à 10414, etren- 
ferme entre autres (n° 10406) les conseils donnés par un 
roi de France à son fils, qui doit lui succéder. Aucun inti- 
tulé, aucune phrase n’indiquent le nom de l’auteur, ni ce- 
Jui de son fils ; mais l’auteur fait mention d’une anecdote du 
roi Philippe, qui dit être son aïeul : elle est relative à la 
tolérance de ce prince envers des extorsions et des sur- 
prises de quelques gens d'église. 

Le texte étant écrit en français , dans le style du XIV”° 
siècle, on se demandera : est-ce Philippe-le-Bel , Philippe- 
le-Long, ou Philippe de Valois? Ce ne peut être Philippe- 
le-Bel, parce que ce prince, peu endurant, s’est porté à des 
violences envers les gens d'église, telles que celles contre 
le pape. Boniface VIIT et la condamnation des Templiers. 
Ce ne peut être Philippe-le-Long, parce que son fils uni- 
que mourut dans la première enfance; mais ce doit être 
Philippe de Valois, père de Jean IT, aïeul de Charles V; 
ainsi ces conseils peuvent être attribués à Charles V, roi 
de France. Nous allons le démontrer. 

Philippe de Valois, chef de la branche de ce nom, et 
par conséquent tige des ducs de Bourgogne-Valois, qui 
régnèreni sur nos provinces , avait inspiré à sa famille le 
goût des lettres; il composa lui-même un ouvrage dont 
il y a un manuscrit à la bibliothèque de Bourgogne, 
ayant à l’incipit; « ci-après commencent li diz; livre du 
» roy Phelippe de France, qui fu contes de Valois, Danjou 
» et du Maine. » Cet ouvrage, en vers, est une collection 
de sentences morales. 

Le roi Jean IT, son fils, aimait aussi les lettres : il y 
en a tant de preuves dans l’histoire de France et dans la 
librairie primitive des ducs de Bourgogne, qu'il est inu- 
tile de le démontrer, Ce prince, malgré les guerres et les 


( 347 ) 


embarras de toute espèce qui durèrent pendant son règne, 
malgré sa captivité en Angleterre, veilla à l'éducation de 
tous ses enfans ; on le reconnaît entre autres, au manu- 
serit n° 11183 de Gaces de la Vingne, premier chape- 
lain du roi Jean, intitulé : Romans des déduis, composé 
à Heldefort, en Angleterre, en 1359, pour l'éducation 
du jeune Philippe, duc de Bourgogne, quatrieme fils 
du roi. 

Charles V, fils aîné de Jean IT, surpassa dans l’art de 
régner son père et son aïeul. Nous ne pouvons compren- 
dre ce qui a pu lui attirer le jugement sévère de quel- 
ques écrivains modernes, qui, parmi plusieurs griefs, révo- 
quent en doute que ses contemporains et la postérité lui 
aient donné le surnom de Sage, en prétendant que le mot 
sapiens doit se traduire exclusivement par le mot savant, 
et que, par conséquent, il faut dire Charles-le-Savant 
et non point Charles-le-Sage. 

Charles V lui-même emploie l'expression de sapiens 
pour signifier sage, selon la citation que nous ferons plus 
loin de son Ordonnance de 1374 , d'aprés le texte de l'Ec- 
clésiastique, ch. VI, v. 18. 

Je n’invoquerai pas le glossaire de Du Cange, tom. VI, 
p- 131, qui traduit sapiens par le mot tuteur, sapientes 
par sage homme; par exemple : Celsus qui fut sage-hom 
de loix , et plus loin Christus sapiens. N'y trouvant 
point la traduction par le mot savant , je me borne à 
consulter les dictionnaires latins les plus usuels, qui tra- 
duisent sapiens , d’après Cicéron , par les mots sage, pru- 
dént , judicieux ; d'après Horace, sapiens operis , qui 
entend son ouvrage ; d'après Aulu-Gelle, sapiens rerum 
humanarum , intelligent dans les affaires du monde ; 
mais il nous semble que cette expression latine signifie 


(348) 


également sage et savant , tout comme le mot grec xxAdç 
veul dire, bel et bon. { 

Le roi Charles V ne jouissait que de peu de considé- 
ration , lorsqu'il commençait à exercer les fonctions de 
Régent de France, pendant la captivité de son pêre, en 
1356. On avait peu de confiance dans un prince valétudi- 
naire qui gouvernail le royaume sans sortir de son hôtel, 
à Paris, ou de ses châteaux dans les environs; en effet , sa 
mauyaise santé, qui fut la cause de sa mort prématurée, 
le retenail dans ses appartemens. Il portait une rebe rouge. 
qui paraît être d'étofle de laine, taillée comme celle des 
femmes : c’est ainsi qu’on le voit représenté à la miniature 
du manuscrit n° 2, fol. 446 verso , des chroniques de France 
(Bibl. Bourg.); c’est, d’ailleurs, ce qui est attesté par les 
historiens modernes. 

Charles acquit insensiblement l'affection publique. Au 
moment où il succéda à son père, il jouissait de l'estime 
générale. S'abstenant toujours d’altérer les monnaies, mal- 
gré l'usage autorisé par les rêgnes précédens , et quelle que 
fût l’urgence de faire face aux dépenses, il rétablit le 
crédit publie. Observateur de la justice, il rendit plusieurs 
arrêts remarquables par leur profonde sagesse ; il veilla 
à la sûreté personnelle des Juifs; il fit plus encore, il 
commanda, par son Chancelier, qu'un jeune Juif dont le 
père avait élé excommunié par ses eoréligionnaires, fût . 
circoncis ; exemple de tolérance religieuse qu’on ne croyait 
guère trouver au XIV" siècle. (’oir au 28 février 1364, 
vieux slyle, tome III des registres du parlement, pag: 4, 
n°14431 , de l'inventaire de la Bibliothèque de Bourgogne.) 

Le roi Charles dirigea adroïtement et avec succès , par les 
talens de Duguesclin , la guerre contre les Anglais; il mit 
une fin aux désordres des bandes d'ordonnance dont les 
funestes services avaient été si onéreux sous le régne du roi 


( 349 ) 

Jean ; c’est ainsi qu'il rendit Ja sécurité aux habitans des 
campagnes. C'est le même roi qui, sachant allier l'économie 
à la magnificence, fit rédiger ou transcrire un grand nom- 
bre de manuscrils précieux , comme l’attestent la biblio- 
thèque ou librairie du Louvre, qu'il fonda, et la librairie de 
Bourgogne. ( V’oir un grand nombre de numéros de l'in- 
xentaire de cette bibliothèque, tels que le hivre des pro- 
priétés des choses, etc, , etc.) 

Sans doute , le roi Charles V fit des fautes graves : l'aban- 
don des derniers jours de Dugueselin, l’acharnement à 
poursuivre Charles de Blois, en sont la preuve; mais quel 
est le prince, quel est l’homme qui n’en a point commis ? 
Charlemagne, qui fit massacrer les Saxons, Théodose , que 
saint Ambroise amena à la pénilence sont-ils des Nérons 
et des monstres ? 

Charles, valétudinaire , comme nous l'avons dit , s’em- 
pressa de soigner, à l’imitation de son père, l'éducation de 
ses propres enfans; deux seulement eurent le bonheur d’en 
pouvoir profiter : Catherine, qui épousa Jean, duc de Berri, 
prince célèbre, comme ses parens, par son amour pour 
les lettres, et le malheureux Louis, duc d'Orléans, qui 
fut assassiné par les ordres du duc de Bourgogne. 

Parmi ses autres enfans, Charles VI, l'aîné, mourut dans 
un état de démence ; Jeanne, Bonne, une autre Jeanne, 
Isabelle, Marie, moururent lrès-jeunes et, par conséquent, 
sans alliance, Leurs noms sont omis dans l'Art de vérifier 
les dates, mais on les retrouve à la Généalogie des rois 
de France, présentée à Louis XIV , en 1687, par Thuret. 

D'après ce tableau d’une famille qui ne compte que deux 
enfaus adultes en bonne santé, sur huit qui la composaient, 
et, surtout d’après les habitudes de prévoyance du roi 
Charles V, on ne doit pas s'étonner qu'au mois d’août 1374, 
c'est-à-dire, six ans avant sa mort, il fit publier et enre- 


( 350 ) 


gistrer, avec toutes les précautions requises, l’'Ordonnance 
qui fixe la majorité des rois de France à l’âge de 14 ans. 
Le jeune dauphin (Charles VI) était né le 3 décembre 
1368, et n'avait alors que six ans. 

Le texte latin du préambule de cette Ordonnance, que 
nous avons transcrit du tome VI, pages 26 et suivantes, du 
Recueil des Ordonnances de France, concorde tellement 
avec l'esprit des conseils donnés par Charles V, qu'on ne peut 
douter qu’il n’en soit l’auteur; en voici le commencement : 

Carolus, Dei gratià Francorum rex, ad perpetuam rei 
memoriam. Filios requm per parentes educari et erudiri 
debere, ut Deum timeant, virtutum ac virium profec- 
tum celeriter attingant, sincere diliqi ; et primôgenitos, 
maxime, magnis donis et aliis honoribus decorari, rei- 
publicæ commodum, status regnorum et subditorum 
concernentibus, tranquillitatis arqumentum. Præde- 
cessorum tillustrium sectando vestigia, clare liquet ; 
bona enim terra cum diligentià colitur ut fructus opti- 
mus reporteretur, multo magis sunt filii requm per pa- 
tres studiosius nutriendi et docendi, ut virtutibus im 
buantur, fortificentur et crescant ; et cum in adultam 
ætatem pervenerint, pueritiæ redoleant bones mores, 
qui ad majoris honoris culmen sunt in populis eri- 
gendi, etc , etc., unde sapiens, filii a juventute tua, etc. 
(Ce dernier passage est tiré de l'Ecclésiastique, ch. VE, v. 18.) 

Le roi cite ensuite, pour exemples, la bénédiction d’Isaae 
à Jacob, le règne de Josias qui commence à 8 ans, celui 
de Joas, à 7 ans; il eite David, jeune garçon (parvulus in 
regem unctus est); il dit après cela : Salomonem elegit 
Deus adhuc puerum atque tenellum ; il parle d’un roi de 
Macédoine élu au berceau , et de Chilpéric, qui fut roi de 
France à 4 mois. Tout cet exposé nous démontre sa solli- 
citude envers son fils âgé de six ans. 


( 351 ) 

Nous terminons cette notice par l'extrait de ses conseils 
qui sont, en quelque sorte, une instruction particulière 
pour expliquer l’Ordonnance royale. Après avoir fait diffé- 
rentes recherches , nous présumons que cet écrit est inédit ; 
tout porte à croire qu’il était conservé dans la librairie 
ou bibliothèque de Bourgogne comme un acte de famille. 


Extrait des conseils du roi Charles F. 


« Mon tres-chier filz, pour ce que je desire de tout mon 
» cuer que tu soiez bien enseingniez en toutes choses, jay 
» eu pensee que je te face aucuns bons enseingnemens pour 
» eschever le peril de lame et du corps et tout premie- 
» rement selon ce que le pere doit enseingnier a son filz. Et 
» pourtant, mon enfant, que je cuide et croie que tu le orras 
» ententivement et les retiendras soigneusement et moult 
» voulentiers. » 

Le roi lui conseiile ensuite d'aimer Dieu, de supporter 
les adversités que Dieu lui enverrait, d'améliorer sa vie , de 
n'avoir point d’orgueil dans la prospérité « car, ajoute-t-il, 
» cest moult grant pechie et moult grant villennie quand 
» on guerroie notre Seigneur de ses propres dons. » 

I lui conseille de se confesser souvent ; il ajoute : «et 
» que tu aiez telle maniere en toy, que ton confesseur et 
» tez autres amis te osent hardiement enseignier, monstrer 
» et reprendre, se tu fais aucune chose qui ne soit mie 
» a faire. » 

I! lui donne des conseils sur la manière d'entendre 
l'office divin et de faire l'aumône, sur la compagnie qu’il 
se doit choisir, sur les discours qu’il ne doit pas laisser 
dire en sa présence. Le roi veut que son fils se conduise 


( 352 ) 

de manière qu'il soit« digne de recevoir la saincte onclion 
» dont les rois de France sont communement sacrez. Or, 
» mon tres chier filz, se il avient que lu viengnes au gou- 
» vernement du Royaume, garder et gouyerner si ten 
» preng garde, que tu aies les bonnes taches qui aflierent 
» a Roy avoir, cest assavoir que tu soies si droicturier pour 
» vraye justice faire que pour nulle chose qu’il te puisse 
» avenir, que ne laisse que tu ne la face. Et sil avient 
» que il y ait aucune querelle d’aueun povre homme 
» contre aucun riche homme devant toy, je te pry sous- 
» tiens tous jours la querelle du poyre, jusques a tant que 
» tu saches et congnoisses de la plaine verite et si tres tost 
» quetuen saras de la plaine verite, fay en droit, justice et 
» raison selon Dieu de qui tu est lieu tenant et sil avient 
» que tu aiez querelle contre autruy, soustiens la querelle 
» de lestranger contre toy : meismes jusques a tant que tu 
» congnoisse plainement de la plaine verite car autrement 
» ceulz de ton conseil se pourroient doubter de parler 
» contre toy, que tu ne doiz mie vouloir, Gher fils, se tu 
» entens que tu tiengnes aucune chose d’autruy à Lort, 
» soit de ton temps, soit du temps de tez anlecesseurs, 
» or reng celle chose tantost combien que elle soit grant , 
» soit en terre, soit en deniers ou en autres choses. » 

PORTE Aprés des explications sur la conduite à tenir, le 
roi ajoute : (Or, beau filz, soiez bien diligent de faire garder 
» en ta terre toutes manieres de bonnes gens en bonne 
» paix et par especial les personnes de saincte églize. » 

Le roi raconte ensuite une anecdote du roi Philippe 
de Valois, son aïeul, sur une plainte contre des clercs qui 
surprenaient la justice. « Adonc le Roy (Philippe) respon- 
» dit, je crois bien, fait-il, qu’ils me font moult dextorcions 
» et de susprises, mais quant je pense bien aux honneurs 


( 353 ) 
» que notre Seigneur mà donne el fait en ce chetif monde, 
» je vueil mieulx mon domaige souffrir, que en faire chose 
» par quoy il veinst esclandre , ne contens entre moy et 
» saincte eglise, Et pour ce je te recorde ceste parolle afin 
» que tu nesoies mie ligier a croire encontre les personnes 
» de sainte eglise. » 

Le Roy lui recommande ensuite de bien aimer sa mère; 
il ajoute: «Or, mon très-cher filz, je te prie que tu aimes tez 
freres et tes soeurs... et que tu leurs soie en lieu de père. » 

Il conseille ensuite de donner les bénéfices de l’église 
« à ceulx qui ont peu ou neant ».….… «Tu verras, ajoute- 
t-il, que ton don sera bien emploie. 

» Or, mon tres-cher filz, garde toy bien que tu naïez 
» guerre a nul chrestien et se on te fait tort, assaie par 
» plusieurs voies pour sayoir si tu pourras trouver aucune 
» voie par quoy tu puisses, sans avoir guerre, recouvrer 
» ta droitture, avant que tu esmeuves ton peuple a faire 
» guerre, » 

Suivent des conseils sur la conduite des gens de guerre 
et sur la manière de pacifier les gens de ses terres « car, 
» ajoute-t-il, c'est une chose qui moult plaist à notre Sei- 
» gneur. » 

Viennent ensuite des conseils sur le choix des baillis, 
prévôts, sergens. « Chier filz, donne voulentiers povoir et 
» auctorilé aux gens de bonne voulente de ta terre et a 
» ceulz par especial qui sauront bien user du povoir... tu 
» feras oster jeux de dez et tavernes deshonnestes, bour- 
» delliers.… et toutes mauvaises gens qui usent de sorce- 
» ries, de malefices et de mauvaises ars..., selon ce que tu 
» entendras.. par saige conseil de bonnes gens. 

» Or, cher filz, met grant entente a ce que lez despens de 
» lon hostel soient raisonnables et amesurez et que les de- 


( 354 ) 
» niers que tu despendras soient... prins et levez droic- 
» turierement et loyaument sans aucune mesprenance. » 
Le roi donne des explications à ce conseil; il termine 
en recommandant que, s’il meurt avant son fils, celui-ci 
fasse prier pour lui par les congrégations de France. 


M. le vice-directeur, en levant la séance, a rappelé que 
l’époque de la prochaine réunion , aux termes du rêgle- 
ment, est fixé au mardi 7 mai prochain , anniversaire de 
la restauration de l'académie. La séance commencera à 
10 heures du matin , et pourra, au besoin, être continuée 
le lendemain. 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


——— 


Une conjuration en 1568, par Jules de Saint-Genois. 
Broch. in-8°. 

Note sur Antoine Sanderus, par le même. Une feuille 
in-8°. 

Sur l’origine de notre système de numération, par 
M. Chasles. (Extrait des Comptes-rendus de l'académie 
des sciences. ) Broch. in-4°. 

Énoncé de deux théorèmes généraux sur l'attraction 
des corps et la théorie de la chaleur, par le même. ( Ex- 
trait des Comptes-rendus , etc.) Broch. in-4°. 

Histoire et ouvrages de Huques Métel, par M. le mar- 
quis de Fortia d'Urban. Paris, 1839. 1 vol. in-8°. 

Première lettre sur Jacques de Guise, à M. le baron 
De Stassart , par M. Adolphe Aubenas. Paris, 1839. Broch. 
in-8°. 


( 355 ) 
Le Tasse a Sorrente, Térentia, le Monge des îles 
d'or, poèmes, nouvelle et impressions, par Jules Ca- 
nonge. Paris, 1839. 1 vol. in-&. 
Traité de l'affection calculeuse, par le docteur Ci- 
viale. Paris, 1838. 1 vol. in-&, 
Description des vases peints et des bronzes antiques 
qui composent la collection de M. de M***, par J. De 
Witte. Paris , 1839. Broch. in-8°. 
Mémoires de la société royale des sciences , lettres et 
arts de Nancy. 1837. 1 vol. in-8°. Nancy, 1838. 
Comptes rendus des séances de l’académie des scien- 
_ ces de Paris. 1% sem. 1839; n° 9 à 12. Paris, 1839. 
4 broch. in-4°. 

Bulletin de la société géologique de France. Tome IX. 
Feuilles 28 à 32. — Tome X. Feuilles 1 à 4. 1838 à 1839. 
Paris. 2 broch. in-&. 

Tstruzione sui parafulmini letlera del sig. professor 
Elice al p’° CG. Dentone. Genova, 1839. Broch. in-8°. 
Notice sur les travaux de J.-B..T. Vandenzande, par 
C. Broeckx. Anvers, 1838. Broch. in-&. 

Réglement de la société d'agriculture et de botani- 
que de Louvain. Broch. in-8°. Louvain, 1838. 

_ Diptères exotiques nouveaux ou peu connus, par 
J. Macquart. Tome 1°, 1°° parlie. Paris, 1838. 1 vol. in-8e. 

Festival quinquennal de Flore. XXX® salon d'hiver. 
1839. 60° exposition publique de Ja société royale d’agri- 
. culture et de botanique à Gand. Broch. in-8&. 

Des juifs en Pologne, par O. Louis Lubliner. Bruxelles, 

1839. 1 vol. in-12. 

- Bibliothèque universelle de Genève. Nouvelle série. 
+ 4e année. — N° 38. (Février 1839.) Genève, 1 vol. in-8°. 
Annalen der Staatsarzneikunde, herausgegeben von 


( 356 ) 

P. J. Schneider, J. H. Schürmayer und F. Hergt. 3% Band. 
2es Heft. Tübingen, 1838. 1 vol. in-8°. 

Annales et bulletin de là société de médeciné de Gard. 
Année 1839. 5° vol. 3° livr. (Mars.) Gand. Broch. in-8°. 

Journal de la société de la morale chrétienne: Tom. 
XV: N° 8. Paris, 1839. Broch. in-&. 

Concours et éxposition de la société royale pour l’en- 
couragement des beaux-arts, à Anvers ; pour l’année 1840. 
Broch, in-12. 


ERRATA. 


Page 217, note 1, au lieu de der, lisez des. 


— 224, ligne4, — — un renom, lisez une renonciation. 


re da 


BULLETIN 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 


1839. — No 5. 


Seance générale du 6 et du 7 mai. 


M. le baron De Stassart, vice-directeur, occupe le fau- 
teuil. 
M. Quetelet, secrétaire perpétuel. 


CORRESPONDANCE. 


Le secrétaire donne communication d’une lettre qu’il a 
reçue de Florence, par l'intermédiaire de M. Antinori, et 
qui annonce la formation d’un congrès scientifique italien. 
La première réunion aura lieu à Pise, du premier au 
quinze octobre inclusivement. Le comité se compose des 
savans dont les noms suivent : le prince Charles L. Bona- 
parte, le chevalier Antinori, Amici, Giorgini , Paolo Savi 
et Maurizio Bufalini. 

Tom. vr. 25 


(358) 


M. Quetelet, en rendant compte de la correspondance, 
donne quelques nouveaux renseignemens sur l'aurore bo- 
réale du 19 janvier dernier, d’après une lettre de M. le 
professeur Lloyd de Dublin. Il fait connaître à ce sujet 
qu'une belle aurore boréale a été aperçue, à Bruxelles, 
dans la soirée de dimanche dernier, 5 mai. Il était envi- 
ron 11 heures et demie du soir, lorsque M. Mailly, attaché 
à l'observatoire royal, a vu ce phénomène qui occupait à 
peu près la huitième partie du ciel dans le sens horizontal, 
et des deux côtés du méridien magnétique. Les jets lumi- 
neux s'élevaient par intervalles à plus de 50 degrés au- 
dessus de l’horizon. Le ciel était serein d’ailleurs, et 
l'hygromètre de Saussure, qui avait indiqué une grande 
sécheresse pendant la journée, était encore assez bas mal- 
gré la nuit. On sentait une odeur particulière, assez vul- 
gairement désignée par le nom d’odeur de tourbe brûlée, 
et qui accompagne souvent , dans nos climats, les chaleurs 
du printemps. Le baromètre, qui avait remonté un peu, 
marquait 753,64 par une température de 19 degrés 
cenlig., le thermomètre extérieur marquait 13°,5 el s'était 
élevé à plus de 20:degrés pendant la journée. Le vent 
élait à l’est, après avoir soufflé pendant le jour dans une 
direction opposée. 

M. De Reïffenberg présente, de la part de M. Tandel, 
professeur à Liége , une note manuscrite sur un problème 
de logique. (Commissaires : MM. l'abbé De Ram et Rouler.) 


CONCOURS DE 1839. 


L'académie avait proposé cinq questions pour la classe 


La. 


7 


voa aid 25 pd alt pi bi à. x mit Ré te LE SE 


AC Sn DR à honte -ripta 


( 359 ) 
des lettres , et huit pour celle des sciences. L'examen des 
mémoires reçus en réponse à trois de ces questions, a pré- 
senté les résultats suivans : 


CLASSE DES LETTRES. 


Ouels furent les changemens apportés par le prince Maximi- 
lien-Henri de Bavière (en 1684) à l’ancienne constitution lié- 
gevise ; et quels furent les résultats de ces changemens sur l’état 
social du pays de Liége, jusqu’à l’époque de sa réunion à la 
France ? 


L'académie désirait que cet exposé fût précédé, par 
forme d'introduction, d’un tableau succinct , historique et 
critique, de l’ancien gouvernement liégeois , sans toutefois 
que l’auteur fût tenu de remonter au delà du règne d’AI- 
bert de Cuick. 


Un seul mémoire portant pour épigraphe : 


. Un prince de Liége ne donne sentence que par ses 
justices, et ne fait ordonnance contre Les lois 
du pays que du consentement des états. 


(Le prince GERARD.) 


a été envoyé en réponse à cette question. L’académie, après 
avoir entendu ses commissaires (MM. Grandgagnage, le 
baron De Reiffenberg et De Gerlache), a décerné une men- 
tion honorable à ce travail, en invitant l’auteur à faire 
connaître son nom. L’académie a ordonné en outre l'in- 
sertion au Bulletin du rapport suivant de M. Grand- 
gaguage. 

« L'histoire de la principauté de Liége ne peut man- 


( 360 ) 
quer d’exciter un vif intérêt; car elle nous montre un peu- 
ple, resserré sur un étroit territoire el gouverné par des 
évêques, signalant l’un des premiers le réveil de la liberté 
dans les ténèbres du moyen âge, se faisant avec le temps 
l’une des conslitutions les plus libres qui exisiérent jadis, 
el lraversant toutes les révolutions que l'Europe a subies 
pour arriver avec son indépendance territoriale et son 
régime théocratique jusqu'à la grande époque de 1789. 

» Les Liégeois, ainsi que d’autres peuples, commencent 
par le gouvernement absolu, aspirent peu à peu à la liberté, 
l'obliennent après de grands efforts, mais ensuite la ren- 
dent excessive, soit en la défendant contre les entreprises 
du pouvoir, soit en élevant loujours des prétentions nou- 
velles; et alors, tombant dans l'anarchie, ils retournent 
en quelque sorte à leur point de départ, sous le gouver- 
nement plus fort et plus régulier du prince. C'est là le ré- 
sumé de beaucoup d'histoires anciennes et modernes; 
comme si l’homme, par sa nature même et par l'effet de 
passions inévitables , était condamné à tourner éternelle- 
ment dans le même cercle de révolutions! 

» C’est en partant de cette idée que l'auteur du mémoire 
présenté au concours de l'académie, a divisé en cinq pé- 
riodes l’histoire de l’ancienne constitution liégeoise , ou- 
vrant la première période par la translation que fit saint 
Hubert, en 708, du siége épiscopal de Tongres dans la 
ville de Liége. 

» Nous voyons d’abord les premiers évêques poser, sous 
les rois francs , les fondemens de leur principauté, et pro- 
fitant habilement, d’un côté, de leur autorilé spirituelle, 
de l’autre, de la faiblesse du pouvoir souverain qui décroît 
chaque jour après Charlemagne, augmenter incessamment 
leurs richesses au moyen de donations pieuses, leur pou- 


( 361 ) 

voir au moyen de concessions qu’ils obtiennent des empe- 
reurs, et finir par ajouler à la puissance épiscopale la 
plénitude de la puissance temporelle. Dans ces premiers 

© temps, l’autorité des évêques n'est faiblement limitée que 
par le chapitre de l’église cathédrale ; la constitution est 

. essentiellement théocratique : circonstance heureuse sous 
un point de vue; car si les évêques de Liége , à l'exemple 


- des comtes et des grands seigneurs féodaux, ont réussi à se 
+ créer une souveraineté indépendante, cette souveraineté 
n'est pas de nature à être facilement reconquise, comme 
celle des comtes héréditaires, par des princes séculiers qui, 
outre le respect que doit leur inspirer dans ces temps de foi 
le caractère sacré des évêques, ne pourraient d’ailleurs se 
mettre à leur place sans renverser les bases mêmes de la 
constitution. Cette première époque, l’auteur du mémoire 
l'a appelée la période pontificale (708-1000). 

» La deuxième période commence au X[° siècle. Notger, 


ce grand homme dans un petit État , s'est constitué le vé- 
ritable fondateur de la puissance liégeoise , étendant ses do- 
maines, augmentant la ville et la fortifiant , ainsi que les 
petites villes des frontières, établissant une sévère exécu- 
tion des lois, purgeant le pays du brigandage, ouvrant des 
écoles et protégeant les lettres, Vers la fin de son règne, il 
partage les biens de l’église de Liége en trois parts égales, 
lune attribuée à lui et à ses successeurs, l’autre au clergé, 
et la troisième aux nobles, à la condition pour ces derniers 
de défendre les droits et les prérogalives de l’église de Saint- 
Lambert, patron de la cité. De la, dit-on, la première ori- 
- gine des états liégeois. Ce partage est de l'an 1004. Dans 
une charte de l’an 1031; nous voyons les bourgeois figu- 
rer à leur tour avec les chevaliers et les clercs , pour ap- 
prouver une donation faite par l’évêque à une des églises 


( 362 ) 

de Ia ville (1): voilà donc l'élément des trois élats assez 
clairement indiqué. Le peuple cependant ne prend pas en- 
core une part réellement active au gouvernement du pays. 
L’habitant de Liége a bien ses droits, ses priviléges; sa 
personne et ses propriétés sont libres, son domicile est 
inviolable; il ne doit payer n2 taille nt écot sans son con- 
sentement; il est exempt de logement de soldats et de ser- 
vices militaires ; il ne peut être frappé d’excommunieation 
que par une assemblée synodale ; i} ne peut être jugé que 
par ses juges compétens ; il a droit à la justice des éche- 
vins sans être obligé de vider sa cause en champ clos; 
et tels sont en eflet les droits et les franchises que l’évé- 
que Albert de Cuick établit ou plutôt confirme par écrit 
dès l’année 1199 : charte bien remarquable pour l’époque, 
et qui est le premier acte explicite des libertés liégeoises. 
Mais le peuple ne figure pas encore sur la scène politique 
au rang qu'il doit bientôt obtenir. Foutes les charges, tous 
les offices sont occupés par les nobles, qui remplissent 
cette période de leurs sanglantes dissensions et de leurs 
guerres de château à.château. C’est l’époque patricienne 
(1000— 1250). 

» Dans le XIIT siècle, tandis que la noblesse s’est con- 
sidérablement affaiblie dans ses guerres eontinuelles, le 
peuple au contraire, par le développement progressif de 
son commerce et de son industrie, à su augmenter ses ri- 
chesses, et avec elles sa force et sa puissance. En 1253, un 
homme , aussi audacieux qu'habile, Henri de Dinant, pro- 
fite d’une contestalion survenue entre l’évêque et les éche- 
vins pour faire transporter au peuple la nomination des 


(4) Miræus, Il, 809. 


( 363 ) 
deux bourgmestres. Chacun sait que cette charge impor- 
lante devint en peu de temps des plus considérables, équi- 
valant jusqu'a un certain point au consulat de Rome, 
attribuant ordinairement le commandement de l’armée, 
donnant enfin la haute main dans la direction des affaires. 
Cependant on veut contester au peuple ce droit de nomi- 
nation , ou du moins on cherche à le paralyser. Le peuple 
résiste avec énergie ; ses méliers s'organisent en corps. Pour 
affaiblir de plus en plus la puissance des nobles, on décide 
que la charge de bourgmestre ne peut être conférée qu’à 
des personnes faisant partie d’un métier. Parfois même on 
voit l’évêque prendre le parti du peuple contre une no- 
blesse ambitieuse. Dés lors l'amour de la liberté anime par 
dessus tout le peuple liégeois. Jaloux de ses droits à l'excès, 
il ne souffre pas qu’on y porte la moindre atteinte; il ne veut 
plus que les étendre; il s’irrite des obstacles; et de là ces 
luttes continuelles, ces troubles, ces guerres même que 
terminent presque toujours à l'avantage du peuple ces sortes 
de transactions connues dans l'histoire du pays de Liége sous 
le nom de paix , mot caractéristique qui marque si bien 
la source et la nature de ces nombreux traités et règlemens, 
dont le recueil forme l’ensemble de l’ancienne constitution 
liégeoise (1). C'est ainsi qu’en 1316 fut conclue la paix de 


(1) Ce recueil portait le nom de Pavwillart, écrit plus anciennement 
Pawilhaer, Pawelhaar, Pavillaar et Pauvillart. Ne peut-on conjectu- 
rer que ce mot, dont on a souvent recherché l’étymologie, vient du 
mot paix, en liégeois paie, et du vieux mot warder, garder ? paward, 
c’est-à-dire , Ze gardien des paix , le livre où l’on conservait les paix, 
les règlemens ; d'où, par corruption, les diverses dénominations ci- 
dessus rapportées. Il est bon de noter à ce sujet qu’une copie authen- 
tique du Pavillart se trouvait déposée au tribunal des échevins , lesquels 
étaient Les gardiens de la loi. 


( 364 ) 


Fexhe, laquelle est en quelque sorte la grande charte des 
Liégeois. Celte paix confirme les anciennes franchises ; 
porte que chacun sera mené et traité par loi et par juge- 
ment régulier ; impose à tous les officiers du pouvoir exé- 
cutif ou iuicieire l obligation de jurer l'observation de cet 
arlicle à leur entrée en fonctions ; déclare que tout agent 
du pouvoir , coupable d’une infraction au même article ou 
ayant abusé de la loi, sera puni, el tenu en outre de dé- 
dommager la personne lésée; que celle-ci, n’obtenant pas 
la réparation du dommage , pourra s'adresser directement 
au prince, qui sera tenu d’ÿ pourvoir dans les quinze jours; 
que si le prince néglige ou refuse, le plaignant avertira le 
chapitre cathédral, qui requerra de nouveau l’évêque sans 
délai ni détour , et que ce dernier manquant de satisfaire 
dans la quinzaine à la réquisition, les Liégeois seront dé- 
liés du serment de fidélité, et tous les tribunaux fermés 
jusqu’à ce que justice soit faite. La paix de Fexhe statua 
en outre que les lois et coutumes ne pouvaient être chan- 
gées que d’un commun accord, c’est-à-dire, du consen- 
tement unanime des États; el c’est à partir de cette dis- 
position, qui fut bientôt expliquée par un réglement 
postérieur, que les trois États, que l'on nommail le sens 
du pays, intervinrent régulièrement dans les deux actes 
les plus importans de la souverainelé, la confection des 
lois et l'établissement de l'impôt. Il est douteux qu'a cette 
époque aucun autre pays pût se prévaloir d’une constitu- 
tion aussi libre. Ce n’est pas tout pourtant : de nouvelles 
résistances , de nouveaux abus amènent le peuple à former 
de nouvelles demandes, les unes justes, les autres exagé- 
rées. En 1343, on établit le fameux tribunal des vingt-deux, 
ce palladium des libertés liégeoises, qui, lantôt entravé, 
tantôt attaqué ouvertement et abattu , se relève enfin plus 


PR. 


Me me tt, 


bhém.t. 1, ne] 


D ns di 


( 365 ) 
fort que jamais, en 1373, soumettant à sa juridiction, non- 
seulement tous les agens du pouvoir, prêtres ou laïques, qui 
manqueraient à la loi, mais le prince lui-même dans la per- 
sonne de son grand chancelier. En 1384, un dernier coup 
est porté à l'influence des nobles, qui s'étaient adroitement 
immiscés dans l'élection des bourgmestres et du conseil 
municipal, en se faisant inscrire dans les méliers des bour- 
geois. Le peuple les force à renoncer formellement à cette 


à intervention. Telles sont les libertés qu'il a obtenues au 


prix de grands sacrifices dans celte période de 150 ans, ap- 
pelée par l’auteur du mémoire la période populaire (1250- 
1400). 

» Au XV: siècle s'ouvre l'époque anarchique. L'équilibre 
est rompu. Le peuple, ou du moins ses deux puissans bourg- 
mestres, ne rencontrant plus de contre-poids suffisant dans 
une noblesse déchue et dépouillée de sa force, vont se trou- 
ver face à face de l’évêque, balancer sa puissance et pré- 
tendre agrandir encore la puissance populaire ou plutôt 
celle de la multitude. Le prince veut ressaisir son autorité. 
Nous arrivons au Lemps où le pouvoir monarchique cher- 
che partout à se fortifier et à détruire le pouvoir des 
communes. C'est à celte époque que se rapporte l'épisco- 
pat de Jean de Bavière, surnommé Jean-sans-Pitié, lequel, 
dès l'année 1409, commence à établir une constitulion 
nouvelle, mais qui ne doit pas durer au delà de son règne. 
C'est également à cette époque que se rattachent le sac de 
la ville de Liége et le renversement de ses lois par Char- 
les-le-Téméraire. Durant toute cette période, on voil Lour-à- 
tour la constilution modifiée, abaltue, relevée, pour faire 
place enfin au régime établi par les évêques de la maison 
de Bavière (1400 - 1505). 

» La période despotique s'étend dans le XVI: siècle et 


( 366 ) 

dans le siècle suivant : dénomination justifiée surtout par 
Ferdinand de Bavière. Affaiblis par de grands désastres , 
les Liégeois ne peuvent plus que se débattre sans succès 
contre les entreprises et les abus du pouvoir. Alors péri- 
rent, viclimes de leur dévouement à la cause du peuple, 
les bourgmestres Beekman et Laruelle. L'évêque règne en 
maître absolu. Le réglement de 1649 met aux mains du 
prince Ferdinand la plus grande part d'influence dans les 
élections communales : les assemblées des métiers sont in- 
terdites, le conseil municipal est dépouillé de ses fonc- 
tions judiciaires, une citadelle est bâtie pour contenir la 
ville. Cependant le prince redoute assez le courage et 
l'esprit ardent des Liégeois pour respecter encore d'anciens 
priviléges; et si, dans l’année 1684, Maximilien-Henri de 
Bavière modifie profondément la constitution liégeoise, 
c'est surtout pour en changer les formes démocratiques, 
causes de tant d’orages , et y substituer un régime de li- 
berté Lempérée, gage de paix et de sécurité (1505 - 1684). 

» Je viens de résumer les cinq périodes de l'histoire de 
la constitution de Liége, telles que l’auteur du mémoire 
les a présentées. Il a divisé son travail en autant de chapi- 
tres, rejetant dans un court appendice les résultats des 
changemens opérés par le prince Maximilien-Henri. Cette 
distribution, comme l’a fait observer M. De Reiffenberg, 
résume assez bien l'aspect général des révolutions liégeoï- 
ses; mais on conçoit qu’elle offre l'inconvénient des divi- 
sions systématiques, et qu’elle se plie difficilement à tous 
les détails des événemens de l'histoire. Pour n’en citer 
qu’un exemple, comment faire entrer sans injustice dans 
la période qualifiée despotique, le règne de Gérard de Groes- 
beck, à qui la ville de Liége doit la réformation de ses lois, 
la confirmation de ses priviléges, et qui disait hautement 


ha ne Cr, 


08: Ta 


{ 367 ) 

dans un de ses édits qu’un prince de Liège ne donne sen- 
tence que par ses justices , et ne fait ordonnance contre 
les lois du pays que du consentement des états (1). Je 
ne vois pas non plus pourquoi l’auteur ouvre à l’année 
1400 la période qu’il appelle anarchique, coupant de la 
sorte en deux le règne de Jean de Bavière , et d'ailleurs 
ne rapportant aucun fait qui se rattache particulièrement 
à cette date, Celle dernière observation peut également 
s'appliquer à d’autres périodes. 

» Je pense que l’auteur n’a été conduit à diviser comme 
3l l'a fait son mémoire, que parce qu'il a trop élargi le 
cercle de la question proposée par l’académie. Cette ques- 
tion avait pour objet le règne de l’évêque Maximilien- 
Henri, les institutions de ce prince en 1684, l'influence 
de ces institutions sur l’état social de Liége, tandis que 
l'auteur , comme le titre de son mémoire l’annonce, a fait 
l'histoire de la constitution liégeoise, et a traité toutes les 
parties de cette histoire avec une égale étendue. Ce n’est 
‘même que par une phrase incidente, jetée au milieu d’un 
chapitre, qu'il tombe brusquement au cœur du sujet, 
c'est-à-dire, au règne du prince Maximilien-Henri. 

» Pour traiter convenablement la question du pro- 
gramme , il me semble que , après avoir tracé rapidement 
dans une introduction l'histoire des révolutions liégeoises , 
aprés avoir fait un exposé sommaire de ces conflits perpétuels 
entre le prince et le peuple, toujours suivis de quelques 
changemens à la constitution, l’auteur arrivant à l’époque 
de 1684, et avant d'aborder le sujet directement proposé 
par l'académie, devait résumer le résultat définitif de tous 


(1) Recès du 15 janvier 1578. 


( 368 ) 


ces conflits, et présenter dans un même cadre, sans digres- 
sion, sans narration de faits, l’ensemble de l’ancienne 
constitution liégeoise, telle que l’avaient faite les époques 
antérieures. De cette manière, l’auteur mettait en saillie le 
tableau précis et complet de la constitution; il exposait 
immédiatement les changemens introduits par Maximilien 
de Bavière, et le parallèle s’établissait nettement (1). 

» Telle n’est pas la marche qu'il a suivie : comme sil 
voulait absolument employer les nombreux matériaux qu’il 
paraît avoir recueillis sur l'histoire du pays de Liége, il 
en parcourt d’un pas égal les cinq périodes; il s’appesantit 
sur des faits étrangers au sujet ; il ne présente nulle pari le 
résumé général de la constitulion ; seulement, à mesure 
que l'ordre chronologique lui fait rencontrer sur $a route 

-un règlement, un édit, une paix relative au gouverne- 
ment du pays, il les enchâsse dans son texte pour reprendre 
aussitôt la narration des faits, et arriver de la sorte à l’épo- 
que de Maximilien de Bavière, en laissant au lecteur le 
soin de rassembler , de combiner entre eux tous les élémens 
de la constitution liégeoise, éparpillés dans un récit qui 
embrasse neuf siècles. 

» De là nécessairement une assez grande confusion 
dans l'ouvrage ; défaut qui s'aggrave encore par la manière 
dont l’auteur paraît envisager l’histoire. Il semble, en effet, 


(1) IL fallait en quelque sorte procéder article par article, con- 
sacrer par exemple, un chapitre ou un paragraphe spécial au tribu- 
nal des vingt-deux, nous montrer exclusivement dans ce chapitre 
l'établissement de ce tribunal, ses modifications successives et sa con- 
stitution définitive en 1684, et passer de cette manière en revue les 
différens pouvoirs de l’état, les bourgmestres, les échevins, la cour 
féodale, etc. 


es Éd 


( 369 ) 

n'attacher d'importance qu’à la partie dramatique et des- 
criptive. Il se plaît beaucoup à raconter, il craint par des- 
sus tout de ne pas soutenir l'intérêt en désertant un moment 
le récit ou l’action. Voici ses propres paroles : « Nous 
» croyons devoir consacrer quelqueslignes sur l’organisa- 
» Lion du conseil communal avant l’année 1684... C'est mal- 
» gré nous que nous les écrivors; car nous allons détruire 
» lout l'intérêt historique, dépouiller les événemens de 
» leur caractère, pour ne composer qu’une dissertation 
» bien froide et bien décolorée... Nous ne finirions pas 
» celte période, si nous voulions nous étendre sur un su- 
» Jet aussi fécond. En effet , que de coutumes à décrire! 
» mais telle n'est pas malheureusement la question posée 
» par l'académie... » ( Pag. 38 et 95.) 

» C’est donc comme à regret que l’auteur abandonne le 
récit des faits pour trailer le sujet du programme. Aprés 
cette déclaration, il faut s'attendre à de nombreuses digres- 
sions, à une foule de détails sans doute intéressans, mais 
qui ne sont pas à leur place , et qui, à chaque instant , vien- 
nent couper l'attention en mettant à l'écart l’objet de Ja 
question comme s'il n'élait qu'un simple accessoire. C'est 
ainsi notamment que l’auteur à consacré dix pages tout 
entières à décrire le cérémonial usité au moyen àge pour 
recevoir un chevalier. C’est ainsi encore qu'il peint com- 
plaisamment le costume des échevins de Liége et l'armure 
des sires d’Argenteau et de leurs hommes d’armes. Pour- 
quoi même s'est-il permis une digression assez longue sur 
le développement du commerce et de l’industrie dans les 
villes de Verviers, de Visé, de Liége, quand quelques 
lignes pouvaient suflire à expliquer l'influence de ce fait sur 
le gouvernement du pays ? Ce n’est pas la, selon moi, l’es- 
prit qui doit présider à l'exposé d'une constitution politi- 


( 370 }) 
que. Ce n’est pas ainsi du moins que l’entendaient Montes- 
quieu, de Lolme et Benjamin Constant. Seribitur ad 
narrandum , telle est la devise que l’auteur du mémoire 
pouvait emprunter à M.de Barante. 

» Et à ce propos, n'est-il pas permis d'avancer que le 
succès bien légitime del’ Æistoire des ducs de Bourgogne à 
égaré beaucoup de jeunes écrivains , qui, ainsi que cela 
arrive après toute espèct d'innovation, ont pris exclusi- 
vement cette forme historique comme la seule vraie, la 
seule qu'il fallût suivre? On a donc quitté le ton sévère 


de l'historien pour adopter le récit pittoresque des anciens 


chroniqueurs. L'histoire ne s’est plus guère élevée aux vues 
générales, aux graves et hautes considérations de politi- 
que, de philosophie et de morale ; elle est devenue comme 
une suite de tableaux de genre , représentant tous les dé- 
tails d’un combat, d’une émeute, d’un banquet, d’un 
tournoi, peignant avec un soin minutieux l’armure d’un 
chevalier ou le costume d’un magistrat municipal: Tous 
ces détails, quand ils sont bien rendus, excitent sans 
doute la curiosité, l'intérêl, et nous reportent parfaite- 
meut aux temps et aux lieux de la scène. Sachons donc 
apprécier le mérite de cette forme historique; mais ne 
soyons pas exclusifs. En admirant le crayon de l’histoire, 
ne brisons pas son burin ; n’allons pas la déposséder de sa 
plus noble mission; et si nous lisons avec beaucoup de 
charme d'Hemricourt et Froïssard, qu'il nous soit permis 
cependant de leur préférer Tacite et Montesquieu. 

» J'ai critiqué la méthode de l’auteur; mais le style, 
comme l’a fait observer M. De Reïflenberg, paraît encore 
mériter plus de blâme. Ge style manque de précision et de 
correction; il est faible, traînant , bien que l’auteur cher- 
che à le relever par un usage fréquent et maladroit de 


abat", à 


LORS US TN ON CONS OP ET CE 


1h 


PRET 


Q 


: 


| 


(COM) 
certaines expressions brillantées, assez en vogue aujour- 
d'hui, mais qui ne rappellent pas moins la décadence des 
lettres latines sous le Bas-Empire, et qui tombent fort heu- 
reusement tous les jours. Peut-on, surtout dans l'exposé 
d’une constitution politique, tolérer des phrases telles que 
les suivantes : — Nos princes, en éveillant dans le peu- 
ple l'écho du cœur, par le culte saint des souvenirs qui 
lui retracent vivement des désastres ou des temps heu- 
Teux, elc. — L'histoire de la constitution d'un peuple 
rehausse le sentiment, en faisant connaître nos droits 
eb nos priviléges au banquet de la société. — Si la querre 
civile décimait la nation, les conseillers étaient d’une 
trempe aussi bonne que la meilleure daque de Florence. 
— L'amour des beaux arts s’est fait peuple. — Dans un 
autre passage, l’auteur emploie le mot adagateur , qui ne 
se trouve, je.pense, dans aucun dictionnaire. Il bläme 
aussi la conduite /ubrifiante de certain évêque. C'est ap- 
paremment lubrique qu'il a voulu dire. Ailleurs il parle 
de la voix fatidique des évêques, de progrès palpitans, 
de preuves palpitantes, névlogismes prélentieux, qui, 
du reste, n'empêchent pas l’auteur d’user çà et là de cer- 
laines expressions quelque peu familières.—L'évéque pou- 
vait laisser cette MAROTTE au peuple. — L'autorité des 
évêques qui était sans pareille , elc. — On voit que l’au- 
teur du mémoire n’a pas échappé à l'influence du style 
actuel de la mauvaise école, style formé, trop souvent, 
d'un mélange d'affectation et de locutions triviales. Je sais 
bien que la langne française, soumise à la sévérité des formes 
et à la dignité de l'expression sous le gouvernement mo- 
barchique de Louis XIV, doit nécessairement s’assouplir 
sous le régime;des libertés constitutionnelles ,et subir l'in- 
fluence de nos institutions populaires; mais d'un côté ne 


(372) 

peut-on être simple sans devenir trivial? de l’autre, ne 
peut-on rehausser l'éclat de la pensée sans l'affubler de 
métaphores bizarres? Et ce ne sont pas senlement les pro- 
duclions purement littéraires que de nos jours le mauvais 
goût dépare; ce sont parfois les livres les plus sérieux, les 
livres historiques. Voici ce qu'on lit dans un ouvrage es- 
timé et vraiment digne du succès qu'il a obtenu : D'autre 
part, ily avait la Hollande, ce petit peuple dur, avare, 
taciturne , qui fit tant de grandes choses sans grandeur. 
D'abord ils vécurent malgré l'Océan, ce fut le premier 
miracle ; puis ils salerent le hareng et le fromage, et 
transmuterent leurs tonnes infectes en tonnes d'or, purs 
ils rendirent cet or fécond par la banque, leurs pieces 
d’or FIRENT DES PETITS , etc. — J{s ont pris la mer a l'Es- 
pagne et les Indes par dessus... La Hollande était déjà 
un vampire couché sur la Pelqgique, suçant sa vie, en- 
graissant de sa maigreur...…. Ainsi parle M. Michelet, 
dans son Précis de l'histoire moderne, chap. XIX; et ce | 
n’est pas le seul passage de ce genre que l’on pourrait citer. … 
Quand les maîtres de l’école nouvelle tombent dans de 
semblables aberrations de style, il faut tout attendre et 
tout craindre de leurs disciples moins habiles. 

» Après avoir examiné la forme , il me resterait à parler 
du fond, à apprécier le mérite du mémoire sous le rapport 
de la fidélité historique; mais sur ce point, je dois me 
déclarer incompétent , n’étant pas suffisamment inilié dans 
l'histoire da pays de Liége, et particulièrement dans ses 
sources. Tout ce que je puis dire, c’est que l’auteur paraît 
être versé dans la connaissance de cette histoire, que son 
travail atteste des recherches, et qu’il présente un grand. 
nombre de documens sur l’ancienne constitution liégeoise, 
documens déjà connus, il est vrai, mais qui se trouvent 


(373) 


peut-être réunis pour la première fois. Il peut sous ce 
rapport mériter une mention honorable. Mais en suppo- 
sant même qu'il se recommande par son exactitude histo- 
rique (ce dont il est permis de douter après l'erreur assez 
grave que M. De Reiffenberg y a relevée), je ne puis voter 
un encouragement plus considérable en faveur d’un tra- 
vail qui ne répond que fort imparfaitement au vœu de 
l'académie, et qui est tout - à - fait incapable de supporter 
l'impression. D'un autre côlé, le sujet est beau et mérite 
d'être traité convenablement; c’est pourquoi, bien que 
auteur dise assez naïvement dans l’un des passages du 
mémoire ; qu'il n’a eu que trop de temps pour le compo- 
ser , je propose de lui accorder plus de temps encore, et 
de remettre la question au concours , soit pour amener de 
nouveaux concurrens, soit pour donner à l’auteur le moyen 
de revoir, de corriger , de refondre presque entièrement 
son œuvre. 


CLASSE DES SCIENCES. 


. 
| L'académie avait reçu un mémoire en réponse à la ques- 
. ion: 
Un mémoire sur l’analyse algébrique, dont le sujet est laissé 
au choix des concurrens. 


; 

| M. Timmermans, commissaire-rapporteur, a présenté 
le rapport suivant sur ce travail, portant pour devise : 
On le peut, je l'essaie ; et ayant pour objet un essai sur 
des formules d'évaluation des produites continues. 

Wronski dans son introduction à la Philosophie des ma- 

“thématiques, et Kramp dans plusieurs de ses ouvrages, 
appellent produites continues, le produit d’un nombre 
“infini de facteurs soumis à une loi de succession déter- 

À Tom. vi. 26 


(374) 


minée. Les premières recherches sur les propriétés de sem- 
blables fonctions, sont dues à Jean Bernouilli, qui fut 
conduit à l’expression des sinus ou cosinus en produites 
continues. Pendant long-temps ces deux formules ou quel- 
ques autres qui s’en déduisent plus ou moins directement, 
constituèrent à peu près tout ce que l’on connut sur ces 
quantités; Euler et d'autres géomètres reprirent plus tard 
ces recherches sous différens points de vue, mais ils n’ajou- 
térent que peu de chose à ce qu'avait fait Bernouilli ; 
aujourd’hui même, les deux formules de Bernouilli sont 
encore ce qu'on connaît de plus remarquable en cette 
matière, et, à l'exception de quelques produits infinis 
auxquels conduisent certaines intégrales définies, elles 
sont encore les seules qui fassent connaître le développe- 
ment d'une fonction en un nombre infini de facteurs, 
quoiqu'il soit cependant présumable que toutes fonctions 
qui, comme les sinus ou les cosinus, ont un nombre infini 
de racines, doivent pouvoir être égalées au produit d’un 
nombre infini de facteurs du premier degré, reproduisant 
chacune des racines. 

Kramp chercha ensuite à résoudre le problème inverse 
de celui dont on s'était occupé jusque-là; étant donnée une 
produite continue avec la loi de succession des facteurs, 
il se proposa de remonter à la fonction génératrice. Il con- 
sidéra dans son mémoire, les produites continues de la 


forme, 


CC) ee) 


dont il donne l'expression au moyen de ses factorielles; 
ces produites sont à peu prés les seules dont il se soit oc- 


( 375 ) 
cupé ; mais ainsi qu'il l’observe lui-méme , la marche qu'il 
a suivie serait encore applicable aux produites dans les- 
quelles les seconds termes des facteurs binomes seraient 
élevés à une puissance quelconque. 

L'auteur de l'essai sur les formules d'évaluation des pro- 
duites continues, présenté à l'académie, à vu dans cette 
partie du mémoire de Kramp , une lacune à combler, et 
le travail qui fait le sujet de son mémoire à pour objet 
l'évaluation des produites continues de la forme précé- 
dente; le second terme des binomes étant élevés à ane puis- 
sance paire quelconque. 

Le premier moyen qu'il propose consiste à prendre le 
logarithme de la produite, à développer en série le loga- 
rithme de chaque binome et à les ajouter ; de cette ma- 
miére le logarithme de la produite se trouve exprimé par 
une série dont la loi prend une forme assez simple pour 
cerlaines produites continues. 

Le second moyen consiste à décomposer chaque facteur 
binome du degré 2n en un nombre # de facteurs du se- 
cond degré, ce qui est facile, au moyen des racines de 
l'unité; de celte manière la produite du degré 2n se 
trouve remplacée par le produit d’un nombre # de pro- 
duites du second degré ; or, ces dernières pouvant, pour 
certaines lois de succession , être évaluées en facultés nu- 
mériques , ainsi que l’a fait voir Kramp, la produite du 
‘degré 2n se trouvera exprimée par le produit d’un nom- 
bre n de facultés numériques, renfermant à la vérité des 
quantités imaginaires , mais que l’auteur parvient à faire 
disparaître. Cette méthode est sans doute celle à laquelle 
Kramp fait allusion dans son mémoire inséré dans le 3me 
volume des Annales de Nimes , lorsqu'il dit qu’on pourra 
sans peine étendre à une produite d’un degré quelconque 


(376 ) 


les procédés qu'il applique à certaines produites du second 
degré. 

Le troisième procédé qu'emploie l’auteur de ce mé- 
moire, celui auquel il paraît attacher le plus d’impor- 
tance, revient à décomposer, comme précédemment , au 
moyen des racines de l'unité, les facteurs binomes du 
degré 2n en n facteurs du second degré, ce qui transforme 
la produite proposée en un produit de x produites conti- 
nues du second degré dont chacune représente un sinus ; 
développant ces sinus en série, effectuant les multiplica- 
tions en ayant égard aux réductions fondées sur les pro- 
priélés des racines de l'unité, on parvient à une série 
représentant la produite continue donnée. Pour éviter 
cette multiplication de séries qui entraîne dans des lon- 
gueurs, el pour mieux reconnaître la loi des coefliciens, 
l’auteur établit d’abord des formules donnant le produit 
d'un nombre quelconque de sinus ou de cosinus, en fonc- 
tion des sinus ou cosinus des sommes ou des différences 
des arcs; faisant ensuite dans ces sommes et ces différences 
les réductions fondées sur les propriétés des racines de 
l'unité, il obtient en série l'expression de ses produites. 

Enfin, dans une note qui termine le mémoire, l’auteur 
fait la remarque que plusieurs intégrales particulières de 
cerlaines équations différentielles du premier degré, et 
d'un ordre quelconque, peuvent être exprimées au moyen 
de produites continues , ce qui, du reste, est une consé- 
quence immédiate de la forme exponentielle de ces inté- 
grales. 

Quoique l’on puisse faire à l’auteur le reproche fondé de 
s'être quelquefois jeté dans des longueurs inutiles, pour 


éviter de faire usage de propriétés connues depuis long- « 


temps, qu’on puisse même, jusqu'à un cerlain point, 


( 377 ) 
contester l'utilité des recherches auxquelles il s’est livré, 
cependant on est forcé de reconnaître qu'il a fait preuve 
de connaissances variées et étendues en mathématiques. 
Je suis en conséquence d'avis d'accorder à l’auteur la mé- 
daille d'argent. 

Après avoir entendu ses deux autres commissaires 
MM. Dandelin et Garnier, l'académie a décerné, confor- 
mément aux conclusions du rapport précédent, une mé- 
daille d'argent à l’auteur du mémoire, M. Le François, 
professeur à l’athénée de Gand. 


L’académie avait reçu un second mémoire pour le con- 
cours des sciences, sur la question. 


Exposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. 


Après avoir entendu ses commissaires (MM. Dumortier, 
Martens et Morren ), l'académie a également décerné une 
médaille d'argent à l’auteur de ce mémoire, M. le docteur 
Auguste Trinchinetti de Monza, ci-devant professeur ad- 
joint à l’université de Pavie, et actuellement domicilié à 
Milan. L’académie a ordonné en même temps l'insertion 
au Bulletin du rapport de M. Morren. 


Rapport sur le mémoire intitulé : De onoRiIBUS FLORUM 
OBSERVATIONES ET EXPERIMENTA PROBLEMATIS RESOLU- 
TIONI ACCOMMODATA QUOD REALIS ACADEMIA SCIENTIARUM 
LITTERARUMQUE BRUXELLENSIS PROPOSUIT PER ANNUM 


MDCCCXXX VIIT. 


L'académie avait proposé pour le concours de 1838, la 
question suivante : 


( 378 ) 

ÆE æposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. 
Elle joignait à cette demande les recommandations qu’on à 
pu lire au programme : L'auteur déterminera les organes où se 
forment les odeurs des fleurs ; — il exposera la structure ana- 
tomique et les fonctions de ces organes. — Il examinera le 
mode d’exhalation et spécialement à quoi on doit attribuer que 
plusieurs fleurs sont odoriférantes à certaines heures de la jour- 
née et inodores pendant d’autres. — Les observations devront , 
autant que possible, se rapporter à des plantes de familles diffé- 


renles. Le mémoire devra être accompagné de planches. 


La même question fut reproduite pour le concours de 
1839. Ces recommandations ont été connues de l’auteur 
qui a répondu à notre appel, il les transcrit dans son in- 
troduction et n’omet que la condition des planches. Maïs, 
comme il paraît n'avoir eu connaissance de la question 
que par la traduction qui en a été faite en italien, il est 
permis de se demander si le traducteur lui-même n’a pas 
omis cette clause imposée par l'académie, Dans le doute, 
la justice exige que l'interprétation soit en faveur de 
l'auteur. 

Son mémoire a pour épigraphe : 

Hominis sapientia est ut neque te omnia scire putes, quod 
Dei est, neque omnia nescire quod est pecudis. Est enim ali- 
quod medium quod sit hominis, id est scientia cum ignoratione 
Jjuncta et temperata ( Lactant. Div. Enstit., lib. IIT). 


Il divise son travail en deux parties : dans la première, 
considérant les odeurs des fleurs en général , il parlera de 
leur distinction de celles des autres parties des végétaux, 
des organes floraux d’où elles émanent, de ceux qui les 
préparent , de la nature chimique de ces substances, de 
leur mode d’exhalation et enfin de leurs fonctions. 

Dans la seconde partie il traitera des odeurs relativement 


( 379 ) 
à leur intensité , à leur quantité considérées aux différens 
âges des fleurs, aux heures du jour; il donnera le moyen 
de les explorer et parlera surtout du phénomène des odeurs 
intermittentes. | 

Le rapporteur a cru devoir donner de ce travail un ex- 
posé succinct, en faisant suivre toutefois les assertions de 
l’auteur des considérations dont l’ensemble motivera son 
vote. Ses observations seront consignées entre parenthèses ; 
le reste est de l’auteur. 

On trouve, dit celui-ci, quelque odeur à toutes les par- 
ties des plantes, mais elle est due à des substances rési- 
neuses ou camphrées, comme on peut s’en assurer chez les 
Laurinées , les Labiées , les Ombelliferes et les Hespéri- 
dées , tandis que les émanations odorantes des fleurs sont 
des effets d’une fonction particulière, par laquelle il se fait 
une simple évaporation de malières sécrétées. 

(Il y a ici évidemment erreur, car il est plus d’une 
fleur où le parfum se doit également à des émanations 
campbhrées : toutes les Labices sont dans ce cas). 

On ne peut pas dire, d’une manière absolue, qu’il existe 
des fleurs au monde dépourvues d’odeur , et chacune de 
leurs parties peut en offrir. En général, elle siége de préfé- 
rence dans la corolle et surtout à sa surface supérieure. 
Le calice est odorant dans les plantes où toutes les parties 
vertes le sont, comme les Labiées, les Ombelliféres. Le 
spathe le devient dans les Calla. Si le périgone est simple, 
l'odeur vient de sa face interne. Les filets des étamines 
exhalent une odeur corolline, tandis que les anthères ont 
en général celle du sperme des animaux. Rarement l'appa- 
reil femelle est odorant , quoique parfois, comme dans le 
safran , le style et le stigmate le soient à un haut degré, 
L'ovaire est le plus souvent odorant comme le calice, dans 


( 380 ) 


les plantes dont loutes les parties vertes possédent um 
arome ( Ombelliferes, Labiées, etc.) 

Tantôt toutes les parties d’une fleur sont odorantes éga- 
lement, tantôt quelques-unes d’entre elles le sont seule- 
ment; ici, les odeurs sont semblables; là dissemblables. 
Aüïnsi, dans la fleur du eitronnier le calice, la corolle et le: 
pistil ont la même odeur, le pollen en a une autre; le 
périgone du safran ne sent pas comme les sligmates. 

(Il est fâcheux que l’auteur n’ait pas apporté plus d’exem- 
ples de ces différences dans une même fleur. J'ai signalé 
encore sous ce rapport le Cereus grandiflorus dont la 
corolle sent l’héliotrope et le calice la vanille. Ces détails. 
auraient eu une influence marquée sur les classifications 
des odeurs, comme celle de Rafinesque , en ce sens qu'ils 
auraient donné ke moyen de distinguer les odeurs com- 
plexes, résullant dans une fleur donnée de la combinaison 
de différentes odeurs particulières, et les odeurs simples 
qui ne résident que dans une seule espèce d’organes). 

L'auteur, pour déterminer le genre d’odeur, quand elle 
est légère, rassemble en grand nombre ou les fleurs ou 
leurs parties odorantes ; il ajoute ainsi du parfum à du 
parfum , et alors telle fleur qui paraît inodore, quand elle 
est isolée, dénote un arome particulier. Il a trouvé que 
tous les pollens ont à peu près le même arome. Un de ses 
moyens encore pour reconnaître les faibles odeurs, c’est 
de renverser une cloche qui contient ou des fleurs ou de 
leurs organes, sur de l’eau , et d'exposer l’appareiïl au soleil 
pendant quelques heures. L'air inclus devient odorant. 

(Il ne connaît pas, à ce qu'il paraît , un moyen beau- 
coup plus simple, celui de passer l’objet faiblement odo- 
rant sur un flacon d’ammoniaque; alors, l'odeur devient. 
très sensible, C'est le moyen employé par les dames an- 


( 381 ) 

glaises pour faire revenir sur leurs mouchoirs, l'odeur des 
fleurs ou celle de l’eau de Cologne ou d’autres parfums. 
L'étude de la réaction chimique qui se passe dans cette 
opération , aurail pu servir à l’auteur pour mieux conuaître 
la nature des parfums. M. Raspail a fait là dessus des re- 
cherches fort étendues. D'ailleurs, ce réactif de l’ammo- 
niaque est des plus utiles dans la diagnose des plantes 
odorantes et dans la classification des odeurs faibies. Celui 
employé par l’auteur du mémoire est sujet à plus d'un 
inconvénient. Que faire quand on n’a qu'une seule fleur 
à sa disposition ? De plus, il n’est pas neuf, Desfontaines 
l'employait déja (1)). 

Les organes odorans sont pour l'auteur toujours des 
glandes qui ont échappé bien souvent aux yeux des phy- 
siologistes ; il les décrit d’une manière générale et traite 
de leur volume, de leur forme, de leur structure interne, 
de leur situation, de leur nombre, mais toujours en s’en 
tenant à des généralités qui, malheureusement, donnent 
fort peu de conviction. Il cite à la vérité 55 exemples, pris 
parmi les plantes où généralement les glandes sont connues 
de tout le monde, comme le Dictamnus albus , le Ruta 
graveolens, le Citrus medica, les Labiées, etc. I] a soin de 
prendre des fleurs dont les odeurs sont fort diverses, 
comme la rose dont le parfum plaît à tous les peuples, et 
les S'apélies dont la détestable odeur de viande corrompue 
n’est aimée que des animaux nécrophages. 

(Cette partie est, sans contredit , une des plus faibles du 
travail, et nous le déplorons sincèrement. L'auteur n'est pas 
difficile pour donner le nom de glande à des organes qui 


(t) Decandolle , Physiologie, tom. II, p.938, 


( 382 ) 
ne sont rien moins que glanduleux. Ainsi, il est fort dou- 
eux que les petits globules qu'il signale chez le Magnolia 
grandiflora soient des glandes. Une vésicule qui fait 
sortir un liquide de son intérieur, quand on la comprime, 
n'est pas, par cela seul, une glande ; à ce prix, il n’y a pas 
de cellule de tissu cellulaire qui ne soit un organe glan- 
duleux. L'histoire de la science ne l’a que trop montré, 
ces idées sur les organes sécréteurs ont arrêté bien des 
progrès : ne saluait-on pas du nom de glandes, au même 
titre, les globules de la chlorophylle, les globules de la 
couleur des fleurs , les poncluations des vaisseaux et celles 
du prosenchyme des conifères ? Quand des idées pareilles 
sont admises sans examen , elles deviennent fatales, parce” 
que beaucoup d’auteurs les adoptent sans refaire par eux- 
mêmes les observations. M. Dutrochet déclare un jour que 
pour lui ces globules, dont on a tout fait, chacun selon 
son système, sont des globules nerveux, et FEurope tout 
entière reconnaît un système nerveux chez les plantes, à 
l'exception de quelques hommes assez indépendans pour 
ne pas opiner du bonnet. — Aujourd'hui M. Dutrochet 
ne veut plus de son système nerveux, il en déshérite les 
plantes, et que de physiologistes ont à regretter d’avoir 
eu trop de confiance dans la parole d’un des leurs! — Or, 
dans le mémoire en question, on appelle glande ce qui 
n’a rien de glanduleux. Évidemment, ce que l’auteur 
prend pour de tels organes chez les Pelargonium , les 
Roses, les Cyelamen, etc., n’est autre chose que le conen- 
chyme qui est la cause du velouté, de l’aspect mat des 
pétales; ce sont les papilles (nommées ainsi à cause de 
leur forme seulement), de simples cellules coniques sur 
lesquelles M. Link a depuis si long-temps attiré l'attention, 
qui existent tout aussi bien sur les corolles presqu’entière- 


: 


( 383 ) 

ment inodores du Galanthus nivalis que sur les beaux 
pétales veloutés et odorans des pensées et sur ceux plus 
lisses, mais aussi odoriférans de la rose. Comme M. Link 
l'a dit, si ces papilles ne se développent pas, l'aspect des 
fleurs est terne , sale, comme on le voit dans le plantain, 
ou produisent, en se développant, le velours si agréable 
descorolles (1). 

M. J. Muller , dans ses belles recherches sur la structure 
de glandes (2) chez les animaux, est arrivé à ce résultat, 
que ce sont les surfaces des membranes qui opérent la 
sécrétion , et que la structure si variée des glandes, quelle 
qu'elle soit , se réduit à une augmentation de ces mêmes 


surfaces sécrétoires. Les appareils chimiques des sécré- 


tions animales sont, dit-il, 1° des cellules : comme les cel- 
lules de la graisse, les vésicules de De Graaf dans l'ovaire; 
2° des membranes : comme les synoviales, les séreuses; 
3° des organes d’une structure particulière et plus com- 
pliquée, les glandes (3). Quelque multipliées que soient 
les formes , dit-il encore, dans la disposition des conduits 
des glandes , toujours ces dernières ont ceci de commun, 
qu’elles offrent une grande surface sécrétante dans l'inté- 
rieur de l’espace formé par les conduits repliés ou rami- 
fiés, et que cet espace interne réalise le même effet, mais 
seulement d’une manière plus compliquée que ce qui a 
lieu sur une membrane étendue; de sorte que la nature 
n'a eu pour but, en formant les organes glandulaires, que 
de produire une surface immense sous un pelit vo- 


(1) Link, £lementa Philosophiæ botanicæ, tom. 1, p. 26, 1837. 
(2) 3. Muller, De glandularum structura. 
(3) Muller, Physiologie, tom. 4, p. 409. 


( 384 ) 
lume (1). M. Burdach admet que l'existence d’une mem- 
brane muqueuse laissant un espace où se sépare un pro- 
duit transmissible au dehors par un canal, forme la 
condition des glandes (2). M. Meyen, dans son mémoire 
couronné par la Société royale des sciences de Gültin- 
gue (3), a mis ses nombreuses dissections des glandes des 
végétaux en rapport avec celles de M. Muller, et est arrivé 
à une conclusion équivalente à celle de ce dernier pour le 
règne végétal. Son Vouveau système de physiologie (4) 
est venu ensuite confirmer encore ses vues antérieures. Il 
paraît que ces grands travaux de l'Allemagne sont restés 
inconnus à l’auteur du mémoire. Selon M. Meyen , la sé- 
crétion, chez les plantes, s'opère par la membrane de 
quelques cellules. Les glandes végétales sont ainsi for- 
mées ou de cellules réunies, chose connue depuis long- 
temps, ou d’une seule cellule ; la sécrétion se fait tantôt à 
l'intérieur, tantôt à l'extérieur , et l'appareil lui-même est 
refoulé dans le tissu intérieur de la plante, ou bien il 
occupe sa surface cutanée. Il suit de là que toute cellule 
peut être une glande; mais, en bonne logique, il faut 
avant de donner ce nom à une vésicule de tissu cellulaire, 
prouver qu'elle sécrète ; la sécrétion, le fluide, la matière 
séparée doil pouvoir se constater, avant qu’on soit en droit 
de conclure que l’utricule est réellement une glande; c’est 
le seul critère admissible , précisément parce que la cellule 
et la glande se réduisent à une organisation identique, au 


(1) Muller, Physiologie, tom. I, p. 421. 

(2) Burdach, Physiologie (traduction française), tom. VII, p. 150. 
1837. 

(3) Meyen, Ueber die Secretions-Organe der Pflanzen (Berlin). 1837. 

(4) Meyen, Veues System der Pflansen- Physiologie (Berlin). 1838. 


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( 365 ) 

moins pour autant que nous pouvons en juger par nos 
moyens actuels d'investigation. Aussi, M. Mevyen ne s'est-il 
formé une juste idée de la structure glandulaire qu'après 
l'avoir étudiée sur près d’un millier de plantes ; son ou- 
rage contient les figures de 259 organisations différentes, 
et beaucoup de ses figures représentent quatre ou cinq 
espèces de glandes. Ces nombreuses observations lui ont 
permis d'établir une classification de glandes qui, dans 
l'état actuel de la science , répond aux besoius de la phy- 
siologie ; mais nulle part nous ne voyons chez lui le tissu 
conenchymateux placé parmi les surfaces glandulaires. 
En effet, il aurait dû trouver en dedans ou en dehors de 
ces cônes du velouté, un produit sécrété, et c'est ce que 
l'expérience ne confirme pas encore. 

Certes , quand on trouve dans une fleur une huile vola- 
tile séparée par des appareils glanduleux particuliers, on 
est en droit de regarder cette sécrétion comme la cause de 
l'odeur, mais quand de pareils organes ne se rencontrent 
pas, comme la chose arrive communément, on ne doit pas 
regarder tel tissu ou telle forme de tissu comme glandu- 
laire, plutôt que tel autre, quand on n’a pas pour cela de 
bonnes raisons. Or, l’auteur du mémoire n'apporte pour 
prouver que les cônes des pétales sont les organes du par- 
fum , d'autre motif qu’une simple asserlion. La lecture de 
la Physiologie de M. Meyen aurait pu lui faire éviter ce 
grave écueil , car le professeur de Berlin cite précisément 
la rose comme offrant celte particularité remarquable que, 
chez elle, beaucoup d'organes non odorans possèdent des 
glandes , et que ses pétales, siéges de son parfum, ne pré- 
sentent pas le moindre organe semblable. 

Et d’ailleurs, c'était ici le lieu de se demander ce que 
c'est que l'odeur, ce que c’est que le principe odorant ? 


( 386 ) 


On s'imagine presque toujours que les odeurs sont des 
émanations matérielles, substantielles, pondérables, mais, 
chose singulière! et M. Muller est le seul, à ce que je 
sache, qui ait émis cette idée dans sa Physiologie (1) : le 
seul réactif de l'odeur, c'est le nez. En effet, dans une 
foule de cas, tout autre moyen de saisir la substance, le 
principe odorant, nous échappe et le seul qui nous reste, 
ce sont les nerfs olfactifs. Quand l’odeur vient d’une éma- 
nation matérielle, il faut que sa substance soit soluble 
dans le mucus de la muqueuse de l'organe pour aller mo- 
difier les nerfs olfactifs, mais quand ce ne serait pas une 
matière , ces nerfs pourraient se modifier tout aussi bien 
que ceux de la gustation, qui transmettent la sensation 
d’un goût qui provient d'un fluide impondérable, comme 
le fluide électrique, le fluide magnétique. Rudolphi (2) 
avait déjà remarqué que puisqu'il y a tant de corps odo- 
rans et que tant d’odeurs semblables et identiques provien- 
nent d’un grand nombre d’ertre eux très-divers de nature, 


il n’y a pas de principe odorant absolu. Théophraste déjà ) 


voulait qu'il n’y eût point au monde de corps sans odeur. 
Walther (3) dit avec raison que puisqu'on ne peul pas sai- 
sir les effluves odorantes matérielles, partout où il y a 
odeur, on peut regarder celle-ci comme une modification 
d'un agent que nos sens aperçoivent, comme ils aper- 
çoivent la lumière ou le son qui ne sont pas des corps. La 
lumière, l'obscurité, le bruit, le silence, sont des états 
bien différens, de même que l'odeur et l’inodorité sont 


(1) Muller, Physiologie, 2e vol., 2e partie , p. 483 et suiv. 
(2) Rudolphi , Physiologie, 6 291. 
{3) Walther, Physiologie, 2 vol., 6 277, $ 579, 


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( 387 ) 
des conditions diverses qui ne doivent pas venir nécessai- 
rement de l'existence d’une swbstanec odorante : l'élec- 
tricité qui se répand dans le vide de nos machines pneu- 
matiques n’a-t-elle pas une forte odeur phosphorique ? 

L’académie , qui avait demandé d'exposer la théorie de 
la formation des odeurs chez les fleurs, voulait surtout 
provoquer cette discussion : toutes les odeurs des fleurs 
sont-elles dues à des émanations matérielles ? N'y a-t-il pas 
des odeurs physiologiques , des odeurs fonctionnelles, 
comme le veut M. Decandolle (1)? L’arome est-il partout 
saisissable autrement que par l'organe olfactif? — Alors, 
on aurait reculé les limites de la science, en établissant où 
commence et où finil l'opération glandulaire; on aurait 
su classer les fleurs sous le rapport de l'existence et de la 
non-existence de glandes visibles, et alors aussi, dans celles 
privées de glandes, on aurait recherché par des perquisi- 
tions ultérieures d'où venait le parfum. L'académie avait 
ainsi en vue de compléter les découvertes de M. Meyen sur 
les sécrétions. L'auteur n’a pas saisi celte occasion pour 
perfectionner la science. 

D'ailleurs, l'académie avait exigé qu'on exposàt la struc- 
ture anatomique des organes où se forment les odeurs , ce 
qui s'applique non-seulement aux glandes odorantes, mais 
aux sépales, aux pétales, aux nectaires, aux étamines et 
aux pistils non glanduliféres mais odorans ; elle exigeait 
une réponse qui fût au moins à la hauteur du travail de 
M. Meyen). 

Relativement à la théorie chimique de Ja formation des 
odeurs , l’auteur n’expose que celles de Fourcroÿ et de 


(1) Decandolle, Physiologie, 2e vol., p.934, 


( 388 ) 
Couerbe; de Fourcroy, qui donne pour composition aux 
huiles volatiles l'hydrogène et le carbone, et celui-ci en 
proportion plus grande que celle qui se trouve dans l'hydro- 
gène percarboné ; de Couerbe, qui regarde l’arome comme 
provenant d'un principe acide. 

(L'auteur se trompe étrangement, selon nous, en 
croyant que la théorie chimique ne soit pas destinée à 
éclairer vivement celte partie de la physiologie végétale, 
C'est toul le contraire. L'observation de Recluz (1), connue 
de l’auteur et citée par lui dans sa seconde partie, qu’on peut 
à volonté rendre odorantes ou inodores les fleurs du Caealia 
septentrionalis, en inlerceptant ou non les rayons solaires, 
prouve déjà que l'émission de l'odeur est un phénomène 
chimique en relation avec celui de la respiration végétale. 
Pourquoi ne pas discuter ici les systèmes de Hermbstädt (2), 
d'Ingenhouss (3), de Sennebier, qui a fait de si jolies ex- 
périences sur la conductibilité de l’eau pour l’arome des 
fleurs seulement (4); de Sprengel (5), qui prenait l’'hydro- 
gène pour base de toutes les odeurs; de Hales, qui dit 
avoir fait émettre l'odeur de musc aux feuilles et aux ra- 
meaux des arbres fruitiers, et jamais aux fleurs et aux 
fruits, en mettant du muse aux racines de ces arbres; de 
Raspail, qui pense que toutes les odeurs sont une combi- 
naison d’ammoniaque et d’un acide volatil ou d’une huile 
volatile, et quelquefois des trois corps à la fois (6), etc. Si 


(1) Recluz, Journal de Pharmacie , 1827, p. 216, 

(2) Hermbstadt , Experimental Pharmacie, vol. 1 , $ 106, 6 132. 
(3) Ingenhouss , Versuche an ang. Ort., vol. 1, ( 191, 

(4) Sennebier, Physiologie, tom. V, p. 37. 

(5) Sprengel, Ueber den Bau der Pflansen , p. 355. 

(6) Raspail, Chimie organique , 1re édition, 1833 , p. 480, 


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( 389 ) 

l’auteur n'avait pas envoyé son travail six mois avant le 
terme fatal, il aurait pu discuter encore les curieuses ex- 
périences cilées dans la nouvelle édition de la Chimie 
organique de M. Raspail (1). Il aurait dû parler des sys- 
tèmes de MM. Robiquet et Buchner, et surtout des ingé- 
nieuses théories de M. Raffinesque, qui a reconnu jusqu'a 
130 espèces d'odeurs chez les plantes; il aurait dû surtout 
saisir celle occasion pour examiner les belles et intéres- 
santes recherches de MM. Schübler et Kühler de Tubingue, 
sur la liaison des odeurs avec les couleurs des fleurs, et il 
aurait dû tenter au moins la solution de ce singulier pro- 
blème , pourquoi parmi les fleurs colorées, les rouges sont 
le plus souvent odorantes et les bleues le plus rarement ? 
pourquoi les fleurs blanches ont les odeurs les plus agréa- 
bles et les violeltes, en général, les plus désagréables? 
Tous ces travaux anciens et modernes avaient donné à la 
question des odeurs un intérêt bien vif, un charme de 
pouveaulé qu'on aime à augmenter encore par des recher- 
ches ultérieures, mais tous ces travaux ou sont restés in- 
connus à l’auteur, ou sont devenus pour lui lettre morte). 

L'académie avait demandé d'établir le mode d'exhala- 
tion des odeurs. L'auteur le trouve dans une simple éva- 
poration par les pores organiques et inorganiques, qui 


se fait à la cuticule intérieure (supérieure) des organes 
floraux. Il a couvert de cire celle surface, et l'odeur s’est 


afflaiblie; en cirant la cuticule extérieure (inférieure), l'o- 
deur est restée la même. La turgescence favorise l’émana- 
tion, Il signale quelques fleurs, où l'odeur, lorsqu'elles 


sont sèches, diffère de celle qu’elles exhalaient à l'état de 
fraicheur (Mélilot, Tilleul, Sureau, etc.). 


(1) Raspail, Chimie organique , 2 édit., 1838 , tom. XI, p. 520. 
Tow. vr. 27 


( 390 ) 

(Les expériences faites par l’auteur ne sont pas en rap- 
port avec les conclusions qu'il en tire. Ses porés organi- 
ques ne peuvent être que les stomates; or, qu'il veuille 
bien se rappeler que les stomates existent de préférence 
sur le derme inférieur ou extérieur des pétales, quand 
ceux-ci en sont pourvus (/oya carnosa , etc .) I le dit lui- 
même dans la seconde partie. Ces stomales ne serviraïent 
donc pas à l’exhalation odorante, mais à l'exhalation 
aqueuse. Pour rester fidèle à ses idées sur la nature glan- 
duleuse du conenchyme des pétales, il aurait dû conclure 
de ses expériences que c’est là l'organe de l'émission. 

Je ne suis pas non plus d'accord avec lui sur ce qu'il 
dit relativement à la turgescence. À coup sûr, il y aides 
exceplions à cette règle, si c'est une règle. Il y a des 
plantes qui, fraiches, n’ont pas d’odeur, et qui sèches, en 
acquiérent. Le Trigonella fœnum græcum en est un 
exemple, je lai observé aussi sur le Zeptotes bicolor,elc.) 

Pourquoi la nature a-t-elle donné des odeurs aux fleurs ? 
— Peut-être, dit l’auteur, parce qu’elles sont destinées à 
devenir ainsi une source de voluplés pour: l'homme — 
parce qu’elles lui annoncent ainsi leurs propriétés médi- 
cales — parce qu’elles avertissent les animaux et: surtout 
les insectes de leur existence — parce qu’elles leur ouvrent 
leur sein rempli de nectar. Mais la nature qui a plus d’un 
bat, a sans doule créé aussi les odeurs pour les faire servir 
directement aux fonctions des organes sexuels. La corolle, 
organe odoriférant par excellence , entoure immédiatement 
ces organes ; l’auteur croit que le suc préparé par les 


pétales, ou la séve générale modifiée par eux, devient la À 


nourriture des organes sexuels. Il s'appuie sur l'expérience 
connue de Mustel, qui fit mourir ces organes sexuels en 
enlevant les pétales. 


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(En laissant de côlé l'appréciation des causes finales ,M 


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( 391 ) 

sujet toujours plus ou moins poétique, et qui n'aurait d'u- 
tilité réelle pour la science qu’à la condition d’être discuté 
après la citation d’un grand nombre d'exemples, nous de- 
vons regretler que l’auteur, sur une simple assertion de 
Mustel, ait basé toute une théorie de fonctions. J'ai en- 
levé bien souvent des corolles sur certaines fleurs, sans 
déranger le moins du monde les fonclions reproductives; 
toute la famille des Orchidées se prêle à ces mutilalions 
sans aucun dommage.) 

Fidèle aux idées de Fourcroy, l’auteur voit dans l’'éma- 
nation de l'odeur sous forme d'huile essentielle, le rejet 
hors de l'appareil floral d'une quantité notable d’hydro- 
gène et de carbone, de sorle que le suc nutritif (selon lui) 
des organes sexuels serait caraclérisé par un excès d’oxy- 
gène: De là viendrait l'oxygène du pollen (Macaire), l'oxy- 
gène de la chromule des fleurs (Decandolle) et, dit-il, le 
sucre du neclar. 

(Quant au nectar, il y a erreur, puisque le sucre est 
une substance éminemment hydrocarhonée. Mais, si l’au- 
teur admet que les pétales préparent au profit des appa- 
reils sexuels une nourriture oxygénée, il n'arrive pas à 
cette théorie par voie d’expérience; son premier devoir 
était de prouver : 1° que les odeurs sont toutes formées 
d'hydrogène et de carbone; 2° que l'oxygène reste en 
excés dans la séve des pétales ; 3° que la séve oxygénée 
des pétales sert aux élamines et aux pislils. Aucune de 
ces trois conditions n’est remplie; c’est donc une hypothèse 


« etrrien de plus. Les expériences de Raspail et de Dunal, 


. sur la formation du sucre dans les fleurs, par une modi- 


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ficalion de la fécule provoquée par l'acide carbonique, 
et sur la formation du nectar, considéré ici comme une 
espèce d'urine dont la plante se débarrasse pour éviter 


(59% ) 

dans ces appareils un excès de carbone, ont été infini- 
ment plus profitables à la science, parce qu'elles n’assurent 
aucun fait au dela de l’expérimentalion. En poursuivant 
la théorie de M. Raspail, on pourrait tont aussi bien dire 
que les pétales ont de l'odeur, pour débarrasser la fleur 
de son excés de carbone, et que ces organes, qui se modi- 
fient si souvent en nectaires, opèrent la même fonction 
soit en sécrétant des liquides sucrés , soit en émettant des 
aromes. La corolle serait alors un appareil analogue aux 
reins, et les nectaires des espèces de vessies urinaires.) 

Les émanalions odorantes exerceraient, en outre, un 
cffet physique sur les organes génilaux, en diminuant la 
tension des vapeurs aqueuses si nuisibles au pollen dont 
elles provoquent l'explosion , et qu’elles frappent de stéri- 
lité. L'auteur, pour élayer cetle opinion, cile une expé- 
rience curieuse qui consiste à déposer sur un verre plan, 
mouillé par une couche mince d’eau, de pelits morceaux 
de camphre ou des gouttelettes d'huile volatile. Un in- 
stant après le contact, on voit aulour de ces corps des 
espaces parfaitement secs, parce que l'effluve odorante 
chasse l'humidité. Les fleurs odorantes sont donc entou- 
rées d’une atmosphère d’odeur qui, par sa propre tension, 
éloigne la vapeur aqueuse de l'air et protége contre l’hu- 
midité les organes de la reproduction. 

(J'ai répété celte expérience : un morceau cubique de 
camphre de deux millimètres de côté, a desséché en cinq 
secondes une aire circulaire de deux centimèlres de dia- 
mèlre, mais, j'ai remarqué aussi qu'il faut que le cam- 
phre soit bien sec pour opérer cet effet. Cependant , je 
n'oserais conclure de ces expériences que les odeurs des 


fleurs ont pour but de dessécher l’air dans lequel elles se | 
trouvent. Le camphre est un des aromes les plus intenses, 


( 393 ) 


et cependant son eflet n’esl pas si énergique pour opérer 
le desséchement qu’on pourrait s’y attendre. Le faible 
parfam d'un grand nombre de fleurs opérerait un effet si 
petit, qu'il serait nul pour protéger les organes de la fé- 
condation. Toutefois cette vue de l’auteur est intéressante ; 
elle est, je crois, neuve en physiologie. et elle mériterait 
d'être poursuivie avec attention.) 

L'auteur trouve, en suivant ses idées sur la protection 
qu'offrent les odeurs contre une humidité malfaisante , que 
les fleurs où les organes protecteurs sont les plus exposés 
aux agens du dehors, sont celles précisément qui jouis- 
sent d’une odeur ( Jasmin, OEillet, Eugenie, etc.) ; que 
les fleurs deviennent odorantes le malin, le soir, la nuit, 
aux heures humides ; que les fleurs naturellement proté- 
gées contre les vapeurs , comme les Campanules, la Diqi- 
tale ,Y Aconit,les Antirrhinum ,etc., sont peu odorantes ; 
les fleurs dormantes, ou celles qui changent leur position 
la nuit pour se prémunir contre l'humidité, sont égale- 
ment inodores; enfin les fleurs nocturnes sont toutes odo- 
riférantes , parce que, la nuit , elles ont besoin des odeurs 
pour lutter contre les vapeurs; il cite le VNymphæa comme 
une exception aux fleurs qui entrent dans l’Æorloge de 
Flore de Linné , fleurs que l’auteur du mémoire dit être 
toutes dépourvues de parfum. 

(Ces considérations sont fort ingénieuses ; et nous regret- 
tons que le reste du mémoire ne porte pas le même cachet 
d'originalité et d’aperçus utiles. Si l’auteur entre encore eu 
lice, nous lui conseillons d'étendre ces rapprochemens 


- curieux , de les prouver par plus de faits, par plus de dé- 


tails, car ils le méritent en tout point. La physiologie ne 
saurait que gagner à voir s’accumuler les raisons pour éta- 
blir ces vues, qui prouveraient davantage en faveur des 


( 394 ) 

causes finales que l’allégation citée par l'auteur quelques 
lignes plus haut , que les parfums ont été créés pour nous 
plonger dans l’ivresse de la volupté. La poésie orientale 
seule adopterait sans réserve une pensée si conforme aux 
mœurs de l'Orient. Pourquoi l’auteur n’examine-t-il pas 
la thèse de Jean-Jacques : que l’odorat est l'organe sensitif 
de l'imagination). (Émile , tom. Ier, p. 367). 

Tel est le résumé de la première partie du mémoire. 

Dans la seconde, l’auteur se propose d'examiner les 
odeurs séparément. À cet effet , il a besoin de les classer. 
Il ne cite comme l'ayant précédé dans ces investigations, 
que Linné et Fourcroy, mais il est d'avis que puisque l'aca- 
démie n’a pas exigé une classification, il doit se mettre 
peu en peine d’en faire une parfaite; car, dit-il, la variété 
des odeurs est telle que jamais on ne les réduira en classes 
précises. 

(S'il fallait abandonner les classifications par la raison 
qu'on ne peut leur donner la perfection, toutes les mé- 
thodes seraient inutiles. Une classification n'est pas par- 
faite, soit; mais elle est perfectible : elle subit la condition 
de toutes les œuvres humaines. Outre les classifications de 
Linné et de Fourcroy, nous aurions voulu voir citer celles 
de De Saussure, de M. Desvaux, de M. Mirbel, de M. Decan- 
dolle, et surtout celle de M. Rafinesque. Ces classifications 
reposant les unes sur l'appréciation de nos sens, les au- 
tres sur les propriétés et les fonctions des plantes; celles-ci 
sur des caracteres chimiques, celles-là sur l'affectivité 


de notre âme, c'était le lieu de discuter la valeur de ces. 
considérations ; et puisque l’auteur va quelques pages plus « 
loin nous présenter une classification partielle, mais nou= 
velle , d’heureux aperçus auraient pu naître de la compa= « 


raison de sa méthode avec celles de ses prédécesseurs). 


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LOC 


( 395 


À l’anthèse, le parfum commence; il augmente pendant 
l'épanouissement et finit après la floraison (nous avons 
déja combattu cette dernière assertion , en tant qu’elle 
est trop générale). Les fleurs qui, comme celles de l’4s- 
perula odorata, sont odoriférantes à la fin de leur vie, 
ne le deviennent que par un commencement de décompo- 
sition, et non par une propriété vitale. Il y a des fleurs qui, 
froïssées, exhalent une autre odeur que lorsqu'on les 
flaire entières (Ællium moschatum, Sambucus ebulus, 
Lantana violacea , etc.), c'est qu'alors la séve elle-même, 
mise à nu par le froissement, est odorante. 

(C'est précisément la théorie , appuyée sur des faits et 
des expériences, de ces odeurs qui se développent aux dif- 
férens âges des fleurs que l'académie aurait désiré voir 
exposer. Que se passe-t-il dans cette prétendue décompo- 
silion pour que l'odeur se développe ? IL y a des fruits 
chez lesquels l'albumine végétale abonde, quand ils sont 
veris et sans arome , et chez qui l’albumine disparaît et 
l'acide benzoïque se forme, à l’époque de la maturation 
quand le parfum se dégage. Ce sont des faits analogues 
que Ja compagnie aurait voulu voir bien étudiés chez les 
fleurs. Alors seulement la théorie des odeurs sera quelque 
peu satisfaisante). 

S'il y a des fleurs odorantes le soir, la nuit et le matin, 
auteur attribue cet effet à l’action combinée de la lu- 
mière et de la chaleur qui dispersent le principe odorant 
pendant le jour. 

(Il énonce ce fait curieux, en quelques lignes, et dé- 
clare que des fleurs qui deviennent odorantes la nuit, le 
deviennent aussi le jour, lorsqu'on les met dans un en: 
droit frais et obscur, et ce qui fait supposer ici quelque 
dapsus calumi, c'est qu'il cite plus loin ses propres ex- 


( 396 ) 


périences pour prouver le contraire. La Physiologie de 
M. Decandolle, qui est entre les mains de tout le monde, en 
avait beaucoup plus appris à cet égard; elle parle des 
mêmes raisons, mais M. Decandolle avait pressenti qu'il y 
avait quelque rapport entre les parfums nocturnes et les 
couleurs sombres, puisque les fleurs odorantes la nuit 
portent le nom de tristes (Hesperis tristis, Gladiolus 
tristis, Pelargonium triste, elc.). & Il y a ici quelque 
chose de lié à la vie végélale, mais qui nous est mal 
connu » disait le célèbre professeur de Genève (PAysiolo- 
gie, tom. IL, p. 934). C'est pourquoi l'académie avait dé- 
siré qu'on fit des recherches pour éclaircir ces doutes. Des 
expériences précises, multipliées, variées, devenaient ici 
nécessaires). 

Enfin l’auteur arrive à la questions des odeurs intermit- 
tentes. Il remarque queles fleurs qui nous offrent ce phéno- 
mène ou bien s'ouvrent et se ferment alternativement à des 
heures déterminées, ou bien, restant toujours épanouies, 
leur parfum seul est intermittent. [l'en fait deux classes. 
Dans la première, la questionde l'émission intermittentedes 
odeurs revient, selon lui, à rechercher la cause de l’épa- 
nouissement et de l'occelusion de la fleur, dans la seconde, 
une condition physiologique spéciale préside au phéno- 
mène. 

Poursuivons son exposé. 

La première classe a deux sections, 

Dans la première , les fleurs sont fermées le jour, ou- 
vertes et odorantes la nuil. 

Dans la seconde, les fleurs sont fermées la nuit, ou- 
vertes et odorantes le jour. 

Parmi les premières, figurent les Mirabilis jalappa ; 
M. dichotoma ; M. longiflora ; Datura ceratocaula , 


( 397 ) 
Nyctantes arbor tristis ; Cereus grandiflorus; C. ser- 
pentinus : Mesembryanthemum noctiflorum ; Silene noc- 
tiflora ; S. patula ; S. paradoxza; S. V'allesi. 

Dans la seconde section, où les fleurs sont fermées la 
nuit, ouvertes et odorantes le jour, l’auteur cite les Con- 
voloulus arvensis, Cucurbita pepo, les Nymphæa alba 
et cœrulea. 

(Quoique l’auteur oublie ici les Ænotheres, le Comme- 
lina cœlestis , etc., il répèle les observations connues sur 
les plantes citées. Il n’a fait de recherches qne sur le Ai- 
rabilis jalappa et ses congénères. Sur la première il à, 
pendant l'épanouissement de la fleur, introduit un cornet 
de papier, de manière à l'empêcher de se refermer le 
malin. Alors, le jour suivant, elle était encore odorante, 
et aussitôt le cornet enlevé, la fleur s’est soudainement 
refermée. Comme il attribue l’émanation odorante à l'é- 
panouissement nocturne , il recherche la cause de celui-ci 
dans le jeu des nervures de la corolle des Mirabilis ; 11 a 
vu, dit-il, la nuit, les nervures de la corolle du Mirabilis 
longiflora, aprèsles avoir excilées avecune aiguille, se con- 
tracter et se courber en dedans. Une lampe éclairant la 
fleur, la contraction n'avait plus lieu. S'il n’y a pas ici 
quelque illusion, le fait est des plus précieux pour la 
physiologie. 


Ces expériences le conduisent à examiner le nouveau 
système de M. Dutrochet, qui plaçait d’abord la motilité 
des plantes dans ur prétendu système nerveux, pour l’at- 
tribuer plus tard à l’endosmose, et qui, aujourd'hui ne 
reconnaît à celte aclion que la moilié de son pouvoir, 
l'autre moilié élant devenue le partage de l’oxygénation, 
Le tissu incurvable est pour lui le pleurenchyme des ana- 
tomistes Allemands, le tissu fibreux des Français; l'en- 
dosmose rend les cellules extérieures lurgescentes et la 


… 


( 398 ) 

fleur s'ouvre; l’oxygénation du pleurenchyme, provenant 
de l’accès de l'oxygène dans les trachées et les cellules 
du derme supérieur, fait courber en spirale ses fibres, 
et la fleur se ferme. La nuit, l'atmosphère plus humide 
permel aux cellules de se remplir de liquide intracellu- 
laire, et l'épanouissement s'opère ; le jour, la lumière et 
la chaleur augmentent la respiration et la transpiralion, 
la respiration appelle la séve et la transpiration la fait 
perdre. Si l’une de ces deux actions l'emporte sur l’autre, 
les cellules se remplissent ou se vident ; la turgescence ou 
la flaccidité en sont les résultats; c’est donc d'après la struc- 
ture des parties que les fleurs s'ouvriraient ou se ferme- 
raient la nuit. Mais puisque la structure est la mêrne dans 
une foule de fleurs où ces phénomènes ne se reproduisent 
pas, les idées de M. Dutrochet ne sont, aux yeux de l'au- 
teur, qu’une simple hypothèse, aussi long-temps qu'on 
ne la rend pas plus probable par de nouvelles recherches ; 
c'est là ce qu’il se propose. 

Les corolles des Mirabilis, du Datura ceratocaula , 
probablement les pétales externes du Mesembryanthe- 
mum noctiflorum , les sépales des Cereus grandiflorus et 
serpentinus sont, d'après ses recherches, pourvus de slo- 
mates à leur derme externe ou inférieur (ces fleurs s’ou- 
vrent la nuil); ces organes ne se rencontrent ni chez les 
Convolvulus, ni chez les Cucurbita, ni chez les Nymphæa 
(ces fleurs s'ouvrent le jour). Les stomates s'ouvrent le jour, 
se ferment la nuit; ils servent à l'évaporation, à la transpi- 
ralion. Il suit de là que chez les fleurs qui en sont pourvues, 
la turgescence du tissu cellulaire ne peut avoir lieu pen- 
dant le jour, mais seulement pendant la nuit où elles ne 
perdent pas la séve qu’elles reçoivent ; leur épanouissement 
est alors le résultat non de la tumescence isolée des cel- 


cotées tt. Condo: spi" “hs ts 


( 399 ) 
lules des fibres, mais de celle de toute la corolle. Chez les 
fleurs sans stomates, il est clair que le soleil produit l’an- 
thèse, puisque la chaleur et la lumière appellent une séve 
que l'évaporation ne diminue presque pas. 

Dans les Cereus le calice serait doné l’organe actif de la 
déhiscence. Dans les Mésembryanthèmées où l'anthèse est 
diurne ou nocturne, les pointes du calice (divisions), eou- 
pées, les pélales ne se meuvent plus; la fleur reste fermée, 
si l'opéralion a été faite lorsqu'elle se trouvait dans cet 
état ; elle resle ouverte sous les condilions contraires. 

(On ne peut nier que ces réflexions et ces expériences ne 
soient très-dignes d’éloge, mais l’auteur devrait prouver, 
pour nous convaincre, qu’en effet l’action des stomatcs 
perverlie, le sommeil et le réveil des fleurs le seraient 
aussi. Il faudrait couvrir d’une mince couche de cire les 
fleurs nocturnes non ouvertes, voir si elles s’ouvriraient 
la nuit et rechercher si une obscurité factice n'opérerait 
pas le même phénomène pendant les heures du jour. Puis- 
que l’auteur avait élé assez heureux pour arriver à décou- 
vrir un organe qui appartient aux fleurs nocturnes et dont 
les diurnes sont privées selon lui, toute l'attention devait se 
porter sur cet organe et des expériences directes devenaient 
nécessaires. Je dois cependant faire observer que les slo- 
males existent chez les fleurs qui sont ouvertes indifférem- 
ment le jour ou la nuit. M. Link en a observé chez Îles 
Stapelia (1), Rudolphi en a signalé chez les Dictamnus 
albus, Passiflora serratiflolia, Epilobium angustifo- 
lium (2), et j'ai sous les yeux un Æoya carnosa, où leur 


“», 


(1) Link, £lementa philosophie botanicæ , 1re édition , pag. 22, 
(2) Rudolphi, Anatomie der Pflanzen. 


( 400 } 


nombre est assez grand à la surface inférieure (extérieure). 
Cette existence infirme, à mes yeux , la valeur du système 
de l’auteur. En outre, je n'ai pas trouvé de stomates aux 
sépales jaunes du Cereus grandiflorus (1). 

Quant à ce que l’auteur dit des Mésembryanthèmes 
qui ne mettraient plus leurs fleurs en mouvement après 
l’ablation des divisions du calice, je dois déclarer que je 
viens de répéter ces expériences sur le Mesembryanthe- 
mum striatum etautres, mais je n’ai rien obtenu de sembla- 
ble. Les corolles se sont fermées ou ouvertes , le calice ayant 
eu ses divisions coupées jusqu'à la base. Si l'ablation se 
faisait le matin , la fleur s’ouvrait néanmoins vers one 
heures; si elle se faisait le midi, la fleur ne se fermait pas 
moins dans l'après-midi. Je n'ai pas remarqué que ces mu- 
tilations opérassent le moindre effet ; je restreins toujours 
ces objections aux seules espèces que j'aiobservées jusqu'ici. 

La seconde classe de l’auteur est celle des fleurs toujours 
épanouies, mais à émissions d’odeur intermittentes. Elle 
a aussi deux sections : dans l'une les fleurs toujours ou- 
verles ne sont odorantes que le jour , dans l’autre cet effet 
a lieu la nuit. 

L'auteur fait observer que parmi les fleurs que con- 
tient la première section, il en est comme le Cestrum diur- 
num où l'odeur est seulement plus faible la nuit. Le Coro- 
nilla glauca ne seraïil odorant que le jour, et le Cacaliu 
septentrionalis perd son parfum si on le couvre d’un pa- 
rasol. L'auteur n’a pas eu l’occasion d'observer ces deux 
dernières plantes, mais il attribue cet effet à ce que la 


(1) Morren, Observations sur l’anatomie et la physiologie de La fleur 
du CEREUS GRAXDIFLORUS , pag. 5. 


| 
| 


AP PO PET 


( 401 ) 
sécrélion aromalique est trop faible sans l'influence du 
soleil, pour qu’elle devienne sensible. (Il ne manque à 
celle explicalion que des preuves.) 

La seconde seclion , celle qui traite des fleurs toujours 
ouvertes et seulement odorantes la nuit, offre des détails 
sur le Pelargonium triste, le Cestrum nocturnum , 
l'Hesperis tristis et le Gladiolus tristis. L'odeur chez le 
premier commence vers 5 heures de l'après-midi et aug- 
menle vers la nuit, jusqu'à ce que vers 5 heures du matin, 
elle diminue, pour s’évanouir à 7. Les pétales odorans ont 
leur surface supérieure d’un jaune verdâtre, tachetée de 
macules pourpres et obscures. Le soir, celte surface offre 
des corpuscules brillans qui n'existent pas le jour : ce sont 
des cellules remplies de suc; il y a des stomates. Le limbe 
de la corolle du Cestrum nocturnum est aussi d’un vert 
jaunâtre , le tube est vert et il offre des stomates; le soir, 
les cellules sont turgescentes. Des faits analogues s’obser- 
vent chez l'Æesperis et le Gladiolus. L'auteur a fait des 
expériences sur les deux premières plantes. Un Pelargo- 
nium triste, placé pendant tout un jour dans un endroit 
trés- obscur, n'a pas donné d’odeur pendant ce temps, 
mais le soir, plus tard qu'à l'ordinaire, l'odeur s’est ex- 

 halée, mais plus faible. Soupçonnant que l'humidité du 
soir pouvait produire un effet, l'auteur tint, pendant le 
jour, une plante dans une atmosphère fort humide, mais 
aucun parfum ne se répandit. Enfin un Pelargonium sem- 
blable , tenu pendant presque tout un jour sous le soleil, 
exhala le soir un arome extraordinaire. Un Cestrum noc- 
turnum , placé le jour dans l'obscurité et sous l'influence 
d'une atmosphère humide, répandit une faible odeur, 
mais bien inférieure à celle qui s’en exhale la nuit. L'au- 
leur conclut de ces expériences que la lumière du jour 


( 408 ) 

préside à l'élaboration du parfum de la nuit ; la présence 
des stomales chez ces fleurs et leurs cellules turgescentes 
semblent le prouver. Le jour, les stomates ouverts ne per- 
mettraient pas la turgescence qui, ne se faisant que la 
nuit, serait nécessaire à la sécrétion des matières odoran- 
tes, car les cellules, remplies alors de suc, émettent des 
substances aromatiques peu à peu hépitéés le jour. 

(Nous félicitons l’auteur de ces recherches, mais n’au- 
rait-il pas été nécessaire de prouver, en détruisant l’action 
évaporante des stomales, que ces organes opèrent quelque 
effet sur la préparation des odeurs? L'absence de la lu- 
mière , le premiér jour, ne prouve pas que l'obscurité ar- 
tificielle ne puisse produire une émission odorante, car 
M. Decandolle a trouvé aussi que ce n’est qu'à la longue 
que ses sensilives s'élaient accoutumées à celte influence 
hors des heures habituelles.) 


Le mémoire dont nous venons de donner un aperçu et 
dont nous avons examiné chaque asserlion séparément , en 
faisant suivre cet examen de nos observalions et de celles 
puisées dans les documens que possède actuellement la 
science, ce mémoire nous a paru trop au-dessous des con- 
naissances nouvelles que nous devons aux travaux des Mal- 
ler, Meyen, Link, Decandolle, Sprengel, Schübler, Ras- 
pail, Rafinesque, etc., pour être digne des médailles d’or que 
l'académie ne peut décerner qu’à des réponses auxquelles 
on a peu de chose à reprocher. La question est vase, elle 
est difficile, nous le savons ; mais hâtons-nous de le décla- 
rer, si l’auteur avait connu les travaux étrangers , s'il avait 
donné des analomies détaillées, précises , telles que nous 
pouvons en demander après les beaux mémoires deM. Meÿen, 
sans être taxés d'exigence, s'il n'avait avancé de théories 


( 403 ) 


qu'après les avoir basées sur des faits, sur des expérien- 
ces, alors il aurait rempli le vœu de l'académie; la phy- 
siologie des parfums, celte lacune dans la science, aurait 
enfin été connue. Mais, disons-le lui, l’auteur est en bon 
chemin , son travail ne demande qu'à être perfectionné , et 
nous concluons à ce que l'académie lui décerne la mé- 
daille d'argent, en remellant la question au concours de 
1840. Nous avons à ce dessein, extrait du mémoire ce 
qu'il contient d'intéressant, et par la publicalion de ce 
rapport , nous meltons les nouveaux concurrens qui vou- 
draient répondre à l'appel, sur la même ligne que l’auteur 
de la réponse jugée. La justice l’exigeait. D'un autre côté, 
en signalant à l'attention des concurrens les principaux 
travaux à consulter, leur tâche est rendue moins difficile, 
et les désirs de la compagnie sont mieux connus et plus 
précisés. 


L'académie propose, pour le concours de 1840, les 
questions suivantes : 


CLASSE DES LETTRES. 


PREMIÈRE QUESTION. 


"Quels furent les changemens apportés par le prince Maxi- 
milien-Henri de Bavière (en 1684) à l'ancienne constitution 
liégeose ; et quels furent les résultats de ces changemens sur l'état 
social du pays de Liège, jusqu'à l’époque de sa réunion à la 
France ? 


L'académie désire que cet exposé soit précédé, par forme 
d'introduction, d'un tableau succinct, historique et criti- 


( 404 ) 
que de l’ancien gouvernement liégeois, sans toutefois que 


l'auteur soit tenu de remonter au dela du règne d'Albert 
de Cuick. j 


DEUXIÈME QUESTION. 


Quelles ont été, jusqu’à la fin du règne de Charles-Quint, 
les relations politiques, commerciales et litléraires des Belges 
avec les peuples habitant les bords de la Mer Baltique ? 


TROISIÈME QUESTION. 


Quel a été l’état de la population, des fabriques, des manu- 
factures et du commerce dans les provinces des Pays-Bas, depuis 
Albert et Isabelle jusqu'à la Jin du siècle dernier ? 


QUATRIÈME QUESTION. 


Vers quel temps l’architecture ogivale, appelée improprement 
gothique, a-t-elle fait son apparition en Belgique? quel caractère 
spécial cette architecture y a-t-elle pris aux différentes époques? 
quels sont les artistes les plus célèbres qui l'ont employée, les 
monumens les plus remarquables qu'ils ont élevés ? 


CINQUIÈME QUESTION. 


Les anciens Pays-Bas Autrichiens ont produit des juris- 
consulles distingués qui ont publié des traités sur l’ancien 
droit belgique, mais qui sont, pour la plupart, peu connus 
ou négligés. Ces traités sont non-seulement précieux pour 
l'histoire de l’ancienne législation nationale, mais con- 
tiennent encore des nolions intéressantes sur notre ancien 
droit politique; et, sous ce double rapport, le juriscon- 
sulte et le publiciste y trouveront des documens utiles à 
l'histoire nalionale. 


L'académie demande donc qu'on lui présente une analyse 
raisonnée et substantielle, par ordre chronologique et de matières, 


PT EE 


RTS RS 


( 405 ) 
de ce que ces divers ouvrages renferment de plus remarquable 
pour lancien droit civil et politique de la Belgique. 


CLASSE DES SCIENCES. 
PREMIÈRE QUESTION. 


Un mémoire sur lanalyse algébrique, dont le sujet est laissé 
au choix des concurrens. 


DEUXIÈME QUESTION. 


Déterminer par des expériences si les poisons métalliques, tels 
que l’arsenic blanc (acide arsénieux), enfouis dans un terrain 
cultivé, pénètrent également dans toutes les parties des végétaux 
qui y croissent, et entre autres dans les graines des céréales, et 
s’il y a, d’après cela, du danger pour la santé publique de ré- 
pandre de l’acide arsénieux et d’autres poisons analogues dans 
les champs , pour détruire les animaux nuisibles. 


TROISIÈME QUESTION. 


Rechercher et discuter les moyens de soustraire les travaux 
d'exploitation des mines de houille aux chances d’explosion. 


Les concurrens rechercheront en outre un moyen sûr 
et d’une application facile de pénétrer au loin, de séjour- 
ner, de s’éclairer, et d'agir librement dans les galeries 
souterraines envahies par un air vicié. 


QUATRIÈME QUESTION. 


Faire la description des coquilles et des polypiers fossiles des 
terrains crétacé et tertiaire de la Belgique, et donner l'indication 
précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels ils 
se trouvent. 


La synonymie des espèces déjà connues devra êlre soi- 
Tom. vr. 28 


( 406 ) 


gneusement établie ; et la description des nouvelles espèces 
accompagnée de figures. 


CINQUIÈME QUESTION. 
Ezxposer la théorie de la formation des odeurs dans les fleurs. 


L'auteur déterminera les organes où se forment les 
odeurs des fleurs ; il exposera la structure anatomique et 
les fonctions physiologiques de ces organes. Il examinera 
le mode d’exhalation et spécialement à quoi on doit attri- 
buer que plusieurs fleurs sont odoriférantes à certaines 
heures de la journée et inodores pendant d'autres. Les 
observations devront, autant que possible, se rapporter à 
des plantes de familles différentes. (Le mémoire devra être 
accompagué de planches.) 


“ 


SIXIÈME QUESTION. 


Donner l’organogénésie des épiphyses dans les mammifères, 
les oiseaux et les reptiles ; déterminer l'âge où elles se soudent et 
leur structure. 


L'auteur prendra , autant que possible, des exemples 
dans les différens ordres de ces classes, et accompagnera 
le mémoire de planches. 


SEPTIÈME QUESTION. 


Les Céphalopodes présentent à l'intérieur un système de ca- 
nauz qui paraissent ressembler aux vaisseaux lymphatiques. 
L’académie désire que l’on détermine de quelle nature sont ces 
canaux ; elle demande d’en décrire et d’en fiqurer le système. 


L'auteur devra joindre à son travail les pièces anato- 


( 407 ) 


miques nécessaires pour l'intelligence du mémoire et la 
vérificalion des observations. 


HUITIÈME QUESTION. 


Déterminer, par des expériences, les anomalies que peurent 
subir les mouvemens du sang dans les vaisseaux capillaires des 
animaux vertébrés, ainsi que les transformations des parties 
constituantes du sang chez ces animaux. Fndiquer les causes 
qui y donnent naissance. 


Le prix de chacune de ces questions sera une médaille 
d’or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doivent 
être écrits lisiblement en latin, en français ou en flamand ; 
et seront adressés, francs de port, avant le 1° février 1849, 
à M. Quetelet, secrétaire perpétuel. 


— L'académie propose, dès à présent, pour le concours 
de 1841, les questions suivantes : 


CLASSE DES LETTRES. 
PREMIÈRE QUESTION. 


Quel était l’état des écoles et autres établissemens d’instruc- 
tion publique en Belgique, depuis Charlemagne jusqu’à la fin 
du XVII siècle? Quelles étaient les matières qu’on y ensei- 
gnait , les méthodes qu’on y suivait, les livres élémentaires qu’on 
y employait, et quels professeurs s’y distinguèrent le plus aux 
différentes époques ? 


DEUXIÈME QUESTION, 


Faire l’histoire de l’état militaire en Belgique, sous les trois 
périodes bourguignone, espagnole et autrichienne, jusqu’en 
1794, en donnant des détails sur les diverses parties de l’adimi- 


( 408 ) 
nistration de l'armée, en temps de querre et en temps de paix. 
L'académie désire que le mémoire soit précédé, par forme 
d'introduction, d’un exposé succinct de l’état militaire en 


Belgique dans les temps antérieurs , jusqu’à la maison de 
Bourgogne. 


CLASSE DES SCIENCES. 


PREMIÈRE QUESTION. 


Faire la description des coquilles et des polypiers fossiles des 
terrains ardoisier, anthraxifère et houiller de la Belgique, et 
donner l'indication précise des localités et des systèmes de ro- 
ches dans lesquels ils se trouvent. 


La synonymie des espèces déjà connues devra être so1- 
gneusement établie, et la description des nouvelles espé- 
ces accompagnée de figures. 


DEUXIÈME QUESTION. 


Un mémoire sur les vapeurs qu’émettent les métaux , et sur 
le rôle que quelques physiciens prêtent à ces vapeurs dans cer- 
tains phénomènes météorologiques. 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE INDUSTRIELLE. 


M. Cauchy donne lecture du rapport suivant : 
« M. L. Hoffman, ingénieur civil, domicilié à Bruxelles, 


rs 


PTT TRS 


( 409 ) 
Montagne de la Cour, n° 30, a présenté à l'académie , le 
4 janvier dernier, la description de ses calorifères à maxi- 
mum d'effet utile, applicables à tous les usages, avec 
trois feuilles de dessins. 

» L'idée principale de l’inventeur consiste à entourer 
d’une enveloppe l'appareil destiné à la combustion, de 
maniére à obtenir un conduit annulaire par lequel il fait 
passer, de bas en haut, l'air à chauffer ; cette disposition 
peut ajouter quelques avantages à tous ceux que doivent 
produire les bonnes proportious de toutes les parties du 
calorifère ; mais ces avantages sont-ils aussi extraordi- 
naires que le pense l’auteur du mémoire? En prenant la 
moyenne des résultats obtenus dans les deux premières 
expériences qu'il cite, on voit qu'il a élevé 294 m. c. d’air 
de 4 c. avec 11K1-,75 de bois. Mais le poêle de Desarnod, 
construit d'apres le même principe, a élevé 100 m. c. 
d'air de 1°,872 avec 2 kilog. de bois, d'où il suit qu’il - 
échaufferait de 4° les 294 m. c. d’air avec 12K1-50 de bois 
tout au plus, puisque les surfaces par lesquelles se perd 
la chaleur augmentent bien moins rapidement que les 
volumes. Il faudrait donc répondre affirmativement à la 
huitième (qui est aussi la plus importante) des neuf ques- 
tions proposées par l’auteur : « Ÿ a-1-il quelque autre 
invention connue jusqu’à ce jour, qui soit en état de con- 
courir avec celle que je vous présente, en donnant des 
résultats semblables , ou au moins un peu rapprochés? » 

» Mais, outre cette erreur capitale de fait, je crois en voir 
d'aussi graves dans les calculs et dans les raisonnemens de 
l'auteur. Je ne puis pas les signaler, parce que les ta- 
bleaux des expériences à la houille contiennent aussi 
des données évidemment inexactes. Je ne puis point ad- 
mettre non plus , parce qu'elle est contraire à toutes les 


( 410 ) : 

iées reçues, la conséquence qu’il Lire, pages #4 et 15 
(4°), et bien plus explicitement encore page 16, savoir : 
que le tirage n’emporte aucune chaleur. Gomment d’ail- 
leurs concilier celte asserlion avec celle qu’on trouve, 
page 2 (9), savoir : que le combustible donne, dans les 
appareils de l'auteur, 79 p. °Z, pour le chauffage de l'ap- 
partement , el 21 p. °?, pour le tirage. 

» Je pense donc qu’il conviendrait, avant de statuer sur 
ia demande de M. Hoffman, de linviter à s'expliquer sur 
les points que je viens d'indiquer. » à 

M. Dandelin, second commissaire , fait remarquer que, 
pour établir des comparaisons en semblables matières avec 
quelqu’espoir d'en tirer des conclusions justes , il faudrait 
opérer dans des localités au moins semblables, et sur des 
combustibles parfaitement identiques, enfin dans des cir- 
constances que ne présente pas la notice. 

M. De Hemptinne présente de son côlé les détails sui- 
vans sur les appareils proposés par l’auteur : 

« Deux conditions principales sont à considérer dans les 
calorifères : la première , que le foyer et les parties qui en 
dépendent soient combinés de manière que le bois et la 
houille brâlent avec la moindre perte de leur combus- 
tible volatil ; la seconde , que le calorique résultant de la 
combustion soit utilisé de la manière la plus avantageuse 
et avec le moins de déperdition. 

» L'auteur n’a proposé aucune amélioration pour la pre- 
mière de ces deux conditions; et pour la seconde, il pa- 
rait n'avoir cherché qu'a diminuer la perte de calorique 
que le courant d'air intérieur entraîne dans la chemi- 
née. 

» Ses appareils fig. 1, 2, 3 et 5 sont des espéceside poêles 


cylindriques entourés d’une enveloppe de tôle, laissant | 


ri ni Lis 


(1) 
assez d'espace entre elle et le foyer pour x établir un cou- 
rant d’air. 

» D'après cette disposition , le calorique n'est pas utilisé 
d'une manière avantageuse, parce que la chaleur est dirigée 
vers le plafond, tandis que pour bien chauffer un apparte- 
ment, on doit chercher à la diriger vers le sol. Dans une 
pièce chauffée par l'appareil proposé par l’auteur, on pour- 
rait étouffer de chaud tout en ayant les pieds glacés. 

» L'appareil fig. 4 est destiné à chauffer plusieurs cham- 
bres par un courant d'air chaud, Il consiste en un foyer 
avec ses tuyaux de fumée, renfermé dans une petite cham- 
bre en maçonnerie, destinée à échauffer l'air qui doit se 
rendre aux appartemens supérieurs. 

» Cet appareil est bon ; mais il ne me paraît pas présen- 
ter des avantages sur ce qui est connu. 

» L'appareil de la fg. 6 est une espèce de calorifére inter- 
mittent, destiné d’abord à la préparation des alimens, et à 
chauffer ensuite les apparlemens supérieurs. Je ne discu- 
terai pas les avantages et les inconvéniens de ce poêle, 
parce qu'il me paraît trop grand et trop compliqué pour 
pouvoir être adopté dans nos cuisines. 

» Je ne me refuserai pas aux expériences qui ont été pro- 
posées ; mais il me paraît résuller de nos divers rapports 
qu’elles’ ve seraient pas avantageuses à l’auteur de ce 
mémoire. » 

Après avoir entendu ses commissaires , l'académie décide 
que des remercimens seront adressés à M. Hoffman, pour 
sa communication ; mais qu’elle attendra des explications 
ultérieures, avant de donner son approbation au systéme 
proposé, comme le désire l'auteur. 


( 412 ) 
STATISTIQUE. 


MM. De Stassart et De Reiïffenberg font leur rapport sur 
la note de M. Heuschling, concernant la classification des 
documens statistiques, présentée à la séance du 4 avril 
dernier. Il à paru à MM. les commissaires que la division 
proposée par M. Heuschling, laquelle pourrait néanmoins 
s'améliorer encore dans les subdivisions, semble offrir 
sous le rapport de la méthode quelques avantages sur le 
plan suivi par le gouvernement pour la publication des 
documens officiels de statistique, mais ils ne les regar- 
dent pas comme assez importans pour que le plan adopté 
doive être modifié par la suite. Des remercimens seront 
adressés à l’auteur pour sa communication. 


MÉCANIQUE ANALYTIQUE. 


L'académie, après avoir entendu ses commissaires 
(MM. Timmermans et Garnier), ordonne l'impression 
dans ses mémoires, du travail de M. Pagani sur quelques 
transformations générales de l’équation fondamen- 
tale de la mécanique. 


LECTURES ET COMMUNICATIONS. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. 


Quelques considérations mathématiques sur les vents 
alizés, par M. Pagani, membre de l'académie. 


Supposons qu'une masse d'air, prise à la surface de la 
P q | 


Le es à. : 


( 413 ) 

terre dans les régions boréales , soit transportée instanta- 
nément sous une latitude plus rapprochée de l'équateur ; 
il est certain que cette masse paraîtra avoir un mouve- 
ment d’orient en occident, et qu’elle produira, par con- 
séquent , un vent d'est. Mais si le transport avait lieu dans 
le vide, et abstraction faite du frottement , la masse d’air, 
parvenue sous une latitude moins boréale avec une cer- 
taine vitesse, le mouvement apparent se composerait de 
deux mouvemens, et le résultat serait un vent de nord-est. 
C'est ainsi que l’on explique d’une manière satisfaisante 
la cause des vents alizés , en l’attribuant au mouvement 
de rotation de la terre d’occident en orient, combiné avec 
le mouvement de translation de l’air des régions polaires 
vers les régions équatoriales. 

En soumettant ces données au calcul on trouve, dans 
la première hypothèse, que la vitesse du mouvement ap- 
parent de l'air, d’orient en occident , est exprimée par la 
formule 


4 : 
D sit, — sin. (ar . 
E 2 


dans laquelle on désigne par : 


r le rayon de la terre supposée sphérique; 

À la latitude du point de départ; 

& la différence en lalitude du point de départ et du 

point d'arrivée; 

T la durée de la révolution diurne; 

% le rapport de la circonférence au diamètre. 

Si l'angle + est très-petit, on pourra remplacer dans la 
formüle précédente sin. + par = ; et si l’on nomme Ë la 
distance qui sépare les parallèles terrestres , dont les lati- 


( 414 ) 


tudes sont À et À +6, on aura simplement 


QDTS - ( 2) 
avants: :: (À — = . 
T V7 


ce qui fait voir que le mouvement de l’air, dans ce câs, 
a la même vitesse que le point du globe situé sur le rayon 
mené du centre de la terre au parallèle moyen, et qui 
serait éloigné du centre de la quantité 2. 

En attribuant à À la valeur 7, la formule (1) donne 


krr . 
—— sin. — COS. =, 
TT 


wie 


& 
2 


et en comparant ce résultat à la formule (1), on en déduit 
que : 

Le mouvement apparent d’orient en occident d’une 
masse d'air prise au pôle boréal, et transportée tout à coup 
sous la latitude 17 —w, est au mouvement apparent de 
la masse d’air qui passerait de la latitude À à la latitude 
À— w, comme 


Ce rapport est sensiblement égal à = lorsque l'angle w 
est très-pelit. 

Si l’on applique la formule (1) à lexemple suivant: 
À— 45°, © — 26°; on trouve que la vitesse apparente de 
l'air serait de 110 mètres par seconde; ce qui produirait 
un vent effroyable. 

Considérons maintenant le mouvement d’un point ma- 
tériel obligé de glisser sans frottement sur un méridien 
terrestre en allant du nord aw sud. 


Le à 


( 415 ) 

Après le temps £ écoulé depuis l’origine du mouve- 
ment, soit » la vilesse constante du mouvement du point, 
et À la latitude du lieu où il se trouve. Dans l'instant sui- 
ant , l’espace parcouru par le point sera vdt; la vitesse en 
longitude, qui était 7 cos. À au bout du temps #, sera, 
au bout du temps £+ dé, cas cos. (}— d)).Donc le point 
aura reçu pendant l'instant dt, perpendiculairement 
à son mouvement, un accroissement de vitesse égal à 
sin. À. dA; et en vertu du principe de l'égalité entre 
l'action et la réaction, le point matériel réagira contre 
l'obstacle qui l’oblige à rester sur le même méridien, avec 
une force égale à 


d7rr . À 
1 SIR4 À. 
T dt 
: dÀ 
Mais on a v—r—: 
dt 
Partant 
97 | 
—= T Sin. À; 
P gt ; 


équation dans laquelle 4 désigne le coefficient de la gra- 
vité, et p le rapport de la pression latérale au poids du 
corps qui glisse sur le méridien. 

En faisant dans cette formule v—33 mètres, et —50°, 
on trouve à peu prés 


p — 0,000188 ; 


ce qui fait voir que, pour une vitesse de 33 mètres par 
seconde sous la latitude de 50°, la pression latérale est 
une trés-petile fraction du poids du corps qui glisse sur le 
m en lerrestre. 

Oceupons-nous maivtenant d'une question plus géné- 


( 416 ) 

rale, et cherchons quel doit être l'état dynamique d'un 
corps qui serait obligé de glisser sur la surface de la terre 
supposée sphérique, abstraction faite du frottement et de 
la résistance de l’air. En nommant 8 le complément de la 
latitude boréale du mobile, au bout du temps £, d sa lon- 
gitude orientale, à partir d’un méridien fixe dans l’espace; 
r le rayon de la terre et p le poids de l’unité de masse du 
corps, on aura 


dé” 
d’0 À du” 
AT sin. 4 cos. 4 FT —= 0, 
sin”. 6dL 
d LOUE 


La première de ces équations exprime que la pression 
exercée par le corps en mouvement est égale à la gravité 
diminuée de la force centrifuge du mobile; ce qui est 
connu depuis long-temps. 

Les deux autres équations serviront à la détermination 
du mouvement après qu'on les aura intégrées. La dernière 
s'intègre immédiatement et devient 


: (7 
sin?. 0— —= c. 
d 


En substituant cette valeur dans la seconde , et en in- 
tégrant on à 


de 1 c° 


— = —-—: ü 
dt’ sin”. 4 dt 


Pour déterminer les constantes €, ce’, soit à l'origine du 


LA 
mouvement , 


dp 27 d 27h 
2 DT ANT ONE D'ART de 
on aura 
c—='—\sin". 
Li (F + sin”. a) 
Partant 


9 
RC . . sn. dy = = sin°. ad 


27 sin. 4. d3 
D. LE 


T V( + sin”. &) sin”. 0 — siné. & 


En substituant cette valeur de dt dans l'équation pré- 
cédente on trouve 


sin”. &. d 


M RON AO di — Re esse 5 
@) sin. 4 V@ + sin°, &) sin°. 4— sin£. & 


Les expressions différentielles (3) et (4) s’intègreront 
sans peine, et l’on pourra exprimer les arcs 0 et en fonc- 


tion de £. 
Mais sans nous arrêter à ces calculs qui n’ont d’autres 
difficulté que leur longueur, nous allons examiner les va- 
: cd D la à 
leurs des vitesses angulaires —, Es que nous fournis- 
sent les équations (2)et (3). On a d’abord 
dy 27 sin’. « 
# (5). . . . . . TT = Here 5 3 ’ 
dt FTsin”. à 
#1 d6 2r sin”, æ 
6) . . . —— — Be sin”. a (1 — ): 
(9) dt T Ds sin’. 5 


(418) 


Si l'on substilue ces valeurs dans la formule 


qui exprime le carré de la vitesse du mobile à un instant 
quelconque, on a 


4z°r° 


T° 


(k° + sin”. a); 


ES 
d'où l’on voit que la vitesse esl constante. On voit en 
outre que les deux composantes de la vilesse sont varia- 
bles et que l’on a 

dé 27 

dd 


depuis ÿ — à jusqu’à 0—7T— 2, résultat assez remarquable. 
Enfin, si l’on détermine les longitudes © à partir d’un 
méridien terrestre , et d’orient en occident, on fera 


+ do 2x pe) 
ED sf octians c+ El 7 sin”. 8 


Les formules (6) et (7) peuvent servir à la détermina- 
tion de la vitesse apparente d’une masse d'air qui aurait 


. R. 27Trk 
reçu une vitesse iniliale —, du nord vers le sud, sous , 


la latitude boréale 2? — », et qui glisserait à la surface de 
2 ? q 8 


la terre, sans frottement ni résistance aucune. Parvenue 


à l'équateur, cette masse aurait dans le sens du méridien, 


| 


( 419 ) 
la vitesse 


27r 4 PE TOR TUE 
TT V/Æk° + sin’. & Cos?. «, 


et dans le sens de l’équateur même, la vitesse apparente 


En composant ces deux vitesses, on aura pour le carré 
de la vitesse résultante «, 


kr°r° L | 
U° — T- k° + COS . & 2 


En comparant cette formule à la valeur de v° donnée 


plus haut, on remarque une analogie frappante entre ces 
deux valeurs. 


Notice sur la population de la terre et sur la masse 
de numéraire, par J. G. Garnier, membre de l’aca- 
démie. 


Suivant Malte-Brun la population est . . 650,000,000 (1e). 


D’après l'American Missionary Papers, 


Dlleestn ln 0. 0! |, .1/1828,445,000 : (2). 


ie en 6 tt 


D'après un autre tableau, on compte : 


En Europe . . . .…. + + « + 227,000,000 
En Amérique.  . . . : . . 39:000,000 
PAR 2. 2.10. 600 000,000 
En Afrique, . : :.,/.:0....60,000,000 ./ :&) 
En Océanique, . . . . . . . 21,000,000 


737,000,000 | 


( 420 ) 


D'après M. Mac Carthy, il y a : 


En Europe . . . . . . . . 220,000,000 

En Asie}, 7, 40.0. *."253,000,000 

En Afrique . . . . . . . . 81,000,000 

En Amérique . . . . . . . 839,000,000 (4). 

En Australie. . . . . . . .  8,000,000 

En Polynésie. . , . . . . .  1,180,000 
596,180,000 


D’après Walkenaer et Eyriès : 


En Europe . . . . . . . . 190,000,000 
En Asie . , . . . . . . . 890,000,000 
En Afrique . . . . . . . . ‘70,000,000 
En Amérique . . . , . . . 40,000,000 ? (6°). 
En Océanique . . . . . . . 20,000,000 


710,000,000 


Les divisions les plus essentielles à établir dans la popu- 
lation du globe, sont celles qui portent non'sur les affinités 
politiques, mais sur les aflinités religieuses. Pour l'intel- 
ligence des tableaux suivans , nous poserons quelques dé- 
finitions. 

Le bouddhisme, religion si peu connue jusqu'ici, si 
importante par ses singuliers rapports avec le christia- 
nisme qu’elle a précédé de 800 ans, règne dans des pays 
sur lesquels la géographie ne possède pas d'informations 
suffisantes. On croit que c’est le bramisme débarrassé de 
ses erreurs les plus grossières. Nous pensons que c’est le 
système braminique, réformé par Budda, et que l'on 
nomme encore buddisme. 

Le fétichisme adore toute sorte d'objets animés ou 
inanimés. 

Le bramisme, où bramanisme , ou brahaminisme a 
pour objet de son culte un grand nombre d'idoles repré- 


« Us At | REVERS 


M on à énn. 


( 421 ) 
sentant des formes humaines ou animales sous lesquelles 
l'être suprême est censé l'être déguisé. 


Le {amisme adore son chef comme image de la divinité. 
D'après M. Hassel : 
Bouddhisme . + 315,977,000 
Christianisme avec toutes ses bran- 
chés:, 4. HE ler lu: 252,000,000 
Mahiomeétisome , : +. : :; : ; 120,105,000 
Brahmanisme , , , - + 111,353,000 } (6o). 


eme ef DIE) AU 3,930,000 
Les autres religions ensemble. . 134,490,000 


937,855,000 

D’après M. Balbi : 
Bouddhisme. , 170,000,000 
Église catholique . . 139,000,000 


Églisegrecque . . , . , . . 62,000,000 
Églises protestantes , . . , . 59,000,000 


Mahométisme + + . 96,000,000 


FAR + (7e). 
AO NA LA Ir e 60,000,000 
Judaïsme . , , + + + +  4,000,000 
Magisme , Fétichisme, etc. + + 147,000,000 

737,000,000 
Et d'après une autre source : 
Christianisme - 235,000,000 
Judaïsme . re + 5,000,000 
Hahométisme - 1, . 1,11, ! 120,000,000 
ARDNEM ENS) NT SEEN 60,000,000 
Lamisme . . . . . . . . . 80,000,000 } (&). 
Bouddhisisme . . , - 100,000,000 
Fétichisme et autres croyances. . 100,000,000 
700,000,000 


La population trouvée par Malte-Brun, se compose ainsi 
Tom. vi. 29 


(42) 

qu'il suit : 
‘en Europe. . . 88,000,006 
hors de l’Europe. 28,000,000 
L'église grecque . . . . . . ‘70,000,000 
Les églises protestantes . . . . 42,000,000 
Le judaïéme ! 4 1%, 4 1. "5:000,000 
Le mahométisme , . . , . . 110,000,000 
Le brahminisme, ... . . . . 60,000,000 
Le schamanisme ou la religion du Ù 

Dalai-Lama . . . . . . . 50,000,000 
Le buddhisme y compris la religion 

defFo;gelc. :. ,, ,.,.11410,11../100;000:000 
Le fétichisme et diverses autres 

GrOVANCES 4.10. up er 0 DD DOUDOU 


Le catholicisme { 


653,000,000 


Chiffre que l’auteur a réduit à 650 millions. | 


Dans le bulletin de la séance du 6 avril 1839, on trouve 
le tableau suivant sur Ja classification des races humaines 


par M. J. J. D'Omalius-D'Halloy D 


Race blanche . , . . . . . 442,000,000 
Race/jaunés.  : 4 15: ‘4: 220,000/000 
Race rouge . . . . . . . .  b5,000,000 
Race Done A. de Den 07 O0D OUD 


Race noire . . , . . . . . 43,000,000 } (8). 
Hybrides, tels que métis, mulâtres, 
zamboses , . 4, 2 je5.1/:,1.110/000,000 


737,000,000 


La moyenne des résullats énoncés, est 


104 20... + (g)— . . . . 737,053,333 


qui diffère peu des résultats (3°), (5°), (7°) et (9e). 
D'après les recherches auxquelles se sont livrés MM. le 
baron De Humboldt et Ward , la masse du numéraire exis- 


MAVILLE 79 


( 433 ) 

tant en Europe, en Asie et en Amérique, aurait été, à la 
fin de 1809, déduction d'un quatre cent vingtième pour 
perte et usure, de 11 milliards, 643 millions, 269 mille 
500 francs. A la fin de 1829, la diminution aurait été de 
1 milliard, 663 millions, 36,000 francs. Le numéraire de 
l'Afrique n’est pas évalué. En n’admellant que celte masse 
de numéraire et la divisant par la population moyenne, on 
trouve 


9,980,233,500 


-— 13fr,54. 
737,053,333 


On peut conjecturer qu’en tenant compte de la masse in- 
connue de numéraire en Afrique, on aurait pour limite 
supérieure 15 francs, ou, au plus, 16 francs par individu. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Observations sur la circulation dans les poils corollins 
du maricaA cæruLEA (Ker) et sur l'histologie de cette 
fleur, par M. Ch. Morren , membre de l'académie, etc. 


La beauté de la fleur de cette Iridée brésilienne, la ri- 
chesse de ses couleurs et surtout le ton suave de son bleu cé- 
leste, ses taches variées, la forme remarquable des lamelles 
de son style et de son stigmate auraient été déjà des motifs 
suflisans pour atlirer l'attention du physiologiste, el l’enga- 
ger à étudier la structure interne de celle superbe produc- 
tion du règne végétal, si cette même fleur ne possédait pas 
dans la partie évasée et en forme de coupe de son périanthe, 
un grand nombre de ces poils transparens qui peuvent, sans 


( 424 ) 

doute, comme leurs analogues des Commélinées, présenter - 
le singulier phénomène de la circulation intracellulaire. Ce 
fut pour moi un vrai plaisir d'examiner l’histologie de cette 
fleur et surtout la circulation qui se montre, en effet, dans 
ses poils , avec une netteté qui a bien son mérite dans ces 
observations difficiles et pourtant si importantes pour les 
progrès ultérieurs de la physiologie végétale en particu- 
lier et de la science de la vie en général. La circulation du 
Marica cœrulea peut être placée parmi les phénomènes 
de ce genre les plus faciles à vérifier dans tous leurs 
détails. Dans l’état actuel de la science , il est bon de con- 
stater quelques faits bien précisés, d’en prendre acte et de 
les faire servir à étayer une théorie de la circulation végé- 
tale, qui puisse enfin mettre d'accord les physiologistes. 

Avant de parler en détail de cette circulation, je crois 
utile de faire connaître mes observations sur quelques 
autres conditions où se trouvent les tissus chez cette char- 
manle fleur. 

Quoique son odeur soit presque nulle, les parties de son 
périanthe présentent sur leur derme ces cônes que l’on a 
considérés comme des papilles et qui, comme l’a fort bien 
démontré M. Link (1), sont la cause du velouté des organes 
floraux. Les sépales du Marica sont d’un bleu céleste mat 
très-remarquable, et ce sont, en effet, les cellules coniques 
qui, par leurs petites aspérités, ôtent au derme l'éclat et le 
brillant qu’on lui voit dans d’autres fleurs (renoncules ). 
Le tissu formé par ces cônes prend dans la nomenclature 
histologique que j'ai adoptée le nom de conenchyme, 
exprimant par ce seul mot sa forme si bien précisée. Les 


1) Link, Elementa philusophiæ botanicæ, tom. IE, p. 26. 
? P ? ) P 


( 425 ) 

cellules de ce conenchyme sont ovoïdes , un peu sinueuses, 
rélevées au milieu en cône obtus, formées par une mem- 
brane très-fine, très-transparente , sans tissu ultérieur visi- 
ble, et remplies d’un liquide non globulifère d’un bleu 
très-tendre et uniformément répandu dans la cavité inté- 
rieure. À la base de chaque cellule conique est un nucléus 
ou cytoblaste fort simple, globuleux, très-régulier, auquel 
on ne voit aboutir aucun courant intracellulaire. Je donne 
ces détails d'anatomie (fig. 10) dans le but de faire res- 
sorlir les différences très-prononcées d'organisation entre 
les élémens de ce conenchyme et les poils à circula- 
tion de l’évasement du périanthe. M. Treviranus (1) con- 
sidère , en effet, les papilles du derme des fleurs comme 
le premier état des poils corollins, de sorte que ceux-ci ne 
sont que de simples allongemens de celles-là. Cette opinion 
est trés-conforme aux faits dans une foule de cas , mais elle 
ne peut pas se vérifier dans toutes les fleurs, le Marica 
cærulea nous le prouvera à la dernière évidence. 

Le derme inférieur des sépales est aussi formé par du 
conenchyme à cellules dont la base est sinueuse, mais le 
cône est beaucoup plus bas : c’est un simple renflement au 
milieu de la cellnle. Ces cellules possèdent aussi le suc 
bleu non granulifère du derme supérieur, mais elles ont de 
plus des grains de chlorophylle très-prononcés, jaunûtres, 
arrondis, qui, pour la plupart, se disposent ou en couronne, 
ou en amas arrondis à la base de la cellule (v. fig. 14). 
Quelques globules sont épars. Le nucléus sert ici de 
point central attractif pour ces corpuscules globuleux, et 
lorsque ceux-ci étaient libres, je ne leur ai reconnu aucun 


a ——— …" —"—  _——_——————…"—" …"”" _—_  ——————— —…—…— …— — … —. ———— 


1) Treviranus, Physiologie, tom, ILE, p. 247,6 466, 
, CM gve;, »P ; 


( 426 ) 

mouvement. Il y a évidemment un antagonisme de forma- 
tion entre le suc bleu et ces granules chlorophyllaires, 
car ceux-ci diminuent à mesure qu’on examine les cellules 
placées plus prés du bout des sépales, et augmentent en 
nombre vers la base de ces organes, au point que la partie 
verle de l'évasement du périanthe ne contient plus de suc 
bleu, mais uniquement des globules d’un jaune verdâtre. Le 
liquide pur, sans mélange de corps solide, est l’attribut du 
pôle aérien du pétale; les globules solides, jaunes ou verts, 
esl celui du pôle terrestre de l'organe, du pôle qui tient 
du calice, appareil plus foliaire que floral; plus nutritif 
que fécondant , plus conservateur que reproducteur. 

Sur ce même derme inférieur il y a des stomates (fig. 14). 
Le Marica cærulea est donc une espèce de plus à ajouter 
aux fleurs où ces organes respiraleurs se trouvent sur le 
périanthe corollin. Signaler cette existence, c’est, je pense, 
fournir un élément de plus à la discussion actuellement 
pendante au sein de notre Académie belge, sur la question 
de savoir si réellement les stomates sont les organes qui 
ouvrent où qui ferment les corolles à épanouissement 
nocturne ou diurne. La fleur du Marica cϾrulea s'ouvre 
le matin à six heures, et se ferme le soir pour mourir, mais 
je doute beaucoup que ces bouches respiratrices soient 
pour quelque chose dans ce mouvement. 

Le tissu du diachyme des sépales est formé de cellules 
incolores et où il y a beaucoup d'air. Une bulle d'air se 
trouve même sous chaqué cellule du derme, de manière à 
élever davantage le cône. Le compressorium, en chassant 
cet air, fait voir parfaitement comment ce fluide exhausse 
les cellules. 

Les pétales dont la base fait partie de l'évasement poilu 
du périanthe et dont lesommet se recourbe au dehors, offrent 


( 427 ) 

dans cette dernière partie un derme aussi sinueux, et où les 
cônes s’observent aussi, quoiqu'ils soient trés-surbaissés 
(fig. 9). Sur une cellule, j'ai vu deux cônes; ce fait est rare. 
Les cellules sont remplies d'un suc incolore, bleu, rouge 
ou brun, selon la partie ainsi colorée du péiale où on les 
prend , et dans leur intérieur on voit quelques globules 
solides, mais que je n’ai vus qu’en repos, sans mouvement 
giraloire. Vers la portion du pétale où l’évasement pilifére 
commence , on voit des poils naîlre du conenchyme, mais 
leur base reste distincte, et ils ne paraissent pas être des 
métamorphoses directes des cônes. Cependant, entre les 
poils, des cônes s’allongent beaucoup et pourraient être 
considérés comme des poils, s'ils n’offraient pas pour base 
Ja partie élargie de la cellule ; en un mot le poil est con- 
traclé à sa base (fig. 1, 2, 3,4, 5) et la cellule du conen- 
chyme est dilatée à la sienne (fig. 10). 

Le périanthe du Marica cærulea forme au milieu de la 
fleur une espèce de vase à taches brunes sur un fond jaune; 
ces taches sont des raies placées circulairement, et qui se 
trouvent sur les pétales comme sur les sépales. Le tissu qui 
compose ces parlies si diversement colorées est un pris- 
menchyme dont les cellules iacolores par elles-mêmes 
renferment un liquide ou incolore, ou rouge, ou bleu, dont 
la limpidité exclut tout globule (fig 11); mais, quelle que 
soit la couleur du fluide, il y a au dedans des cellules des 
globules chlorophyllaires jaunes très-nombreux et atla- 
chés aux parois, sans fécule. Cette chlorophylle, je lai 
dessinée fig. 12 et 13, pour faire voir ses formes diverses, 
car elle est loin d'avoir la régularité qu'on lui connaît 
dans une foule de plantes; généralement arrondie, elle 
offre des protubérances et des portioncules superposées , 
comme si c'était de la fécule, mais l'iode ne la colore pas 
en bleu ou en violet. 


( 428 ) 

Enfio, j'ai examiné le derme des laciniures du stigmate, 
parties pétaloïdes, et j'y ai reconnu un colpenchyme très- 
élégant. Les cellules sinueuses, remplies d’un liquide bleu, 
sans mélange de globulines ni de nucléus, présentent ce 
caractère que j'ai trouvé déjà un si grand nombre de fois, 
et sur lequel les auteurs disent fort peu de chose, si tant 
est même qu'ils en parlent. Je veux parler de ces petites 
linéoles noires, transversales, très-serrées, parallèles, 
quoique sinueuses, qu’offrent un si grand nombre de cel- 
lules de pétales ou de parties corollines; ces linéoles ne 
sont que des plis de la membrane des cellules, et disparais- 
sent par la simple extension qu'amène la compression. 
L'eau suffit même souvent pour les faire disparaître, en 
gonflant l’utricule végétale. Ces plis amènent ainsi la dila- 
tabilité des cellules, propriété nécessaire à la turgescence. 
Il y a peu de fleurs ou ces plis peuvent mieux s’observer 
que dans le Marica cœrulea, et j'ai dessiné cet état fig. 8. 

Comme je l'ai dit plus haut, un des points qui, dans 
l'étude de cette fleur, m'a beaucoup intéressé, c’est la cir- 
culation intracellulaire des poils qui garnissent l’évase- 
ment central du périgone du Marica. Les récentes com- 
munications que m'avait faites M. Schultz, pendant son 
passage à Liége, et les préparations des appareils laticifères 
et des poils à cyclose, qu'avait eu la bonté de m'envoyer 
ce célèbre professeur, fixaient encore toute mon attention, 
lorsque la circulation du Marica s'offrit à ma vue; de 
sorle que je restai cloué à mon microscope pendant tout 
un jour, pour suivre ce phénomène dans ses diverses phases. 
Le haut intérêt que j'avais vu prendre à l'étude de la cir- 
culation du liquide vital, en Angleterre, par MM. Lindley, 
Solly, Don et Taylor, excitait le mien et me faisait persé- 
vérer dans des observations qui, je l'avoue, sont extrême- 


- 


( 429 ) 

ment fatigantes par la nécessité où l’on est de regarder 
fixement, pendant plusieurs heures de suite, une image 
microscopique. Mes recherches m'ont conduit à la con- 
naissance de plusieurs faits que je crois curieux dans l’état 
actuel de la théorie de la circulation chez les plantes. 
Pour observer le mouvement du liquide vital, je coupai 
horizontalement le derme avec un scalpel très-acéré, je 
mettais la partie enlevée sur du verre, et après avoir placé 
dessus une lame trés-fine de la même matière, j'intro- 
duisais de l’eau entre les deux plaques de verre, de sorte 
que les poils, quoique ramenés à la position horizontale, 
n'étaient nullement comprimés; leur grandeur (un milli- 
mètre), leur transparence, la simplicité de leur enveloppe, 
la forme, le volume et la mutabilité des appareils circula- 
toires de leur intérieur, donnaient aux observations une 
justesse qu'on aime bien à rencontrer dans un sujet si 
délicat et si important à la fois. 

Rappelons-nous en peu de mots où en est la question 
actuelle de la circulation chez les plantes. 

Lorsque M. Robert Brown découvrit le mouvement du 
suc dans les poils moniliformes du Tradescantia virgqi- 
nica, il crut que les cellules étaient pleines d’air (1). Les 
nombreuses recherches de M. Meyen sur le mouvement 
du même suc vilal dans les poils de l'Zydrocharis mor- 
sus ranæ (2), auraient déja pu prouver qu'il y avait là 
quelque erreur. En 1832, M. J. Holland, dans une lettre 
à M. Aïkin, découvrit la circulation dans les poils du 


(1) Robert Brown, On the sexual organs and impregnation in Orchi- 
deæ and Asclepiadeæ , 1831. 
(2) Meven, Nova acta naturæ curiosorum , tom. XHI. 


( 430 ) 
pétiole du Senecio vulgaris (1). Il reconnut le fluide in- 
térieur et s’imaginait que les globules circulaient le long 
d’un système de fibres intérieures attachées aux bouts et 
aux côlés de chaque cellule; il reconnut des courans trans- 
versaux. En 1833, feu M. Henri Slack étudia de nouveau 
la circulation dans le Tradescantia et dans les Aydrocha- 
ris et Penstemon (2). Il y revint encore dans une lettre 
datée d’'Epsom de la même année, en signalant le mouve- 
ment dans l'Ortie, dans les poils du calice du Mawran- 
dia, dans les poils des pétales des Yiolettes, des Tulipes ; 
il pense même que le phénomène existe dans tous les poils 
transparens (3). Mais ce qui est peu connu, c'est que 
dans ce dernier travail il déclare que d’abord, pour lui, la 
circulation provenait de l’action de l'eau sur les prépa- 
ralions microscopiques, de l’exosmose et de l'éendosmose, 
parce qu’on observe toujours les poils et les cellules où la 
circulation existe, dans de l’eau, mais que, plus tard, 
observant ce phénomène dans des poils plongés dans de 
l'huile, du mucilage, des solutions salines et dans l'air, il 
vit qu'il continuait toujours à se montrer, et qu'aucune 
cause physique ou chimique ne pouvait l'expliquer. Pour 
lui, la circulation avait lieu dans l’espace que laissaient . 


h.. 


(1) James Holland, Henri Slack et Cornelius Varley. Communications 
relatives to the microscope. Trans. for the encouragement of arts, 
manufactures and commerce, vol. XLIX, part. Il, p.5 

(2) Edmund Turell, James Holland and Henri Slack, ]mprovements 
in the microscope. Transact. for the encouragement of arts, manufac- 
tures and commerce, vol XLIX. 3 

(3) Observations on the motion of fluids in plants Ly Henri Slack. Com- 
munications , etc. (suprà laudata). Transactions of arts, vol. XLIX, 
part. IT. 


( 431 ) 


entre elles et la paroi extérieure des poils et des sacs con- 
tenant la liqueur colorée ( Tradescantia) ou incolore 
(Senecio) des cavités intérieures. Il faisait jouer un rôle ac- 


était presque , il faut l'avouer , le cœur de la circulation 
cellulaire. Cependant , Slack comparait le mouvement gi- 
ratoire observé par lui dans tant de plantes, au mouve- 
ment des globules dans les Ælques, Chara nitella et 
autres plantes inférieures. En 1838, le champ de la dis- 
ssion passa d'Angleterre en Allemagne. M. Meyen (1) 
s'occupa surtout de la circulation dans les poils du Tra- 
descantia ciliata, du Cobæa scandens ; les courans 
n'existent pas entre les membranes admises par Slack, 


; 


mais ont lieu tantôt contre la paroi interne de l'enveloppe 
rénérale , tantôt directement à travers la cavité intérieure, 
eL le nucléus ou le globulus a une influence marquée sur 
eux. En 1837, il avait déjà préparé les esprits à recevoir 
es idées par ses observations sur la circulation dans les 
poils du Zoasu tricolor (2). Il y déclare déjà « que le mou- 
ement observé dans ces organes est une simple modifica- 
ion des courans de rotation ordinaire du suc des cellules. » 
ILcomparait, comme Slack et ses amis, le mouvement de 
Bireulalion au mouvement giratoire des plantes inférieu- 
es. Enfin, en 1838 aussi, M. Schultz lut à l'Institut de 
aris une courte mais savante notice , sur la circulation 
ans les plantes (3), où il établit que dans les hélérorga- 


Meyen, Veues System der Pflanzen Physiologie,tom I, p. 206, 
à te 

2) Meyen , Secretions Organe der Pflansen , p. 43. 

; 3) "Schultz, Nouvelles observations sur la circulation dans les plantes, 
"327. Annales des sciences naturelles, 1838, décembre. 


( 432 ) 
niques (végétaux vasculaires), la rotation du suc dans les 
cellules n'est que la circulation qui se fait par des vais- 
seaux lalicifères contenus dans les cellules. C'était là un 
trait de lumière qu'il était important de bien constater ; 
M. Schultz avait fait ses observalions sur une foule de 
plantes, comme les Commelinées et les Campanulacées. 
Il me communiqua en personne ses recherches, et je me . 
mis aussitôt à vérifier l'existence d’un réseau vasculaire 
dans les Campanules , où il ne me fut pas difficile de le » 
trouver, mais j'avoue que nulle part on ne le voit aussi 
bien que dans le Marica cœrulea. 

Je confesse que je ne suis pas d'accord avec M. Schuliz, 
et sur les dénominations à donner aux différens phéno- « 
mènes du mouvement du suc vital, et sur la manière 
de concevoir leur distribution dans le règne végétal. . 
M. Schultz nomme cyclose le mouvement dans des vais- 1 
seaux , et rotation le mouvement dans l'intérieur d’une » 
cellule. Mais il serait beaucoup plus simple, beaucoup 
plus rationnel, ce me semble, et surtout beaucoup plus“ 
conforme au langage habituel de la physiologie, de nom: 
mer CIRCULATION ce qui est une circulalion, un transport, 
dans des vaisseaux clos et anastomosés; de nommer cx- 
GLOsE le mouvement en KYKAOË , en cercle, dans l'inté: 
rieur d’une cellule, corps originairement sphérique, et 
dont la section est un cercle, el enfin de réserver le no n 
de ROTATION à celte rotation que, dans beaucoup de plantes 
on trouve aux corpuscules globulinaires, chlorophyllaires; 
qui tournent sur eux-mêmes ou grouillent ensemble 
comme des infusoires; cela se voit dans les cellules.desm 
feuilles du 7’anilla planifolia, des étamines du Spa =. 
mannia africana , et comme l’a dit M. Meyen , dans milles 
autres plantes. Je crois que ces dénominations apportes 


( 433 ) 
raient moins de confusion , el M. Schultz se plaint, en 
effet, de ne pas toujours avoir été compris. J'avais déjà 
proposé une parlie de ces distinctions dans un écrit anté- 
rieur (1). 

Quand M. Schultz pense que M. Meyen a tort d'admettre 
que, dans les plantes hétérorganiques ou vasculaires , il 
peut y avoir à la fois une circulation du latex el une rota- 
tion du suc intracellulaire, je suis convaincu par des expé- 
riences et des observalions particulières, que le reproche 
de M. Schul!z n’est pas fondé. Je pense que la question a été 
mal envisagée, parce que les trois sortes de mouvemens dont 


; 
] 


| 


bal 


{ 


je parle plus haut, n’ont pas élé suffisamment distingués. 
Ainsi, il est certain que dans des plantes où les vaisseaux 
» opophores et leur suc sont très-visibles , où la grande cir- 
culation se constate facilement, il y a néanmoins un mou- 
_vement dans les cellules qui ne vient pas de ce que l’ap- 
‘pareil laticifère envoie ses réseaux vasculaires dans les 
utricules, ou de ce que des appareils vasculaires opophores 
existent séparément dans les cellules. Par exemple, dans 
 l'Aoya carnosa où le latex et son mouvement sont si bien 
‘appréciables , il y a dans les cellules de la feuille un mou- 
: vement des globulines , qui est du genre des rotations dont 
jai parlé plus haut , mais il n’y a là pas de trace d’un trans- 
port par des vaisseaux. M. Valentin avait déjà signalé ce fait 
(2). M. Meyen, qui a constaté un mouvement semblable dans 
beaucoup d’autres plantes, a même émis l'idée que pres- 


(1) Morren , Notice sur la circulution observée dans l’ovule, la fleur et 


Jephorante du figuier, p.3. 
(2) Valentin, Bericht über die Schlesische Gesellschaft für vaterlan- 
dische Cultur, 1833. 


(434) 


que loujours ces molécules mobiles sont brunâtres ou 
rougâtres, et comparables à celles que j'avais signalées . 
dans les Clostéries (1). Je n'admets pas ce dernier fait 
comme exact partout; car, dans les cellules très-grandes 
des feuilles du 7’anilla planifolia, on peut constater un 
mouvement trés-rapide, et qui se prolonge aussi long- 
temps que la cellule est close, de globulines vertes, et qui 
suivent toutes sorles de directions, à côlé d’autres parfai- 
tement immobiles, plus grandes et vertes aussi, Dans les 
élamines du Sparmannia africana , j'ai vu dernièrement 
de très-gros globules tournoyer sur eux-mêmes et marcher 
en différens sens ; ce sont des glohes rouges, comme les \ 
Palmelles , et contenus dans les cellules. Or, dans tous ces d 
cas ,iln’ya pas de vaisseaux: | 

Néanmoins, on doit reconnaître que M. Schultz a eu | 
raison de regarder comme un vrai sÿslème de vaisseaux, 
le réseau où le mouvement s’observe dans une foule de W 
cas; et, qu'il y a eu confusion entre les transports gira- » 
toires et circulaloires, est un fait qui me paraît hors de» 
doute. J'espère que le lecteur parlagera celle conviclion, » 
lorsque j'aurai décrit ce que j'ai vu dans le Marica cæ- 


| 
R 


rulea. 


chyme dermoïde ne permet pas de les regarder comme des 
modifications de ces dernières. La paroi est trés-transpal 


(1) Meyen, Physiologie, tom. H, p. 255. 


cé 


- 
f 
+ 
1 


( 435 ) 

rente , forte, résistante, très-peu extensible, se brisant au 
compressorium (fig. 1, 2, 3). La paroi est très-visible et se 
dessine avec son double bord ou ses deux lignes noires, et 
comme rien ne fait saillie en dehors, il est clair que le 
réseau vasculaire qu'on voit à ces poils est intérieur. En 
effet, rien n’est plus visible que ce réseau de vaisseaux 
dont les membranes se dessinent avec netteté dans les cel- 
lules , et la circulalion y est si active, qu’on ne peut pas 
retrouver à ces vaisseaux la même forme pendant dix ou 
quinze minutes. En général, il y a quatre grands vaisseaux 
qui parcourent le poil de haut en bas, et qui s'unissent 
latéralement par des vaisseaux transversaux anastomosés 
avec les premiers. Pour l'existence de ces anastomoses et 
de leur extrême facilité à se contracter au point d'échap- 
per aux yeux même très-exercés au microscope, il n’y a 
pas le moindre doute que M. Schultz n'ait observé avec la 
dernière exactitude. Les figures indiquent mieux que mes 
paroles les formes que prennent successivement ces vais- 
seaux. Quand tout le latex afflue dans un vaisseau pri- 
maire (un des quatre longitudinaux), celui-ci se renfle, 
mais en conservant souvent un aspect moniliforme qui 
devient trés-élégant, quand ‘une partie du fluide circula- 
toire s'échappe par les anostomoses. Alors, il y a une série 
de vésicules renflées, attachées les unes aux autres par des 
vaisseaux linéaires très-étroits (fig. 3); les globules du 
latex avec leur sérum, filent doucement dans ces espèces 
de fils jusqu’à ce qu’un afflux trop considérable dilate uni- 
formément le grand vaisseau. 

Tantôt un grand vaisseau esl tout entier contracté (fig. 1), 
tantôt dilaté ({g. 2); tantôt un vaisseau transversal , géné- 
ralement moins gros que les autres, aboutit à un renfle- 
ment, Lanlôt à une contraclion, mais presque jamais on 


( 436 ) 
ne voil de ces renflemens sur les vaisseaux de communi- 
calion. 

Maintenant, pour être bien sûr que les espaces où s’ob- 
serve la circulation soient de vrais vaisseaux, on pouvait 
s’y prendre de diverses manières. En premier lieu, je no- 
terai l'appréciation de la membrane même des vaisseaux ; 
en second lieu, ses dilatations , qui se produisent sous 
l'affluæ visible du latex ; mais il me vint à l’idée que, puis- 
que le latex est plus dense que le liquide intracellulaire de 
la cavité du poil, un fluide colorant ferail reconnaître 
mieux et ce fluide et les vaisseaux qui le contiennent. Je 
pris donc de la teinture d’iode, et en colorant par elle les 
poils, je vis qu’en effet les vaisseaux se dessinaient en brun 
rougcâlre et la cellule avec son fluide en jaune (fig. 4—5). 
La membrane était alors bien visible, et en mettant une 
telle préparation sous le compressorium , je déplaçai en 
roulant le disque supérieur, l’appareil vasculaire , de ma- 
nière à me montrer son entière indépendance comme ré- 
seau de vaisseaux. | 

Cette coloration par l'iode me prouva un autre fait 
auquel on n’a pas pensé , à ce que je sache : les deux bouts 
de ces poils se colorèrent en violet, comme si, à ces deux 
extrémités il y avait de la fécule. La coloration violette 
diminuait ses teintes insensiblement vers le milieu du poil, 
comme on le voit dans quelques cellules de fécule de pom- 
mes de terre bouillies à moitié. La présence de la fécule 
dans ces poils à l'élat de demi-cohésion est un fait remar- 
quable, et lorsqu'on songe à la grande qualité nutrilive de 
cette substance, on s'explique pourquoi l’on voit le latex 
cheminer plus doucement, et par conséquent s’'accumuler 
aux deux extrémités féculiféres des poils, car c’est un fait 
démontré par l'observation qu'aux deux bouts des poils, 


Lu L'ctfitéie “pes tt cacao 


VTT, 


| 
L 
n 


He can 


a. 


Le 
(437) 


_ es vaisseaux sont plus long-temps dilatés, et les anasto- 
moses plus fréquentes (fig. 1, 2, 3). Celle plus grande 
activilé vitale qu'acquiert là le latex, permet au bout supé. 
rieur du poil de prodüire une sécrétion qu'on voit, trans- 


mise au dehors, sous forme d'un filet visqueux, comme 
une substance gommeuse (fig. 6), et, sans doute, le fluide 
formé par l’activité du latex à l’autre bout du poil qui re- 
pose sur le derme, est absorbé par les cellules et sert à la 
nourriture de la plante; de sorte que le poil , organe res- 
piratoire, comme la branchié, puisqu'il met le latex en 
rapport avec l'air à travers la membrane pileuse , devien- 
drait encore un organe de nutrition d’ün côté et de sécré- 
tion de l’autre. En effet, où nous conduisent les progrès 
de la physiologie végétale, n'est-ce pas à la concentration 
des fonctions trés-diverses dans une cellule? Et celle-ci, 
qu'on regardait , il y a quelques années, comme üne sphère 
très-simple avec des corpuscules colorés au dedans, n’est- 
elle pas devenue tout un organisme compliqué, au point 
qu'entre un poil de Marica et une Annélide 11 n’y a plus 
tant de différence ? 

À ces observations, je dois ajouter célles-ci : le poil du 
 Marica possède un nucléus diversement placé (fig. 1, 2, 3). 
Je n'ai pas vu que des vaisseaux y aboutissent, bien que ce 
soit le cas très-souvent, mais je ne dis pas pour cela qu’il 

soit Lout-àa-fait indépendant du réseau vasculaire, et sans 
» connexion avec lui, car les vaisseaux peuvent avoir élé si 
contractés, qu'ils auront échappé à mes veux. C’est un 
sujet très-délicat, que jé me propose d'examiner une autre 
fois. | 

J'ajouterai encore que, contre la paroi , entre les réseaux 
vasculaires, il y a des globulines sans mouvement, associées 
par plaques comme l’indiquent les figures ; et que sur le 
Tom. vi. 30 


(438 ) 


sligmate on voit des poils plus petits, coniques (#g. 7), où 
la circulation se fait aussi dans des vaisseaux. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE, 


(Les figures sont dessinées à 250 fois le diamètre ; la fig. 13 à 400 fois). 


Fig. 1. 


S & 


SE ro M8 ER 9 


Fig.2et3. 


Poil de la gorge du périanthe. 


. Vaisseau longitudinal. 


Etranglement d’un autre grand vaisseau lonsitudinal. 
Etranglement du même conduisant à des renflemens. 


. Vaisseau de communication. 


Grand vaisseau longitudinal. 
Nucléus. 
Globulines extérieures au système circulatoire. 


. Paroi du poil. 
. Cellules dermoïdes 


Air y contenu. 
Hèmes poils avec d’autres dispositions du système circula- 
toire. 


Fig. 4 et 5.Poils colorés par la teinture d’iode. 


a. 


Têtes colorées en bleu , comme si elles renfermaient de la 
fécule. 


4. Vaisseaux. 


Bases colorées en bleu comme si elles renfermaient de l« 
fécule. 
Tête de poil avec son produit excrété. 


a. Sécrétion. 


. Paroi du poil. 


Poil du style avec son appareil circulatoire. 

Derme du style. 

Derme supérieur des pétales. 

Cône vu d’en haut. 

Derme supérieur des sépales. Nucléus simple. 

Derme des taches brunes de la gorge du périanthe avec les 
liqueurs colorées et les globulines jaunes. 

Une cellule isolée. Globulines informes avec un point central, « 

Globulines séparées, vues sur plusieurs faces, 

Derme inférieur des sépales avec le stomate et les globu- 

lines disposées en couronne. 
Glabule de pollen, 


C.Morren d'apr nat. 


Lage 438, Torre VI. 


MARICA CŒRULEA KER. 


D ls 


RE EEE DS 


(439 ) 


ORNITHOLOGIE. 


Description d’un Tangara nouveau , par M. B. Du Bus, 
membre de la Chambre des Représentans. 


TanaGra LunuLATA. — Tangara à croissans. 


Tanagra corpore sericeo-atro ; pectore, epigastrio, hypochon- 
driis et maculà postoculari cum lunul& parotic4 igneis ; 
flezurû cum tectricibus alarum minoribus, tergo et uropygio 
lœte cyaneis; tectricibus caudæ superioribus nigris, cyaneo 
terminatis ; crisso atro, transverse rubro fascialo ; rostro 
pedibusque nigris. 


M. d'Orbigny a figuré (pl. XXV, fig. 2 de son J’oyage en 
Amérique), sous le nom de Tanagra igniventris, une 
espèce qui, au premier ceup d'œil, paraît identique avec 
le Tangara à croissans, Cependant, un examen attentif 
m'a convaincu que ces deux oiseaux doivent réellement 
former deux espèces distinctes par les formes, par la taille 
et par des différences assez notables dans la distribution 
des couleurs du plumage. 

Le Tangara à croissans a le bec conique, assez épais à 
la base; la mandibule supérieure est plus longue que l’in- 
férieure ; elle est élargie et renflée sur les côtés, à bords 
ranchans, à arête droite, ne fléchissant sensiblement que 
ers la pointe du bec qui est trés-échancrée. La mandibule 
férieure est plus étroite que la supérieure ; elle a son 
rd inférieur légèrement ascendant depuis l'angle formé 
ar la réunion de ses branches jusqu’à sa pointe. 

- Les ailes sont arrondies; la premiére rémige est plus 
courte que la seconde; celle-ci est un peu plus courte que 


(40 ) 
les troisième, quatrième et cinquiéme, qui sont les plus 
longues. La queue est carrée. 

Le Tangara à croissans est remarquable par la vivacité 
de ses couleurs. Le corps eu général est d’un noir profond 
et velouté ; la poitrine, la partie antérieure du ventre jus- 
qu'aux jambes et les flancs sont d’un beau rouge de feu 
lustré et très-vif ; une tache de la même couleur se trouve 
derrière l'œil près de la nuque , et se réunit à un croissant, 
aussi de la même couleur, et qui descend vers la gorge en 
bordant la partie postérieure de la région parotique. Une 
large bande rouge traverse les couvertures inférieures de 
la queue. Le pli de l'aile ainsi que les petites couvertures, 
la partie inférieure du dos et le croupion, sont d'un beau 
bleu d'azur lustré ; les couvertures supérieures de la queue 
sont noires , terminées de bleu. Les rémiges sont d’un noir 
moins profond que les rectrices. Le bec et les pieds sont 
noirs. 

Je terminerai cette notice en présentant le résultat de 
l'examen comparatif que j'ai fait des T°. lunulata et igni- 
ventris. Mais il est à regrelter que, pour établir la diffé- 
rence spécifique , je sois obligé de me borner à l'examen 
des caractères indiqués dans la figure que donne M. d'Or- 
bigny. Car le texte correspondant aux planches du Voyage 
dans l’ Amérique méridionale, quise publie par livraisons 
el dont la moitié seulement a paru aujourd’hui, n’aceom- 
pagne pas toujours ces planches et ne paraît souvent que 
dans des livraisons postérienres. C'est ce qui est arrivé au 
Tanagra igniventris, dont la description n’a pas encore 
vu le jour, bien que la figure en soit publiée depuis quel- 
ques mois, Néanmoins cette figure m'inspire toute con- 
fiance, à cause de la grande exactitude qui distingue les 


planches du Voyage de M. d'Orbigny. 


Ballitins de l'AHcaderie Tom. V'I, Taac 441 


ES 
EEE 


TANACRA LUNULATA . 


aber onu par dessus b. lon par dessons 
/ / 


CAT ) 


TanaGRa LUNULATA, (N.) 


L’arête de la mandibule supé- 
rieure est droite et fléchie seule- 
mént vers la pointe du bec. 

Lapointe de la mandibule supé- 
rieure est très-échancrée. 

- La mandibule inférieure est moins 

longue que la supérieure ; son bord 
. inférieur est légèrement ascendant 
depuis l’angle formé par la réunion 


de ses branches jusqu’à sa pointe. 

L’extrémité des rémiges à l’état 
de repos, dépasse l’extrémité des 
couvertures supérieures et infé- 
rieures de la queue. 
Longueur totale, 6 pouces 6 
lignes. 

Longueur du tarse, 1 pouce. 

Les grandes et moyennes couver- 
tures des ailes et les rémiges sont 
complétement noires. 


La région anale et les jambes sont 

oires ; une bande rouge traverse 
es couvertures inférieures de la 
eue qui sont également noires. 


Les : 


TanaGna Ienivenris. (d'Oib.) 


L’arête de la mandibule supé- 
rieure est fléchie à partir de la 
base. 

La pointe de la mandibule supé- 
rieure est faiblement échancrée. 

La mandibule inférieure est à 
peu près aussi longue que la supé- 
rieure; son bord inférieur 
presque droit. 


est 


€ 

L’extrémité des rémiges à l'état 
de repos n’atteint pas l'extrémité 
des couvertures de la queue. 


{ 


Longueur totale, 5 pouces. 


' Longueur du tarse, 8 lignes. 

Les grandes et les moyennes cou- 
vertures des ailes sont bordées ex- 
térieurement de bleu ; les rémiges 
sont extérieurement bordées en 
partie de bleu et en partie de blanc 
jaunatre. 

Toutes les parties inférieures 
sont rouges, à l’exception des jam- 
bes qui sont noires. 


» Le Tangara à croissans habite la province d'Honduras. 
fait partie de ma collection. 


HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE. 


* M. le baron De Reiffenberg présente les deux notes sui- 


- Remarque sur J.-F. Foppens. — Depuis que j'ai com- 


( 442 ) 

muniqué à l'académie une notice sur l’archidiacre Foppens, 
le Messager des sciences historiques a publié un poëme 
latin de Dominique Foppens , chanoine d'Anderlecht, son 
frère. M. Gautier, à qui le Messager est redevable de ce 
poème, s’est imaginé que l'Aistoire de Bruxelles con- 
servée en manuscrit à la bibliothèque royale , était de ce 
Dominique Foppens. Il est tombé dans l'erreur; l'Histoire 
de Bruxelles, ainsi que je l'ai dit, appartient à l’archi- 
diacre. M. De Ram qui posséde plusieurs manuscrits de 
ce dernier , a entre les mains le recueil relatif à l'inquisi- 
tion el au concile de Trente. 

Sur une bague ancienne. — Clovis voulait épouser 
Clotilde, fille de Chilpéric et nièce de Gondebald, roi 
de Bourgogne. Le gaulois Aurelien, déguisé en mendiant, 
fut chargé de l'aller trouver. Il devait remettre à Clotilde 
un anneau que lui envoyait Clovis, afin qu’elle eût foi 
dans les paroles du messager. Clotilde, en réponse, lui 
confia aussi son anneau. Telle est l’anecdote que raconte 
un ancien chroniqueur, en y joignant des parlicularités 
qui en font une scène de l'Odyssée, ainsi que le remarque 
M. De Chateaubriand. 

Les anneaux de Clovis et de Clotilde devaient, sans 
doute, pour êlre reconnus, porter quelque signe et ap- 
partenir à la classe de ceux qu’on appelait signatorüi, 
sigillaritii ou cerographi (1), et sur lesquels s’est étendu 
longuement un savant belge, le P. François De Corte, qui 
a écrit un trailé ex professo sur les anneaux en général (2). 


(1) Natalis de Wailly, Élémens de paléographie, 1838, in-4o maj. IT, 
1 et suiv. 

(2) Syntagma de annulis , authore R, P. F. Fr. De Corte (Curtio), Au- 
gustiniano Brugensi, Antwerp , in-8o. 


(43) 


De pareils anneaux , dont l'usage remonte au delà de trois 
mille ans, étaient communs chez les Francs. Les évêques 
se servirent d’anneaux pour sceller jusqu’au IX: siècle; ils 
y faisaient graver leurs noms ou leurs monogrammes, 
quelquefois une tête. Les premiers rois francs scellaient 
également avec un anneau. Je viens d'acquérir, à la vente 
du cabinet numismatique de M. Leclercqz, un joyau de 
cette espèce. Il est d’or, en forme de décagone, à double 
. cachet, et présente sur un chaton une tête dont le style 
annonce l'ère de la barbarie , et sur un autre un mono- 
gramme qui m'offre le nom de Renerus, Reinerus ou Re- 
nerius. 

Cet anneau fut trouvé aux environs de Mons avec une 
monnaie de Swintilla, roi des Wisigoths, plusieurs pièces 
de monétaires mérovingiens ( catalogue, n°° 58, 59—66 ), 
des pièces byzantines d'Héraclius (#hid., n°° 122—124 ), 
une boucle d'oreille et un cachet à l’image byzantine de 
la Vierge. 

La circonstance du lieu où la découverte a été faite et 
le nom de Regnier, car je ne puis lire Treveris avec un 


savant numismate (1), m'ont induit à conjecturer que cet 
anneau pouvait avoir appartenu à l'un de nos Regniers, 
comtes de Hainaut, appelés dans les monumens anciens. 
Ragenarius, Raginerius, Raignerus, Rainerus et Re- 
nerus (2). J'inclinerais volontiers, quant à moi, pour le 
plus ancien, c’est-à-dire Regnier-au-long-Col, celui-là 


(1) On attribue la rédaction du catalogue de M. Leclercqz à M. Lele- 
well, mais cela me paraît fort douteux, attendu les erreurs dont cet 
inventaire abonde. 

(2) Isfr. Thys, Quatuor duntaxat fuisse Raginerios comites Hannonie. 
Acra SS. Ben, VI, 274—282. 


(444 ) 
même dont M, Mone a suivi l'histoire pas à pas dans l’an- 
cienne fable du Renard. 

La têle, grossièrement gravée, est remarquable par la 
coiffure qui la surmonte, et qui m'avait paru d’abord con- 

venir à un évêque. Quant aux ornemens de la bague, j'y 
verrais des abeïlles, si je ne craignais d’être dupe de mes 
yeux et de mes souyenirs. 

Quoi qu'il en soit, cet anneau est digne de J’attention des 
archéologues et mérite d’être mis, à l’aide d'une figure (1), 
sous les yeux de ceux qui ne peuyent Lau - cabi- 
net des médailles de la bibliothèque royale , où il est dé- 
posé. 


HISTOIRE. 


Documens inédits sur Juste Lipse : note communiquée 
par M. Gachard, correspondant de l’académie. 


Lorsque, dans une de mes tournées, il y a cinq ans, 
Jexaminai Jes archives de la ville de Louvain, il me tomba 
sous la main une liasse (2) dont l'intitulé excita vivement 
ma curiosité ; il annonçait des documens relatifs à.une de 
nos plus grandes célébrités littéraires, à Juste Lipse, 

Ayant ouyert celte liasse, j'y trouvai les six pièces dont 
je vais donner l'indication ; elles se rapportent à un évé- 


(1) Elle sera donnée dans un des prochains Bulletins. 
(2) Elle est marquée L, n° 57, dans l’inventaire de Cuypers, intitulé : 
Inventaris alphabeticq van de Lbescheeden, titulen , munimenten ende pro- 
cesstukken bevonden ende berustende ten stadshuyse van Loven. 


| 
| 


( 445 ) 
nement qui marque à la fois dans la vie de Juste Lipse ct 
dans l’histoire de l’université de Louvain. 

La première est une requête, sans date, adressée au 
magistrat de Louvain par M° Nicolas Foxius; il y est dit 
que Juste Lipse était, depuis plusieurs années , réconcilié 
avec le roi et avec l’église; qu'il, se tenait à, Liége, où le 
duc de Ferrare et beaucoup d’autres princes lui faisaient 
des offres magnifiques. pour l’allirer, chez eux, etc: 

La deuxième est une lettre, aussi sans date , de l’univer- 
sité de Louvain aux élats de Brabant: celte lettre a pour 
objet de leur recommander Juste Lipse; l’université leur 
fait observer que, par l'intervention,des péres de la société 
de Jésus, il's’est réconcilié avec l’église, & qué tamen 
numquam defecerat , el avec le roi. 

Une lettre des bourgmestres, échevins et conseil de 
Louvain, adressée à Juste Lipse, le 17 juillet 1592, est la 
troisième. pièce. Ils lui écrivent qu'ils sont informés de 
son intention d’honorer leur ville, en venant y fixer son 
séjour : ils le prient d'effectuer ce dessein, l'assurant 
qu'ils feront tout ce qui dépendra d'eux pour,sa satisfac- 
tion. Ils lui offrent l'exemption de garde.et toutes les im- 
munités qui sont en leur pouvoir. Ce-leur sera, ajoutent- 
ils, un grand bonheur de le voir dans leur ville, et ils 
en espérent le meilleur résultat pour le rétablissement de 
l’université, 

La quatrième pièce est la réponse de Juste Lipse, en 
date du 21 juillet. Il les remercie de leur bonne aflec- 
tion : il n’est aucun endroil, où. il.ait plus le désir de 
vivre que Louvain. Il lui a été offert des conditions bien 
avantageuses pour aller se fixer dans d'autres pays catho- 
liques ; mais il donne la préférence à leur ville. Il leur de- 


mande deux choses : qu'il soit exempt de garde, ainsi que 


( 446 ) 
de logemens militaires, non pas qu'il ait la prétention 
d'obtenir des priviléges particuliers; mais l’état de sa 
santé réclame l’exemption de garde, et celle de logemens 
militaires lui paraît indispensable à ses études. Gette 
lettre est en flamand comme la précédente. 

La cinquième pièce est un acte des 17 juin et 12 sep- 
tembre 1592, par lequel les trois états de Brabant prient 
Juste Lipse, dans des termes on ne peut plus flatteurs et 
honorables , de vouloir, pour l'amour de sa patrie, se ren- 
dre à Louvain et y enseigner, à l’université, les lettres 
humaines, lui offrant une pension annuelle de 600 florins. 

La sixième et dernière pièce est une lettre de Juste 
Lipse à M° Philippe Maes, grefñer des états de Brabant ; 
elle est datée du 9 des kalendes de décembre 1594. Le 
célébre professeur y sollicite une augmentation de sa 
pension. 

Les particularités que ces documens révélent, m'ont 
paru assez curieuses pour mériter l'intérêt de l'académie, 
surlout en ce qu’elles délerminent l'époque précise où 
Juste Lipse fut appelé à Louvain, et les avantages qu’on 
lui offrit pour l'y attirer : il ne paraît pas du reste qu’elles 
aient élé connues des biographes de ce savant. 


Discours adressé à l'empereur Maximilien 1°" par Jean 
de Hun, député du pays de Hainaut, et Jean Jonglet, 
député du pays de Namur, & Ympst(1), le 30 janvier 
1507 : note de M. Gachard, 


Nous ne possédons presque point de monumens de l’élo- 


(1) Je nai trouvé cet endroit dans aucun dictionnaire gévgraphique ; 


( 447 ) 

quence politique de nos pères : les discours qu’on trouve 
dans nos historiens sont peu nombreux, et pour la plu- 
part encore, ils sont de leur invention. Dans un pays , 
comme la Belgique, qui a joui de temps immémorial et 
sans inlerruplion du régime représentatif; où, pendant 
plusieurs siècles, des assemblées nationales ont été ap- 
pelées à statuer sur les plus grands intérêts de la patrie, 
les rapports du peuple avec le souverain, et la discussion 
des affaires de l’état, ont dû cependant donner naissance 
à bien des harangues , à bien des allocutions politiques. 

Frappé de cette lacune dans la série des documens qui 
concernent notre histoire, je n'ai cessé, dans le cours de 
mes recherches, de travailler à la combler. C’est ainsi que 
J'ai pu recueillir (1) les discours si remarquables adressés 
par Charles-le-Téméraire aux députés de la Flandre en 
1470 et en 1475; c'est ainsi que j'ai été à même de pu- 
blier les discours prononcés au sein des élats-généraux lors 
de l'abdication de Charles-Quint (2), lorsque Philippe IL 
les réunit avant son départ pour l'Espagne (3), et lors de 
la cession des Pays-Bas à l'infante Isabelle (4). 


je n’y trouve pas non plus Umbst, lieu d’où est datée une lettre du 7 août 
1496 de l’archiduc Philippe-le-Beau à la chambre des comptes, que j'ai 
rapportée dans le 17 volume imprimé des Znventaires des archives, 
p- 121. Il est évident qu’il s’agit, dans les deux pièces, de la même ville : 
mais quel est le véritable nom de cette viile?.... Ce qui est certain, c’est 
que Maximilien était en Allemagne, lorsqu'il reçut les ambassadeurs des 
Pays-Bas. 

(1) Collection de documens inédits concernant l’histoire de la Belgique, 
1, pp. 219-224 et 249-259. 

(2) Analectes Belgiques, pp.81-102. 

(3) Collection de documens inédits, ete., \, 313-325. 

(4) Zhid , 460-496. 


( 448 ) 

Les mêmes motifs m'ont déterminé à prendre copie, à 
la bibliothèque du Roi, à Paris, d'un: discours adressé, 
en 1507, à l'empereur Maximilien [°, par des députés que 
lui avaient envoyés les pays de Hainaut et de Namur (1): 
c'est le seul document de ce genre que j'aie trouvé dans 
mes explorations littéraires en France, et, indépendam- 
ment des circonstances politiques auxquelles il: se ratta- 
che, il est curieux comme spécimen du style oratoire de 
l'époque. 

Avant de le mettre sous les veux de l'académie, je re- 
tracerai quelques faits historiques sans lesquels on n’en 
aurait qu'imparfaitement l'intelligence: ces faits, quoique 
bien importans , ont été négligés par nos historiens; on les 
chercheraït en vain dans M; Dewez, dans la chronique de 
Robert Macquereau, dans Pontus Heuterus; c'est à des 
sources inédites qu’il m'a fallu les puiser (2). 

Les états-généraux se trouvaient assemblés à Malines, 
lorsque, au commencement du mois d'octobre 1506, la 


(1) Ce discours se trouve dans le manuscrit n° 517 du fonds Dupuy, 
fol. 116-117; l'écriture en est du temps. Voici le préambule qu’il porte : 
« Pour les pays de Haynault et de Namur, à la très sacrée majesté du roy 
» des Rommuins, par Jehan de Hun, escuier, prevost de Mons, et maistre 
» Jehan Jonglet, president dudit Namur, et par la bouche dudit Jonglet, 
» a esté dit et remonstré comme il s’ensuit , à Ympst, le penultiesme de 
» janvier milchinq cens et six, ou en substance. » 

(2) Les sources dans lesquelles j'ai puisé sont : aux archives de Mons; 
le 3me registre aux résolutions du conseil de cette ville, commençant à 
l’année 1485 et finissant à l’année 1509; aux archives du royaume; un: 
registre des états de Brabant portant pour titre: « Rootboeck: sommier 
van de consenten van verscheyde beden, resolutien, acten endé béschee- 
den, raeckende de staten van Brabant, sedert den jacre 1503 totten jaere 
1578, et un autre registre contenant les comptes des aides de Brabant au 
quartier de Bruxelles, des années 1500 à 1514. 


i 


( 449 ) 


nouvelle dela mort inopinée de Philippe-le-Beau à Burgos 


parvint aux Pays-Bas; Guillaume de Croy, seigneur de 
Ghièvres que leroi , en partant pour l'Espagne, avait in- 


stilué son lieutenant-général, les avait convoqués pour 
délibérer surune demande de subsides que rendaient né- 
cvssaires les 1hostililés commises par le duc de Gueldre, 
au mépris des engagemens qu'il avait contractés avec Île 
roi défunt. 

Cette nouvelle causa, dans le sein des états, comme 
par tout le pays, une affliction inexprimable. Le chancelier 
de Bourgogne, après en avoir donné connaissance à l’as- 
semblée, demanda qu'il fût pourvu à la collation des 
offices que le décès du roi rendait vacans, ainsi qu’à la 
mambournie ou lutelle des jeunes princes et à la régence 
du pays : le testament du roi, dont il fit lecture , ne con- 
tenait aucune disposition sur ces deux derniers points. Il 
proposa que des ambassadeurs fussent envoyés aux princes 
voisins, tels que les rois d'Angleterre et de France, les 
évêques de Liége, de Cologne et d'Utrecht et le duc de 
Lorraine, pour les requérir de se maintenir en paix et 
bonne amitié avec les Pays-Bas. Il communiqua aussi aux 
états un trailé de trève conclu, sous leur ratification, 
avec le duc de Gueldre, par le moyen du roi d'Angleterre. 
H demanda enfin que des mesures de précaution fussent 
prises pour la garde des frontières, et que les provinces 
restassent bien unies. 

Les états-généraux délibérérent sur ces &ifférens objets. 

Les députés de Brabant , de Hollande, de Zélande, de 
Frise et de quelques autres petits pays ressortlissans à la 


Hollande (1) furent d'avis : 


(1) Met noch cenige cleyne landen onder Hollande resorterende, est-il 
dit dans le registre des états de Brabant. 


( 450 ) 

Que les membres du grand-conseil du feu roi fussent 
maiulenus dans leurs charges ; qu'il leur fût recommandé 
de veiller soigneusement sur les personnes des jeunes 
princes et princesses; que le conseil pourvût à tout ce 
qui concernait le bien du pays, et que ses résolutions 
fussent prises à la majorité des voix recueillies par le 
chancelier ; 

Que madame la douairière de Ravestein fût priée de 
rester aussi auprès des jeunes princes; 

Que les officiers de justice fussent continués dans leurs 
charges jusqu'à la Chandeleur, et qu'ils se servissent d'un 
sceau de plomb ayant pour inscription: Sigillum Caroli 
ducis, etc., per provisionem tantüm, sans qu'ils pussent 
faire quelque innovalion préjudiciable aux états ni aux 
pays; 

Que tous les officiers de recette fussent de même main- 
tenus, exceplé en Hollande ; 

Que la mambournie des jeunes princes et la régence du 
pays fussent offertes au roi des Romains, et qu'à cet effet il 
lui fût envoyé une ambassade composée de quelques sei- 
gneurs notables et de députés des états ; 

Qu'on laissât au conseil le choix des ambassadeurs à en- 
voyer aux autres princes ; 

Que, pour la garde des frontières , il fût entretenu aux 
frais du pays 2000 hommes à pied, outre les 1000 hom- 
mes à cheval et les 2000 piélons qui étaient à la charge 
du prince, et ce jusqu’à la Chandeleur, ou jusqu’à la con- 
clusion de la paix, si elle se faisait auparavant; 

Que, à l'égard de la trève conclue avec le duc de Guel- 
dre, les états la ratifiassent, et que l’on s’occupât immé- 
diatement des moyens de parvenir à une paix définilive. 

Enfin , ils déclarèrent être prêts à s'unir avec les autres 


( 451 ) 

provinces, en telle manière que, si l’une d'elles était at- 
taquée, toutes fussent obligées de voler à son secours. 

Les députés des autres provinces se rangèrent à leur 
sentiment sur tous ces points, excepté sur celui qui con- 
cernait le choix du roi des Romains comme mambour 
des jeunes princes : les députés de Flandre, d'Artois, de 
Lille, Douai et Orchies, dirent n'avoir pas d'instructions 
relativement à cet objet, et demandérent retraite pour 
aller en référer à leurs principaux. Les députés de Hai- 
paut et de Namur ne voulurent se prononcer ni pour 
le roi des Romains , ni pour quelque personnage que ce 
fût : la présence, dans le voisinage de leurs frontières, de 
forces considérables rassemblées par le roi de France, et 


la crainte que ce monarque n’envahit leurs provinces, si 
en celte occasion elles manifeslaient des senlimens qui 
lui déplussent , furent la cause de cette réserve. 

Nonobstant cette divergence d'opinions , le seigneur de 
Chièvres, le seigneur de Berghes et le seigneur de la Roche 
furent commis à l'effet d'aller offrir à l'empereur la mam- 
bournie des enfans du feu roi. Les documens que j'ai con- 
sultés ne font pas connaître si toutes les provinces leur ad- 
joignirent des députés; seulement j'y vois que les quatre 
chefs-villes de Brabant furent représentées dans cette dé- 
putation, et Bruxelles nommément, par trois de ses ci- 
toyens : Philippe Van Mons, échevin, Henri de Foytcre, 
. conseiller (raedsman) et Pauwels Michelsmans, secré- 
laire de la ville. . 

Les pays de Hainaut ct de Namur, craignant le mécon- 
tentement de l'empereur, par suite de l'avis qui avait été 
exprimé en leur nom dans l'assemblée des états, résolurent 
de Ini envoyer des députés spéciaux, pour lui expliquer 
les motifs de leur conduite, qui n’était pas fondée sur de 


( 452 ) 
l'éloignement pour sa personne, mais sur les ménagemens 
que l'intérêt de leurs provinces leur commandait de gar- 
der vis-à-vis de la France. Les états de Hainaut jelèrent 
les yeux, pour cétle mission délicate , sur Jean de Hun (1), 
prévôt de Mons, et ceux de Namur, sur Me Jean Jonglet (2), 
président du conseil de leur province. Ces députés trou- 
vérent l'empereur à Ympst, et là ils lui adressèrent, par 
l'organe de M° Jean Jonglet , la harangue qui est le sujet 
de cette note, et qui était conçue dans les termes suivans : 

« Sire , quant Gayus Cesar, en faisant ses conquestes , se 
trouvoit à la foys sur mer, et il s’y éslévoit quelque tor- 
mente ou dangereuse témpesle, sés mariniers el navieurs 
de prime face se trouvoient tristes et désolés, pour crainte 
du peril et dangier apparent. 

» Mais, Sire, quant ilz consideroyent la personne de 
Cesar, reprénoient espoir, méltoient seurelté et confiance 
en leurs courages pour sà soeulle presence, et rejéctoient 
d’eulx toutes doubles, loutés craintes et toutes peurs, di- 
sans : Cur timore concutimur ? Cesarem velhimus. 

» Sire, au vraÿy parler, ainsi est-il de nous. Quant for- 


(1) Jean de Hun, écuyer, seigneur de Ronchine et de la Rocque, 
chambellan du duc d'Autriche, depuis roi des Romains, fut nommé 
prévôt de Mons, par lettres de Maximilien et Philippe dorinées à Mons 
le 24 janvier 1483 (1484 , n. st.): Il mourut en 1517 ou 1518. Foy. les 
comptes de la prévôté de Mons , aux archives du royaume: 

(2) Me Jean Jonglet , licencié ès lois, fut nommé chefet président du 
conseil à Namur, par lettrés de Philippe-le-Beau du 10 mars 1504 (1505 


n.st.). Il devint, en 1511, conseiller et maître des requêtes ordinaires 
de l’archiduc Charles. Me. Hercule de Dinant fut appelé à le remplacer « 


comme président du conseil de Namur, par lettres de l’empereur et de 


lP'archiduc données à Bruxelles au mois de mai 1512. Voy., aux archives # 


du royaume , les comptés de la recette générale de Namur, 


Ciné nd +": 


| 2 


(453 ) 
tune envieuse de longue prosperité nous a tollu et ravy 
nostre bon roy, prince et seigneur nalurel, le roy de Cas- 
tille, à qui Dieu par sa grace face mercy, nous nous sommes 
trouvés fort tristes, perplex et desolés, tant pour le regret 
Dr rons de son doloreux trespas, que pour crainte des 
perilz , dangiers et nouvelleités qui souvent adviennent et 


poeulvent advenir aux subjectes apres le trespas de leurs 
princes et seigneurs, tellement que en nous nec spes li- 
bertatis erat , nec cura peculii. 

» Et veritablement, Sire, n’estoit crainte de offenser et 
ennuyer vosire lres sacrée majesté, en tant que l’on poul- 
roit dire que beaucoup parler de ceste matière en vostre 
presence vous seroit renouvellement de doeul, ef secun- 
dum dare supplicium, nous aurions bien cause le regret- 
ter et condoloir. 

» Car, Sire, il nous traictoit en toute doulceur, tenoit 
en paix, en repolz, en justice, en concorde de cueurs, 
en unyon de courages et seurelé de tous voysins. 

» Il avoit desja mis et eslevé en bien jeusne eage et 
soubz vostre appuy, Sire, la tres haulle et tres noble mai- 
son de Bourgogne en plus hault degré qu’elle ne feust de 
la memoire des hommes. 

» Et sy estoit clerement apparent, s'il eusist pleust 
Dieu le laisser de faire et achever, à vostre moyen et ayde, 
Sire, de haulles choses et vertueuses à l'honneur et louenge 
de vous, de luy et au bien, prouflit et seureté d’entre 
nous : qui nous donnoit confiance et espoir de vivre soubz 
Jui de plus en plus en toutes franchises et libertés, et en 
bonne assurance de voysins. 

» Car en sa puissance gisoit nostre seureté , en sa force 
ostre appuy, et nostre eur en sa prosperité, en façon que 

ous nous povoyons bien dire et reppuiter les plus eureux 

Tom. vr. 31 


( 454 ) 

subjects , louenge à vous, Sire, qui feussent soubz quel- 
cunque prince chrestien : Cum felix sit ille populus qui 
sub optimo principe vitam agit felicem. 

» Par quoy, Sire, se nous avons son trespas à regret et 
desplaisir, ce n’est point de merveilles : nature l'enseigne 
et raison voeult que sy grands biens et haulx benefices que 
nous avons receupt de lui et de son temps ne soient mis 
ou coullés en oubliance : Ælias ingrata foret patria. 

» Aussi, Sire, les enffans vertueulx poeulvent comme 
doibvent estre regrettés , et leurs bienffais recongneus et 
regraciés à la personne de leurs pères et parens, en tant 
que filiorum virtutes et merita in parentes irradiant : 
celer ne se poeult et ne se doibt, Sire, ce que lealle af- 
fection constraint à dire : Ædhereat linqua mea faucibus 
meis, sy ejus non meminero. 

» Mais, Sire, puisque le plaisir de Dieu a esté le prendre 
et appeller en sa compaignie, nous ne povons à l'encontre : 
Statutum est hominibus semel mori, et Dei statuta et 

- fati ordinem nostris fletibus inmuture non possimus. 
Nous ne le povons recouvrer. 

» À cesle cause, Domine, reffugium factus es nobis, 
et avons fait comme firent les mariniers de Cesar, Sire; 
car , ainsi tristes et desolés que nous estions , avons tourné 
nos cueurs et levé les yeulx de nos entendemens envers 
vostre tres sacrée majesté, comme à nostre appuy , espoir 
et refluge. 

» Eten considérant , Sire, la grace que Dieu nous a fait, 
puisque ainsi est, et que son plaisir est tel de nous avoir F. 


mis et delaissiet ès mains de celuy a quo vita pendet om- 
nium , c'est vous, Sire, qui toujours avés esté nostre con- M 
fort, ayde et soubstenance, avons reprins espoir, miss 
confiance en nos courages , et rejetté de nous toutes doub- 


{ 455 ) 
tes, poeurs et craintes, et dist en nous meismes : Cur ti- 
more concutimur ? Cesarem habemus. Et, en ce consi- 
derant , Sire, nos coeurs, qui paravant estoient serrés de 
tristesse, se sont ouverts et consolés. 

» Et combien aussy, Sire , que de nostre part congnois- 
sons assés que le cas advenu vous est plus que dur, grief 
et amer à porter par doleur non pareille, toutesfois, at- 
tendu, Sire, vos vertus naturelles, il nous a samblé et 


samble, à vostre tres haulte et tres noble supportation, 
que vostre tres noble coeur se poeult raisonnablement tor- 
ner et mouvoir à consolation pour plusieurs regards et 
considerations. 

» Car qui vouldra, Sire , considerer comment nostre bon 
roy, à qui Dieu soit misericords, a vescu et regné , com- 
ment il est parti de ce monde, et en quel eslat et disposi- 
tion il a delaissiet ses pays et subjectz, l’on trouvera, Sire, 
que Dieu et nature l'avoient doué de toutes vertus et con- 
ditions que in optimo principe esse debent. 

» Il est notoire, Sire, qu’il a vescut et regné grande- 
ment, haultement et vertueusement en l’amour et bien- 
veullance non point seullement de ses subjects, mais de 
touttes nations. 

» Il est parti de ce monde, Sire, quand il a pleust à 
Dieu l'en appeller, comme bon roy et prince, fidele chres- 
tien et tres catholicque, en bonne, grande et glorieuse 
renommée : qui fait conjecture et argument du salut de 
son ame, qui doibt bien consoler vostre haulle majesté, 
car amour de pere doibt plustost chosir et aymer la bonne 
wie el vertueuse de son enffant , que la longue : Quia non 
quantum vixit sed quam bene, inspici oportet , etc. 

» Il y a plus, Sire, et qui doibt beaucoup faire à vostre 
consolation , ja soit que nostre bon roy, cui Dieu pardonne, 


( 456 ) 
feust filz unicque de vostre tres sacrée majesté , toutesfois 
il ne vous a point delaissiet imporveu d’enffans. 

» Il vous a delaissiet, pour vostre consolation, ce tres 
noble tresor messeigneurs et mesdames nos princes et prin- 
cesses, vos nepveux et niepces, ses enffans, esquelz rena- 
tus videtur. 

» Et sy vous a delaissiet ses pays paisibles, ses subjects: 
en bonne concorde , union, amilié et intelligence les ungts 
aveuc les aultres, et en bonne obeissance et leaulté envers 
lui, comme ilz sont et demourront, Dieu en ayde , envers 
vous , Sire. 

» Et posé, Sire, que nos princes el princesses soient 
bien jeusnes et en bas eage, neangimoins Dieu ne les a 
pas oubliés ne delaissiés impourveus de tuteur et deffen- 
seur. 

» Il les à mis et delaissiet, et nous consequamment, en 
vostre garde, main, tuitelle, defence, manbournie et pro- 
tection ; ainsi l’avons tousjours desiré, entendu, tenu et 
congneut , entendons, desirons, lenons et congnoissons, 
sachans que nature l'enseigne et droit l’ordonne, et l'eus- 
sions, Sire, voullentiers ainsi dist et declairiet ouverte- M 
ment à l’assamblée generalle des estals de vos pays d’embas. | 

» Mais, Sire, il sambla lors plus expedient et pour ung. 
mieulx actendre de en faire declaration à vostre tres sacrée 
majesté, par ce, Sire , que nous sommes pres du feu , faim 
sans haye et frontiere à vos autres pays du costé de France,m 
et pour ce temps y avoit grand assamblée de gens de guerre 
à l’entour de nous, ne scavons à quelle fin , et vous estiés 
loingts, Sire; au moyen de quoy, nous craindions que 
dommage ou inconvenient n’en advint, non point, Sire, 
que nos courages ne fussent telz, aussi entiers et leaulx 
envers vous que les avez trouvés par cydevant et trouverés 


ban 


( 457 ) 
aincoires de plus en plus; vous supplions, Sire, en toute 
humilité, ainsi le voulloir croire et prendre de bonne part. 

» Au surplus, Sire, combien que vos bons et leaulx 
subjectz de Haynault et de Namur congnoissent assés vostre 
bonté et nature avoir esté et eslre tousjours enclint de soy 
meismes à les ayder, conforter et subvenir , et qu’il ne 
feust besoing vous exciler ou esmouvoir à ce faire, toutes- 
fois quia zelus domus tue commedit me, Sire, il leur a 
samblé que leurs courages ne eussent point esté assouffis 
ne appaisés, et ne se feussent pas acquittés ne mis en 
leur leal debvoir, s’ilz n’euississent envoyé devers vous leurs 
depputés vous declairer ces choses, et remonstrer leurs 
intentions, desirs et bonnes voullentés. 

» À ces fins, Sire, sommes icy envoyés, monsieur le 
prevost de‘Mons pour vostre pays de Haynault, et moy 
pour vostre pays de Namur, non point, Sire, telz per- 
sonnages ne en tel nombre qu’il seroit requis envoyer de- 
vers sy haulte majesté que la vostre. 

» Mais, Sire, ilz se sont tant confiés en vostre doul- 
ceur et bonté, veu l'amour que leur avés tousjours de- 
monstré ; que ne aurés point regard aux pelits personnages, 
ne au petit nombre de leurs depputtés, ainçois à leurs 
bonnes voullentés et affections. 

» Et soubz ceste confiance, Sire, nous vous supplions 
en toute humilité et obeissance qu'il plaise à vostre tres 
haulle majesté avoir les pays, les subjectz, ensamble leurs 
affaires, en vostre tres haulte et tres noble recomman- 
dation. 

» Et pour monstrer que les ayés pour recommandés et 
en vostre souvenance , qu’il vous plaise prendre la cherge, 
tuitelle et mansbournie de messeigneurs et mesdames nos 
princes et princesses, et consequamment de nous, voz 


{ 458 ) 
subjectz et les leurs, en nous recepvant en vostre garde, 
tuitelle, deffense et protection, tellement que nous puis- 
sions congnoistre , Sire , que nous soyés comme avés tous- 
jours esté, sicut acquilla provocans ad volandum pullos 
suos et super eos volitans. 

» Et, pour commencher entretenir et regler nos af- 
faires en bon ordre, rigle et entretenement, que vostre 
plaisir soit nous faire tant d'honneur que de descendre 
en vos pays d’embas , et nous voulloir visiter ad videndum 


in bonitate electorum tuorum ; ad letandum in gloria : 


gentis tue, ut lauderis cum hereditate tua ; ostende no- 
bis faciem tuam, et salvi erimus ; el, en ayant regard 
aux choses advenues en temps passé , pertes et souffrances 
que avons eu et soubstenu , et à la disposition du temps 
present, vous plaise, pour le bien des pays êt subjectz, 
nous tenir en paix et bonne justice. 

» Vous declairant toutesfois, Sire, que là où l’on voul- 
droit entreprendre à tort sur vous , Sur nous, ou autres 
vos subjectz, ou nous grever ou adommager, nous y voul- 
drions à nos petits povoirs resister , el en ensuivant ce à 
quoi nature nous submet et oblige, nous garder et def- 
fendre, sans y espargnier traveil de corps, peril de per- 
sonne, ne despense de biens. 

» Et, pour accomplir par effect ce que par parolles nous 
vous declairons de coeurs ouvers, vous offrons ce que bons 
et leaulz subjectz sont tenus faire et offrir à leurs princes 
et seigneurs, et qui est escript à nostre doctrine, Judith, 
cal 4 (1): Omnis civitas nostra, omnis possessio uni- 
verse facultatis atque familie nostre in conspectu tuo 


(4) Sie au MS. par erreur : le passage cité est au chap. IE. 


À i 
| 
À | 
M. 
‘4 
| | 
"+ ' 


( 459 ) 


sunt omnia ; sub lege tua, nos jam et filii nostri servi 
tui sumus , elc. ; vent, etc. ; utere servicio nostro, sicut 
placuerit tibi. 

» Sire, en eflet, pour toui comprendre , nous vous 


nos biens , toutte ouverture , obeissance , subjection , aveuc 
nostre tres humble service, pour en faire et user à vostre 


; 
} 
presentons ce qui est vostre : nous , nos coeurs , n0s Corps, 
tres haulte et tres noble discrétion. » 


Sur l'invention de l'imprimerie, note communiquée par 
M. Em. Gachet, employé aux travaux de la commission 
royale d'histoire de Belgique. 


J'ai l'honneur de communiquer à l’académie une note 
que jai trouvée sur les marges d’un manuscrit du XV° siè- 
cle, et qui me paraît du plus haut intérêt pour l’histoire de 
l'imprimerie. La voici : 

Istis diebus mira celeritate librarii seu librorum im- 
pressores usi sunt , tradendo recentia doctorum et no- 
vissime gesta satis vili pretio, nam novitati studentes 
per illum modum indulgere denarios curaverunt. Unde 
factum est ut AD INFERIORES HAS PARTES TURCHORUM GESTA 
DENUNTIARENTUR ; Maxime tamen Parisius in alma ma- 
tre studiorum omnium comportabantur , ubi diebus iis 
hœc copiavi , nec multo post monachus Dunis effectus , 
semper quæ potueram addere marginibus annotavi, qua- 
tenus in parte miranda contingentia posteris in testi- 
monium asserenda relinquerem. 

L'auteur de cette note se nommait Adrien de But, et il 
était né en 1437 dans le polder de Marlemont près de Saef- 


( 460 ) 

tinghe. En 1457, après avoir étudié tour-à-tour à Malines, à 
Bois-le-Duc et à Louvain, où il fit ses humanités sous Émeric 
de Campo, il quitta la Belgique pour se rendre à Paris, et 
ce fut dans l'université de cette ville qu’il acheva ses études 
sous le célébre Gilles de Roye. Il nous apprend lui-même 
que, vers 1458, Jean Crabbe de Hulst, ami de sa famille, 
étant devenu abbé du monastère des Dunes, il se décida 
à prendre l'habit dans cette maison; mais que, n'ayant 
point encore obtenu son grade de maître en théologie, 
et, d'un autre côté, venant de lire la letire de Pétrarque 
sur le double mariage du diable, lettre dirigée contre 
les moines de Gileaux , il eut encore certains scrupules, 
ce qui lui fit ajourner sa prise d'habit. En 1460 enfin 
tout fut résolu, et cette fois Gilles de Roye, son maître, 
l'accompagna lui-même et fit sa profession au monastère 
-des Dunes. 

C'est donc entre les années 1457 et 1460 que nous pou- 
vons placer l’époque dont parle Adrien de Saeftinghe. 

1457, c'est la date du plus ancien livre imprimé à 
Mayence. Paris n'a eu d'imprimeries qu'en 1470, et à 
leur établissement s’est attaché le nom de Michiel Fribur- 
gier, d'Ulric Ghering et de Martin Crantz. Nous voyons. 
cependant par la note ci-dessus, qu'en 1458 ou 1459, on 
colportait déjà dans l’université des livres imprimés qui se 
vendaient à vil prix en comparaison des manuscrits, et ce 
n'étaient pas seulement des bibles ou des missels, ce n’é- 
taient pas des ouvrages de scolastique ou de théologie, 
comme il nous en resle en assez grand nombre, c'élaient 
des imprimés sur les événemens graves qui se passaient 
alors en Italie, c’étaient les faits et gestes de Mahomet IF, 
et des Turcs. Du moins il me semble impossible d’expli- 
quer autrement le texte d’Adrien de Saeftinghe. 


( 461 ) 

Que sont devenus aujourd'hui ces monumens précieux 
de l'origine de l'imprimerie? Je ne sache pas que les sa- 
vans ou les bibliophiles aient eu connaissance de ces es- 
pèces de gazettes qui venaient jusqu'aux Pays-Bas, ad in- 
feviores has partes , raconter les massacres, les incendies 
auxquels l’Etalie était en proie sous la main de ses ennemis 
terribles. Ces feuilles volantes, véritables proclamations 
pour appeler les chrétiens à une nouvelle croisade, ces 
bulles énergiques et brûlantes du pape Pie Il, pour con- 
jurer les princes, de quels ateliers d'imprimerie émanaient- 
elles ? Serait-il croyable que de Rome elles cussent été 
envoyées à Mayence pour, de là , se répandre eu feuilles in- 
nombrables sur le monde chrétien ? ou bien y avait-il dés 
lors à Rome même tout ce qui constituait l'imprimerie , et 
cela peut-être dans la chancellerie romaine ? Cette ques- 
tion bien intéressante, je la livre à l'académie. 

Il me paraît peu probable que les impressions dont il 
s’agit soient venues d'Allemagne en France, et j'en ai dit 
quelques raisons. Cela dérange, il est vrai, un peu loutes 
les notions connues. Mais enfin la note d’Adrien de Saeftin- 
ghe est la. Il ne reste plus qu’à l'expliquer. 

Si l’on n’en tirait aucune conséquence eu faveur des im- 
primeries romaines , il en resterait toujours un fail assez 
curieux, c'est que des 1458 il circulait en Europe des do- 
cumens imprimés sur les affaires du temps; et, sous ce 
rapport-làa seul, la note d’Adrien de But mériterait encore 
de fixer l'attention. 


M. De Gerlache, directeur sortant , n'ayant pu assister 
à la séance générale, communique à l'académie, par lin- 
termédiaire du secrétaire qui en donne lecture, le rapport 
. annuel qu'il vient de faire à M. le Ministre.de l'Intérieur, 


( 462 ) 

sur les travaux de l'académie, pendant l’année 1838- 
1839 (1). 

La séance a été terminée par l'élection du vice-direc- 
teur, et M. De Gerlache a été réélu pour 1840. 

M. le baron De Stassart, directeur pour 1839, est en- 
suite entré en fonctions, et a fixé l’époque de la prochaine 
séance au samedi :8 juin. 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


Faits et vues détachés sur certains points de théorie 
chimique , etc. Feuilles 19 et 20. Par M. Van Mons. 

Notice sur une nouvelle espèce d’épilobe, etc., par 
G. D. Westendorp. Bruxelles, 1839. Broch. in-8°. 

Catalogue des cryptogames observées depuis 1835 
dans le Brabant et dans la province d'Anvers, par 
C. D. Westendorp et G. C. Van Haesendonck. Bruxelles, 
1838. Broch. grand in-8°. : 

Journal historique et littéraire. 48° à 61° hvraisons. 
Avril 1838 à mai 1839. Liége. 14 broch. in-&e. 

Messager des sciences historiques de Belgique. An- 
née 1839, 1°e livraison. Gand. Broch. in-8. 

Nouvelles archives historiques, philosophiques et lit- 
téraires. 2° année , 2° livraison. Gand, 1839. Broch. in-8°. , 

Belgisch museum, uitgegeven door J. F. Willems. 3° 
deel. — 1° aflevering. Gent, 1839. Broch. in-8&. 


(1) Ce rapport sera joint au Bulletin de la séance, 


( 463 ) 
Mémoires de la société royale des antiquaires de 
France. Tom. 14°. Paris 1838, 1 vol. in-8°. 
Journal de la société de la morale chrétienne, t. 15. 

Nos 4 et 5. Paris. Avril et mai 1839. 2 broch. in-8°. 
Geological society of London : Proceedings, vol. WI. 
| Nes 60 et 61. 1838-1839. — Address delivered at the 
| anniversary meeting on the 15 th february 1839. Bythe 
Rev. W. Whewell. — List of the fellouws. March 1, 1839. 
» Londres. 4 broch. in-8. 
| Comptes rendus des séances de l’académie des sciences 
- de Paris. 1* sem. 1839. N° 13-15. Paris. 3 broch. in-4°. 
| Bulletin de la société géologique de France, tom. X. 
Feuilles 5-9. 1838 à 1839. Paris. Broch. in-8°. 

Proceedings of the royal.society. 1838, n° 35 et 36. 
— 1839, n° 37. 3 broch. in-8°. 

Discours prononcé par M. Blondeau à la première séance 
publique du concours ouvert, le 10 janvier 1839, devant 
la faculté de droit de Paris. Paris, 1839. Broch. in-4°. 

Recherches historiques sur les voies d'écoulement des 
eaux des Flandres, etc., par l'abbé J. O. Andries. Bruges, 
novembre 1838. 1 vol. in-8&. 


ERRATA, 
L Page 238, ligne 8; p. 241, lign. 14 
et 16 ; p. 243, lig. 12et27. . au lieu de Pirria, lisez : Piria. 
Page 238, lig: 10et 18. . . . — salirésine:, —  salirétine. 
MES CORP TEE — phlorirésine, —  phlorirétine. 
+ — 238, dernière ligne et p. 239, 
OR EN AR ENNEMIS TER _— canadirésine, — canadirétine, 
PPage 239, ligue 12 . . . . . _ résine , — rétine. 
NT: 1. 0 0, — A=U«, dd Ut: 


(464) 


RAPPORT 


Du directeur de l'académie royale de Bruxelles, à M. le 
Ministre de l'Intérieur et des Affaires Étrangères. 


Moxsreur LE Ministre, 


Dans mon précédent rapport, j'ai rappelé sous quelles 
auspices avait été formée l'académie des sciences et belles- 
lettres de Bruxelles; quel avait été le but de sa création, 
et quelle influence salutaire elle pouvait exercer sur le 
progrès des sciences , des lettres ei des arts, au sein de 
cette Belgique, qui a repris enfin sa place parmi les na- 
tions européennes. L'académie continue à marcher dans Ja 
même voie, et nous osons croire qu’elle justifie de plus en 
plus la confiance du gouvernement et du pays. L'exposé de 
ses travaux, que je vais avoir l'honneur de vous soumettre, 
sera naturellement succinct, parce qu'il trouve son com- 
plément dans nos mémoires, et dans nos bulletins men- 
suels, auxquels l'académie a cru devoir donner plus de 
développemens, à mesure que ses relations se sont éten- 
dues parmi nous et à l'étranger. 

L'académie avait proposé, pour le concours de 1838, 
cinq questions pour la classe des lettres , et huit pour celle 
des sciences. Un mémoire sur l’état de la poésie flamande, 
depuis son origine jusqu'a la fin du règne d’ Albert et 
Isabelle, a remporté le prix, conformément aux conelu- 
sions de M. Willems; un autre mémoire sur l’influence 
du règne de Charles-Quint, quant à la législation et aux 
institutions politiques de la Belgique , a donné lieu à un 


(465) 


savant rapport de M. Raoux. Les rapports de MM. Willems 
et Raoux, et celui de M. De Hemptinne sur un mémoire 
relatif a la garance, ont été reproduits à la dernière séance 
publique et imprimés dans nos Bulletins. Il appartenait à 
M. Willems , également versé dans l'étude de nos monu- 
mens historiques, et spécialement dans la langue flamande, 
d'apprécier la partie la moins connue et la plus originale 
peut-être de notre littérature nationale. 

Puisque j'ai commencé par les lettres, je parcourrai ra- 
pidement les différens mémoires qui nous ont été commu- 
niqués par ceux de nos collégues qui appartiennent à cette 
classe. - 

M. De Reïffenberg, qui sait répandre les fleurs de la 
science sur loule sorte de sujets, nous a lu une piquante 
nolice sur M. Raynouard, et un grand nombre d'essais 
historiques et lilléraires, sur Charles-Quint considéré 
comme renommée populaire; sur J. F. Foppens; sur 
les patois romans usités en Belgique. M. le chanoine 
De Smet a communiqué de curieuses observations sur /e 
caractère et le génie de Ph. d’ Artevelde; sur l'élection 
et la déchéance de Guillaume-le-Normand et sur Les 
infractions faites à la constitution flamande sous le 
régime de Marie-Thérèse. M. Roulez, des observations 
sur {a condition politique des cliens dans l'ancienne 
Rome; sur les vases vulgairement appelés lacryma- 
toires ; sur la découverte de tombeaux antiques à Hol- 
sthum dans le Luxembourg. M. Marchal, des considéra- 
| tions sur les mêmes tombeaux de Holsthum. MM. De 
Stassart, Cornélissen, De Ram, ont pris une part impor- 

tante et assidue à nos travaux. M. Voisin, littérateur et 
bibliophile instruit, nous a lu des considérations sur un 
manuscrit de la chronique de Brandon, sur un projet 


( 466 ) 


de catalogue, à l'usage des bibliothèques de toute la 
Belgique. M. Jules de S'-Génois, une Notice sur les anti- 
quités de la Flandres ; sur les confiscations exercées 
à Malines , de 1767 à 1770; sur Antoine Sandérus. 
M. Gachard, dont vous connaissez l’activité , et qui voit 
souvent ses laborieuses recherches couronnées par d’heu- 
reuses découvertes, nous a lu des observations sur l’am- 
bassade extraordinaire , envoyée par Jacques 1° a l’ar- 
chiduc Albert, pour demander justice contre Erycius 
Puteanus , et une note sur l’Histoire des troubles des 
Pays-Bas, par Vander Fynckt. M. Schayes a publié, en 
1838, lesecond volume d’un ouvrage véritablement érudit, 
et qui a dû nécessiter d'immenses recherches, intitulé : Les 
Pays-Bas, avant et durant la domination romaine. 

Je passe maintenant à la classe des sciences. M. Que- 
telet, notre secrétaire perpétuel, a rendu compte, lors 
de la dernière séance publique , des travaux de l'acadé- 
mie, pendant l’année précédente ; et cet aperçu laisse peu 
de choses à dire pour toute l'époque qu'il embrasse. 

M. Quetelet, chargé de la correspondance de l'acadé- 
mie avec tous les corps savans de l’Europe, ne laisse pas 
de prendre une part continue à nos travaux intérieurs, et 
de rendre à la compagnie des services, de jour en jour 
mieux appréciés. M. Quetelet a présenté à l'académie le 
Résultat de ses observations , sur les températures de 
la terre, recueillies à l’observatoire pendant l’année 
1838; sur une aurore boréale ; sur les étoiles filantes, « 
M. Morren a lu plusieurs élégantes dissertations sur une « 
branche de science qu'il cultive avec succés : sur l'Orga- 
nisation des Jungermannidées ; sur la Morphologie des … 
Ascidies ; sur lÆAnatomie des Musa ; un rapport sur un 
intéressant travail de M. Gb. Phillips, de Liége, intitulé : 4 


( 467 ) 
l Anatomie du cheval. M. Morren a donné en outre une 
Notice biographique sur J.-P. Minkelers, dans V Æn- 
nuaire de l’académie de 1839. M. Wesmael nous a 
communiqué une Notice sur la synonymie de quelques 
gorytes, et sur les chrysides de Belgique. M. Crahays les 
résultats de ses observations météorologiques et des re- 
cherches sur l'électricité par influence. M. Van Mons, 
dont le zéle semble s'accroître avec l’âge , a envoyé à l’aca- 
démie un grand nombre de notes roulant sur des expé- 
riences ou des hypothèses chimiques. M. Dumont a présenté 
un rapport sur la continuation des travaux de la carte 
géologique pendant l’année 1838, et un mémoire étendu 
comprenant des tableaux analytiques des minéraux et 
des roches. Le recueil de nos nouveaux mémoires s’est 
enrichi, en outre, de plusieurs autres travaux remarqua- 
bles : d'un mémoire sur l’irradiation par M. Plateau, de 
recherches sur les coquilles fossiles de Basele, Boom, 
Schelle, etc., par M. De Koninck; de six mémoires de 
M. Van Beneden sur l’ Anatomie des mollusques, dont 
l'auteur continue à s'occuper avec persévérance , de deux 
mémoires de M. Morren, sur le mouvement et l'anatomie 
du Stylidium graminifolium et du Goldfussia aniso- 
phylla ; d'un mémoire sur la pile galvanique, par M. Mar- 
tens ; des recherches de M. Pagani sur quelques trans- 
formations générales de l'équation fondamentale de la 
mécanique , et d’un mémoire de M. De Reiïffenberg sur 
quelques anciennes prétentiôns à la succession du duché 
de Brabant ; M. Garnier a transmis une note sur la trans- 
formation de quelques fonctions imaginaires ; nous de- 
xons aussi des communications mathématiques à M. Chas- 
les , notre correspondant, qui a enrichi nos mémoires du 
travail le plus complet que possède la science sur l'his- 


( 468 ) 

toire de la géométrie depuis son origine. MM. Thiry, Bel- 
paire, D'Omalius d'Halloy, Timmermans, Cantraine, Kickx, 
Lejeune , ont largement payé leur tribut, soit par d’utiles 
communicalions personnelles, soit par de savans rapports 
sur.les questions soumises à l'académie. Nous ne pouvons 
oublier , en terminant, M. Dumortier, dont l’ardeur et le 
talent embrassent à la fois la politique, l'histoire et plu- 
sieurs branches des sciences naturelles, qui a rendu des 
services de plus d’un genre à l'académie, et qui continue 
de prendre une part journalière à ses travaux. 

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de 
mes sentimens de haute considération. 


Bruxelles, le mai 1839. 


Le Directeur, 


E. C. DE GERLACHE. 


BULLETIN 


DE 


L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES 


ET BELLES-LETTRES DE BRUXELLES. 
1839. — N° 6. 


———— 


Séance du 8 juin 1839. 


M. Garnier, doyen d'âge, occupe le fauteuil. 
M. Quetelet, secrétaire perpétuel. 


CORRESPONDANCE. 


Le secrétaire donne lecture d’une lettre de M. James 
Yates, qui annonce que la prochaine réunion de l’associa- 
tion britannique pour l'avancement des sciences, aura 
lieu à Birmingham , pendant la semaine qui commencera 
le lundi 26 août. 

Il met ensuite sous les yeux de l’académie les résultats 
manuscrits des observations faites sur les marées en sept 
stations des côtes de Portugal. Ces documens réunis, comme 
- ceux de Belgique, d’après l'invitation du gouvernement 
Tom. vr.: 32 


( 470 ) 
britannique, et pour favoriser les recherches de MM. Whe- 
well et Lubbock , ont été communiqués obligeamment 
par M. le conseiller De Macédo, secrétaire perpétuel de 
l'académie royale de Lisbonne. 

M. Carr Woods, membre de Ja société météorologique 
de Londres, annonce que son intention est de faire un 
voyage dans les régions intertropicales, dans la vue de s’y 
livrer à des études de météorologie. Son absence se pro- 
longera pendant dix à douze ans; il recevra avec plaisir 
les instructions de l'académie ou les demandes de rensei- 
gnemens sur des sujets scientifiques ou littéraires qui se 
rattachent à son voyage. 


RAPPORTS. 


HISTOIRE. 


MM. le baron De Reiffenberg, Cornelissen et le cha- 
noine De Smet, font leur rapport sur le mémoire intitulé: » 
Essai historique sur les anciens Belges, présenté par 
M. Ph. Bernard , à la séance du 6 octobre dernier. 

« Depuis long-temps, dit M. De Smet, on désire un « 
ouvrage qui puisse nous faire connaître l’état ancien de : 
la Germanie, l’origine de ses peuples , les élémens qui con- 
stituaient leur société si remarquable ; l’histoire ancienne 
d’un grand nombre des peuples européens présentera beau-w 
coup d'énigmes aussi long-temps que cet ouvrage n’existera 
point. M. Moke a touché à quelques-unes des parties dont 
il doit se composer dans son Âistoire des Frances, mais” 
il ne les à point approfondies; M, Schayes a donné plus” 


er. 


lotte "os Le 


(471 ) 
de développement à ses recherches sur le même sujet , et 
l'Essai historique de M. Bernard tend au même but. Il 
esquisse rapidement, mais avec une érudition aussi vaste 
que sage , quelques-uns des traits qui doivent former ce 
tableau intéressant; il fait un choix heureux de citations 
et prouve assez qu’il est maître de sa matière. » 

MM. les commissaires pensent du reste que M. Bernard 
mérite les encouragemens de l'académie; que son mé- 
moire doit être mentionné d’une manière honorable dans 
le bulletin, et qu’on ferait bien de l'exhorter à le publier, 
en l’invitant à étendre ses recherches. Ges conclusions sont 
adoptées. 


MAGNÉTISME TERRESTRE. 


L’académie, conformément aux conclusions de ses com- 
missaires, MM. Crahay et Plateau, ordonne ensuite l'impres- 
sion dans ses recueils du mémoire présenté à la séance du 
6 avril dernier, par M. Quetelet, sur l’état du magnétisme 
terrestre à Bruxelles, pendant les douze dernières années. 

L'auteur communique à ce sujet l'extrait d’une leitre 
de M. le capitaine Duperrey , contenant sur l’inclinaison 
de l'aiguille magnétique à Paris, de nouveaux renseigne- 
mens qui complètent ceux donnés dans son mémoire. 

« Les résultats que je vous adresse, écrit M. Duperrey, 
sont relatifs à l'inclinaison magnétique; quant à la décli- 
naison, je sais qu'on l’observe avec soin à l'observatoire, 
mais les résultats ne parviennent pas jusqu’à moi. Voici 
ce que je puis vous communiquer : 


MM. De Blosseville (à lobservatoire), 21 mai 1827. — Méthode directe. 


Inclin... . 1. . 6%51/,7 


M Duperrey (à l'observatoire), 9 sept. 1834. — Méth. dir. 


Aig. n° 1. 
» n2. 
» n°3. 


Inclin. moy. 


M. Duperrey (au dépôt des cartes), 3 juill. 1834. Méth, dir. 


Aig. no 1. 
» n°2, 
» n°3 

Moy. 


M. Duperrey (au dépôt des cartes), 17 juill. 1834. Méth. dir. 


Aig. n°1. 
» no 2, 
» n°3. 

Moy. 


M. Duperrey (au dépôt des cartes), 28 juill. 1834.— Méth. dir. 


Aig. no 1. 


» nm. 


M. Duperrey (au dépôt des cartes), 9 sept. 1834. — Méth. dir. 


Aig. n° 1. 
» m2 
» n° ST 

Moy. 


Nota. 11 est assez remarquable que j'ai constamment trouvé 6’ de 
moins au dépôt des cartes, qui est au centre du faubourg St-Germain, … 
qu’à l'observatoire, qui est au sud de Paris et de ce faubourg. 


67 26,5 


67 20,6 


. 67 19,1 


67 22,3 


67 20,7 


670 24/,4 
67 28,4 
67 26,7 


6718/,2 
67 20,5 
67 23,0 


67° 16/,0 
67 21,0 
67 20,2 


670 23,8 
67 21,2 
67 22,0 


6718/,7 
67 19,2 
67 24,2 


(473) | 
MA. D’Abadie et Lefebvre (à l'observatoire, sous les yeux de MM. Bou- 


vard jeune et Laugier). 
1836. Le 2 août, de 1! à 5l du soir : 


Aig. no 2. Méth. dir.. 670236 
» ind.. 67 20,8 


» Le » de 11h à 2h15 du soir : 


Aig. no 1. Méth. dir.. 67 23,5 
» ind. 67 20,2 


Inclin. conclue. . 67 22,0 


M. Lottin (à l’observ., conjointement avec MM. Laugier et Plantamour.) 
1836. Le 20 avril, de midi à 2h45’: 


Aig. no 1. Méth. dir.. 67025',9 
| » ind. 67 27,4 


| » Le2l » de 1h30’ à 3h15’ : 


Aig. no 2. Méth. dir.. 67 26,7 
» ind. 67 27,4 


Inclin, moy. . . 67 26,8 
» Le 10 octob.de 1h à 4h : 


Aig. no 1. Méth, ind.. 67 23,5 
» Le 10 octob. de 1h à 4h: 


Aig. no 2. Méth. ind. 67 26,9 
Inclin. moy. . 67 25,2 
Récapitulation. 


MM. De Blainville, à l’observatoire royal, 21 mai 1827. Incl. 67°51/,7 


Duperrey, — 9 sept.1834. » 67 26,5 
— au dépôt des cartes, 3 juill.183%4, » 67 20,6 
25 — 17 juill.1834. » 67 19,1 
_— — 28 juill.1834. n» 67 22,3 
_ $ — 9 sept.1834, » 67 20,7 
D’Abadie et Lefebvre, à l’ob. royal, 2 et 5 août 1836. » 67 22,0 
Lottin, à l’observatoire royal, 20 et 21 avril 1836, » 67 26,8 


. — 10 oct. 1836. » 67 25,2 


( 474 ) 


Ces résultats rapprochés de ceux obtenus antérieure- 
ment, donnent pour Paris une diminulion annuelle de 
l'inclinaison magnétique qui s'élève à 3,7; de sorte que, 
d’après tous les renseignemens que M. Quetelet a pu re- 
cueillir, la diminution de l’inclinaison a été 


Pour Milan de, . . . . . 3,87 paran 
St-Pétersbourg . . . 3,8 » 
DAPIRE Re ee es ae el Rte 7 » 
BEI CE CN OT » 
Christiania. . . . . 3,66 » 4 
AUTRE CL L'EAU » 
Bruxelles". 5-00 00,4 » 
Florence 14,704 .: 08/8 » 
Stoekholmte- .1,1,. . 93,15 » 
Gættingue. . . . . 3,05 » 
Londres "000 US, 4 » 


Dublin fre Lee et » 
Upsal re). MR 720 D 


COMMUNICATIONS ET LECTURES. 


ANALYSE ALGÉBRIQUE. 


Sur la résolution des équations binomes et de quelques 
équations trinomes , par M. J.-G. Garnier, membre de 
l'académie. 


Soit la fonction rationnelle de x, 


A + Bac Oz 4 Dai + ss sc) ER, 13) MN) 


si on l’égale à zéro et qu’on parvienne à résoudre l'équa- 


( 475 ) 
lion résultante, on aura généralement & + bx pour les 
facteurs réels du premier degré, et RL 


Din hi 00 MISE NE. FOR) 


pour ceux du second; comme les racines de cé dernier 
. . . ù . ë 

sont supposées imaginaires, on aura la relation ,, <1,en 

sorte qu’on pourra faire 


0 Fee 
KE — cos. M, d’où 2— 4h cos. M. 
Portant pour + cette valeur dans le facteur (b), on aura 


h°—2hk cos. M + k°x°. 7. . . . (b’) 
d’où l’on tire, en posant £ 1. 
æ—n [cos. Mæ+sin. M}/—1]=0 . . . (b”) 


Substituant ces racines dans le polynome (a) égalé à 
zéro, on aura les deux résultantes 


A+Bn [cos M+sin. My/—1] | 
+ Cn° [cos. 2M + sin. 2My/—1] 


A ST OT ie Nes Lit "fe 


+ Rw [cos. pM + sin. pMy/—1] 
À + Bn [cos M— sin. My—11} 
+ Cn°[cos. 2M — sin. 2My/—1] 
Re Ne re et Lo ET LT 


- . 


+ Ra? [cos. pM — sin. pMy/—1 | 


( 476 ) 
Faisant les combinaisons (ec) + (e’) et (e) —(e'), et divi- 
sant la seconde par W/—1, il viendra 


A+Bn cos. M+Cn° cos. 2M-+..... +Rnr cos. pM=—o. . (d) 


+Bnsin. M+Cn° sin. 2M+...... +Ræ sin. pM=0o. . (d') 


Avant de passer aux applications, nous placerons ici un 
tableau des sinus des arcs de 3° en 3°, calculés pour un 
rayon — 1, extrait des Réciproques de la géométrie , par 
J.-G. Garnier : 


sin. 0°— (1) 


sin, 3 — _. (V5—1 +5) 
sin. 6 = — (841) + er 3 (5/5) 

sn. = = = 2 (y/B4 1) — VE) 

sin, 12 = — 481) PA _. V5+v56) 

sin. 15° — ee (y 3—1) 

sin. 18° — - (5—1) 

sin. 2° = — me (V/5+1) + us. V(5—V5) 


sin. 


sin. 


sin. 


sin. 


sin. 


sin. 


sin. 


sin, 


(477) 


de — I (541) 7e à) 

27 = — — = (V5—1) + = (525) 
PE 

33e — EE (V/8—1) + = v(5+V/5) 
36° — He V5) 

= ae LE y) 
420 — — — VE) + + v(5+5) 

45° — ne 

= sn + 65 
in ne (/5+1) + . V(5—v5) 


54e — a (841) 


sin. 570 = — 


sin. 


sin, 


sin, 


sin. 


sin, 


sin. 


sin. 


sin. 


sin. 


sin, 


sin. 


60° — 


63° — 


66° — 


69° — 


72 = 


75° — 


78 — 


81° — 


84° — 


870 — 


90° = 


(478) 


v3 


8-0) à (65) 


8/2 
V3 
2 


Ts VD + V4) 


V3 
g V5+D + SV EVE) 


QE) + TE (5-5 
1 

32 v(5+1/5) 
e 3+1 

32 KL) 

1 V3 

AUDE 14014) 


1 1 
FEU A Mt dE 


V3 1 
er (5+1) + 12 (5-16) 


v3—1 v3+1 | 
2 VI) RE VERS 


( 479 ) 
1° Assigner les facteurs réels du second degré des 
équations @" + x?" dont la première n’admet que des 
racines imaginaires et la seconde comporte les deux 
racines réelles x = + a. 
Composant a?" + x?" avec (a), on à 


d’où il suit que les équations (d) et (d') se changent dans 
les suivantes : 


a+ n°" cos. 2m. M—0. . . + . . . . (e) 
+ n°" sin, 2m. M—0, d'où sin. 2». M—0 . . (e'} 
Donc, d’après (e’), l'arc 2m. M représente un multiple de 
la demi-circonférence tr, ce qui réduit l'équation (e) à 


celle-ci : 


En" XH+HI—0. (f) 


* Le signe + en avant de 1 répondant au cas où l'arc 2m. M 


a LE tons nier éd cu ttes 


est égal à zéro, ou à un multiple pair de la demi-circon- 
férence ; et le signe — à celui où le même arc est un mul- 


- tiple impair de 7. De l'équation (f) on tire 


D Me me ES SU le din: (g) 


comme la quantité a doit être réelle, il faudra, pour Île 
binome a?” + x?” qui donne — en avant de #?”, prendre 
le facteur — 1 , c’est-à-dire pour l’are 2m. M, un multiple 


( 480 ) 
impair de la demi-circonférence ; et pour a — x?" qui 
donne le signe + en avant de n°”, prendre le facteur + 1, 
ou pour l’arc 2m. M, un multiple pair de x. Mais l'équation 
(g) se réduit à 


2m 
V” 2 h 
a —= n'=n—;—=h 


en observant qu'à cause de R — 1 dans (a), on doit poser 
k—1 dans (b'). Reportant ces valeurs de k. k', prenant 
pour 2m. M le multiple impair (2u + 1)x pour a?" + x?", 
et le multiple pair 2(4 + 1)rx pour a2”*-—x?", on aura ces 
facteurs généraux du second degré 


a” — 2ax cos. 


F'H:S te OMS 


1/4 
a° — ax cos. 


RE Ne RC 
m 


Pour le cas particulier de »m— 3 et le binome af + x5, 
on fera dans (k),H=0,=1,—72, ce qui donnera trois 
facteurs doubles 


a°— 2ax cos. À 7r+xv'—a—2ax sin. 60°+ x’ —a— axy/3+2° 
2 2 2 2 2 
a° — 2ax cos. Er dn = + 2 


a°—2ax cos. à r+2°—a"+ ax sin. 60°+2—=a"+ a2/3+2°, 


dont le produit est en effet af + +5, Pour le binome aÿ—xt à | 
on fera dans (k”), p —0 et b—=1; d'où résulteront ces M 
facteurs 


a°— 2ax cos. } 7 + 2° — a" — ax + 2° 


a° + 2ax cos. $ r +2 0 +ar+r, 


( 481 ) 
le produit 


(a°—x")[(a’+2°) — ax] [(a°+2°) + ax] —=a$— 7x5, 
on aurait pu poser 
aé—x6—(añ+x)(a—2$)—(a+x)(a—x)(a—-ax+x")(a +ax+x") 


et plus généralement 


dx" — (am + x) (am — x"); 
2° Trouver les facteurs doubles des binomes a?"+1 
+æm+1 dont le supérieur n’a que la racine réelle 
æ——a, et l’inférieur que celle-ci x = + a. 
Les facteurs du second degré à racines imaginaires, 
sont encore en nombre ». En remontant aux équalions 
(d) et (d'), on en déduira les suivantes : 


a HE n°4 cos. [(2m+1)M]o. . . . (i) 


sin: HMéma 1) M] 0... eus 707) 


De (i) on déduit , en ayant égard à (7) 


am-1 
a = V + M UNIS 


Or, a devant être réel, les deux facteurs sous le radical 
doivent avoir le même signe, en admettant le signe su- 
périeur de n?”+1 qui répond à a?”+1 + g°"+1, il faudra 
que (2m +- 1) M soit un multiple impair der; et que pour 
a — g2+1, le même arc (2m + 1) M soit un multiple 
pair de x. D'ailleurs, on a toujours, comme précédemment , 


(482 ) 


a=n a Han, à cause de #— 1; substituant dans (b') 


4 74e ei | : 
ces valeurs de À et k et faisant M—=" CS 


3 ï z pour 4 
0] 1 m+ 
u + 
ea g27+1 et M ( ) our a2+1 a+ 1 on 
; En P 7 
2m + 1 


obtiendra ces facteurs doubles 


Qu +1 
——— 7 
Don + 1 


+ 27,0 ST 8, @) | 


a? — ar cos. 


af, D T+X 


a? — ax cos. 
2m+ 1 


nat RO 


Soit m=— 2, el on aura sous les hypothèses y —0o et 
= 1, 


a5ÿ+a5—(a+x)(a"— ax cos. 7+ 2°) (a°— 2ax cos. 5x + x) | 


—(a+r)[a—2arx+1(p/8+1)+4"][a—2axx—1(/5—1)+2] 


—(a+x) [Ce = +8) à _. 
Ke-3.) 


et 


a5—25—(a—x) (a°— 2ax cos. ? 7 + 2°) (a°— Dax cos. Ÿ x + 2) 


—(a—x)[a—2ax X 1(V/5—-1)+2"1[a"+2a7 X 4 (V/5+1)+2° 


(a a ax 8 
(as) [(o+ +) TV | 
(CEE TA 


produit facile à effectuer. 


« 
3° Proposons-nous d'assigner les 2m facteurs hino- 
mes du trinome, 


Am 


2m 2 4 
G — a rcos.p+r” 


(1) 

En le comparant avec la formule (a), on obtient A—a, 
0... , R—1, d'où k—1, enfin p—= 4m: si l'on 
représente par L le coefficient du terme où x a pour expo- 
sant 2m, on aura L = — 24?” cos. o. L'équation (d) qui 
renferme trois termes , donnera 


4 2 2m 4 
a’ —2a cos.oXn cos. 2m.M-+n" cos. 4m.M—o. ([') 


et l'équation (d') qui n’a que deux termes, donnera 


2 2m . am ; 
— a" cos.o X n°” sin. 2m.M+ n°" sin. 4m. M—o. (l”) 


Divisant (2) par 2n°" sin. 2m.M, en observant que 
sin. 4m.M — 2 sin. 2m. M cos. 2m.M , on en tirera 
° a?m cos. % 
n°" é i Fe (2) 
cos. 2n.M 
Substituant pour #?”' sa valeur (7) dans (/'), on a , toutes 


réductions faites, 


sin*. z cos’. 9 tang”. 2m.M— 0, d'où tang. 2m.M—tang. # 


(484 ) 


el par conséquent 


COS. 2m Mens 9 ea NET) 


Donc l'équation (7) donne 
n— ==. 
D'ailleurs, d’après (ZT), # 
D 
à 2 
cos. 2m. M— cos. (2ur +»), d'où M— er . 
% 2m 


Portant ces valeurs de » ou k, de M et faisant 41 
dans (b’), on aura le facteur général double 


dur + 
a° + dax cos. ue 
Din 


Aie Ce SOIN 
où on supposera 


emo Me auTieS = m — |. 


Soit, pour exemple, le trinome aÿ—a“xt+ x qui 
revient à 


as — Dai xé cos. & 7 + 28. 
Comparant avec ({), on conclut m = 2 etp— 5%. 
Donc en faisant u — 0, — 1 dans la formule (#), on trou- 


vera 


T 77 
a? + 2ax de zx” et a° —Æ 2ax cos. Fe +8, 


motions sd mt à à td | 


(485 ) 


T 
et parce que TE 15° , ces facteurs seront 


2e 


V3 + 1 ; v°3—1 
SR TITRE Æ T a DE 
*2 NOMME "à 


a +ax De, 


ce qui revient, pour la vérification, à effectuer le produit 
L(a? + x) — a° x° (2 #. V3)] [(a° +27) — ax (2—y/3;] 
qui rend la proposée. 


4° Cherchons les facteurs du second degré du trinome 


2(2m + 1 2m+1 2m+1 2(2m +1 
ä (2m + j:r9% m + se cos. » Pr Cia : ? (x) 
En suivant la marche tracée précédemment, on parvien- 
dra aux équalions 


2(2m+1 m1 2m+1 
D En tent cos. o cos. (2m + 1)M 


RAR CT 608, 2(2m+1)M—0. . . (p) 


2m +-1 
"+1 4 TT cos. y p) 
cos. (2m + 1) M P 
Substituant dans (p) pour n°”+1 sa valeur tirée de (p'), 
on obtient , après les réductions, 


tang. (2m + 1)M = tang. », 


cos. (2m + 1) M — cos. p — cos. (2ur + y) . (q) 
Tom. vr. 33 


( 486 ) 


Ge qui, d'après (p’), conduit à cette détermination 


2m +1 Lee 
nn Nu RES. 


On tire de (g) 
2ur + 9 : 
M— CENT NT. TELE à (g ) 


de sorle qu’on a pour facteur double : , 


2ur + o 
QŸ — 247 COS. "© + pe, (r) 
2m + 1 


Qu'on demande, par exemple, les cinq facteurs doubles 
de a — à à + #10, qu'on écrira ainsi : 


a — Da5 à5 cos. 4 7 + w10 : 
on aura 


p—35T, 2(2m + 1) —10;. d'où »m —°2. 


Faisant &— 0, —1,— 9, le facteur (r), c’est-à-dire, 


a 


(Qu +i)r 
2m + 1 


— 2ar cos. HE Nr 
devient 


T 
a" — 2ax cos. — + z°, 
15 


tant pour + ç que pour — 9: puis les quatre derniers 
facteurs doubles sont 


z . 2 2 
a mnt TER a —,ax,+ 2°, 


LC TN din D De. 


(487) 


2 4 
a” + 2ax cos. Te MD a° A 20 COR LEE A x: 


mais 
3 
Fe —=12°: donccos. L2e=sin To (/8-17 (5+y/5), 


2 3 
cos. = 008. 24e —sin. 66° = 1(//5+1) V5) 


4 3 

cos. E= cos.48°=—sin. Den ét (5+y5) 
77 . V3 

— cos.84°=sin.60 — — 1(/5+1 Ha —V5) 


En disposant convenablement les facteurs doubles, il res- 
tera à faire le produit : 


D lei: 10/84 1) VV] 
[a° +2’ + }ax(y 5 + D 55) 
Gare dant 5 D 2/5] 
Quad 50 +175 

Le produit du second par le troisième, est 

aû + Lax(p/5 + 1) + (1 + 5) 2 Loc 
celui du quatrième par le cinquième, est 
ai — Laix(y/5—1)+(1 — 5 AE ax + æi, 


( 488 ) 
Le produit de ces facteurs se réduit encore à celui d'une 
somme par une différence, c’est-à-dire à 


a°r* ax v'5 à 
(ai + zaîr + 3 RS) na es 


produit égal à 


as + 7x — a5a3 — aéré — a3x$ + ax? + 2 


qu'il faut multiplier par le premier facteur a°— ax + x", 
ce qui rend la proposée a!° — aÿx° + °°. 
Remontons à l'équation 


am — 1—0 


et supposons »m décomposable en facteurs p et g premiers 
entre eux : les racines de la proposée s’obliendront en 


cherchant celles de 


a —1—=0 et x7—1—0, 


et en multipliant chacune des racines p de la première par 
chacune des racines g de la seconde, produits qui seront 
en nombre pg = m. En effet, soient &’ et 4” deux racines 
de la première, et 6 et 6’ deux racines de la seconde, on 


aura d’après (b”) 


a Fe AT ; j PL 
etes, 
P P q q 


c’est-à-dire 


* ==,C08. 


n° 
X 27 + sin. — X 27 V/— 1 
P 


x = COS. 


L 
X 27 + sin. — X 27V/— 1 
P 


(489 ) 
74 pe 
€ —= cos. — X 27 + sin. — X 27 V/— 1 
q q 


44 14 


"= cos. — X 27 + sin. — X 27V/— 1 
q q 


Conséquemment 
À A4 ru 
D nn Pos 
Pq Pq 
LE | L' LA 
a'€'— cos. EF ES Label dr + sin. els 
pq Pq 


Or, si 6’ pouvait être égal à «’6”, on aurait 


; L DE LUE JR EL En 2e 

Xq + Xp = q + L’p, ph ee ET RETTTL 

mais }' et L’ étant moindres que p et X” et L” moindres 
que g, la fraction = dont les deux termes sont premiers | 
entre eux, ne serait pas irréductible. Ainsi la résolution 
de l'équation 


&l5 — 1 — 0, 
se réduira à celle des équations 
æ3— 1 —0o et 2 — 1 —0, 


et, en faisant les produits successifs de chacune des trois 
racines de la première, par chacune des cinq racines de 
la seconde, on aura les quinze racines de la proposée. 
Pareillement l'équation 


230 _1]= 0 


( 490 ) 
se réduirait à celle des équations 
22 — 1—=0;88—1—=0, 25,— 1 —0, 
et ainsi des cas analogues, 


On démontre facilement que 


2m m 
æ —2x cos. my + 1 —0 


a pour diviseur 2x cos. y + 1 : donc en faisant my— ; 
d'où y — L, observant que cos. = cos. (9 + 247), et po- 
sant successivement À=0,—1,..... = m—1,on aura 


a — 07" Cô8. » + 1 = [r° — 2 cos. LATIN 1] 
m 


D) f/ 
AA el 1] X [z°— 2x cos. ? = 


[r° — 2x cos. ose ° 


. . Û . . 0 . e « 0 . . . 


X [r°— 2x cos. faites) +1], 


mn 


ce qui rentre dans les cas (3° et 4°). 
Pour 9 —0 et y—7T, la précédente se réduit à (x + 1}. 
Dans une note insérée dans le Bulletin du 2 mars 1839, 
de l'académie royale de Bruxelles, nous avons donné cette 
formule connue els 


zV/—1=1l(cos, x +sin. 3}/—1), 


. . . CNT MAN . T 
L'indiquant un logarithme népérien; si on pose æ = ;,, 
r désignant la demi-circonférence, et qu’on divise par . 
V/—1, on aura 


T 7% 1 413 gll \ 
DT 7 ie 4/10 - al, EE 
“A F? LM 1 


c'est-à-dire 


den gere 
V2 = =. À 
£ 
mais 
Z T T° x} L 
e = +g-+t Fs-+ 523 + ete. — 4,81049, 
donc 
a 
y—1Y — 0,207879. . . .. 


Dans un autre écril, nous appliquerons ces principes 
à la décomposition en facteurs de plusieurs séries infinies. 


MÉTÉOROLOGIE. 


Halos et parhélies. — M. Quetelet donne des rensei- 
gnemens sur un phénomène lumineux qui a été observé 
dans la journée du dimanche, 2 juin. Il était environ 
10 heures et demie du malin lorsqu'il aperçut un halo 
très - remarquable autour du soleil; l'aire, d’un gris 
bleuâtre assez intense, élait bordée de couleurs peu pro- 
noncées, parmi lesquelles on distinguait cependant bien le 
rouge , le jaune et le bleu ; le ciel était en général couvert 
de petits nuages blanchâtres cirrho-cumulus. La matinée 
avait été assez fraîche comparativement aux jours précé- 
dens; le thermomètre centigrade, qui s'était élevé la veille 
jusqu'à 21 degrés, était descendu à 8 degrés, tandis qu'il 
est remonté à près de 20 dans l'après-midi, et pendant 
l'apparition du phénomène qui s’est prolongée jusque vers 


( 492 ) 
le soir. Plusieurs mesures prises successivement , ont donné 
pour valeur moyenne du rayon de ce halo 22°27. Le 
vent, assez faible, soufflait de l'ENE. Les indications des 
instrumens méléorologiques pendant la journée, ont été 
les suivantes : 


: THERMOM. 
BAROMÈTRE. TUERM. EXT.| HYG. SAUSS, 
du bar. 


9 heures du mat. 756,85 
ROUX 0 de el Le 756,26 


4 heures du soir . 754,34 


9 heures du soir . 754,06 


Le phénomène, vers 2 heures de l'après-midi, présen- 
tant à peu près les mêmes apparences que dans la matinée, 
M. Quetelet ne jugea pas à propos de prolonger ses obser- 
valions; cependant, vers 6 heures du soir, il se forma 
un halo exlérieur et presqu’en même temps deux parhé- 
lies. M. Quetelet communique à ce sujet Ja lettre suivante, 
de M. C. Willaert, professeur de physique à Alost, dans 
laquelle on trouvera en même temps quelques nouveaux 
renseignemens sur l'état du ciel pendant la matinée. 


«La matinée avait été fraîche. Le vent soufflait entre le 
nord et l’est. Beaucoup de vapeurs blanches, semblables 
à une gaze légère qui flotte au gré des vents, volti- 
geaient dans l'atmosphère. Vers midi, ces vapeurs vinrent 
en partie se placer devant le soleil, qu’elies voilaient légè- 
rement et aulour duquel elles se disposaient à peu près 


( 493) 


circulairement. Un grand nombre de stries blanches, 
ayant l'apparence de rayons, partaient du centre à la cir- 
conférence. Tout à coup l'arc oriental commence à se 
teindre des couleurs de l'iris. Le phénomène croît rapide- 
ment, et en quelques minutes un halo paraît dans toute 
sa beanté. Le soleil occupait le centre d'un espace circu- 
laire d’un bleu très-foncé. Cet espace, ou l'aire du halo, 
élait compris entre plusieurs cercles concentriques diver- 
sement colorés. Le rouge, bien tranché, était en dedans, 
l’orangé et le jaune étaient encore bien distincts; un large 
cercle bleu, dont le bord extérieur tirait sur l'indigo, 
enveloppait les trois précédens et s’effaçait insensiblement 
dans l’azur du ciel. Je n'ai pas remarqué de couleur verte 
ni violelle. Le phénomène n’a été vu d’abord que quelques 
minutes dans tout son éclal; maisil s’est conservé avec une 
moindre intensité jusqu’à 2 heures, époque où il a disparu 
avec les vapeurs atmosphériques. À 4 heures, le ciel était 
parfaitement serein. Mais à mesure que le soleil s'inclinait 
sur l'horizon, les vapeurs se condensèrent de nouveau et 
et le phénomène reparut plus beau que jamais. À 6 heures, 
il ÿ avait deux halos, l'un intérieur bien formé, et l’autre 
extérieur dont on ne voyait que quelques traces. Le dia- 
mètre du pelit, que j'ai mesuré, avait la longueur de 45 
à 46°; celui du plus grand pouvait avoir une longueur 
double. Ce n’est pas tout encore, à la même heure (6 h.) 
il s'est formé deux parhélies dans la circonférence du 
halo intérieur. L'une de ces images du soleil élait à 
l'extrémité australe, l'autre à l'extrémité boréale du dia- 
mêtre qui passait par le soleil. L'image méridionale émet- 
tait des faisceaux de rayons lumineux, qui, par intervalles, 
avaient l'apparence d’une croix lumineuse, semblable à 
celles que l’on peut produire avec les réseaux métalliques 


( 494 ) 
de Fraunhofer. Après 6 heures, les parhélies ont diminué 
d'éclat ; et, à 7 heures, elles avaient disparu ainsi que les 
halos. 

» Je crois devoir ajouter que, depuis 9 heures du matin, 
le baromètre a baissé continuellement. L'hygromètre mar- 
quait une assez grande sécheresse. Entre midi et 4 heures, 
le thermomètre marquait plus de 20°, » 


Pluie extraordinaire. — M.Quetelet entretient ensuite 
l'académie de la pluie abondante qui est tombée dans la 
nuit du 4 juin. 

« Le mois de mai avait élé généralement remarquable 
par sa sécheresse; le 1% et le 2 juin, il était tombé un 
peu d’eau. La pluie du 4 commença un peu avant midi , 
et, jusque vers le soir, elle n'offrit rien de particuhier. 
L'orage ne commença à se déclarer avec intensité qu'après 
8 heures; la pluie était chassée avec force par un vent 
violent , dont la direction venait du nord et qui, plus tard, 
passa vers l’ouest. Pendant plus de trois heures , elle tomba 
avec une abondance dont nous n’avons guère d'exemples | 
dans nos climats. Les coups de tonnerre étaient forts etse . 
suecédaient à des intervalles très-rapprochés; la foudre 
éclata en plusieurs endroits , sans qu’il en soit résulté d’ac- | 
cidens, du moins à notre connaissance. Mais il n’en est w 
pas de même de cette pluie désastreuse : dans plusieurs en= F 
droits les récoltes ont été détruites ; les campagnes inon= 
dées. Dans le jardin de l’observatoire plusieurs arbres ont 
été déracinés; trois peupliers ont été renversés ; le long'des 
boulevards, on à lrouvé le lendemain un grand nombre 
d'oiseaux morts ou tellement abattns par la pluie et le 
fatigue, que les passans pouvaient les ramasser. Les com 
munications par le chemin de fer furent interrompues en 


vo sur 


( 495 ) 

plusieurs endroits; un grand nombre de bestiaux à W1, 
à Crainhem, à Dieghem ont péri avec leurs étables; mais 
le désastre le plus déplorable est sans contredit celui 
du hameau de Borgt, près de Vilvorde , qui a été presque 
totalement détruit avec plus de quarante de ses habi- 
tans, morts sous les décombres ou ensevelis sous les eaux, 
L'orage en général a sévi avec le plus d'intensité dans 
toute l'étendue de la vallée de la Woluwe et du côté de 
Berthem, où l’on a eu à regretter également la perte de 
onze personnes. 

». La quantité d’eau tombée du ces différentes lo- 
calités doit avoir été considérable, puisqu'a Bruxelles, 
éloignée de quelques lieues du théâtre de ces grandes dé- 
vaslations,, la quantité d’eau recueillie sur Ja terrasse de 
l'observatoire , le lendemain. vers midi, s ’élevait à à 112,78 
millimètres ; quantité énorme, puisqu'elle forme le sixième 
de l'eau qui y tombe annuellement (675,75 millimètres 
d’après les observations de 6 années ). Il convient de dire 
cependant que l’eau recueillie était tombée pendant une 
période plus longue que 24 heures ; en ne tenant compte 
que de l'eau recueillie à 9 heures du matin, et qui s'é- 
levait à 108,46 millimètres, cette quantité est encore 
bien considérable pour nos climats, et nous n'avons jamais 
eu, occasion d'en observer une aussi grande dans l'es - 
pace d’un jour. On ne peut guëre comparer cette pluie 
qu'a celle du 7 juillet 1833, pendant laquelle il tomba 
plus de 56 millimètres d’eau en moins de deux heures. 
Voici, d’après les {nnales de l'Observatoire , quelles ont 
été les plus grandes quantités d'eau recueillies chaque 
année , pendant l’espace de 24 heures, depuis que les 
observations y ont commencé. 


( 496 ) 


1833, le 7 juillet. . . . . 656,27 millimètres. 
1834, le 27 août . . . , .' 39,71 = 
1835, le 9 octobre . . . . 35,89 — 
2636, ,le, 14, mars .., . 4,1,-,5:::42/01 — 
1687; le10faout 0 7 RE RAGE —— 
1838 (le 28 juin10. 1e Wu 10e7,84 — 


» La pluie qui vient d'être signalée, nous le répétons, 
n’est remarquable que pour notre climat; car, dans des 
latitudes moins élevées, les pluies sont quelquefois beau- 
coup plus considérables : il suffira de citer, par exemple, 
celle dont M. Arago a parlé (1), d’après M. Tardy De la 
Brassy, et qui a donné, le 9 octobre 1807, pendant l’es- 
pace de 24 heures, 29 pouces 3 lignes d’eau, ou 791,80 
millimètres : c'est plus qu'il n’en tombe à Bruxelles pen- 
dant loute une année. On aurait peine à croire à une pluie 
semblable, si l'on ne pouvait citer l'orage qui éclata, le 25 
octobre 1822, sur un canton des environs de Gênes, et 
qui produisit 30 pouces ou 812,10 millimètres d’eau. 

» Voici quel a élé l'état des instrumens météorologiques 
pendant la journée du 4 : 


THERMOM.| THERMOM. | HYGROM. 


BAROMÈT. 3 
du bar. EXTÉR. |SAUSSURE, 


9 heures du matin . . . 20,3 18,5 86,5 


OURS ES SA. asso Lie. de 21,1 18,1 90,0 
4 heures du soir. . . . 21,0 16,1 100,0 
9 heures du soir. : . . 20,0 12,0 100,0 


» Le mercure, dont l'abaissement n’a pas élé considé- 
rable, a remonté assez vite après 9 heures ; à 11 heures et 
demie , il indiquait 748,30 millimètres. 

» Nous avons reçu, depuis, les observations d’Alost et de » 


(1) Annales de physique, tom. XXXVI, pag. 413. 


S ( 497 ) 
Gand, qui nous ont été obligeamment communiquées par 
MM. Willaert et Duprez, à qui l’on doit des observations 
méléorologiques failes régulièrement quatre fois par jour 
dans ces deux localités. Ces communications tendent à 
montrer que l'orage s’est manifeslé avec moins d'intensité 
daus les Flandres que dans le Brabant. Nous les reprodui- 


sons ici (1). » 
Alost , le 6 juin 1839. 


« Nous sommes assez heureux pour n’avoir pas éprouvé 
les désastres que l'orage a causés en plusieurs autres 
lieux. Toutefois la pluie a élé conlinuelle et presque tou- 
jours battante depuis mardi midi jusqu’à mercredi vers la 
même heure. Plusieurs fois, durant la soirée du mardi, le 
tonnerre s’est fait entendre dans le lointain. De 3 à 5 heures 
le vent a soufflé avec force. Ensuite il s’est calmé entière- 
ment, pour recommencer avec plus de violence vers les 9 
heures du soir. Alors aussi les éclairs et les coups de ton- 
nerre se sont succédé assez rapidement, et ont élé assez 
forts, mais toujours l'orage était loin de nous. Il parais- 
sait être retenu par les collines des environs de Gram- 
mont. J'ai appris que celle dernière ville a élé en partie 

 inondée; mais je n'ai point d’autres détails. La quantité 
d’eau que j'ai recueillie dans mon udomèétre, durant les 
24 heures de pluie, a été de 54",60. La veille, il en 
était Lombé 5%%,26, et aujourd'hui qu'il a plu et grêlé, 
“il y a eu 2%%,48 d'eau. Le barromèlre est descendu 
| constamment du 1° au 4, etdepuis lors il remonte rapi- 
+ dement. Mais comme il n'a élé que jusqu'a 750Mm dans 


(1) Deux autres orages très-violens ont éclaté depuis : l’un à Anvers 
“ct dans plusieurs autres localités pendant la nuit du 14 au 15; l’autre, 
- dans la soirée du 18; il a ravagé Gand et ses environs et s’est dirigé 
sur Anvers. 


RP EE 


( 498 ) 


son plus grand abaïssement , et que d'ailleurs sa marche a 
été régulière, je crois que le tableau des hauteurs obser- 
vées à différentes époques n'aurait rien d’intéressant. 

»'Je dois ajouter aux détails que je vous ai transmis le 3 
de ce mois , qu’un de mes élèves in’a assuré avoir vu’ une 
troisième image du soleil, placée à 90° Est des deux pré- 
cédentes. » 


Gand, le 7 juin 1839. 


10 


« Laquantité d’eau tombée du 4 au 5, à midi, a été de 
76, 5 millimètres , un peu plus que lé aégéiné dé OA ré- : 
cueillie pendant le cours dé l’année détnière. 

‘» Les variations barométriques n’ont offert rién aie 
quablé : lé baromètre qui, le 4 à midi, marquait 752mm,9 
par une température de 22°,0 RONDES, ést monté dans 
la noit, de'4mm,4  """ ‘toy 

» Le même jour , le vent a constamment soufflé du NE; 
mais vers le soir il est tourné au NO. Le ciel est resté en- 
tiérement couvert , et vers les 9 ? heures du soïr on‘à vu 
briller un éclair trés-vif, qui a été suivi d’un coûpde ton- « 
nerre. Les RASE vor linites observées ont été"21°,12 
ét 9,87 centig. » “hd : 

— M. Crahay a Srq les nouveaux nero 
qui suivent, sûr les phénomènes dont il vient d’être’ parlé. 

Halo'lé 2 juin. — On eù a vu un à Louvain depuis 
10 heures du matin jusqu'a 2 heures de l'après-midi; 
je n’ai pas appris qu’on y ait aperçu un parhélie.” 

Orage du 4. — Depuis le 2 au matin où le baromètre 
était à 756,07, la pression de l'atmosphère a continuel- 
lement diminué jusqu’au 4, où le baromètre a atteint sas 
moindre hauteur vers les 10 heures du soir, il était alors, 
à 744,88. La direction du vent a été variable pendant la 


( 499 ) 
journée du 4; elle a été successivement N,E, NNO, dans 
la soirée elle m’a paru être NO, du moins à en juger d’après 
la direction que suivait la pluie dans sa chute. Pendant 
l'après-midi du 4 il était tombé un peu de pluie, à 5h. 
elle devenait plus abondante, depuis 7 heures elle à été 
d'üñe force extraordinaire; vers les 8 heures elle a pres- 
que cessé, maïs après un petit quart d'heure des éclairs 
se sont montrés, la pluie a recommencé presque aussitôt 
et'avec plus de force qu'auparavant; elle a duré jusque 
vers 1; heure de la nuit, en n’éprouvant que de loin en 
loin de légers et courts ralentissemens ; les éclairs crois- 
saient en intensité jusqu'à 10 heures; les coups de 1on- 
nerre étaient peu forts comparativement à la vivacité de 
la lumière des éclairs , et ils ne suivaient ceux-ci qu’aprés 
. d'assez longs intervalles. — Le vent soufflait avec violence; 
à deux heures de Ja nuit la pluie tombait toujours, mais 
avec beaucoup moins d'abondance; elle a continué pen- 
. dant toute Ja nuit el la matinée du lendemain. Le 5, à 8 
- heures du malin, j'ai mesuré l’eau recueillie dans l’udo- 
mètre; elle s'élevait à la quantité énorme de 19,8 litres, 
» pour une surface d'ouverture du récipient de 1313,18 
centimètres carrés, ce qui donne pour la hauteur de l’eau 
- 15,078 centimètres, c’est-à-dire au delà de 1 ! litre par 
+ décimètre carré : ainsi sur une surface d’un mètre carré 
* il en est tombé 150,78 litres, donc 15,078 hectolitres 
par hectare. D'après cela, il n’est pas étonnant que partout 
les dégorgeoirs fussent insuffisans pour l'écoulement de 
cette masse considérable de liquide, et que tous les ter- 
_rains bas ou tant soit peu encaissés fussent inondés. Le 
vent a fait aussi de grands ravages surtout parmi les végé- 
- , lesquels, garnis de feuillages, présentaient de larges 
surfaces à son action. 


+ 


( 500 ) | 
Étoiles filantes: —M. Quetelet présente ensuite à l’aca- | 
démie le nouveau catalogue qu’il vient de faire des appa- 
ritions les plus remarquables d'étoiles filantes. Ce catalo- 
gue, beaucoup plus étendu que celui qu'il a publié dans 
sa Correspondance mathématique ; tom. IX , pag. 432, a 
été rédigé particulièrement dans la vue de reconnaître les 
retours périodiques que pourraient avoir ces sorles de phé- 
noménes. Il semble assez bien prouvé aujourd'hui, par 
exemple, que les nuits vers le 10 août et le 12 novembre 
mérilent une allenlion particulière. Il paraîlrait en être 
de même de celle du 7 décembre. M. Brandès remarqua 
le premier, en 1798, un nombre considérable d'étoiles 
filantes à celle époque de l'année. M. l'abbé Raillard fit 
une observalion semblable le 7 décembre 1830 (1). M. De 
Paravey parle d’un bolide observé par M. De Waldeck, le . 
12 décembre 1833 (2). En 1838, M. Paul Flaugergues ob- 
servait à Toulon, dans la nuit du 6 au 7, un nombre con- . 
sidérable d'étoiles filantes, et M. Herrick faisait des obser- » 
valions analogues aux États-Unis (3). M. Quetelet ajoute w 
que le même phénomène a élé vu à Bruxelles et consigné 
dans les Annales de l'observatoire. Il fut remarqué d’'a- 
bord par M. Bouvy, aide observateur, vers 7 heures etw 
demie du soir. Les méléores , en nombre quadruple envi- 
ron de ce qu'ils sont ordinairement, parlaient générale-\ 
ment des constellations de Pegase et du Bélier, et se diri-. 
geaient des régions voisines du zénith vers les parties de 
l'horizon entre le SE. et le SO. (Commissaires MM. Gratiai | 
el Plateau.) 4 


(1) Comptes rendus de l'institut, séance du 4 février 1839. 
(2) Zbid., 18 juin 1838. 
(3) Zbid., séances du 21 janvier et du 4 février 1839, 


(501) 


M. Quetelet annonce que son intention est de présenter 
aussi un catalogue des aurores boréales , phénomènes qui 
semblent avoir des rapports nombreux avec celui des étoiles 
filantes , et particulièrement de leurs apparitions qui ont 
coïncidé avec des apparilions extraordinaires de ces der- 
miers méléores. Il sait que M. Wartmann a émis aussi des 
conjeclures sur ce sujel dans un mémoire encore manuscrit. 

Au sujet des aurores boréales, M. Quetelet annonce 
qu'il a reçu une lettre de M. John Taylor, rédacteur du 
Philosophical magazine , qui lui annonce que l'aurore 
boréale du 5 mai dernier, dont il a été parlé dans les 
Bulletins de l'académie, a aussi été observée à Londres. 
Le même phénomène a élé vu en France (1). 


Note sur l’irradiation, par J. Plateau, membre de 
l'académie. 


Dans la séance de l'académie des sciences de Paris, du 
6 mai dernier, M. Arago a bien voulu rendre un cempte 
verbal de mon mémoire sur l'irradialion, et a présenté en 
même temps quelques observations sur la partie théorique 
de ce travail. M. Arago pense qu'on ne peut conserver l’ex- 
plication physiologique que j'ai cherché à confirmer, et 
avance une nouvelle théorie d’après laquelle l'irradiation 
serait le résultat de l'aberration chromatique de l'œil. 
Les observations de M. Arago n'ayant pas été imprimées, 
je n’ai pu les connaître d’une manière complète, el j'ignore 
si elles tendent à réfuter les argumens que j'ai apportés 
en faveur de la théorie ancienne. Je ne rappellerai donc 


(1) Comptes rendus de l'institut. 
Tom. vr. 34 


( 502 ) 
pas ici ces argumens, et je me bornerai à examiner la nou- 
velle hypothèse présentée par M. Arago. 

Les physiciens reconnaissent , il est vrai, aujourd’hui, 
que l'œil n’est pas un instrument parfaitement achroma- 
tique, et il suit nécessairement de ce non achromatisme, 
que les images des objets sont entourées, sur la rétine, 
d’une petite bande d’aberration qui doit augmenter quelque 


peu les dimensions apparentes des objets lumineux pro- 
jetés sur un fond obscur, et diminuer celles des objets 
obscurs projelés sur un fond lumineux. Mais cet effet 
peut-il être sensible Gans les circonstances ordinaires, et 
la petite bande d’aberration a-t-elle assez de largeur pour 
qu'on puisse la distinguer et lui attribuer le phénomène 
connu de l'irradiation ? Telle est la question que je crois 
pouvoir résoudre. 

Je ferai d’abord remarquer qu’en vertu de la cause 
même qui la produit, la petite bande que l’aberration 
chromatique de l'œil dessine autour des images ne peut 
être exempte de couleurs. Par conséquent, si l’irradiation 
manifestée par un objet blanc sur un fond noir était due à 
celle cause , il semble que l'objet devrait paraître coloré w 
sur les bords. Or parmi tous les observateurs qui se sont. 
occupés de l’irradiation oculaire, aucun ne fait la moindre » 
mention d’apparences colorées, et dans les nombreuses » 
expériences que j'ai faites sur l'irradiation dans une foule w 
de circonstances diverses, je n'ai jamais aperçu rien de“ 
semblable. Cette absence de couleurs visibles pourrait 
difficilement être attribuée au peu de largeur angulaire 
de l’irradiation : les personnes chez lesquelles le phéno= | 
mène a beaucoup de développément se convaincront aisé. 
ment, en répétant quelques-unes de mes expériences ou | 
en observant l'apparence si connue du croissant, que lan 


( 503 ) 
bande d'irradiation est d’une largeur bien suflisante pour 
laisser voir ses couleurs si elle en avait. 

En second lieu, je ne vois pas comment il serail pos- 
sible d'expliquer par l’aberration de réfrangibilité, cette 
loi singulière à laquelle est soumise l’irradiation , savoir 
que lorsque deux objets d’un éclat égal ne sont séparés que 
par un petit intervalle, chacun d’entre eux diminue l’irra- 
diation de l’autre dans les parties en regard, et cela d’au- 
tant plus fortement que les objets sont plus voisirs, de 
sorte qu'enfin, lorsqu'ils se touchent, l'irradiation es! nulle 
pour chacun d’entre eux au point de contact. Comment 
admettre une action exercée par une image lumineuse sur 
l’aberration produite autour d’une autre image ? 

Mais on peut aisément décider par des expériences 
directes si l’irradiation est, ou non, due à l’aberration 
chromatique. Il suffit, en effet , d'essayer si lirradiation se 
produit encore lorsque l’objet est éclairé par une lumière 
homogène. Si dans ce cas on n’aperçoit plus d'irradiation, 
on sera en droit d'admettre comme vraie l'hypothèse qui 
attribue le phénomène à l’aberration chromatique de 
l'œil ; mais si, au contraire, l'irradialion se montre encore, 
et au même degré qu'avec une lumière composée égale en 
éclat à la lumière homogène employée, il deviendra im- 
possible de chercher dans l’aberration doni il s'agit la eause 
du phénomène. Or j'ai exécuté ces expériences par les pro- 
cédés que je vais indiquer. 

La lumière homogène dont j'ai fait usage est celle que 
donne, comme on sait, la flamme d’un mélange d'alcool, 
d’eau et de sel. J'ai imbibé de ce mélange un paquet de 
mèche de colon que j'ai placé derrière une glace dépolie 
disposée verticalement. Le mélange allumé dans l'obscurité 
me donnait une flamme volumineuse , et la glace dépolie 


( 504 ) 

observée de l’autre côté, formait un champ lumineux d'un 
éclat suffisant. Pour rendre la lumière plus homogène 
encore, j'ai interposé entre la flamme et la glace dépolie, 
un verre jaune d'une couleur intense. Tout étant ainsi pré- 
paré, j'ai placé successivement devant la glace dépolie, 
l'appareil à jour décrit dans le paragraphe 28 de mon mé- 
moire, et celui qui m'a servi dans mes expériences de 
mesure, après avoir amené dans ce dernier le bord vertical 
de la plaque mobile dans le prolongement de celui de la 
plaque fixe. Ces appareils se trouvaient ainsi projelés sur 
un champ d’un éclat assez considérable, et d’une lumière 
tellement rapprochée de l'homogénéité, qu’en les obser- 
vant par réfraction à travers un prisme placé verticalement 
à 5 mètres de distance , leur image non-seulement conser- 
yait une parfaite neltelé, mais ne présentait latéralement 
qu'une nuance verdâtre si légère, qu'il fallait beaucoup 
d'attention pour l’apercevoir. Je ne dois pas oublier de 
dire que, pour donner aux yeux plus de sensibilité, les 
expériences n'ont pas été failes le jour dans une chambre 
obscure, mais la nuit. 

Or, dans les circonstances que je viens de décrire et 
qui devaient nécessairement exclure les effets qui auraient 
pu dépendre de l'aberration de réfrangibilité , les appareils 
ci-dessus m'ont fait voir une irradiation très-développée. 
Le même résullat s'est montré à MM. Burggraeve et Lefran- 
çois, deux des personnes qui m'avaient aidé dans les expé- 
riences de mesure rapporlées dans mon mémoire, et qui 
sont, par conséquent, babiluées à juger des phénomènes 
d'irradiation. Pour comparer ensuile les effets produits à 
ceux que ferait naîlre une lumière composée et d’un éclat 
semblable, j'ai placé à côté de la glace dépolie ci-dessus, 
une autre glace pareille, derrière laquelle j'ai allumé plu- 


ï ( 505 ) 

sieurs bougies disposées de manière à l’éclairer d’une 
lumière uniforme, et j'ai éloigné ou rapproché ces bougies 
jusqu’à ce que l'éclat de cette seconde glace parût égal à 
celui de la première. Un écran opaque séparait d’ailleurs 
les bougies de la flamme d'alcool, de manière que chacune 
des glaces ne recevait qu’une seule des deux lumières. 
J'avais ainsi deux champs lumineux d’un même éclat, mais 
dont l’un était éclairé par une lumière jaune homogène, 
et l’autre par une lumière qui, sans être blanche comme 
celle du jour, est cependant évidemment assez composée 
pour le cas dont il s’agit. J'ai placé alors devant ces deux 
champs lumineux, des appareils d'irradiation identiques 
entre eux, de mañière qu’en les observant simullanément, 
il était aisé de voir si les irradiations développées par les 
deux lumières différaient sensiblement l’une de l’autre. 
Or cette comparaison faite par les deux personnes dont j'ai 
parlé plus haut et par moi , ne nous a montré aucune diffé- 
rence appréciable : les deux appareils manifestaient une 
irradiation prononcée, et celle qui provenait de la lumière 
composée n'avait ni plus ni moins d'étendue que celle que 
faisait naître la lumière homogène. 

Ces faits conduisent donc, me semble-t-il, à cette con- 
clusion , que s'il faut admettre l'existence de l’aberration 
de réfrangibilité dans l’œil, on doit attribuer l'irradiation 
à une autre cause; et que l'effet de l’aberralion doit être 
considéré comme entièrement masqué, dans les circon- 
stances ordinaires , par la bande d'irradiation. 


( 506 ) 


ORNITHOLOGIE. 


Notice sur un merle inédit , par M. B. Du Bus, de la 
Chambre des Représentans. 


GENRE MERLE, ( Turdus L. et auct.) 


MERLE MÉLANOTE. 


ToRDUS ( Peérocincla ) MELANOTUS. 
( Bull. de l’acad. du mois d'avril 1839.) 


Le genre Turdus dans lequel se trouvent réunies un si 
grand nombre d’espèces, a été divisé par les auteurs en 
plusieurs sous-genres. L'un de ces sous-genres a été formé 
pour recevoir un pelit nombre de merles qui vivent soli- 
taires dans des contrées rocailleuses, et dont le bec est 
allongé, comprimé, peu élevé, légèrement fléchi; dont 
les ailes sont longues et la queue médiocre. Les couleurs 
dominantes chez les oiseaux qui appartiennent à cette sec- 
tion, sont le bleu et le roux. 

J'ai sous les yeux une espèce que je crois inédite et dont 
je vais donner la description. Elle appartient à ce petit 
groupe caractérisé par Vigors, et auquel cet auteur a 
imposé le nom de Petrocincla. M. Lesson, dans son Traité 
d'ornithologie, appelle les oiseaux qui font partie de ce 
sous-genre Merles solitaires. 


Turdis pileo, nuch4, qulé et humeris lœtè cœruleis ; tænié per 
oculos lat, auchenio, interscapulio tergoque summo nigris ; 
tectricibus alarum, remigibus, rectricibusque subnigris, 
pogoniis externis cœrulescente marginatis; speculo alarum 
albo; pectore, abdomine, tergoque imo ferrugineis ; rostro 
pedibusque fuscis. 


Le Merle mélanote a 7 ponces de longueur totale ; le bec 


Bulletins de L'Acadernr Tor. VI. lag. 507 


TURDUS MELANOTUS. 


( 507 ) 
a un pouce de la Commissure à la pointe ; la longueur du 
tarse est de 11 lignes. Les ailes s'étendent jusque vers le 
milieu de la queue. La première rémige est extrêmement 
courte; la seconde est plus courte que les troisième et 
quatrième, qui sont les plus longues de toutes. 

Le dessus de la tête, la nuque et les épaules sont d’un 
beau bleu d’azur lustré ; la gorge et les joues sont de cette 
même couleur, mais plus terne; l’espace entre l’œil et le 
bec, le tour des yeux, la région parotique , les côtés du cou 
et le dos, sont d’un noir profond. Les couvertures des ailes 
ainsi que les rémiges et les rectrices sont d’un noir brunâtre 
avec leurs bords extérieurs azurés, à l'exception de la pre- 
mière et de la seconde rémige et de la premiére rectrice qui 
sontentièrement de la même couleur. Les pennes secondaires 
des ailes ont vers le milieu de leur longueur une tache 
blanche qui occupe toute la largeur des barbes extérieures ; 
ces taches réunies forment un miroir sur l'aile dans l’état 
de repos. Le bas du dos et le croupion sont d’un roux ferru- 
gineux. Toutes les parties inférieures sont de celle même 
couleur, mais plus pâle. 

Le bec est noir brunätre, à bords jaunâtres vers la com- 
missure , les pieds sont bruns. 

Le Merle mélanote habite le Chili. Il fait partie de ma 
collection. 


BOTANIQUE. 


Sur deux nouvelles Scrophularinées du genre Axexrowra , 
par J. Kickx, membre de l'académie. 


Fondé par Humboldt et Bonpland en 1814, l'Angelonia, 


( 506 ) | 
dont les affinités ont élé long-temps méconnues, forme 
aujourd’hui, avec cinq ou six genres voisins, la petite 
tribu des Zeminieridées de Bentham. 

Quatre espèces, toutes de l'Amérique méridionale et du 
Brésil, sont décrites. Elles portent les noms d’4. salica- 
riæfolia , minor, integerrima el procumbens. 

Une cinquième fleurit aujourd’hui au jardin botanique 
de Gand. Elle y est provenue de graines adressées de l’île de 
Cuba au gouvernement belge, par nos jeunes naturalistes, 
MM. Linden et Ghiesbrecht. 

L'élégance de cette nouvelle espèce ne peut manquer de 
la faire rechercher et de la répandre par la suite dans nos 
serres, où l’on ne cultive jusqu'ici que lÆ. salicariæfolia. 
Elle est entièrement hérissée de poils blancs, élalés , ana- 
logues à ceux de l'Épervière, vulgairement appelée Oreille- 
de-souris. C'est ce qui me porte à la nommer 4ngelonia 
pilosella. (Foir la figure ci-jointe.) 

Ses tiges , longues de deux à trois décimètres, sont ob- 
tusement lélragones, procombantes, garnies de feuilles 
sessiles, opposées, à paires croisées et d'autant plus dis- 
lantes qu’on s'éloigne davantage du collet. Chaque feuille 
est linéaire-lancéolée, à bords entiers, à sommet obtus, à 
surface inférieure d’un vert pâle. 

L'inflorescence se compose de pédoncules axillaires sim- 
ples, uniflores, solitaires, disposés en grappe. Les fleurs 
et les fruits qui leur succèdent, m'ont présenté tous les 
caractères génériques énumérés par Endlicher (Gen. plan- 
tar., pag. 672), dont la description est beaucoup plus 
exacte que celle de Kunth (Synops. plant. æquinox. orb., 
nov. 11, 132). 

Notre Ængelonia pilosella nous rappelle une autre 
plante cougénère, que l'on cultivait, il y a plusieurs an- 


( 509 ) 
nées, au jardin botanique de Bruxelles, et dont les graines 
avaient été directement envoyées du Brésil par le P. Leandro 
do Sacramento, qui rendit, comme on sait, de nombreux 
services_à l’histoire naturelle. 

Ces graines ne produisirent qu’un seul pied, qui mourut 
avant d’avoir fructifié ; circonstance qui nous détermina à 
ne faire pour le moment de cette espèce l’objet d'aucune 
publication. Mais ramené aujourd'hui à l'étude du même 
genre, et de mieux en mieux convaincu que la plante est 
restée inconnue, nous avons jugé utile d'appeler sur elle 
l’attention des botanistes. 

L’'Angelonia Leandri (c'est ainsi que nous proposons de 
la désigner) atteignit à peu près cinq décimètres de hau- 
teur. Ses liges élaient létragones, glabres, dressées, et 
donnaient naissance à des feuilles courtement pétiolées, 
lancéolées-oblongues, aiguës, dentées en scie au sommet 
et pubescentes. L'ensemble de l'inflorescence formait une 
sorte de panicule à pédoncules axillaires simples, uniflores, 
presque tous géminés. La fleur était plus petite et d’un 
bleu plus foncé que celle de l'espèce décrite en premier 
lieu, mais. tachetée du reste d'une manière analogue. 

Dans le but de rendre comparatives et de rectifier en 
quelques points les diagnoses de ce genre, nous en réca- 
pitulons les caractères spécifiques comme suit : 


1. À. ricoseuLa. UVob. . . Foliis sessilibus, lineari-lanceolatis, inte- 
gerrimis, cauleque procumbente, setoso-pilosis. 
{Icon nostra.) Cuba. 

2 À. véanpur. (ob, . . . Foliis petiolatis, lanceolato-oblongis, apice 
serratis, pubescentibus; caule erecto, glabro. 
Brasilia. 

3 À. sauicamiæroiaA. Humb. Foliis semiamplexicaulibus, lanceolatis, 
dentatis , cauleque erecto, quadrangulo, pubes- 
centibus. Caracas. 


(510 ) 
4, À. minor. Fisch. . . . . Koliis basi attenuatis, lanceolatis, serratis, 


cauleque erecto , teretiusculo, glabris. Zrusilia. 


Precedente humilior et omnibus partibus minor. (Fiscn. 
et MEY., Index quintus seminum hort. Petropolit. 
Januar. 1839, pag. 33.) 


5. A. rPRocumBENs. Mart. . Foliis petiolatis, elliptico-lanceolatis, ar- 
gute serratis, basi ciliatis; caule procumbente, 
diffuso, glabro, Prasilia. 

6. À, inreGenimA. Spr. . Foliis. . . . . sparsis, lanceolatis, integer- 
rimis; pedunculis racemosis; caule erecto . .. 
Rio-Grande. | 


Le manque absolu de tout autre renseignement sur celte 
dernière espèce, nous a forcé de répéter textuellement la 
phrase descriptive du Systema vegetabilium de Sprengel. 

D'autre part, nous n'avons rien dit de l’Ængelonia cam- 
pestris, parce que ses caractères carpologiques en font le 
type du genre Tyracanrua, créé en 1823 par Nees et 
Martius. (Voy. Beitrag zur Flora Brasiliens, dans les 
Acta physico-medica natur. curios. Bonn., XL.) 

Il est évident, d’après cela, que Sprengel a commis une 
erreur de synonymie qu'il convient de relever , en rappor- 
tant en 1827 (Cur. posterior, pag. 257), celte Angelonia 
campestris a V Angelonia salicariæfolia. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Observations sur la formation des huiles dans les 
plantes, par M. Ch. Morren, membre de l’acadé- 
mie , etc. 


L'étude de la formation des substances utiles que les 


Balleuns de ! Hatem Tor NT Jag.ito. 


ANGELONIA PILOSÉLLA Kx 


( 511 ) 
végétaux nous fournissent en si grande abondance, ac- 
quiert de jour en jour plus d'intérêt, depuis qu'on se 
rend compte des diverses phases que la nature leur fait 
- parcourir avant de nous les présenter dans l’élat où nous 
les employons. L'organogénésie des matières tinctoriales à 
fait depuis quelque temps de rapides progrès ; elle a prouvé 
que c’est la cellule végétale qui est le creuset où se for- 
ment ces substances; l’histoire du développement de la 
fécule a été envisagée sous un jour tout nouveau par 
M. Payen, et celle du sucre vient de trouver son écrivain 
en M. Decaisne, qui a reconnu aussi que c’est dans les 
cellules de la racine de betterave, que le sucre se forme 
par une élaboration de la séve modifiée et végétalisée. 
J'avais depuis plusieurs années fixé mon altention sur le 
développement des huiles dans les plantes, et aujourd’hui 
que j'ai vérifié plusieurs de mes observations, j'ai cru que 
le temps était venu où je pouvais faire connaître quelques- 
unes de mes recherches. Il y a trop d'industries où les 
huiles jouent le rôle principal pour ne pas trouver quel- 
que intérêt à étudier la formation et le développement de 
ces substances si éminemment utiles. La physiologie de ces 
substances connue, on pourra mieux se rendre compte 
des propriétés et des phénomènes qu’elles offrent. 

M. Meyen nous a présenté dernièrement (1) l’état actuel 
de nos connaissances relativement aux huiles fixes ou 
grasses ; elles se forment pour lui, au dedans même des 
utricules végétales; et comme dans l’amande, la noix, le 
chevenis et le ricin, cet habile observateur n’a plus re- 
connu de fécule , à l’époque de la maturité de ces graines 


(1) Meyen, Physiologie , tom. K, p. 292, 1838. 


( 512 ) 

oléagineuses, et que la fécule y était au contraire abon- 
dante avant cette époque, il en a conclu que la fécule 
avait servi à faire l’huile, comme la fécule peut produire 
d’autres substances et notamment le sucre. Il a surtout 
étudié la manière d'être de l'huile d'amande douce qui 
exisle sous forme de gouttes dans les cellules mêmes de la 
graine ; toutes les graines qui deviennent émulsives par 
leur manipulation dans l’eau, lui ont offert le même phé- 
nomène; et dans des embryons et leurs enveloppes, il a 
reconnu que parfois des utricules végétales élaient entie- 
rement remplies par de l'huile. Dans le lait de la noix de 
coco, véritable émulsion, on voit cependant nager des 
yeux d'huile entièrement séparée; l'huile d'olive est con- 
tenue dans les cellules qui font partie du péricarpe. 

D'une autre part, ce même auteur, dans son Mémoire 
sur les sécrétions végétales (1), a prouvé que beaucoup 
d'huiles volatiles siégeaient dans des organes glanduleux 
particuliers, plongés au milieu du tissu cellulaire et for- 
més essentiellement de ce même tissu. L'oranger, la rue, 
le Melaleuca salicifolia, et beaucoup d’autres plantes, 
déjà examinées par Guettard, sont des exemples connus 
d’une telle structure (2). 

Quoiqu’on n'ait pas comparé entre elles ces deux ma- 
niéres d’être des huiles, on aurait pu penser que les huiles 
volatiles étaient, en raison même de leurs propriétés, le 
résultat d’une élaboration exécutée par des organes plus 
compliqués et plus actifs que de simples utricules; et que 
d'un autre côté, les huiles fixes ou grasses provenaient 


(1) Meyen, Ueber die Secretions Organe der Plansen , pag. 55-59. 
(3) Guettard, Mémoire de l’académie royale des sciences ; 1745. 


(515 ) 

toujours d’un simple travail utriculaire. Le gisement et la 
nature de ces huiles auraient , dans ce cas, élé également 
distincts. Dans les observations que j'ai vu cilerà propos de 
l'histoire de ces huiles, je n’ai pas trouvé qu'on eût signalé: 
1° une huile volatile se formant et existant dans une cel- 
lule; 2° une huile volatile se formant et s’accumulant sur 
la surface d'un organe dermoïde plongé dans l'air; 3° une 
huile fixe on grasse existant en dehors des cellules et dans 
les méais intercellulaires. Seulement l'existence bien con- 
nue d'huiles excitantes, qui s’élaborent par un travail de 
sécrélion à la surface externe des coques polliniques, était 
un fait qui prouvait déja que la seconde des conditions 
dont je viens de parler, pouvait se réaliser: mais dans ce 
cas aussi, on pouvait objecter que le pollen est primitive- 
ment et pendant très-long-temps un appareil intérieur, 
logé dans une cavité à l'abri du contact immédiat de l'air 
(anthere); et alors aussi l'existence d’une huile à la sur- 
face des coques polliniques constituait un fait qui rentrait 
dans les condilions générales qu’on était en droit de con- 
clure des travaux de Guettard et de M. Meyen. 

C'est sur ces points-là que vont rouler les observations 
que je me fais l'honneur de communiquer aujourd’hui à 
l'académie. 

Ces observations n’orl pas pour but seulement de con- 
stater ces faits généraux , mais encore de faire connaître 
des propriétés nouvelles de quelques huiles, et surlout de 
démontrer qu'il est des plantes chez lesquelles l'huile est 
aussi un contenu de cellules temporaire el se liant à l'exer- 
cice de certaines fonclions où à la production de certaines 
propriétés, pour lesquelles on n'avait pas songé jusqu’à 
présent que ces matières fussent nécessaires. Ces quelques 
pages se rattachent donc au perfectionnement de la phy- 
siologie des plantes. 


( 514 ) 

(I. Huiles volatiles se formant dans l’intérieur des cel: 
lules.—La première fois que je vis une huile dans ces con- 
ditions de formation bien exprimées, ce fut sur les étami- 
nes mobiles du Sparmannia africana. Ces étamines sont 
jaunes et rouges dans quelques-unes de leurs parties; en 
examinant leur derme disséqué sous l’eau et isolé, je vis 
sur de très-jeunes organes des cellules ovenchymateuses 
sans nucléus ni globules, mais remplies d’un suc jaune, 
aqueux et uniforme (fig. 12, À). Plus tard , un globule se 
forma dans des cellules semblables , maïs il était simple et 
paraissait jaune comme le liquide au sein duquel il avait 
pris naissance (fig. 12, B). Ce globule grandit beaucoup 
et il devint d’un très-beau rouge (fig. 12, C); alors aussi 
le liquide jaune passa au rose et plus tard au rouge, et en 
même temps les parois de l’utricule, siége de ces méla- 
morphoses, devinrent plus épaisses (fig. 12, D). Sur des 
cellules d’étamines adultes et mobiles, le phénomène avait 
pris un aspect bien autrement intéressant ; un nucléus s'é- 
tait formé contre la paroi de l'utricule (fig. 12, E, a); la 
paroi était plus épaisse encore (fig. 12, E, b), et le liquide 
intracellulaire était d'un beau rouge. L'huile s'était for- 
mée en bien plus grande quantité. On en voyail de nom- 
breuses gouttelettes d'un pourpre foncé, répandues dans 
toute la cavité de l’utricule, et ces gouttelettes avaient un 
mouvement rapide de rotation et de va et vient (fig. 12, 
E, d); elles finissaient par se rencontrer, se loucher et se 
confondre pour produire des globules plus grands; d'or- 
dinaire une grosse goutte se trouvait ainsi au milieu de 
gouttelettes plus petites. À mesure que la fusion s'opé- 
rait, le mouvement des gouttelettes réunies devenait de 
plus faible en plus faible, et les plus grosses masses ne se 
mouvaient pas. Je voulus voir alors si ce mouvement Le- 


( 515 ) 

nait à quelque effet vital de la cellule, comme une cyclose 
du suc intracellulaire qui aurait fait tournoyer sur elles- 
mêmes ces massules huileuses , libres de tonte adhérence 
avec les parois , ou toute autre cause qui eût son siége en 
dehors même des gouttelettes huileuses. Je brisai donc des 
cellules par le compressorium , et j'en vis sortir ({g. 13, F): 
1° un liquide aqueux , rose ; 2° des globulines vertes qui, 
dans une cellulle entière , sont peu visibles, à cause de Ja 
couleur rouge du liquide , seulement elles salissent par 
leur teinte le rouge de l’utricule; 3° la grosse gouttelette 
d'huile rouge et ses compagnes, les petites, qui se mirent 
à tournoyer sur elles-mêmes et à voyager dans le liquide 
du porte objet, comme de petits morceaux de camphre 
déposés sur de l’eau. Comme si la matière volatile se per- 
dait insensiblement , ces globules ralentissaient peu à peu 
leur mouvement et l'immobilité complète finissait par les 
faire coller à quelques corpuscules étrangers. 

Une autre observation de ce genre que je fis sur l'O- 
phrys ovata, est peut-être plus remarquable encore par 
les conditions où la plante se trouve lors de l'existence de 
ce phénomène. Je l'ai trouvé sur les feuilles de cette 
plante, peu avant et pendant la floraison. Le derme supé- 
rieur des feuilles est formé d'un prismenchyme fort tenace, 
à cellules à huit faces. Il y a de ces cellules qui, remplies 
d’un suc transparent comme l’eau , montrent des globules 
très-nombreux , trés-pelits, noirâtres, quand ils sont petits, 
et se montrant comme des gouttelettes, quand ils aug- 
mentent de volume (fig. 1, À, a). Tous grouillent , tour- 
noyent; c’est un mouvement continuel. Bientôt, on voit 
ces points se réunir, devenir des gouttelettes plus grandes, 
et on dirait alors voir de la matière brownienne (fig. 1, 
B, à), entremélée de globules plus grands, mais toujours 


( 516 ) 

actifs et tournoyans. Peu après ces globules se fondent les 
uns dans les autres, et il naît une goutte mobile et tour- 
noyante, absolument comme dans le Sparmannia afri- 
cana, seulement l'huile est ici blanche. Dans d’autres 
cellules plusieurs globules tournoyans se forment de la 
même manière, el par-ci par-là on reconnaît de rares 
cristaux intracellulaires (fig. 1, C, h). Enfin, il y a des 
utricules où le globule huileux est solitaire et immobile 
(g. 1, F, 9). 

Le derme inférieur m'a offert : 1° des stomates où les 
cellules sphinctériennes ont un nucléus pariétal (fig. 5, 
À , a); 2° des cellules sinueuses ou prismatiques à nucléus 
ou cytoblaste simple (fig. 5, B, b), à aréole (E, k, {), ou 
entouré d’un cercle de globules (F, m). Ces cellules ren- 
fermaient outre le liquide intracellulaire de la matière 
brownienne en mouvement , des globulines vertes inertes, 
et enfin de l'huile mobile (fig. 5,D,f,g,h). 

Voilà l’ensemble des corps avec lesquels cette huile se 
forme, et c’est bien de l'huile, car observant dans une 
chambrette dont une fenêtre avait quatre vitres, la croi- 
sée venait se réfracter en croix dans ces goullelettes ; le 
bord des gouttelettes est ombré, et l'ombre se perd peu à 
peu; quand on comprimait la cellule pour la briser et faire 
sorlir le contenu , les gouttelettes d'huile surnageaient sur 
le liquide, et se comportaient en tous url comme un 
corps gras. 

Sur un Ophrys ovata l'huile était rouge (fig. 4). 

J'ai observé ces faits, comme je l'ai dit, avant et pendant 
la floraison de l'Ophrys ovata ; j'ai voulu les vérifier sur 
d’autres pieds après la floraison , il m'a élé impossible de 
contenter mes désirs; plus aucun pied d’une prairie voisine 
dela maison de campagne que j'occupe, ne me les a offerts de 


( 517 ) 


nouveau , mais une feuille d’un des individus qui, trois se- 
maines auparavant, m'avaient montré cesmouvemens, ayant 
été submergée dans de l’eau, j'y ai retrouvé et l'huile 
el la matière brownienne et leur mobilité. 

Il est évident que ces observations prouvent que l'huile 
peut se former dans les cellules, y séjourner quelque 
temps et en sortir sans doute par imbibition pour graisser 
le derme qui ne se laisse pas mouiller par la pluie. On 
a toujours dit que c’élait la poussière glauque et cireuse 
qui remplissait celte fonclion (iris, mésembryanthèmes, 
prunes , etc.), mais je commence à croire que de l'huile 
formée dans les utricules du derme, et sortant hors d'elles, 
peut remplir le même office en graissant l'appareil cutané : 
de quelques plantes qui vivent dans des atmosphères hu- 
mides. Cetle fonction ne s’exécuterait que dans la parfaite 
santé du végétal. 

$ IL. Æuiles fixes se formant dans l’intérieur des cel- 
lules. — Un nouvel exemple d’une formalion temporaire 
d'huile, mais d'une huile sans mouvement et qui paraît 
grasse ou fixe, m'a élé fourni par les feuilles du Colchicum 
autumnale, étudié au printemps. 

Dans cette plante , le derme est formé de longues cel- 
lules prismaliques à six faces, à parois fort épaisses et 
enclavant des stomates. On y trouve : 1° un liquide intra- 
cellulaire aqueux et transparent ; 2° un nucléus ou cyto- 
blaste simple et globuleux (fig. 7, a); 3° une matière 
grumeleuse verte (b); 4 des globulines vertes, le plus sou- 
vent agglomérées (c, d); 5° de la matière brownienne en 
mouvement (e); 6° des globules d'huile immobile (f); 7° de 
grands amas d'huile qui garnissent quelques parties de la 
cavilé intracellulaire. L'huile est ici si abondante, qu’elle 
forme des îlots dans le liquide. 

Tou. vi. 35 


( 518 ) 

Cependant cette huile n’est pas toujours à trouver sur 
les feuilles de colchique. Il m’a paru que c’est à elle, trans- 
sudée à travers les parois des cellules du derme, que celui- 
ci doit de ne pas se laisser mouiller par la pluie. Quand 
on ne voit pas l'huile dans les cellules, c'est que proba- 
blement elle s’est répandue alors à la surface de la feuille, 
et qu'elle a besoin de temps pour se réformer. 

$ IL Fuiles fixes existant entre les cellules. —J'ai 
examiné le gisement des huiles fixes dans beaucoup de 
graines oléagineuses, et il m’a paru que dans quelques- 
unes d’entre elles, comme le Linum austriaeum , Papa- 
ver spectabilis, Brassica campestris oleracea , Yhuile 
existait entre les cellules. Des tranches bien minces, cou- 
pées avec un scalpel bien tranchant et sans retourner la 
lame, mises dans de l’eau et examinées au microscope, 
m'ont offert les aspects dessinés (fig. 8, 9 et 10), c’est-à-dire 
partout des cellules distinctes et entre elles de petits amas 
d'huile qui, au dehors des lames, s’accumulaient bientôt 
en gouttes quelquefois fort grandes. La graine de colza a 
des cellules prismatiques fort développées, granuleuses , et 
je n'ai pu voir dans leur intérieur la moindre gouttelette 
d'huile. Je pense donc que l'examen de la structure des 
graines oléagineuses est à refaire, pour avoir une histoire 
exacte de la formation des huiles. 

$ IV. Æuiles volatiles se formant par sécrétion & la 
surface dermique de poils. — L'exemple d’une telle for- 
mation d'huile volatile ne m'a encore été fourni que par 
le Passiflora fwtida. J'ai décrit ailleurs le singulier phéno- 
mène que présente cette plante (1): « Quand on plonge 


(1) Morren, Sur une matière qui tournoie dans l’euu à la manière du 


( 519 ) 

sous l’eau un poil de cette plante, il se détache , si l'organe 
est frais, vivant et bien portant, une gouttelette d'huile 
verte qui surnage à la surface du liquide. Aussitôt, un 
mouyement intestinal commence à s’ÿ manifester, la gout- 
telette s'étend , puis se rétrécit, puis s'étend encore pour 
se contracter; bientôt elle semble éclater avec force, et 
alors la plaque qu'elle forme se déchire par des solutions 
de continuité qui se rétrécissent à leur tour pour prendre 
plus d’étendue une seconde après. Ces masses détachées 
tournoient, s'élancent au loin, prennent des figures de 
toute espèce; c'est un combat où tout est en mouvement. 
Quand cette agitation a duré une dixaine de minutes, la 
substance liquide commence à montrer des granules et 
peu à peu toule l'huile se concentre, le mouvement dimi- 
nue , il cesse bientôt tout-à-fait, et pour cela il a fallu que 
toute la matière se condensât. Il est infiniment probable 
qu'il y a là encore une matière volatile qui, aussi long- 
temps qu’elle se dissipe, produit ces mouvemens gyra- 
toires ; le fait est que les poils de cette passiflore sont 
très-odorans, et leur sécrétion est fort âcre et irritante. 
Une dame qui étudiait avec moi ces poils au microscope 
eut le malheur de les porter à ses lèvres ; pendant deux 
jours elle ressentit une cuisson insupportable à la bouche, 
et il fallut des ablutions fréquentes d’eau tiède pour la dé- 
barrasser de ce.mal. » 

J'ai dessiné ici cet organe sécréteur du Passiflora fæ- 
tida. C'est un des poils de la base du pétiole (fig. 11). On 
woit, dans la tige du poil et dans son renflement céphali- 
que, le faisceau de vaisseaux trachéens qui, dans les grands 


camphre ; CORRESPONDANCE MATHÉMATIQUE ÊT PHYSIQUE ; publiée par A. Qué- 
telet, 3e série , tom. 11, juillet 1838, pag. 339. 


( 520 ) 


organes analogues de cette plante, se divise en deux par- 
ties quand il est entré dars la glande. Le tissu cellulaire 
de la glande ne montre pas de trace d'huile dans les cel- 
lules, mais au dehors, sur la surface sécrétoire , l'huile 
abonde. On la voit répandue en formes diverses en e, 
fig. 11. Cette huile montre, quand elle est en repos, les gra- 
nulations (e, fig. 11), semblables à la matière mouvante de 
Brown. Il est certain que son mouvement si étrange n’est 
qu’une exagération de la même cause qui fait mouvoir 
l'huile de l'Ophrys ovata et du Sparmannia africana 
dans l’intérieur des cellules. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE. 


Fig. 1. Portion du derme supérieur de la feuille de l’'Ophrys ovata. 
A. Cellule à granules huileux mobiles a. 
B. Cellule à souttelettes plus grandes. 
&. Gouttelettes d'huile. 
i. Matière brownienne. 
C. Cellule à goutte et gouttelette d’huile. 
D. Cellule où se trouvent : 
d. Petite goutte huileuse ; 
f. Grande goutte huileuse; 
h. Cristal déformé par l’union de deux cristaux. 
E. Cellule contenant des gouttelettes mobiles d'huile et 
f. Une grosse goutte de même substance. 
Fig. 2. Gouttelette d'huile exprimant son mouvement de va et vient 
par des flèches. 
Fig. 3. Gouttelette exprimant son mouvement de rotation par des 
flèches. 
Fig. 4. Cellules de l’Ophrys ovata (derme supérieur de la feuille) à 
globules d’huile rouge. 
a. Gouttelettes en mouvement. 
b. Goutte pariétale immobile. 
c. Goutte pariétale immobile. 
d. Gouttelette en mouvement. 
Fig: 5. Portion du ‘derme inférieur de l’Ophrys ovata, pris sur la 
feuille. 


Letins de l'Académie 


Lom. V1 : 7772 320. 
e 


VIT Ophrys ovata L.- 172 7- Colchicun autumnate. 1 gd. Lin austrincum. 
72 ,9 lapaver spectabiles Li 10. Drassrea carnpestres oleifera LDEC. = lg 1“ 


Û “flora - fatida lig. 22: par rue africana. 
Le … + 


(s f F —< n 
’ 
L 4 d 
. 
: 
’ 
. 
; 
. 
+ 


( 521 ) 
À, Stomate. 
a. Nucléus de la cellule sphinctérienne. , 
B. Cellule contenant : 
b. Nucléus ; 
c. Granules chlorophyllaires ; 
d. Gouttelettes huileuses. 
- Cellule contenant des granules chlorophyllaires verts et des 
gouttes d’huile. 


nm 


D. Cellule contenant : 
e. Nucléus ; 
f. Granules de chlorophylle ; 
g- Goutte d'huile ; 
hk. Matière brownienne. 
E. Cellule contenant L 
2. Matière brownienne ; 
k. Nucléus à aréole; 
Z. Globule intérieur, 
F. Cellule à 
m. Nucléus entonré de globules en cercle et de plis de la 
membrane utriculaire. 
Fig. 6. Derme inférieur d’une feuille d'Ophrys ovata, prise aprés la flo- 
raison, 
A Cellule sinueuse renfermant : 
a. Nucléus; 
8. Granules chlorophyllaires. 
B. Stomate, 
Fig. 7. Derme inférieur de la feuille d’un Cochicum autumnale , ob- 
servé au printemps. 
À. Cellule sans Corps contenu, 
B. Cellule avec 
f. Gouttelette contractée d'huile, 
C. Cellule renfermant seulement des globulines chlorophyl- 
laires. 
D. Cellule contenant une gouttelette d'huile et de la matière 
brownienne, 
E. Cellule contenant de la matière brownienne , des granules 
chrolophyllaires et un nucléus. 
F Cellules contenant un nucléus, des amas d'huile et de la 
matière brownienne, 
G. Cellule renfermant de l'huile, de la matière mouvante de 
Brown, des granules de chromule. 


Fig. 8. 


Fig. 9 


Fig. 10. 


Fig. 11. 


Fig. 12. 


(52) 
£. Des lacunes circulaires imitant des nucléus non formés. 
%. Un nucléus entouré d’un cercle de globules de chro- 
mule, 
H. Stomates. 
Portion d’une tranche de l’amande de la graine du Linum aus- 
triacum, 
a. Cellules. 
b. Gouttelettes d'huile. 
c. Gouttes d'huile séparées. 
d. Goutte d’huile avec des cellules qu’elle enveloppe. 
Portion d’une tranche de l’amande de la graine du Papaver 
spectabilis. 
a. Cellules. 
8. Gouttelette d'huile avec des cellules adhérentes à sa su- 
perficie. 
c. Gouttelettes plus petites. 
d. Goutte d'huile séparée. 
Portion d’une tranche de l’amande de la graine du Brassica 
campestris oleracea. Decann. 
a. Cellules granulifères. 
be. Gouttelette d'huile. 
d. Goutte libre. 
Poil de la base du pétiole du Passiflora fœtida. 
A. Tige du poil avec son faisceau central de fibres. 
B. Glande ou tête du poil. 
c. Huile mobile et gyratoire. 
de. Matière granuleuse (brownienne)? qui se forme dans 
cette huile. 
Cellules oléifères des étamines du Sparmania africana. 
. Cellule à suc jaune existant seul. 
. Cellule à globule huileux, incolore. 
Cellule à globule huileux rouge, mobile. 
. Cellule à suc rose et à globule huileux rouge. 
. Cellule contenant : 
a. Un nucléus pariétal; 
b. Suc rougi; 
c. Grosse goutte d'huile rouge; 
d, Gouttelettes d'huile rouge ; mobile. 
F. Cellule semblable ouverte. 
a. Nucléus. 
6. Granules chlorophyllaires verts. 


CCR 


( 523 ) 


c Globule d'huile rouge. 
d. Gouttelette mobile d’huile. 
e. Granules chlorophyllaires verts, 


HISTOIRE. 


Les Grâces du F endredi-Suint » SOUS l’ancien régime 
q ? 
par M. Gachard, correspondant de l'académie. 


Le souvenir des anciens usages s’efface chaque jour; 
ceux même qui en ont été contemporains les oublient : 
c'est un des effets du mouvement extraordinaire imprimé 
depuis quarante ans à l’ordre social. Je suis certain que peu 
de personnes aujourd’hui connaissent ce que l’on appelait 
autrefois, dans les Pays-Bas, es grâces du vendredi-saint : 
je laisserai le soin de l'expliquer au comte de Trauttmans- 
dorff; voici ce que ce ministre, qui était chargé à Bruxelles, 
sous les ordres de l’archiduchesse Marie-Christine et du 
duc Albert de Saxe-Teschen, son époux, de la principale 
direction du gouvernement, écrivait, le 20 février 1788, 
au prince de Kaunilz, chancelier de cour et d'état de l’em- 
pereur Joseph IT : 

« Il a été constamment d’usage, dans ce pays-ci, de 
» faire des grâces à l’occasion du vendredi-saint : on accor- 
» doit toujours grâce de la vie à un homme condamné à 
» mort, et c'est ce qu’on appeloit faire un Barrabas , et 
» à celte occasion on faisoit également grâce à quelques 
» malfaiteurs dont les fautes n’étoient pas bien graves , ou 
» on apporloit quelques adoucissemens aux punitions 
» auxquelles ils éloient condamnés ; et non-sculement le 


( 524 ) 

» gouvernement remelloit à celte époque des concessions 
» de grâce qu'il ne trouvoit pas convenable d'accorder 
» dans l’année, mais l’usage des grâces accordées avec 
» plus de facilité au vendredi-saint, était tel et si ancien 
» et connu, que les particuliers mêmes réservoient sou- 
» vent les demandes de grâce, pour ne les faire qu’à ce 
» terme, et que, dans la quinzaine qui précédoit, il venoit 
» une foule de demandes et d'avis : le conseil privé y déli- 
» béroit dans une assemblée extraordinaire, qu’il tenoit 
» le jour niême du vendredi-saint, et rendoit son avis en 
» faisant trois listes : l’une des cas non graciables, dont on 
» tiroit Barrabas ; l’autre des cas graciables, et la troi- 
» sième des cas douteux; la plupart des cas graciables 
» étoient suivis de la grâce. Il y avoit même celle circon- 
» stance de plus, d’après l'usage, que les chefs et présidens 
» avoient la prérogalive d'aller en faire rapport eux- 
» mêmes au gouverneur général, sans que cela passât par 
» le canal du ministre, » 

Je ferai remarquer qu'à Ypres, le magistrat, en vertu 
d’un ancien privilége, faisait grâce aussi à des criminels le 
jour du vendredi-saint. Je ne connais pas d'autre ville de 
la Belgique où le même usage existât. 


Lettre de Philippe IT, qui nomme Abraham Ortélius 
son géographe honoraire, par M. Gachard. 


On sait qu'Abraham Ortélius, qui mérita le surnom de 
Ptolémée de son temps , reçut de Philippe II le titre de 
son géographe. J'ai trouvé récemment, aux archives du 
royaume, la lettre originale que ce monarque écrivit à ce 
sujet au gouverneur des Pays-Bas; je me fais un devoir 
de la mettre sous les yeux de l'académie , comme un docu- 


(525 ) 


ment curieux pour l’histoire des sciences dans notre pays. 
Cette lettre, adressée au duc d’Albe , est ainsi conçue : 


« Mon cousin, comme de la part du docteur Arias Mon- 
tanus relation m'a esté faicte de la personne et bonnes 
qualitez en vertu et doctrine de Abraham Ortelius , 
m'ayant dedié ung livreintitulé Theatrum Orbis, etil 
soit que j'entens qu’il desireroit bien avoir le tiltre de 
mon geographe ad honores, ceste sera pour vous adver- 
tir que, eu regard à sesdites bonnes qualitez, et pour 
en aucune manière recognoistre qu’il ma dédié ledit 
livre, comme dict est, je suis eslé content de luy donner 
ledit tiltre, vous requerant et ordonnant de luy en faire 
depescher mes lettres pertinentes, comme en sambla- 
bles cas de tiltres ad honores s'est accoustumé de faire. 
À tant, mon cousin, Nostre Seigneur vous ait en sa 
saincte garde. De Madrid, le xx° de may 1573. 


» PHE. » 


Le duc d’Albe pourvut à l'exécution de cet ordre royal 


peu de jours avant de résigner le gouvernement des Pays- 

Bas entre les mains de don Louis de Requesens et de 

Cuniga, grand commandeur de Castille; on lit, à la suite 
sa 8 : ; 


de la lettre de Philippe IL, le décret suivant : 


» Sox Excezzence ordonne que les lettres patentes cy 
mentionnées soyent despeschées comme Sa Majesté le 
commande, sans prejudice d’aultres. Fait à Bruxelles 
le xvij° jour de novembre 1573 (1). 


» BERTY. » 


— M. Gachard lit ensuite une note sur un système d'é- 


(1) Le duc d’Albe notifia aux conseils de justice des provinces son rem- 


placement par le grand commandeur, le 28 novembre 1578. 


| (526 ) 


change des doubles des bibliothèques, mis en pratique 
par le ministère de l’instruction publique en France, et 
sur lutilité qu’il ÿ aurait à introduire ce système en Bel- 
gique. Cette note sera envoyée à l'examen de la commission 
de l'académie , chargée de s'occuper du projet d'un cata- 
logue imprimé à l'usage de toutes les bibliothèques de 
la Belgique, présenté par M. Voisin , à la séance du 
7 mai 1838. 

—M. le doyen d'âge ; en levant la séance, a fixé l’époque 
de la prochaine réunion au samedi 6 juillet. 


OUVRAGES PRÉSENTÉS. 


— — 


Mémoires de l’académie impériale des sciences de 
S'- Pétersbourg. VI: série : Sciences mathématiques, phy- 
siques et naturelles. Tome II, 5°et G° livr.; — Sciences 
naturelles. Tome I, 1*° liv.; — Sciences politiques , his- 
toire , philologie. Tome IT, 2° et 3°, 4° et 5° livraisons. 
St-Pétersbourg, 1833 et 1834. 5 vol. in-4°. 

Mémoires présentés à l'académie impériale des scien- 
ces de St-Pétersbourg, par divers savans. Tome I, 1°, 2° 
et 3° iv. St-Pétersbourg, 1833. 2 vol. in-4°. 

Recueil des actes de la séance publique de l’académie 
impériale des sciences de S'-Pétersbourg, tenue le 29 dé- 
cembre 1883. St-Pétersbourg , 1834. 1 vol. in-4°. 

Künigl. Preuss. Akademie der Wissenschaften zu 
Berlin : Abhandlungen. Aus dem Jahre 1835. Berlin , 
1837. 1 vol. in-4°. — Bericht über die zur Bekanntma- 
chung geeigneten V'erhandlungen. 2° sem. 1836 et 1° 
sem. 1837. Berlin. 2 broch. in-8°. — Preisfrage der 


A? 


Con) : 
philosophisch-historischen Klasse, für das Jahr 1839. 
1 feuille in-&e, 

Kongl. Vetenskaps-Academiens Handlingar, fr ar 
1836, Stockholm. 1838. 1 vol. in-&c. 

Arsherättelser om nijare zoologiska Arbeten och 
Upptäckter, ti kongl. Vetenskaps-Academien, afgifne 
den 31 mars 1835 och 1836, af B.-Fr. Fries. Stockholm, 
1837, 1 vol. in-8&. 

Arsberättelse om Framstegen 1 Fysik och Kemi afoif- 
ven den 31 mars 1836 ; af Jac. Berzelius. SLockholm, 1836. 
1 vol. in-8°. 

Arsberâttelse om botaniska Arbeten och Upptäcker 
für ar 1835. Till K. V. A. ufgifven den 31 mars 1836. 
Af Joh. Em. Wikstrôm. Stockholm , 1837. 1 vol. in-&e. 

Arsberättelse om technologiens Framsteg. TiK. V. Aù 
afgifven den 31 mars 1836, af G.-E. Pasch. Stockholm, 
1836. Broch. in-8e. 

Arsberättelse I astronomien af S. À. Cronstrand. Den 
31 mart. 1836. Stockholm, 1836. Broch. in-8e. 

Aminnelse-tal ôfver K. V. 4°. framlidne ledamot 
friherre Lars À. Mannerheim, hallet infôr K. Vetens- 
kaps-Academien den 15 mars 1837, af A.-G. Mürner. 
Stockholm, 1837. Broch. in-8e. 

Tal om Hydraulikens nürvarande tillstand m. m. 
hallet vid praesidii nedläggande uti kongl. Vetenskaps- 
academien den 2 april 1834. Af P. Lagerhjelm. Stock- 
holm, 1837. Broch. in-8c. 

Transactions of the institution of civil engineers. 
vol. LIL Part. 1. London, 1839. 1 vol. in-4° 

Rapport à l'académie des sciences morales et politi- 
ques sur l'état physique et moral des ouvriers employés 
dans les fabriques de soie, de coton et de laine ; Par 
M. Villermé. 1 vol, in-4o. 


+ 
( 528 ) 

Comptes rendus des séances de l’académie des sciences 
de Paris, 1* sem. 1839, n°16 à 20. Paris. 5 broch. in-4°. 

Annalen der Slaats- Arzneikunde , herausgegeben 
von Schneider, Schürmayer und Hergt. 4 Jahrgang. 1° 
heft. Freiburg im Breisgau , 1839. 1 vol. in-4°. 

Diseurso lido em 15 de maïo de 1838 na sessao publica 
da academia real das sciancias de Lisboa por Joaquim 
Jose’ da Costa de Macedo. Lisboa, 1838. 1 vol. petit in-4°. 

Annales et bulletin de la société de médecine de 
Gand, année 1839.— 5° vol., 4° et 5° livr. Avril el mai. 
Gand. 2 broch. in-&. 

Journal historique et littéraire. Tome 6. 62° livr. 
1e juin 1839. Liége. Broch. in-4°. 

Notice sur G. Moll, membre de l’académie royale de 
Bruxelles , par À. Quetelet. Traduiteen anglais. (Extraite 
du Phil. Mag. 3° S. vol. 14, n° 89, avril 1839, p. 288.) 
In-8&. 

Carte céleste indiquant les trajectoires calculées des 
comètes de Halley et d’'Encke, dans leur retour en 1835, 
avec le lieu comparatif occupé par la terre, durant leur 
apparilion. Suivie de la trajectoire observée de la comète 
de Halley, par L.-F. Wartmann à Genève. 1 feuille. 

Annuaire de l'université catholique de Louvain, 1839. 
Troisième année. Louvain. 1 vol. in-12. Présenté par M. De 
Ram. 

Bibliotheca Gandavensis. Catalogue méthodique de la 
bibliothèque de l’université de Gand. 1"° partie, jurispru- 
dence, publiée par le bibliothécaire M. Aug. Voisin. 1 vol. 
in-8. Gand, chez Annoot-Braeckman. 1839. 

De la liberté physique et morale, par L.-A. Gruyer. 
1 vol. in-8°. Bruxelles, chez ST 39. 


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